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      Notre Héritage Unitarien 1ère Division.html NOTRE HÉRITAGE UNITARIEN – 1ère DIVISION

    Notre Héritage Unitarien 1ère Division.html

    1925- Earl Morse Wilbur – Notre héritage Unitarien, Beacon Presse, mis sur site de la Starr King pour le Ministère (The Unitarian Universalist school of the Gratuate Theological Union : http://www.online.skms.edu/ouh/) 1945 - Earl Morse Wilbur, en 1945 - Une Histoire de l’Unitarisme Vol. I : Le Socinianisme et ses antécédants, Vol. II : En Transylvanie, Anglais et Américain ; Boston : Beacon Presse (autre référence avec Harvard comme éditeur) ; réimpression en 1977. Puis 1947-1952, WILBUR E. M., Une Histoire de l’Unitarisme, 2 vol., Cambridge (Mass.), rééd. en 1965


    Le texte ci-dessous est celui de 1925.




    Sommaire :
    PREFACE
    IMPORTANTES DATES DE L HISTOIRE DE L’UNITARISME
    1ère DIVISION. LE CHRISTIANISME AVANT L’UNITARISME
    CHAPITRE I - La religion pour héritage
    CHAPITRE II - La religion du Nouveau Testament
    CHAPITRE III - Le développement de la doctrine chrétienne en avant du concile de Nicée, 325 après Jésus Christ
    CHAPITRE IV - Le concile de Nicée et le développement de la doctrine de la Trinité, 325 après J.C.
    CHAPITRE V - L’Achèvement de la Théologie Orthodoxe, de 451 après J.C.
    Appendice : Les trois credos du jeune Christianisme (Contenant : le credo des apôtres, de Nicée et d’Athanase)

    PREFACE

     

       

        Le travail actuel a été préparé sur la demande du département de l'éducation religieuse comme partie du Cours de Balise (bulletin pour des enfants). Personne d'autre peut regretter autant que l'auteur, que la préparation ait été si longuement prolongée, mais la collection et le travail au-dessus d'une vaste quantité de matériel dans neuf langues différentes, qui était essentiel pour un produit satisfaisant, a impliqué de grandes difficultés et le tout a été sujet à des demandes antérieures d'un travail exigeant.

        Le travail est principalement conçu pour l'usage des jeunes présumés être de seize ou dix-sept ans et de ce fait rédigé en cours de diction à leur portée, le choix des matériaux et la méthode de traitement. Il a été nécessaire d'étudier la plus grande compression qui soit cohérente pour un traitement juste du sujet et même maintenant le travail reste plus long de moitié qu'il aurait été souhaitable. Beaucoup plus d'espace devrait être donné à l'élément doctrinal qui est d’un si grand volume et tellement large, dans la tendance actuelle, mais ce n'était pas le but prévu. Il aurait également été souhaitable de citer généreusement les autorités utilisées, donner les pleines références des sources et les raisons persuasives des positions prises par l’état, mais ces choses auraient servi un autre public que celui pour lequel le travail a été conçu. En dépit de ces limitations, cependant, l'auteur dirait qu'il a écrit aussi loin que directement possible les sources et a employé chaque effort pour faire son travail avec soin et précision comme si son étalage de connaissances était grand.

        Au cours des presque quarante années passées depuis la publication de ‘Historical Sketch’ (le seul travail jusqu'ici qui pourrait faire n'importe quelle vraie réclamation d’être une histoire de l’Unitarisme), du professeur Allen, beaucoup de nouvelles sources ont été mises en évidence et beaucoup ont été éditées et ont positionné particulièrement les phases européennes du sujet. Le travail actuel peut donc apporter pour la première fois en anglais beaucoup de matériel intéressant et important et malgré son existence quelque peu élémentaire dans la portée et populaire sous la forme, l'auteur espère qu'il pourra trouver tout à fait le traitement le plus proportionné du sujet jusqu'ici produit. S’il a la permission, cependant, pour continuer ses études dans ce domaine, il espère quelques années par conséquent pour présenter un travail beaucoup plus complet et dûment enrichi avec toutes autorités qu'une histoire devrait donner. Pour l'aide apportée, l'auteur s’est endetté à d’aimables amis qui sont peut être cités ici. Mais il souhaite particulièrement reconnaître son engagement aux personnes suivantes qui ont l’une ou l’autre des multiples divisions manuscrites et avoir fait beaucoup de suggestions utiles. Le révérend William Laurence Sullivan de New York ; le révérend Alexandre Gordon de Belfast, Irlande ; Professeur George Rapall Noyes de l'université de la Californie ; Professeur Stanislaw Kot de l'université de Cracovie, Pologne ; Professeur George Boros de l'université unitarienne, Kolozsvar, Transylvanie ; Professeurs J. Estlin Carpenter et James Edwin Odgers de l'université de Manchester, Oxford et le défunt révérend William Channing Gannett de Rochester, N.Y. On espère que l'index facilitera l'utilisation du travail, et particulièrement la prononciation du grand nombre de noms étrangers présents dans le texte.

     

    IMPORTANTES DATES DE L HISTOIRE DE L’UNITARISME


    DATES :

    IMPORTANTES DATES DE L’HISTOIRE UNITARIENNE.
    _____________________________
    E. M. W.
    Rome, le 7 Mars, 1925.

    c. 160
    c. 260
    318–380
    325
    380
    381
    388
    431
    451
    c. 460 ?


    Composition de la foi des apôtres.
    Paul de Samosate et Sabellius s'épanouissent.
    La controverse Arienne.
    Concile de Nicée – Le credo adopté.
    Théodose rend l'acceptation de la doctrine de la Trinité obligatoire.
    Le Concile de Constantinople adopte la révision du credo de Nicée.
    Arianisme supprimé dans l’Ouest de l’empire Romain.
    Concile d’Ephèse.
    Concile de Chalcédoine.
    Le Credo d’Athanase composé.



    AGE DE LA RÉFORME : LES PIONNIERS DE L’UNITARISME

    1509
    1510
    1511
    c. 1515
    1516
    1517
    1525
    1526
    1527
    1530
    1531
    1532
    1539
    1542
    1550
    1553
    1553
    1562
    1563
    1564
    1566


    Naissance de Calvin.
    Naissance de Francis Dávid.
    Naissance de Servet.
    Naissance de Biandrata.
    Nouveau Testament d’Erasme en Grec.
    Départ de la Réforme Protestante.
    Monté de l’Anabaptiste.
    Tolérance égale accordée dans les Grisons pour les protestants et les catholiques.
    Cellarius publie le premier livre contre la doctrine de la Trinité.
    Diète d’Augsbourg; La confession d’Augsbourg.
    Servet publie De Trinitatis Erroribus. (Les erreurs de la Trinité)
    Servet publie Dialogues on the Trinity. (Dialogues sur la Trinité)
    Fondation de l’ordre des Jésuites - Naissance de Fausto Socin.
    Inquisition italienne établie.
    Concile Anabaptiste de Venise acceptant l’humanité du Christ.
    Servet publie Chriatianismi Restitutio:( Le Christianisme restitué)
    Servet condamné à mort à Vienne; brûlé sur le bûché à Genève, le 27 octobre.
    Lélio Socin décède à Zurich.
    Ochino publie Dialogues et se retrouve banni de Zurich.
    Calvin décède à Genève. Ochino est banni de Pologne et décède en Moravie.
    La Confession Suisse adoptée par les églises suisses. Gentile décapité à Berne.



    POLOGNE ET SOCINIANISME :
    1546
    1555
    1558
    1563
    1564
    1565
    1569
    1570
    1573
    1574
    1579
    1588
    1591
    1598
    1603
    1605
    1611
    1616
    1638
    1658
    1660
    1742
    1784
    1811



    L’Antitrinitarisme premier apportait en Pologne.
    Gonesius attaque la doctrine de la Trinité de Secemin.
    Biandrata vient de Genève en Pogne. Pinczow : l’Eglise Reformée devient Antitrinitaire.
    Biandrata quitte la Pologne pour la Transylvanie.
    Les Jésuites entrent en Pologne.
    Diète de Piotrkow : Organisation de l’Eglise mineure Réformée.
    Fondation de Rakow.
    Consensus Sandomiriensis.
    Pax Dissidentium établissement de la tolérance religieuse en Pologne.
    Le catéchisme de Schomann publié en Pologne.
    Fausto Socin vient en Pologne.
    Socin unie toutes les factions Antitrinitaires au Synode de Brest.
    Le meeting socinien sur la place de Krakow détruit par la foule.
    Socin attaqué à Krakow. Ostorod et Wojdowski introduisent le Socinianisme en Hollande.
    Socin décède à Luclawice.
    Le Catéchisme de Rakow publié.
    Jan Tyskiewicz brûlé sur le bûché à Varsovie.
    Les étudiants sociniens expulsés d’Altdorf.
    Les sociniens propulsés de Rakow.
    La Diète de Pologne décrète le bannissement des Sociniens.
    Les sociniens finalement bannis de Pologne, le 10 juillet.
    Dernière persécution des sociniens au Pays Bas.
    Eglise Socinienne de Clausenbourg dissoute.
    Le Socinianisme s’éteint en Prusse.



    TRANSYLVANIE :

    1510
    1540
    1555
    1557
    1558
    1563
    1564
    1566
    1568

     
    1569
    1571
    1574
    1578
    1579
    1603
    1638
    1660
    1691
    1693
    1716
    1780
    1781
    1821
    1857
    1873


    Naissance de Francis Dávid.
    Naissance de John Sigismond.
    Dávid devient Luthérien.
    Dávid devient évêque Luthérien. Diète de Torda décrète la tolérance égale entre Protestants et Catholiques.
    Thomas Aran publie un livre contre la doctrine de la Trinité.
    Biandrata vient de Pologne en Transylvanie. Diète de Torda étends la tolérance aux calvinistes.
    Dávid devient évêque réformateur.
    Dávid débute une opposition ouverte à la doctrine de la Trinité. La Trinité débattue à Gyulafehervar et Torda.
    Débats sur la Trinité à Alba Lula, du 8 au 17 Mars. Clausenbourg devient Unitarienne. Dávid obtient un succès en plaidant pour la tolérance complète à la Diète de Torda. Dávid devient évêque Unitarien. L’Eglise Unitarienne s’organise en Transylvanie.

    Débat sur la Trinité à Oradea, du 10 au 15 octobre.
    Les droits de l’Eglise Unitarienne confirmés à la Diète de Maros Vasarhely. John Sigismond décède, le 14 mars.
    George Alvinczi malmené en Hongrie pour interdire la doctrine de la Trinité.
    Socin vient de Bale pour Clausenbourg.
    Dávid est jugé pour innovation, condamné et décède en prison, le 15 novembre.
    Moses Szekely tué au cours d’une bataille.
    Complanatio Deesiana adopté.
    Les exilés polonais arrivent à Clausenbourg.
    Diploma Leopoldinum édité.
    Les unitariens perdent leur école de Clausenbourg.
    Les unitariens perdent leur grande église de Clausenbourg.
    Joseph II édite un Edit de Tolérance.
    Summa Theologiac de Szent Abrahami publié.
    Les unitariens anglais et transylvaniens se découvrent
    Le gouvernement Autrichien essaie de détruire l’école unitarienne.
    L’Eglise unitarienne s’organise à Budapest.



    ANGLETERRE :

    c. 1380
    1525
    1534
    1550
    1551
    1565
    1612
    1615 /1616
    1647
    1648
    1651 /1652
    1654
    1655
    1662
    1662
    1677
    1687
    1689
    1695
    1698
    1702
    1703
    1712
    1719
    1723
    1735
    1766
    1772
    1774
    1783
    1791
    1794
    1804
    1806
    1808
    1813
    1817
    1819
    1825
    1828
    1830–1842
    1844
    1871


    Traduction de la Bible de Wyclif.
    Nouveau Testament de Tyndall.
    La Réforme anglaise.
    Eglise Etrange établie à Londres.
    Dr. George van Parris brûlé sur le bûché.
    Stratagèmes of Satan d’Aconzio publié.
    Bartholomew Legate et Edward Wightman brûlés sur le bûché.
    Naissance de John Bidle.
    Les XII Arguments de Bidle.
    La Confession de foi de Bidle.
    Le catéchisme de Rakow publié à Londres et ordonné d’être brûlé.
    Twofold catéchisme de Bidle.
    Bidle banni pour les Scilly d’Islande.
    Bidle décède, le 22 Septembre.
    Acte d’Uniformité.
    Loi pour le brûlage des hérétiques abrogée en Angleterre.
    Brief History of the Unitarians (brève histoire de l’unitarisme) de Nye.
    Acte de tolérance.
    Reasonableness of Christianity(Le bien fondé du Christianisme) de Locke.
    Acte sur le blasphème.
    Humble Inquiry (Humble enquête) d’Emlyn.
    Emlyn emprisonné à Dublin.
    Scripture Doctrine of the Trinity (Les Ecritures : Doctrine de la Trinité)de Clarke.
    Controverse d’Alan d’Exeter. Assemblée au Hall Salter.
    Naissance de Théophile Lindsey.
    Naissance de Joseph Priestley.
    Confessionnal de Black burne.
    Pétition de la ‘Taverne de la plume’.
    Lindsey ouvre la Chapelle du Hall d’Essex, le 17 avril.
    Société pour la Promotion de la connaissance des Ecritures.
    Société du livre unitarienne. Emeutes de Birmingham.
    Priestley émigre en Amérique.
    Priestley décède.
    Fonds unitarien.
    Version améliorée du Nouveau Testament.
    Abrogation de l’Acte Blasphématoire.
    Cas de la Chapelle de Wolverhampton.
    Association pour la Protection des droits Civils des Unitariens.
    Association des Unitariens anglais et étrangers formée, en May 26.
    Annulation du teste et de l’Acte des corporations.
    Cas de Lady Hewley.
    Contestation des Actes des chapelles.
    Abolition des Testes à l’université anglaise.



    AMERIQUES :

    1740
    1785
    1805

    1815
    1818–1820
    1819
    1825
    1838
    1841
    1852
    1865
    1867
    1875
    1890
    1896
    1900
    1908
    1919
    1925


    Grand réveil.
    King’s Chapel Liturgy. (Liturgie de la Chapelle du Roi)
    One God in One Person Only (un Dieu en une seule personne), de Sherman. Henry Ware élu Professeur de Hollis à Harvard.
    “American Unitarism”(l’Unitarismes Américain) publié.
    Cas sur ‘Dedham’.
    Sermon de Channing à Baltimore.
    Association Unitarienne Américaine formée, le 26 Mai.
    Message à l’école de la divinité d’Emerson.
    Sermon dans le sud de Boston de Parker.
    Congrès Ouest Unitarienne formée.
    Congrès National des Eglises Unitariennes.
    Association des trois Religions.
    Controverse sur le Livre de l’Année.
    Alliance Nationale.
    L'Union Religieuses des Jeunes.
    L’international Congrès des Trois Christianismes.
    Fédération Nationale des Religions Libérales.
    Ligue des laïques.
    Fusion du Congrès Générale avec l'Association Unitarienne américaine.





    DIVISION I. LE CHRISTIANISME AVANT L’UNITARISME

    CHAPITRE I – La religion comme Héritage



       

       

         Notre foi religieuse, étant donné le titre de ce livre implique un héritage. Nous ne l'avons pas créé indépendamment pour nous-mêmes. Bon nombre d'entre nous ne l'ont pas même choisi, mais l’on plutôt reçu comme un legs précieux, légué pour nous par ceux qui l'ont aimé avant nous. Naturellement il doit être beaucoup plus que simplement ceci. S'il est élever à n'importe quoi d’essentiel, il devrait inclure au moins ces trois éléments : une conviction profonde sur un certain nombre de grands sujets de réflexions, d'une expérience personnelle et sacrée sanctifiant la partie la plus profonde de nos vies et surtout d'une manière de vivre comme enfants de Dieu. Pourtant aucune de ces choses mêmes n'a complètement commencé avec nous-mêmes, à tel point qu’aucun des petits degrés de nos convictions n’ont été implantés dans nous, nos expériences ont été cultivées chez nous et notre mode de vie a été formé en nous, par d'autres. La religion de certains, en effet, semble être une transmission et peu d'autre chose, une tradition remise par descendance à elles par d'autres, plutôt qu'une question de conviction personnelle, d’expérience, ou de principe, bien que même une telle religion puisse encore faire une différence très importante dans leurs vies.

        Entendu que, notre religion a un degré très considérable est descendue vers nous du passé, nous devrions, si nous apprécierions n'importe quoi dans sa pleine signification, connaître son histoire passée. Nous apprécierons plus profondément la valeur de notre foi religieuse si nous venons une fois à réaliser combien il en a coûté à d'autres pour la victoire de ce qu'ils nous ont librement légué. Les penseurs qui ont travaillé sur ces problèmes, les apôtres qui ont passé leurs vies en écartant la connaissance d’eux parmi les hommes, les saints qui ont rendu son histoire sacrée, les confesseurs qui ont supporté le reproche et la perte, la persécution et l'exil dans leur vie et la noble armée des martyres qui ont souffert la mort plutôt que le faux pour eux. La signification de la foi religieuse que nous conservons et le prix que cela a coûté de la fixer pour nous même : ce sont les deux points les plus fortement suggérés par le titre, "notre héritage unitarien", et de ceux-ci, nous essayerons d’en tenir constamment compte pendant que nous suivons le cours de son histoire.

        Nous sommes assez au courant du point de vue en filiation avec notre vie nationale. Car seulement en tant que citoyens, nous pourrions de toute façon être assez satisfaits de notre terre natale, quoique nous n'ayons rien fait pour ce qu’il en est, mais avons simplement pris part d’elle comme transmission par nos ancêtres. Mais quand nous lisons l'histoire de notre pays, quand nous voyons comment nos pères ont dû travailler fort pour soumettre le désert, comment ils ont combattu et ont saigné pour le rendre libre, ont tâché à développer ses institutions et ont lutté pour le défendre contre ses ennemis, qu'ils ont par la force laissé libre et fort à leurs enfants. C'est seulement à partir de là que nous pouvons commencer à apprécier ce que signifie vraiment notre pays pour nous, pour réaliser le coût de son libre établissement, pour l'aimer d’un amour patriotique et pour estimer que si le besoin est, nous souffririons et mourrions volontiers pour lui, aussi dur soit ce qu’il peut arriver, nous ferons tout ce qui est possible de donner pour le garder et pour toujours comme une terre de liberté et de justice pour tous.
        C'est tout à fait pareil en ce qui concerne la transmission que nous avons reçue pour notre foi religieuse. Nous sommes peut-être nés simplement avec elle et l’avons toujours reçu pour admise. Nous avons pu ne jamais avoir à lutter pour gagner la liberté religieuse, ni même avoir à sacrifier ou à souffrir pour la conserver. Mais quand nous avons une fois lu son histoire et ayons vu comment les premières générations d’une grande quantité d'hommes qui ont dû lutter dans de nombreux endroits, sacrifier, souffrir et même dans quelques cas mourir, avant que nous puissions hériter de notre foi désormais libre. Combien même, avec sincérité dans des périodes plus heureuses, pour un plus petit coût, des hommes dévoués ont travaillé pour rendre la foi religieuse plus pure, plus raisonnable et s’inspirant de chaque nouvel âge, alors nous ne pouvons pas défaillir d’apprécier comme jamais avant la foi que nous tenons et nous souhaiterons être fidèles à elle et se prouver digne de la liberté qu'elle nous donne.

        Pour ceci, c’est l'histoire d'un mouvement progressif vers la liberté parfaite de pensée et de parole dans la religion, une liberté qui a été seulement gagnée grâce à une chance accablante parfois, d’aucun coût pour personne, merci Dieu, qui est dans notre temps appelé à payer. C'est les richesses d’une histoire, de ses saints et sages, ses héros et ses martyres et elles sont remplis de morts et de bravoure qui exaltait le sang. Les racines de cette foi religieuse retournent, naturellement, aux périodes Chrétiennes de ses premiers temps et la gloire et les inspirations de quinze siècles de l'histoire exclusive de l'Eglise Chrétienne s’intègrent en commun avec toute la chrétienté. Mais l'histoire de ce mouvement religieux particulier ne commence à peine il y a quatre cents ans, tôt dans la période de la Réforme Protestante. En retraçant uniquement l'histoire du développement de notre foi pendant ces quatre siècles, elle ne sera pas assez pour nous permettre simplement de mettre la main sur les faits de l'histoire passée. Notre étude de ces derniers sera d’un petit résultat si nous n'obtenons pas en même temps un sens approprié de ce qu’ils signifient pour nous pour notre propre période et de l'engagement qu’ils reposent sur nous comme propriétaires d'un héritage précieux et coûteux. Comme un premier auteur chrétien qui a écrit pour une situation semblable, (1) nous devons nous rendre compte que, bien que ces héros de notre foi fournirent un bon témoignage en leurs jours, Dieu a également placé sur nous un devoir sacré, de continuer et de terminer leurs travaux, puisque sans nous ils ne seront pas rendus parfaits.


    CHAPITRE II – La religion du Nouveau Testament



       

        

         La notion commune de l’Unitarisme est un système de doctrines centrées au sujet de la croyance dans un Dieu en une personne (comme contraste avec la croyance Trinitaire dans un Dieu en trois personnes) et la croyance étroitement liée dans la vraie humanité de Jésus (comme contraste avec la croyance Trinitaire de sa déité, ou de la divinité suprême). Les unitariens qui comprennent le mieux leur mouvement, cependant, attachent beaucoup moins d'importance aujourd'hui à ces derniers ou toutes autres doctrines particulières à certains principes fondamentaux religieux, se concentrant sur la liberté et la raison. En fait, en question d'histoire, bien que ce fut les doctrines unitariennes qui ont été développées la première fois et bien que celles-ci ont été particulièrement portées à polémique plus en avant et ont été l'occasion d’une longue persécution continuelle, pourtant presque tous les premiers unitariens se sont étendus sur une forte accentuation sur l'importance de la liberté religieuse. Ils ont affirmé les droits de la raison dans la religion et plus le mouvement a procédé loin, plus l'emphase a été décalée de ses doctrines et de ses principes fondamentaux. Tandis que nous aurons besoin, donc, dans toute la totalité de notre étude, pour tenir compte que les doctrines sont associées à ce mouvement, nous devrions nous rappeler que c'est dans son aspect plus important, un mouvement progressif vers une plus pleine utilisation de la raison et un plaisir plus parfait de la liberté de religion.

        L'histoire de l’Unitarisme moderne commence, comme nous l’avons dit, tôt dans la période de la réforme protestante. C'est-à-dire, nous ne pouvons tracer aucun développement continu de la pensée unitarienne de ce temps. Pourtant on l'a souvent maintenu, que l’Unitarisme est simplement un retour aux doctrines corrompues du Christianisme orthodoxe à la religion pure du nouveau testament. Nous verrons tellement fréquemment l’affirmation de cette revendication au cours de notre histoire que nous devons au départ nous enquérir à savoir de quelle distance elle est justifiée. Puisque l'Unitarisme à partir du seizième siècle a été en grande partie caractérisé par ses protestations contre les doctrines connues sous le nom d'orthodoxes, nous devons également acquérir notre début pour la compréhension du mouvement. Pour ce, il nous faut essayer de découvrir ce qu'étaient ces doctrines auxquelles les pères de notre foi se sont senti obligés, même au risque de leurs vies, d'être incroyants et de s'y opposer et comment et pourquoi ils sont venus à grandir hors de la simple religion de Jésus et de ses premiers disciples. En compréhension de ces choses, nous pourrons en même temps les juger plus équitablement. Il est possible de tracer chaque étape du processus par lequel, au cours de cinq ou six siècles ou du moins, la simple religion des paraboles et le sermon sur la montagne ont été graduellement transformés en doctrines raffinées dans la foi Nicéenne et d'Athanase. Pour ceci, nous procéderons maintenant et brièvement comment faire.

        Pour apprendre, donc, ce que Jésus et ses premiers disciples enseignèrent, nous devons nous tourner vers les trois premiers évangiles. Ceux-ci ont été écrits probablement entre 70 et environ 100 après Jésus Christ, par conséquent, une à deux générations après la mort de Jésus. Ils datent donc d'un moment où la croyance primitive avait déjà commencée à subir des changements et où ce long processus a débuté, que nous sommes sur le point de tracer et qui a fini dans les doctrines de la Trinité et la déité du Christ. Pourtant ces évangiles montrent également beaucoup de traces d’une croyance plus tôt et plus simple, comme elles ont existé dans la période même de Jésus et ce sont ces traces que nous constaterons d'abord.

        Pour commencer, il n‘y a pas dans ces trois évangiles de suggestion isolée de la doctrine de la Trinité.(1). Qu'une telle doctrine aurait semblé à Jésus ou à n'importe quel autre juif de son époque que guerre un petit blasphème, pendant de longs siècles et de leur humiliation nationale, aucune autre conviction n'avait tellement brûlée et aussi profondément dans la conscience des personnes juives, que leur croyance dans l'unité absolue et sans réserve de Dieu. En fait, du plus loin à ce jour même, rien n'a été prouvé autrement comme obstacle si infranchissable à la réception du christianisme par les juifs, comme la doctrine de la Trinité, qui a semblé pour eux miner la pierre angulaire même de leur religion.(2). Dans ces évangiles, nous trouvons Jésus simplement considéré comme le Messie. Un homme, envoyé de Dieu pour un but élevé, doté de puissances supérieures, pourtant dépendant de Dieu, ne se reconnaissant pas aussi bon que Dieu et limité dans la connaissance, l'autorité, et la puissance.(3). Cette croyance primitive a longtemps survécu parmi une petite section des chrétiens juifs connus sous le nom d'Ebionites. Ils se sont rapidement séparés du reste de l'Eglise Chrétienne et ont vécus une vie d'isolement à l'est de la Jordanie et aussi en tard que le cinquième siècle ils ont maintenu leur croyance originelle dans l'unité de Dieu et dans l'humanité pure et la naissance normale de Jésus.

        Quand nous nous tournons vers les écritures de Paul, une courte génération après Jésus, nous trouvons cette simple et naturelle vue de Jésus devenue rapidement transformée. Dans les épîtres portant le nom de Paul (certaines d'entre elles sans aucun doute écrites après son temps, cependant avec plus ou moins de ressemblance avec sa pensée), écrits de 53 à 64 après J.C. ou plus tard, la personne de Jésus, estompée dans le temps passé, comme pour Paul et ses camarades Chrétiens la contemplent respectueusement, s'est développée moins distinctement, mais en même temps plus largement. Il est désigné encore parfois en tant qu'homme, mais plus souvent sous le nom du Seigneur. Il est parlé de lui comme l’envoyé du ciel, où il a existé avec Dieu avant la création du monde. On dit que Dieu créa le monde par son agencement, il est considéré aussi dans un sens divin, cependant toujours subalterne à Dieu. (4).

        Dans le quatrième évangile, attribué à l'apôtre Jean, mais maintenant censé avoir été écrit plus tard par un chrétien, peut-être dans les environ de 125après J.C., nous trouvons pourtant une vue plus exaltée de Jésus. Il est ici identifié avec la Parole, ou Logos et depuis ce terme joue un si grand rôle dans le développement qui suivra de la croyance au sujet de Jésus et nous devons faire une pause ici pour l'expliquer. La conception est censée avoir grandie légèrement comme suit : des philosophes au premier siècle se sont accoutumés à penser à Dieu étant, dans sa sagesse et sainteté parfaite, jusqu'ici supérieur à ce monde imparfait et pécheur qu'il ne pourrait pas être supposé avoir eu n'importe quoi à faire directement avec la création ou avec les hommes. Mais Philo, un philosophe juif d'Alexandrie, découvrit dans l’Ancien Testament certains passages semblant se rapporter à une sorte de sagesse personnifiée, Sagesse ou Parole, ou Logos, par lesquels comme un intermédiaire existant entre Dieu qui avait créé le monde et communiqué avec l’homme. (5) Ce Logos, donc semble de lui même avoir jeté un pont sur le grand fossé existant entre Dieu et son monde. Il y avait également en même temps dans la philosophie grecque de la période une croyance en un Logos divin, ou Raison, (6) qui ont été manifestés dans l'univers comme un type d'âme du monde. Ces deux vues, puis, celle juive et l'autre Grec, sont devenues plus ou moins impliquées dans la pensée juive et grecque de la fin du premier siècle et cette idée de Logos est devenue largement admise par les deux, juifs et Grecs en tant qu'un des éléments attachés à leurs enseignements religieux, parce qu'elle a résolu pour eux, ce qu’ils ressentaient être un problème de critique religieuse.- Comment l'homme pécheur pourrait hériter de l'harmonie avec un Dieu parfait ?

        Maintenant le grand but de l'auteur du quatrième évangile était de recommander la religion Chrétienne à ceux qui ont tenu cette vue du Logos, en leur montrant que le Logos n'était aucune autre chose que Jésus lui-même. Le fondateur de cette religion, qui avait été avec Dieu au commencement, avait été son agent dans la création du monde et avait pris longuement la forme d'un être humain, de ce fait devenu à travers le Dieu Saint et les hommes pécheurs qui pouvaient alors être rassemblés. La doctrine du Logos dans cet évangile était le point atteint le plus élevé dans le développement de l'enseignement de Nouveau Testament au sujet de Jésus, mais bien qu'il semble parfois presque faire de Jésus un avec Dieu, dans d'autres passages, elle indique clairement que néanmoins qu’il était moins que Dieu et a dérivé son existence, toute sa puissance et autorité, par lui. (7). Il était directement lié à cette doctrine du Logos, cependant, le développement qui a suivie au quatrième siècle a fini dans les doctrines en plein développement de la Trinité et la déité du Christ. Cet autre progrès de la pensée chrétienne, nous sommes maintenant prêt à le suivre.

     

    CHAPITRE III – Le développement de la doctrine religieuse sous le concile de Nicée, en 325 après Jésus Christ.



       

       

          Dans le dernier chapitre nous avons tracé le développement de l'enseignement du Nouveau Testament au sujet de Jésus et avons vu qu'il y avait un progrès régulier de la pensée qui a commencé en considérant Jésus comme véritable humain, simplement un homme et finie en le considérant comme Logos, en un certain sens divin et un peu moins que Dieu ; bien qu'il n'y ait eu jusqu'ici aucune doctrine de la Trinité et aucune croyance dans la déité complète du Christ. Mais la doctrine du Logos du quatrième évangile a fourni le germe dans les deux ou trois siècles suivants où ces doctrines se développèrent. Nous devons maintenant suivre les pas que ce développement ultérieur a pris.

        Après que tous les disciples immédiats de Jésus soient passés et l'Age Apostolique terminé avec la fin du premier siècle, là suivi, pour quelque chose de plus de cent ans, qui est connu comme Age de l’Apologie, pendant lesquels les chrétiens ont dû défendre leur nouvelle religion contre les attaques des juifs ou des païens et essayaient de la prouver supérieure aux religions plus anciennes. Les auteurs qui ont fait cette défense sont connus en tant qu'apologistes. Certains de leurs écrits sont parvenus à nous et forment la littérature chrétienne la plus récente après le nouveau testament. Ils étaient eux-mêmes les premiers théologiens chrétiens, essayant d'énoncer leur croyance religieuse en forme systématique et leurs écrits servent donc à nous montrer comment les doctrines chrétiennes se dessinaient. Le problème était que tous essayaient sincèrement de résoudre, afin d'énoncer la philosophie du Christianisme de telle manière que les Grecs instruits pouvaient l'accepter, étant ceci : Comment est-ce que le Logos (entièrement admis maintenant comme article fixe dans la pensée chrétienne) a été lié à un Dieu infini et éternel d'une part et à l'homme Jésus de Nazareth de l'autre ? Ils ne pouvaient pas espérer voir le Christianisme accomplir beaucoup de progrès dans le monde grec jusqu'à ce que ce le problème ait été résolu d'une manière satisfaisante. Pourtant c'était un problème difficile, parce que plus ils le rapprochaient de Dieu, plus sa vie humaine semblait être irréelle, tandis que plus qu’ils identifiaient pleinement son humanité, plus lointain il semblait pour être prêt de Dieu. Ce sont ces apologistes qui prennent les prochaines mesures menées à partir de l'enseignement plus simple du nouveau testament, loin de la doctrine de la déité du Christ, car nous verrons maintenant en regardant brièvement ce que quatre des plus éminents d'entre eux ont écrits.

        Martyr Justin avait été un philosophe grec avant sa conversion au Christianisme. Comme Chrétien, il a écrit à Rome, un certain temps après l'année 140, deux Apologies et autres écritures pour la défense du Christianisme. Dans ces derniers, il enseigne que la Raison Divin, ou le Logos, a été engendré par Dieu, comme son premier né, avant la création du monde. Par lui Dieu a créé le monde. Il était une personne distincte de Dieu et subordonné à lui, pourtant il pourrait être adoré en tant qu'être divin. Il est devenu un homme sur la terre en la personne de Jésus. Irénée, qui était né en Asie mineure est allé comme missionnaire en Gaulle méridionale et là en 178 il est devenus évêque de Lyon. Il a écrit un livre contre les hérésies, dans lequel il a enseigné que le Logos a existé avant la création du monde et était le fils aîné de Dieu. Le Logos était ainsi vraiment divin, bien que distinct de Dieu et subordonné à lui et il est devenu un homme en Jésus et a souffert en tant qu'homme, afin de rapprocher plus l'humanité de Dieu.

        Clément d'Alexandrie naquit dans la religion grecque, mais après sa conversion au Christianisme il est devenu un bien plus éminent philosophe chrétien de son temps et eu une grande influence sur la pensée de l'Eglise Orientale. Dans les travaux écrits après 190, il enseigne que le Logos était au commencement avec Dieu et était d’une façon ou autre Dieu et par conséquent mérite d'être adoré, mais il était au-dessous du père dans le rang. En Jésus il est devenu un homme, celui par qui nous pouvions apprendre comment un homme peut devenir Dieu. Clément a également pris une autre mesure vers la doctrine de la Trinité, quand il a parlé du Père, du Fils et de l'Esprit Saint comme 'triade sainte'.

        Tertullien naquit à Carthage dans les environs de 150 et était un païen pour la religion jusqu'à la moitié de sa vie, mais après sa conversion au Christianisme, il est devenu aussi influent dans la pensée de l'Eglise occidentale que Clément l’était dans l'orientale. Dans ses écrits il enseigne que le fils (ou le logos) a existé avant la création et était une substance avec Dieu, cependant distinct de lui et subalterne à lui. Il est né sur la terre comme Jésus et le Père, le Fils et l'Esprit Saint sont mystérieusement unis dans une Trinité – un terme que Tertullien fut le premier à présenter. Ces quatre exemples sont assez pour montrer ce qui se propageait dans la pensée chrétienne pendant le siècle après que le quatrième évangile soit paru. Il y avait une tendance croissante, tout en insistant toujours sur le fait que le Christ était inférieur à Dieu, pour le considérer de plus en plus comme divin. Pourtant dans cette tendance, il y avait deux dangers. Comme les théologiens ont spéculé sur le Logos, ils perdaient de plus en plus de vue le caractère humain de Jésus et il y avait une crainte que le Christianisme devrait actuellement se retrouver à adorer deux êtres divins au lieu d'un Dieu. Ce dernier danger a été profondément ressenti par ceux qui ont considéré la religion de l'empire romain, dans lequel il était usuel de déifier et d’adorer les empereurs. De sorte qu'en opposition à la croyance que nous avons noté ci-dessus grandissante, une tendance contraire également s'est affirmée, largement diffusée, sous le nom de Monarchianisme. Les monarchiens étaient des monothéistes strictes. Ils ont objecté que si le Père, le Fils et l'Esprit Saint étaient tous divins, alors le Christianisme avait trois dieux et ils ont insisté plutôt que Dieu était une personne de même que l'un est.

        Il y avait deux personnes étroitement liées avec cette vue opposée dont les noms méritent d'être mentionnés et rappelés dans une histoire de l’Unitarisme. L’un était Paul de Samosata. Il est devenu évêque d'Antioche en 260, la plus importante voie dans l'Eglise Orientale. Il a enseigné, bien que Jésus ait été à l'origine un homme comme d'autres hommes, il est graduellement devenu divin et est finalement devenu complètement uni à Dieu. Il a été accusé d’hérésie par des ennemis théologiques et politiques et après que trois procès aient été longuement exécutés de la part des autorités, il fut excommunié de l'Eglise, dans les environs de 268. Les divers unitariens dans des périodes postérieures ont observés des vues plus ou moins ressemblantes aux siennes et ils se sont donc parfois appelés samosaténiens ou pauliniens.

        Plus célèbre encore, cependant peu de sa vie soit connu maintenant, était Sabellius, dont l'enseignement fut prouvé très attrayant pour un grand nombre. Il a cherché à préserver l'unité de Dieu et en même temps à faciliter la compréhension du mystère de la Trinité, en enseignant qu'un Dieu s'est manifesté de trois manières différentes, comme Père, Fils et Esprit Saint. Mais cet enseignement a semblé à ses adversaires rendre le Christ irréel, une seule réflexion des autres pour autant, et cependant, il a été condamné pour hérésie et Sabellius lui-même a été excommunié de l'Eglise d’Alexandrie dans les environs de 260. Le Sabellianisme, cependant, ne s'est pas éteint, parce qu’il a souvent réapparu dans l'histoire chrétienne du passé à ce jour. Non seulement les vues du Sabellianismes souvent tenues par les unitariens qui furent appelés Sabelliens par l'orthodoxie, mais les Trinitaires ont souvent professé en donnant leurs explications de la Trinité en termes Sabelliens et ainsi ont vraiment été hérétiques. La grande popularité de ces vues du Monarchisme au troisième siècle prouve que le mouvement orienté vers la doctrine de la Trinité n'a pas continué sans beaucoup d'opposition et Tertullien se plaint de la façon dont dans son temps la majorité de chrétiens, étant ignorants (des spéculations philosophiques), restaient immobiles à la simple unité de Dieu et se méfiaient de la Trinité.

        Après que le Monarchianisme ait été supprimé, diverses tentatives ont été faites pour énoncer la relation du Christ (1) avec Dieu d'une manière quelconque qui devrait éviter le Sabellianisme d'une part et le trithéisme de l'autre. Un de ces derniers essaie a été incorporé dans la vue connue sous le nom d'Arianisme et celui-ci a eu une telle importante relation avec l’Unitarisme et il est tellement souvent rapproché avec le cours de l'histoire unitarienne, qu'il mérite d'être présenté aussi clairement que possible. L'évêque d'Alexandrie, du nom d’Alexandre, dans les environs de 318 a essayé de rendre la question plus claire en enseignant que le Christ n'avait jamais eu un commencement plus que Dieu lui-même, qu'il avait toujours été le fils de Dieu, 'éternellement engendré' par lui et qu'être étant de même essence ou de même nature que le Père. (2). Il y avait maintenant à Alexandrie un certain prêtre (prêtre ou ministre) d'une des églises paroissiales, Arius de nom, qui s'est senti lié pour s'opposer à cet enseignement. Arius était un homme bien pendant ces années, sérieux dans la manière, vif dans l'argumentation, se sacrifiant extrêmement dans sa vie et fortement respecté dans la ville pour sa piété et son travail parmi les classes inférieures. Il a demandé instamment que cet enseignement d'Alexandre soit reconnu rien de plus que Sabellien et qu'il signifiait pratiquement la croyance dans deux dieux. Il est tenu, par opposition, que le Christ n'était pas égal à Dieu, mais au contraire subordonné à lui, qu'il n'a pas existé avec Dieu de toute l'éternité, mais était, créé par lui avant la création du monde, qu'il n'était pas de la même 'substance' que le père, mais a été créé à partir de rien. C'était l’Arianisme : la croyance que le Christ, bien qu'un être loin au-dessus de l'homme, était, pourtant inférieur à Dieu, qu'il a été créé avant la création du monde et en cela il était de nature différente de Dieu ou de l'homme. Il sera bien de se rappeler cette définition toutes les fois que l'Arianisme sera mentionné au cours de l'histoire suivante.

        La polémique sur la question est maintenant devenue générale et a duré trois ans. L'évêque a longuement commandé Arius de changer ses vues mais Arius, comme il a écrit à un ami, a indiqué qu'il mourrait de mille décès plus tôt que de consentir aux avis qu'il ne croyait pas. Il a été en conséquence déposé de ses fonctions avec plusieurs de ses disciples et a été excommunié de l'Eglise par un Concile d’Alexandrie en 321 et banni de la ville 'en tant qu'athée'. Il a alors voyagé largement dans la Syrie et l’Asie mineure, trouvant beaucoup qui prirent partie pour lui et certains de ceux-ci avaient une grande influence et l'Est entier était bientôt embrasé par la polémique. Il avait tellement d'appuis qu'il pouvait retourner à son travail à Alexandrie, où il y eu beaucoup de disciples, mais ceci ne signifiait pas la fin des ennuis. Les feux de la polémique étaient maintenant au delà de son contrôle et non seulement les évêques, mais même les gens communs se disputaient dans plusieurs des provinces orientales à tel point que l'Empereur lui-même s'est senti obligé de faire une sommation. Il envoya son représentant personnel à Alexandrie pour obtenir des parties de constituer leurs querelles, mais en vain. Rien n'est demeuré, mais il appela le Concile général des églises de tout l'empire et soumis le point du règlement.
        Le Concile convoqué ainsi pour régler les questions dans le conflit au sujet de la polémique Arienne est connu en tant que Concile de Nicée et il était d'une très grande importance parce que jusqu'à ce temps il n'y avait rien eu qui pouvait s'appeler ‘doctrine autorisée de l'Eglise’, dans son ensemble. Pendant les trois siècles depuis le Christ, comme nous l’avons vu, il y eut dans l'Eglise une différence importante dans la croyance à son sujet. Il y avait eu une tendance croissante, il est vrai, pour lui donner un rang toujours plus élevé et un enseignement opposé à cette tendance pouvait ici ou là être condamné par un certain Concile local, mais aucun niveau de croyance pour toute l'Eglise n'avait été adopté jusqu'ici. Ce fut la première fois fait au Concile de Nicée en 325. Comment ce concile est survenu et quel résultat produisit-il sur les doctrines de l'Eglise Chrétienne, nous le verrons dans le prochain chapitre.


    CHAPITRE IV - Le Concile de Nicée et le Développement de la Doctrine de la Trinité, en 381 ap. J.-C.



       

      

    Quand Constantin, qui avait récemment abandonné le paganisme pour le Christianisme est venu à la tête de la totalité de l'empire romain en 323 en tant que premier Empereur chrétien, et constata que les chrétiens, sur qui, il comptait pour appui contre ses ennemis païens, étaient divisés entre eux dans tout l'Est. Dans la capitale de Constantinople, nouvellement fondée, leurs querelles étaient sujettes à des plaisanteries, jusqu’à même dans les théâtres. Il a immédiatement perçu que s’il devait maintenir sa puissance, il était d'importance suprême que les factions dans l'Eglise devaient être amenées à L’harmonie entre elles. Ses premières tentatives ont à cet effet échoué, comme nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent. Il fut donc déterminé à appeler l’ensemble des évêques à partir de toutes les parties de l'Empire, ceci leur permettant de convenir ce qui devait être reçu comme véritable croyance chrétienne. Ce rassemblement était le premier Concile général (ou oecuménique) et il s'est réuni en 325 à Nicée, une petite ville du nord-ouest de l'Asie mineure à quarante cinq milles au sud-ouest de Constantinople.

        Des évêques ont été appelés par la commanderie impériale de chaque partie de l'Empire et ils devaient voyager si besoin aux frais de l'Empereur, accompagnés de deux prêtres et de trois domestiques chacun et être ses invités. Ils sont venus à toute vitesse des parties les plus éloignées, jusqu'à ce qu'il y ait eu plus de trois cents évêques présents et une assemblée qui totalisait environ deux mille personnes. L'Empereur lui-même a ouvert le Concile en grande pompe et a présidé en personne au-dessus des sessions, qui ont duré six semaines. Pourtant, bien qu'ils avaient à discuter des points importants de la croyance chrétienne, il y avait peu de calme pour débattre sur les questions et un esprit chrétien de patience était clairement absent. Les sentiments se développèrent tellement fortement que le langage le plus abusive fut employé souvent au cours des discussions et parfois même la violence physique fut utilisée par les membres entre eux.

        Le but en chef de ce Concile était d'enrayer cette polémique amère quant à la doctrine vraie au sujet du Christ et à ce sujet il y avait trois points de vues distinctement tenues. Une petite minorité était formée des disciples strictes d'Arius, soutenant que le Christ était en son être ou nature essentiel (« substance ») différent de Dieu. Cette partie a été emmenée dans les discussions par Arius lui-même, cependant pas un évêque avait été particulièrement demandé par l'empereur d'apparaître au Concile. Une deuxième partie, formant une plus grande minorité, s'est composée d'adversaires d'Arius et ceux-ci ont soutenu que le Christ était être de même essence que Dieu. Le chef identifié de ces derniers n'était pas leur évêque âgé Alexandre, mais un jeune diacre de son entourage, à peine vingt-cinq, très petit de stature, loin d’être beau d’aspect, mais vif de l'intellect et de trempe ardente, violent dans l'argumentation, passionnément consacré à ses convictions et par conséquent restrictif et intolérant dans l’esprit (1). C'était Athanase, dont même le nom était à devenir un synonyme pour la ferme orthodoxie. Mais la grande majorité était d'un tiers, occupant une position intermédiaire et soutenant que le Christ était un être d’essence semblable à Dieu. On a compris que le chef de cette partie moyenne, qui est venu pour être connu comme à moitié Arien, était Eusèbe de Césarée, qui s'est tenu sous haute influence avec l'empereur et représentait ses vues.

        Après une certaine discussion, les Ariens, confiants en la victoire, ont proposé d’adopter une foi, mais celle-ci a été immédiatement déchirée en morceaux par une foule fâchée par leurs adversaires et de ce temps, la vue strictement Arienne a suscité peu d'attention. Eusèbe a alors apporté une foi représentant les vues de la partie moyenne, approuvée par l'Empereur, et évitant soigneusement des limites blessantes pour les Ariens ou pour leurs adversaires. Les Ariens étaient disposés à l'accepter, mais ce fait même a rendu les partisans d’Athanase soupçonneux et ils ont absolument refusé de faire n'importe quelle concession ou compromis. De là, Le point principal a été débattu entre les Semi-Ariens et Athanasiens, si la nature du Christ était semblable à Dieu, ou la même que Dieu et s'est abaissé pratiquement à une polémique sur deux mots grecs correspondants, homoi et homo, il a été cyniquement dit que toute l'Eglise Chrétienne pour la moitié d’un siècle, commençant par ce Concile, a combattu et s’égara pour la plus minuscule lettre de l'alphabet.

        L'Empereur, voyant l’inflexibilité de la partie d’Athanase, se rendit compte qu'aucun accord ne pourrait être atteint sur cette position dans un compromis, donc, pensant que la paix et l’harmonie étaient de plus grandes importances que cette des doctrines dans son empire, il jeta tout son poids du côté d’Athanase. Ces derniers alors présentèrent une foi distinctement opposée aux vues Ariennes, la majorité a bientôt cédée, cependant, pas sans hésitation, à ce qui avait été harcelé comme souhait de l'Empereur et presque tous ont signé la foi. Les Ariens au début tenus en dehors, mais tous enfin ont été épargnés, sauf deux et ceux-ci ont été envoyés avec Arius en exil. Les livres d'Arius ont été condamnés à être brûlés, la possession de ceux-ci représentait un crime capital et ses disciples ont été déclarés ennemis du Christianisme. C'était le premier exemple dans l'histoire Chrétienne de la souscription obligatoire à un credo et le premier de beaucoup d'autres exemples tragiques d’un gouvernement civil punissant des hérétiques pour ne pas avoir accepter la croyance majoritaire.(2)

        La foi adoptée ainsi est connue en tant que la foi Nicéenne, la plus importante des trois grandes fois (3) du jeune christianisme et la seule jamais identifiée par toute l'Eglise Chrétienne. Elle n'a pas établi la doctrine de la Trinité, mais elle a ouvert une longue étape dans cette direction en réglant pas de manière permanente la question contestée au sujet de la déité du Christ et en déclarant qu'il était de la même 'substance' que Dieu. C'était dorénavant la doctrine orthodoxe, enrichie non seulement par la voix du Concile comme voix de toute l'Eglise, mais également par l'autorité impériale comme pratiquement loi de l'Empire. Cela reste la doctrine orthodoxe dans toute la Chrétienté à ce jour, mais il est instructif de noter comment il en est devenu ainsi. Par un vote majoritaire des personnes qui vraiment préféraient une autre vue, mais sous la forte pression de l'Empereur qui les a sanctionné pour la paix et l'harmonie et pour échapper à la lourde main de sa désapprobation (4). Le Credo pouvait naturellement être vrai pour tout cela, mais les vraies convictions de la majorité avaient été exprimées, la croyance orthodoxe pouvait ne pas avoir été ce qu’elle est maintenant, mais l’Arianisme, envoyé en exil, dont les livres ont été commandés d’être brûlés et dont les disciples étaient les ennemis avoués du Christianisme, pouvaient aussi bien ne pas avoir été d’Arius mais d’Athanase.

        Le Concile une fois dispersé, les évêques sont retourné à leurs affaires; mais la grande question pour laquelle ils s'étaient réunis pour prendre des décisions n’a pas été réglée seulement que sur un aspect extérieur. En dépit d’avoir signé le Credo pour contenter l'Empereur, bon nombre d'entre eux étaient toujours 'de la même opinion'. Apparemment défait à Nicée, l’Arianisme, ou quelque chose comme lui, était encore populaire dans la plupart des églises de l'Est et a été activement favorisé par beaucoup de personnes d'influence. L'Empereur lui-même a commencé à sentir la force de cette influence et hésita. Persuadé par sa soeur Arienne et Eusèbe, il a rappelé Arius d'exil en 335 et l'a fait acquitter de l’hérésie et Arius était sur le point d’être solennellement rétabli dans l'Eglise à Constantinople dans l’année suivante, quand soudainement il décéda.

        Pendant ce temps, Athanase, jeune qu’il était, avait été choisi comme évêque d'Alexandrie à la mort d'Alexandre en 328 et portait des choses si élevées sur les mains qui encourageaient l'opposition la plus amère, de sorte que lui-même ait été banni en 336 comme perturbateur de la paix de l'Eglise et en dehors des quarante six années orageuses de son poste, il en dépensa vingt dans l'exil, étant successivement banni et rappelé pas moins de cinq fois. Pour le problème global de la doctrine, la discussion fut ouverte encore à ce moment. Un Concile local après d’autres s'est réuni dans différentes parties de l'Empire, Credo après Credo ont été mis en avant par une partie ou l'autre. Après la mort de Constantin en 337, les considérations politiques ont hérité de la question et la théologie des églises a reflété les avis de l'Empereur ou de la cour. Pendant la majeure partie du temps et pendant quarante années, les empereurs ariens étaient sur le trône dans l'Est et les Ariens persécutèrent avec autant d’intolérance comme jamais leurs adversaires l’avaient fait. L'Ouest est demeuré solidement orthodoxe, mais dans l'Est une forme modifiée de l’Arianisme est devenue tout sauf universelle sous Constantin, Empereur de 337 à 361 et pendant longtemps il obligea des Conciles dans l'Ouest littéralement à accepter cela, de la même manière que Constantin avait forcé le point de vue d’Athanase au Concile de Nicée. Même deux des papes de Rome étaient obligés pendant un certain temps de lui donner une adhérence nominale (cependant avec peu d'effet sur l'Eglise Occidentale), si bien que le Credo Nicéen ne fut jamais supprimé par un Concile Général, l’Arianisme fut pendant un certain temps la religion officiellement soutenue dans tout l’Empire.

        C'était cette plénitude même de sa victoire qui amena l’Arianisme à sa ruine, parce que les ariens sont tombés dans la dispute entre eux. Sous l'Empereur arien fanatique Valens (364 - 378) l'intolérance extrême des ariens a conduit les semi ariens du côté de l'orthodoxie et quand l'Empereur Théodose est venu au trône, après avoir été élevé dans la foi orthodoxe, il été déterminé de mettre un terme à ces polémiques. Sur son baptême en 380, il publia un édit que toutes les nations dans l'Empire devaient adhérer (c'est-à-dire, à la religion catholique orthodoxe), croyant à la Trinité comme à la déité égale du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Toutes les autres, il les stigmatisa comme hérétiques et les a menacés de graves punitions. Il expulsa les ariens de Constantinople, les priva de leurs églises et leur interdit de tenir un culte public. L'année suivante, pour donner à son action l’autorisation de la loi de l’Eglise, Théodose convoqua le deuxième Concile Général à Constantinople. (5)

        À ce Concile, un nouveau Credo fut mis en avant et qui compléta la doctrine de la Trinité, en ajoutant un article au sujet de l'Esprit Saint. Ce sujet avait été à peine mentionné dans le Credo de Nicée, mais fut maintenant et pendant un certain temps beaucoup discuté et vint à prendre une importance cardinale. Sous la nouvelle forme du Credo, donc, la déité de l'Esprit Saint a été adoptée (pas sans opposition considérable) comme faisant partie de la doctrine orthodoxe d'un Dieu en trois personnes et la doctrine de la Trinité est venue ainsi pour être reçue comme doctrine centrale de la croyance chrétienne orthodoxe. Il a été donné davantage de définitions dans le remarquable document connu sous le nom ‘Credo d'Athanase’. (6). Ainsi l’Arianisme a été finalement proscrit dans l'Empire Romain. Sa chute fut rapide. Il a été supprimé dans l'Ouest en 388 et dès lors survécu seulement parmi les nations barbares. Pour les Goths, les vandales, les Lombards et les Bourguignons avaient été à l'origine de la conversion du Christianisme Arien et il ne s’est pas éteint parmi eux jusque tard dans le sixième siècle. Les individus ici et là peuvent quand même avoir tenu des vues ariennes, mais comme mouvement organisé il n'y en avait plus. Des unitariens dans les temps modernes se sont souvent appelés ariens et ont parfois tenu des vues ariennes, mais ils n'ont eu aucun raccordement historique avec les ariens du quatrième siècle. Les unitariens, aussi, ont souvent ressenti une sympathie sentimentale avec ces premiers hérétiques, ne fût-ce que parce qu'ils se sont opposés à la doctrine orthodoxe de la Trinité. Pourtant si nous étions obligés de choisir entre les deux aujourd'hui, la doctrine d'Athanase devrait être moins répréhensible que celle d'Arius. Ce dernier laissa un bien trop large fossé entre Dieu et l'homme et son Christ, être ni Dieu ni homme, n'a rien fait pour amener les deux ensembles. Les besoins de la religion étaient mieux servis par la vue d'Athanase et c'était bien pour cela que le Christianisme a prévalu. Bien que l'une ou l'autre doctrine soit adaptée de nos jours, si nous ne débutons pas comme les hommes d’alors qui ont favorisés un immense abîme en séparant le Père dans le ciel de ses enfants sur la terre. C'est une autre question, bien que la discussion ne s’intègre pas correctement dans une histoire.

        La polémique dans son entier était vraiment et seulement entre les théologiens spéculatifs. La grande masse du peuple ne peut avoir eu aucune vraie compréhension d’elle. Il pouvait préférer la doctrine d'Athanase parce qu'elle semblait donner plus d'honneur au Christ que celle d'Arius, mais les distinctions subtiles du Credo, ils ne les ont pas comprise. Le résultat en était malheureux et persista longtemps, que les doctrines Chrétiennes sont venues de plus en plus à être considérées par le peuple dans son ensemble comme des mystères, pour ne pas être comprises, ni même pour être informés à leurs sujets, mais pour être acceptées simplement par la foi et sous l'autorité de l'Eglise. Les hommes n'étaient pas censés raisonner au sujet de la religion. C'était dans cette condition des choses qu'au seizième siècle, quand les esprits des hommes s’émancipèrent et menèrent l'élévation de l'Unitarisme avec une demande insistante de la liberté de pensée et de l'utilisation de la raison, dans la religion. Il y avait, cependant, pourtant d'autres questions à régler avant que le système de la croyance orthodoxe puisse être tout à fait complet et afin de comprendre l'histoire qui est à suivre, nous aurons un autre chapitre où également jeter un coup d'oeil sur ceux-ci.

     

    CHAPITRE V – La complétion de l’orthodoxie théologique, en 451 ap J.C.


       

     

    Le dernier chapitre montrait comment la polémique Arienne a mené à deux résultats principaux. Elle a établi la doctrine de la déité du Christ au Concile de Nicée et celle de la Trinité à Constantinople. Elle dura pendant plus de soixante années et on pouvait espérer que l'Eglise aurait maintenant la paix. Mais pas aussi sûr. Le credo une fois admis laissa l’ouverture à plus de questions qu'il en avait arrangé de sorte que presque immédiatement une nouvelle polémique éclata, qui dura soixante-dix ans de plus et était non seulement ainsi plus longue, mais était également plus violente que les précédentes. La discussion qui dans l'ancienne période avait commencé par le Christ et avait fini avec Dieu revint maintenant et brusquement de nouveau au Christ. La nouvelle question était quant à la relation de la nature divine et humaine en lui. Aucune autorité n'avait encore réglé cette question et personne n'avait pensé en dehors d’eux la réponse. Mais chacun qui le souhaitait pouvait la deviner et elle offrait un champ sans fin pour la spéculation jusqu'à ce qu'une déclaration certaine puisse être d’une façon générale acceptée. Nul ne peut dire combien de temps il pouvait avoir passé, s’il n'avait pas excité des institutions telles que le Concile Général, pour décider quels avis devaient être tenus en tant que vérité chrétienne et quiconque se tient autrement que chrétiennement, doit être mis hors de l'Eglise et doit être puni par l'Etat tant que son cas le mérite.
        La question contestée était autour de ceci : elle avait été toujours prise en reconnaissant que le Christ avait vécu sur la terre comme être humain et par conséquent avait eu une nature humaine et le Credo Nicéen l'a également rendu maintenant nécessaire de croire qu'il était un être divin et par conséquent avait eu une nature divine. Mais comment ces deux rapports en apparence contradictoires peuvent-ils être vrais pour une seule personne ? Par conséquent la discussion est allée d'une extrémité à son opposé, parce qu’aucune vue intermédiaire ne semblait être possible. Cela en sera assez pour notre but, si nous suivons uniquement les brefs schémas de la longue histoire. Elles est venue la première fois d’Apollinaris, évêque de Laodicée en Syrie, qui enseignait, dans la période du Concile de Constantinople, que les deux natures du Christ étaient tellement semblables comme pour ne pas être distinguables, sa nature divine était ainsi humaine et sa nature humaine était ainsi divine, qu'il n'y avait guerre de différences entre elles. Mais le résultat de cette vue était qu'il n'a pas semblé du tout avoir été vraiment un être humain. Apollinaris lui-même s'est longuement retiré de l'Eglise et ainsi a échappé au procès et à la punition pour hérésie, mais sa doctrine a été condamnée par divers Conciles.
        Certains de ses disciples, continuant sa doctrine, tirèrent comme conclusion que puisque le Christ était entièrement divin, Marie pouvait s'appeler la mère de Dieu et cette vue a été largement acceptée. D'autres ont pensé que ceci était un blasphème absurde et en opposition à cette vue, Nestorius, qui était Métropolitain (évêque en chef) de Constantinople de 428, a enseigné que les deux natures du Christ étaient parfaitement distinctes, de sorte que Marie avait été la mère seulement de la nature humaine du Christ. Les gens imaginaient nier de ce fait le Christ qu'ils avaient adoré et l'insultèrent dans la rue, tandis que Cyril, patriarche (évêque en chef) d'Alexandrie, allant à l'extrémité opposée, enseignait qu'en Christ les deux natures étaient complètement unies et souhaitant pour des raisons personnelles humilier Nestorius, usa de son influence pour obtenir la convocation du troisième Concile Général à Ephèse en 431. Les évêques des deux côtés sont venus à ce Concile armés comme pour la bataille et accompagnés d'une foule de disciples. Les réunions étaient turbulentes et les sentiments s’envolaient haut, mais le but du Concile a été atteint et le Christ a été déclaré un peu plus tard Dieu parfait et homme parfait, ayant deux natures unies l’une avec l’autre. L'enseignement de Nestorius a été condamné et lui-même a été envoyé en exil, où quelques ans après il décéda misérablement dans une certaine région faisant partie de l'Egypte. Sa doctrine néanmoins s’étendit largement en Extrême-Orient et une section du Nestorianisme existe toujours parmi des chrétiens d'Arménie et de l'Inde.

        Après est venu Eutychès, un archimandrite âgé (abbé en chef) de Constantinople, qui, commença par cette nouvelle doctrine orthodoxe qu'en Christ il y avait une union de deux natures, allant encore plus loin que cela en enseignant que dans cette union la nature humaine a été complètement absorbée par la divine. De sorte qu'il n'ait eu aucun corps humain, mais seulement divin, d'où il doit en suivre que c'était Dieu lui-même qui est né à Bethlehem, qui a souffert et mort sur la croix. Cette extraordinaire doctrine et son enseignement, immédiatement ont été attaqués avec grande violence à Constantinople et Eutychès a été renversé et sa doctrine condamnée par un Concile local. Mais il avait des amis puissants à la cour, de sorte que l'année suivante un quatrième Concile Général se fit en sa faveur à Ephèse en 449, là où, sous les menaces et la coercition de l'Empereur, sa doctrine a été approuvée réellement comme orthodoxe et même le pape Léo de Rome, qui s'était opposé à lui, a été excommunié pour avoir agi ainsi. Quelle façon du Concile c'était ! Cependant, et combien son avis sur un point de doctrine chrétienne a valu la peine, peut être jugé du fait qu'au cours des discussions il est dit qu’un des évêques a été battu et à reçu un coup de pied de sorte qu'il soit mort et qu'on l’a connu depuis en tant que 'Concile du voleur'.

        Une réaction est maintenant apparue. Un nouvel Empereur et rapidement après sa venue sur le trône, dans sa première année convoqua un cinquième Concile Général, à Chalcédoine, à travers le Bosphore de Constantinople en 451. C'était le dernier des grands Conciles pour arranger les lignes principales de la doctrine de l'Eglise des premiers temps et il était le plus important de tous hormis Nicée. Il a été tenu par cinq ou six cents évêques et comme d'habitude au cours de ce Concile, c’était plein de tumulte et de désordre, mais, encore forcé par des menaces de l'Empereur, il y fut pris trois mesures importantes. Il a annulé les actions du Concile du voleur, il réaffirma la foi de Nicée comme révision du Concile de Constantinople et il arrangea de manière permanente la polémique de longue date quant aux deux natures du Christ. La manière dont il s'est arrangé pour faire ceci est fortement intéressante. Certains avaient indiqué, comme nous l’avons vu, que le Christ avait deux natures séparées et d'autres avaient dit qu'il en avait eu une. Maintenant le Concile de Chalcédoine s'est débarrassé de cette contradiction en disant simplement ces deux choses opposées en un ‘souffle’, seulement, dans le deuxième cas il a substitué à la nature le mot personne. (1) Si bien qu'il a déclaré que le Christ avait deux natures distinctes et que celles-ci étaient toutes les deux unies en une personne, de ce fait faisant de lui un Dieu/Homme, divin et humain. L'Empereur a alors incarné cette doctrine dans une loi et a commandité que tous les partisans d’Eutychès soient bannis de l'Empire et l'Empereur Justinien un siècle plus tard ratifia et inclura dans son code de loi Romain les décrets des quatre Conciles Généraux. Cette doctrine au sujet de la personne du Christ, complétant celle de la Trinité, a été également incluse dans la foi d'Athanase, (2) et a été couramment acceptée par le protestantisme orthodoxe.

        Même à partir de là, la question ne s’interrompit pas. Il restait ceux qui insistaient sur le fait que le Christ a eu seulement une nature et ont été par conséquent appelés Monophysites. Leurs controverses ont perturbé l'Eglise Orientale pendant plus d'un siècle et d’avantage et elles existent toujours de nos jours comme section séparée en Syrie, en Arménie et en Egypte, de même qu’également les Monothélites, prétendu parce qu'ils ont exigé, un siècle plus tard, que bien que le Christ avait deux natures, il avait une seule volonté. Mais ces hérésies étaient toutes deux dûment condamnées et les échos de la polémique enfin sont morts. Ainsi la théologie orthodoxe quant à Dieu et au Christ a été accomplie. Voir maintenant, dans la critique, par quelles étapes progressives ses doctrines ont grandi. Les trois premiers évangiles font de Jésus le Messie, mais un homme. Paul fit de Jésus un homme, mais à un élevé vers le haut par Dieu dans une position unique dans l'univers.
        L'évangile de Jean fait du Christ le Logos, subalterne à Dieu, pourtant ayant partagé d’une façon ou d'une autre sa divinité.
        Les pères des deuxièmes et troisième siècles hésitèrent entre la simple humanité et la complète divinité du Christ.
        Le Concile de Nicée fait du Christ la même nature essentielle que Dieu.
        Le Concile de Constantinople unit le Père, le Fils et l'Esprit Saint dans la Trinité.
        Le Concile d' Ephèse rend deux natures au Christ non distinctes mais unies.
        Le Concile de Chalcédoine fait que ces deux natures sont unies en une personne.

        La doctrine orthodoxe, d’alors, contre laquelle l’Unitarisme protestait, était, en bref, ceci :qu'un Dieu existe en trois personnes et qu'une de ces personnes a deux natures.

        La polémique complète que nous avons suivie et qui ébranla la croissance religieuse de l'Eglise Chrétienne et le déclin politique de l'Empire Romain, pendant plus de cent trente années, peuvent sembler à nous maintenant avoir été une polémique pas au sujet des réalités de la vie, mais au sujet de mots seulement. Les résolutions atteintes à Nicée et Chalcédoine peuvent sembler à nous avoir été seulement des solutions verbales, qui laissent la question à peu près au même point où elle était au début. Nous ne devons pas oublier, cependant, que pour beaucoup de chrétiens des troisième et quatrièmes siècles, les sujets semblaient suprêmement vitaux, impliquant l'essence même et l'existence même permanente, de leur foi chrétienne, pour toute cette lutte qui eut également son profond côté religieux, exprima un but sérieux et sincère dans beaucoup de coeurs.
        Le caractère et les méthodes des Conciles qui ont établi ces doctrines ne sont pas, il est vrai, calculé pour nous donner une grande révérence pour leur caractère Chrétien, ni beaucoup de respect pour leurs avis, tandis que l'interférence répétée de la puissance civile pour imposer des décisions sur les doctrines, dans son propre intérêt, était aussi méchante qu'elle pouvait être bonne. Pourtant les changements de la pensée que nous avons notés ne méritent pas tout à fait d’être appelés, alors que bien souvent elles l’ont été, les « corruptions du Christianisme. » Personne essayait, ou souhaitait, 'corrompre' la foi chrétienne. C'était, en effet, un vaste changement de la simple religion du sermon sur la montagne et des paraboles de Jésus à la théologie de la foi Nicéenne et d’Athanase et l'emphase entière a décalé d'une religion du coeur et de la vie pour soustraire des spéculations de la tête. Pourtant quand nous avons fait toutes les déductions pour les intrigues politiques, des méchantes jalousies et des ambitions sans scrupule qui les ont tellement souvent accompagnées, nous trouvons dans le fond de ces polémiques un sérieux et honnête désir dans les meilleurs d’esprits d'énoncer la théorie de la nouvelle religion Chrétienne en termes que le vieux monde cultivé de la pensée grecque pouvait accepter. Pour au début du quatrième siècle l'Eglise Chrétienne était dans un grave danger de tomber en morceaux à moins qu'elle pouvait établir un endroit pour elle-même dans la civilisation grecque, qui faisait toujours partie de la pensée du monde et le mouvement du Christianisme fut sauvé très probablement en suivant le monde Grec et Romain.

        Le développement des doctrines de la Trinité et de la déité du Christ doit donc avoir un profond intérêt pour chacun qui suit l'histoire de l'Eglise Chrétienne aux jours de la lutte de sa jeune existence. Petite merveille qu'après cette lutte pour la vie et la mort au-dessus d’elles, ces doctrines devraient avoir été gardées comme âme même de la foi Chrétienne, de sorte que celui qui doutait ou les niait semblé être frapper au coeur pas uniquement par la simple orthodoxie chrétienne, mais même de toute la religion, être au minimum mieux qu'un athée. Ce sentiment est devenu profondément enraciné dans les esprits des chrétiens du monde entier et il a été intensifié par les lois qui ont fait de l’hérésie un crime terrible. Il nous aidera à comprendre pourquoi dans des périodes postérieures ceux qui, après avoir fait la comparaison de la foi à leurs nouveaux testaments, sont venu à préférer la simple croyance dans l'unité de Dieu et l'humanité du Christ aux mystères de la Trinité et du Dieu/Homme et ont été considérés comme ennemis mortels du Christianisme et comme méritant la punition la plus extrême. Il donnera un indice au courant de la persécution qui traverse presque l'histoire entière de l'Unitarisme et le rend tragique dans les douleurs des confesseurs et dans le sang des martyres.

        Avant de refermer ce chapitre, nous devons brièvement mentionner trois autres doctrines qui ont actuellement pris forme, à la laquelle l’Unitarisme est également venu à s'opposer. D'abord, la doctrine établie par Augustin et plus tard adoptée par Calvin, qui équipent même à l'enfant une nature totalement diffamée par le péché. En second lieu, la doctrine, aussi d'Augustin et souligné par Calvin, que Dieu au commencement a choisi (par « élection, » ou « prédestination ») certaines âmes à conserver et d'autres à perdre. Troisièmement, la doctrine que Jésus, par 'une expiation déléguée', a sauvé des hommes par la souffrance à leur place, en tant que produit de remplacement. Elle était contre les deux grandes doctrines centrales de la théologie orthodoxe, ainsi que la mineure de ces trois, que les pionniers de l'Unitarisme ont soulevé dans leurs protestations, comme contradictoires avec les Saintes Ecritures, offensant la raison ou le sens moral. Le mouvement Unitarien, comme nous avons vu dans le premier chapitre, ne commence pas vraiment au moment de la période de la Réforme Protestante, mais il prête l'oreille continuellement en arrière à la simple foi du Christianisme primitif et proteste continuellement contre les doctrines centrales de la foi orthodoxe. Nous pourrions seulement à moitié comprendre la raison et la signification de ces protestations si nous n'avions pas vu pourquoi et comment cette foi s'est produite, ce qu’elles sont et ce qu’elles signifient. Maintenant que nous avons fait cela, nous sommes disposés à commencer de comprendre où les premiers réformateurs unitariens débutèrent et de suivre l'histoire entière du mouvement qu’ils amorcèrent, par une compréhension claire de leurs tâches et de leurs objectifs poursuivis.


    Chapitre I

    1. Hébreux 11 :39, 40.


    Chapitre II

    1 - Le texte qui pourrait pour certains sembler plus clair implique cette doctrine (Mathieu 28 :19), indépendamment du fort soupçon quant à son origine tardive n'implique pas que chacun des trois est Dieu, encore moins que les trois sont un.
    2 - Le même obstacle a efficacement empêché une grande diffusion du Christianisme parmi ‘les Musulmans’
    3. Regarder Marc 14 : 36; 15 : 34; 10 : 18; 13 : 32; 10 : 40; 6 : 5.
    4. Regarder Romains 5:15; I Corinthiens 15:21, 27, 45, 47; 12:3; 8:6; II Corinthiens 4:5; 5:21; 12:8, 9; Colossiens 1:15-17,
    19; 2:9; Philippiens 2: 6, 7.
    5. E.g., Psaumes 33 :6; 147 :15; Isaïe 55 :11; Jérémie 23 :29; Proverbes 8, 9.
    6. Le mot grec Logos ont signifié les deux : mot et raison.
    7. Regarder Jean 1 :1-14; 14 :6, 9, 11; 8 :23, 58; 10 :30. Aussi 14 :28; 3 :35; 5 : 19, 22, 26, 30; 7 :16; 8 : 28; 17 : 21.


    Chapitre III

    1 - Le terme Logos étant passé dans le langage est maintenant hors d’utilisation, fut remplacé par le Christ, ou le fils.
    2 - La langue de la foi est, « d'une substance avec le père » ; mais le mot « substance » est à cet égard fallacieux pour le lecteur moyen.


    Chapitre IV

    1 -les Ariens furent appelés par des noms divers tels que les « diables, anti-christs, fous, juifs, polythéistes, athées, chiens, loups, lions, lièvres, caméléons, hydres, anguilles, seiches, moucherons, coléoptères, et sangsues, » et aucun doute les Ariens ont remboursé la mesure pour la mesure.
    2 - Jusqu'ici l’hérésie avait été punie seulement par l’excommunication de l'Eglise, mais n’était pas le souci de l'Etat. Plus tard elle a été punie par la mort, comme nous le verrons trop souvent.
    3 - Regarder l’Appendice, page 471.
    4 - L'option devait être de le renverser de son poste et d’être bannie, pendant qu'Arius était.
    5 - Ce n'était pas en fait un Concile Général, mais seulement Oriental et il n'a pas en fait adopté la foi visée. Mais dans les environs de 530, l'Eglise Orientale et Occidentale étaient venues pour considérer ceci lors du Concile Général et pour considérer cette foi comme sa production, pour être employée dorénavant (sous le nom de la foi de Nicée) à la place de celle adoptée à Nicée.
    6. Regarder l’Appendice, page 473.


    Chapitre V

    1 - Il aurait pourrait put faire ceci plus facilement, puisque les deux mots dans le Grec originel ont signifié pratiquement la même chose et avait été employé l'un pour l'autre.

    2 - La seconde partie, débute avec l’article 29. Regarder l’appendice, page 473.

    Appendice :

     

         Les trois grands Credos du Christianisme primitif


    (A). La foi des apôtres.

    Cette foi est prétendue une légende que les douze apôtres rencontrèrent peu après la mort de Jésus et composèrent, chacun d’eux contribuant à une phase. En réalité, elle commença à Rome au troisième trimestre du deuxième siècle. Elle n'a jamais été adoptée par l'église Orientale, mais a été largement acceptée par les catholiques Romains et les protestants comme le rapport le plus simple des bases de la foi chrétienne. Dans la forme hypertrophiée de maintenant et elle fonctionne comme suit :

    Je crois en Dieu le Père tout puissant, le créateur du ciel et la terre et en Jésus le Christ son Fils unique, notre Seigneur qui a été conçu par la Vierge Marie, qui a souffert sous Pons Pilate, qui a été crucifié, mort et enterré. Il est descendu dans l'enfer, le troisième jour d’où il s'est relevé des morts, monté au ciel, repose à la main droite de Dieu le Père tout puissant, d'où il doit venir pour juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint, la très Sainte Eglise Catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection du corps, la vie éternelle.


    (B). La foi Nicéenne

    Cette foi (voir les pages 22, 24, 25) a été adoptée au Concile de Nicée (325), et mis en avant sous une forme révisée au Concile de Constantinople (381), mais finalement n'a pas été canonisé sous la forme actuelle jusqu'au Concile de Chalcédoine (451). C'est l'un des Credos reconnu par l'église Orientale et Occidentale, lequel fut hérité par le Protestantisme orthodoxe. Comme la foi des apôtres, il fait partie de la liturgie de l'Eglise d'Angleterre et de l'Eglise Episcopale protestante. Dans la version donnée ci-dessous, les italiques dénotent des parties supplémentaires à la foi originelle de 325, alors que les parties omises plus tard sont encadrées entre parenthèses.

    Nous croyons en Dieu, le puissant Père, créateur du ciel et de la terre, et de toutes les choses visibles et invisibles.

    Et dans un Seigneur Jésus Christ, le seul fils engendré de Dieu, engendré du Père (seul engendré, c'est-à-dire, de la substance du Père) avant le monde (Dieu de Dieu et) lumière de la lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré, non fait, d’une substance avec le Père. Par qui toutes les choses ont été faites (dans le ciel et sur la terre), qui pour nous les hommes et pour notre salut, sont descendus du ciel et étaient incarnés de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, et a été fait homme. Qui et a été crucifié pour nous sous Pons Pilate, à souffert et a été enterré, et le troisième jour est remonté, selon les Ecritures, et est monté dans le ciel, et se repose à la main droite du Père et vient encore avec gloire pour juger les vivants et les morts, dont le royaume n'aura pas de fin.

    Et dans l'Esprit Saint, le Seigneur, le donateur de la vie, qui procède à partir du Père [et du Fils], qui ainsi que le Père et le Fils est adoré et glorifié, qui ont parlé par les prophètes.

    Dans une Sainte et apostolique Eglise catholique. Nous reconnaissons un baptême pour la rémission des péchés. Nous recherchons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.

    (Mais ceux qui disent, là il était quand il n'était pas, et, avant qu'il ait été engendré il n'était pas, et, il a été fait de rien ou qui professent qu'il est d'une personne ou d'une substance différente, ou créé, ou changeable, sont condamnés par la Sainte Eglise Catholique et apostolique.)


    (C). La foi d’Athanase

    Cette foi a été longtemps censée être venue d'Athanase lui-même, mais à son sujet la source quant à sa date est inconnue. Elle fut composée sous l'influence de St. Augustin et censée provenir de la Gaulle méridionale au cinquième siècle ou plus tard, comme explication de la foi de Nicée. On l'a accepté seulement dans l'Eglise Occidentale. Son utilisation exigée dans certaines occasions lors du culte de l'Eglise d'Angleterre a servi à maintenir la doctrine de la Trinité exceptionnellement en avant dans la théologie anglaise. Elle fut désignée parfois par les premiers mots de sa forme latine, sous le nom de Quicumque vult.
    1 - Quiconque pourrait être sauvé, mais il est nécessaire qu’ils détiennent la foi catholique, avant toutes les autres choses.
    2 - Lequel excepte d’en garder un seul entier et inviolé, il périra sans doute éternellement.
    3 - Maintenant la foi catholique est celle-ci : que nous adorons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité.
    4 – Ne pas déconcerter les personnes, ni diviser la substance.
    5 - Pour ici, il y a une personne le Père, une autre le Fils, une autre le l'Esprit Saint.
    6 - Mais la divinité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, est un, égale en gloire, la majestueuse Co-éternité.
    7 - De même que le Père, ainsi est le Fils et ainsi est l'Esprit Saint.
    8 - Le Père n’est pas créé, le fils n’est pas créé, l'Esprit Saint n’est pas créé.
    9 - Le Père est immesurable, le Fils immesurable, l'Esprit Saint immesurable.
    10 - Le Père est éternel, le Fils éternel, l'Esprit Saint éternel.
    11 - Mais il n'y a pas trois éternels, mais un éternel.
    12 - Juste comme il n'y a pas trois qui ne sont pas créés, ni trois immesurables, mais un qui n’est pas crée et un qui est immesurable.
    13 - De même le Père est omnipotent, le Fils omnipotent et l'Esprit Saint omnipotent.
    14 - Mais il n'y a pas trois omnipotents, mais un omnipotent.
    15 - Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu et l'Esprit Saint est Dieu.
    16 - Mais il n'y a pas trois dieux, mais il y a un Dieu.
    17 - Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur et l'Esprit Saint est Seigneur.
    18 - Mais il n'y a pas trois seigneurs, mais il y a un Seigneur.
    19 - Pour tout nous sommes obligés par la vérité chrétienne de reconnaître chaque personne elle-même comme Dieu et Seigneur,
    20 - Ainsi il est interdit par la religion catholique d’affirmer trois dieux, ou trois seigneurs.
    21 - Le Père n'a été fait par personne, ni a été créé, ni engendré.
    22 - Le Fils est seulement du Père, non fait, ni créé, mais engendré.
    23 - L'Esprit Saint est du Père et du Fils, non fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
    24 - Par conséquent il y a un Père, non trois pères, un Fils, non trois fils, un Esprit Saint, non trois saints esprits.
    25 - Et dans cette Trinité il n'y a ni avant ou après, ni plus grand ou plus petit.
    26 - Mais les trois personnes entières sont Coéternelles entre elles, et Co-égales.
    27 - De sorte que dans toutes les choses, juste comme déjà elles ont été précisées pour toutes les deux, l'Unité doit être adorée dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité.
    28 - Le laisser donc, qui serait sauvé pense ainsi à la Trinité. Mais il est nécessaire pour le salut éternel que l’on croit également et loyalement dans l’incarnation de notre seigneur Jésus Christ.
    29 - Maintenant la bonne foi est que nous croyons et admettons que notre seigneur Jésus Christ, le fils de Dieu, est également Dieu et homme.
    30 - Dieu, de la substance du père, engendrée avant le monde et homme, de la substance de sa mère, né dans le monde.
    31 - Dieu parfait, homme parfait, subsistance d'une âme rationnelle et d’un corps humain.
    32 - Dans sa divinité égale au père, dans son humanité inférieure au Père.
    33 - Qui bien, qu’il soit Dieu et homme, pourtant n'est pas deux, mais l'un est Christ.
    34 - un, de surcroît, pas en convertissant sa divinité en chair, mais en prenant son humanité dans Dieu.
    35 - Complètement un, pas par confusion de substance, mais par l'unité de la personne.
    36 - Pour juste comme une âme rationnelle et un corps humain qui est un homme, ainsi Dieu et homme est l'un Christ.
    37 - Qui a souffert pour notre salut, descendu dans l'enfer, le troisième jour et relevé d’entre les morts,
    38 - Monté au ciel, repose à la main droite de Dieu la puissance de père,
    39 - D'où il doit venir pour juger les vivants et les morts.
    40 - pour qui, tous les hommes qui reviendront doivent être relevés de nouveau avec leurs corps,
    41 - Et vont rendre compte de leurs actions.
    42 – Pour ceux qui ont été de bonne volonté entrent dans la vie éternelle, mais ceux qui ont fait le mal, dans le feu éternel.
    43 - C'est la foi catholique, qui excepte de croire loyalement et fermement, ne peut pas être sauvé.


    ___________________________________________________________________________________________________________________                              Cliché :www.breviary.net : Sources ; Beacon Press : Traduction de l'anglais libre : DidierLe Roux

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  •   Pratique Eucharistique dans les 16éme et 17éme Siècles.

    Les Anti-Trinitaires Polonais et Lituaniens, 
    Pratique Eucharistique dans les 16éme et 17éme Siècles.Pratique de l'Eucharistie dans les 16éme et 17éme Siècles. 
      par le
    Dr. Darius Petkunas, Université de Klaipeda


     

    *Avant que vous entamiez la lecture de ce riche travail, je tiens à remercier particulièrement le Dr. Darius Petkunas, qui en est l'auteur, et de m'avoir laissé la possibilité de le traduire de l'anglais pour notre plus grand bénéfice.

      

    L'histoire de la Réforme en Pologne et Lituanie pourrait être décrite comme un mélange de beaucoup de traditions théologiques et ecclésiastiques apparentées mais diverses. En plus des groupes de Réformés Luthériens et Orthodoxes, nous trouvons la forte présence de groupes Anti-Trinitaires qui ont cherché à retourner pour ce qu'ils ont cru être les simples enseignements de Jésus, les pratiques qui en ont découlé, et de ses premiers disciples. Bien que de nombreuses études ont été produites décrivant les aspects historiques de ces courants ecclésiastiques largement variés, une attention limitée a été donnée aux pratiques des Anti-Trinitaires au niveau congrégationaliste et personnel pendant l'ascension et le déclin du Protestantisme Lituanien et Polonais.

     

    L'auteur a déjà produit une étude qui nous met au courant d'une image complète de la pratique de la foi Chrétienne parmi les Polonais et Lituaniens Protestants Réformés jusqu'au milieu du 17ème siècle où ils ont produit leur monumental Gdańsk (Danzig) agenda de 1637, et les Lituaniens ont produit leur édition modifiée du même livre en 1644. Ce travail a évalué les liturgies de la période pour fournir une compréhension de la théologique et de la vie pratique de ces églises et leur compréhension de Dieu et de la place de l'homme devant lui. (1) la présente étude nous avisera plus complètement de la vie Eucharistique et de la pratique du principal groupe dissident, les prétendus Anti-Trinitaires ou Sociniens, qui étaient séparés de l'Eglise Réformée, et ont habité des régions de Pologne Mineure et les palatinats de Wołyń (Volhynia), de Kiev, et de quelques villes de Lituanie et de Pologne.

     

    Les Anti-Trinitaires, qui se sont rapportés en tant que Frères, où les monothéistes radicaux, les disciples spirituels des Protestants radicaux italiens qui s'étaient sauvés en Pologne et en Lituanie pour éviter la persécution pour leurs vues unitariennes. Rejetant tous les croyances, et prétendant la tenir seulement des Ecritures saintes, ils ont refusé de mettre Dieu le Père, Jésus, et l'Esprit Saint sur un pied d'égalité. Se présentant en tant que des italiens reformés et des théologiens radicaux, ils ont participé à l'établissement de l'Eglise Réformée en Pologne et en Lituanie. En 1562/1563, le mécontentement s'accru en ce qui concerne leurs vues qui ont causé une division dans l'Eglise Réformée. Le groupe radical Anti-Trinitaire a par la suite trouvé un puissant et efficace chef en Faust Socin, neveu de Lelio Socin. Faust, qui est arrivé en 1579, a recueilli les Anti-Trinitaires autour de lui et le mouvement est venu pour être connu comme le Socinianisme. C'était seulement en Pologne et en Lituanie que ce mouvement était capable d'établir une organisation d'église viable avec son propre programme de discipline et de liturgie.

     

    Jusqu'à aujourd'hui les sources pour une telle étude de liturgie Anti-Trinitaire n'ont pas été largement disponibles. Une source importante d'information au sujet de la théologie eucharistique parmi  les Anti-Trinitaires de l’Eglise Réformée Mineure de Pologne est le travail de Stanislas Lubieniecki, dont "History of the Polish Reformation and Nine Related Documents", édité en 1664, qui nous donne une image limitée de la vie Eucharistique des Sociniens. (2) Une mention doit être faite également des travaux de Friedrich Samuel Bock, "Historia antitrinitariorum" et l' "Acta Historico-ecclesiastica," (3) qui fournissent un compte du culte parmi les Frères Polonais-Lituaniens. Un autre mot au sujet de la théologie eucharistique des Frères est trouvé dans le "catéchisme" de George Schomann de 1574, aussi bien que le "Catéchisme de Rakow" de 1605 et sa version latine de 1609. Nous trouvons davantage d'informations dans les protocoles synodaux de l'Eglise Réformée et des Anti-Trinitaires de la période. Ceux-ci notent des positions Sociniennes et des pratiques spécifiquement rejetées par la Réformé. Notre seule preuve directe au sujet des pratiques eucharistiques des Sociniens est trouvée dans le travail produit par Piotr Morzkowski Pietrus Morscovius), approuvé en 1646 par le synode de Dążwa, (4) qui est apparu sous The Ecclesiastical Polity Which They Commonly Call the Agenda or The Form of the Exterior Government of the Christian Churches of Poland, Which Confess One God the Father Through His Only Begotten Jesus Christ in the Holy Spirit [1646]. (5)           

     

    La présente étude examine le contexte historique et théologique des rites et des cérémonies des Frères Polonais-Lituaniens que Morzkowski décrit dans son Ecclesiastical Polity et les compare aux pratiques réformées des Lituaniens et Polonais qui ont également dérivé du travail liturgique de Johannes Lasco (jan Łaski) (1499 - 1560).

     

    L'ascension et la Chute du Socinianisme en Pologne et Lituanie.

     

    Contrairement à l'origine et à la croissance de la Réforme en Allemagne et ailleurs en Europe de l'Ouest où les intérêts théologiques étaient suprêmes, l'origine et la diffusion de la Réforme en Pologne et en Lituanie étaient principalement politiques et réactives. Dans la première période nous ne trouvons aucun principal théologien à la tête du mouvement de l'Eglise Réformée. Johannes Lasco est apparu sur la scène seulement dans une période postérieure, après que l'église ait été établie. Le manque de conduite théologique laissait le parti dans une telle mesure de dissension théologique et de discussions sur les principales questions théologiques qui eurent pour conséquence d'estropier le Protestantisme dans les deux pays. Sous l'influence de la noblesse, le 16ème siècle en Pologne et en Lituanie est devenu un lieu de refuge pour les personnes de l'ensemble de l'Europe qui cherchaient un endroit où leurs idées peu orthodoxes rencontreraient la tolérance plutôt que la persécution. Parmi ceux qui se sont sauvés, il y avait des Anti-Trinitaires italiens. Leurs idées théologiques étaient bien plus fortement développées que celles des Polonais ou des Lituaniens, qui étaient des néophytes théologiens. Parmi ces réfugiés, il y avait, Bernardino Ochino (1487-1564), André Alciati (1492-1550), Georges Blandrata (ca.1515-1588), Lelio Socin (1525-1562), Albericus Gentil (1552-1608), et d'autres, qui se sont présentés aux Polonais comme des hommes des principaux courants Protestants. (6) Ces hommes étaient les premiers participants à l'établissement de l'Eglise Réformée de Pologne et de Lituanie.

     

    Dès les débuts de l'Eglise Réformée, nous voyons des signes divers de diffusion des idées théologiques. Le même processus était à l'œuvre dans l'ensemble de la Pologne et de la Lituanie. En 1556, Francesco Stancaro (Franciszek Stankar) (1501-1574), qui plus tôt avait recommandé la Confession d'Augsbourg comme confession théologique de l'Eglise Polonaise Mineure, débutait pour parler ouvertement en termes rationalistes du rapport entre l'humanité et la divinité dans la personne du Christ. (7) En même temps Petrus Gonesius († 1573) en Lituanie commençait à enseigner la doctrine Anti-Trinitaire. Il avait été recommandé par Radziwiłł le Noir au synode de Secemin en 1556, où il a défendu ses positions Anti-Trinitaires. (8) Déjà au synode en 1558 dans Vilnius, des vues Anti-Trinitaires pouvaient être discernées. (9) Dans la même année, des discussions au sujet de la Trinité s'élevées dans le synode du 15 décembre 1558 dans Brześć Litewsk. (10) Des opinions sur des doctrines incertaines ont été embrassées également par les traducteurs de la première Bible Polonaise de 1563. Ils étaient les étudiants de l'école de Pińczów, y compris Grzegorz Orsacius (Orsatius), Pierre Statorius († 1591), Jan Thenaudus. (11) Le chef parmi les propagateurs de la nouvelle théologie était l'italien Georges Biandrata (1516-1588), qui était médecin de la maisonnée de la Reine Bona. Au synode de Książ, du 13 au 19 septembre 1560, il a été élu un aîné de l'église en Pologne Mineure. (12) Il s'est, dans un premier temps, présenté en tant que Calviniste, cependant Calvin lui-même dans sa correspondance avec Radziwiłł le Noir avertissait que la position théologique de Blandrata était fortement suspecte. Radziwiłł n'a pas partagé les soupçons de Calvin et le traité comme un exceptionnel théologien Calviniste et leader de l'église. (13) Au synode de Pińczów en 1559, Blandrata a parlé concernant l'Esprit Saint en termes rationnels. Sous quelques années les calvinistes s'accusaient ouvertement de positions théologiques peu orthodoxes. (14) Aux synodes de 1561 ces nouvelles idées théologiques ont gagné un substantiel nombre de disciples dans l'Eglise Réformée. En 1562, ceci a éclaté dans une discussion ouverte et ce fut l'apparition de deux groupes théologiques distincts dans l'église. Les chefs les plus importants, ceux qui avaient établi les bases de l'Eglise Calviniste, maintenant ouvertement se déclaraient Anti-Trinitaires. Parmi eux, il y avait des chefs notables tels que Stanisław Lutomirski, Aîné du District de Pińczów, plus tard surveillant anti-trinitaire, (15) Gregori Pauli (Grzegorz Paweł) (ca.1525-1591), Francesco Lismanini (ca.1504-1566), Georges Blandrata, et même le surveillant de l'église en Pologne Mineure Felix Cruciger (Feliks Krzyżak) lui-même. (16) 

    Ceux qui étaient fidèles à la théologie trinitaire de l'église traditionnelle, et concernés par le futur de l'Eglise Réformée, commençaient à combattre l'anti-trinitarisme. Le Ministre Stanisław Sarnicki (1532-1597) a établi un groupe mené par le castellan de Biecz, Jan Boner († 1562). Ils ont reconnu la nécessité de former un synode séparé. Le 20 juillet 1562, le parti Anti-Trinitaire a appelé un synode pour se réunir dans Rogów afin d'éviter un schisme ouvert, mais les calvinistes refusaient d'y participer. A Cracovie un synode des calvinistes s'est rassemblé le 14 mai 1563 pour condamner publiquement les Anti-Trinitaires. (17)

    En Lituanie les mêmes tendances étaient évidentes. Un synode Anti-Trinitaire a été tenu le 6 juin 1563 à Mordy en Podlasie, auquel 42 ministres ont publiquement souscrit une Confession de foi qui niait la divinité de Jésus Christ. Ils ont également publiquement reconnu leur gratitude à Radziwiłł le Noir pour leur permettre de se réunir dans sa région. (18)

    Nous voyons ici une division à part de la jeune Eglise Réformée. C'était pour avoir des conséquences tragiques pour la Réforme en Pologne et en Lituanie. Pour la Diète nationale de 1565 dans Piotrków, les deux groupes étaient de service. Le parti Reformé est venu pour avertir, les dissidents sont venus afin d'essayer de gagner des défenseurs pour leur nouveau mouvement. En présence d'un grand nombre de magnats, de nobles, de ministres, et de patrons qui n'avaient pris jusqu'ici aucune position au sujet de la Réforme, une discussion formelle a été tenue entre les leaders de l’Eglise Réformée et Anti-Trinitaires. En présentant leurs arguments le parti Réformé faisait appel à l'Ecriture, et, secondairement, aux Pères de l'Eglise, et aux premiers Conciles, alors que les Anti-Trinitaires faisait seulement appel à l'Ecriture. Pendant une quinzaine la discussion a fait rage, mais elle a fini brusquement quand le parti Réformé annonçait qu'il n'aurait rien de plus à faire avec de tels hérétiques têtus et quittait la Diète. Toutes les personnes présentes ont été choquées. Les lignes entre les partis contestataires étaient maintenant clairement tracées. Aucune autre tentative d'accord n'était possible. Maintenant chacun devait décider du chemin à suivre. Pour ceux qui ne s'étaient pas encore engagé pour la Réforme il était maintenant apparu clairement que les Protestants étaient désespérément désunis, et qu'il serait fatal de s'aligner avec n'importe lequel d'entre eux. (19)

     

    En 1566 à la Diète de Lublin, le parti Réformé orthodoxe, ainsi que les Luthériens, formellement, pétitionnaient le Roi Zygmunt II August (Sigismund II August) (1520-1572) sur la question d'un édit d'expulsion des anti-Trinitaires. En même temps que certains des aristocrates, des évêques Romains, conscients du fait que la dissension se poursuivant, qu'elle serait bénéfique pour leur cause, précisaient que l'expulsion des Anti-Trinitaires seulement laisserait les Luthériens et les Réformés toujours en place. (20) En conséquence les Luthériens et les Réformés n'avaient pas réussis dans leurs efforts de voir les Anti-Trinitaires supprimés. Le schisme ouvert de 1562/63 et l'incapacité de la Diète de Lublin de 1566 ont démontré qu'il n'y avait aucun espoir de réconciliation. Le parti Réformé et les dissidents suivraient des courses séparées.

    Extérieurement les Anti-Trinitaires, qui par ce temps s'appelaient les Frères Polonais et Lituaniens ou l'Eglise Mineure, (21) ont maintenu l'ordre et les pratiques en matière d'église qui avaient été établies par Johannes Lasco. Avant la période de Johannes Lasco le parti Réformé s'engageait dans des expériences liturgiques, se penchant fortement sur le Consulatation of Cologne (Köln) de 1543 d'Hermann von Wied (1477-1552,) qui avait été présenté par Francesco Stancaro au synode de Pińczów en 1550. (22) Cette forme de culte s'est prouvée insuffisante. Il contenait des éléments Luthériens et des Catholiques Romains qui étaient étrangers à l'esprit du parti Réformé. D'autres expériences liturgiques  ont été insatisfaisantes. (23) C'est Johannes Lasco qui avait apporté l'ordonnance pour la vie cultuelle du parti Réformé en introduisant le Forma ac Ratio de 1550 qu'il avait développé pour l'usage de la congrégation des étrangers à Londres. Le Forma ac Ratio a fourni non seulement un ordre de culte mais également une forme d'organisation ecclésiastique qui incluait les sujets doctrinaux, la place du ministère dans l'église, et un catéchisme. Sa direction ecclésiastique réclamait une structure ordonnée de chefs des congrégations, incluant le surveillant, des ministres, des prêtres (gubernatores ecclesiae), et des diacres. (24) Le surveillant devait être choisi parmi les ministres, comme Pierre avait été choisi pour se tenir le premier parmi les mêmes dans l'apostolat du début. Les surveillants étaient pour diriger les activités des ministres pour la protection de l'église contre la fausse doctrine et pour arbitrer les discussions parmi les ministres. (25) Les ministres devaient être ordonnés dans les congrégations dans lesquelles ils servaient, et les ministres se déplaçant d'un rassemblement à l'autre devaient être de nouveau ordonnés en présence de leur nouvelle congrégation. Des conférences pastorales mensuelles devaient être tenues auxquelles les ministres, les prêtres, et les diacres ensemble recevraient l'instruction doctrinale et les conseils pour l'administration appropriée de la discipline ecclésiastique. (26) L'église a également introduit la fonction "d'Aîné" comprenant le clergé et les laïques pour aider au maintien de l'ordre et de la discipline appropriés.

    Après leur séparation d'avec le parti Réformé orthodoxe, les Anti-Trinitaires ont choisi de ne pas innover mais de maintenir plutôt la même organisation et de la structurer comme pour le parti Réformé orthodoxe, puisqu'ils se considéraient comme étant toujours des Chrétiens réformateurs vrais et fidèles. Leurs désaccords avec le parti Réformé orthodoxe n'ont pas surgi au-dessus de l'organisation, de l'administration, ou de la discipline d'église, mais étaient entièrement doctrinaux, le plus spécifiquement la doctrine de la personne et des œuvres du Christ, son rapport avec le Père et l'Esprit Saint, et la doctrine du Saint Baptême.

    Bien que le schisme se soit produit en Pologne Mineure, les congrégations anti-trinitaires en même temps ont surgi en Lituanie aussi bien. Ces groupes divers ont montré une grande indépendance. Il n'y avait aucune unité parmi eux, sauf leur rejet pure de la doctrine classique de la Sainte Trinité. Par conséquent, il doit être dit qu'il y avait en fait beaucoup de mouvements Anti-Trinitaires qui ont eu peu de caractéristiques communes et qui ne pouvaient pas faire cause commune. Un exemple de désaccord parmi ces dissidents était leur incapacité de formuler une compréhension commune du Baptême. Bon nombre d'entre eux l'ont considéré comme un rite insignifiant indigne d'un grand souci. D'autres ont estimé qu'il devait être pratiqué, mais seulement parmi les croyants avoués, pour qui il servirait de témoignage public de leur engagement à l'enseignement et au mode de vie exigé par Jésus. Certains ouvertement attaquaient le Baptême Infantile, d'autres ont fait de lui une question de choix personnel, et encore d'autres souhaitaient de voir cette pratique complètement supprimée. Une pression plus forte était sur la question de Jésus, de son propre rôle en ce qui concerne sa relation avec le Père Céleste. Aucun ne pourrait être conforme à la confession traditionnelle du Christ en tant que Fils éternel de Dieu, égal en honneur et en gloire du Père, alors que certains lui assignaient une spéciale quasi-divinité qui le plaçait au-dessous du Père mais au-dessus de l'homme ordinaire. Les synodes de Łańcut en 1567 et le synode tenu à Skrzynno plus tard dans la même année ont révélés une claire division entre ceux qui ont tenu la position d'Ariens classiques et ceux qui ont soutenu que le Christ n'a pas existé avant sa naissance. (27) Les désaccords étant si intenses que les réunions ont été rejetés d'emblée sans atteindre aucune conclusion. (28)

    Pour ce point aucun groupe ou individu n'avait surgi qui pouvait apporter une quelconque mesure d'unité parmi les Frères Polonais et Lituaniens. D'une façon générale on peut parler des factions distinctes suivantes. Les premiers se sont appelés le Farnoviens, d'après leur Chef Stanisław Farnovius (Farnowski) († 1615/16), qui a soutenu que le Christ a existé avant la création et était digne de recevoir le mêmes culte et honneur que le Père mais ne donnerait aucun place à l'Esprit Saint comme personne distincte. Rejetant la théologie d'Athanase, ils ont déclaré sa théologie pour être moins acceptable que celle des Musulmans et des Juifs, qui ont maintenu un monothéisme strict. Ce groupe s'est fortement opposé à la pratique du Baptême Infantile. Le deuxième groupe a surgi en Lituanie sous la conduite de Marcin Czechowicz († 1613). Bien qu'il avait plus tôt tenu des vues Ariennes, il a finalement déterminé que le Christ était simplement un homme né dans ce monde comme d'autres hommes, mais il est digne de l'honneur et du culte en raison de sa pureté et vie parfaite. Il a rejeté ceux qui ont refusé de donner un tel culte au Christ, les appelant des demi-Judaïsants.

     

    Comme Farnovius il a rejeté le Baptême Infantile et a adopté la pratique de la non-résistance et du refus de prendre des fonctions publiques, la croyance pour laquelle les Anabaptistes étaient le plus connu. Un troisième groupe a surgi dans Cracovie, en Pologne Mineure, sous la conduite de Grégory Pauli, un ancien chef dans l'Eglise Réformée, qui a rejeté la notion que le Christ a existé avant sa naissance physique. Il a rejeté également l'enseignement qu'il était digne du culte et de l'adoration. Comme Czechowicz il a rejeté le Baptême Infantile, a embrassé la non-violence, et a nié l'autorité des règles temporelles. En outre il a insisté sur le fait que les Chrétiens devraient vivre ensemble en communauté, comme représenté dans le livre des Lois, et attend ensemble le retour imminent du Christ. Finalement, les Budnéens, appelés pour Szymon Budny († ca. 1595), qui avait joué un rôle important dans l'établissement de l'Eglise Réformée en Lituanie. Il a déclaré que le Christ était un homme normal et ne devait pas être adoré. Bien qu'il ait attiré un large suivi en Lituanie, il a été rejeté par d'autres Anti-Trinitaires en tant que trop radical. Tous ces groupes ont rejeté complètement les établissements du Credo de l'Eglise, et, construisant sur le principe du sola scriptura, ils ont résolu de conduire leurs vies selon la prédication et la façon de vivre de Jésus, sans se soucier du coût. (29) Selon André Lubieniecki († 1622), écrivant dans la première partie du siècle dix-sept, une variété presque sans fin de groupes semblables a surgi pendant la dernière partie du 16ème siècle, épanouis pendant un certain temps, puis ont complètement disparus. Certains ont adoré le Père, le Fils et l'Esprit Saint, mais ont refusé d'employer la Sainte Trinité nommée (Trithéisme).  Certains ont parlé d'un divin Père et d'un Fils divin, mais refusaient le même honneur pou l'Esprit Saint (Dithéisme). Certains ont englobé l'Evangile en vertu de la loi du Vieux Testament et sont revenus au culte et aux pratiques des Juifs, légèrement d'après la façon des Ebionites antiques. En outre, une mention devrait être faite des divers groupes Anabaptistes, parmi qui étaient les défenseurs du communalisme des Moraves qui plus tard ont voyagé à Raków pour apporter leur aide mais ne se sont jamais complètement joint à eux. Les Moraves eux-mêmes ont fermement adhéré à la théologie Trinitaire, mais beaucoup d'Anti-Trinitaires étaient en accord avec eux sur des sujets tels que la croyance du Baptême. Nulle part ailleurs en Europe il pouvait être trouvé une si grande mesure de tolérance religieuse, avec une variété colorée résultante des vues religieuses incluses parmi ceux qui étaient des groupes fortement anti-trinitaires. (30)

    Dès le début le centre théologique des séparatistes était la Pologne Mineure, et plus en particulier dans Cracovie. Bien que la puissance des magnats et d'autres aristocrates ait été assez grande pour que les Catholiques Romains soient hésitants de bouger ouvertement contre les Luthériens, les Réformés, et les Frères de Bohème, tels que ce n'était pas le cas pour les Frères de Pologne et de Lituanie. Leur refus de la Sainte Trinité et les assauts contre le sacrement du Saint Baptême étaient simplement trop pour qu'ils les négligent. Les Catholiques Romains ont résolu de s'agiter avec détermination contre eux. Parmi les premiers Frères notables à attaquer, il y avait Hieronim Filipowski, qui était trésorier du Palatinat de Cracovie et d'une figure influente dans la communauté anti-trinitaire. Il a été mis en danger de mort. Il a fait une tentative audacieuse d'enrôler l'appui des Luthériens et des Réformés au synode de Cracovie en 1568 pour se rapprocher contre l'opposition Catholique, mais ils ont refusé de le soutenir. (31) Lui et Jerzy (Georges) Schomann (1530-ca.1591) se tournaient après du côté des Anabaptistes Moraves, dont les vues sur la pratique de la vie Chrétienne étaient très semblables aux siennes, mais il ont bientôt constaté qu'ils ont tenu des vues traditionnelles de la Sainte Trinité et l'ont considéré comme rien davantage que céleste. (32)

    Les Frères Polonais pouvaient trouver refuge dans la ville de Raków qui a été établi en 1569 par Jan Sienieński († 1600), un Calviniste dévoué, qui leur a néanmoins offert la complète liberté de culte. La ville est rapidement devenue le centre du mouvement Anti-Trinitaire et a continué ainsi pour beaucoup de décennies. (33) Des responsables importants Anti-Trinitaires, y compris Gregori Pauli, ont trouvé refuge ici. Pour les anti-trinitaires c'est devenu leur "ville sainte" où ils ont établi une académie pour la formation de futurs responsables anti-trinitaires. C'était ici qu'ils ont rassemblé beaucoup de réunions synodales et ont édité des catéchismes, et un grand nombre d'autres travaux importants.

    Le premier document catéchétique du nouveau mouvement, imprimé dans Cracovie, en 1574, était le Catéchisme de Jerzy Schomann. Édité au nom de la congrégation Anabaptiste de cette ville, c'était en fait une défense théologique de la position Anti-Trinitaire dans laquelle Schomann seulement peu avant avait été converti. Ici nous trouvons la première tentative réussie de fournir une cohésion à ces mouvement divers, une première étape vers l'unité entre les individus et les groupes qui ont eu peu davantage en commun que leur rejet de la doctrine Trinitaire traditionnelle. Dans la forme et la substance Schomann a légué à l'église un document qui servirait de modèle par la suite au catéchisme de Rakove qui était pour devenir la norme théologique et de la pratique pour l'Eglise Mineur. (34)

    Il est clair que les Anti-Trinitaires ne pouvaient pas réussir jusqu'à ce qu'ils soient sous la direction d'un chef fort qui fournirait l'unité de l'enseignement et de l'esprit des groupes dispersés. Cette unité ils l'ont trouvée en la personne de Faust Socin (Fausto Sozzini) (1539-1604), le neveu du chef bien connu Anti-Trinitaire de Zurich et plus tard en Pologne, Lelio Socin.

    Le  jeune Socin est venu la première fois en Pologne au début de 1579. Il s'est installé dans Cracovie, la capitale de la nation, et s'est associé au rassemblement Anabaptiste de cette ville. Notons qu'il avait davantage en commun avec l'Anabaptisme, qu'il avait fait une demande pour adhérer dans ce groupe, mais il lui a été dit qu'il ne pourrait pas être admis à l'église à moins qu'il ait reçu le Baptême des adultes. Il était peu disposé pour accepter la doctrine qu'il était nécessaire qu'une personne soit reçue dans la foi chrétienne par le Baptême, et il a donc refusé de se joindre. Il a bientôt constaté qu'il était en désaccord avec les Anabaptistes aussi bien sur certaines d'autres importantes doctrines. Il a continué à adorer avec eux sans se joindre formellement et en connaissance qu'il ne pourrait pas être admis à participer au Repas du Seigneur. Cependant, il était bienvenu pour assister à leur culte, pour participer au cours de leurs discussions doctrinales, et pour leur fournir une défense contre leurs ennemis ecclésiastiques. Lors de deux réunions synodales importantes en 1584 il a discuté avec persuasion contre ceux qui ont recherché le retour imminent du Christ et en faveur du culte Christo-central, énonçant  catégoriquement que sans un culte l'homme ne serait pas meilleur que des Juifs ou même l'athée. En outre les églises ont cherché son aide en  répondant aux arguments que les Jésuites ont présentés contre les Unitariens et leur croyance dans l'unité de Dieu. Il a également défendu contre des doctrines Ariennes et a attiré un large suivi, particulièrement parmi les jeunes. Au synode de Brześć (Brest) tenu en 1588 en Lituanie il a présenté une exposition claire de doctrine Anti-Trinitaire et est venu pour être connu en tant que chef de l'Eglise Mineure en Pologne et Lituanie. (35)

    En ce moment l'église est venue à s'appeler populairement les Sociniens. Pendant plusieurs décennies, jusqu'à sa mort en 1604, il a continué en tant que chef de son église. Il a fait à Raków son centre d'activité, et cette ville est devenue le centre du mouvement Anti-Trinitaire. Le chef  Calviniste de la ville Jakub Sienieński († 1639), est devenu intéressé et commandité une série de discussions publiques entre les Sociniens et les Calvinistes, après quoi, en 1600, il a joint lui-même l'Eglise Socinienne. (36) En 1602  il a établi dans Raków une académie qui a rapidement obtenu une réputation en tant que principal établissement éducatif parmi le Sociniens, avec des professeurs érudits et bien connus dans tout le continent. (37) Le centre d'impression en cours a été déplacé de Cracovie à Raków et les écrits des Sociniens se sont répandus dans l'ensemble de l'Europe.

    La structure ecclésiastique de l'Eglise Mineure a été prise des Calvinisme Polonais desquelles elle est venue. Lors des réunions synodales des surveillants ont été élus pour chacun des districts géographiques de l'église. Il était de la responsabilité des surveillants de nommer des ministres et des professeurs au service dans les congrégations locales et de les déplacer d'un endroit à l'autre comme nécessaire. Des surveillants devaient être aidés par des aînés cléricaux et des laïcs. De tels synodes devaient être tenus dans chaque Palatinat au moins annuellement et en outre selon le besoin. En plus des synodes de district et un synode général de toute l'église devait être assemblé annuellement pour des sujets de soucis généraux pour toute l'église qui pouvaient être discutés et décidés. C'était à cette période que l'Eglise Anti-Trinitaire a atteint son zénith. Selon l'historien Henryk Merczyng (1860-1916), des 570 paroisses Protestantes dans le royaume de Pologne et de Lituanie en 1591 environ 22 étaient Sociniennes, 1620 - 42 paroisses étaient Sociniennes, et en 1655 - 29 paroisses. (38)

    Nous avons donné notre image plus claire de la position théologique prise par Socin dans le catéchisme de Raków de 1605, produit par quatre de ses fidèles disciples dans l'année qui a suivie sa mort. Il était intitulé Katechizm Zboru tych ludzi ...1605. (39) Les auteurs Pierre Statorius StoińskiValentin Schmalz (Smalcius), Jerome Moskorzowski (Moscorovius), et Jan Volkel (Crellius, Völkel, Wolkielijusz) († 1618) ont utilisé les écritures que Socin avait laissées non finies, et à partir d'elles ont produit une distillation de son enseignement de base. Smalcius a continué d'imprimer une édition allemande plus tard dans la même année, et en 1609 Moskorzowski l'a éditée en Latin. (40) Le centre du Travail de Socin est autour du texte de l'Ecriture, qu'il a pensé pour être le plus important : "C'est la vie éternelle, qu'ils puissent te connaître, le seul vrai Dieu, et Jésus Christ que tu nous as envoyé."  (41) Socin voyait le Christianisme comme le moyen par lequel cette vie éternelle est obtenue, selon le modèle établi dans les Ecritures, le plus clairement dans le Nouveau Testament. Par ces moyens l'homme mortel est gagné par la connaissance de Dieu. La doctrine de la Sainte Trinité est rejetée comme une vue incorrecte et erronée de Dieu qui doit être surmontée si l'homme doit être sauvé. Jésus est Dieu, mais il n'est pas Dieu, en permanence dans toutes les façons subalternes au Père.

    Socin s'est rendu compte qu'il était important que lui et ses disciples puissent trouver leur place dans la plus large communauté des Eglises Protestantes, il y avait deux raisons pour ceci. D'abord des deux, l'arrivée des Jésuites en 1569, et ici ils ont hérité du champ d'un adversaire fort et déterminé pour le Protestantisme sous toutes ses formes. Seulement en faisant cause commune les églises Protestantes pourraient survivre. En outre, Socin a espéré que par l'association avec d'autres groupes Protestants il pourrait favoriser son particulier établissement de Dieu, du Christ, et de l'homme. Sa première approche de la plus grande Eglise Protestante, l’Eglise Réformée, qui éprouvait déjà des persécutions initiales qui décimeraient plus tard leur Eglise. À l'assemblée des prédicateurs dans Lewartów en 1580, la parti Réformé le refusait, puisque l'association avec les Sociniens mettraient en danger davantage leurs relations déjà fragiles avec les Luthériens. (42) dans le Sandomierz Consensus de 1570 le parti Réformé et les Luthériens ainsi que les Frères de Bohème ont en termes forts rejetés chaque forme d'Arianisme, d'Ebionisme, et de l'enseignement  de Samosate. (43) Le Parti Réformé les avisait que ce serait un acte pécheur que de s'engager dans des conversations avec des groupes qui étaient simplement hérétiques suivant l'exemple d'Ebion, d'Arius, et de Samosate, qui avaient été de vieux excommuniés par l'Eglise. (44) Nous avons déjà relaté que Socin sans réussite essayait d'atteindre une alliance avec les Moraves Anabaptistes. Ils avaient répondu en affirmant leur stricte adhérence à la doctrine de la Sainte Trinité et à la pratique du Baptême des croyants. Une autre tentative de conclure l'accord avec l’Eglise Réformée, lancé par le synode de Raków en 1598, menait seulement à une discussion stérile et à un désaccord mutuel. Après 1611, quand la persécution Catholique s'amplifiait, plusieurs et plus de réunions ont été tenues avec l’Eglise Réformée, mais rien de plus qu'une mutuelle tolérance n'en résulta. D'autres efforts en 1619 étaient également stériles. 

    Se tournant vers les églises étrangères les Sociniens ont présenté une proposition aux Mennonites des Pays Bas en 1612. La proposition a été rejetée. 20 ans après en 1632 les Remonstrants des Pays Bas, qui maintenant se sont tenus opposés à la doctrine Calviniste ont été persécutés et envoyés en exil par les Calvinistes, et également semblaient peu disposé à entretenir la possibilité d'une association plus étroite avec les Sociniens. Conscient du fait que les Calvinistes les stigmatisaient comme Sociniens, ils ont réalisé qu'une association avec les Anti-Trinitaires rendrait seulement leur situation mauvaise. (45) Finalement quand les Luthériens, les Calvinistes, et les Frères de Bohème ont rencontré les Catholiques Romains dans Thorn en 1645 au Colloquium Charitativum les Sociniens n'ont toujours pas été autorisés de participer. (46) Aucune église était disposée à s'associer avec un groupe dont les vues concernant Dieu étaient tellement nettement éloignées de celles ce que d'autres Protestants tenaient en commun.

    Les Jésuites commençaient leurs attaques systématiques déjà avant la fin du seizième siècle. Elles n'ont pas été dirigées seulement contre les Sociniens. Tous les Protestants sont venus sous le feu. Dès 1574 une foule donnée l'assaut à l'Eglise Réformée dans Cracovie, commettant des actes de vandalisme et emmenaient les objets de valeur mais ils ne pouvaient pas détruire l'église. En 1575, le cimetière Protestant dans Cracovie a été envahi et les corps des Protestants morts ont été exhumés et traités avec une grande indignité par les étudiants de l'université et la foule en colère. L'incident n'a pas été même à l'étude par les autorités de la ville. En 1581 une foule brûlée publiquement les écritures de tous les Protestants dans Vilnius. Le Roi Stefan Batory (1533-1586) a publiquement dénoncé de telles actions d'intolérance mais le feu allumé par avant a continué de s'écarter dans l'ensemble de la Pologne et de la Lituanie. (47) En 1591 l'Eglise Réformée dans Cracovie a été attaquée et détruite par une foule inconnue. Après ils se sont déplacés au temple de l'Eglise Mineure, la résidence de Stanislas Cichowski, et fut détruit aussi bien. (48) Dans la même année l'Eglise Réformée dans Vilnius a éprouvé le même destin. (49) En 1598, Socin lui-même a été traîné de son lit de malade dans Cracovie par les étudiants de l'université qui l'ont sorti de sa maison et l'ont traîné à moitié nu par les rues à la place du marché. Là, ils ont brûlé ses écritures et ses valables manuscrits et le menaçait aussi de l'incendier avec une torche s'il ne renonçait pas à ses erreurs. Ils auraient mis leurs menaces à exécution sans l'intervention du recteur et deux professeurs. (50) Le premier martyre Socinien en Pologne, une terre autrefois connue pour sa modération et sa tolérance, étaient Jan Tyzkiewicz (Tyszkowic) († 1611) qui a été accusé du blasphème contre la Sainte Trinité et le crucifix. Après un premier sursis, il était de nouveau arrêté et brûlé sur le pieu dans Warszawa (Varsovie) en 1611. (51) 

    Le plus grand coup porté aux Sociniens était la destruction de la ville de Raków en 1638. Un acte d'hooliganisme, par quelques jeunes garçons, qui a été fait sous le prétexte d'une invasion à grande échelle de la ville et de sa destruction. L'académie Socinienne a été démolie et l'église a été confisquée et donnée aux Catholiques Romains qui l'ont renommé Eglise de la Sainte Trinité. Jakub Sienieński, le patron de cette ville, un homme dans ses 70 années ne pouvant pas quitter cette vue décédait sous une année. (52)

    Dans l'espoir vain qu'ils pourraient montrer qu'ils se tiendraient, ainsi que les Catholiques et d'autres Protestants, dans les enseignements fondamentaux de la foi Chrétienne, Jonas Szlichtyng (1592-1661), un des principaux théologiens Socinien, a édité Confessio fidei christianae en 1642. (53) Dans celui-ci il a affirmé que le Sociniens se sont tenus fermement sur les Ecritures et la Foi des Apôtres, et que donc dans tous leurs sujets de bases ils étaient identiques à eux. C'était une tentative fatale. La matière a été prise même au parlement de 1647 qui a répudiait le document et a résolu que Szlichtyng devrait être dépouillé de tous les honneurs et que sa propriété devrait être confisquée. Le parlement a également déterminé d'interdire la publication et la distribution de toute la littérature Socinienne. Inutile de dire que le livre était publiquement brûlé. (54) Une certaine mesure de paix a été réalisée quand le Roi suédois Karl X Gustav (Charles X) (1622-1660) a envahi la Pologne et a assuré tous les Protestants de sa protection royale. En ce moment là les Sociniens se sont déclarés ses sujets Protestants fidèles. Cependant, quand la loi suédoise s'est affaiblie, la fortune des Sociniens a tourné encore. Le Roi polonais Jan II Kazimierz Waza (John Casimir) (1609-1672) s'est solennellement voué que s'il défaisait les Suédois il purgerait sa terre de toute l'hérésie, et quand les Suédois se sont retirés, il a commencé à mettre en application sa politique. Le Parlement a tourné une sourde oreille aux appels des Sociniens pour de l'aide. En 1658, il a été édité un décret pour une permanente expulsion des Sociniens. (55) Les adhérents de la religion Socinienne étaient autorisés soit de se convertir à la religion Catholique Romaine ou d'entrer en l'exil pour le 10 juillet 1660. Beaucoup se sont convertis et ont ainsi échappé à l'épée. Certains ont choisi de devenir des réformés dans une vaine tentative de maintenir leurs possessions, alors que d'autres se sauvaient en Europe de l'Ouest, principalement aux Pays Bas. En 1662, les Sociniens qui restaient toujours pouvaient se rencontrer seulement en secret et nommer deux ministres pour s'occuper de tous les Frères qui restaient toujours dispersés dans l'ensemble de la Pologne. Les Sociniens étant éconduits, les Catholiques Romains ont tourné leur attention pour déraciner toutes les hérésies Protestantes et bientôt tous les Protestants étaient dans le désarroi. Seulement, quelques unes des plus grandes congrégations des Réformés et Luthériens pouvaient se maintenir. Leurs droits et privilèges ont été formellement retirés en 1717. Cette révocation a été de nouveau renouvelée 1733 et 1736. Quand de tels droits ont été reconstitués en 1768 et 1775 nous ne trouvons aucune preuve qu'une communauté Socinienne existait toujours dans la nation. (56)

     

     

    2. L'Agenda de Pierre Morzkowski

     

    Le livre Ecclesiastical Polity de Piotr Morzkowski a survécu dans un manuscrit édité par un notable adversaire luthérien du Socinianisme, le Dr. Georg Ludwig Oeder, surveillant de Feuchtwangen. Son édition a été éditée à Francfort et à Leipzig en 1745, et est aujourd'hui disponible dans un microfilm copié dans la Librairie August Herzog dans Wolfenbüttel, en Allemagne. Le document a été élaboré par le Pasteur Morzkowski sur une demande de l'Eglise Polonaise des Sociniens au synode de Dążwa dans Volhynia en 1646. Le livre a été consacré aux patrons et aux pasteurs de l'église pour lequel Morzkowski a demandé pour requête qu'il soit modifié selon les besoins. La copie originale a été donnée à Samuel Crellius pour la sauvegarder en lieu sûr, et plus tard l'a fourni à Joannes Grashuis d'Amsterdam. Il l'a à son tour donné à Christopher Brückmann de la ville de Nürnberg, et c'est de Brückmann qu'Oeder l'a obtenue. Elle semble être une édition non révisée. C'était longtemps pensé pour être la seule copie existante, toutefois récemment une version du manuscrit a été découverte dans la collection unitarienne à Cluj. Le manuscrit nouvellement découvert n'a pas été encore édité ou rendu disponible. (57)

    Oeder a édité son édition avec une discussion préliminaire et a annoté le commentaire qui n'est pas à l'excès critique. Il semble avoir été concerné pour reproduire le travail de Morzkowski sans exercer une grande latitude éditoriale. Il a consacré son travail à Brückmann, duquel quand il l'a eu, a ajouté un court index des noms et des matières, avec quelques références scripturales et erratas. En raison de la longueur du travail de Morzkowski, Oeder choisit d'inclure seulement ces sections qui il a pensé pour être d'une valeur spéciale, telle que les descriptions des divers fonctions dans l'église et les pratiques en matière de doctrine liées au Saint Baptême et la Sainte communion. Ces sections il les a incluses dans leur intégralité. L'édition anglaise du travail d'Oeder a été éditée, traduite, et interprétée par Georges Huntston Williams et a été éditée alors un nombre dans la Revue Théologique de Harvard, série des Etudes Théologiques de Harvard en 1980 (numéro 30).

     

    Le but de Morzkowski en écrivant l'agenda était de fournir l'information et des conseils à ceux qui s'étaient sauvés de Pologne aux Pays Bas, qu'ils puissent maintenir l'ordre et les traditions qui étaient si importantes de leur héritage polonais. Il est évident que le livre serait également de grande valeur aux congrégations persécutées en Pologne et en Lituanie elle-même jusqu'à ce qu'elles aient été congédiées en 1660. Il a été suggéré que Morzkowski ait basé son travail sur les pratiques des Frères de son époque, bien qu'en raison de la large persécution qu'ils aient souffert, son compte ait pu à quelques égards être allé au delà de la pratique contemporaine pour donner une image légèrement idéalisée. (58)

    La table des matières indique la structure du travail. L'agenda est en trois parties. La première de celles-ci parle de la nature de la religion Chrétienne et l'église et les donneurs d'ordres par laquelle l'autorité est exercée dans l'église. Sont inclus parmi ces donneurs d'ordres (1) les patrons, (2) les pasteurs, (3) les aînés, (4) des diacres, (5) ceux qui exercent les directions, les frères, (6) et les sœurs. Chaque ordre est traité en détail dans une série de rapports concis des principes que Morzkowski appelle les "aphorismes." La deuxième partie contient une description générale de la fonction des pasteurs, des principes homilétiques, et les descriptions des cérémonies de l'imposition des mains sur les petits enfants, le Baptême de l'Eau, le Sacrement de l'Eucharistie, le Mariage, Visite du malade, la Remontrance pour l'Egarement, les Prières Privées du Pasteur, Les Funérailles et les Enterrements, et la Fonction d'Aîné et les Diacres. La troisième partie traite de la discipline ecclésiastique, y compris l'Inspection Privée, l'Inspection Publique et leur rôle dans la vie de la congrégation, la Discipline et l'Excommunication publique, la Confession des Péchés et le repentir, les Consultations et les Rappels, le Fast Public, les Synodes, et la Discipline des Pasteurs, des Aînés, et des Diacres. Dans l'édition d'Oeder du travail de Morzkowski sont inclus la Table des Matières (article A), les Ordres des Membres de l'église (article B), Baptême de l'Eau (article C), et le Rite Sacré du Sacrement de l'Eucharistie (article D).

     

    3. Culte Sacramentel parmi les Frères.

     

     

    Notre intérêt principal est la doctrine de l'Eucharistie et des pratiques entourant la préparation et sa célébration. Cependant, d'abord une certaine mention doit être faite au sujet du Baptême de l'Eau parmi les Frères, parce que l'Eucharistie n'est pas moins considérée comme une occasion importante pour le rappel du Baptême et le renouvellement de ses vœux.

    Socin n'a pas hautement considéré le Baptême, il l'a pensé pour être un anachronisme dans une nation Chrétienne où les parents professaient d'eux-mêmes d'être des disciples du Christ. Ses disciples ont choisi de maintenir le Baptême. Ils ne nieraient pas le Baptême de ceux qui avaient reçu ce sacrement alors enfants en bas âge dans les Eglises Romaines, Réformées, ou Luthériennes, mais ils ont préféré plus étroitement associer le Baptême avec l'accomplissement de la formation religieuse des pasteurs pour les jeunes. Ainsi il peut être dit qu'ils ont préféré le Baptême des Croyants, dans lequel l'acte du Baptême a été accompagné d'une profession solennelle de foi et de la promesse de marcher de la façon du Christ. Selon Morzkowski, le Baptême doit être limité à ceux qui peuvent dire que "Jésus Christ est Seigneur." (59) Sa préférence pour le Baptême du Croyant est soutenue par des citations sélectives du De Baptismo de Tertullien aussi bien que d'autres Pères de l'Eglise Occidentale et Orientale. Cependant il est peu disposé à dire que ceux baptisés dans l'enfance devaient être invités pour répéter ce sacrement. Il est clair qu'il considère le Baptême comme un acte de l'homme, pas de Dieu. Ceux baptisés dans l'enfance peuvent se sentir obligés pour les engagements faits en leur nom par les commanditaires, bien que ce ne soit clairement pas le cas, puisque de telles promesses ne se conforment pas à la loi du Christ. Cependant, ils ne devraient pas être découragés en portant l'idée qu'ils croyaient être un noble engament.

    Les Baptêmes parmi les Frères devraient avoir lieu dans un volume d'eau calme en présence des parents et d'autres qui sont présents pour témoigner et communier. Après avoir exprimé que le Seigneur avec son Esprit Saint les baptisent et les instruisent dans chaque bonne œuvre, ils suivent le baptiser dans l'eau et s'agenouillent tandis que le baptisé prend la tête dans chacune des ses mains - une main sur le visage et l'autre au-dessus de l'arrière de la tête, et il l'immerge alors dans l'eau disant : "Je vous baptise par l'eau dans le nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint. Mais le Seigneur Jésus Christ vous baptisent avec l'Esprit Saint," ainsi témoignant que le Baptême de l'Eau exécuté par l'homme est un signe étant dirigé vers le Baptême désiré de l'Esprit Saint dont seulement Christ réalise. (60) Le rite va au-delà de Zwingli parce qu'on comprend qu'il se dirige au dessus pour un acte du Christ. En cela, il est plus qu'une simple cérémonie Zwinglienne de profession publique. Dans la distinction d'avec les Anabaptistes, les Sociniens n'ont exigé aucun nouveau baptême pour ceux baptisés dans l'enfance. Les Anabaptistes ont exigé que tous les candidats au baptême professent leur foi dans le Trium Dieu (Dieu en trois personnes,) et ils mettent une grande réserve dans la répétition de l'acte selon les besoins. Le re-baptême s'est produit fréquemment parmi les Anabaptistes. En outre, à la différence des Anabaptistes, les Sociniens ont associé leur Baptême de l'Eau au Baptême céleste par Christ.

     

    Concernant l'Eucharistie Morzkowski commence en énonçant fermement que les Frères préfèrent parler de ce sacrement comme "l'Eucharistie" plutôt que "du sacrement du Corps du Christ" ou "Repas du Seigneur." Il précise que bien que les apôtres eux-mêmes parlent du Repas comme "la brisure du pain" (Actes 2 : 42, 20 : 7), le premier théologien latin Tertullien nous rend le terme Eucharistie, et il a été également fréquemment employé par les Pères de l'Eglise Grec. Regardant plus profondément, il est clair que les Frères ont préféré ce terme parce qu'il parle du Repas comme une action effectuée par l'église, dans la commémoration du Seigneur, comme proclamation de sa mort, et comme proclamation de la communion de la congrégation avec le corps et le sang du Seigneur. Dans l'Eucharistie la brisure du pain et le versement du vin sont des signes et des témoignages du don du Christ de son corps et de son sang versé comme sacrifice. En célébrant l'Eucharistie l'église donne des remerciements pour la bénédiction qu'elle a reçue par l'offrande du Christ, elle soutient le témoignage qu'elle mange spirituellement et boit le corps du Christ. L'église donne des remerciements pour ce qui a été déjà plutôt reçu que pour donner de nouveau une bénédiction lors du Repas. La manger et le boire spirituels du corps du Christ signifient une étroite association ou camaraderie que l'église jouie avec le Christ. Ce n'est pas une répétition sacramentelle du sacrifice du Christ, telle qui est réclamée par les Catholiques Romains, ni elle est une réception sacramentelle du  vrai corps et sang du sauveur crucifié et relevé, tel que les Luthériens certifient. À la différence de l’Eglise Réformée orthodoxe, qui affirmerait qu'il y a une réception spirituelle du corps et du sang du Christ simultanément avec le boire physique du Repas, les Frères affirment que la participation de la communion est un signe extérieur ou témoignage d'une communion déjà établie. (61)

    Morzkowski affirme que l'auteur et l'instituteur de l'Eucharistie est le Seigneur Jésus Christ lui-même, comme il est clairement énoncé par Mathieu, Marc, Luc, et Paul. Le Christ a institué l'Eucharistie pour un double but. Premièrement, c'est un acte de souvenir solennel de son sacrifice et deuxièmement, les Chrétiens ici professent par leur participation à ce saint rite qu'ils ont la communion du corps et du sang du Christ, c'est qu'ils sont dans la camaraderie avec lui qui a souffert un destin si cruel pour leur nom. (62)

    Le pain et le vin de l'Eucharistie s'appellent saints parce qu'ils sont des signes et annonce pour ces choses qui ont été faites au Christ dans sa passion, c'est-à-dire, son corps étant brisé et son sang répandu. Les matériaux sont des symboles et des types de son corps et sang, et dans ce sens ils ne sont d'aucune façon du pain et du vin commun. Comme dans l'établissement de Zwingli de la signification des éléments, leur sainteté est celle de l'association avec les choses qu'elle symbolise et vers ce qu'ils se dirigent. En conséquence nous pouvons dire que le pain et le vin ne sont pas saints en eux-mêmes, mais c'est le contexte dans lequel on les emploie qui permet de les appeler saints. (63)

    En conformité avec les traditions réformées les plus communes, la participation au Repas est limitée à ceux qui sont capables de proclamer la mort du Christ et de comprendre les bénédictions qui dérivent de lui. Ainsi les enfants en bas âge et les jeunes enfants ne peuvent pas y participer. De plus, l'Eucharistie est un acte de l'église et est généralement limitée à ceux qui assistent à la célébration de l'Eucharistique. Seulement dans le cas de maladie chronique le pasteur peut avec des membres de la congrégation aller au lit malade et célébrer là l'Eucharistie et permettre à l'infirme de participer à la Communion. Ceci correspond à l'attitude générale de l'Eglise Réformée en Pologne et en Lituanie. Il est clair que des protocoles synodaux dans la première période ils ont jugé très incommodant le sujet de la communion du malade. (64) C'était seulement plus tard qu'ils ont développé des formes pour la célébration de la Communion pour les malades, stipulant qu'un groupe en congrégation doit être présent à chaque célébration. En conclusion, seulement ceux qui par leur façon de vivre se sont montrés dignes doivent être admis à la participation de l'Eucharistie. Ceux qui sont excommuniés ne peuvent pour aucune circonstance être présents ou participer. 

    Cette pratique correspond aussi à la tradition de la réforme, excepté que Morzkowski ne fait aucune référence au danger possible pour la congrégation qui pourrait ensuite être indignement autorisée de participer à l'Eucharistie. Un tel danger a été fait référence dans la question 82 du catéchisme d'Heidelberg, qui a déclaré que l'impie doit être exclu du Repas de peur que la colère de Dieu tombe sur toute la congrégation. (65) Morzkowski parle seulement des avertissements de St. Paul comme base pour la pratique d'une étroite Communion. (66)

    La célébration de l'Eucharistie suit l'usage polonais - la pratique de l’Eglise Réformée Lituanienne, selon pour laquelle la communion devait être observée quatre fois l'an (Noël, Pâques, Pentecôte, et le premier dimanche après le jour de la St. Michael (le 29 septembre)). (67) Morzkowski de plus indique en accord avec la pratique des apôtres, qui est trouvée dans le livre des actes, que cette célébration devrait être tenue si possible le matin et mieux pour le jour du Seigneur, puisque c'est le jour de la résurrection et  le jour de joie des chrétiens. C'est le moment le plus approprié pour la proclamation solennelle, et l'action de grâce pour la mort du Seigneur. (68)

    De la perspective de l'érudition, Morzkowski nous impressionne avec son utilisation bien informée des sources antiques. Dans la première période de la Réforme, l’Eglise Réformée avait cherché à baser sa théologie selon un principe du Sola Scriptura sans référence aux Pères de l'église ou des Conciles œcuméniques et de leurs décisions. Vers la fin du 16ème siècle l’Eglise Réformée avait vu que cette approche les avait ouverts à beaucoup de dangers théologiques, pour les moins étaient Anti-Trinitaires. Ils ont commencé à voir la valeur de leurs anciens auteurs et des croyances, bien qu'ils ne les aient jamais permis au même degré d'autorité, comme ils ont eu parmi les Catholiques Romains et les Luthériens. Pour leur référence aux Pères, des Conciles, et croyances l’Eglise Réformée cherchait à démontrer qu'ils n'étaient pas sectaires mais étaient en fait l'antique sainte et universelle église. Dans Morzkowski nous voyons les Sociniens eux-mêmes se servir des Pères, des Conciles et, étonnamment, même du Symbolum Apostolicum pour prouver qu'ils ne sont pas non plus des hérétiques sectaires mais des disciples de l'église antique et universelle.

     

    4. Une étroit Examen du rite de Morzkowski selon son Contenu.

     

    Une étude de l'ordonnance de l'Eucharistie telle qu'elle est présentée par Morzkowski nous montre qu'un service qui est très semblable au service normal du Repas du Seigneur comme on l'a trouvé dans les congrégations de ce temps de l'Eglise Réformée de Pologne et de Lituanie. Un aperçu des formes de la Sainte Communion pour l’Eglise Réformée ne révèlent nulle part dans elles de faire apparaître la Sainte Communion basée sur le même modèle que le culte habituel du dimanche. Plutôt le Repas du Seigneur est une célébration spéciale et occasionnelle d'un grand moment spirituel dans la vie de la paroisse et de ses membres. Cette tradition de l’Eglise Réformée s'écarte du modèle classique de l'Eglise Occidentale, comme elle a continué pour être employée également après la Réforme dans les Eglises Catholiques et Luthériennes.

    Le culte du dimanche parmi les Sociniens Polonais-Lituaniens consistait dans une prédication systématique, usuellement basée sur l'exposition du livre de la Bible. La Sainte Communion était célébrée seulement occasionnellement et était un grand acte social, comme aussi bien pour un évènement spirituel, dans lequel tous les membres intègres de la communauté étaient attendus pour participer.  

    En effet, on a compris que la participation à la célébration était une marque publique d'une profession de foi. Le grand accent a été mis sur la préparation pour l'Eucharistie pour laquelle il était décidé qui pourrait et qui ne pourrait pas être autorisé d'y participer. Ici, comme ailleurs dans la tradition de l’Eglise Réformée, le fractio panis était compris pour être un manuel essentiel des actes pour le rite Eucharistique, au moyen duquel l'église d'aujourd'hui imite l'action de son Maître dans le premier Repas.

    Le service Eucharistique était pour reconstituer aussi étroitement que possible les événements qui ont eu lieu dans la salle supérieure la nuit où Jésus a été trahi. Notre analyse de la structure du service procédera le long des différentes lignes qu'aurait eu ce service en maintenant la tradition des autres églises dans l'Ouest Chrétien et Est, c.-à-d., la division entre le Missa catechumenorum et le Missa fidelium et les éléments familiers de tous les deux. Nous examinerons la structure du service et la comparerons à son prédécesseur et parent, le Forma ac Ratio préparé par Johannes Lasco en 1550 pour l'usage dans les congrégations Allemandes et Wallonnes à Londres. Lasco a apporté ce service avec lui quand il est revenu pour la Pologne, et a rapidement supplanté les divers rites déjà en service et est devenue le terrain commun et le service standard presque universel pour la célébration de Repas du Seigneur parmi l'Eglise Réformée de Pologne et de Lituanie. Le Formá álbo porządek de 1581 nous démontre avec l'utilisation du Forma ac Ratio de Lasco qu'il était utilisé généralement parmi les congrégations Réformées Lituaniens pendant plusieurs décennies. Les Lituaniens étaient très conservateurs dans leurs traditions liturgiques, et les réimpressions de 1594, 1598, et 1600 de ce travail nous le présente sans aucun changement. Dans l'aspect du catéchisme de 1621, seulement pour les cantiques, et la liturgie des changements nominaux étaient permis. (69)

    Le Porządek nabożeństwa de 1614 est offert comme une représentation liturgique de l'Eglise Polonaise Mineure. Il se tient comme le dernier exemple d'une tradition qui avait commencée même avant l'apparition de l'agenda 1599 de Kraiński. Les Polonais Mineurs étaient un peu plus aventureux, et l'apparition du travail de Kraiński et de son acceptation a montré leur volonté d'admettre les innovations liturgiques dans l'ordonnance développée par Lasco. L'agenda de 1602- la fin du travail accordé à Kraiński, éliminait certaines des innovations les plus audacieuses, afin de le rendre acceptable pour l'usage dans toute l'Eglise Polonaise Mineure. Le travail de 1614 a été établi sur l'agenda de 1602 et a représenté l'acceptation admise dans l'ensemble de la Pologne Mineure jusqu'à ce que sa place ait été supplantée par le Great Gdańsk (Danzig) de 1637. Ce dernier travail a cherché à unifier tous les rites Réformés et Bohémiens en Pologne et en Lituanie. Nous n'avons pas employé le 1637 comme standard de comparaison, parce que notre intérêt a été d'accentuer les utilisations distinctives des traditions de l’Eglise Réformée Lituanien et Polonaise.

    Il est très clair que la liturgie de Morzkowski dépend des premiers travaux de Lasco. En effet il reproduit exactement le modèle établi par Lasco. Dans les deux cas deux services sont décrits - un service de préparation et de saint rite pour la Communion. Dans les rites de Lasco et de Morzkowski la congrégation doit imiter aussi étroitement que possible les événements dans la salle supérieure, incluant la réception de la Communion dans les groupes assis autour de la table, de même comme les disciples dans la salle supérieure étaient assis autour de la table avec le Seigneur.

     

     

     

    Le Forma ac Ratio de Lasco

    1550

    Formá álbo porządek 1581

    Porządek nabożeństwa 1614

    L'Agenda de Morzkowski 1646

     

     

     

     

    Ordre pour la Seconde Semaine avant la Communion

    Ordre pour la Seconde Semaine avant la Communion

    Ordre pour la Seconde Semaine avant la Communion 

     

     

     

     

     

    Ordre pour le Jour avant la Communion 

    Ordre pour le Jour avant la Communion

    Ordre pour le Jour avant la Communion 

    Ordre pour le Jour avant la Communion 

    Ordre pour le Jour de la Communion

    Ordre pour le Jour de la Communion

    Ordre pour le Jour de la Communion 

    Ordre pour le Jour de la Communion 

     

     

    Attribution de Louange : Bogu Oycu y Synowi

     

     

     

    Two Hymns

     

    Sermon

    Sermon

    Sermon

    Sermon

    Prière pour l'Eglise

     

     

    Prière pour l'Eglise

    Psalmodie

     

    Hymne

     

     

    Exhortation et Excommunication

     

     

     

    Prière pour la droiture et le Culte plaisant à Dieu

     

     

     

     

    Invocation pour le Saint Esprit

     

     

     

    Excommunication

     

     

     

    Exhortation pour faire  Confession des Péchés

     

     

    Confession des Péchés

    Confession des Péchés

     

     

     

     

     

     

    La Parole pour le Réconfort

    L'Absolution

     

     

    Réprimande pour une digne Réception

     

     

     

     

    Confession de Foi

     

    Une Prière pour la Communion

    Une Prière pour la Communion

    Prière envers les Paroles du Christ

    Une Prière pour la Communion

     

     

    Naydroższą krwią swoią

     

    Les Paroles de la loi du Christ

    Les Paroles de la loi du Christ

    Les Paroles de la loi du Christ

     

    Signification de la loi et de l'Admonestation

    Signification de la loi et de l'Admonestation

    Signification de la loi et de l'Admonestation

     

     

     

    O Wszechmocny Boże

     

    Invitation à la Table de Dieu

     

     

    Invitation à la Table de Dieu

     

     

     

     

    Paroles de I Corinthiens 5

    Paroles de I Corinthiens 5

    Paroles de I Corinthiens 5

     

     

     

    Agnus Dei

     

     

     

    Paroles de I Corinthiens 5

     

     

     

    Le Notre Père

     

    La Brisure du Pain

    La Brisure du Pain et les Paroles sur la Coupe

    La Brisure du Pain

    La Brisure du Pain

     

    Le Notre Père

     

     

     

    Invitation à la Table de Dieu, Examen des Néophytes

     

     

     

    Prière d'Accès de l'Humble

     

     

    la Distribution du Pain

    la Distribution du Pain et de la Coupe

    la Distribution du Pain

    la Distribution du Pain

    Les Paroles de Paul sur la Coupe pour Bénédiction

     

    Les Paroles de Paul sur la Coupe pour Bénédiction

     

     

     

     

     

    La Distribution de la Coupe

     

    La Distribution de la Coupe

    La Distribution de la Coupe

    Paroles de Consolation et d'Encouragement

    Paroles de Consolation et d'Encouragement

     

    Vers toi, O Dieu le pus haut…

    Exhortation d'action de grâce

    Exhortation d'action de grâce

    Exhortation d'action de grâce

    Exhortation d'action de grâce

    Prière d'action de grâce

    Prière d'action de grâce

    Prière d'action de grâce

    Prière d'action de grâce

    Admonition

     

     

     

    Psalmodie

     

     

    Hymne

    Collecte des Aumônes

    Collecte des Aumônes

     

    Collecte des Aumônes 

    Bénédiction

    Bénédiction

    Bénédiction

    Bénédiction

     

     

    Collecte des Aumônes

     

     

    Psalmodie

    Attribution de Louange : Bogu Oycu y Synowi

     

     

     

    Les Frères polonais et Lituaniens ont compris d'eux-mêmes pour se tenir dans la tradition établie par Lasco, et ils ont considéré ainsi le service de Lasco pour être leur héritage. Ils avaient été un groupe dans l'Eglise Réformée des deux nations même avant le retour de Lasco vers la Pologne. Ils ont participé aux synodes et ont moulé leurs votes avec d'autres identifiés chefs de l'église et des délégués en assemblée. Ils étaient parmi ceux qui avaient déterminé par vote que le service de Lasco devrait devenir la norme universelle dans les deux pays. Quand leur liaison avec l’Eglise Réformée orthodoxe a été divisée en 1562-63 le service de Lasco était parmi les trésors du passé qu'ils ont choisi de maintenir avec eux. Avec l'établissement de leur propre position d'Anti-Trinitaire ils sont devenus incommodés au sujet des prières de Lasco et d'autres expressions liturgiques et qui s'articulaient ou autrement semblaient  embrasser la doctrine de la Trinité. Celles-ci ils ont dû les remplacer avec les plus tranchés substituts Anti-Trinitaires.

    Les Anti-Trinitaires les ont naturellement considérés comme de fidèles exposants du principe du Sola Scriptura. Il est devenu clair pour eux que Lasco n'avait pas disparu assez loin, mais avait maintenu trop de saveur et de pensée théologique de l'église pré-Réformée.

    Justement comme la pensée de l’Eglise Réformée dont les Luthériens n'avaient pas pénétrée assez loin dans leur Réforme, ainsi aussi les Anti-Trinitaires ont considéré que l’Eglise Réformée orthodoxe n'était pas allée assez loin. Ils avaient permis à leurs liturgies d'être souillées par l'inclusion d'éléments et de pratiques non spécifiquement commandés dans la parole de Dieu. Parmi de tels éléments on pourrait inclure l'Agnus Dei, diverses hymnes, etc. En outre ils pourraient voir que Lasco avait négligé d'inclure quelques parties du rituel de la pièce supérieure qui devait être encouragé, comme le solennel levier des pas avant l'Eucharistie. Cette pratique était courante parmi les Anabaptistes et doit être autorisée dans les congrégations des Anti-Trinitaires qui ont souhaité la pratiquer. Ce qui a résulté était un service très simple régi par la notion qu'on devait se rappeler le Christ par un saint rite dans lequel ses actions sont imitées. Ce que le Christ n'a pas pleinement montré ne devrait pas être fait, de peur que l'acte de commémoration soit souillé par l'introduction d'éléments étrangers.

     

     

    4.1 Ordonnance pour le jour d'avant la Communion.

     

    Parmi les Sociniens un service solennel de préparation pour la Communion a été tenu le jour d'avant la célébration de l'Eucharistie. Nous ne trouvons aucune preuve au sujet des détails de ce rite dans Morzkowski, mais il est à notre disposition des travaux du Historia antitrinitariorum  de Friedrich Samuel Bock. Williams soustrait la présentation de Bock pour nous dire que le service préparatoire était strictement privé, pour les membres communiants de la congrégation seulement. Ici chaque communiant a été examiné au sujet de sa foi et de la conduite et les doléances de longue date ont été adressées. Des preuves indirectes sont trouvées également dans le quatrième aphorisme de Morzkowski au sujet de qui peut être autorisé de participer au rite sacré. Seulement ceux de l'époque appropriée qui comprenaient l'œuvre du Christ et les bénédictions qui venaient de lui, et dont les vies reflétaient correctement leur profession Chrétienne, étaient autorisés de participer à la sainte Eucharistie. L'examen soigneux de la foi de chaque membre et des écoulements de sa conduite était fait, et toutes les réclamations exceptionnelles ont été rapportées. Le pasteur a alors exhorté la congrégation et a corrigé tous les erreurs et les abus. D'autres membres de la congrégation pouvaient également offrir le reproche et l'exhortation, et en conclusion des expressions appropriées du repentir étaient rappelées pour ceci. Ceux qui n'ont pas montré le repentir approprié étaient avisés qu'ils ne seraient pas autorisés de participer à l'Eucharistie, et les membres amis pouvaient choisir de les bannir. Ainsi seulement ceux qui ont montré un niveau élevé de conduite morale ont été permis de venir à l'Eucharistie. (70)

    Des services spéciaux de la préparation de la Communion étaient également communs parmi les Réformés Polonais et Lituaniens. Ils avaient été recommandés par Lasco dans son Forma ac Ratio. Lasco avait établi ses recommandations concernant les dispositions préconisées par les ordres de Genève de Calvin (1542) et de Strasbourg (1545), selon pour lesquels de tels services devaient être tenus, de sorte que le peuple pourrait mieux se préparer pour la participation, et que le ministre pourrait avoir le temps suffisant pour instruire le peuple. Selon les dispositions de Calvin l'annonce de l'approche de la célébration devait être présentée à la congrégation une semaine avant le jour de la Communion. (71) Une pratique semblable est trouvée parmi les Anglais s'accordant dans l'Order of the Communion de 1548. Ici le prêtre est dit pour avertir les communiants de régénérer leur foi et la connaissance au sujet de la passion du Christ dont la Communion est un souvenir et qu'ils devraient sincèrement et chaleureusement se repentir et promettre de modifier leurs vies pécheresses, et que Dieu pourrait leur accorder la rémission. Les instructions de Lasco réclament non une mais deux semaines de préparation spéciale. Le ministre doit annoncer solennellement le prochain service de Communion deux semaines avant la célébration en ordonnant que le peuple puisse s'examiner en privé et se préparer pour le service spécial de la préparation pour être tenu le jour avant la Communion.

    L'ordre de Lasco a été strictement observé dans les congrégations de l’Eglise Réformée de Lituanie et Pologne, qui sont même allées encore plus loin en observant un rapide deuxième jour avant la Communion. Pendant que nous pourrions supposer à ce moment quand la camaraderie entre l’Eglise Réformée et les Anti-Trinitaires est venue pour être terminée les congrégations des Frères ont toutes observées les pratiques établies par Lasco. Il se peut qu'elles aient continué cette pratique indéfiniment, puisque nous ne sommes nulle part informés qu'elles l'ont laissée tomber. La preuve de Morzkowski indique seulement que ceux qui communieraient dans l'Eucharistie devraient se soumettre à l'examen public. Il est évident qu'en raison que l'Eucharistie a été célébrée seulement quatre fois par an, chaque célébration ait été annoncée au moins une semaine à l'avance par le ministre.

    Dans le cours du temps l’Eglise Réformée systématisée la forme du service pour le jour d'avant la Communion. Dans le Grand Livre Gdańsk de 1637 une forme de service pour ce jour est fournie qui inclut l'Invocation du Triune Dieu (Dieu en trois personnes), la remontrance formelle à l'examen de conscience, l'examen, la remontrance pour marcher dans la lumière, la prière, Déclaration de la Qualité essentielle de Dieu, Assurance, le Pax Domini et Bénédiction Apostolique. (72) En cela ils allaient loin au delà des dispositions de Lasco, et nous ne devrions pas supposer que les Frères les ont suivies dans cette formalisation du service de la préparation. Comme dans le cas de la préparation de la Communion, ils n'ont pas été intéressés de demander n'importe quoi de spécifiquement recommandé dans la Parole de Dieu. De plus ils n'étaient pas dans la camaraderie avec l’Eglise Réformée, et étaient sous aucune pression de suivre son exemple dans cette matière. Nous pouvons imaginer qu'ils ont dépendu de leurs ministres pour fournir un arrangement approprié pour l'examen, l'excommunication, et l'approbation.

     

    4.2 Le Service pour le Jour de la Communion.

     

    Dans les dispositions pour le saint rite de l'Eucharistie nous notons immédiatement cela : qu'à la différence des services Réformés Polonais et Lituaniens de cette période où nous ne trouvons pas toute la structure de la liturgie et le texte intégral des louanges présentées devant nous. Au lieu de cela nous trouvons un répertoire du culte comme il était plus commun parmi les Hollandais. De tels répertoires ont pris soigneusement note quant à ces dispositions qui devaient être prises pour la célébration et l'ordre dans lesquels le service devait être procédé, mais peu d'informations ont été fournies quant aux paroles des diverses parties du service. Aucun doute les ministres de l'église n'avaient sous forme de manuscrit un texte qu'ils étaient accoutumés d'utiliser pour de telles occasions, mais les mots de tels textes pourraient différer légèrement d'un endroit à l'autre. Morzkowski offre un Directorium qui indique à ses lecteurs ce qui doit être fait d'après la manière utilisée généralement parmi des Frères de fond Réformé. 

    Pour Morzkowski en effet pour tous les Sociniens la façon de la célébration, c.-à-d., les dispositions physiques, étaient primordiales. Puisque le service était de réveiller le souvenir de la passion du Christ, il devait nécessairement chercher à reproduire les événements dans la salle supérieure dans la nuit de la trahison du Christ aussi étroitement que possible. En effet la création de l'atmosphère appropriée était plus importante que les mots réels des louanges, des initiations, et des exhortations.

    Ceux qui venaient à l'église le jour de la Communion trouvaient devant eux une table couverte d'un tissu propre avec du pain et des coupes pour le vin et des bouteilles de vin couvertes devant eux. (73) De telles dispositions étaient prises de l'ordonnance de Lasco en 1550 à Londres. Il a demandé qu'une table soit mise avec quatre verres et trois plats en fer blanc, sur le plus grand il y avait le pain blanc tel qu'il pourrait être employé dans n'importe quel ménage. Le pain, ainsi brisé, serait placé sur des plus petits plats et les deux verres remplis du vin seraient placés près de chacun des deux plats. Les Réformés Polonais et Lituaniens également ont suivi cette pratique avant le schisme, mais ils l'ont par la suite laissé tomber en raison des associations Anti-Trinitaires. Ils ont été soucieux de ne jamais suivre extérieurement les mêmes pratiques qui étaient courantes parmi les hérétiques. Pour la même raison toutes leurs dernières liturgies ont exigé que les communiants devaient rester debout ou s'agenouiller, mais jamais assis. Par ordre des Synodes Généraux à Sandomierz (1570), Cracovie (1573), Piotrków (1578), et Włodzisław (1583) ces directions ont eu la force de la loi parmi l’Eglise Réformée. (74) les Sociniens, cependant, ont gardé les vieilles pratiques et les ont mentionnées comme preuves qu'ils étaient l'église authentique et les disciples fidèles de Johannes Lasco.

    Le sermon. Il n'y avait naturellement aucune invocation du Triune (Dieu en trois personnes). Au lieu de cela le service commencé immédiatement par le sermon sur la parole de Dieu, prêché selon la direction indiquée des Frères de l'Eglise de frères, c'est-à-dire, la mort du Christ entreprise pour les péchés de l'homme qui devait être proclamée, puisque non seulement le sermon mais tout le service devrait être conforme à la proclamation de la mort du Seigneur aux parole de St. Paul dans I Corinthiens : 11.

    La pratique commençait par un sermon approprié qui été trouvée déjà dans le rite de 1550 de Lasco. Lasco a noté que le Repas du Seigneur ne devait pas être célébré d'une façon théâtrale mais avec la solennité appropriée, et dans le sermon le ministre devait noter particulièrement la nature des signes qui devaient être observés, pour que tous puissent faire une appropriée observance et ne pas donner leur attention plus particulièrement au pain et à la coupe. (75)

    La disposition de Lasco pour le sermon a été suivie dans beaucoup d'agendas Réformés en Pologne et en Lituanie. L'agenda de 1599 de Kraiński a commandé qu'un sermon sur la Sainte Evangile ou un texte concernant la sainte communion devrait être prêché, et l'ordre de 1514 ajoutait seulement que le sermon devrait commencer par l'attribution de louange. L’Eglise Réformée Lituanienne a suivi de plus près que les Polonais la coutume de commencer le service de Communion par le sermon. On peut présumer que les Sociniens pouvaient employer le sermon comme une occasion importante catéchiser la congrégation au sujet de la vraie signification de la Communion.

    Les louanges. Le sermon est conclu avec des louanges appropriées des textes qui ne sont pas indiqués par Morzkowski. Nous voyons la même disposition avec Lasco. Des louanges doivent être dites, mais peu de textes sont fournis. Seulement parmi les Réformés Polonais et Lituaniens nous trouvons le texte de prière fourni. Le texte Lituanien est basé sur la prière d'ouverture du service  de la Communion de Zwingli en 1525. Il demande que le Seigneur veuille accorder à ses personnes faibles et humbles constamment dans la foi pour lui offrir La louange et les actions de grâces appropriées dont Jésus Christ a commandé d'offrir pour le souvenir de sa mort. Il est remarquable que tandis que la doxologie de Zwingli pour la conclusion de cette prière mentionne Jésus Christ et l'Esprit Saint, mention de l'Esprit Saint qui n'est pas trouvée dans la version Lituanienne. Cette omission est probablement par négligence, à l'intérieure, elle ne sert nullement de reniement pour la doctrine Trinitaire. (76) 

    L'invitation à la Table du Seigneur. Après les louanges, des bancs sont placés autour de la table et le ministre recommande instamment le peuple, les invitant à venir s'asseoir car la place est disponible. Les personnes s'installent, mais le ministre reste en position tout du long de l'administration. Il s'assied seulement dans l'intervalle entre les tables. Rien n'est dit au sujet de son autre préparation du pain et du vin, bien qu'il soit clair que quand tous sont installés il découvre le pain et le vin à distribuer. Nous ne trouvons aucune mention de l'activité cérémonieuse des ministres, aînés, et des diacres, comme il est parlé par le rite de Lasco. Lasco note que quand le pain et le vin ont été placés devant les personnes il doit les avertir selon I Corinthiens : 5, citant les paroles de Paul : "Voyez, chers frères, le Christ notre Pâque est sacrifié pour nous. Par conséquent gardons le festin, pas avec le vieux levain, non soit avec le levain de la méchanceté ou de la malice, mais avec du pain sans levain de la sincérité et de la vérité. Amen " (I Corinthiens 5: 7b, 8). Après ces mots le ministre est assis à la table ainsi que les autres ministres, les aînés, et tous les diacres, et d'autres de la congrégation qui s'asseyent avec lui, et à la pleine vue de toute la congrégation il commence l'administration du pain et du vin. (77)

    Ce qui manque dans le service de Morzkowski est la lecture du récit historique de l'Institution du Repas comme il est présenté dans 1 Corinthiens 11: 23 - 29, un dispositif commun des rites Réformés. En cela ils sont partis de Lasco, qui a suivi la pratique de l’Eglise Réformée traditionnelle d'inclure la conférence de l'établissement selon le compte de Paul I Corinthiens : 11 dans chaque célébration du Repas du Seigneur. Zwingli avait institué cette pratique en indiquant le Verba comme description de la manière par laquelle le Christ a institué le Repas et que Calvin élargissait sur lui en stipulant que le compte entier de Paul de Tarse pour l'établissement du sacrement de I Corinthien 11: 23 -29 devaient être inclus comme leçon avant la distribution du pain et du vin.

    Puisque aucune personne de l'ancienne Eglise Réformée ne considérait la récitation du Verba comme rien de plus qu'une lecture appropriée de la parole de Dieu, personne ne peut indiquer que son omission par les Frères était tout à fait inadéquate. Zwingli, Calvin, et Lasco n'ont jamais considéré la récitation de ces paroles comme une forme de consécration. Par conséquent leur inclusion ne pourrait pas se présenter essentielle pour la célébration, particulièrement si les circonstances du Repas avaient été déjà notées dans le sermon. L'élimination de ces paroles comme une forme de consécration témoigne encore de tout le rejet de la doctrine de la Transsubstantiation et de toute autre notion que le Christ ne pouvait y être présent physiquement, avec, ou sous le pain et le vin.

    Les Réformés Polonais et Lituaniens ont construit sur la tradition qu'ils ont héritée de Lasco mais y ont ajouté d'autres éléments avant l'invitation à Table du Seigneur comprenant, dans le cas des Lituaniens une Exhortation et une Excommunication solennelle, une Confession des Péchés, et remontrance pour une Digne Réception, et, dans le cas des Polonais mineurs, une Invocation de l'Esprit Saint, d'Excommunication, de Confession et d'Absolution, et la confession traditionnelle de Foi, selon le symbole antique Nicéen. Considérant que les frères ont simplifié le service, la traditionnelle Eglise Réformée cherchait à glorifier le Repas par l'addition de remontrances appropriées, de louanges, et d'actes pour le culte. Après avoir détourné les instructions de Lasco que le peuple devrait venir en avant et s'asseoir à la table particulièrement disposée, de là, il n' y avait plus besoin longtemps d'une invitation spéciale d'après la forme qui était fournie par Lasco. Nous devrions noter que le texte intégral de I  Corinthiens 11: 23 - 29 continuaient d'être en service pour les rites des Réformés polonais et Lituaniens comme nous l'avons vu dans les agendas de 1581, de 1599, de 1602, et de 1621. Il est remarquable que l'ordonnance des Polonais Mineurs de 1614 et l'ordonnance des Lituaniens 1644 l'autorisent, mais indiquent que le Verba de I Corinthiens 11: 23-25 peut être employé à la place. Le Great Gdańsk Book de 1637 tient compte de I Corinthiens 11: 23-25 seulement. Il se peut que cette utilisation qui était peu familière aux Réformés ait venue dans l'utilisation de l'agenda de 1637 par l'influence des Frères de Bohème, qui ont participé à la préparation de cet agenda. (78)

    L'administration du Pain et de la coupe. Quand tous les invités du Repas étaient assis à la table le ministre procède immédiatement en prenant le pain dans des ses mains et il énonce une très brève bénédiction dont la forme n'est pas donnée. Alors il brise le pain et le distribue à chacun à la table avec les paroles suivantes :

    "Que le Seigneur, la nuit même où il a été trahi, a pris le pain, et après qu'il l'ait béni, il l'a brisé et l'a donné comme signe à ses disciples, disant : 'Prenez, manger, ceci est mon corps qui est donné pour vous.' Prendre, cependant, et manger, et obéir à son commandement. Ce pain est le corps du Christ, non qu'il est en la vérité transformé en Christ, parce que ce [corps] est dans le ciel, et les besoins doit rester là jusqu'à la période de la restauration, mais parce que c'est une figure et un signe du corps du Christ, qui, bien qu'il n'a pas été vraiment brisé, a été ainsi brisé pour la demande de notre salut. Ces choses avec lesquelles il a été affligé, tourmenté, déchiré et enfin cloué à la croix néanmoins correspondent à une rupture. Faire ceci en commémoration du Christ, avec un dévot et humble esprit, considèrent qu'il a souffert, combien plus, pour celui qui sauve, et par cette autorité… etc., etc". (79) 

    Quand tous ont reçu le pain alors il prend la tasse et la bénit encore brièvement et la donne disant alors :

    "Que le Seigneur a également donné la coupe aux disciples, et a dit : "Buvez ceci, vous tous, c'est mon sang qui était montré pour vous."  Par conséquent oui buvez le également (et il place la coupe devant la personne qui est installée à côté de lui, qui, après la bois, la place devant celle qui est à côté de lui, qui fait la même chose, jusqu'à ce que tous ceux qui sont assis ensemble l'ont bu, mais le pasteur ne finit pas sa prière jusqu'à ce qu'il les ait vu tous boire), ceci est le "sang" du Christ parce qu'il, pour toi, préfigure et annonce le sang du Christ, puisque qu'il était présenté de son plus saint corps. Mais, manger de ce saint pain saint et boire de cette coupe, oui proclame la mort du Seigneur d'une façon solennelle, avec le cœur contrits et en considération de combien nous sommes indignes d'un si grand avantage, nous donnons les plus grands remerciements que nous sommes en mesure de donner. Aussi souvent que nous le réalisons ici en reconnaissances des avantages de Dieu,  proclamez le. C'est le temps pour donner des remerciements, la période du sacrifice et de la prière. Faites ceci, maintenant étant dans l'idée, non, de manger le corps du Seigneur ensemble, boivent son sang, c'est-à-dire, de le considérer, avec la plus grande dévotion en votre pouvoir, ce qui a été fait avec le corps et le sang du Seigneur, et le laisser ainsi descendre dans vos âmes, qu'il puisse être transformée en sang qui peut nourrir votre âme. Pour la chair du Seigneur est la nourriture en effet, et son sang est la boisson en effet, etc". (80) 

    Quand tout ceux installés ont reçu la coupe alors lui-même s'installe et participe avec dévotion pour les éléments. Alors il conclut avec une des deux prières suivantes, qu'il choisit :

    Au toi. O Dieu le plus haut, créateur de ciel et de la terre. Père du Seigneur Jésus Christ, qui n'a pas épargné ton seul Fils bien aimé, mais la livré pour une si terrible mort pour nos péchés, et pour toi, O Agneau de Dieu, que pour l'amour aussi de la race humaine que tu t'es offert selon la volonté de Dieu le Père comme un sacrifice pour nos péchés, que soit l'honneur, la gloire, et la bénédiction, et actions de Grâces, maintenant et pour toujours. Amen.

    Ou, simplement :

    À Dieu le Père, de qui comme une fontaine toutes bonnes choses ont coulées pour la race des mortels, pour la mort de son Fils, supportée au nom de nos péchés, que soit l'honneur, la gloire, la bénédiction, par son seul Fils engendré notre Seigneur Jésus Christ, maintenant et pour toujours. Amen.  (81) 

    Après que la première table ait été écartée alors il (l'officiant) restait à sa place tandis que d'autres viennent en avant et alors il procède pour communier la deuxième table en utilisant les paroles suivantes. Pour le pain il dit : "Prenez ceci également," ce pain est la communion du corps du Christ, et vous, recevez le, en professant que vous êtes les vrais membres de ce corps dont le chef est le Christ lui-même, et ainsi, offrant ce sacrifice de prière, vous portez maintenant témoignages des avantages découlant de la mort cruelle du Christ et des afflictions de son corps qui vous affectent".

    Alors il donne la coupe à la personne assise à côté de lui et communie chaque personne alternativement, disant :

    "Buvez vous aussi." Cette coupe que nous bénissons est la communion du sang du Christ. Vous, en la buvant, admettez que vous êtes des participants de tous les avantages découlant du sang du Christ versé pour nos péchés. Assurez-vous par conséquence de ne pas être entraîné dans le coeur loin du Seigneur tout en l'approchant avec vos lèvres. Assurez-vous par conséquence de ne pas être dévêtu dans un vêtement de mariage comme celui du banquet céleste. Prenez garde, de peur que tout en s'installant à la table, que vous n'imitiez pas le baisé de Judas dans le jardin. Montrez le Christ en avant dans votre vie,… etc. Celui qui mange et boit indignement [1 cor 11: 27-30], etc. Honneur, gloire, bénédiction, à Dieu le père pour son seul Fils engendré, pour sa mort, qu'il a supporté à cause de nos péchés, maintenant et pour toujours. Amen". (82)

     

    Ces formules de distribution sont répétées pour chaque table jusqu'à ce que toutes personnes aient communiées. Pendant que les communiants viennent et vont le ministre discoure sur la mort du Christ et de l'aide qui découle d'elle, parlant d'une façon à déplacer le peuple pour une plus grande dévotion. Ceci il le fait en parlant avec dévotion au sujet des souffrances du Christ et des doctrines qui sont enseignées par les souffrances du Christ. Il continue alors d'énumérer les raisons pour lesquelles le Christ a souffert et est mort, parlant toujours d'une façon qui puisse déplacer les coeurs des personnes pour la dévotion, à une bonne résolution, et à la prière. On s'attend à ce qu'aucune personne ne quitte le service, sauf pour une certaine cause très sérieuse avant que tous aient communiés. Ils devraient plutôt écouter silencieusement et avec dévotion et donner des remerciements avec des coeurs humbles pour Dieu et pour Christ qu'il devait être disposé de supporter une mort si cruelle pour l'homme pécheur.

    Nous notons que la brisure du pain (la fraction) a ici un but pratique plutôt que cérémonial. Non seulement le Christ a brisé le pain dans le premier Repas pour que les disciples puissent le recevoir, mais le ministre le fait pour les mêmes choses pratiques. Nous notons également que la diction des paroles du Christ au-dessus du pain et du vin, et non le Verba traditionnel, ne servent pas de formule de bénédiction ou de consécration mais font partie de la distribution du pain et du vin à la première table. Les mots importants sont "Prenez, donc, et mangez… " et "Buvez ceci, vous tous… " pour que ceci énonce le commandement du Christ auquel la congrégation obéit maintenant. Pour tel, il n' y a pas besoin d'être répété et donc aux tables suivantes il est suffisant que le ministre dise : " Prenez vous aussi…" et "Buvez vous aussi…," placé dans le contexte des paroles de Paul au sujet de la communion du corps du Christ et de la communion du sang du Christ de I Corinthiens 10.

    La forme suivante est celle qui est fournie par Lasco dans le Forma ac Ratio mais le rituel est simplifié. Dans celle de Lasco trois plats sont utilisés, un grand et deux plus petits. Le ministre prend le grand plat dans des ses mains qui est rempli du pain et toute la congrégation observe et écoute, et il dit d'une voix claire : "Le pain que nous brisons est la communion du corps du Christ" (I Corinthiens 10 :16 b). Quand il le dit, il brise le pain dans ses mains et le transfert dans les plus petits plats pour qu'il puisse être distribué pour tous à la table. Après la distribution du pain il prend quatre coupes remplies du vin, qui sont placées de chaque côté des plus petits plats, et soulevant vers le haut une des coupes il dit avec une voix claire : "La coupe de bénédiction que nous bénissons est la communion du sang du Christ" (I Corinthiens 10 :16 a). Alors il distribue les coupes aux communiants. Dans l'ordonnance des Sociniens de Morzkowski il n'y a aucune récitation séparée des paroles du Christ ou des paroles de Paul. Il leur fait une partie de la formulation pour la distribution. Lasco donne seulement une formule très brève dans laquelle il n'y a aucune référence directe au pain étant distribué : "Prenez, manger, et rappelez vous que le corps de notre Seigneur Jésus le Christ a été donné dans la mort pour nous sur la croix pour la rémission de tous nos péchés." De façon semblable la coupe est distribuée avec des paroles : "Prenez, buvez, et rappelez vous que le sang de notre Seigneur Jésus le Christ a été donné dans la mort pour nous sur la croix pour la rémission de tous nos péchés." (83)

    Les Sociniens ont souhaité rendre le point plus clair, que les communiants ne devaient pas donner une attention particulière au pain et au vin mais de mouler leurs yeux et esprits vers le ciel et donner une attention exclusive à la mort du Christ pour la rémission des péchés. Ils ne contredisent pas Lasco mais plutôt rendent plus sûr la notion typique de l’Eglise Réformée que ce Repas terrestre n'est pas d'appeler l'attention sur lui-même, mais c'est est un repas de commémoration pour lequel toute l'attention doit être donnée pour les souffrances et la mort du Christ. En outre, la distribution et, en effet, le moment de l'administration sont donnés au dessus du catéchisme quant à la signification et au but des souffrances du Christ. Considérant que Lasco ordonne qu'un ministre auxiliaire devait lire Jean 6 au sujet de la participation spirituelle au corps et au sang du Christ, le Sociniens préféraient se déplacer complètement au delà de cela pour une attention directe pour la manière par laquelle le corps du Christ était brisé et son sang versé devant de la croix. Au lieu de répéter les mots de la première administration, la formule pour la seconde et d'autres tables prend une forme de remontrance que les communiants devraient professer qu'ils sont les vrais membres vrais du corps dont le chef est le Christ et offrir leurs sacrifices de louanges pour les afflictions qu'il a porté pour eux. De telles formules étaient bien adaptées dans le discours continu du ministre sur les souffrances et la mort du Christ. Elles agissent en tant qu'un rappel pour mémoire pour considérer l'endurance de la mort cruelle qu'ils se rappellent par le moyen de ce rituel. (84)

    Nous pouvons supposer que des tables suivantes ont été écartées de la même manière que la première table avec les louanges que Morzkowski appelle des bénédictions. Ici, ce n'est pas les personnes qui sont bénies mais plutôt Dieu qui est glorifié pour les douleurs et la mort desquelles de grandes bénédictions découlent. Ce n'est pas la participation au pain et au vin comme tel qui a avait  été la raison d'une telle bénédiction en avant. Le Repas est seulement un souvenir et pas les moyens de la grâce et donc pour la communion du pain et du vin n'ont aucune part dans la bénédiction.

    La note du service solennel sert à renforcer le sérieux du rite et l'importance de la bonne résolution de tous les participants. Tout ceci est indiqué non seulement par les paroles du ministre mais par la façon par laquelle il parle. Il est évident que Morzkowski cherche à créer une humeur dont une personne pourrait indiquer les frontières pour une sorte théâtrale pour laquelle Lasco avait averti.

    En comparaison de la forme Socinienne de l'Eucharistie trouvée dans l'agenda de Morzkowski nous pouvons voir que les Eglises Réformés Polonaises et les Lituaniennes se déplacées tout à fait pour une direction différente. Bien que toutes les deux aient, dans une certaine mesure, continuées de montrer leur dette pour le Forma ac Ratio de Lasco nous trouvons une attention bien plus grande étant donnée à la réception de la sainte communion et  aux détails cérémonieux liés à la célébration et à la distribution. (85) Ici, il y a une claire raison pour ceci. Ces églises se sont déplacées au delà de la simple notion Zwinglienne d'une célébration commémorative dans laquelle une attention plus particulière devait être donnée pour le souvenir de la passion du Christ d'une notion plus mûre du Calvinisme que ceux qui participent dans le Repas pour apprécier une communion spirituelle avec la passion du Christ par les moyens de la réception sacramentelle. Naturellement, ici, la réception sacramentelle ne se réfère pas au pain et au vin eux-mêmes mais ces signes se dirigent au delà d'eux-mêmes pour une spirituelle et même personnelle communion avec le Christ appréciée par tous ceux qui le reçoivent dignement. (86)

    Après le schisme Anti-Trinitaire les Eglises Lituaniennes et l’Eglise des polonaises Réformés se sont senties quelque peu incommodées au sujet de continuer la pratique de Lasco de séparer la Communion  du pain et du vin, une pratique perpétuées par les Anti-Trinitaires. Toutes les deux se sont senties dans la nécessité d'arrêter la célébration de la Communion d'après la façon prescrite par Lasco, tout en maintenant toujours la forme du service de la Communion que Lasco avait fournie. L'Eglise Polonaise Mineure a choisi une coupure moins radicale de la forme de Lasco. Ils ont maintenu la pratique séparément de la distribution du pain et du vin mais l'ont placée dans un nouveau contexte, en fait de ne plus faire que les communiants se réunissent autour d'une table mise devant eux dans l'église. A la place de nouvelles directions étaient fournies qu'ils viennent au devant et reçoivent le pain et le vin soit en se tenant debout ou agenouillés. Cependant il est peu probable que les congrégations pratiqueraient en se mettant à genoux parce que ceci pourrait amener avec elle des associations pour l'adoration des espèces. La solution Lituanienne était un changement légèrement plus dramatique. Ils ont continué la brisure du pain et la bénédiction de la coupe avec les paroles de Paul  en I Corinthiens 10. Après la prière du Notre Père une invitation été émise pour que le digne vienne au devant et après la prière  pour l'Access de l'Humble le pain et le vin ont été distribuées ensemble. Les Lituaniens ont suivi la Communion avec des paroles de consolation et d'encouragement qu'ils ont longtemps employés de la liturgie de Lasco ainsi maintenant dans les esprits de tous un fort lien avec le Forma ac Ratio.

    Exhortation pour les Actions de grâces. La liturgie de Morzkowski note qu'après que tous aient communiés le ministre exhorte les personnes leurs rappelant "que ce sacrifice de louange doit être offert à Dieu le père par les mains du Christ le haut prêtre."  (87) Pas plus de détails concernant ceci sont donnés. Nous rappelons que la liturgie de Lasco réclame également une exhortation aux actions de grâces à ce moment. Lasco recommande instamment que personne ne puisse manquer de ressentir la puissance et le fruit de leur amitié avec le Christ dans son corps et sang, par lesquels ils ont été scellés dans la victoire du Christ et de son saint mérite. Il demande instamment que ceux qui se sont assis à cette table puissent avec les yeux de la foi se voir assis avec Abraham, Isaac, et Jacob dans la confiance du mérite du Christ, et qu'ils puissent sentir la présence du Saint l'Esprit et donner des remerciements pour le Père et louer ici et maintenant, et également jour après jour. (88) Ceci est suivi d'une longue prière d'actions de grâces. Cependant, il peut être demandé si les Sociniens emploieraient cette exhortation sans altération puisque ici on ne trouve pas d'insistance que toute méditation soit seulement sur la passion du Christ et donnent des remerciements pour elle, car la liturgie de Morzkowski ainsi dirigée est tellement manifeste.

    L'Eglise Réformée Lituanienne a choisi de suivre la recommandation de Lasco, raccourcissant ses paroles pour se concentrer sur la communion dans le corps et le sang du Christ par égard de la conscience. L'occasion de l'assurance de cette communion est décrite comme : " … quand nous avons touché le pain avec nos mains et l'avons mangé avec nos bouches et bu le vin de la coupe."  (89) Les yeux de la foi regardent au delà de cette Communion qu'ils ont avec Abraham, Isaac, Jacob, et tous les fidèles. Dans Lasco, et dans les ordonnances de 1581 et 1621, c'est le but de l'exhortation d'assurer les communiants de la signification de leur participation en tant que signe extérieur et les enjoint pour leur amitié avec le Christ et ses saintes personnes.

    La Liturgie Polonaise de 1614, comme la liturgie de 1602 qui l'a précédée, prennent un autre thème d'exhortation de Lasco, à savoir, que ceux qui ont participé ne pourraient pas recevoir la grâce de Dieu en vain, mais montrer les fruits de la foi et de la vie pieuse davantage chaque jour avec dépassement. Ils doivent comprendre qu'ils ont été élus par Dieu et ne doivent pas s'associer aux travaux ou aux contrats de ce monde qui est sombre. Dieu peu de lui-même les présenter propre dans le corps, l'âme, et l'esprit au jour de son jugement. (90) C'est dans les liturgies de1602 et 1614 que nous trouvons des allusions à l'établissement Calviniste de l'élection. Dans la théologie de Jean Calvin, les actions de grâces pour Dieu et la louange pour sa grâce sont étroitement reliées à la doctrine de la Double Prédestination. Si on est éternellement élu pour le salut ou à la malédiction, Dieu doit être loué et glorifié pour son décret inchangé qui détermine le destin de chaque homme. La doctrine de la Prédestination est trouvée dans les corpus doctrinae des Eglises Polonaises et Lituaniennes dans la Confession of Sandomierz et dans Second Helvetic Confession. La Prédestination est considérée du point de vue de la doctrine du Christ. Le terme "Double Prédestination" n'est pas employé, et la notion reçoit peu d'emphase. Le but de l'élection en Christ est que ses saints devraient être des personnes saintes et irréprochables devant lui dans l'amour, pour louer pour la gloire de sa grâce. (91)  La liturgie est censée refléter ce but et pour être une expression concrète de cette louange.

    La prière d'actions de grâce. Morzkowski ordonne que la prière du ministre pour les actions de grâces soit des remerciements offerts au Christ, le Haut prêtre et Roi pendant qu'il offre son corps pour les péchés de l'homme. Il prie alors que n'importe qui pourrait avoir présumé de venir indignement à la table puisse être correctement puni en indiquant publiquement ses péchés. Il demande alors que tous ceux qui pourraient avoir la sagesse de comprendre que les bénédictions dérivent de la mort du Christ et que Dieu accorderait sa paix aux églises pour leurs pasteurs et patrons, et en effet tous ceux qui souffrent l'affliction et recherchent de l'aide. La prière est conclus avec une doxologie de Révélation 7: 10 : "À celui qui est installé sur le trône et à son Agneau, soit l'honneur, la bénédiction, et gloire à tout jamais. Amen." (92)

    Aucune mention ne peut être trouvée dans cette prière de l'acte de Communion justement accompli. Puisque le but de l'acte était de se souvenir de la passion et de la mort du Christ, toute l'attention est focalisée ici. Un autre point remarquable est l'appel du ministre à Dieu qu'il puisse exposer publiquement celui qui pourrait avoir communié indignement. Si n'importe qui échappe à l'examen minutieux du service préparatoire du samedi, il devrait maintenant être au moins soucieux que sa façon de vivre dans le péché soit découverte. Ainsi la condamnation sert de sérieuse exhortation  pour la vie pieuse. A la congrégation il est de nouveau rappelé le fruit des souffrances du Christ, à savoir la rémission des péchés.

    La prière des Sociniens pour l'action de grâce ne suit pas Lasco qui fournit une longue prière à ce moment dans laquelle il remercie Dieu pour la nourriture de la vie éternelle et reconnaît la qualité et la pitié de Dieu envers ceux qui sont faibles et indigents. Il incorpore ses personnes ensemble dans un corps en Christ et leur montre sa grâce qu'ils puissent progresser jour après jour dans la foi par ce qui renforce et qui vient de l'Esprit Saint. Il parle du renouvellement de l'esprit et de la responsabilité de l'amour, qui doit régner aux cœurs de tous pour le progrès de la religion dans le monde entier et à la gloire de la Sainte Trinité. (93)

    Les agendas Lituaniens de 1581 et de 1621 ont trouvé cette prière davantage du même caractère de leur esprit religieux et l'ont adoptée avec seulement des variations Mineures des mots. Les liturgies des Polonais Mineurs montrent un chemin différent. Leurs liturgies présentent ici une longue prière pour l'église et ses besoins. (94) L'agenda 1599 de Kraiński place ici une prière établie sur le modèle du Tersanctus. (95) Les prières 1602 et 1614 sont semblables dans les paroles et le contenu. La prière d'ouverture est avec action de grâce pour Dieu le Père pour sa grâce en créant l'homme selon sa propre similarité et pour le don du rachat par le Christ. De ce point, la prière est formée selon le traditionnel Vere dignum occidental du Prefatio. Après, le Père est invité, comme dans Kraiński, de bénir le Roi et de protéger son église et de préserver les personnes de la famine et de la peste. Le Fils est remercié pour alimenter ses personnes avec son corps et sang précieux et de les unir au père. Des remerciements sont  donnés à l'Esprit Saint pour le don de la sanctification, et il est invité à renforcer les personnes dans la foi pour vivre une vie pieuse et pour être perservérer de toutes les épreuves et handicaps. (96) C'est seulement dans cette pétition pour ceux qui souffrent de la persécution et des difficultés que nous trouvons un point de comparaison étroit entre les rites de la Pologne Mineur et les rites Sociniens. Les deux églises éprouvaient une grave persécution des mains des Catholiques Romains et cependant les deux liturgies font écho de la même sérieuse prière pour le soulagement et pour que la force de supporter.

    L'hymne d'action de grâce. Dans la liturgie de Morzkowski il y a seulement un hymne. C'est dans une imitation directe du fait qu'après le Dernier Repas Jésus et ses disciples ont chanté un hymne avant de partir pour la montagne des oliviers (Matthew 26: 30). Cet hymne d'action de grâce est chanté après la prière. Le sujet pour l'action de grâce est la mort du Christ pour les péchés de l'homme, et ainsi correctement un tel hymne doit être employé seulement à cet endroit pour laquelle mention de cette mort est trouvée. Lasco aussi avait appelé la congrégation pour chanter. Il dirige seulement qu'à ce moment un psaume devrait être chanté dans la langue du peuple. La liturgie Lituanienne réclame également la psalmodie, mais pas ici. Plutôt ce psaume devrait être la conclusion après le culte. Les Polonais mineurs ont suivi le modèle semblable mais ont dirigé les chants de l'attribution de louange Bogu Oycu y Synowi. (97)

    La collecte des Aumône. Après le chant de l'hymne le service de Morzkowski appel pour une exhortation du diacre pour que les personnes contribuent aux besoins de l'église et des pauvres. Ceci correspond à la direction de Lasco. Les Lituaniens et Polonais Réformés ont tous deux gardé cette tradition, bien que les Polonais l'ont déplacée à un endroit juste après la bénédiction et avant l'attribution de louange.

     

    La bénédiction. Le rite Socinien finit avec la direction que les personnes doivent être renvoyées avec une bénédiction. Le texte de cette bénédiction n'est pas fourni. (98) Les liturgies lituaniennes et Polonaises ont également préservé cette pratique mais pas comme un acte de conclusion. Les Lituaniens l'ont placé après la collecte des aumônes, juste avant la psalmodie de fermeture, et les Polonais l'ont placé avant la collecte. Dans la liturgie Lituanienne la forme suivante est fournie. " Que le Seigneur Dieu compatissant, qui nous a donnés de manger et de boire du corps et du sang de son cher Fils, gracieusement dirige nos cœurs et âmes vers sa louange et gloire et nous bénisse maintenant et pour toujours." (99) Tous rites polonais, excepté seulement l'agenda 1599 de Kraiński, ordonnent que la bénédiction Aaronique (nombres 6: 24-26) sous forme de prière doit être employée.

    Finalement nous devons faire quelques observations au sujet du rite de Morzkowski. Morzkowski nous présente le culte Anti-Trinitaire en Pologne et en Lituanie dans sa période postérieure, dans les années de sa suppression finale et complète dans ces pays et de la migration pour les Pays Bas et l'Angleterre. Comme tel, il nous fournit un témoignage du culte Anti-Trinitaire dans la plupart de la période mûre. Si oui ou non il reflète le culte Anti-Trinitaire pendant toute la période de son existence en Pologne et en Lituanie cela demeure inconnu. Cependant, le fait qu'il emmène tellement fortement sur le travail de Johannes Lasco semblerait indiquer que la forme d'Eucharistie employée dans ces communautés a changé peu pendant le siècle de la progression et du déclin du Socinianisme. D'autres sources manquent. Si de nouvelles matières deviennent disponibles pour la même période, il deviendrait possible que nous tracions le développement du culte parmi les Frères polonais et Lituaniens pendant cette période. Nous pouvons seulement espérer que là il y ait un mensonge oublié dans une certaine matière archivée pas encore disponible qui jettera une lumière additionnelle sur le culte et la spiritualité de ces groupes.

     

    Conclusions

     

    À la suite de l'apparition des Frères polonais et Lituaniens nous voyons un exemple d'une tradition ecclésiastique qui, dans son ardeur pour confirmer ce qu'elle comprend pour être véritablement le principe du Sola Scriptura, est disposée pour rejeter fermement et résolument la doctrine de la Sainte Trinité. Dans la première période de la Réforme ceux qui ont tenu une opinion radicale étaient peu nombreux et isolés. Ils n'ont pas constitué des communautés organisées et cependant il est compréhensible qu'ils n'aient laissé aucun document au sujet de toutes les formes liturgiques particulières, établies sur leur position doctrinale. C'était seulement en Pologne et en Lituanie que la confusion doctrinale au sein de la communauté de l’Eglise Réformée et le développement suivant des idées d'Anti-Trinitaires sont en question dans la formation des congrégations des croyants tenant ces vues. L'agenda de Morzkowski nous fournit la seule preuve existante du culte de l'Eucharistie dans les communautés Anti-Trinitaires en Pologne et en Lituanie, et, peut-être dans la totalité de l'Europe, et pour cette raison il est unique. Il est également d'une valeur particulière parce qu'il nous fournit des exemples des prières offertes à Dieu le Père par Jésus le Christ employées par ceux qui ont rejeté la doctrine de la Sainte Trinité et qui ont cherché à souligner l'unité de Dieu.

    La tradition du culte des Sociniens montre clairement des indications de leur ancêtre de l’Eglise Réformée. Le rituel de l'Eucharistie des Sociniens a été établi sur le modèle de Johannes Lasco dont ils avaient hérité de leurs ancêtres Réformés. L'influence du travail de Lasco est claire mais les Sociniens se déplaçaient tout à fait dans une direction différente de celle prise par les Polonais et les Lituaniens Réformés. Toute l’Eglise Réformée, particulièrement ceux en Pologne Mineure, montrait un intérêt croissant pour des formes et des prières pour le culte plus élaborées, tout en maintenant le cadre général que Lasco leur avait fourni. Les Sociniens se déplaçaient plutôt pour une direction différente. Ils ont pensé que même le travail de Lasco était trop élaboré et ne se sont pas encore rapproché assez étroitement de l'expérience des disciples dans la salle supérieure de la nuit de la trahison du Christ. Ils ont cherché une forme de culte qui serait complètement transparente, ainsi ils ont simplifié ou ont éliminé des parties de la liturgie de Lasco et ont substitué des prières de leur propre composition.

    L'agenda de Morzkowski indique que les Sociniens ont différé avec l’Eglise Réformée au sujet du but et de la direction de la célébration du Repas. Parmi les Polonais et les Lituaniens Réformés le service s'est appelé Repas du Seigneur et par l'influence de Calvin et des derniers théologiens de la tradition de l’Eglise Réformée ils ont compris le service pour être un moyen par lequel le chrétien individuellement héritait de la plus étroite communion spirituelle possible avec son Seigneur. Ils ont compris que pendant qu'ils participaient au pain et au vin terrestre ils entraient simultanément dans la communion spirituelle avec le Seigneur Jésus Christ dans son corps et sang. Les Sociniens n'ont pas accepté une telle compréhension. Ils ont considéré le service comme une action de la communauté, pour laquelle raison ils ont préféré l'appeler l'Eucharistie, dans laquelle tous ensembles ont contemplé et ont donné des remerciements pour les souffrances et de la mort cruelle que Jésus avait ainsi longtemps avant supporté en leur nom. Il n'y a aucune notion de communion individuelle ou de corporation sur la base de la participation pour le pain et le vin. En effet les éléments semblent avoir été donnés seulement pour une attention passagère. Ils ont été employés parce que le Christ dans la salle supérieure a ordonné qu'ils devaient être employés. Ainsi le service pour eux a constitué une occasion pour de sérieuses réflexions mentales et spirituelles desquelles la sincère action de grâce coulerait en avant.

     

    En général nous observons que le rite de l'Eucharistique du Morzkowski suit le modèle Réformé non seulement parce qu'il a rejeté la Masse traditionnelle avec les éléments du Missa catechumenorum  et du Missa fidelium, mais également parce qu'il clairement articule le principe Réformé du Finitum non capax infiniti. En effet ils sont allés au delà de l’Eglise Réformée en soumettant ce principe, comme démontre les formules d'administration de Morzkowski. Ses paroles nous rappellent la façon dont clairement ils ont distingué le terrestre du céleste d'une façon Néo--Platonique. Le pain et la coupe sont des signes du plein but pour lequel est ce regard au delà d'eux un qui est déplacé pour le souvenir du Christ qui ainsi s'est donné complètement pour l'homme pécheur. En disant que Morzkowski prouve que bien que les différences au sujet de la doctrine de Dieu aient différées radicalement, le Sociniens maintenaient toujours leur liaison avec le cœur de la pensée de l’Eglise Réformée, car elle avait été formulée dans les premiers jours de la Réforme suisse.

     

     

     

    Bibliographie

     

    Sources Primaires.

     

     

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    Akt usługi 1644

    AKT VSŁVGI CHRZTV S. Y S. WIECZERZEY PANSKIEY. Tákże AKT DAWANIA SLVBV Małżenskiego Dla prętszego y cżęstszego Vżywánia Z AGENDY Zborow ewangelickich koronnych y Wielkiego Xśięstwa Litevvskiego Wyięty. 1.Cor.14. w. 19.40. WE ZBORZE wolę pięć słow zrozumitelnie przemowić, ábym y drugich náuczył, niżeli dzieśięć Tyśięcy słow ięzykiem obcym. Wszytko się niechay dzieie przystoynie y porządnie. Drukovvano vv Lubecżu. Anno 1644.

    Akta synodów 1915

    Akta Synodów prowincjalnych Jednoty Litewskej 1611 - 1625. Monumenta Reformationis Polonicae et Lithuanicae. Serya IV, Zeszyt II. Wilno 1915.

    Akta synodów I

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    Akta Synodów różnowierczych w Polsce. Tom I (1550-1559). Opracowala Maria Sipayłło. Warszawa 1966.

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    Akta Synodów różnowierczych w Polsce. Tom II (1560-1570). Opracowala Maria Sipayłło. Warszawa 1972.

    Akta synodów III 1983

    Akta Synodów różnowierczych w Polsce. Tom III (Małopolska 1571-1632). Opracowała Maria Sipayłło. Warszawa 1983.

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    Akta tho iest sprawy Zboru krześciańskiego Wileńskiego, ktore się poszęli Roku Pańskiego 1557 Miesięca Decembra Dnia 14. Za sprawą kxiędza Simona z Prossowic, tego zboru superintendenta, Kaznodzieie Oświeconego Książęćia pana Mikołaia Radźiwiła, Woiewody Wileńskiego etc. w Brzesciu Litewskiem 1559. Monumenta Reformationis Polonicae et Lithuanicae. Serya X, Zeszyt I. Wilno 1913.

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    Confessia. Wyznánie wiáry powszechnej Kościołów Krześćiáńskich Polskich Krotko á prostemi słowy zámknione / wedle podánia Apostolskiego y sthárych Doktorow... W Krákowie Drukował Máciey Wirzbiętá / Typograph Krolá Jego M. 1570. - reprint edition: D. Długosz-Kuczarbowa, Warszawa 1995.

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    Formá álbo porządek spráwowánia świątosći Pańskich / iako Krztu Swiętego / y społecżnośći Wiecżerzey Pańskiey / przytym y inszych Ceremoniy albo posługowania Zboru Bożego / ku potrzebie pobożnym Pasterzom / y prawdziwym Ministrom Pana Krystusowym / znowu wydana y drukowana w Wylnie. Roku od národzenia Syná Bożego: 1581.

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    SPRAWA Wieczerzey Panskiey. Library of the Lithuanian Academy of Sciences in Vilnius. Sprawy-Duchowne 1612-1853, No.: F40-460. 

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    Katechizm Zboru tych ludzi, ktorzy w Krolestwie Polskim y w Wielkim Xięstwie Litewskim y w inych Państwach do Korony należących twierdzą y wyznawaią, że nikt inszy, iedno Ociec Pana naszego Jezusa Christusa iest onym iedynym Bogiem Izraelskim: a on człowiek Iezvs Nazarański, ktory się z Panny narodził, a nie żaden inszy oprocz niego, abo przed nim iest iednorodzonym Synem Bożym. Ose. 14 v.10 w Rakowie, Roku od narodzenia Pańskiego 1605.

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    Porządek nabożeństwa 1599

    PORZĄDEK nabożeństwá Kośćiołá powszechnego Apostolskiego / słowem Bożym zbudowánego y vgruntowánego ná Jezusie Chrystusie: ktory iest Bogiem Izráelskim / Synem Bożym przedwiecżnym społistnym z Oycem / Zbáwicielem / Kápłanem / Przycżyńcą iedynym namiestniká nie máiącym / y dosyć vcżynieniem zá grzechy ludzkie. Spisány ku chwale BOGV W TROYCY iedynemu: Roku 1598. Przez Xiędzá KRZYSZTOFA KRAIŃSKIEGO, Superintendentá Kośćiołow reformowánych w máłej Polszcże / zá rádą y dozwoleniem bráćiey Distriktu Lubelskiego. Drukowano w Toruniu / Roku 1599.

    Porządek nabożeństwa 1602

    Porządek NABOZENSTWA KOSCIOLA POWSZECHNEGO APOSTOLSKIEGO, Słowem Bożym vgruntowánego y zbudowánego ná Iezvsie Krysvtvsie. Spisány ku chwale BOGV W TROYCY IEDYNEMV: ROKV 1602. Przez Stársze Kośćiołow reformowánych w máłey Polszcże, zá rádą y dozwoleniem Synodu Prouinciálnego Ożarowskiego y Włodzisłáwskiego.

    Porządek nabożeństwa 1614

    PORZĄDEK NABOZENSTWA KOSCIOŁA POWSZECHNEGO APOSTOLSKIEGO, Słowem Bożym vgruntowánego y zbudowanego, Ná Iezusie Krystusie Spisány, ku chwale BOGU W TROYCY JEDYNEMU: ROKU 1602. Przez Stársze Kośćiołow reformowánych w małey Polszcze, za rádą y dozwoleniem Synodu Provincialnego Ożarowskiego, Włodźisławskiego, y Łańcutskiego. Powtore Drukowano / Roku 1614.

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    Petkūnas 2004

    Darius Petkūnas Rie de la Sainte Communion Rites en Pologne Lituanie Réformées Agendas du 16ème et début du 17 ème siècle. [Doctoral dissertation, Helsinki, 2004].

     http://ethesis.helsinki.fi/julkaisut/teo/kayta/vk/petkunas/

    Petkūnas 2005

    Darius Petkūnas Consensus of Sandomierz – A Document Œcuménique Unique dans le  16ème siècle du Christianisme Protestant Polonais–Lithuanien.. – Tiltai, 2005, 1 (30). Klaipėda 2005.

    Puryckis 1919

    Joseph Puryckis Die Glaubenspaltung in Litauen im XVI. Jahrhundert bis zur Ankunft der Jesuiten im Jahre 1569. Freiburg 1919.

    Thompson 1972

    Bard Thompson Liturgies of the Western Church. New York 1972.

    Wilbur 1925

    Earl Morse Wilbur Notre Héritage Unitarien. Boston 1925.

    Williams 1962

    George H. Williams La Réforme Radicale. Philadelphie 1962.

    Wotschke 1911

    Theodor Wotschke Geschichte der Reformation in Polen. Halle 1911.

    Кареев 1886

    Николай Иванович Кареев Очеркь истории реформационнаго движения и католической реакции вь Польше. Москвa 1886.

    Любовичь 1883

    Николай Любовичь История Реформации вь Польше. Кальвинисты и антитринитарии. Варшавь 1883.

    Любовичь 1890

    Николай Любовичь Начало католической реакции и упадокь реформации вь Польше. Варшава 1890.

     

    Notes de f

     

    Petkūnas 2004.

    Lubieniecki 1995.

    Bock 1774, 89-92; Bock 1753, (chap. 17) 895f.

    Les Frères Polonais 1980, 424.

    Les Frères Polonais 1980, 420-474.

    Lubieniecki 1995, 337.

    Akta synodów I 1966, 36.

    Akta synodów I 1966, 48-52; Lubieniecki 1995, 321-322.

    Akta to jest sprawy 1913, 5; Lukšaitė 1999, 308-309.

    10 Lubieniecki 1995, 176, 199-201, 323-324.

    11 Pour cette raison leur Bible, publiée en 1563 dans Brześć Litewsk par les efforts de Radziwiłł tle Noir, était par la suite jugée par certains étudiants de la période pour être Anti-Trinitaire. Любовичь 1883, 269.

    12 Akta Synodów II 1972, 58; Lubieniecki 1995, 324.

    13 Lukšaitė 1999, 305.

    14 Lubieniecki 1995, 324.

    15 Stanisław Lutomirski était élu superintendant au synode Anti-Trinitaire de Pińczów le 14 Octobre, 1563. Akta Synodów II 1972, 349.

    16 Akta synodów II 1972, 351; Lubieniecki 1995, 188-198.

    17 Akta synodów II 1972, 149; Lubieniecki 1995, 325, 328.

    18 Akta synodów II 1972, 152. Ceci supporte le suspicion qu'il était lui-même attiré pour cette nouvelle théologie. Il Ya une preuve qu'en 1564 il déposait certains prédicateurs Calvinistes orthodoxe des régions sous son contrôle. Любовичь 1890, 116; Puryckis 1919, 140.

    19 Akta synodów II 1972, 175-192; Wotschke 1911, 212-213; Lubieniecki 1995, 247-252, 338-339.

    20 Lubieniecki 1995, 634 fn. 348.

    21 Lubieniecki 1995, 339.

    22 Akta synodów I 1966, 2.

    23 Akta synodów I 1966, 35.

    24 Lasco II 1866, 53-55; Naunin 1910, 197.

    25 Lasco II 1866, 57-59.

    26 Lasco II 1866, 52-55; Naunin 1910, 209.

    27 Lubieniecki 1995, 258-264.

    28 Lubieniecki 1995, 342-346.

    29 Wilbur 1925, 138-139; Williams 1962, 639-653, 738-746.

    30 Lubieniecki 1995, 342-346.

    31 Lubieniecki 1995, 265-266.

    32 Lubieniecki 1995, 241-244, 268-269.

    33 Lubieniecki 1995, 279, 346.

    34 Lubieniecki 1995, 347-379.

    35 Lubieniecki 1995, 381-389.

    36 Lubieniecki 1995, 340.

    37 Lubieniecki 1995, 334-335.

    38 Merczyng 1905, 142.

    39 Katechizm Zboru 1605.

    40 Les Frères Polonais 1980, 183.

    41 Les Frères Polonais 1980, 185.

    42 Lubieniecki 1995, 279, 340.

    43 Akta synodów II 1972, 295; Petkūnas 2005, 85-104.

    44 Lubieniecki 1995, 340.

    45 Wilbur 1925, 155; Lubieniecki 1995, 340-341, 753 fn. 15.

    46 Lubieniecki 1995, 387, 893.

    47 Lukšaitė 1999, 410.

    48 Lubieniecki 1995, 871.

    49 Lukšaitė 1999, 410-412.

    50 Lubieniecki 1995, 385; 869-871.

    51 Les Frères Polonais 1980, 250-251; Lubieniecki 1995, 290-291.

    52 Les Frères Polonais 1980, 27-28.

    53 Confession de Foi Chrétienne, Publiée dans le Nom des Eglises Polonaise qui Professe Un Dieu et son Seul-aimé Fils Jésus Christ avec the Saint Eprit (Wrócmirowa, 1642); Le Document est publié dans : Les Frères Polonais 1980, 385-418.

    54 Кареев 1886, 189.

    55 Les Frères Polonais 1980, 495-496.

    56 Les Frères Polonais 1980, 7-8, 44; Lukšaitė 2003, 131.

    57 Les Frères Polonais 1980, 423-424.

    58 Les Frères Polonais 1980, 424.

    59 Les Frères Polonais 1980, 448.

    60 Les Frères Polonais 1980, 454.

    61 Les Frères Polonais 1980, 461.

    62 Les Frères Polonais 1980, 462-463.

    63 Les Frères Polonais 1980, 463.

    64 Akta synodów II 1972, 203; Akta Synodów III 1983, 40.

    65 Heidelberg Catéchisme. Question et Réponse 82.

    66 Les Frères Polonais 1980, 465-467.

    67 Akta synodów II 1972, 203, 320.

    68 Les Frères Polonais 1980, 424.

    69 Akta synodów 1915, 60.

    70 Les Frères Polonais 1980, 468.

    71 Thompson 1972, 203-204.

    72 Agenda 1637, 79-99.

    73 Les Frères Polonais 1980, 468.

    74 Akta synodów II 1972, 272-273, 297; Akta Synodów III 1983, 12, 40, 82.

    75 Lasco II 1866, 143.

    75 Forma albo porządek 1581, bij.

    77 Lasco II 1866, 163.

    78 Forma albo porządek 1581, bv; Porządek nabożeństwa 1599, 163; Porządek nabożeństwa 1602, 34-35; Porządek nabożeństwa 1614, 43-45; Forma albo porządek 1621, 75; Agenda 1637, 110-112; Akt usługi 1644, 29-32.

    79 Les Frères Polonais 1980, 469.

    80 Les Frères Polonais 1980, 469.

    81 Les Frères Polonais 1980, 469.

    82 Les Frères Polonais 1980, 470.

    83 Lasco II 1866, 163-164.

    84 Lasco II 1866, 165.

    85 Forma albo porządek 1581, c-cij; Porządek nabożeństwa 1599, 172-175; Porządek nabożeństwa 1602, 40-41; Porządek nabożeństwa 1614, 49-52; Forma albo porządek 1621, 75; Agenda 1637, 116-119; Akt usługi 1644, 34-41.

    86 Petkūnas 2003, 75-88.

    87 The Polish Brethren 1980, 470.

    88 Lasco II 1866, 165-166.

    89 Forma albo porządek 1581, cij-ciij; Forma albo porządek 1621, 76.

    90 Porządek nabożeństwa 1602, 42; Porządek nabożeństwa 1614, 52-53.

    91 Confessia 1570, d-diij.

    92 Les Frères Polonais 1980, 470-471.

    93 Lasco II 1866, 166-167.

    94 Forma albo porządek 1581, b-ciij; Forma albo porządek 1621, 76-77.

    95 Porządek nabożeństwa 1599, 174-176.

    96 Porządek nabożeństwa 1602, 42-44; Porządek nabożeństwa 1614, 53-54.

    97 Porządek nabożeństwa 1599, 176; Porządek nabożeństwa 1602, 44; Porządek nabożeństwa 1614, 55; Agenda 1637, 127; Akt usługi 1644, 48.

    98 Les Frères Polonais 1980, 471.

    99 Forma albo porządek 1581, ciij; Forma albo porządek 1621, 77.

     

    * * *

     

                Dr. Darius Petkūnas. Polish and Lithuanian Anti-Trinitaire Eucharistic Practice in the 16th and 17th Centuries. - Suomen kirkkohistoriallisen seuran vuosikirja 95 / 2005 = Finska kyrkohistoriska samfundets årsskrift (Jahrbuch der finnischen Gesellschaft für kirchengeschichte). Editeurs Ketola Mikko & Laine Tuija. Helsinki 2005, p. 100-135.
     

    DidierLe Roux

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  • Un exemple remarquable de la Providence de Dieu, visible lors d'un voyage de Christophe Crellius

    Un exemple remarquable de la Providence de Dieu,
    visible lors d'un voyage de Christophe Crellius.

      

    [Copié à partir de documents Manuscrit de Samuel Crellius (Amsterdam, 1774). La lettre originale a été écrite en latin, puis traduite en néerlandais. Une version anglaise de la copie néerlandaise, communiquée au Révérend Robert Aspland par M. Fred. Adrian Vander Kemp, des États-Unis d'Amérique, a été insérée dans le "Monthly Repository" en 1810, Vol. XJ. pp. 633-635, à partir de laquelle elle a été transférée à cet appendice.]

    Samuel Crellius souhaite le bonheur à H. V. O.


    Je vais, pour satisfaire votre désir, vous communiquer par écrit un remarquable événement, que vous avez écouté avec plaisir. Quand mon père, Christophe Crellius, avec d'autres unitariens, a été chassé de Pologne dans l'année 1666, il fit la connaissance à Londres d'une femme pieuse, qui a été instruite par John Biddle et appelée Stuckey, la mère de Nathaniel Stuckey, un jeune homme de bel espoir, et qui a été mentionné par Sandius, dans sa Biblioth. Antitrin. à la page 172, mais qui, très prématurément, et si je ne me trompe pas, est décédé dans la seizième année de son âge. Cette femme a parlé à mon père de cette manière : "Vous, mon cher Crellius qui errait maintenant en exil, dans la pauvreté, veuf et avec quatre enfants; donnez-moi deux d'entre eux, un fils et une fille, et en Angleterre je prendrai soin de leur éducation". Mon père l'a remercié chaleureusement, et promit d'y réfléchir. lors du retour en Silésie, il consulta ses amis sur le sujet, et partit avec son fils aîné et sa fille, dans l'année 1668 de Breslau, à travers la Pologne vers Dantzig, pour embarquer à partir de là aux Pays-Bas, et ainsi en Angleterre. Ce voyage à Dantzig mon père l'a entrepris avec son propre chariot et ses chevaux. Son chauffeur était le pieux Paul Sagosky, dont j'ai entendu un compte rendu de l'événement dans Brandebourg, en Prusse, dans l'année 1704, alors qu'il était fort avancé en âge.


    C'était l'après-midi, le soleil déclinait à l'ouest, lorsque mon père, seulement à douze miles polonais de Dantzig, atteignait une taverne, dans laquelle il décida de rester cette nuit-là, parce qu'il voyait devant lui un grand bois, dont il ne pouvait pas franchir avec la lumière du jour. Il jugea déconseillé d'y entrer de nuit, incertain s'il pourrait trouver une autre maison, et par ailleurs, il ne connaissait pas bien la route. Ils se sont arrêtés à la taverne, et mirent le chariot dans une grande écurie et les chevaux attachés à la mangeoire. La propriétaire, son mari étant à la maison, les reçut avec civilité. Elle donna l'ordre de prendre les bagages de la voiture, et de les amener dans la salle intérieure, où elle invita mon père avec les enfants à la table. Pendant ce temps le cocher, quand il avait nourri les chevaux, explora la spacieuse écurie, sans oublier d'examiner avec attention chaque coin de la rue, parce que les tavernes en Pologne, à une telle distance des villes et des villages, étaient rarement un refuge sûr pour les voyageurs, et il y avait toujours une crainte des voleurs et des assassins. Dans cette recherche, il découvrit dans un coin de l'étable un grand tas de paille, dont il déménagea une partie avec un bâton, quand il s'aperçut que cette paille recouvrait un grand trou qui émettait une odeur repoussante, tandis que la paille était entachée de sang. Sur ce, il retourna directement à la salle intérieure, mentionna à mon père en secret ce qu'il avait vu, et dit qu'il ne doutait pas que la propriétaire était une voleuse et une meurtrière.


    Mon père quitta la chambre directement, et après avoir vérifié le fait, commandait directement de rapporter les bagages sur le chariot et d'atteler.


    Lorsque la propriétaire observa ces préparatifs, elle montra sa surprise, et dissuada mon père de procéder à son voyage à travers un grand bois par une nuit froide avec deux jeunes enfants, et s'engagea à s'efforcer de rendre leur séjour aussi confortable qu'il était en son pouvoir, mais il répondit, que quelque chose de très intéressant avait frappé son esprit, ce qui lui rendait impossible de rester là, et l'obligeait à partir. Il la remercia pour ses civilités, alla avec ses enfants dans la voiture et s'en alla.


    Quand ils arrivèrent dans le bois, ils rencontrèrent le propriétaire conduisant un chargement de bois, qui aborda mon père, "Monsieur," dit-il, "je vous en prie, pour ce qui vous pousse à entrer dans ce bois si grand et étendu et coupé par deux ou trois chemins de traverse, à l'automne de la soirée, à l'approche de la nuit, dont je ne doute pas que vous allez perdre la bonne route, et que vous resterez dans le bois pendant la nuit: vous mettrez en danger votre santé et en péril ces jeunes enfants; revenez plutôt avec moi à ma taverne, vous-même et vos chevaux vous rafraîchirez, passerez une nuit confortablement, et continuerez votre voyage tôt le matin". Mon père répondit, qu'il était obligé de procéder sur son voyage, mais il était désagréable. Le propriétaire exhorta ses prières avec une plus grande importunité, et s'approchant de la voiture de mon père, il lui prit la main. Il recommença à le dissuader par un autre moyen avec un front plissé et un visage sombre, et insista sur le fait qu'ils devaient retourner; sur quoi mon père ordonnait au cocher de fixer son fouet sur les chevaux, pour se dégager de cet homme dangereux, ce qu'il réussit.


    Ensuite, alors, ils poursuivirent. Mon père, assis dans le wagon, envoya ses prières à haute voix à son Dieu, comme c'était son habitude lors de ses voyages, et recommanda lui-même et ceux qui lui étaient chers dans cette situation périlleuse à sa sollicitude providentielle, dans laquelle dévotion il était accompagné par le coché et ses deux enfants. En attendant, le soleil s'était couché, une obscurité croissante prévalut, ils perdirent la route, et sont entrés dans un marais profond, dans lequel bientôt le chariot se retrouva bloqué, les chevaux étant trop fatigués pour tirer à nouveau. Mon père et le cocher sautèrent du wagon dans la boue, s'armèrent de force, et animèrent les chevaux avec des mots et le fouet, mais en vain; le chariot ne put être bougé d'un seul centimètre. Mon père craint alors qu'il devait passer la nuit dans cet endroit lugubre, et que lui ou son cocher devait être contraint de quitter le bois le lendemain matin, et chercher de l'aide dans le village le plus proche, sans même une chance de succès. Pendant ce temps rien ne sortait de lui sauf des exclamations silencieuses à son Dieu.


    Après avoir couvert ses enfants aussi bien qu'il le put, et les avoir protégé contre une nuit froide et rigoureuse, il se dirigea à une petite distance de son chariot, et s'employa à envoyer ses prières à son Dieu, quand il vit un homme de petite taille, dans un manteau gris ou blanchâtre, avec un bâton à la main, s'approchait de lui. Après les salutations réciproques, cet homme demanda à mon père ce qu'il faisait là-bas, et pourquoi il voyageait dans la nuit, et en particulier par le biais d'un tel bois? Mon père lui expliqua alors l'ensemble, et le pria de l'assister ainsi que son cocher, d'essayer une fois de plus avec son aide, s'ils pouvaient tirer le chariot et les chevaux du bourbier de ce marais, et de les amener sur la bonne voie. Je vais essayer, dit-il, si je peux effectuer quelque chose; sur quoi il s'approcha du chariot, et plaça son bâton sous les roues de devant, et qui semblait se soulever un peu; fît de même pour les roues arrière, puis mit la main au chariot, pour le tirer avec mon père et le cocher de la boue. Au même moment, il interpella les chevaux, qui, sans aucune difficulté apparente, quittaient le marais et tiraient le wagon sur un terrain solide. Après cela, l'étranger les conduisit dans la bonne voie, d'où ils s'étaient égarés, et leur dit de garder maintenant cette route, et de ne s'en écarter ni à droite ni à gauche. Et quand, dit-il, vous serez arrivés à la fin de ce bois, vous découvrirez à une certaine distance une lumière dans l'une des maisons les plus proches du village, où vous devez arriver. Dans cette maison vit un homme pieux, qui, bien qu'il soit tard, vous recevra civilement, et vous donnera un logement pour la nuit. Mon père remercia chaleureusement cet homme pour son aide et instruction, et alors qu'il se détournait de lui, il mit sa main dans sa poche, et lui offrit un peu d'argent, et il avait disparu. Mon père en regardant à nouveau ne vit personne; il regarda autour de lui, et même le rechercha un certain temps, mais ne pouvait pas le retrouver: alors il cria d'une voix forte, "Où êtes-vous, mon ami! revenez à moi, je vous prie, j'ai encore quelque chose à vous dire", mais il ne reçut aucune réponse, ni ne vit à nouveau son libérateur. Surpris et étonné, il attendit encore un long moment, monta sur son chariot, et remercia Dieu pour cette faveur. Ils arrivèrent en toute sécurité à travers le bois, et aperçurent la lumière dans cette maison, dont l'étranger avait parlé. Mon père frappa doucement à la fenêtre, laquelle, le maître de maison ouvrit, et regarda pour voir qui il était. Mon père demanda s'il pouvait lui offrir un logement ? Il répondit en demandant, comment ils sont arrivés si tard, et pourquoi ils continuaient leur voyage après minuit, non loin de l'aube? Mon père développa la raison en quelques mots, et ensuite était reçu amicalement. Une fois à table, mon père lui donna un compte rendu plus circonstanciel, et lui demanda s'il n'avait jamais vu ou connu un tel homme, que celui qui le conduisit sur la bonne voie dans le bois, et dont il lui donna une description du visage et les vêtements : il répondit qu'il ne connaissait pas un tel homme, mais qu'il savait très bien que la taverne de l'autre côté du bois n'était pas un lieu sûr pour les voyageurs. Après un certain temps, il regarda accidentellement l'un des coins de la pièce, non loin de la table, où il vit des livres sur un banc. Prenant l'un de ceux-ci et le regardant, il vit que c'était un livre d'un unitarien polonais. Cette curiosité alarma le maître de la maison; mais dès que mon père s'en aperçut, il lui dit: Gardez courage, ami! Je ne vais pas vous mettre en difficulté pour ce livre, ni informer contre vous pour hérésie; et pour vous donner plus de confiance dans cette assurance, je dois vous dire que moi aussi je suis un unitarien. Puis il lui dit son nom, dont la renommée était connue de son propriétaire, qui maintenant rempli de joie était ravi de recevoir un tel hôte dans sa maison. Mon père adorait les voies de la Providence de Dieu, en l'apportant à cet endroit. Cet homme était un tisserand, qui, lorsque les unitariens furent bannis de Pologne, est resté ici pendant plusieurs années, caché par la faveur d'un noble, le Seigneur de son village, et d'un esprit libéral pour la religion. Il ne permit pas à mon père de partir le lendemain, mais le persuada de rester avec lui quelques jours de plus, et traita avec beaucoup d'hospitalité mon père avec ses enfants, le cocher et les chevaux.


    Il y a d'autres exemples d'une providence particulière en ce qui concerne les unitariens polonais, dont je vous ai parlé un peu ces derniers temps; et il serait une chose souhaitable, si tout cela avait été enregistré directement par ceux qui pourraient témoigner pour eux. Adieu.


    Amsterdam, août 1730.


    N ° XIX. (Vol. III. P. 360)

     

     
     DidierLe Roux

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  • Ebionites et Unitariens

    Ebionites et Unitariens

     

    LEbionites et Unitariense dictionnaire biblique et théologique (seconde édition 1832) : explications de l'histoire, manières et coutumes des Juifs, et nations voisines, de Richard Watson, nous donne une approche quant à un étroit lien entre Ebionites et Unitariens, pour des croyances communes.

      

    Les Ebionites étaient considérés pour être une secte des deux ou trois premiers siècles, mais il n'est pas certain qu'ils recevaient leur nom du nom de Ebion (dont le Dr Larner considère comme un disciple de Cérinthe,) ou de la signification du mot Hébreux ebion, qui implique la pauvreté, et pour le dernier, s'ils assumaient le nom, come affectant d'être pauvre, comme le Fondateur du Christianisme, ou s'il était conféré sur eux par voie de reproche alors étant pour de bas ordres. L'utilisation du terme, ainsi, selon le Dr Horsley, était variée et indéfinie. Parfois, il était le nom particulier de ces sectes qui niaient la divinité de notre Seigneur, et sa conception miraculeuse. Alors sa signification était étendue, pour prendre part dans un autre parti, qui admettait la conception miraculeuse de Jésus, mais toujours niait sa divinité, et questionnait pour son existence antérieure. Pour ce dernier, il semble, les Nazarites, mais cette erreur était plutôt une sévère superstition dans leur pratique, que pour n'importe quelle déficience de leur foi, qui était incluse par Origène dans l'infamie de cette appellation. Le Dr Priestley, clamait les Ebionites comme des Juifs Unitariens, considérait les anciens Nazaréens, ceux-ci, il pense être les premiers Juifs convertis, alors les vrais Ebionites qui étaient appelés Nazaréens, de leur attachement à Jésus de Nazareth, et Ebionites, de leur pauvreté signifiant la condition, juste comme certains réformateurs étaient appelés Beghards, ou Beggars. Le Docteur cite les autorités d'Origène et Epiphane, pour prouver que ces deux dénominations relataient des mêmes personnes, différentes seulement, comme les sociniens, en recevant ou rejetant le fait d'une miraculeuse conception, et jamais, comme il nous l'assure, étaient reconnus hérétiques par aucun des écrivains des deux premiers siècles. Pour ceci le Dr Horsley répond, que Juifs et païens appelaient les premiers chrétiens Nazaréens, en allusion pour la signification et le lieu de naissance de leur Maître, Jésus de Nazareth, Matthieu 2:23 ; Actes 10:38, mais insiste, et répond à chaque preuve pour le contraire, que le terme de Nazaréen n'était jamais appliqué pour n'importe quelle distincte secte de chrétiens avant la destruction finale de Jérusalem par Adrien. Le Dr Seller, un écrivain allemand, donne l'avis suivant : "Ceux qui le plus rigidement maintenaient les observances de la Loi Mosaïque, et qui étaient nombreux en Palestine, sont appelés usuellement Ebionites et Nazaréens. Certains croient qu'ils ne devraient pas être reconnus hérétiques, d'autres pensent qu'ils étaient unis en doctrine, différents seulement pour le nom, d'autres les placent dans le second siècle. C'est que d'une petite conséquence, si nous distinguons les Nazaréens des Ebionites. Il est certain que les deux classes étaient tenaces pour les cérémonies Mosaïques, et plus inclinées pour les Juifs que pour les gentils, bien qu'ils admettaient le messianisme de Jésus dans une très basse et judaïsante manière. Les Ebionites tenaient en exécration les doctrines de l'apôtre Paul. "

      

    1. Le Dr J. Pye Semler, qui note ce passage du Dr Semler, ajoutait, "Tel, il est appréhendé, sur les fonds d'une raisonnable probabilité, que l'origine de l'unitarisme, l'enfant du Judaïsme mal compris, et d'un christianisme imparfaitement reçu. " 

     

    2. Sur cette controverse une grande lumière, cependant, avait été jetée depuis par le Dr Burton. Il est bien connu que les Cérinthiens et Ebionites étaient les enseignants de l'authentique chrétienté, et que la doctrine de la divinité du Christ et de l'universelle rédemption par son sang, étaient les inventions de ceux qui corrompaient les prédications des apôtres. Si ceci était aussi, nous devons convaincre tous les pères, non seulement de l'ignorance et d'une erreur, mais d'une délibérée et obstinée fausseté. Pour supposer que les pères du second siècle étaient ignorants de ce qui était authentique et de ce qui était faux dans le christianisme, serait une audacieuse hypocrisie, mais si Irénée, le disciple de Polycarpe, affirmait, comme une matière de fait, que St Jean écrivait son évangile pour réfuter les erreurs de Cérinthe, c'est simple, mais parfois pire, de dire que Irénée ne faisait pas connaître à certains si le fait était réel aussi. Aussi loin, alors, que le témoignage des pères est concernait, les Cérinthiens et les Ebionites étaient décidément hérétiques. Les unitariens, sur l'autre côté, maintenaient que les Ebionites étaient les vrais et authentiques croyants, et c'est facile de voir que la préférence était donnée pour ces enseignants, en raison qu'ils tenaient Jésus pour être né de parents humains. Jamais, je n'ai conçu, que c'était ici une plus infortunée et fatale alliance formée pour celle entre les Ebionites et les Unitariens modernes. Nous trouvons les Ebionites référés pour, comme s'ils s'accordent sur chaque point avec la croyance socinienne et unitarienne, et encore il peut presque être aussi affirmé, que pas simplement sur un point de leurs sentiments ils coïncidaient exactement. Si un réel Ebionite souhaitait se déclarer, nous ne serions pas effrayés de le rencontrer. Laissons le avouer sa foi, laissons le croire le Christ comme Ebion ou Cérinthe enseignaient, laissons le adopter les folies furieuses des Gnostiques, nous verrons alors avec qui nous aurons à combattre, nous pouvons ceindre sur l'épée d'Irénée, et le rencontrer dans le champ. Mais ne  le laissons pas choisir quelques ingrédients, seulement du poison, et ne le laissons pas prendre une part de leur système entiché. S'il souhaite se pencher sur ce roseau broyé, laissons le parler pas plus d'Ebion ou Cérinthe seulement, mais laissons le dire audacieusement, soit que les gnostiques sont en accord avec les apôtres, ou que les gnostiques prêchent l'évangile, tandis que les apôtres étaient en erreur.

     

    3. Nous pouvons à peine supposer que les unitariens être ignorants que les Ebionites et Cérinthiens étaient une branche des gnostiques. Si le fait est nié, la totalité de cette discussion pourrait aussi bien immédiatement être refermée. Nous ne connaissons rien de Ebion et de Cérinthe, sauf des écrits des pères. Si ceci n'avait pas été connu d'eux, nous ne devrions jamais avoir connu ses personnes pour penser Jésus être né de parents humains : les mêmes pères unanimement ajoutaient, que dans ce point ils différaient des précédents Gnostiques, bien que s'accordant avec eux sur d'autres points. Si nous sommes pour recevoir le témoignage des pères pour une particularité, mais de la rejeter dans chaque autre, je n'ai pas besoin de dire que cet argument est inutile. Mais le fait ne peut jamais être nié ni éludé. Les Cérinthiens, de qui certains unitariens étaient appelés, ne font pas l'affirmation de la création de la parole de Dieu, mais pour un être inférieur. Egalement le reste des Gnostiques, qui greffaient cette philosophie sur le Judaïsme, les Cérinthiens et les Ebionites retenaient certaines des cérémonies Juives, bien qu'ils rejetaient certaines des écritures Juives. Beaucoup d'eux enseignaient que les restreintes morales étaient inutiles, et les Cérinthiens, c'est bien connu, promettaient pour leurs disciples un millénium de sensuelle indulgence.  Avec respect pour leurs notions pour le Christ, il est vrai, qu'ils croyaient Jésus pour être né de parents humains, et que le fait est référé aussi, comme s'il était pour prouvé la fausseté de ce qui est appelé la miraculeuse conception de Jésus. Mais il est évident que ce principe est mentionné par les pères, comme étant opposé à celui des autres Gnostiques, qui tenaient que le corps de Jésus était un fantôme d'illusion. Telle avait été jusqu'ici la croyance de tous les Gnostiques. Mais Cérinthiens et Ebionites, qui étaient peut-être plus rationnels dans leurs spéculations, et qui vivaient après la parution des trois premiers évangiles, ne pouvaient pas résister la preuve que Jésus était vraiment né, et qu'il avait un réel, et substantiel corps. C'est le moyen de l'établissement, que Cérinthe et Ebion croyaient Jésus pour être nés de parents humains, il démontrait qu'ils n'étaient pas des Docètes. Mais en raison qu'il y avait d'autres Gnostiques qui étaient plus irrationnels et visionnaires qu'eux-mêmes, nous ne sommes pas immédiatement pour déduire que leur propre notion concernant la naissance du Christ était la seule véritable. Ils croient, au moins, beaucoup d'eux croyaient, que Jésus était né dans la voie ordinaire, que Joseph était son parent aussi bien que Marie. Mais ils pouvaient à peine être appelés croyants aussi, car ils s'accordent avec tous les Gnostiques en pensant (Bien qu'il puisse sembler comme si ce point avait été oublié) que Jésus et Christ étaient des personnes séparées : qu'ils croient, comme j'avais déjà établi, que Christ descendait sur Jésus à son baptême, et le quittait avant sa crucifixion. Ils étaient cependant presque obligés de croire que Jésus, avait rien de divin dans sa nature, et aucun miracle dans sa naissance, de la même manière qu'ils croyaient que la mort du Christ, de laquelle le Christ s'était alors écartée, était aussi la mort de n'importe quel ordinaire humain, et qu'il n'y avait pas de rachat pour ceci. Mais sommes-nous sur ces fonds pour rejeter la conception miraculeuse et le rachat du Christ ? Où les unitariens sont pour notifier ces Gnostiques alors tenant la nature humaine de Jésus, et d'oublier que par Jésus ils signifient une personne totalement différente du Christ ?

      

    4. Nous avons dit, en effet, que la première partie de l'évangile de Matthieu est suspicieuse, en raison que les Ebionites la rejetaient. Sans aucun doute ils le faisaient. Ils lisent dedans que Jésus Christ était né, non seulement Jésus, et qu'il était né d'une vierge. Ils rejettent cependant cette partie de l'évangile de St Matthieu, ou plutôt, en mutilant et altérant la totalité de celui-ci, ils composaient un nouvel évangile pour eux-mêmes pour suivre leur but, et encore celui-ci est la seule autorité qui est notée pour rejeter le commencement de l'évangile de St Matthieu. Le fait, que certains mêmes des Ebionites croyaient la conception miraculeuse, parlant infiniment plus en faveur de l'authenticité de cette partie de l'évangile, et pour la vérité de cette doctrine elle-même, alors il peut être déduit sur le côté opposé ceux qui niaient cette doctrine, et mutilaient l'évangile. Ces autres Ebionites, apparaissent dans ce respect pour être d'accord avec les premiers sociniens, et pour avoir tenu que Jésus était né d'une vierge, bien qu'ils ne croyaient pas dans sa divinité ou préexistence. Mais la miraculeuse conception était aussi entièrement contraire à toutes opinions préconçues, et la plus simple des doctrines des autre Ebionites et Cérinthiens étaient ainsi beaucoup plus suivies pour le système gnostique, qui séparait Jésus du Christ, que la preuve doit avoir été presque irrésistible, qui pose une partie des Ebionites pour embrasser une doctrine contraire pour toute expérience, contraire aux sentiments de leurs frères, et à peine réconciliable avec d'autres parties de leur propre croyance. Le témoignage, cependant, de ces Ebionites, en faveur de la miraculeuse conception, est solide, peut-être, de même que pour des personnes qui recevaient la totalité de l'évangile, et différaient sur aucun point de la doctrine des apôtres. Si les apôtres avaient prêchés, selon l'établissement des unitariens, que Jésus était simplement un être vivant, né d'une manière ordinaire, ce qui pourrait avoir porté les Gnostiques de la ranger immédiatement avec leurs Archontes, qu'ils croyaient pour avoir été produits par Dieu, et pour avoir habités avec lui des âges infinis dans la toute puissance divine ? Il n'y avait pas littéralement un simple hérétique dans le premier siècle, qui ne croyait pas que Christ venait du ciel : ils inventaient, c'est vrai, diverses absurdités pour conter son union avec l'homme Jésus, mais la juste et légitime inférence de ce fait voudrait être, que les apôtres prêchaient ceci dans une certaine voie ou autre que l'humaine nature était unie à la divine. Aussi loin pour la doctrine socinienne ou unitarienne étant supportée par celle des Cérinthiens et Ebionites, je n'ai aucune hésitation de dire, que pas une seule personne n'est enregistrée pour la totalité du premier siècle qui toujours imaginait que Christ était un simple homme. Il avait été observé, qu'une branche des Ebionites ressemblait aux premiers sociniens, qui faisait, qu'ils croient dans la mystérieuse conception de Jésus, bien qu'ils niaient sa préexistence, mais ceci était parce qu'ils tenaient la notion commune des Gnostiques, que Jésus et Christ étaient deux personnes séparées, et qu'ils croyaient dans la préexistence et divine nature du Christ, dont Socin et ses disciples uniformément niaient.  


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  •   Le Calice Unitarien de Transylvanie Le calice des unitariens de Transylvanie.

    Le Calice Unitarien de Transylvanie message de Jean-Claude Barbier

         Calice utilisé par l'Eglise unitarienne de Kolozsvar (=Cluj-Nopoca), photo Peter Van Demark, prise le 23 mai 2004 dans le cadre d'un voyage organisé par le Partner Council : " Spring Pentecost Renewal Trip ".

    Les unitariens se Transylvanie communient sous les deux espèces, le pain et le vin, au nom de Jésus. Ils le font au moins quatre fois par an, à Noël, Pâques, Pentecôte et le jour des remerciements pour les récoltes ("Tranksgiving"). Mais aussi lors d'occasions, pour accompagner une affirmation, la tenue d'un synode, la célébration d'un anniversaire d'église, etc.

        J'eus la joie d'assister à une communion unitarienne à l'église de Jobbagyfalva (Valea en roumain), le samedi 23 juillet 2005, à l'occasion du baptême et de la confirmation de Roberto Rosso, fondateur de la Congregazione italiana cristania unitariana (CICU). Il reçu ce baptême et cette confirmation des mains du pasteur Sandor Szilard. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, se mirent de part et d'autre de la table de communion, par ordre d'âge. Le pasteur s'arrêta devant chacun, lui donnant un morceau de pain, puis lui présentant le calice.

        Leur Eglise datant des Réformes protestantes du XVIème siècle européen, les unitariens de Transylvanie ne sont pas concernés par le dessin de Hans Deutsch représentant une flamme au centre d'une coupe, dessin datant de 1941 et dont nous avons parlé dans le message précédant. Ils ont conservé leur magnifique blason historique (reproduit sur l'une des cartes de voeux de l'AFCU) et ils ne mettent pas de bougie au creux de leur calice.

        Si on trouve toutefois le calice à la flamme en ornementation au sein de leurs lieux de culte, c'est qu'il y est introduit par les nombreuses congrégations unitariennes-universalistes des Etats-Unis qui, dans le cadre de jumelages, viennent visiter la Transylvanie et leur partenaire. A l'occasion de leur visite, ils remettent en cadeaux des bannières portant le logo de l'Unitarian Universalist Association (UUA) of Congregations.


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    Servet Michel par l'Abbé d'Artigny

    Servet Michel par l'Abbé d'Artigny

      

    Servet Michel par l'Abbé d'ArtignyDans le second Tome du Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, de l'Abbé Antoine Gachet d'artigny, le chapitre 40, de la page 55 à 144, est consacré à la vie de Michel Servet. Il traite de son parcours atypique jusqu'à ce célèbre funeste procès qui le conduisit selon la volonté de ses Juges à être condamné par ladite sentence écrite : "…Toi Michel Servet condamnons à devoir être lié, et mené au lieu de Champel, et là devoir être à un pilotis attaché, et brûlé tout vif avec ton livre, tant écrit de ta main qu’imprimé, jusqu’à ce que ton corps soit réduit en cendres, et ainsi finira tes jours, pour donner exemple aux autres, qui tel cas voudraient commettre. Et à vous notre Lieutenant, commandons notre présent Sentence faites mettre en exécution."

           

           Vous ne serez pas surpris de retrouver des expressions et mots peu ou pas familiers d'avec notre phraséologie contemporaine. Les textes qui sont d'origines du 16ème pour ce qui est du procès ou tous autres apports de cette même période, diffèrent quelque peu, sur cet angle, de ceux de l'Abbé d'artigny, quand il rédigea son  Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, dans le milieu du 18ème siècle.

                    Des expressions sont conservées dans leurs formes originelles, quand elles n'altèrent pas la compréhension en soit de l'idée de l'auteur, nous laissant apprécier au passage ce que fut notre langue Française de ces siècles. Les textes ou parties en Latin sont conservés tels quels.

                    L'Abbé d'Artigny pensait, à juste raison, apporter des nouveautés par ses découvertes,  concédant la possibilité de donner un air de neuf à l’histoire de cet homme, pour tout ce qui avait été écrit avant lui. L'objectivité de sa rédaction, parfois avec surprise, présentera des traits de caractère différents des protagonistes, particulièrement ceux de Michel Servet et Jean Calvin.

                   Bien que tous les aspects ne soient pas traités, comme les différentes lettres de Servet pendant son emprisonnement ou encore le déroulement de la scène du supplice, vous serez renvoyé vers d'autres textes pour les découvrir*. Ce travail reste certainement le plus précis pour les nombreuses sources qui sont référées, et lui confère un intérêt des plus attrayants qui aient été faits…  

       

     

     

    ARTICLE XL.

    Mémoires pour servi l'Histoire de Michel Servet.

     

                    Ce n'est pas sans raison, que le public a toujours reçu avec empressement les ouvrages qui peuvent faire connaître Michel Servet, surnommé de Villeneuve.
    La vie de ce Médecin, mêlée d'évènements singuliers, le détail de ses opinions en matière de Religion, sa mort tragique, la rareté extraordinaire des livres qu'il a composés, tout contribue à exciter la curiosité, indépendamment d'un grand nombre d'Auteurs, qui ont parlé de lui par occasion, sa Vie a été écrite ex prosesso par M. de la Roche : elle se trouve dans le vol. II de la Bibliothèque Anglaise, Art. VII. M. l'Abbé Mosheim, Allemand savant et laborieux en a donné une autre en Latin, (In 4°, Helmstad. 1728,) conjointement avec M. d'Alvoerde, et c'est d'après ces trois Historiens, que le P. Niceron a parlé de Servet dans ses Mémoires des Hommes Illustres dans la République des Lettres. (T.XI. p .224) À l'égard de l'Histoire désintéressée de Michel Servet publiée en Anglais en 1724. Je n'en connais que le titre, rapporté par M. l'Abbé Lenglet dans son Supplément au Catalogue des Historiens. Tout ce qui concerne cet infortuné Médecin ayant été discuté par des personnes si habiles, il semble qu'il y ait beaucoup de témérité à se venir mettre encore sur les rangs, mais la matière n'est pas épuisée. Le procès, de Servet que j'ai tiré des Archives de l'Archevêché de Vienne en Dauphiné, me fournira des Anecdotes, qui pourront donner à cet Article un air de nouveauté.
                    Michel Servet naquit en 1531 à Tudelle dans le Royaume de Navarre. La date de sa naissance se tire de la réponse qu'il fit à ses Juges de Vienne, au mois d'Avril, 1553 : qu'il avait alors 41 ans. Ses Historiens les plus exacts le font naître à Villanueva en Aragon, parce que dans la fuite il se fit surnommer Michel de Villeneuve, et il est vrai, comme on le verra ci-dessous, que Calvin lui ayant reproché qu'il déguisait son nom, Servet s'excusa, en disant qu'il avait pris son nom de la Ville, dont il était natif. Il dit au contraire à ses Juges de Vienne, qu'il était né à Tudelle. On peut, ce semble lever cette difficulté, en supposant que les ancêtres de Servet, originaires de Villanueva, étaient venus s'établir à Tudelle, en effet, on ne voit pas la raison qui pouvoir déterminer Servet à déguiser devant les Juges de Vienne le nom de sa Patrie. Cette circonstance ne faisait rien au procès. Il n'en est pas de même de son véritable nom de Servet. Intéressé par plusieurs motifs à le cacher, il se fit toujours appeler en France Michel de Villeneuve, et dans toute la procédure, il n'est jamais nommé autrement.

    Servet était né avec beaucoup d'esprit et de disposition pour les Sciences. Dès sa plus tendre jeunesse, il s'appliqua sans relâche à des études sérieuses, et ses progrès furent si rapides, qu'à l'âge de 14 ans, il entendait le Latin, le Grec, L'Hébreu, et avait une connaissance assez étendue de la Philosophie, des Mathématiques, et de la Théologie Scholastique. S'il eût fait un bon usage de ses talents, on ne pourrait sans injustice lui refuser une place distinguée parmi les Enfants devenus célèbres par leurs études. La Lecture de l'Ecriture Sainte, à laquelle il se livra inconsidérément, sans être dirigé de personne, fut la source de tous ses malheurs. Si l'on en croit ses Historiens, son Père, qui était Notaire, l'envoya à Toulouse pour y étudier en droit. Ce fut là, dit-on, qu'il commença de se livrer à son goût pour les nouvelles opinions, et qu'il s'entêta d'une doctrine opposée au dogme de la Trinité. Mais cette circonstance ne peut s'accorder avec les réponses personnelles de Servet. Il dit lui-même, que s'étant mis à l'âge de quinze ans au service du Confesseur de Charles-Quint, il passa-en Italie à la suite de l'Empereur, dont il vit le Couronnement à Boulogne, et ce qui doit paraître décisif, Servet ajoute qu'il sorti alors de son pays pour la première fois. Ses Historiens ont bien connu qu'il avait été en Italie, puisqu'il le dit dans la Préface de son Ptolémée de la première Edition mais comme ils ont ignoré les particularités que je viens de rapporter, il ne leur a jamais été possible de fixer l'époque de son voyage.
                    L'Italie était alors infectée d'Hérétiques, qui commençaient à y jeter les semences de l'Arianisme renouvelées et du Socinianisme. C'est de là que sont sortis les deux Socins, oncle et neveu, Gentil, Alciati, Gallo, Paruta, Telle, Blandrata, Gonesius, et quantité d'autres, que la crainte des supplices fit disperser longtemps après, les uns à Genève et en Suisse, les autres en Allemagne, dans la Moravie et en Pologne. Servet, qui était à peu près dans les mêmes sentiments que ces fanatiques, eut de fréquentes conférences avec eux. Il y fit admirer la force de son génie et la grande connaissance qu'il avait des subtilités Scholastiques. Comme l'on ne parlait alors que de la prétendue Réforme de Luther et des autres Novateurs, il fut décidé dans les assemblées secrètes de Servet et des italiens, que le dogme de la Trinité était un des principaux Articles qu'on devait rejeter. Servet, choisi d'un commun accord pour frapper les premiers coups, travailla à son Traité De Trinitis erroribus, quoiqu'il n'eût encore que dix huit ans. Il fut contraint de quitter ses amis pour aller en Allemagne avec le Confesseur de Charles-Quint, mais il leur promit d'entretenir avec eux une étroite correspondance. De Quintaine, c'est le nom du Confesseur de Charles-Quint, mourut l'année suivante, et Servet se voyant sans maître, ne pensa plus qu'à s'ériger en Réformateur. Pour montrer sa capacité, il se transporta à Bâle, afin d'y conférer avec Oecolampade, et de là à Strasbourg, où il disputa contre Bucer et contre Capiton, deux Ministres, qui étaient en grande réputation parmi les Protestants. Leurs Conférences roulerait sur la Trinité et sur la Consubstantialité du Verbe. Servet combattit ces deux Dogmes avec une opiniâtreté et
     une aigreur qui révolta ses adversaires. Bucer, qui était assez modéré, s'emporta contre lui en chaire, jusqu'à dire qu'il méritait qu'on le mette en pièces, et qu'on lui arrachât les entrailles.
                    Servet en partant de Baie, avait laissé son Manuscrit contre la Trinité entre les mains d'un Imprimeur nommé Conrard Rouss. Celui-ci n'osant l'imprimer, l'envoya à Haguenau. Servet y alla de Strasbourg, pour en accélérer l'Edition, et l'ouvrage parut en 1531, il a pour titre, De Trinitatis Erroribus, Libri Septem. Per Michaëlem Serveto, alias Reves, ab Arrogonia. Hispanum. Anno MDXXXI. in-8°. 119. feuillets, sans nom de Ville, ni d'Imprimeur. Dans ce livre rempli d'impiétés et de blasphèmes, Servet combat le dogme de la Trinité, que par une ignorance grossière, il nomme la doctrine des Papistes. Il appelle les trois personnes divines une pure imagination, une chimère, des Dieux métaphysiques. Il rejette donc la croyance orthodoxe comme étant impossible et uniquement fondée fur l'ignorance des Théologiens, mais l'opinion qu'il veut substituer, la manière dont il explique ses pensées sur la Personne de Jésus-Christ, sont si obscures, qu'on n'a pu jusqu'ici se former une idée exacte et suivie de son  système.   

                    L'année suivante, Servet fit imprimer à Haguenau un second Traité sur la même matière, Dialogorum de Trinitate Libri duo : De Juftitiâ regni Christi, Capitula quatuor. Per Michaëlem Serveto, alias Rêves, abAr- ragonia.Hispanum. MDXXXII.in-8°. à la tête de cet ouvrage, qui ne contient que six feuilles on voit un Avertissement au, lecteur, où Servet dit qu'il rétracte tout ce qu'il a publié en dernier lieu dans ses VII: livres contre la Trinité. Ce n'est pas qu'il eût changé de sentiment, puisqu'il le confirme dans ses Dialogues, mais il avoue que son premier Traité est imparfait, confus, écrit d'un style barbare : défaut qu'il veut qu'on attribue à sa jeunesse, à son incapacité, et à la négligence de l'Imprimeur. Néanmoins, ce second ouvrage n'est ni plus clair, ni plus méthodique,  ni mieux écrit que le premier. On les trouve ordinairement reliés en un seul Volume, et ils sont si rares, qu'un Curieux, les acheta 45 pistoles à la vente de la Bibliothèque de M. du Fay.

    C'est ainsi qu'en moins de deux ans, Servet publia deux livres contre la Trinité, sans faire difficulté d'y mettre son nom. Il croyait pouvoir écrire contre ce Mystère avec la même liberté que les prétendus Réformateurs écrivaient contre les principaux dogmes de l'Eglise Catholique. Sa première attention, comme il s'y était engagé, fut d'envoyer des exemplaires de son ouvrage à ses amis d'Italie. Ceux-ci les répandirent en tant d'endroits, que Melanchthon se crut obligé, quelques années après, d'écrire une lettre au Sénat de Venise, par laquelle il le suppliait de faire en forte que leurs Etats sussent préservés des erreurs détestables de Servet, qui venait de renouveler l'hérésie de Paul de Samosate. La lettre de Melanchthon fut écrite en 1559.
                    Servet ne fit pas un long séjour en Allemagne. Chassé des principales Eglises Réformées, où sa doctrine était en horreur, sans partisans, sans ressources contre la pauvreté, tout cela joint au désagrément qu'il avait de ne pas entendre la langue du Pays, le détermina à venir en France. Il voulait se perfectionner dans les Mathématiques, et sur tout s'attacher à la Médecine, pour laquelle il avait toujours eu un goût décidé. Il fit ses études à Paris sous Sylvius et Fernel, célèbres Professeurs, et fut reçu Maître ès Arts et Docteur en Médecine dans cette Université. Il alla ensuite professer les Mathématiques au Collège des Lombards. En 1536, il eut une vive dispute avec les Médecins de Paris, qui l'ayant obligé de faire imprimer son Apologie contre eux, dégénéra en un procès considérable au Parlement. Il fut terminé par la suppression de cette Apologie qu'on ne trouve plus, mais les Médecins eurent ordre de mieux vivre avec Servet et de le traiter avec humanité. Outre son Apologie il fit imprimer à Paris Syroporum Universa ratio in Galeni censuram diligenter exposita : Cui posl integram de concoctione disceptationem, proesscripta est vera purgandi methodus cum expofitione Aphorismi : concoeta. medicari in-8°. I537- réimprimé à Venise en I545 et à Lyon en 1546. Apologetica disceptatio pro Astrologia. Une défense de Symphorien Champier, Médecin de Lyon intitulée , in Leonartium Fussinum Apologia pro Syinphoriano Cam- pegio. Ces deux derniers ouvrages, de même que l'Apologie contre les Médecins de Paris, n'ont point été connus des Historiens de Servet. Dès le commencement de 1534, il avait travaillé à une nouvelle Edition de la Géographie de Ptolémée, sur celle que Pirckheymher publia in sol. à Strasbourg en 1525, n'ayant pu traiter avec les Libraires de Paris à des conditions assez avantageuses, Servet tira meilleur parti d'un imprimeur de Lyon, et son Ptolémée, y parut l'année suivante , en un vol. in sol, ce qui a fait croire mal à propos à ses Historiens, qu'il était alors dans cette Ville.
                    Ils ne se font pas moins trompés dans l'arrangement Chronologique de ses différents voyages, comme je le prouverais sans peine, s'il ne fallait pas entrer à ce sujet dans une longue et ennuyeuse discussion.
                    Les chagrins que les procès de Servet lui avaient causés, sa mésintelligence avec ses confrères, le dégoûtèrent du séjour de Paris. Il alla à Lyon, et y demeura quelque temps chez les Frellons, Libraires, en qualité de Correcteur d'imprimerie. Il fit ensuite un voyage à Avignon, retourna à Lyon, et alla enfin s'établir à Charlieu, où il exerça la Médecine pendant trois ans. Quelque étourderie qu'il y fit, l'obligea vraisemblablement d'en sortir. Bolsec, le seul qui en ait parlé, n'explique point ce que c'était. Ce Servet, dit-il dans sa viede Calvin, (P.9 Edit. de 1664,) était arrogant et insolent, comme certifient, ceux qui sont connus à Charlieu, où il demeura chez la Rivoire environ l'an 15 40, d'où étant forcé de sortir pour ses extravagances, il se retira à vienne en Dauphiné. Bolsec s'est trompé quant à la dernière circonstance de Charlieu, Servet retourna à Lyon. Il eux le bonheur d'y trouver Pierre Palmier Archevêque de Vienne, qu'il avait connu à Paris, et ce Prélat, qui aimait les Savants et les encourageait par ses bienfaits, le pressa de venir à Vienne, où il lui donna un appartement auprès de son Palais. Servet, pour témoigner sa reconnaissance à son nouveau Mécène, donna une seconde Edition de la Géographie de Ptolémée, et la lui dédia. On apprend par cette Epître dédicatoire, que Pierre Palmier avoir l'honneur d'être connu particulièrement de François I qui l'avait souvent , voulu employer à diverses Ambassades , qu'il lui avait offertes. Decet Principes fummos, lui dit Servet, qui Orbi imperant, orbém nosse, & eos, qui Principi amulantur, cum prœfertim ad varias orbis partes, quod tibi yel ab ipfo Principe est saepius oblatum , legati mittuntur. Cette Edition de Ptolémée, qui est in- sol, comme la première, fut faite à Vienne en 1541, par Gaspard Treschsèl, fameux Imprimeur, que les libéralités de Pierre Palmier y avaient attiré. Elle est magnifique, et en même temps d'une rareté extraordinaire. Le seul Catalogue où je l'aie trouvée, est celui de la riche et nombreuse Bibliothèque du Cardinal du Bois, recueillie par M. l'Abbé Bignon, et enlevée à la France (En 1723,) par le monsieur Guiton, Ministre de l'Ambassadeur des Pays Bas, à qui elle fut vendue 80000. liv. par les Libraires de Paris, et ensuite vendue publiquement à la Haye.

    Servet, chéri et estimé de tout ce qu'il y avait alors de plus distingué dans Vienne, aurait pu y passer une vie douce et tranquille, s'il se fût borné à la Médecine et à ses talents Littéraires. Mais toujours rempli de ses premières idées contre la Religion, il ne laissait échapper aucune occasion d'établir son malheureux système. Il faisait de fréquents voyages à Lyon, et en 1542 il y prit soin de l'Edition d'une Bible in-fol imprimée par Hugues de la Porte, à laquelle il mis une Préface de sa façon, sous le nom de Villanovanus, avec des notes marginales, impies et impertinentes, selon Calvin, (Traité Théologique de Calvin. P. 836. Edit de Genève. 1576,) qui ajoute que le Libraire donna 500. liv. à Servet pour ses peines. Ces Notes sont en petit nombre. [Ce qu'il y a de plus considérable regarde J. C. figuré dans les Ecritures, et c'est ce que Servet avait déjà insinué dans sa Préface, que les Prophéties ont leur sens propre et naturel dans l'Histoire du temps, et qu'elles ne regardent J. C. qu'autant que les faits Historiques, qui y sont marqués figuraient les actions du Sauveur, ou même que les Prophéties ne pouvaient s'appliquer à J. C. que dans un sens sublime et relevé.] (Bibliothèque Anglaise. T.V. p. 12.)
                    Quelquefois, Servet s'égare encore plus. Car parlant des Prophéties qui ont pour principal et même pour unique objet le Messie, il en fait l'application à l'Histoire des Juifs, sans dire qu'elles aient le moindre rapport (C'est aussi ce que M. Bossuet à reprocher à Grotius. On l'a même reproché à certains écrivains Catholiques, mais qui ne sont pas suffisamment en ce point,) avec J. C. Telle est, par exemple, sa note sur la célèbre prophétie de Daniel:
    Ab exitu sermonis, ut iterum adificetur Jerusalem., usque ad Christum ducem, hebdomades Septem &c. (Daniel Ch; 29 : 35.)
           Ab egreffu prœdicti ad me à Deo Sermonis de restituenda. & adisieanda Jerusalem usque ad ducem Cyrum Christum Dei, qui id exequetur, hebdomades sunt septem: hebdomadifque sexaginta duabus restituetur & œdiscabitur platea & soffa. in angustia scilicet temporum. Et posl eas 62. hebdomadas occidetur Cyrus & erit in nihilum : dissipabit que œdificium & desolabit Cambyses Cyro succedem. Fœdus autem pri mumsirmabit Darius ; post quem iterum sequefur Antiochi abominatio stupenda, & erit finis orbis Judaïci.

                    Dans cette glose de Servet, on ne trouve rien qui se rapporte à la mort du Messie, ni à l'établissement de la Religion Chrétienne. Ce système dangereux a beaucoup de conformité avec celui du Chevalier Marsham, qui borne simplement la Prophétie de Daniel à Cyrus et à Antiochus Epiphanes, à la ruine du Temple de Jérusalem et à la dispersion de ses Prêtres.

    Cette Bible de Servet, qui n'est pas commune, est intitulée : Biblia Sacra ex Sanctis Pagnini Translatione, sed & ad Hebraïcoe linguoe amussim ita recognita & scholiis illuslrata, ut plané nova Editio videri possit. Il corrigea ensuite plusieurs Livres pour Jean Frellon entre autres une Somme Espagnole de S. Thomas, dont il fit les arguments. Il traduisit encore du Latin en Espagnol divers Traités de Grammaire, ainsi qu'il est marqué dans la déposition de Jean Frellon, du 23 Mai, 1553. Ce Libraire était ami de Calvin. Ce fut par son moyen, que Servet, entra en commerce de lettres avec ce fameux Réformateur, qui l'avait connu à Paris, et s'était opposé à sa Doctrine, comme le rapporte Bèze dans son Histoire des Eglises Réformées de France. (T. I. p. 14.) Le même Auteur ajoute qu'ils étaient convenus d'entrer en dispute un certain jour et à une heure marquée, mais que Servet n'osa pas se trouver à cette conférence. Si le fait est vrai, on n'en doit pas conclure, que Servet manqua au rendez-vous par la crainte qu'il avait de l'habileté de Calvin. On a vu ci-dessus, qu'il allait lui-même chercher les plus savants Ministres, pour disputer contre eux. Mais il craignit sans doute l'éclat qu'une pareille conférence allait faire, sur tout à Paris, et dans un temps où les Hérétiques étaient punis avec la plus grande sévérité.

                    Quoiqu'il en soit, Servet avait examiné de près les ouvrages de Calvin, et ne trouvant pas qu'il méritât la haute réputation qu'il s'était acquise parmi les Réformés, il le consulta moins pour s'instruire, que pour avoir le plaisir de l'embarrasser il débuta par trois Questions (Traité Théologique de Calvin p. 827,) elles roulaient sur la Divinité de J. C. sur la Régénération, et sur la nécessité du Baptême. I. An homo Jesus crucifixus fit Filius Deï, &f quoe fit hujus siliationis ratio ? II. An Regnum Christi fie in hominibus, quando quis ingrediatur,  & quando regemretur ? III. An Baptismus Christi debeat in f.ide sieri,  ficut cœna, & quorfum hoec instituta sint sœdere novo ?
    Calvin répondit à ces trois questions, mais Servet réfuta sa Réponse avec beaucoup de hauteur, ce qui lui attira une Réplique de Calvin si piquante, que depuis ce temps - là, leur commerce de lettres ne consista presque plus qu'en injures et en inventives. Ils conçurent l'un pour l'autre une haine implacable. Calvin, dans ses lettres à Servet, se cachait sous le nom de Charles Despeville, comme il avait fait autrefois dans son voyage de Ferrare, en 1535. En voici une écrite à Jean Frellon, qui l'avait prié de faire réponse à Servet.
    "Seigneur Jehan, pour ce que vos lettres dernières me furent apportées, sur mon partement, je n'eus pas loisir de faire réponse à ce qui était enclos dedans. Depuis mon retour, au premier loisir que j'ai eu j'ai bien voulu satisfaire à votre désir non pas que j'ai  grand espoir de profiter guerres envers tel homme, selon que je le vois disposé, mais afin d'essayer encor s'il y aura quelque moyen de le réduire, qui sera, quand Dieu aura si bien besogné en lui, qu'il devienne tout autre. Pour ce qu'il m'avait écrit d'un esprit tant superbe. Je lui ai bien voulu rabattre un peu de son orgueil, parlant à lui plus durement que ma coutume ne porte. Mais je ne l'ai peu faire autrement. Car je vous assure qu'il n'y a pas de leçon qui lui soit plus nécessaire que d'apprendre l'humilité. Ce qui lui viendra de l'esprit de Dieu, non d'ailleurs. Mais nous y devons aussi tenir la main. Si Dieu nous fait cette grâce à lui et à nous que la présente réponse lui profite, j'aurai de quoi me réjouir. S'il poursuit d'un tel style comme il a fait maintenant, vous perdrez temps à me plus solliciter à travailler envers lui, car j'ai d'autres affaires qui me pressent de plus près. Et ferais conscience de m'y plus occuper, ne doutant pas que ce ne fut qu'un Satan pour me distraire des autres lectures plus utiles. Et pourtant je vous prie de vous contenter de ce que j'en ai fait, si vous n'y voyez meilleur ordre. Sur quoi après m'être de bon cœur recommandé à vous, je prie notre bon Dieu de vous avoir en sa garde. Ce XIII de Février 1546. Votre serviteur et entier ami, Charles Despeville".  L'adresse est : A Sire Jehan Frellon Marchand Libraire demeurant à Lyon dans la rue Mercière Enseigne de lescu.de Coulongne.

    A examiner le style de cette lettre, jugerait-on qu'elle eût été écrite, il y a plus de 2OO.ans ?  Mais, Calvin était peut-être l'homme de son siècle, qui connaissait mieux le tour et le génie de notre langue.

    Au dessus de la lettre de Calvin se trouve celle du Libraire à Michel Servet
    "Cher frère et ami, ce qui a été la cause que plus tôt je ne vous ai pas envoyé une réponse à votre lettre vous le verrai dedans là-dessus écrit et croyez si plus tôt l'eusse reçu je n'eusse failli de vous l'envoyer par homme exprès, comme je vous avez promis. Soyez assuré que j'en ai écrit au dit personnage et ne pensez point que fait par faute d'écrire, toutefois je pense que aurez maintenant contentement autant que plus tôt, je vous envoie mon homme exprès pour n'avoir trouvé un autre messager, si autre chose qu'y puisse me trouvez toujours a votre commandement et prêt à vous faire service. Votre bon frère et ami Jehan Frellon", et sur l'enveloppe, A mon bon frère & ami maître Michel Villanovanus Docteur en Médecine soit donnée cette présente à Vienne.

                    Servet voulant à son tour humilier Calvin qui le ménageait si peu, lui envoya un manuscrit, où il relevait impitoyablement quantité de bévues et d'erreurs qu'il avait remarquées dans ses ouvrages, sur tout dans l'Institution Chrétienne, la production favorite de ce prétendu Réformateur. Calvin en fut tellement irrité, qu'il écrivit à ses amis, Farel, et Viret, que si cet hérétique tombait entre ses mains, il emploiera tout son crédit auprès des Magistrats pour lui faire perdre la vie. Malgré le témoignage formel de Bolsec et de Grotius, qui ont dit avoir vu cette lettre, quelques Historiens Protestants n'ont pas cessé de nier qu'elle ait existé, sans doute parce qu'elle ne fait pas beaucoup d'honneur à Calvin.
    Quoiqu'il en faille, on ne peut disconvenir que ce fût ses véritables sentiments, comme il le fit voir dans la suite.
                     Le commerce de ces deux ennemis irréconciliables prit fin en 1548, et  Servet, qui ne perdait point de vue son système sur la Religion, commença un troisième ouvrage contre la Trinité et contre d'autres dogmes du Christianisme. Il y travailla pendant quatre ans, après quoi il envoya le manuscrit à un Allemand de ses amis, nommé Marrinus, pour le faire imprimer à Bâle. Soit que les Libraires de cette ville n'osèrent s'en charger, ou pour d'autres raisons qu'on ignore, ce projet n'eut point de suite. Marrinus lui renvoya son Livre, après lui avoir écrit en ces termes :
    Michaeli Serv. Medico, suo in D. Amico.

    Gratia & pax à Deo. Michaël charissime, Librum tuum unà cum Litteris. Quem hoc tempore edere Basiloe cur non liceat, rationem tibi fatis constare arbitror. Preinde cum visum suerit, illum tibi per certum quem miseris nuncium remittam. De meo erga te animo, nihil ut diffidas cupio : de reliquis alïo tempore longius & diligentius, V ale. Basileœ nono Aprilis anno Lii. Marrinus tuus.
                    N'ayant pu réussir de ce côté-là, Servet prit le parti de se confier à Balthazard Arnollet , Libraire de Vienne en Dauphiné, et à Guillaume Gueroult, beau frère d'Arnollet et Directeur de son Imprimerie. Il leur fit entendre, que quoique son Livre fût contre Calvin, Melanchthon et d'autres Hérétiques, il avait des raisons très  fortes, qui ne lui permettaient pas d'y mettre son nom, ni celui de la Ville et de l'Imprimeur. Il ajouta, pour les déterminer, que l'impression se ferait à ses dépens, qu'il en corrigerait lui-même les épreuves, et qu'il leur promettait à chacun cent écus de gratification, somme considérable pour ce tems-là. Ces conditions furent acceptées, et l'ouvrage parut au commencement de 1553, sous ce titre pompeux ;
    Christianismi Restituio : h. e. Totîus Ecclesiœ Apostolicoe. ad. sua limima vacatio, in integrum restitutâ cognitione Dei, Fidei christiane, Justificationis nostroe, Régènerationis,  Baptismi, & Cœnœ Domini manduçationis, restituto denique nobis Regno coelesti, Babylonis impioe Captivitase salutâ & Anti-Christo cumfuis penitus destruco. M D L III, C'est un in-8° de 734 pages, on en tira 800 exemplaires, mais ils furent presque tous brûlés dans la suite, et ils sont devenus si rares, qu'à peine en connaît-on quatre ou cinq dans le monde. C'est beaucoup d'en trouver des copies manuscrites. (J'ai vu dans la bibliothèque de M. Dufay  une partie manuscrite de ce livre. C'était un petit livre in 4°. Epais d'un doigt, concernant environ 200 pages, écrites de la main de Coelius Horatius Curio.) Tout l'ouvrage est divisé en VI Parties. Le De Trinitate Divinâ, quod in eâ non fit invisibilium trium rerum illusio,  fed vera, sudistantioe Deit manifestatio & commnicatio Spiritus, Libri 7. Les deux derniers Livres sont écrits en forme de Dialogue. II. De fide & justifiâ regni christi legis justitiam superantis, & de charitate, Libri 3. III. De Regeneratione & Mandueatione supernâ & regno Anti-christi, Libri 4.IV. Epistoloe XXX. ad Joan, Calvinum Gebenriensium Concionatorem V. De Mysterio Trintatis & veterum Disciplinâ ad Philip. Melanchth. & ejus Collegas Apologia. VI. Signa LX. regni Anti-christi, & revelatio ejus jam nunc prœsens,

    M. de la Roche, qui avait examiné cet ouvrage avec attention, dit (Bibliothèque Anglaise. T. 2. p. 98,) que Servet n'était ni Arien, ni Photinien, qu'il croyait non seulement la Préexistence de J. C. mais encore que J. C. n'est point une Créature, ni un Etre d'une puissance bornée, mais le véritable Dieu, Quod ipse non fit creatura, nec finitoe potentia, sed verè adorandus, verusquedeus, qu'il s'exprime d'une manière si confuse, qu'on a de la peine à se former une idée juste de ses sentiments, qu'il dit que sa doctrine est un mystère inconnu aux hommes, qu'il reconnaît en même tems que, ceux qui croient que J. C n'est que le Messie, et qu'il n'est le fils de Dieu qu'en tant qu'il est homme, pourront être sauvés, qu'il se déchaîne contre l'Eglise Romaine, et qu il assure que c'est la Bête dont il est parlé dans l'Apocalypse. Sur quoi M. de la Roche observe, que Servet est peut-être le premier Auteur de ces derniers temps, qui ait trouvé l'Eglise Romaine dans l'Apocalypse.
                     L'Historien de Servet ajoute que ce Médecin était subtil et Métaphysicien, comme cela parait sur tout par son V. Livre De Trinitate, qu'il avait lu les Scholastiques et les ouvrages de plusieurs Pères de l'Eglise, qu'il était un grand ennemi de la prédestination absolue, et partisan de la liberté, qu'il croyait l'âme matérielle, et que ce qu'il dit de sa nature, et touchant le Saint Esprit, est presque inintelligible. On trouve dans le cinquième Livre du premier Traité, un passage remarquable sur la circulation du sang,  que bien des gens prétendent que Servet a connu le premier. Ce passage, qui est long, a été rapporté par M. de la Roche, (Ubi supra. P. 39,) et par le P. Niceron. (Mémoires des Hommes Illustres. T xi.p.844.)

    L'ouvrage de Servet s'imprima si secrètement, que personne à Vienne n'en eut la moindre connaissance : Servet en fit transporter à Lyon tous les exemplaires. Une partie fut mise en dépôt chez Pierre Merrin, fondeur de caractères, en attendant quelque occasion de les faire passer en Italie : Jean Frellon se chargea d'envoyer le reste à Francfort. On a vu que ce Libraire était l'ami commun de Calvin et de Servet, que par son moyen ils recevaient les pièces qu'ils écrivaient l'un contre l'autre. Il crut pouvoir en agir de même à l'égard du dernier livre de Servet, et ne prévoyant pas les suites d'une pareille démarche, il en fit tenir un exemplaire à Calvin. Celui-ci fut extrêmement choqué de la manière méprisante dont on y parlait de sa personne et de ses ouvrages. Mais la joie succéda bientôt au ressentiment, lorsqu'il vit que Servet lui fournissait lui-même l'occasion de le perdre, qu'il cherchait depuis si longtemps. Il y avait alors à Genève un nommé Guillaume Trie, natif de Lyon, devenu depuis peu Prosélyte de la Religion prétendue Réformée. Il était en commerce de lettres avec un de ses parents, appelé Antoine Arneys, établi à Lyon, qui l'exhortait sans cesse de rentrer dans, le sein de l'Eglise Romaine. Trie communiquait à Calvin les lettre de Arneys, et Calvin lui dictait les réponses. Ce fut par le ministère de cet homme, qu'il voulut consommer sa vengeance. Il lui fit écrire au mois de Février une lettre à son parent, dans laquelle Servet était représenté comme un Hérétique des plus dangereux. On observera que toutes les lettres qu'on trouve ici et dont j'ai les originaux, n'ont jamais été imprimées.


    I. Lettre de Calvin sous le nom de Guillaume Trie.
     


    "Monsieur, mon cousin, je vous remercie bien fort de tant de belles remontrances qu'avez faites et ne doutez point que vous n'y procédiez de bonne amitié, quand vous tachez à me réduire au lieu dont je suis parti. D'autant que je ne suis homme versé aux lettres comme vous, je me déporte de satisfaire aux points et articles que vous m'alléguez. Tant y a qu'en la connaissance que Dieu m'a donné, j'aurais bien de quoi répondre, car Dieu merci, je ne suis pas si mal fondé que je ne sache que l'Eglise a Jésus Christ pour son Chef, dont elle ne peut être séparée et qu'elle n'a vie ni salut et que du tout elle ne peut consister qu'en la vérité de Dieu, qui est contenue en l'Ecriture Sainte. C'est pourquoi tout ce que vous me pourriez alléguer de l'Eglise, je le tiendrai pour fantôme, si non que Jésus Christ y préside comme  ayant toute autorité et que la parole de Dieu y règne comme le fondement et substance, sans cela toutes vos formalités ne font rien. Je vous prie de penser la liberté dont j'use envers vous, qui n'est point seulement pour maintenir ma cause, mais aussi de vous donner occasion de penser mieux à vous. Mais pour le faire court, je me suis surpris comment vous m'osez  reprocher entre autres choses que nous n'avons nulle discipline Ecclésiastique ni ordre, et que ceux qui nous enseignent ont introduit une licence pour mettre confusion partout, et cependant je vois, (Dieu merci) que les vices sont mieux corrigez de par delà que ne sont pas en toutes vos officialisez. Et quant à la doctrine et qui concerne la Religion, combien qu'il y ait plus grande liberté que entre vous , néanmoins l'on ne souffrira pas que le nom de Dieu soit blasphémé, et que l'on sème les doctrines et mauvaises opinions que cela ne soit réprimé. Et je peux vous alléguer un exemple qui est à votre grande confusion puisqu'il faut le dire. C'est que l'on soutient de par dé-là un Hérétique qui mérite bien d'être brûlé par tout ou il sera. Quand je vous parle d'hérétique, j'entends un homme qui fera condamné des Papistes autant que de nous ou pour le moins qui le doit être. Car combien que nous soyons différents en beaucoup de choses, si avons nous cela commun qu'en une seule essence de Dieu il y a trois personnes et que le Père a engendré son fils qui est sa sagesse éternelle devant tout ce temps, et qu'il a eu sa vertu éternelle qui est son Saint-Esprit. Or quand un homme dira que la Trinité laquelle nous tenons, est un Cerbère et monstre d'enfer et dégorgera toutes les vilaineries qu'il est possible de penser contre tout ce que l'Ecriture nous enseigne de la génération éternelle du fils de Dieu, et que le Saint Esprit est la vertu de ce Père et du fils, et que le Saint Esprit, et se moquera à gueule déployée de tout ce que les anciens Docteurs en ont dit, je vous prie en quel lieu et estime l'aurez-vous. Je dicte ceci pour obuier à toutes répliques que vous me pourriez faire que vous ne tiendrez point par dol pour erreur ce que nous disons être tel ; ce que je vous dicte non seulement vous le confesserez être erreur mais hérésie détestable, qui est pour abolir toute la chrétienté. Il faut que je parle franchement. Quelle honte est-ce que l'on face mourir ceux qui diront qu'il ne faut invoquer que un seul Dieu au nom de Jésus Christ, qu'il n'y a autre satisfaction que celle qui a été faite en  la mort et passion de Jésus Christ, qu'il n'y a autre Purgatoire qu'en son  sang, qu'il n'y a autre service agréable à Dieu que celui qu'il commande et approuve par sa parole; que toutes peintures et images que les hommes contrefont sont autant d'Idoles qui profanent Sa Majesté, qu'on doit garder les Sacrements en tel usage qu'il a été ordonné de Jésus Christ. Voire et qu'on ne se contente point, de faire mourir telles gens d'une simple mort, mais qu'on les brûlent cruellement. Cependant voilà qui nommera Jésus Christ Idole, qui détruira tous les fondements de la foi, qui amassera toutes les rêveries des Hérétiques anciens, qui même condamnera le baptême des petits enfants l'appelant inventions diaboliques, et celui-là aura la vogue entre vous et le supportera-t-on comme s'il n'avait point failli. Je vous prie, ou est votre zèle que vous prétendez et ou est la police de cette belle hiérarchie que vous magnifiez tant ? L'homme dont je vous parle a été condamné en toutes les Eglises lesquelles vous réprouvez. Cependant il est souffert entre vous, voire jusques à y faire imprimer ses Livres, qui sont si pleins de blasphèmes, qu'il ne faut point que j'en dise plus. C'est un Espagnol Portugal- lois nommé Michaël Servetus de son propre nom, mais il se nommé Villeneuve à présent, faisant le Médecin. Il a demeuré quelque temps à Lyon, maintenant il se tient à Vienne, où le livre dont je parle a été imprimé par un quidam qui a là dressé une Imprimerie nommé Balthazard Arnoullet. Et afin que vous ne pensiez que j'en parle à crédit je vous envoie la première feuille pour enseigne. Vous dictes que les livres qui ne contiennent autres chose, si non qu'il se faut tenir à la pure simplicité de l'Ecriture Sainte, empoisonnent le monde, et viennent d ailleurs, vous ne les pouvez les souffrir pendant vous couvez là les poisons qui sont pour anéantir l'Ecriture Sainte et même tout ce que vous tenez de chrétienté. Je me suis quasi oublié en vous récitant cet exemple, car j'ai été quatre fois plus loin que je ne pensais mais l'énormité du cas me fait passer mesure et voilà qui sera cause que je ne vous ferai plus long, propos sur les autres matières. Comme, aussi de fait, il me semble qu'il n'est, pas grand besoin que je vous réponde sur chaque article. Seulement je vous prierai d'entrer un peu plus profond, en votre conscience pour vous juger vous même, afin que quand il faudra venir devant le grand Juge, vous ne soyez pas condamné. Car pour le dire en un mot, nous n'avons autre débat sinon que nous demandons que Dieu soit écouté. Par quoi faisant fin à la présente, je le prierai qu'il vous donne oreilles pour ouïr et cœur pour obéir. Cependant qu'il vous ait en sa Sainte garde, me recommandant de bien bon cœur à votre bonne grâce et de Monsieur mon cousin votre frère. De Genève ce XXVI de Février ".

     

    Cette lettre fut accompagnée du titre, de l'indice et des quatre premières feuilles du Christianismi Reftitutio.

    Le Cardinal de Tournon était alors Archevêque et Gouverneur de Lyon. Personne n'ignore que ce grand homme s'étant déclaré l'ennemi inflexible des Novateurs, l'ardeur de son zèle lui faisait quelquefois employer les moyens les plus violents, pour arrêter les progrès de l'Hérésie en France. Comme son Diocèse se trouvait le plus exposé par le voisinage de Genève, il avait fait venir de Rome un Inquisiteur,  qui par son ordre résidait ordinairement à Lyon. Il se nommait frère Mathieu Ory, et prenait la qualité de Pénitencier du Saint Siège Apostolique que et l'Inquisiteur Général au Royaume de France et dans toutes les Gaules. C'était un homme savant, uniquement attaché aux fonctions de son Ministère, et dont la vigilance a découvrir les Hérétiques secondait parfaitement les intentions du Cardinal. La lettre de Guillaume Trie et les feuilles du Livre de Servet lui furent communiquées, ainsi que Calvin l'avait prévu. Il en fit l'examen avec M. Benoit Buatier, Chanoine de l'Eglise de Vienne, Archidiacre de la Tour, Chamarier de S. Paul de Lyon, Vicaire Général de Monseigneur de Tournon en son Archevêché de Lyon, et la résolution fut prise entre eux d'avertir incessamment le Cardinal, qui était alors dans son château de Roussillon à trois lieues au dessous de Vienne.
                    Le 12 Mars (1553) Mathieu Ory écrivit à monsieur de Villars Auditeur du Cardinal. Après lui avoir parlé de quelques affaires domestiques, il ajoutait, "Je veux vous très secrètement avertir de quelques Livres que s'impriment à Vienne contenants exécrables blasphèmes contre la divinité de Jésus Christ et la Sainte Trinité, desquels l'Auteur et Libraire sont au pays. Monsieur le Vicaire et moi en avons eu un  Livre, et sommes en propos l'un de nous deux ou tous deux par compagnie un jour prendre le loisir d'en aller conféré avec Monseigneur, pour lui faire entendre plus pleinement l'affaire et en repassant au dit lieu y faire donner ordre par Monseigneur de Maugiron, le Vibaillis et la Justice. Et de ceci, Monsieur le Vicaire vous en écrit, mais si secrètement que votre main senextre n'entende point que c'est. Mais seulement dites le à Monseigneur en son oreille, et nous mandez s'il connaît un nommé Villanovanus Médecin et Arnollet Libraire, car de ceux-là j'entends parler. Outre plus la Ville de Macon est fort gâtée et aussi est Tournus encore plus, tellement que depuis que Monseigneur n'y a pas été, le peuple est bien changé."

    Le lendemain 13 mars, monsieur Buatier parti de Lyon et vint trouver le Cardinal, qui fît écrire à Louis ArzelJier Grand Vicaire de l'Archevêque de Vienne, de se rendre au Château de Roussillon. Après une longue conférence, le Cardinal ordonna aux deux Grands Vicaires d'aller à Vienne et de remettre de sa part la lettre suivante à Monsieur de Maugiron, Chevalier de l'Ordre et Lieutenant Général pour le Roi en Dauphiné.
        "Monsieur j'ai donné la peine au Vicaire de Monsieur de Vienne présent porteur de venir jusqu'ici pour lui, pouvoir parler d'une affaire, qui comme, vous verrez est de grande importance, et lequel je lui ai donné charge de vous faire incontinent entendre pour y faire donner l'ordre que le cas mérite. Et serais bien d'opinion comme j'ai dit à monsieur Vicaire que vous appeliez Monsieur le Vibaillis pour y faire aussi de son côté ce que vous lui commanderez et verrez être nécessaire : en quoi je ne doute point qu'il ne face très bon devoir. Et parce que, j'ai bien amplement devisé et dicté mon opinion sur le tout au monsieur le Vicaire dont il vous saura rendre bon compte, il n'est de besoin que je vous en face plus long discours et vous direz seulement que ceci requiert principalement deux choses, l'une qu'il y soit usé d'une extrême diligence, et l'autre que l'affaire soit tenue le plus secret qu'il sera possible. Je sais Monsieur le bon zèle que vous avez et que vous n'épargneriez en cette affaire votre propre fils pour la conservation de l'honneur de Dieu et de son Eglise. Ce qui me gardera de vous en dire, autre chose en me recommandant de, bien bon cœur à votre bonne grâce, priant Dieu Monsieur qu'il vous donne, bonne santé et longue vie. A Roussillon ce XV de Mars 1553. François, Cardinal de Tournon".
                    Monsieur de Maugiron s'étant tien fait instruire des intentions du Cardinal, envoya chercher Antoine de la Court Vibaillis et il fut décidé que l'on commencerait à procéder contre Servet, qui est toujours nommé dans la procédure Michel de Villeneuve.
                    Le 16 mars, Louis Arzellier et Antoine de la Court se transportèrent chez monsieur Peyrollier, official Primatial, et Buatier y donna sa déposition. Elle portait : "que depuis quinze jours ou environ, on avait reçu certaines lettres de Genève adressées à un personnage habitant à Lyon, par lesquelles il paraissait que l'on était étrangement surpris à Genève qu'on souffrit par delà un nommé M . Michel Servetus autrement de Villeneuve Espagnol Portugallois, attendu les raisons plus à plein mentionnées dans la dite lettre : qu'on  avait reçu du dit Genève quatre feuillets d'un livre composé par le dit Villeneuve, que M. Ory Inquisiteur de la foi les ayant examinés en présence de Buatier, avait assuré qu'ils étaient hérétiques, et écrivit en conséquence à monsieur de Villars Auditeur du Seigneur Cardinal de Tournon, que le dit déposant s'était aussi trouvé présent, lorsque Monsieur le Cardinal ayant envoyé chercher le Grand Vicaire de Vienne, lui recommanda et le chargea, de donner ordre à la vérification et correction de ce que dessus, et en écrivit à Monseigneur de Maugiron pour y faire tenir la main, et mander quérir monsieur le Vibaillis, pour aviser et procéder le plus secrètement et diligemment que faire se pourrait".
                    Buatier remit en même temps la lettre de Genève avec les quatre feuilles du Christianismi Restitutio, la lettre de l'Inquisiteur à monsieur de Villars, celle que le Cardinal avoir écrite à Monsieur de Maugiron : le tout pour servir aux Procureurs du Roi et Fiscal ce que de raison.
                    Les Juges se rendirent le même jour chez M. de Maugiron. A près avoir tenu conseil en sa présence, ils envoyèrent dire à Michel de Villeneuve qu'ils auraient quelque chose à lui communiquer. Comme il se fît attendre plus de deux heures, on commençait à craindre qu'il n'eût été averti du danger qui le menaçait, mais il parut enfin et même avec un air fort assuré. Les Juges lui firent entendre, qu'ils avaient certaines informations contre lui desquelles il résultait quelques soupçons qui leur donnaient juste occasion de chercher en son logis s'il avait quelques Livres suspects d'hérésie ou autre chose qui en approchât, Servet leur répondit, que depuis longtemps il était habitant à Vienne et avait souvent fréquenté avec les Prêcheurs et autres faisant profession de Théologie,  mais ne se trouverait qu'il eût tenu propositions hérétiques ou soupçonnées d'hérésie : qu'il  était prêt d'ouvrir par tout son logis, pour ôter toute sinistre suspicion, non seulement à eux, mais à tout autre : que, toujours il a désiré de vivre sans la dite suspicion.

    Après ce discours, le Grand Vicaire et le Vibaillis accompagnés du Secrétaire de M. de Maugiron, se transportèrent avec Servet dans sa maison, qui était des dépendances du Palais Archiépiscopal. Ils visitèrent tous ses papiers, et retinrent deux exemplaires de son Apologie contre les Médecins de Paris.

    Le 17 Mars, les Juges sachant que Balthazard Arnollet était allé faire un voyage à Toulouse, ils envoyèrent chercher Guillaume Gueroult, son beau-frère, Directeur et Correcteur de son Imprimerie. Après lui avoir fait subir un long interrogatoire, sans en pouvoir tirer aucun éclaircissement, on procéda à la visite de sa maison, de son Imprimerie, et de tous ses papiers, mais on n'y trouva rien de suspect. On interrogea en suite séparément les Garçons Imprimeurs : on leur fit voir les feuilles du Christianismi Restitutio, on leur demanda s'ils en connaissaient les caractères, et quel était le nombre, la qualité et le format des livres qu'ils avoient imprimés depuis dix huit mois. Ils répondirent que les quatre feuilles n'étaient point, sorties de leur Imprimerie, et que parmi les livres qu'ils avoient imprimés depuis deux ans et dont ils donnèrent le catalogue, il n'y en avait aucun qui fût en 8°. La procédure finie, les Juges firent appeler tous les Imprimeurs, Compositeurs et Serviteurs d'Arnollet, leurs femmes et leurs domestiques. On leur défendit de révéler ce qui c'était fait et sur quoi on les avait interrogés sous peine d'être déclarés atteints et convaincus d'Hérésie et d'être punis comme hérétiques.
                    Arnollet étant revenu de Toulouse le 18 Mars, il fut interrogé le même jour, on examina les papiers qu'il avait sur lui et ses réponses se trouvèrent conformes à celles de son beau-frère. Les Juges tinrent conseil chez M. l'Archevêque, où il fut décidé qu'il n'y avait encore indice suffisant pour faire aucun emprisonnement.
                    Le lendemain l'Archevêque écrivit à Mathieu Ory de vouloir bien se rendre à Vienne, pour y conférer de quelques propos concernant la foi. Cet Inquisiteur se présenta au conseil, que pour avoir pleine probation contre Michel de Villeneuve, il fallait que monsieur Arneys écrive à son parent de Genève de lui envoyer le Traité entier du Christianismi Restitutio. Cet avis fut généralement approuvé, et l'Inquisiteur retourna à Lyon, où il dicta lui-même la lettre qu'Arneys écrivit à Guillaume Trie. Calvin, charmé d'apprendre que tout réussissait selon ses désirs, fit réponse sous le nom de son confident, et envoya plus de pièces qu'il n'en fallait pour la conviction de Villeneuve. Les deux lettres suivantes caractérisent parfaitement ce prétendu Réformateur, qui sous les dehors affectés d'une grande douceur et d'un zèle ardent pour la Religion, ne pensait qu'à venger ses injures particulières.

    II Lettre de Calvin.

    "Monsieur mon cousin, quand, je vous écrivis la lettre que vous avez communiquée à ceux qui y étaient taxé de nonchalance, je ne pensais point que la chose devait venir si avant. Seulement mon intention était de vous remontrer quel est le beau zèle et dévotion de ceux qui se disent piliers de l'Eglise, bien qu'ils souffrent tel désordre au milieu d'eux,  et cependant persécutent si durement les pauvres Chrétiens qui désirent de suivre Dieu en simplicité. Pour ce que l'exemple était notable et que j'en étais averti, il me sembla que l'occasion s'offrait d'en toucher en mes lettres selon la matière que je traitais. Or puisque vous en avez déclaré ce que j'avais entendu écrire privément à vous seul, Dieu veuille pour le mieux que cela profite à purger la Chrétienté de telles ordures, voire de pertes si mortelles. S'ils ont tant bon vouloir de s'y employer comme vous le dictes, il me semble que la chose n'y est pas trop difficile encore que ne vous puisse fournir pour le présent de ce que vous demandez à savoir du Livre imprimé : car je vous mettrai en main plus pour le convaincre, à savoir deux douzaines de pièces écrites de celui dont il est question, où une partie de ses hérésies est contenue. Si on lui mettait au devant le Livre imprimé il le pourrait renier, ce qu'il  ne pourra faire de son écriture. Par quoi les gens que vous dictes ayant la chose toute prouvée, n'auront nulle excuse s'ils dissimulent plus ou différent à y pourvoir. Tout le reste est bien par deçà tant le gros Livre que les autres traités écrits de la même main de œ l'Auteur, mais je vous conseillerai une
    chose que j'ai eu grand peine à retirer ce que je vous envoyé de Monsieur Calvin, non pas qu'il ne désire que tels blasphèmes exécrables ne soient réprimés, mais pour ce qu'il lui semble que son devoir est, quant à lui qui n'a point de glaive de justice, de convaincre plutôt les hérésies par doctrine, que de les poursuivre par tel moyen, mais je l'ai tant importuné, lui remontrant de reproche de légèreté, qui m'en pourrait advenir s'il ne m'aidait, qu'en la fin il s'est accordé à me bailler ce que vous verrez. Au reste j'espère bien quand le cas se démènerait à bon escient par delà avec le temps recouvrer de lui une rame de papier ou environ, qui est ce que le Galand a fait imprimer. Mais il me semble que pour cette heure vous êtes garni d'assez bon gain et qu'il n'est mystère d'avoir plus pour le saisir de sa personne et lui faire fon procès. Quant de ma part je prie Dieu qu'il lui plaise ouvrir les yeux à ceux qui discourent si mal, afin qu'ils apprennent de mieux juger du désir duquel nous sommes meus, Et pour ce qu'il semble bien par votre lettre que vous ne voulez plus entrer au propos que vous m'aviez tenu par ci-devant, je m'en déporte aussi pour ne vous point fâcher, espérant néanmoins que Dieu en la fin vous fera, bien sentir que je n'ai point pris à la volée le parti que je tiens, me recommandant à votre bonne grâce, priant, Dieu vous tenir en la sienne, de Genève ce 26, Mars." 

     

    III. Lettre de Calvin.

     

    "Monsieur mon cousin, j'espère que j'aurai en partie satisfait à ce que me demandez, vous envoyant la main de celui qui a composé le Livre, et même en la dernière Epître que vous avez reçu vous trouverez ce qu'il déclare de son nom, lequel il avait déguisé, car il s'excuse de ce qu'il s'est fait nommer Villeneuve, combien que son nom fait Servetus allias Reyes, disant qu'il a pris son nom de la ville dont il est natif. Au reste je vous tiendrai promesse au plaisir de Dieu, que si besoin fait je vous fournirai les Traités lesquels il a fait imprimer et écrits, de sa main aussi bien que les Epîtres. J'eusse déjà mis peine de les retirer s'ils eussent été en cette Ville, mais ils sont à Lausanne il y a deux ans. Si Monsieur Calvin les eut eu, je crois pour ce qu'ils valent qu'il les eut bientôt renvoyé à l'Auteur, mais pour ce qu'il les avait adressé aussi bien à d'autres ceux là les ont retenu. Mêmes à ce que j'ai autrefois entendu le dit sieur ayant répandu assez suffisamment pour contenter un homme raisonnable voyant que cela ne profitait en rien envers un tel ouvrage, ne daigna jamais lire le reste pour ce que déjà il était trop battu des sottes : rêveries et du babil que l'autre ne fait que réitérer, ayant toujours même chanson. Et afin que vous entendiez que ce n'est pas d'aujourd'hui que ce malheureux s'efforce de troubler l'Eglise tachant de mener les ignorants en une même confusion avec lui, il y a vingt quatre (ans) passés qu'on l'a rejetée et chassée des principales Eglises d'Allemagne, et s'il se fut trouvé au lieu jamais il n'en fut parti. Entre les Epîtres de OEcolampade, la première et la seconde s'adressent à lui avec tel titre qui lui appartient , Serveto Hyspano neganti Christum esse Dei Filium consubstantialem Patri. Melanchthon en parle aussi en quelques passages. Mais me semble que vous avez la preuve assez aisée par ce que je vous ai déjà envoyé pour enfoncer plus avant voire pour commencer le tout. Quant à l'imprimeur je ne vous mande pas les indices par lesquels nous avons entendu que c'était, Balthazard Arnouilet et Guillaume Gueroult son beau frère, mais tant y a que nous en sommes bien assuré, et de fait il ne pourra pas le nier. Il est bien possible que s'aura été aux dépends de l'Auteur, et que lui aura retiré les copies en sa main : mais si vous trouverez vous que l'impression est sortie de la boutique que je vous nomme. Pour ce que le Messager demande être dépêché bientôt m'ayant toutefois présentées vos lettres bien tard de peur comme se croie d'être solliciter à bien faire, je vous ai fait cette réponse en bref par quoi je vous prie d'excuser l'hativeté. Il me semble que j'avais omis de vous écrire qu'après que vous auriez fait des Epîtres qu'il vous pleut ne les égarez pas afin de me les renvoyer. Qui sera l'endroit où je serai fin à la présente, me recommandant toujours à votre bonne grâce sans oublier Monsieur mon cousin votre frère, étant joyeux que Dieu l'ait béni par lignée comme vous m'écrivez. Aussi je désire être recommandé à toute la maison priant Dieu qu'il vous gouverne par son saint Esprit pour faire chose qui lui soit agréable. De Genève ce dernier Mars."

                    On voit par ces lettres, que Calvin avait prises les mesures les plus injustes pour assurer la vengeance. S'il se fut contenté d'envoyer le Livre imprimé, il est certain, comme il le dit lui-même, que Servet aurait pu le désavouer, puisque son nom n'y paraissait pas, et que le Libraire n'avait rien voulu dire. Mais les pièces que Calvin produisait contre Servet, écrites de la propre main de ce Médecin formaient une conviction, et il lui était désormais impossible de faire prendre le change à ses Juges. Le continuateur de M. l'Abbé Fleury s'est trompé en disant que le Chistianismi Restitutio parut sous le nom de Villanovanus. Il lui est encore échappé quelques autres méprises pour n'avoir pas fait usage de l'Histoire de Servet par M. de la Roche.
                    Le 4 d'Avril, il y eut une grande assemblée au Château de Roussillon, où assistèrent le Cardinal de Tournon, l'Archevêque de Vienne, les deux Grands- Vicaires, l'Inquisiteur, plusieurs Ecclésiastiques et Docteurs en Théologie. Mathieu Ory communiqua les pièces qu'on avait reçues en dernier lieu de Genève, à savoir les deux lettres de Guillaume Trie un Cahier du Christianismi Restitutio avec des notes marginales écrite de la main de Servet, et plus de vingt lettres qu'il avait adressé à Calvin pendant le cours de leur dispute. On examina les pièces avec la plus scrupuleuse attention, et la preuve étant complète, le Cardinal et l’Archevêque ordonnèrent de l’avis de toute l’assemblée, que Michel de Villeneuve Médecin et Balthazard Arnollet Libraire, seraient pris au Corps, mis et constitué prisonniers pour répondre de leur foi, charges et informations faites contre eux. Après dîner, l’Archevêque revint promptement à Vienne avec son grand Vicaire, et instruisit le Vibaillis des intentions du Cardinal. Il fut conclu entre eux, qu’afin que le fait ne fut découvert, le Grand Vicaire et le Vibaillis prendraient si bien leurs mesures, que Servet et Anollet seraient arrêtés en même temps, et mis dans des prisons séparément. Sur les six heures, le Grand Vicaire s’en alla du côté de la maison d’Arnollet, et lui fit dire d’apporter le Nouveau Testament qu’il avait imprimé. Le Libraire étant venu à sa rencontre, il le fit conduire aux prisons de l’Archevêché. Dans le même instant le Vibaillis se transporta chez M. de Muagiron, où était Michel de Villeneuve servant le dit Seigneur dans sa maladie. Il lui dit qu’il y avait au Palais Delphina plusieurs prisonniers malades et blessés, comme aussi à la vérité il y en avait, et qu’il le priait de vouloir bien venir avec lui les visiter. 

     A quoi M. de Villeneuve répondit que sans compter que sa profession de la médecine l’obligeait à faire telles bonnes œuvres, il y était encore porté par son bon naturel. Ils se rendirent donc dans les prisons Royales, et pendant que Servet faisait la visite, le Vibaillis envoya prier le Grand Vicaire de venir le joindre. Dès qu’il fut arrivé, ils dirent à Servet qu’il y avait certaines charges et informations contre lui, qui avaient été communiquées au Seigneur Cardinal de Tournon, et que présentement il était constitué comme ils le constituaient prisonnier dans le Palais Delphinal jusque il eût répondu aux dites charges et que autrement fut ordonné. Ils firent ensuite appeler M. Antoine Bonin, Vigier et Geôlier du Palais, auquel fut enjoint de le garder sûrement, et que au surplus il le traitât honnêtement selon sa qualité. On lui laissa son laquais, nommé Benoit Perrin, âgé de quinze ans, et qui depuis cinq ans était à son service, et ses amis eurent la liberté de le voir ce jour là.

                    Le lendemain, 5 avril, l’Archevêque de Vienne envoya un exprès au Cardinal de Tournon, pour l’informer de la diligence qu’il avait faite. Il priait en même temps l’Inquisiteur de se rendre à Vienne, pour procéder avec lui ou avec son Grand Vicaire selon la forme de droit. Mathieu Ory pressa tellement sa monture, que devant dix heures il se présenta au dit Seigneur Archevêque. Après dîner, on commença d’interroger Michel Servet.

     

    I. Interrogatoire.

     

    "Du cinquième du mois d’avril, l’an cinq mille cinq cent cinquante trois, Nous frères Mathieu Ory, Docteur en Théologie, Pénitencier du Saint Siège Apostolique, Inquisiteur Général de la foi au Royaume de France et par toutes les Gaules, et Louis Arzellier, Docteur ès droit Vicaire général de Révérendissime Seigneur Monseigneur Messire Pierre Palmier Archevêque de Vienne, et Antoine de la Court, Seigneur de la tour de Buys, Docteur ès droit, Vibaillis et Lieutenant Général au Baillage de Viennois ; Nous sommes transporter aux prisons du Palais Delphina de Vienne et dans la chambre criminelle d’icellui, et avons fait venir par devant nous M. Michel de Villeneuve, Médecin Juré, constitué prisonnier par notre ordonnance aux prisons du dit Palais Delphina, et l’avons interroger comme s’enfuit.

                    Et après que le dit de Villeneuve est advenu par devant nous, lui avons fait remontrance que faisant nos réquisitions par le Royaume, nous aurions trouvé quelque choses contre lui desquels par le deu de notre office, il était requis qu’il nous en réponde, ce que a promis de faire. Et après le serment par lui fait sur les Saintes Evangiles de dire la vérité, l’avons interrogé de son nom : Nous a dit qu’il a son nom Michel de Villeneuve Docteur en Médecine âgé de quarante deux ans ou environ, natif de Tudelle au Royaume de Navarre, qui est une cité sous l’obéissance de l’Empereur, à présent habitant à Vienne, sont passées douze ans ou environ.

      Interrogé là ou il a demeuré depuis que sorti de son pays, dit qu’il y a environ vingt sept ou vingt huit ans, quelque temps devant que l’Empereur parti d’Espagne pour aller coroner, il se mit au service du Confesseur de l’Empereur nommé de Quintaine, le dit Répondant étant lors seulement d’âge de quatorze ans, avec lequel Confesseur il s’en alla à la suite de l’Empereur en Italie où il vit le dit couronnement dans Bologne, Et aurait suivi en Allemagne avec le dit Quintaine, et dit qu’il demeura environ un an au dit Allemagne, et depuis la mort du dit Quintaine demeura tout seul sans Maître, et de là s’en vint à Paris et demeura au Collège de Calvi quelque temps, et puis après alla lire les Mathématiques au Collège des Lombards, et en après s’en vint de Paris à Lyon là où il demeura quelque temps, et de là en Avignon et d’Avignon tourna à Lyon, et de Lyon à Charlieu, là où il demeura pratiquant là trois ans en l’art de Médecine, et de là s’en revint à Lyon et là trouva Monseigneur de Vienne, et Monseigneur de Saint Maurice qui le firent venir à Vienne où il a demeuré jusqu’à présent.

    Interrogé s’il a fait imprimer quelques Livres : dit qu’il fit  imprimer à Paris un Livre intitulé, Syroporum Universa ratio ad Galeni censuram, et aussi un autre petit Livre intitulé, Apolagetica discentatio pro Astrologia, et un autre intitulé, In Leonantium Fussinum Apologia pro Symphoriano Campegio, et les Annotations de la Géographie de Ptolémée : et dit n’avoir fait imprimer autre Livre par lui composé, bien confesse t-il en avoir corrigé plusieurs, sans toute fois  y  avoir ajouté ou diminué aucune chose du sien. 

    Et  sur ce lui avons montré deux feuilles de papier imprimés de deux côtés et quelques écritures à la main aux marges lui remontrant qu’il y avait quelque propos à la dite Ecriture de la main qui pouvait scandaliser, mais toute fois que celui qui l’a écrite et faite la peut interprétée et dire comme  il l’entend, et à cette cause lui avons demandé comme il entend un propos qu’il y a là dedans où il y a : Justiscantur ergo parvuli sine Christi fide, prodigium, monstrum doemonum, lui remontrant que s’il entendait que les petits Enfants par la Régénération n’eussent la grâce de Jésus Christ plus parfaitement qu’ils ne participent le péché d’Adam par la génération terrestre, serait faire injure à Jésus Christ, lui demandant qu’il nous déclare comme il l’entend : Et à ce a répondu qu’il croit fermement que la grâce de Jésus Christ venue par la Régénération du Baptême surmonte le péché d’Adam, comme dit Saint Pol ad Romanos quinto, ubi abundavit delictum superabundavit gratia, et que les petits enfants par le Baptême sont sauvés sans foi acquise, ayant toutefois le foi infusée par le Saint Esprit. Et sur ce lui avons remontré qu’il faut corriger quelques paroles qui sont au dessus des feuilles écrites de la main, ce qu’il nous a promis de faire, nous disant que de prime face, il ne peut pas connaître si c’est sa lettre ou nom, pour la longueur du temps quelle est écrite, mais toutefois après avoir regardé de plus près, dit qu’il pense bien l’avoir écrite, et en ce qu’il sera trouvé contre la foi, il le soumet à le détermination de notre Mère Sainte Eglise, de laquelle il n’a jamais voulu ni veut en départir. Et si aucune chose y sont écrites, dit qu’il les a écrites légèrement par manière de disputation et sans y bien penser. Et depuis a voulu encore voir plus diligemment ce qu’il avait écrit aux deux feuilles dessus dites, et nous en donner son intelligence et interprétation, ce qu’il a fait et écrit de sa main sur les dites feuilles, nous disant que s’il y a autre chose qui soit trouvée mauvaise et suspecte de quelque fausse doctrine, en lui remontrant, il est prêt à la corriger. Et à ce que les dites deux feuilles ne soient variées, nous ne les avons faites (Il y a faute aussi, on doit le lire, nous les avons faits parapher par le Greffier, &tc..,) parapher par le Greffier et par le dit de Villeneuve, et sont cotées pagina 421. 422. 423. 424 : et le titre est de Batismo caput XVII. Et après ses dites Réponses contenant trois feuillets le présent inclus, nous les avons barré en sa présence, et s’est souligné Michel de Villeneuve."

    II. Interrogatoire.

    "Du sixième dudit mois d’avril ; Nous Inquisiteurs et Vicaires susdit nous sommes transportés aux prisons du Palais Delphina, et avons fait venir devant nous le susnommé M. Michel de Villeneuve, lequel après le serment par lui fait sur les Saintes Evangiles de dire la vérité, a été par nous interrogé comme s’ensuit.

     

                    Premièrement, comme il entendait un propos d’une Epître d’un cahier intitulé Epistola XV, là où il donne intelligence de la foi vive et de la foi morte, et pourtant que la dite Epître nous semble être bien Catholique et contraire aux erreurs de Genève, la lui avons fait lire, et après l’avoir lue, nous lui avons demandé comme il entendait ces mots : Mori autem sensim dicutur in nobis fides quando tolluntur Vestimenta. Qui nous a répondu que Vestimenta fidei sunt opera Charitatis et virtutis.

                    Secondement, lui avons montré une autre Epître intitulée XVI, qui est De Libero arbitrio contre ceux qui mettent Servum arbitrium, laquelle semblablement il a lu et nous a dit telles paroles avec expression de larmes. Messieurs je veux vous dire la vérité. Comme ces Epîtres ont été écrites du temps que j’étais en Allemagne, il y environ vingt cinq ans, fut imprimé en Allemagne un livre d’un nommé Servetus Espagnol, et autrement je ne sais pas duquel lieu d’Espagne il était, et aussi je ne sais pas là où il demeurait en Allemagne, fort qu’il a oui dire qu’il était à Aganon (C'est-à-dire Haguenau,) là où l’on dit que le livre avait été imprimé, et est la dite ville de Aganon à quatre lieux de Strasbourg : Et que après avoir lu en Allemagne le dit livre, lui étant bien jeune environ de quinze à dix sept ans, il lui sembla que disait bien ou mieux que les autres. Toutefois tout cela laissé en Allemagne s’en vint en France sans apporter livres quelconques, seulement ayant intention d’étudier à la Médecine et aux Mathématiques, comme il a fait toujours depuis, toutefois ayant omis estimer Calvin à aucun qui disait qu’il était homme Savant, selon la curiosité qu’il avait, voulut lui écrire sans le connaître autrement, et de fait lui écrivit le priant que cela fut entre lui et moi seulement fub figillo secreti et comme fraternelle correction, pour voir si lui me pourrait ôter de mon opinion ou moi à lui de la sienne, car je ne pouvais adhérer à son dire, et fus cela lui proposais certaines questions gravis disputationis, et lui me fit réponse, et voyant que mes questions étaient à ce que Servetus avait écrit, il me répondit que c’était moi même Servetus, à quoi je lui tournis réplique que combien que je ne le susse point, toutefois pour disputer avec lui j’étais content de prendre la personne de Servetus et lui répondre comme Servetus, car je me souciais de ce qu’il pourrait penser de moi, mais que seulement nous puissions débattre nos opinions, et sus ces termes nous envoyâmes des Epîtres l’un à l’autre jusqu’à nous piquer et injurier. Et ce voyant je le laissais, et à bien dix ou environ que je ne lui ai rien écrit ni lui à moi, protestant devant Dieu et vous Messieurs que je n’ai jamais eu vouloir ni de dogmatiser, ni de soutenir rien de cela en ce qui se pourrait trouver contre l’Eglise ou la Religion Chrétienne.
                     Et quand à la tierce Epître qui est XVII du Baptême des petits enfants, dit qu’il a été autrefois en cette opinion qu’il pensait que Parvuli carnis non erant capaces donispiritûs, toutefois qu’il a laissé tout cela il y a longtemps et se veux ranger à ce que l’Eglise tient.

              Et puis après lui avons montré une autre Epître en intitulé XXVII, laquelle semblablement il a reconnu et dit l’avoir écrite en disputant pour la part du dit Servetus, non point que lui y veuille adhérer ni croire cela, mais  que seulement pour voir ce que le dit Calvin penserait ou saurait dire à l’encontre, et l’argument de la dite Epître est de Trinitate et Generatione Filii Dei, selon la matière du livre du dit Servetus.

              Et après aussi lui avons montré une autre Epître intitulée XXVIII, là où in dispute contre Calvin de Carne Christi glorifacatâ, quoe absorbetur à gloriâ divin tatis, plus pleinement et amplement qu’à la Transfiguration, et qu’il s’était adressé au dit Calvin pourtant qu’il était en lieu là où il a plus grande liberté de dire tout ce qu’il pense et de me répondre à tous mes interrogats. Signé Michel de Villeneuve.

                    Dudit jour sixième d’avril par devant nous Inquisiteurs de la foi et Vicaire Général susdits, et nous Antoine de la Cour Vibailli de Viennois susnommé, Réappelé le dit de Villeneuve : et avoir prêté semblable serment que dessus, et que lecture lui a été faite de ses réponses ce aujourd’hui faites et ci-dessus écrites auxquelles a persévéré, et dit icelle contenir vérité, et a soussigné les deux carnets des Epîtres dont est faite mention ès susdites réponses lesquelles il a paraphées et aussi les avons fait parapher à notre Greffier ne varientur.

    Et ce fait, lui avons montré et mis entre les mes mains un cahier de quatorze Epîtres contenant dix feuilles, et lui avons remontré que nous trouvons quelque chose écrit la dedans de quoi il est requis qu’il nous en réponde, et après les avoir tenues et vues, nous a dit que sont quatorze Epîtres qu’il avait, longtemps à, écrites à Calvin pour entendre de lui ce qu’il lui en semblait et pour manière de disputation, comme il dit par ci-dessus, sans vouloir aucunement soutenir tout ce qui est écrit en elles, sinon tant que sera approuvé par l’Eglise et par Messieurs les Juges, et quand au contenu des dites Epître il est prêt de nous en répondre quand il nous plaira sur un chacun chef ou article le interroger, ce que lui avons promis de faire, et après avoir fait quelques extrait des principaux points là où il nous semble qu’il y a erreur contre la foi. Et cependant avons fait parapher le dit cahier contenant dix feuilles et quatorze Epîtres, et au commencement est écrit en titre, Michaëlis Epistoloe quatuordcim, et à la narration Jesum illum Nazarenum, et à la fin est  écrit Utinam in Christo Valeas et hoc diligentius mediteris amen.

                    Et ainsi que dedans a été par nous soussigné Inquisiteur, Vicaire, Vibailli, procédé, Frère Mathieu Ory, Inquisiteur Général, Arzelier Vicaire, de la cour Vibailli et Juge Delphinal."


                Après le second Interrogatoire, Servet envoya Perrin au Monastère de Saint Pierre demander au Grand Prieur, s’il lui avait apporté les trois cent écus qui lui étaient dus à la côte S. André, et le Grand Prieur lui vint remettre cette somme. Elle était perdue pour Servet, s’il eût attendu une heure plus tard, car l’Inquisiteur envoya dire au Geôlier, que l’on ne permit point M. Michel de Villeneuve parler à personne sans licence, et que l’on se prit garde de lui.

    Les soupçons de l’Inquisiteur n’étaient que trop fondé. Il y a avait dans la prison un jardin avec une plate forme qui regardait sur la cour du Palais où l’on rend la justice. Au dessous de la plate forme était un toit, d’où l’on pouvait descendre au coin d’une muraille et de se jeter dans la cour. Quoique  le jardin fût toujours soigneusement fermé, on en permettait quelque foi l’entrée à des prisonniers au dessus du commun, fait pour le promener, ou pour d’autres nécessités.

    Servet, y était entré la veille, et avait tout bien examiné. Le 7 d’avril il se leva à quatre heures du matin, et demanda la clé au Geôlier, qui allait faire travailler à ses vignes. Ce bon homme le voyant en bonnet de nuit et en robe de chambre, ne soupçonna nullement qu’il fût tout habillé, ni qu’il eût son chapeau caché sous la robe. Il lui donna la clé, et sortit quelques temps après ses manœuvres. Lorsque Servet les crut assez éloignés, il laissa au pied d’un arbre son bonnet de velours noir et la robe de chambre fourrée, sauta de la terrasse sur le toit et parvint jusque dans la cour, sans se faire le moindre mal. Il gagna promptement la porte du pont du Rhône, qui n’était pas éloignée de la prison, et passa dans le Lyonnais, ainsi que le déposa une paysanne qui l’avait rencontré, mais qu’heureusement pour lui, on n’interrogea que trois jours après. Il se passa plus de deux heures avant que l’on s’aperçoit de son évasion. La Femme du Geôlier en fut averti la première, et fit cent extravagances, qui marquaient son désespoir. Elle s’arracher les cheveux, battit les domestiques, ses enfants, et tous les prisonniers qu’elle rencontra, et la colère lui faisant braver le péril, elle courut sur les toits des maisons voisines, pour tâcher de découvrir le fugitif. Les Juges firent de leur côté tout ce qui dépendait d’eux en pareille occasion. Le Vibaillis donna ordre que les portes fussent fermées, et gardées cette nuit prochaine et les suivantes. Après les proclamations à son de trompette, on fit des perquisitions exactes dans presque  toutes les maisons de même qu’à Sainte Colombe. On écrivit aux Magistrats de Lyon et des autres villes où l’on présuma que Servet aurait pu chercher un asile On n’oublia pas de s’informer s’il avait de l’argent en banque, et tous les papiers, meubles et effets furent inventoriés et mis à la main de la Justice. 

    On croit communément dans cette ville de Vienne, que le Vibaillis étant intime ami de Servet, qui avait guéri sa fille unique d’une dangereuse maladie, ce Magistrat favorisa son évasion. Chorier, l’historien du Dauphiné, insinue quelque chose d’approchant, lorsqu’il dit : Villeneuve fut fait prisonnier comme suspect pour la Religion, si est ce que son savoir et ses amis l’entirèrent. (Chorié. Etat politique du Dauphiné, T. i. p. 335.) Je ne puis même dissimuler, que quand la procédure faite par le Grand Vicaire dans les prisons Royales, après la fuite de Servet, le Geôlier commence par avouer qu’il a donné la clé du jardin à M. Michel Servet de Villeneuve, mais le reste de la déposition est en blanc. Il semblerait par là, qu’il y avait quelque mystère, qu’on a voulu ensevelir sous un éternel silence. Ce ne sont cependant que de simples soupçons, qui ne peuvent donner aucune atteinte à la mémoire d’un Magistrat, qu’on a toujours reconnu pour être scrupuleusement attaché à ses devoirs. Supposé même qu’il eût voulu s’en écarter dans cette occasion, je doute fort qu’il eût osé l’entreprendre. C’était trop s’exposer au ressentiment du Cardinal de Tournon, (Tous les historiens s'accordent à nous représenter le Cardinal de Tournon comme le fléau de l'hérésie. Il fut publier les Edits les plus rigoureux contre les Novateurs. Il établi à Paris une chambre ardente, qui était proprement une Inquisition, et ordonna à tous les Tribunaux du Royaume de poursuivre les nouvelle erreurs comme autant crime d'Etat. L'ardeur de son zèle l'emporta si loin qu'il fit brûler tous les hérétiques, qui eurent le malheur de tomber entre ses mains. Son dernier Historien, le P. Fleury Jésuite à tacher de le justifier là-dessus et même à l'égard du massacre de Mérindol et  de Cabrières. Dans la suite, le Cardinal se repentit de sa trop grande sévérité, et il employa contre l'erreur que les armes de la persuasion. Il est certain que le Cardinal agissait  plus par amour pour le bien du Royaume que par haine pour le parti Protestant, puisqu'il est impossible de rien innover dans la Religion, sans troubler la tranquillité publique. C'est la réflexion judicieuse de M. d'Auvigny, qui ajoute avec raison que dans les plus grands excès de zèle du Cardinal pour l'Orthodoxie, on reconnu toujours sa droiture et son équité. D'Auvigny, vies des Hommes Illustres de France, T.II. p. 244 et 255,) qui comme tout le monde sait, se montrait inexorable, quand il était question de punir un hérétique. On verra ci-dessus par le propre témoignage de Servet, que le Geôlier ne fut pas complice de la fuite. Il est seulement prouvé par la procédure, qu’une des servantes du Geôlier avait dit à Benoît Perrin en présence de plusieurs personnes : Laquais allez dire à votre Maître, qui est la haut dans jardin, qu’il se sauve par derrière le jardin. Interroger sur ce fait, Perrin l’avoua ingénument, mais il protesta en même temps que lorsqu’il entra dans le jardin, son Maître s’était déjà évadé.

    Le reste de mois d’avril se passa à faire un nouvel examen des livres, papiers et lettres de Villeneuve et d’Arnollet et à copier les Epîtres adressées à Calvin, dont les originaux furent déposés au Greffe de l’officialité.

    Le 2 mai, l’Inquisiteur étant averti que dans une maison écartée, il y a avait deux presses, qui n’étaient point spécifiées dans les réponses personnelles d’Arnollet, il s’y transporta avec le Grand Vicaire et le Vibaillis. Ils y trouvèrent trois garçons d’imprimerie, Thomas de Staton, Jean du Bois et Claude Papillon. L’Inquisiteur, avant de les interroger, leur dit qu’ils n’avaient pu ignorer, que depuis les procédures commencées contre le Maître et Michel de Villeneuve, il était enjoint à toutes personnes, sous peine d’être traitées comme hérétiques, de révéler ce qui concernait le livre composé par Villeneuve, sorti de l’Imprimerie d’Arnollet, qu’il y avait preuve qu’eux Compositeurs avaient travaillé à ce livre : qu’on les exhortait de dire sincèrement la vérité, et s’ils avaient failli, d’en demander grâce, et que les Juges n’entendaient point la punition mais seulement la correction. Ces ouvriers extrêmement effrayés, se mirent à genoux : et Straton prenant la parole pour les autres, dit qu’ils avaient imprimés un gros in 8°, intitulé, Christianismi Restitutio, et n’avaient jamais su qu’il contenait Doctrine hérétique, mais seulement l’avaient oui dire depuis que le procès était commencé : qu’ils avaient besogné depuis la Saint Michel dernière jusqu’au 3 de janvier, que le dit livre avait été fini d’être imprimé : qu’ils n’avaient osé en donner révélation aux Juges, de peur d’être brûlés : qu’au surplus ils demandaient grâce et se remettaient à leur miséricordes. Il ajoutât que M. Michel de Villeneuve avait fait imprimer le dit livre à ses dépends, et en avait corrigé les épreuves : que par son ordre, lui Straton on avait envoyé le 13 de janvier cinq balles à Pierre Merrin fondeur de Caractères, demeurant à Lyon près Notre Dame de Confort.

    Les Juges, charmés de cette découverte, furent sur le champ l’annoncer à l’Archevêque de Vienne, et le Prélat en donna avis au Cardinal de Tournon. Le lendemain, l’Inquisiteur et le Grand Vicaire partirent pour Lyon. Leur premier soin fut d’aller d’interroger Pierre Merrin. Il leur dit, sans rien déguiser, qu’il avait quatre mois ou environ, qu’il reçut par la barquette de Vienne cinq balles avec cette adresse : de la part de Michel de Villeneuve Docteur en Médecine soient remises les présentes balles à Pierre Merrin fondeur de lettres près Notre Dame de Confort : que le même jour, un Ecclésiastique de Vienne, nommé Jacques Charmier, lui vint dire de la part dudit Villeneuve, de garder les balles, jusqu’à ce que l’on vint les retirer, et que ce temps là, il n’a eu de nouvelles dudit Villeneuve, ni vu personne de sa part pour retirer les balles, et qu’il n’a jamais su si c’était du papier blanc ou livres imprimés.

    Après avoir pris la déposition, l’inquisiteur et le Grand Vicaire firent enlever les cinq balles, et revinrent à Vienne, où elles furent mises dans une des chambres de l’Archevêché. Jacques Charmier, fut ensuite interrogé. Il nia constamment de n’avoir jamais su ce que contenaient les balles, qu’il était aller recommander à Pierre Merrin, mais ses grandes liaisons avec Michel de Villeneuve le rendant très suspect, on le condamna quelque temps après à trois ans de prison.

    Le 10 mai, l’Inquisiteur fit un Extrait des principales erreurs du Christianismi Restitutio, pour en faire plus aisément telles censures que de raison.

    Au mois de Juin, le Procès de Servet étant suffisamment instruit, le Vibaillis prononça la sentence conformément aux conclusions du Procureur du Roi.

    "Entre le Procureur du Roi Daulphin demandeur en crime d’hérésie scandaleuse, et dogmatisation, composition de nouvelles doctrines et livres hérétiques sédition, schisme, perturbation de l’union et repos publique, rébellion et désobéissance aux ordonnances faites contre les hérésies, effraction et évasion des prisons Royales Delphinalles d’une part, et M. Michel de Villeneuve Médecin, par ci devant prisonnier aux prisons du Palais Delphinal de Vienne, et à présent fugitif, accusé desdits crimes, d’autre.

    Veu par nous les pièces justificatives des dites hérésies, mêmes les Epîtres et Ecritures de la main dudit Villeneuve, adressées à M. Jehan Calvin Prêcheur de Genève et par le dit de Villeneuve reconnaît, les réponses, confessions, et négations, les réponses et autres procédures concernant Balthazard Arnoullet Imprimeur, certaines balles et livres imprimés desquels l’intitulation est Christianismi Restitutio, les témoins examinés sur ce que le dit de Villeneuve aurait composé et fait imprimer le dit livre à ses dépends, les rapports des Docteurs en Théologie et autres personnes notables sur les erreurs contenus au dit livre et Epîtres, et lesquelles erreurs et hérésies sont d’ailleurs manifestes par la lecture d’eux, actes faites sur l’évasion des prisons et diligence d’appréhender le dit Villeneuve, ajournement à trois brefs jours et défauts sur ceux obtenus, recollement des témoins, conclusions définitives dudit Procureur du Roi Dauphin, et out ce qui a été remis par devant nous, le tout considéré, nous avons dit et disons les dits défauts avoir été bien et dûment obtenus, pour le profit desquels nous avons forclos et forcluons le dit de Villeneuve de toutes exceptions et de sens, déclaré et déclarons atteint et convaincu des cas de crimes à lui imposé pour réparation desquels nous l’avons condamné et condamnons, à savoir pour le regard de l’amende pécuniaire en la forme de mille livres tournait d’amende envers le Roi Dauphin. Et à être incontinent qu’il sera appréhendé, conduit sur un tombereau avec ces livres à jour prochain de marché de la porte du Palais Delphinal par les carrefours et lieux accoutumés jusqu’au lieu de la Halle de la présente citée et subséquemment en la place appelée le Charneve, et y être brûlé tout vif à petit feu, tellement que son corps soi mis en cendre. Et cependant sera la présente sentence exécutée en effigie avec laquelle seront les dits livres brûlés. Et si l’avons condamné et condamnons ès dépends et frais de Justice, desquels nous réservons la taxe, déclarant tout et chacun de ses biens acquis, et confisqués au profit de qui appartiendra, les dits frais de justice et amande sur ces biens au préalable livrés et payés. De la Cour Vibaillis et Juge Delphinal. Gratet Assesseur. Putod Assesseur. Duprat Assesseur. A. de Bais Assesseur. Beraud Assesseur. Philip. Morel Assesseur. Danptesieu Assesseur. Bertier Assesseur. Décourt Assesseur. Lois Morel Assesseur. Chritosle Assesseur. Publiée la dite Sentence en plein Jugement à L’audience au dit Procureur de Roi Dauphin, Nous Vibaillis et Juge susdit séant dans l’auditoire du Palais Delphinal de Vienne, le dix septième jour du mois de juin l’an mille cinq cent cinquante trois. Présents à ce M. Philibert Gollin, Alexandre Roland, Claude Magnin, Charles Verdoney, Pierre des Vignes, et plusieurs autres Praticiens de Vienne illec étant et moi Greffier soussigné, Chasalis.

    Dudit jour environ l’heure de midi après que l’Effigie dudit Villeneuve aurait été faite au devant du dit Palais Delphinal, icelle Effigie par François Berode Exécuteur de la haute Justice, lequel l’on a envoyé quérir à ces fins, été mise sur un tombereau avec cinq balles des livres composés par celui-ci Villeneuve, et après le dit tombereau chargé des dits effigie et livres a été conduit et mené par le dit Exécuteur de la porte du dit Palais par les carrefours et lieux accoutumés, jusqu’au lieu de la Halle de la présente cités de Vienne, et subséquemment en la place appelée le Charnève, en laquelle la dite Effigie a été attaché à une potence expressément érigée, et après  brûlée avec les dits livres à petit feu par le dit Exécuteur, lequel a mis à pleine sentence pour le regard de la susdite Effigie selon sa forme et teneur en présence pour le regard de la dite Effigie selon la forme et teneur en présence de Guigues Ambrosin, Crieur et Trompette de Vienne, Claude Reymet, Michel Baffet, Sergens Royaux Delphinaux, Sermet des Champs, Bolenger de Vienne et de plusieurs autres gens ici assemblés pour voir le dite exécution. Ainsi a été procédé et par moi Greffier soussigné receu. Chasalis."


              M. de la Roche a donné cette pièce sur une copie très fautive, et la plupart des noms propres y sont défigurés.

    La sentence des Juges Ecclésiastiques ne fut prononcée que six mois après celle du Vibaillis. Elle déclarait Hérétique Michel de Villeneuve, accusé pour raison du crime d’hérésie, composition, et impression du Christianismi Restitutio, ses biens confisqués au profit des Comtes de Vienne, distrait les dépenses de Justice, ordonnant au surplus que tous les livres du dit Villeneuve que l’on pourrait trouver, seraient brûlés. Voici la copie de cette Sentence.

    Procuratoris Fiscalis sedis Archiepiscopalis Vienne Super crimine Heresis contra Michalem Villanovanum Medicum.

    Visis certis additionibus ejusden Villanovani manu in margine duorum foloirums impressorum quorum superscriptio est de Baptismo, una cum decem & Septem Epistoli ad Johannen Calvinum descriptis & pereundem Villanovanum recogniti, suis Rsponsionibus coram R. Domino Mathoeo Ory Inquisitore generali hereticoe pravitatis ac nobis Vicario generali Rni. Domini Viennensis Archiepiscopi, de mense Aprilis nuper efluxi factis, per quas recognovit & confessus suit easdem additiones & Epistolas scripfisse, Inquisitione & attestationibus quibus constrat eundem Villenovanum à Caroeribus Pallatii Delphinalis presentis civitatis Viennoe, quibus ob crimen dictoe heresis detinebatur, obsugisse die septimâ esusdem mensis, ternis litteris citatoriis & excommunicatoriis per eundem R. Dominum Inquisitorem & nos Vicarium generalem & aliis per proefatum spectabilem dominum Vicebaillivum pro tribus edictis concessis & debite executis, Libro Intitulato, Christianismi Restitutio, in quo plures continentur Iractatus videlicet de Trinitate duo, de Fide & Justitiâ Regni Christi legis justitiam superantis & de Charitate Libri tres. De orbis perditione & Christi reparatione Liber Primus, de circuncisione verâ cum reliquis Christi & Anti-Christi misteriis omnibus jam completis, Liber secundus, de Misteriis Ecclesioe Christi & eorum efficaciâ Liber tertitus, de Ordine misteriotum & Regenaration Liber quatus, de Msterio Trinitatis & Veterum disciplinâ ad Philippum Melanctonem Aplogia. Visis insuper attestationibus in processu contra Balthasardum Arnoullet super impressions dicti Libri & in processus dicti Villanovanum repetitis, quibus constat ipsum Villanovinus dictum Librum composuisse atque suis sumptibus & mandato à dicto Arnoullet & suis servitoribus excusum & impressum suisse usque ad Octinginta Volumina, & in oedem Libro proedictas decem & septem Epistolas ad Jehannem Calvinum descriptas cum aliis usque ad numerum triginta esse insertas, Atque censurâ per proedictum dominum Inquisitorem subsignatâ de pluribus erroribus in eodem Libro assertis, aliâque censurâ per Venerabiles & Retigiofos viros nos Laurentium Molaris Priorem Proedicatorum Viennoe & Vicarium poesati R.Domini Inquisitoris, Thoman Hochard Conventûs Carmelitarum Vienne SacroeTheologieDoctores, Jahannem Ferretum Fratrum Minorum Conventûs Sanctoe Columboe Gardianum, per quam in Consilio Proesati Reverendiddimi Domini Viennensis Archiepiscopi vocati censuerunt plures blasphemias & heresie proesertim in quinque Libris & Duobus Dialogis deTrinitate & in secundâ & tertiâ Epsitolis proedictis & Apologiâ ad Melanctonmem contra divinam & Sanctam Trinitatem & in Libris de Misrteriis tria dumtaxat esse Apostolatus efficacia Misteria, & in Libro primo Baptismun Infantilus & pueris non prodesse eundem Villanovanum asseruisse ac auctoritatem summi Pontificis & totius Ecclesioe damnasse, & in Libro tertio de Misteriis multa nefanda de Missâ & Altaris Misterio scripsisse atque omnes Ecclesiasticos ritus contempsisse & denique omnibus suis Libris supra scriptis  quamplurima narrata & asserta erronnea, nefanda scripta esse, exquibus constat dictum Villanovanum maximun suisse hereticum. Visis denique proesati Proauratoris Fiscalis conclusionibus diffinitivis & aliis totirus causoe merititis, Igitur de consilio. Rmi. Domini Archiepiscopi & Egregiorum Virorum Actessorum subscriptorum, maturâ habitâ de iberatione & cunctis aceuratè perpensis ex proemissis & aliis actis & processu refultantibus, dictum Michaelem Villanovanum hereticum atque bona ejusdem suisse & esse Dominis Comitibus Viennoe consiscata declaravimus & declaramus, detractis judicialibus expensis factis & siendis, in quibus ipsum condemnamus taxâ nobis salva ordinando insuper omnes & quoscumque Libros Proedictos per eundem Villanovanum compositos ultra jam combustos sore & esse, ubicumpe reperiri possint comburendos atque ejusdem  Villanovanum & Balthasardi Arnoullet proedati processûs attentâ eausoe connexitate simul sore jungendos. Arzelerius Vicarius generalis. Molaris Inquisitoris Vicarius. Steph. Rolandus officialis Accessor. Bus Prior Carmelit. Lugduni Accessor.

    Lata & lecta suit hujus modi supra scrita Sententia per proefatum Rdum. Dominum Vucarium generalem die sabbathi vicesimâ tertia menfis decembris anno Domini millesimo quigentesimo quiquagefimo tertio. In Auditorio Curioe Officialatûs Vienne in proesentiâ quoque dicti Procuratoris Fiscalis sedis Archiepiscopalis Vienne diffinitionem petentis, proesentibus in premissis Magistris Alexandro Rolandi, Claude Magnini, Carolo Verdoney, Humberto Ferronis, Johanne Royer, & puribus aliis Procuratoribus et Praticariis Viennoe ibidem Judicio astantibus & me subsignato premissa récepi. Besset. 

    Servet ne trouvant point de retraite assurée, forma le dessein de passer dans le Royaume de Naples, pour y exercer la profession de Médecin. La crainte d’être découvert par les Catholiques, lui fit prendre la route de Suisse plutôt que celle du Piémont, et il arriva à Genève, où il se tint caché pendant un mois, en attendant une commodité pour partir. Toutes ces précautions ne purent le dérober à la haine de Calvin. Ce Réformateur le déféra au premier Syndic, et Servet fut arrêté et mis en prison le 13 du mois d’août. Calvin ne voulut pas de rendre sa Partie, parce que, selon les lois de Genève, il aurait été obligé de ses soumettre à l’emprisonnement avec l’accusé. Il commit ce soin à un nommé Nicolas de la Fontaine, étudiant en Théologie, qui lui était entièrement dévoué, et se contenta de le diriger dans toutes ses poursuites.

    Le 14 août, de la Fontaine produisit 38 articles, qui avaient été dressés par Calvin, sur lesquels il demanda que Servet fût interrogé. La plupart concernaient sa Doctrine, et on employa, pour le convaincre d’hérésie, divers passages de ses livres tant imprimés que Manuscrits. Mais on insista particulièrement sur les injures qu’il avait dites à Calvin, article délicat, qui ne pouvait que le rendre plus criminel dans l’esprit de ses juges.

    Après que Servet eut répondu aux 38 Interrogatoires, de la Fontaine présenta une requête au Conseil, par laquelle il exposait, qu’ayant fait par amour du bien public, partie criminelle à Servet, à cause des troubles qu’il avait excités dans la Chrétienté, et des calomnies qu’il avait répandu contre les vrais serviteurs de Dieu, et en particulier contre M. Calvin, duquel lui de la Fontaine était obligé de maintenir l’honneur, Calvin et tant son pasteur, il priait le Conseil de faire répondre Servet, plus précisément qu’il n’avait fait, aux 38 articles : après quoi, cette affaire étant publique, d’en remettre la poursuite au  Procureur Général, en élargissant le suppliant des prisons, et le déchargeant de sous dépends, dommages et intérêts.

    Le Conseil continua les Interrogatoires en présence de Calvin et des autres Ministres, et peu de jours après, le Procureur Général se rendit insistant, et de la Fontaine fut mis en liberté sous la caution du frère Calvin. Comme les accusateurs de Servet avaient juré sa perte, ils ne se faisaient aucun scrupule de lui supporter des crimes imaginaires, et ses réponses aussi bonnes qu’elles fussent, étaient Tournés en preuves contre lui. Je n’en rapporterai qu’un seul exemple. On produisit un passage de la  première Edition de Ptolémée, où il est dit dans les notes qui accompagnent la description de la Palestine, que l’on a eu tort de faire de si grande éloges de la fertilité de ce pays là, puisque les voyageurs assurent que c’est une contrée tout à fait stérile, par là, on prétendait prouver, que Servet ayant parlé d’une manière si injurieuse de Moïse, il était Athée, ou pour le moins Déiste. Accusation très mal fondée, puisque Servet avait donné la description de la Judée mot pour mot, telle qu’on la trouve dans le Ptolémée, imprimé à Strasbourg, il la retrancha de la seconde Edition dédiée à Pierre Palmier. Il lui était donc bien facile de se justifier, en disant qu’il n’était pas l’auteur de ce passage, et que dans la suite, il l’avait supprimé. Il le dit effectivement, et ajouta, pour éviter toute chicane, qu’il ne s’agissait nullement de Moïse, mais des Géographes modernes. L’animosité et la mauvaise foi de ses ennemis lui firent un nouveau crime de ses moyens même de justification. "Au commencement dit Calvin, (Traité Théologique de Calvin. P 236,) il gronda entre ses dents que cela n’était point de lui, mais il fut bien aisé de lui clore la bouche : car par ce moyen il était convaincu d’être un affronteur, s’étant attribué ce qui n’était pas sien. Il fut donc contraint de maintenir un tel blasphème, disant qu’il n’y avait que bien. Alors on lui demanda qui c’est qui avait ainsi prêché la bonté de la Terre de Judée, sinon Moïse. Voire, dit-il, comme si d’autres n’en avaient point écrit aussi bien. Tant y a que ce vilain chien étant ainsi abattu par si vives raisons, ne fit que torcher son museau en disant passons outre, il n’y a point là de mal. Et combien qu’il n’eut nulle couleur pour farder tellement quellement sa vilenie, si est-ce qu’on ne lui put arracher un seul mot de confession."

    Le 22, du même mois, Servet présenta une Requête aux Seigneurs Syndic et Conseil de Genève, par laquelle il exposait, que c’était une pratique nouvelle, inconnue aux Apôtres et à l’ancienne Eglise, de faire des procès criminels aux gens, au sujet de leurs sentiments sur les dogmes de la Religion. Que d’ailleurs, s’il était coupable d’avoir publié certaines opinions estimées hérétiques dans Genève, il ne l’avait point fait, ni dans cette ville, ni dans aucun lieu de la dépendance : Que les questions qu’il avait traitées dans ses livres, n’étaient point à la portée de tout le monde, mais seulement à celle des Savants, qu’il n’avait été en aucun lieu du monde, séditieux ni perturbateur du repos public : Qu’enfin, étant étranger, et ignorant les coutumes de Genève, et la manière de parler et procéder en jugement, il priait le Conseil de lui permettre d’avoir un Procureur qui parlât pour lui.

    Le Procureur Général, à qui cette requête fut communiquée, (28 août,) remontra aux Juges, que Servet variait dans ses réponses, qu’elles étaient pleines de mensonges, et qu’il se moquait de Dieu, et la parole, en alléguant, corrompant et détournant faussement les passages de la Sainte Ecriture, pour couvrir ses blasphèmes, et évader punition : qu’il était dans les sentiments des Anabaptistes, qui ôtent le droit du glaive aux Magistrats : qu’il ne méritait pas d’avoir aucun Procureur ou Avocat, comme il le demandait, que cela était défendu par le droit, et qu’on l’avait jamais accordé à de pareils séducteurs. Il proposa en même temps 38 nouveaux articles contre Servet, sur lesquels il demanda qu’il fut interrogé, et qu’il répondit affirmativement ou négativement. La plupart de ces questions de même que 30 autres produites cinq jours au par avant par le Procureur Général, regardaient principalement la personne, les mœurs et la conduite de Servet. Il y a plusieurs que des Juges moins livrés à la vengeance de Calvin, auraient eu honte de proposer. Quoique le discours du Procureur Général devait faire comprendre à Servet, qu’il n’avait point de grâce à espérer, il n’en parut guerre plus ébranlé que des menaces et des raisonnements Théologique de Calvin. Après avoir répondu à tous les Interrogatoires, il assura qu’il persisterait dans ses sentiments, à moins qu’on ne lui fasse voir que sa doctrine était fausse, c’était dire sans détour qu’il ne se rétracterait jamais. En effet qui aurait pu opérer son changement ? La troupe des Ministres, dont son Adversaire était toujours accompagné, ne disait mot. Leur fonction se bornait à faire nombre et à prodiguer des applaudissements au Patriarche de la nouvelle Réforme. Servet n’avait donc à disputer que contre le seul Calvin, dont il méprisait la capacité et détestait la personne, Comme de son plus cruel persécuteur. Ce n’était pas là un convertisseur propre à le faire revenir de ses égarements.

    Le 31 août les Syndics et le Conseil de Genève reçurent une lettre du Vibaillis de Vienne et du Procureur du Roi de la même ville, datée du 26 du même mois, par laquelle ils les remerciaient de ce qu’ils leur avaient fait savoir que Servet avait été arrêté et emprisonné à Genève. Ils les priaient de leur renvoyer le prisonnier, afin qu’on exécutât la sentence rendue contre lui. Leur lettre était accompagnée d’une Copie de cette Sentence. Cette lettre fut apportée par le Viguier ou Capitaine du Palais Royal de Vienne. Le même jour, Servet ayant comparu de nouveau, on fit entrer ce Capitaine, et l’on demanda au prisonnier, s’il le connaissait, il répondit "qu’oui et qu’il avait été deux jours sous sa garde. Ensuite, on lui demanda s’il aimait mieux demeurer à Genève entre les mains de Messieurs du Conseil, ou retourner à Vienne avec le Geôlier qui l’était venu quérir. Servet se jeta à terre, fondant en larmes, et dit qu’il souhaitait être jugé par les Magistrats de Genève : Et que Messieurs fissent de lui tout ce qui leur plairait…"

    Le Geôlier partit de Genève, ayant obtenu une attestation, qui portait que Servet avait déclaré qu’il s’était sauvé de la prison de Vienne, sans le consentement du Geôlier. (De la Roche vie de Servet. P. 142.) Ce récit prouve évidemment que le Vibaillis de Vienne ni le Geôlier n’eurent aucune part à l’évasion de Servet.

    Le premier de septembre, les Juges ordonnèrent à Calvin d’extraire des propositions mot à mot du Christianismi Restitution : ils ordonnèrent en même temps que Servet y répondait en latin. Calvin réduisit ses propositions à 38 Articles, et le 15 du mois, on les communiqua à Servet, qui donna sa réponse en peu de mots. M. de la Roche observe que quelques unes de ces propositions ne sont pas à beaucoup près aussi hérétiques que les autres. On les trouvent parmi les Traités de Calvin de même que la réponde de Servet, dont je rapporterai le commencement, parce qu’il contient le précis de son hérésie. Eam sibi jam authoritatem arrogat Calvinux ut instar Magistrorom Sorbonicorum Articulos scribat, & quidvis pro-suâ libidine dammet, nullam penitus ex sacris adducens rationem. Mentem mmean ipse aue planè non intelligio, aut callidè alio detorquet. Unde sagor scopum meum totum hic paucis proponere, acpro me rationes adducere, antequam singulis ejus Artitulis respondeam.

    Scopus meus totus suit quod nomen hoc, Filius, in sacris Literis propriètribuatur hemini filio, idque semper, ficut eidem propriè semper tribuitur nomen Jesus, & nomen Christus. Ad hujus probationem adduxi omnes Scripturoe logos, in quibus penitur ea vox Fitius, qoe non accipiatur pro homine filio. Siigitur Scripture ita semper accipit, ita & nos semper accipere oportet.

    Secundam Personam in Deitate dixi olim dictam Perfonam, eo quod esset persolanis reproesentatio hominis Jesus Christi, hypostaticè jam olim in Deo subsistantis, ac in ipsà Deitate relucentis. Quia vero hoec Personoe ratio est Calvino incognita, & quia inde res ferè tota pendet, locos hic ex aretiquiq Doctoribus adducam.

    Servet cite ici quelques passages de Tertullien, de St. Irénée, et des reconnaissances faussement attribuées à St. Clément, après quoi il ajoute :

      

         Jam ad singulos Calvini Articulos respondere superest. In ipso cum primis titule minari subis hominis impudentiam qui se Orthodoxum proedicet, cum sit Simonis Magi discipulus. [Servet voulait dire par là que Calvin soutenait avec beaucoup de zèle le dogme de la Prédestination,] ut in Apologiâ meâ jam Ministrum Ecclefix, accusatorme criminalem & homicidam ? 

    Calvin réfuta la réponse de Servet, et fit signer sa réplique par 13 Ministres, ce qui n’était que pour la forme, Calvin étant le seul mobile de toute la procédure. Cette réplique est écrite avec beaucoup d’art, et il y a bien de l’apparence que la manière fine dont Calvin réfuta les sentiments de Servet, fut extrêmement préjudiciable à cet hérétique. Mais M. de la Roche, quoique Protestant, ne ménage guerre Calvin, et paraît avec raison, fort choqué des paroles qui terminent la Réplique de ce Réformateur : Quisquiq ergo, dit Calvin, vivè & prudenter reputabit, hune illi [Serveto] scopum suisse agnoscet, ut luce sana doctrine extinctâ totam religionem everteret. "C’est là, dit l’Historien, (De la Roche Urbi Supr. p. 156,) une accusation tout à fait chimérique. Servet n’a jamais pensé à détruire la Religion. Tout homme qui entreprend de renverser la Religion n’en a point : mais on n’a qu’à lire les ouvrages de Servet, et faire attention à sa conduite pour le persuader qu’il avait beaucoup de piété. (M. de la Roche y pense t-il de nous dire que Servet avait beaucoup de piété, la piété peut-elle subsister dans la foi à laquelle Servet dérogeait d’une manière aussi obstinée ? La piété et l’impiété s’excluent l’une de l’autre du même sujet. Si M. de la Roche avait dit que Servet avait quelque humanité on aurait pu le souffrir.) Que l’on dise qu’il était trop entêté de ses sentiments, qu’il les soutenait avec beaucoup d’aigreur et d’emportement, qu’il se servait sans détour des termes les plus choquants, que jamais homme n’a été moins prudent que lui, qu’il avait des saillis d’un fouet d’un enthousiasme : j’en conviendrai. Mais on ne doit pas l’accuser d’avoir voulu détruire toute sorte de Religion."

    Servet ne jugea pas à propos de répondre à la Réplique de Calvin par un écrit séparé. Il se contenta d’y faire des petites Notes marginales, qui ne pouvaient que rendre sa cause désespérée. Outre les démentis réitérés qu’il donne à Calvin, il l’appelle Simo magnus, impostor, Sycophanta, nebulo, perfidus, impudens, ridiculus mus, cacodoemon &ct. On est persuadé que Servet, quoique naturellement emporté, fut encore excité à vomir tant d’injures contre Calvin, par des personnes de considération qui haïssaient ce Réformateur.

    Pendant cet intervalle, Servet présenta plusieurs requêtes à ses Juges, tant pour sa propre justification, que contre Calvin, qu’il traité de Calomniateur, requérant qu’en cette qualité, il fut puni de la peine du talion, et que ses biens lui fussent adjurés, pour le dédommager de ceux de Calvin lui avait fait perdre. Il demandait d’être renvoyé au Conseil des deux cents, et faisait en même temps une peinture touchante des misères et des infirmités dont il était accablé dans sa prison.

     

    *Voir en parallèle de cet article les 3 lettres intégrales de Servet en prison : http://site.voila.fr/unitariens/articles/lettreservet.html  

     

    Les Juges ne firent aucune attention à ces requêtes. On n’en doit pas être surpris. Calvin était si respecté des Magistrats et du peuple de Genève, qu’il n’était pas moins absolu dans cette ville-là, que le Pape l’était à Rome. C’est l’aveu ingénu de Mackensie, Médecin Anglais, et Ecrivain Protestant, cité dans la Bibliothèque Anglaise.

    Toute l’instruction du Procès de Servet étant achevée, le Conseil, avant de le juger, en envoya des copies aux Magistrats des quatre Cantons Protestants, pour avoir le sentiment de leurs Théologiens sur cette affaire. Ceux-ci ne tardèrent pas à le faire savoir, et quoiqu’ils s’exprimassent d’une manière vague et susceptible de différentes interprétations, on ne manqua pas d’en conclure à Genève, qu’ils approuvaient que l’on fasse mourir Servet.

    Le 28 octobre 1553, cet infortuné Médecin fut condamné à être brûlé tout vif. Afin d’éviter à mes lecteurs la peine de recourir à M. de la Roche, je vais rapporter la Sentence et le procès dont elle est précédée. On y verra les propositions pour lesquelles il fut jugé avec tant de rigueur.

    Procès fait et formé par devant Nos très redoutés Seigneurs Syndiques, Juges des Causes Criminelles de cette citée, à la poursuite et instance du Seigneur Lieutenant de cette dite  citée, ès dites Causes instant contre Michel Servet de Villeneuve au Royaume d’Aragon en Espagne. "Lequel premièrement a été atteint d’avoir, il y a environ vingt trois à vingt quatre ans, fait imprimer un livre à Agnon (Haguenau,)  en Allemagne contre la sainte et individuelle Trinité, contenant plusieurs et grands blasphèmes contre elle, grandement scandaleux ès Eglises des dites Allemagnes, lequel livre il a spontanément confessé avoir fait imprimer, non obstant les Remontrances, et corrections à lui faites de ses fausses opinions, par les Savants Docteurs Evangéliques des dites Allemagnes.

    Item, et lequel livre est été par les Docteurs de ces Eglises d’Allemagne comme plein d’hérésies, reprouvé, et le dit Servet rendu fugitif des dires Allemagnes, à cause du dit livre.

    Item, et nonobstant cela le dit Servet a persévéré en ses fausses erreurs, infectant avec elles plusieurs à son possible.

    Item, et non content de cela, pour mieux divulguer et épancher son dit venin et hérésie, depuis peu de temps en ça il a fait imprimer un autre livre à cachette dans Vienne en Dauphiné, rempli des dites hérésies, horribles et exécrables blasphèmes contre le Sainte Trinité, contre le Fils de Dieu, contre le Baptême des petits enfants, et autres plusieurs Saints passages et fondements de la Religion Chrétienne.

    Item, a spontanément confessé qu’en de ce livre, il appel ceux qui croient en la Trinité, Trinitaires et Athéistes.

    Item, et qu’il appel cette Trinité un d** et monstre à trois têtes.

    Item, et contre le vrai fondement de la Religion Chrétienne, et blasphémant détestablement contre le Fils de Dieu, a dit Jésus Christ n’être Fils de Dieu de toute éternité, ainsi tant seulement depuis son Incarnation.

    Item, et contre ce que dit l’Ecriture Jésus être Fils de David selon la Chair, il le nie malheureusement, disant de celui-ci être créé de la substance de Dieu le Père, ayant reçut trois éléments de celui-ci, et un tant seulement de la Vierge, en quoi méchamment il prétend abolir la vraie et entière Humanité de Notre Seigneur Jésus Christ, la souveraine consolation du pauvre genre humain.

    Item, et que le Baptême des petits enfants n’est qu’une invention Diabolique et Sorcellerie.

    Item, et plusieurs autres points et articles, et exécrables blasphèmes desquels le dit livre et tout farci, grandement scandaleux, et contre l’honneur et Majesté de Dieu, du Fils de Dieu et du Saint Esprit : qui est un cruel et horrible meurtrissure, perdition et ruine de plusieurs pauvres âmes, étant par sa dessus dite déloyale et détestable doctrine trahies. Chose épouvantable à réciter.

    Item, et lequel Servet rempli de malice de son livre, ainsi dressé contre Dieu et sa sainte doctrine Evangélique, Christianismi Restitutio, qui est à dire Réfutation du Christianisme, et ce pour mieux séduire et tromper les pauvres ignorants, et pour plus commodément infecter de son malheureux et méchant venin les lecteurs de son dit livre, sous l’ombre de bonne doctrine.

    Item, et contre le dessus dit livre, assaillant par lettres mêmes notre Foi, et mettant peine celle infecté de son poison, a volontairement confessé et reconnu avoir écrites lettres à un des Ministres de cette citée, dans lesquelles entre autres plusieurs horribles et énormes blasphèmes contre notre sainte Religion Evangélique, il dit notre Evangile être sans Foi et sans Dieu nous avons un Cerbère à trois têtes.

    Item, et davantage volontairement confessé, qu’au dessus dit lieu de Vienne, à cause de ce méchant et abominable livre et opinions, il fut fait prisonnier, lesquelles prisons perfidement il rompit et échappa.

    Item, et n’est seulement dressé le dit Servet en sa doctrine contre la vraie Religion Chrétienne, mais contre arrogant innovateur d’hérésie, conte la Papauté et autre, fit que à Vienne même il est été brûlé en Effigie, et de ses dits livres cinq bales brûlées.

    Item, et nonobstant tout cela, étant ici ès  prisons de cette Citée détenu, n’a pas cessé de persister malicieusement en ses dites méchantes et détestables erreurs, les tachant soutenir avec injures et calomnies contre tous vrais Chrétiens et fidèles renementiers de la pure immaculée Religion Chrétienne, les appelant Trinitaires, Athéistes et Sorciers, non obstant les remontrances à lui déjà depuis longtemps en Allemagne, comme est dit, faites, et au mépris des répréhensions, emprisonnements, et corrections à lui tant ailleurs qu’ici faites. Comme plus amplement et au long est contenu en son Procès."

     

     

    Sentence.

     

    "Nous Syndiques, Juges des Causes criminelles et de cette Citée, ayant voulu le procès fait et formé par devant Nous, à l’instance de notre Lieutenant ès dites Causes instant, contre Toi Michel Servet de Villeneuve au Royaume d’Aragon en Espagne, par lequel et ses volontaires confessions en  nos mains faites, et par plusieurs fois réitérées, Et les livres devant nous produits, Nous conste et appert Toi Servet, avoir dès longtemps mis en avant doctrine fausse et pleinement hérétique, celle mettant arrière toutes remontrances et corrections, avoir d’une malicieuse et perverse obstination, persévéramment semée et divulguée jusqu’à l’impression des livres publics, contre Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit, bref contre les vrais fondements de la Religion Chrétienne, et pour cela taché de faire un schisme et de troubler l’Eglise de Dieu, dont maintes âmes ont peut être ruinées et perdues : chose horrible et épouvantable, scandaleuse et infectante, et n’avoir eu honte ni horreur de te dresser totalement contre la Majesté divine et Sainte Trinité, ainsi avoir mis peine, et t’être employé obstinément à infecter le monde des tes hérésies et puant poison hérétique, cas et crime d’hérésie grief et détestable, et méritant grief punition corporelle. A ces Causes, et autre justes à ce Nous mouvantes, désirants de purger l’Eglise de Dieu de tel infection, et retrancher d’elle tel membre pourri, ayant eu bonne participation de Conseil avec nos Citoyens, et ayant invoqué le nom de Dieu, pour faire droit jugement, seans pour Tribunal au lieu de nos Majeurs, ayant Dieu et ses Saintes Ecritures devant nos yeux, disant, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, par cette Notre définitive Sentence, laquelle donnons ici par écrit, Toi Michel Servet condamnons à devoir être lié, et mené au lieu de Champel, et là devoir être à un pilotis attaché, et brûlé tout vif avec ton livre, tant écrit de ta main qu’imprimé, jusqu’à ce que ton corps soit réduit en cendres, et ainsi finira tes jours, pour donner exemple aux autres, qui tel cas voudraient commettre. Et à vous notre Lieutenant, commandons notre présent Sentence faites mettre en exécution."

    Comme l’on pourrait me reprocher d’avoir omis ce qui peut contribuer à la justification de Servet, j’inférerai ici la remarque d’un Ecrivain Moderne qui a joint des Notes très curieuses  la Nouvelle Edition de l’Histoire de Genève, (In 4°. 2. vol. 1730,) par M. Spon.

    [Si l’on juge, dit l’auteur des Notes, des sentiments de Servet : (Vol. p. 294,) par les réponses qu’il fit aux questions qui lui firent proposées, ils n’étaient pas si détestables que M. Spon les représente. Il paraît par les Actes de son Procès que sur la demande qui lui fut faite, s’il n’était pas vrai qu’il avait publié dans ses livres, que de croire qu’en une seule essence de Dieu il y eut trois personnes distinctes, le Père, le Fils, et le Saint Esprit, c’était se former des Fantômes ridicules, et faire un Dieu partagé en trois, semblable à un Cerbère, le chien infernal à trois têtes, que les Poètes Païens avaient imaginé ? Il répondit, qu’il avait écrit un livre de la Trinité, suivant les principes et les idées des plus anciens Docteurs de l’Eglise, qui avaient vécu immédiatement après Jésus Christ et ses Apôtres, et qu’il croyait qu’il y avait trois personnes en Dieu, mais qu’il entendait ce mot de Personne d’une manière différente des Modernes : niant, au reste, qu’il eut comparé la Trinité à un Cerbère. Etant interrogé sur ce qu’il pensait de la nature de Notre Seigneur Jésus Christ était éternelle, qu’il était fortement persuadé que Jésus Christ était le Fils de Dieu, engendré de toute éternité du Père, et conçut par l’Esprit Saint dans le sein de la Vierge Marie, que la Divinité de Jésus Christ fut communiquée à son Humanité, dans le temps de sa Conception, qu’ainsi sa chair est participante de la Divinité, mais que la matière de la chair était venue de la Vierge Marie. Qu’il ne condamnait point, comme on le lui attribuait, le sentiment de ceux qui mettaient quelque distinction de priorité dans l’Essence de Dieu, qu’il reconnaissait une différence de Personnes, mais qu’il rejetait seulement la pensé de ceux qui voulaient qu’il y eut une distinction réelle dans la Divinité. Qu’il n’était point non plus dans la pensée où on le faisait être, que Jésus Christ était Fils de Dieu, parce qu’il était composé de trois éléments, de la substance du Père, savoir, le feu, l’air, et l’eau, puisqu'il n’avait jamais cru que ces trois choses se trouvaient en Dieu, sinon, autant que Dieu en avait l’idée, comme de toutes les autres choses qu’il avait créées.

    On attribuait à Servet de faire l’âme de l’homme mortelle, que l’on ne commettait point de péché mortel jusqu’à ce temps-là, l’on n’avait pas besoin de rédemption, enfin, que le Baptême des petits enfants était une invention Diabolique. A quoi il répondit : qu’il n’avait jamais pensé, ni fait connaître qu’il crut, que l’âme de l’homme fut mortelle, mais qu’il avait simplement dit, qu’elle était revêtue et comme habillée d’éléments corruptibles. Qu’il ne croyait point que l’âme de l’homme ni les différents êtres qui font au monde, fussent des portions de la Divinité, mais que Dieu étant infini et tout puissant, son essence était par tout, et soutenait toutes choses, et qu’il ne concevait point que l’âme de l’homme et les autres choses fussent en Dieu, sinon par leurs idées, que les petits enfants naissaient avec le péché originel, mais qu’ils ne comprenaient le Mystère de leur rédemption, que quand ils étaient venus en âge, et q’il était dans la pensée, que pendant l’enfance, l’on ne commettait point de péché mortel, qu ’il croyait le Baptême inutile pendant ces temps là, que même il ne déguisait point de s’être expliqué, et d’avoir écrit là-dessus d’une manière extrêmement vive, mais que si l’on, pouvait lui faire voir qu’il s’était trompé, il était prêt à abandonner son opinion.)

    M. l’Abbé Mosheim, (cité dans la Nouvel. Biblioth. de la Haye. T. xx. P. 253,) dans ses Institutiones Historia Christianoe Recentioris, dit de même en parlant de Servet, que cet homme malheureux et digne d’un meilleur sort, avait enseigné beaucoup de choses qui répugnent à la Révélation, mais que ses accusateurs trop emportés, lui en imputèrent aussi beaucoup qu’il ne pouvait croire à moins d’être fou, qu’il y eut même quelques uns de ses sentiments, qui furent mal entendus, ou malicieusement exagérés.

    Il est certain, comme je l’ai observé ci-dessus, que les ennemis de Servet firent paraître beaucoup de mauvaise foi et d’animosité contre lui. Mais il n’en est pas moins vrai qu’on doit juger de ses sentiments plutôt pas ses Ecrits, que par ses réponses personnelles. Dans l’Interrogatoire, qu’il subit à Vienne, il répandit des larmes feintes pour tromper ses Juges. Qu’on examine ses réponses concernant sa doctrine, on ne verra qu’un tissu de mensonges et de contradictions. Quand on lui demanda, par exemple, l’explication de ces paroles écrites de sa propre main : Justificantour ergo parvuli fine Christsi fide, prodigium, monstrum doemonum : il répondit qu’il croyait fermement, que les petits enfants qui recevaient le Baptême, étaient sauvée sans Foi acquise, ayant néanmoins la Foi infuse par le Saint Esprit. Le lendemain, il avoua qu’il avait été autrefois dans cette opinion, que Parvuli carnis non erant capaces doni Spiritûs, mais qu’il avait abandonné ce sentiment depuis longtemps, et qu’il voulait se ranger à ce que l’Eglise tient. Il venait cependant d’écrire contre le Baptême des enfants dan son Christianismi Restitutio, et ses Juges en avaient la preuve devant les yeux. Il en est de même de ses erreurs monstrueuses sur la Trinité. Il protesta, en prenant Dieu à témoin, qu’il ne croyait rien du tout ce qu’il avait écrit à ce sujet dans ses lettres à Calvin : que ce qu’il avait avancé n’était que par manière de disputation : qu’il avait seulement fait usage des Arguments d’un nommé Servetus, pour éprouver la capacité de Calvin, que ce Servetus lui était entièrement inconnu, qu’enfin, il n’avait jamais eu intention, de dogmatiser, ni de soutenir la moindre chose qui fut contraire à l’Eglise ou à la Religion Chrétienne. Qui ne voit dans tout ceci la duplicité d’un homme, qui ne cherche qu’à tromper et à donner le change à ses Juges ? L’Auteur des Notes sur M. Spon, dit que Servet nia d’avoir comparé la Trinité à un Cerbère. Comment eut-il l’assurance de le désavouer, puisque dans un de ses lettres à Abel Pepin, Ministre de Genève, on trouve ces paroles : pro uno Deo habetis triplcems Cerberum. Cette lettre fut produite au Procès, et Servet reconnut qu’elle était de lui. Il niait donc les faits les plus évidents.

    Il n’est pas nécessaire d’entrer dans un plus grand détail, pour prouver que Servet usait de dissimulation dans les réponses. A l’égard de la disposition où il paraissait être de se rétracter, si l’on pouvait lui faire voir qu’il s’était trompé, je doute qu’elle fut sincère. Le système dont il s’était malheureusement entêté il le soutenait avec une opiniâtreté inconvenable. C’est la manie de tous ceux qui s’érigent en Réformateurs. On voit par sa lettre à Pepin, écrite six ans avant son Procès qu’i s’attendait tôt ou tard de souffrir la mort pour ses sentiments.

    Le 27 Octobre, la Sentence rendue contre Servet lui fut prononcée. Sa fermeté l’abandonna dans cette occasion, s’il faut s’en rapporter à Calvin, dont le témoignage est très suspect. Tantôt, dit-il, il paraissait interdit et sans mouvement, tantôt il poussait de grands soupirs, tantôt il faisait des lamentations comme un fou, et criait à la manière des espagnols, miséricorde, miséricorde ! Une chose bien moins facile à croire, est que Calvin ait protesté à Servet, qui lui demanda pardon deux heures avant sa mort, qu’il n’avait jamais pensé à se venger des injures qu’il lui avait dites. Calvin (Traité Théologique de Calvin. P. 817,) lui-même nous apprend cette particularité, sans nous dire qu’elle impression un compliment si mal placé put faire sur Servet, triste victime de la jalousie et l’humeur vindicative de ce Réformateur.

    Guillaume Farel, Ministre de Neufchâtel, se trouvait à Genève le jour de l’exécution de Servet, et l’accompagna au supplice. On a écrit que Calvin était à une fenêtre, et qu’il sourit, quand il vit passer cet infortuné Médecin. M. de la Roche paraît persuadé que c’est là une calomnie exécrable. Peut-être a-t-il voulu ménager Calvin dans cette occasion : car partout ailleurs, il en fait un portrait qui n’est nullement pour le flatter. Quoiqu’il en soit, Servet expia au milieu des flammes, sans avoir prononcé une seule parole, quand on le conduisit au supplice, ni donné aucune marque de repentir.

     

    *Vous pouvez retrouver le supplice de Servet suite à son condamnation prononcée sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k91623c/f53.table  (pages 49 à 52.)

     

    Cette exécution fit beaucoup de bruit dans le monde, et donna lieu à des jugements très opposés. Bien des gens approuvèrent qu’on eut exterminé un impie et un blasphémateur tel que Servet des Protestants modérés soutinrent au contraire que c’était une cruauté de punir de mort pour des opinions, qui n’étaient au fond qu’un mélange de Judaïsme et d’Anabaptisme. On aurait agi, selon eux, d’une manière plus conforme à l’humanité et au Christianisme, si l’on eut attendu le repentir de Servet. Ce fut pour répondre aux plaintes de ces derniers, et en même temps pour justifier sa conduite, que Calvin publia un ouvra, où il prouvait qu’on doit faire mourir les Hérétiques. Son livre parut au commencement de 1544. Sous ce Titre : Fidelis Expositio errorum Refutatio : ubi docteur jure gladii coercendos esse Hereticos.

    Lelio Socin et Castellion écrivirent contre Calvin, et furent réfutés à leur tour par Théodore de Bèze, dans son Traité De Hereticis à Magistratu puniendis. Ainsi les deux colonnes du parti P. Réformé autorisèrent la punition des Hérétiques, dans le temps même que les Protestants faisaient retentir toute l’Europe de leurs lamentations, au sujet des peines rigoureuses qu’on décernait alors contre eux en France.

    Nos controversistes du dernier siècle furent bien de se prévaloir du supplice de Servet, et du Traité de Hoereticis Puniendis. Car dès que les Calvinistes se plaignirent qu’on les traitait trop durement, on leur alléguait le droit que Calvin et Bèze ont reconnu dans les Magistrats. Jusqu’ici, dit Bayle, (Diet. Crit. Art. Bèze. Rem. F,) on n’a vu personne qui est échoué pitoyablement à cette Objection ad hominem. Mais comme la récrimination ne prouve rien, sinon qu’on s’est jeté de part et d’autre dans des excès blâmables, nos Théologiens ont établi sur des fondements solides l’exercice de la puissance du glaive dans les matières de la Religion et de la conscience. L’erreur qui dogmatise publiquement doit être réprimée, et on ne connaît parmi les Chrétiens que les Sociniens, et les Anabaptistes qui s’opposent à cette doctrine. Le droit est certain, dit M. Bossuet, mais la modération n’en est pas moins nécessaire. 


     DidierLe Roux


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  • Récit des unitariens de Transylvanie de la fin du dix-septième siècle à "l'époque actuelle".

      

     

    [Etrait d'une communication de Itev. Jean Kenrick, M.A., au Monthly Repository d'avril 1820.]


    En l'an 1699, la Transylvanie se retrouva définitivement unie à l'Autriche. Le Diploma Leopoldinum, la charte de ses libertés et privilèges, assurait le libre exercice de leur religion, la possession de leurs églises, écoles, terres et droits politiques aux unitariens, en commun avec les trois autres sectes établies. Mais il ne fallut pas longtemps, avant qu'ils ressentent les effets de la bigoterie catholique de la maison d'Autriche. En 1716, sur l'ordre de Charles VI., le comte Steinville, commandant en Transylvanie, ont leur pris de force l'église, le collège et l'imprimerie que Jean II leur avait donnés. Cette presse qu'ils s'étaient procurée une vingtaine d'années avant Dantzig, était une lourde charge, mais c'était afin de se prévaloir d'une phrase prononcée en leur faveur par la diète "Prouti Typographitentionem nemo Unitariis prohibuit, ita ejusdem usum nemo prohibet." En même temps qu'ils souffraient de la violence à Kolosvar, ils ont été contraints de renoncer à leur église et à l'école de Carlsburg, et les catholiques en prirent possession. A d'autres égards, ils ont conservé leur liberté. Sigismond Palfi fut leur Superviseur qui suivit, et après un intervalle très court, il a été remplacé par Michael Szentabrahami, qui était aussi Professeur de théologie, et qui avait élaboré un système en manuscrit et utilisé par les écoles unitariennes. Il a été remplacé par Stephen Aagh, qui était vivant quand Benko publia son "Transylvanie", en 1778. Il était suivi par Georges Markos, qui publia en 1787, "Systema théologies secundum Unitarios," le texte-livre de leurs étudiants en théologie. La permission de faire ceci a été obtenue de par la libéralité de Joseph II. (1)


    Selon Benko, les unitariens en 1766, étaient au nombre de 28 647, et de par une énumération dans l'année 1789, leur nombre avait augmenté à 31 921 (2) en Transylvanie, comprenant trois nations distinctes : les saxons, les hongrois et les sicules. Aucun unitarien ne se trouvait parmi les saxons, les doctrines de Blandrata et David trouvèrent en premier une plus grande acceptation parmi les deux dernières classes. les saxons qui se sont convertis, se retrouvèrent désavoués par le reste de leurs compatriotes colons, et, naturellement, se joignirent aux hongrois et sicules ; la mortalité dans les grandes villes causait aux unitariens saxons à kolosvar, qui étaient engagés dans les manufactures, de recruter le nombre de leurs apprentis et gens pour le travail du pays, et donc le sang allemand et hongrois devint plus mélangé, et au fil du temps l'origine des noms de familles allemands ont été traduits en hongrois, et les gens eux-mêmes adoptèrent cette langue. Leur physionomie et habitudes de vie, dit-on, cependant, soulignaient toujours leur origine allemande. La signification du nom des sicules et l'origine des personnes qui le portent sont encore obscures après toutes les enquêtes que les antiquaires de Transylvanie lui ont consacrées. Dans le langage et les manières ils sont hongrois, et ils sont évidemment installés en Hongrie plus tôt que la grande partie du peuple, ils se distinguent par certains privilèges politiques et ont leur propre code de lois. On les trouve principalement dans le nord et l'est de la Transylvanie. "Qui non dans aflabiles Siculia, libère et bospitalissimos reperiet, contes Certe incasaum (sicut diversoria entre Siculos;! Quanta ergo hospitalitas). Uspiam quajsiverit Indoles quoque Siculorum prascipua, ingéniosité acerrimum." Benko, Tom. I, p. 402 La plus grande partie des unitariens est maintenant trouvée parmi les sicules.


    Les unitariens de Transylvanie avaient, dans l'année 1796, cent dix églises principales, et cinquante-quatre églises de filiation, qui étaient divisées en huit diocèses. Les préoccupations ecclésiastiques sont gérées, comme chez les luthériens et les réformés, par un consistoire supérieur et inférieur, ce dernier étant une sorte de comité permanent pour l'expédition des affaires qui n'admet pas de retard. Le consistoire supérieur est composé de treize membres du clergé et de vingt laïcs, présidé par un laïc, qui est l'un des deux commissaires des églises et des écoles, et le Prêtre en est le Superviseur. Ses fonctions consistent à remplir les paroisses et les écoles vacantes, et généralement de réglementer toutes les questions liées à la religion et à l'éducation. Dans chaque diocèse (Sprengel) il y a un tribunal pour la détermination des causes matrimoniales, dont le clergé de chaque religion décide sans l'intervention d'un Magistrat civil. Le tribunal qui prend connaissance de ces causes est composé d'un doyen, d'un syndic, de deux conservateurs laïcs, ou administration, (qui sont généralement les personnes les plus considérables parmi la noblesse unitarienne, choisi par la majorité des voix, mais sous réserve de l'approbation du consistoire supérieur), et cinq membres du clergé. Si les parties ne sont pas satisfaites de la peine, elles peuvent faire appel à une assemblée de tout le diocèse, et de celui du consistoire supérieur. Les synodes se tiennent deux fois par an, en janvier, à Kolosvar et en juin, dans l'une ou l'autre des huit diocèses ; à ces moments des candidats sont ordonnés pour le ministère après un examen rigide. Kolosvar est le siège principal des unitariens et, ils avaient ici et dans le diocèse du même nom, en 1796, cinq églises principales et huit filiales. Leur église de ville a été construite en 1796, et est un très bel édifice ; sur le front il y a une inscription- "In honorem solius Dei;" que l'empereur d'Autriche, dit-on, lut avec une certaine surprise, quand il visita les bâtiments publics de Kolosvar, il y a quelques années. La tour est meublée avec trois cloches, lesquelles ont des slogans faisant allusion à la fortune de l'unitarisme en Transylvanie. "Per varios casus." "Ut portu meliori quiescam." "Salus tan tum ab alto." Dans Kolosvar, il a aussi le collège unitarien, dans lequel les jeunes de cette religion allaient quand ils avaient reçu une formation préalable au collège ou aux écoles communes. (3) Le nombre d'étudiants était entre deux et trois cents. (4) A proprement parlé, il était à la fois une école et un collège. Les huit classes les plus basses recevaient l'enseignement par des étudiants de haut niveau ; les éléments de la langue latine, de l'histoire, de la géographie et de la religion formaient le cours d'instruction. Les enseignants percevaient dans les quatre classes les plus basses vingt et un florins (onze florins font une livre sterling); dans les quatre supérieures c'est trente et un florins, comme salaire annuel. Les quatre classes, qui sont proprement académiques étaient dispensées par quatre Professeurs, dont chacune avait des conférences quotidiennes de trois heures, et qui était nécessaire pour mettre fin à son parcours en deux années. (5) Le plus grand salaire était de 1000 florins par an, et dont une très grande partie provenait de ce qu'on appelle le fond Sukien, de Ladislas Suki, un riche célibataire et noble de Transylvanie, qui quitta sa propriété, pour un montant de 60 000 florins, dans ce but. (6) les étudiants étaient remarquables (selon le témoignage de Thorwachter, qui était lui-même un calviniste) pour leur diligence et bonnes mœurs. Marienburg (Geog. Von Siebenbiirgen) dit que les enfants dans les écoles unitariennes travaillaient sans relâche dès six heures du matin jusqu'à midi, et de treize heurs jusqu'à vingt heures.


    L'empereur d'Autriche prit peur de l'effet que le recours à l'étranger pouvait avoir sur les esprits de ses sujets, et donc érigea un poste de Professeur de théologie protestante à Vienne, et devaient y avoir recours tous ceux qui souhaitaient avoir une éducation universitaire au-delà de ce qui les institutions de leurs propres provinces offraient. Ce règlement cruel a été fait en violation flagrante des privilèges que son prédécesseur et lui-même avaient solennellement confirmés aux transylvaniens.


    Le mode de conduite et le culte public parmi les unitariens étaient presque les mêmes que dans les églises réformées en Allemagne, mais seulement à la place d'un livre de cantiques, ils utilisaient une ancienne traduction des Psaumes dans la langue hongroise. Les prières étaient libres, quelques phrases normatives pour l'adoration du Christ étaient introduites en elles, mais ce n'est en aucun cas soigneusement mis en avant. Le clergé unitarien prêchait sans notes. On a pensé que la coutume, qui est toujours maintenue, de fournir toute l'instruction théologique en latin, les empêcha de former un aussi bon style de message de la chaire que les Ministres des autres religions, mais aucun changement à cet égard n'a jusqu'ici été réalisé. La souche de la prédication était pratique, et la production de doctrines particulières de l'unitarisme de la chaire soigneusement évitée. Ils ont du gardé, sans doute, dans une certaine mesure à cette réserve, des relations amicales avec les autres religions ; cependant, un cas fait voir qu'il y eut au moins un moment où ils n'ont pas été considérés comme des chrétiens : celui qui les quittait et rejoignait une autre église, devait être rebaptisé. Les unitariens ont cherché à obtenir que cette stigmatisation soit supprimée, mais en vain. En point de droits politiques, les unitariens se tenaient sur le même pied que les trois autres religions et également admissibles à des fonctions. Mais il sera facilement supposé que peu d'entre eux atteignirent des postes élevés, et que tous les lieux de confiance et de profit étaient occupés par des catholiques. Un protonotaire de la Cour suprême de justice doit, selon la constitution, être un unitarien, et même cela la cour de Vienne semble disposée à le retenir. L'état de disgrâce auprès de la Cour dans laquelle l'unitarisme était depuis l'époque de Jean II a progressivement éloigné de lui tous les ordres supérieurs de noblesse ; pas de magnats (aucun comtes ou barons) ne se trouvaient maintenant parmi eux, mais des ordres inférieurs de la noblesse, qui répondaient à notre aristocratie terrienne, mais ils sont encore un nombre considérable. (7) Jean Kenrick.


    Jean Paget, dans son ouvrage sur "la Hongrie et la Transylvanie," (8) après avoir fait allusion à la mise en place de l'unitarisme dans ce dernier pays, dit : "Depuis quelque temps, l'unitarisme est resté la religion de la Cour, et bien sûr, rapidement elle est devenue la religion des courtisans. Depuis ce moment-là, cependant, de nombreux changements ont eu lieu, car les pauvres unitariens n'acquirent aucune église. Elles leur ont été prises et données à tour de rôle aux réformés et aux catholiques. Leurs fonds ont été convertis à d'autres buts; le plus grand ayant alors cessé, et de nouveaux modes se sont mis en place. La religion était devenue presque entièrement limitée aux classes moyennes et inférieures. C'est dans le pays sicule que cette simple foi a conservé le plus grand nombre d'adeptes. Ici, comme ailleurs, on dit qu'ils sont à distinguer pour leur prudence et modération dans la vie politique, leur assiduité et morale dans la vie privée, et en général, la supériorité de leur éducation pour de ceux de leur propre classe." Dans quelle mesure les unitariens ont été impliqués dans les derniers mouvements révolutionnaires de Transylvanie, à l'heure actuelle cela reste mal connu dans ce pays. Il n'est pas improbable, cependant, que l'état actuel anormal des choses dans cette partie de l'Europe sera saisi, comme un prétexte pour abréger le peu de libertés qui restait aux habitants de Transylvanie, et les unitariens, en dépit de leur bonne conduite générale et intelligence supérieure, doivaient s'attendre à partager le sort du reste de leurs compatriotes.

     

    (1) Michael Lombard de SzentAbrahami, (car c'est ainsi que le nom est écrit par M. Stephen Kovacs,) était Superviseur des unitariens de Transylvanie 1737-1758, et auteur du manuel de Théologie mentionné ci-dessus. Il existe depuis quelques années en manuscrit, et des ajouts ont été faits de temps en temps, mais il n'a pas été imprimé avant l'année 1787. La doctrine unitarienne, cependant, ayant été mal comprise, et un décret royal ayant été publié à Vienne, le 30 octobre 1782, accordant la permission aux protestants de l'empire autrichien de publier ces livres, ce manuel, après une révision précise, a été soumis à la censure, et a obtenu la nécessaire "Imprimatur", le 13 avril 1785. Il a été édité par Georges Markos, Professeur de théologie au collège à Kolosvar, et Superviseur des églises unitariennes de Transylvanie. Il est constitué de 8 vo. Un volume de plus de 600 pages qui est divisé en quatre parties précédées d'un "Proemium de Scripturâ S. Theologiae Normâ." La partie I traite sur Dieu et son alliance avec l'homme: la partie II sur Jésus-Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance: La partie III sur l'éthique chrétienne, ou les conditions de la religion chrétienne, et la partie IV sur les membres de la religion chrétienne, ou l’Église de notre Seigneur Jésus-Christ.

    (2) En 1818, ils étaient estimés à 40 000, et en 1845, à 51 700 ; de sorte que leur nombre, qui peu à peu a augmenté au cours des dernières 80 années, avait presque doublé dans cette période.

    (3) Les unitariens de Transylvanie avaient deux écoles : une à Thorda, et l'autre à Szekely-Keresztur. Le nombre d'élèves dans la première était de 174, et dans la seconde 180, en 1845. Pour une liste des Agents et des Professeurs de cette année, le lecteur peut consulter le Réformateur Chrétien de Juillet 1845, p. 507.

    (4) En 1845, le nombre d'élèves dans le collège à Kolosvar était de deux cent vingt.

    (5) En l'an 1845, le nom du Professeur de théologie pratique et dogmatique, de l'histoire ecclésiastique, l'archéologie biblique et les langues orientales, était Aaron Berde ; de philosophie et de statistique, Moïse Szekely ; et histoire nationale et universelle, Alexander Szekely ; d'histoire naturelle, des mathématiques et de la physique, Samuel Brassai. Dans le même temps Moïse Szekely occupa le poste de Recteur du Collège.

    (6) Le capital de l’Église unitarienne de Transylvanie était de trente mille florins en argent, et quarante mille en foncier et d'autres biens immobiliers. Le taux d'intérêt annuel sur la première de ces sommes était de 1800 florins ; et sur cette dernière, 1200 ; faisant un revenu total de 3000 florins. Les dépenses inévitables étaient de 2800 florins, ce qui laissait un solde de 200 florins pour les imprévus.

    (7) Le nombre des unitariens de Transylvanie, qui occupaient des hautes fonctions civiles et judiciaires à "l'époque actuelle", était loin d'être négligeable. Ils supportaient une part équitable avec ceux qui appartenaient aux autres religions favorisées de l’état ; et parmi eux se trouvaient des Avocats, des Juges, des Censeurs de la presse, Greffiers et autres, à la haute fonction de Conseiller Privé.

    (8) Hongrie et Transylvanie, avec des remarques sur leur condition sociale, politique et économique: par Jean Paget, Esq. 2ème éd. Murray, 1850 Vol. II. Chap. xii. pp. 424, 425.

     

     
     DidierLe Roux

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    LA QUESTION MICHEL SERVET




     

                  M. Bouvier Claude, en 1908, a fait paraître son travail biographique sur Michel Servet, sous forme de réflexion appuyée par de nombreuses références citées. C'est une richesse d'informations qui viennent confirmer et approfondir les différents biographes, qui se sont essayés à nous présenter, avec le plus de justesse possible, la vie de Michel Servet. M. Bouvier n'a pas manqué de réaliser une critique éclairée de certaines avancées, tout en émettant, toutefois, des réserves quant à son avis, le bon sens le réclame. A ma connaissance, cet ouvrage n'est jamais paru sur Internet et mérite d'être connu de nos contemporains qui ont à cœur de mieux comprendre ce personnage atypique qu'était Michel Servet, et "d'apprécier" ce que pouvait être l'intolérance d'alors. L'auteur, en forme de conclusion, terminait cet ouvrage par cette phrase qui, peut-être, est encore d'actualité en 2007 : " Et il faut souhaiter, au surplus, que le culte de Michel Servet n'aboutisse jamais, sous prétexte de tolérance, à une explosion nouvelle d'intolérance et de passions antireligieuses."

       

    TABLE DES MATIERES

     

     

    Petites Introduction bibliographique

    Notes sur Servet

    I.- Que sait-on de l'origine, des voyages, des études, des écrits de Servet jusqu'à la publication de la Christianismi Restitutio ?

    Jeunesse.

    Voyages et controverses.

    Les séjours en France.

    II.- La Christianismi Restitutio et les deux Procès de Vienne et de Genève.

    Le livre.

    Le procès de Vienne.

    Le procès de Genève.

    III.- Histoire de la question Servet.

    IV.- L'apothéose de Servet s'imposait-t-elle ?

    Appendice : Ouvrages de Michel Servet (de Villeneuve)


     

     

     

     

     

    LA QUESTION MICHEL SERVET.

     

     

    Petite  introduction bibliographique.

    Un écrivain allemand assurait en 1904 que, sur la vie de Servet, "nous en savons encore moins aujourd'hui qu'on ne croyait le savoir, il y a douze ou quinze ans," à l'époque où il était étudiant. (Scheinder, Michel Servet, wiesbaden, 1904, p.6.) Il y a peu de paradoxe et beaucoup de vérité dans cet aveu : Michel Servet demeure un personnage aussi énigmatique pour la postérité qu'il le fut sans doute pour ses contemporains. C'est pourquoi, à l'heure où nous sommes, tout essai biographique, toute étude, (même élémentaire, comme celle-ci entend le demeurer,) ne peut être présenté que modestement au public.

     

    Déjà, cependant, l'on commence à entrevoir quel parti il y aurait à tirer des articles, brochures, travaux jusqu'ici publiés, pour construire à la longue une œuvre plus solide et plus durable. Et à qui demande où se renseigner sur Servet, il semble même qu'on puisse fournir quelques indications utiles, déblayer un peu les voies d'accès. C'est ce qu'il importe, d'abord, de faire sommairement ici, tout en laissant au lecteur pressé le loisir de franchir ces préliminaires arides, mais presque indispensables.

     

    I. Pour une information rapide et provisoire, il suffirait à la rigueur de consulter l'article (excellent encore,) de la biographie Universelle de Michaud sur Servet Michel, article dont la biographie était poussée aussi loin que possible : puis les chapitres concernant l'affaire Servet dans les biographies de Calvin, par exemple le clair quoique tendancieux résumé de Bossert (Caloin, de la Coll. Des grands écrivains, 1906,) ou les pièce apportées par Audin dans le T. II de son histoire de Calvin (souvent inexacte, mais en somme moins vieillie qu'on ne croit sur bien des points.) Ces volumes sont à la portée de tous. On pourrait aussi parcourir avec fruit quelques-uns des écrits de simple vulgarisation, publiés à l'occasion des fêtes de Genève (1903) ou de Vienne (1907), sans perdre de vue que leurs auteurs se réclament pour la plupart de la libre pensée ou du Protestantisme libéral. Citons en particulier : le Journal de Genève (n°2 novembre 1903,) qui relate l'inauguration du monument expiatoire et les discours du pasteur Choisy, des professeurs Chantre et Doumergue, la Congrès substantielle du professeur Schneider, intitulée Michael Servet, Wiesbaden, 1904, la brochure de E.-J. Savigné Le Savant Michel Servet, victime de tous les fanatismes,  Vienne, 1907, etc… Enfin le récent volume de M. Aug. Dide, Michel Servet et Calvin, Paris, 1907, peut être aussi considéré, mal gré ses développements, comme un œuvre de circonstance et de propagande. Parmi les documents d'origine Catholique faciles à se procurer, il faut citer à part : les Questions actuelles (14 nov. 1903,) qui ont apporté un bon et impartial résumé d'articles parus soit dans la Revue des Deux Mondes (T. XXI,) sous la signature d'E. Saisset, soit dans le Revue des Quest. Historique (1er octobre 1881,) sous la signature de J. Vuy, dans la collection Science et Religion, voir aussi J.  Rouquettte, Les victimes de Calvin, consulter enfin l'art. du Kirchenlexion,  Freiburg in Brisgau.

     

    II. Pour une étude plus directe et plus approfondie, il serait nécessaire d'aborder, en outre, les travaux plus considérables, (ou plus ancien ou plus rares,) de Vigand (Servetianismus, Koenigsberg, 1575,) à la fin du XVIème siècle, de Michel de la Roche (Bibliothèque anglaise, Amsterdam, 1717, 1er partie (trad. Du même ouvrage paru en 1711 à Londres dans les Memoirs of Litteraturs.) C'est une des sources favorites de d'Artigny,) Boysen (Historia Serveti, Wittemberg, 1712) ; Alwoerden (Historia Micheli Serveti, Helmstad, 1727, avec portrait soigné de Servet) ; Mosheim (Surtout Versuch einer vollstandigen und unparteiischen Ketzergeschicte : et Geschichte des beruhmten sp. Artztee M. Servetto, Helmstadt, 1748) ; l'abbé d'Artigny (XVIIIéme siècle.) ; les publications du XIXéme siècle, où ces premiers travaux ont été souvent utilisés, celles de Treschel (Die Protestatishen antitrinitarien vor Faustus Socin, Heibelberg, 1839, T. I seulement, qui traite de Servet et de ses devanciers) ; Rillet de Candolle, Schadé (Etudes sur le procès de Servet, Strasbourg, 1853) ; surtout de Henri Tollin (On trouvera la biographie complète des travaux de Tollin (elle comprend à elle seule 33 numéros,) dans la brochure Michel Servet, Portrait-caractère, trad. Picheral-Dardier, Paris, 1879, pp. 54-56. L'ouvrage capital de Tollin, passionné comme tous ses écrits, est Das Lehrsystel Mich. Servert, 3 vol. Gutrasloh, 1876/78,) pasteur de Magdebourg, qui a compulser tout ce qui concerne Servet ;  enfin la grande Collection des Calvini opera, édition des professeurs Baum, Cunitz et Reuss, de Strasbourg.

     

    Observons pour simplifier, que les lectures plus particulièrement utiles à l'examen impartial des problèmes envisagés plus loin sont les suivants :

    1° Pour la question des découvertes scientifiques de Servet, outre les écrits de Willis (Servetus and Calvin, Londres, 1877, utile seulement pour l'examen des idées physiologiques du médecin espagnol,) de Flourens (Journal des Savants, 1854,) on verra ; D' Chéreau, Histoire d'un livre, Michel Servet et la circulation pulmonaire, Paris 1879 ; et Darbier, réponse au précédent (dans l'Appendice de la traduction de Michel Servet, Portrait-caractère de Tollin, Paris, 1879.)

    2° Pour l'histoire des idées religieuses de Servet on consultera : d'abord les réponses aux interrogatoires des divers procès, les livres et lettres de Servet (v. plus loin,) puis : Geymonat, Michel Servet et ses idées religieuses, Genève, 1892 ; De Linde, Michel Servet, Een Bradoffer de Gereformeerde Inquisitie, Groningen, 1903 (critique solide de Tollin) ; E. Choisy, la Théocratie à Genève au temps de Calvin, 1901, Genève ; L. Monod, article de la Rec. Chret. 1er juillet 1903 ; le Bull. de la Soc. De l'hist. du prot. Français, passim, T. XXVII et LII ; enfin Harnack, Dogmengeschichte, T.III.

     

    III. Pour l'histoire des deux procès, on se souviendra que l'abbé d'Artigny, dans ses Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, Paris, 1749, pp. 54-154, a fait connaître les actes du procès de Vienne, d'après les archives de l'archevêque de cette ville, et qu'il a publié le premier les fameuses lettres de Guillaume Trie, inspirées par Calvin. "On observera, dit-il, que toutes les lettres qu'on trouve ici et dont j'ai les originaux n'ont jamais été imprimées (D'Artigny, p. 79,)." Ces pièces ayant été, depuis, détruites dans un incendie, le témoignage de d'Artigny et de première valeur.

     

    D'autre part, les actes du procès de Genève et Plusieurs documents qui s'y rapportent sont contenus au tome VIII des Calvini opera, 1870. Une Relation du Procès criminel etc., par Rilliet de Candlle, se trouve également au tome III des Mémoires de la Soc. D'hist. Et d'arch. de Genève, 1884 ; une autre d'A. Roget forme la 1ère livraison du tome IV de l'Hist. du peuple de Genève, 1887.

     

    Enfin, le recueil des Notices généalogiques sur les familles genevoises par Galiffe, 1831-1838, renferme au T. III l'importante lettre du syndic Calandrini au pasteur Vernet sur la procédure criminelle suivie contre Servet à Genève. 

     

      

    La Question Michel Servet

     

     

     

    La question Michel Servet date, à vrai dire, du lendemain de sa mort sur le bûcher de Champel. Mais depuis l'inauguration du monument élevé à la mémoire du célèbre Espagnol, victime de Calvin, par les protestants de Genève (1er nov. 1903,) cette question, on le verra plus loin, a pris plus d'importance devant l'opinion publique.

    Voici qu'elle s'inquiète, pose des interrogations auxquelles on peut apporter quelques réponses, malgré l'imperfection ou lacunes des travaux entrepris sur la vie et les œuvres de Servet.

    Ces questions et ces réponses seront exposées ici sous une forme aussi brève, aussi méthodique et claire que possible : par conséquent l'appareil scientifique, sans être tout à fait négligé, sera réduit au strict nécessaire.

    Et d'abord,

     

    I. Que sait-on de l'origine des voyages, des études et des écrits de Servet, jusqu'à la publication de la "Christianismi Restitutio" ou Restauration du Christianisme ?

     

     

    Si le mystère enveloppe encore plusieurs incidents de la vie de Michel Servet, si, à cause des contradictions de ses procès, sa chronique en particulier n'est pas entièrement fixée, on peut du moins reconstituer, sans trop de peine, les grandes lignes de son existence agitée : il suffira de les indiquer ici, accompagnées de quelques peut-être actuellement nécessaires.

     

    Jeunesse

    Miguel Serveto, ou Reves (Peut-être simple anagramme,) du nom de sa mère, française d'origine (?) ou de Villeneuve, nom adopté par lui après 1532, peut-être en souvenir de son père qui était de Villanueva en Aragon, plus probablement à cause des embarras que lui suscitaient ses deus premiers ouvrages de théologie, Miguel Serveto est né, dit-on souvent sans références bien précises, le jour de la Saint Michel 1511, non pas, semble t-il, à Villanueva, comme il le déclare au procès de Genève, mais à Tudèle en Navarre, comme il l'affirmera devant les juges à Vienne (d'Artigny, Nouveaux Mémoires, Tome II.  p. 56-57.) Ses parents étaient "chrestiens d'ancienne race, vivant noblement." Après avoir appris de bonne heure le latin, le grec, l'hébreu, il fréquenta l'Université de Saragosse, où l'on assure qu'il s'intéressa à toutes les sciences cultivés alors, particulièrement à la géographie, "à laquelle les découvertes récentes, observe M Bossert, ouvraient des horizons nouveaux." Ce séjour à Saragosse n'est pas, du reste, un fait absolument établi.

     

     

    Voyages et controverses.

    C'est vers l'âge de 16 ans qu'il commence son existence errante.


     

    On le voit à Toulouse où i fit ses études de droit et, comme par hasard, 'prit connaissance avec quelques écoliers de lire à la Sainte Ecriture et Evangile, ce qu'il n'avait jamais fait auparavant." C'est sa première, sans doute son unique formation théologique, tout à fait indépendante et personnelle (L'influence du milieu toulousain sue les idées de Servet est signalée par Tollin, Toulouser Studentenleben im Anfang des 16 lahrhunderts, dans l'Historisches Taschenbuch, Leipzig, 1874.) Peut-être y joignit-il dès lors l'étude des Pères, des grands scolastiques, celle aussi des écrits rabbiniques du moyen âge, de Maimonide notamment, car il montra un jour que sa connaissance de l'hébreu n'était pas commune.

     

    On le voit en Italie (1529-1530,) à Bologne, au couronnement de Charles-Quint : c'est un moine, Jean de Quintana, confesseur de  l'Empereur, qui l'emmène à son service, ainsi qu'il l'a raconté plus tard au premier procès de Vienne. Ses souvenirs le trompaient cependant sur son âge, puisqu'il croyait n'avoir alors que quinze ou seize ans. D'Artigny rapporte qu'il fut à ce moment en relations avec les hérétiques italiens qui commençaient à jeter les semences de l'arianisme renouvelé et du socinianisme : il aurait été décidé, dans des réunions secrètes, que le dogme de la Trinité était un des premiers articles à repousser, et c'est Michel Servet qu'on aurait choisi pour porter les premiers coups à la doctrine du Concile de Nicée (d'Artigny, toc, cit, p. 59.) Si sa jeunesse paraît, à première vue, un obstacle à une telle mission, n'oublions pas qu'un an s'écoula seulement avant son premier manifeste hérétique, le temps à peine de la composer et de le publier. En attendant, i garde des fêtes de Bologne une impression fâcheuse. Il se scandalise de voir Clément VII, escorté de princes, s'avancer en triomphe au milieu de la foule agenouillée. Ce souvenir lui reviendra dans la Christianismi Restitutio comme une première vision de l'"Antéchrist." Il est, dès cette heure, dans l'état d'esprit qui fut celui de Luther.

     

    On le voit en Allemagne (1530), toujours dans la suite de Quintana, ce qui lui permet d'assister aux controverses de la Diète d'Augsbourg et de rencontrer Melanchthon, son plus redoutable adversaire après Calvin. Quintana meurt. Servet, désormais sans maître, ne songe plus qu'à sa tâche de réformateur.

     

    Et on le voit à Bâle où il fait part de ses doctrines antitrinitaires à Oecolampade qui essaie vainement de le ramener, à Strasbourg où il tâche de conquérir Martin Bucer et Capiton. Vains efforts, qui se heurtent surtout au souci de ne pas compromette l'unité doctrinale des églises naissantes et de ne pas scandaliser les groupes de réformés français (Calvini opera, VIII, p. 866.) Oecolampade, qui lisait Servet et y trouvait de "bonnes choses" Bucer qui l'appela longtemps "son frère bien-aimé dans le Seigneur," furent peut-être un instant séduits. Capiton le reçut même dans sa propre maison. Mais quand ces partisans de la Réforme virent où tendait le jeune Espagnol, c'est-à-dire à la négation des dogmes fondamentaux retenus par la Réforme elle-même, ils le repoussèrent parfois avec des injures, parfois seulement avec une plainte attristée (Ibid, 857-872, passim. On trouvera là les lettres, notamment celles d'Oecolampade, auxquelles nous faisons allusion ici.)

     

             De Strasbourg, Servet, s'était rendu à Haguenau pour hâter l'impression de son premier traité, très obscur, sur les Erreurs de la Trinité (1531.) Au mois de juillet de la même année, Oecolampade, renseigné par Capiton, constate, dans une lettre, que le succès de ce livre est grand, et il s'en inquiète : il convient, dit-il, d'étouffer "l'incendie dans l'étincelle." Le Sénat de Bâle lui demande son avis : il répond nettement qu'il ne saurait approuver, malgré ce qu'il contient de bon, un écrit où il est nié que le Fils soit coéternel au Père. Aussi bien, en 1532, dans un second livre : Dialogues sur la Trinité, Servet semble se rétracter. Mais il n'y a pas à regarder de bien près, pour s'apercevoir que ce n'est pas faux, explique t-il, mais vague, confus et incomplet ! La barbarie de son style l'afflige, et il en accuse un peu son typographe… Cependant, sur deux points, il a changé de sentiment ; il ne continue plus de désigner le Saint –Esprit comme un ange, à la suite d'Hermas, un des Pères apostoliques ; il cesse pour le moment de représenter un don gratuit de Dieu, mais sans revenir nettement à la conception orthodoxe de la divinité de nature (Schneider, Michael Servet, p.10.)

     

    D'Artigny assure que Servet n'avait pas fait de difficulté de mettre son nom à son ouvrage parce qu'il prétendait user de la même liberté que les Réformateurs dans les écrits "contre les principaux dogmes de l'Eglise Catholique;" mais les églises réformées le chassèrent d'Allemagne, et Melanchthon écrivit plus tard aux membres du Sénat de Venise qu'ils eussent à préserver leurs Etats du nouveau "Paul de Samosate," (D'Artigny, p. 62. Une conséquence désagréable de cette lettre fut, pour Melanchthon, qu'à la Diète de Rastibonne, Contarioli l'accusa d'avoir écrit sans motif au Concile d'une ville étrangère. Melanchthon, qui n'avait fait peut-être que dicter la lettre, nia simplement en être l'auteur. Il n'aurait pu revendiquer la comparaison avec Paul de Samosate, qui était assez originale et assez exacte en somme.) Luther, furieux, le traitait de Maure dans ses Propos de table

     

    S'il faut en croire la confession qui clôt les Dialogues, Servet trouvait chez les réformés comme chez les papistes une part égale de vérité et d'erreurs. La crise décisive de sa vie intellectuelle s'était donc produite, et l'avait déjà placé en dehors de toute confession religieuse officielle, dans un Christianisme à part, réel encore, mais confus, étrange, illogique et intenable, qui n'achèvera de se préciser, s'il s'et précisé jamais, qu'avec la Christianismi Restitutio. 

     

     

    Les séjours en France.

    C'est sous le nom de Villeneuve que Servet, déjà inquiété et obligé moralement de s'exiler, écrira et sera connu désormais.

     

    Aussi bien, dès  son arrivée en France et pour quelques années, c'est en apparence un autre homme : à la fois étudiant et maître, maître au collège des Lombards, il s'adonne maintenant aux mathématiques, à la géographie, à l'astrologie, enfin à la médecine. Aussi traditionnel en matière scientifique qu'il avait été novateur en matière religieuse, il apparaît comme passionnément attaché à la doctrine de Gallien et à celle de Ptolémée, dont l'autorité avait été révérée du moyen âge. Pourtant il dut apprendre de ses maîtres à mêler l'observation à l'érudition : déjà l'érudition pure ne suffisait plus tout à fait à l'école de Paris, où affluaient des savants de tous pays.

     

    D'abord Servet passe à Lyon, où il s'arrêta souvent dans sa vie? Il t fut correcteur d'imprimerie chez Trechsel. Nous ignorons si c'est à ce moment qu'il connut le médecin lyonnais Champier dont il prit plus tard, en 1536, la défense contre le médecin Fuch. Il est piquant d'observer qu'à cette date Servet accusait Fusch d'avoir outragé l'Eglise Catholique, cherché à attirer d'autres personnes dans une hérésie ! "Il est absolument impossible de voir dans la conduite de Servet, celle d'un homme de caractère," ajoute à ces propos un de ses admirateurs (Schneider, loc. cit., p. 14.)  On ne peut, d'autre part, que louer l'acte de reconnaissance intellectuelle qu'accompli Servet en défendant la mémoire de Champier. Le vieux maître lyonnais ne manquait point de savoir, ni d'expérience, ni d'originalité. Comme Fernel, son contemporain, il proscrivait les dogmes exotiques fort suspects en ce temps-là. Féru d'une pharmacie en quelque sorte 'nationaliste," il préconisait avec vigueur les remèdes indigènes et prétendait que toutes les maladies des Français sont guérissables par les plantes de notre pays !

     

    On constate aussi pendant plusieurs années la présence de Villeneuve à Paris. Un jour, il est invité à se rencontrer avec Calvin dans une maison de la rue Saint-Antoine, pour une discussion théologique: il ne paraît pas au rendez-vous, ce dont Calvin abusera plus tard contre lui (D'après Théodore de Bèze, vie de Calvin, en 1531 ; d'après Calvin lui-même en 1536.)

     

    Quoiqu'il ait publié à Lyon, en 1535, sa première édition de la Géographie de Ptolémée (sur celle de Pirckermer, Strasbourg, 1525,) c'est aussi à Paris qu'il dut la préparer. Il avait alors pour auditeur le futur archevêque de Vienne, Pierre Palmier, ainsi qu'il le rappelle dans la dédicace qu'il lui fit, en 1541, d'une nouvelle édition viennoise plus complète, quoique amendée et corrigée sur quelques points. La première édition, sauf les passages incriminés par Calvin et dont nous parlerons plus loin, n'avait rien, en sommes, qui pût alarmer sérieusement l'orthodoxie. Les Hussites y étaient mêmes traités de "Maudits hérétiques." L'auteur affichait néanmoins quelque scepticisme au sujet de la guérison des écrouelles par le Roi de France. "Ces malades ont-ils été guéris ? C'est ce que je n'ai pas vu," écrivait-il. Plus tard il se serait ravisé, à ce que raconte Audin, et aurait écrit : "Ont-ils été guéris? On m'a dit que oui."

             

    La médecine, que plusieurs cultivaient de concert avec les mathématiques et la géographie, finit néanmoins par l'accaparer. Avec ou après Champier, Dubois (Sylvius,) Fernel, Gunther d'Andernach, l'ont eu comme disciple. Gunther en fit même après Vésale, son auxiliaire de prédilection dans ses travaux d'anatomie (Bosset, Calvin, p.158.) C'est alors que Michel de Villeneuve écrivit pour la défense de la médecine d'Hippocrate et de Galien contre la médecine des Arabes, son fameux traité des Sirops ou purgatifs (1537), qui eut ensuite jusqu'à quatre éditions successives à Venise ou à Lyon (1545-1548), et fit longtemps autorité.

     

    Cet esprit curieux de tout l'était aussi, malheureusement, de la science des astres qu'il voulait faire intervenir dans les choses de la médecine : il publia un calendrier, tira des horoscopes, fit sur sa matière favorite des leçons publiques. Pas de véritable science médicale sans l'emploi de l'astrologie ! Quiconque nie ce principe est traité par lui d'ignorant de peste. Tel était encore le crédit de l'astrologie, qu'il en put faire l'apologie dans un petit écrit, longtemps réputé introuvable. Mais les médecins de la Faculté, qu'il traitait de façon peu civile, s'insurgèrent contre l'Espagnol astrologue "trompeur et abuseur." Le Parlement du intervenir en 1538 ("Le 18 mars 1538, le Parlement en séance solennelle eut à juger un bien pittoresque procès. Servet était accusé d'avoir lu publiquement un cours d'astrologie judiciaire, 'science réprimée par plusieurs constitutions tant divines et canoniques que civiles', et de s'être complu 'à des divinations sur la nativité des hommes, leurs fortunes et aventures, prenant argument que selon le jour et l'heure que l'homme serait né, il serait tel ou tel et lui adviendrait telle ou telle chose.' On invoquait, pour obtenir qu'une sentence de mort fût prononcée contre l'abuseur, le chapitre XLVII d'Isaïe !" Dide, loc. cit., p. 48.) C'est la mort qu'on réclamait : Le Parlement, débonnaire, se contenta d'une remontrance assez douce, et pria la Faculté de traiter "doucement le dit Villanovanus, comme les parents, leurs enfants (Ibid., p. 49-50."

     

    Michel de Villeneuve ne trouva la paix qu'en quittant Paris. Il revint à Lyon où il avait séjourné à plusieurs reprises, "et y demeura quelque temps chez les Frellons, libraires, en qualité de correcteur d'imprimerie. Il fit ensuite un voyage à Avignon, retourna à Lyon, et alla enfin s'établir à Charlieu, où il exerça la médecine pendant trois ans. Quelque étourderie qu'il y fit l'obligea vraisemblablement d'en sortir (d'Artigny, p. 64.) L'abbé d'Artigny dit : quelque étourderie. Calvin, intéressé à noircir un ennemi, insinue d'avantage. Ce qui est certain, du propre aveu  de Servet, c'est qu'en "allant de nuit voir un malade, par l'envie d'un autre médecin de ladite ville, il fut appelé de certains qui étaient ses parents et favoris, et la fut blessé et blessa aussi l'un des autres, pour laquelle chose il demeura deux ou trois jours aux arrêts" (Calvini opera, VII, p.769.)

     

    C'est à Lyon, dans la société des gens de lettres, des savants, des doctes imprimeurs (Sur Lyon et le mouvement intellectuel Lyonnais de 1530 à 1510, sur les résidents et les passants dans la grande cité, sur le Card. De Tournon et son rôle, ef. Richard Copley Christie, Etienne Dolet (trad. Stryenski,) 1889, p. 161. Un de ces érudits et de ces imprimeurs, Trechsel, était venu se fixer à Vienne. Il y était en 1541,) où il se plut toujours, qu'il finit par retrouver Pierre Palmier qui l'emmena à Vienne (On dit généralement en 1542. Cependant la nouvelle édition de Ptolémée est de 1541, et la dédicace où il fut l'éloge des ses amis est datée de Vienne, la veille des calendes de mars 1541. [C'est en 1564 seulement qu'une ordonnance de Charles IX fixa uniformément le début de l'année civile au 1er janvier cf. Chorir. Hist. gén. Du Dauphiné, II, 514. De là, sans doute, une partie des hésitations chronologiques échappées aux biographe de Servet,] il devait y rester douze ans, de la fin de 1551 à  1553.

     

    Pierre Palmier ne lui fournit pas seulement un asile dans les dépendances de son palais épiscopal. Il l'introduisit avec honneur dans le cercle d'ecclésiastiques distingués dont il s'était entouré : il n'en est aucun dont Servet ne fasse l'éloge dans sa dédicace (cette dédicace, malgré les éloges de style, tranche sur les autres dédicaces, en ce qu'elle n'est pas une pure amplification littéraire et allègue plusieurs données positives concernant la carrière de Servet. Cf, Maupertuis, Histoire de la Sainte Eglise de Vienne, Lyon, 1708, p. 283,) de la nouvelle édition de Ptolémée (1541). C'étaient Jean Palmier, prieur de Saint-Marcel, parent de l'archevêque ; Claude de Rochefort, vicaire général de Vienne, "homme à qui je dois, disait-il, autant qu'à Ptolémée lui-même doivent les gens curieux de géographie." C'était un autre ecclésiastique, Jean dit le Blanc, prieur de Saint Pierre et de Saint-Siméon. C'était ce Jean Parrelli (Perreau ?), à la fois médecin, philosophe et grammairien, qu'il avait autrefois connu à Paris, et qui y fut son compagnon d'études. Perrelli était d'ailleurs le médecin de Palmier, à l'arrivée de Servet, ce qui prouve que celui-ci n'a pas été amené à Vienne, comme on l'a dit quelquefois, pour être le médecin de l'archevêque ("… Johannis quoque Perrelli, doctoris  medici tui..," dit Servet lui-même dans la dédicace déjà citée.)

     

    Ainsi entouré, Michel de Villeneuve s'occupa de son art et sans doute pendant douze ans environ.

     

    De temps à autre, et depuis un siècle, une contagion mystérieuse qu'on appelait "peste", exerçait à Vienne ses ravages. De 1531 à 1534, plusieurs années avant la venue de Servet, elle avait fait une apparition terrible dont on gardait encore la mémoire. En 1542, elle réapparut et, dès le 16 janvier, on organisa sévèrement la garde des portes de la ville pour l'éviter. Ce fut en vain, mais cette fois le fléau s'arrêta vite, car, dès le 24 avril suivant, on voit que le sieur Jean Papet est autorisé, par une ordonnance spéciale, à rentrer dans sa maison, après qu'elle aura été longuement "nettoyée" et assainie, nous dirions : désinfectée (Arch. municip. De Vienne B. B. 17, f 20. A observer encore que l'année 1543 commence en mars, suivant l'usage adopté : la peste dura dons un peu moins de trois mois [fin janvier 1542 à fin avril 1543.)

     

    Quoique les historiens de Vienne, à notre connaissance, ne mentionnent rien de précis concernant le rôle qu'aurait pu tenir Servet en cette occurrence, c'est une hypothèse légitime d'admettre qu'il suivit alors son "bon naturel" comme il le fit le jour même de son arrestation au profit de prisonniers malades, et qu'il accomplit généreusement son devoir de médecin ; et cela, d'autant mieux que les derniers services hospitaliers venaient d'être centralisés et organisés, non loin de sa résidence habituelle, tout prêt de l'archevêché. Mais les documents se taisent, si les conjectures sont permises.

     

    Quoique l'hypothèse concorde assez avec ce que l'on connaît du caractère entreprenant et passionné de Servet, il n'est nullement prouvé qu'il ait tiré parti de son séjour à Vienne pour faire, dans la ville et ses environs, de la propagande au profit de ses idées religieuses : il semble que les faits qu'on a invoqués quelquefois se rapportent à une date antérieure à son arrivée.

     

    En tout cas, cette propagande dut rester assez secrète. Pierre Palmier, que les historiens représentent unanimement comme fort zélé pour la doctrine, et qui sévit un jour, s'il en faut croire Lelièvre, contre le cordelier Etienne, convaincu de luthéranisme, n'eut pas supporté ces agissements, même de Servet.            

     

    Toutefois, dans le cercle d'hommes instruits qui composaient, avec Palmier pour centre, la petite cour archiépiscopale, il devait y avoir place pour une certaine liberté de discussion ; et l'on imagine difficilement que, pendant douze ans, Michel de Villeneuve, dont les doctrines aristocratiques étaient "seulement dirigées à gens sçavant," se soit assez contenu pour ne jamais entamer avec eux plus d'une controverse amicale. Ce n'est pas sans raison que Calvin parle, dans la lettre de Guillaume Trie, de l'hérétique que "l'on soutient de par delà." Par des lettres de Servet, Calvin savait alors de quelles hérésies il s'agissait.

     

    Néanmoins le fond même du système de Servet, l'opiniâtreté avec laquelle, il s'y tenait, durent rester choses inconnues de ses amis de Vienne. Au procès de Genève, il a, en effet, insisté sur ce point que les "docteurs' allemands furent las seuls qu'il mit au courant de ses idées. "En France, il n'en a oncques parlé à homme (Calvini opera, VIII, 770. Sans doute faut-il excepter l'imprimeur Guéroult que son patron et associé Arnoullet soupçonne ensuite d'intelligence avec Servet. Peut-être aussi, l'ecclésiastique viennois Charmier, qui fut chargé de rassurer le fondeur de lettres Merrin sur la nature du dépôt de livres qu'il avait reçut de Vienne, était-il au courant des intentions de l'auteur de le Christ; Restit.) D'ailleurs il se conduisait extérieurement comme Catholique, allait à la messe. Pour s'en excuser ensuite auprès des juges de Genève, il leur laissa croire que sa vie eût été en danger sans cela, et leur allégua l'exemple de saint Paul entrant au temple pour se vouer au nazaréat. Ce pendant, ajouta-t-il, il tenait la messe pour "méchante" et en avait "escript comme les autres" (Ibid., 789.)

     

    La tranquillité qu'il goûta à Vienne auprès de l'archevêque, son protecteur et son ami, dura longtemps et lui permit d'entreprendre divers travaux pour le libraire Hugues de la Porte et l'imprimeur lyonnais Jean Frellon (d'Artigny, p. 66., Servet aurait alors corrigé les épreuves et rédigé les arguments d'une somme de Saint Thomas.) Dès les premiers mois de son séjour, il s'était remis aux études religieuses, qu'il n'abandonna peut-être jamais. Il surveilla l'impression qui se faisait à Lyon d'une nouvelle édition de la Bible de Sanctis de Pagnini, y introduisit une préface et des notes qui contiennent de curieuses vues sur le sens proprement historique des prophéties, exclusion faite de leur adaptation à la personne du Messie : cette édition ne parait lui avoir attiré, au moment où elle parut (1542), aucun embarras de la part de Pierre Palmier qui ne pouvait, d'ailleurs ignorer tout à fait les premières tendances de Servet et avait du déjà, en l'accueillant, passer condamnation sur elles (L'hypothèse est si naturelle que M. Dide est de cet avis, p. 57.) C'est peu d'années après, à l'insu de son "Mécène", qu'il dut commencer d'écrire la Christianismi Resttitutio (Restauration du Christianisme.)

     

    C'était décidément, croyait-il, sa vocation en ce monde de ramener la doctrine Chrétienne à la foi des apostoliques, pureté qui s'était, d'après lui, perdue ou altérée depuis Constantin.

     

    Il croyait pouvoir compter sur Calvin qui s'était parfois oublié à des déclarations très irrespectueuses pour la foi de Nicée 'affaire Caroli). Dès 1546 (Bossert dit : dès 1515, p. 159, loc. cit. ; Schneider aussi,) poussé par son ardeur combative, on peut le dire aussi, par son idée fixe, il envoya à Calvin (Sur les relations avec Calvin de 1545 à 1548 environ, v. tous les auteurs cités pl. h., particulièrement d'Artigny, p. 69-74. Cf Calvini opera, T. VIII? P. 833. Calvin avait envoyé à Servet une Institution Chrétienne : celui-ci la renvoya avec des annotations marginales,) avec trente lettres de controverses, une ébauche de son livre, ébauche "qu'il redemanda vainement plus tard et qui fut, dit le pasteur Dardier (Appendice de Michel Servet, de Tollin, p. 64,) la cause principale de sa condamnation à Vienne ; car les passages visés par les inquisiteurs sont tirés, non du livre imprimé, mais de la recension antérieure manuscrite qui présentait quelques différences de rédaction."

     

    Le livre achevé ne parut cependant qu'en 1553. Il avait fallu chercher un imprimeur : ce n'est qu'à Vienne que Michel de Villeneuve le trouva (En la personne de Balthazar Arnoullet et en celle de son beau-frère (?) Guillaume Guéroult. De Bâle en avril 1552, le libraire Marinus lui avait renvoyé son manuscrit, alléguant l'impossibilité de l'imprimer à un tel moment.) On devait imprimer secrètement, feuille par feuille, l'auteur servant lui-même de correcteur ; on devait taire aussi le nom de l'auteur, celui de la ville, et de l'imprimeur, et du libraire ; des 800 exemplaires ainsi tirés, 100 d'après Servet, on devait, enfin, faire deux dépôts, 'un à Lyon, en attendant quelque occasion de les transporter en Italie, l'autre à Francfort, par l'intermédiaire du libraire Jean Frellon. Et ainsi fut-il fait (D'Artigny, pp. 77-78. Une lettre du libraire Arnoullet, citée dans les Calvini opera [VIII, 755], rappelle les allées et venues d'émissaires soit pour porter le livre à Francfort, soit de le faire disparaître : elle donne en même temps une idée de l'habileté avec laquelle les hérétiques avaient organisés le colportage et la propagation secrète des livres.) Cette double destination prouve que, tout en continuant de garder l'incognito en France, Servet comptait atteindre surtout, en Allemagne et en Italie, les anabaptistes et les antitrinitaires de toutes nuances, avec qui il avait noué des relations.

     

    (On trouvera à l'Appendice le titre un peu long et emphatique de la Christianismi Restitutio et celui des ouvrages de Servet-Villeneuve précédemment cités. Pour les principaux, nous joignons, afin de faciliter les recherches, la côte de la bibliothèque nationale). 

     
      

     
     

     

    II. La "Christianismi Restitutio," et les deux procès de Vienne et de Genève.

     

     

    1. Le livre.

     C'est une erreur de croire que l'ouvrage de Servet forme un tout bien équilibré. Loin qu'il procède d'une idée unique à la quelle se subordonnent des développements réguliers, il se compose, au contraire, de dissertations assez confuses, souvent même très obscures, et de documents divers.

     

    Les dissertations sont : 1° un traité en sept volumes sur la Trinité, où il reprend et complète, probablement de mémoire, ses idées et ses écrits antérieurs sur le sujet ; les deux derniers livres se présentent sous forme de dialogues entre deux personnages symboliques, Pierre et Michel, et il y est parlé, notamment, de la génération et de la chair du Christ ; 2° un traité en trois livres où il s'occupe de la foi, de la justification, puis de la supériorité de l'Evangile sur la loi, enfin du parallèle entre la charité et la foi, et des œuvres bonnes : 3° un traité en quatre livres sur la régénération par le Christ, sur le règne et les mystères de l'Antéchrist ; il y parle, au livre III, de l'efficacité du baptême, de la prédication, de la cène du Seigneur. On observera que Servet achevait son livre et traité ces questions, au moment où la plupart d'entre elles étaient examinées au Concile de Trente (Sess.V à VII).

    Quant aux documents, ils se composent : 1° de trente lettres non datées, adressées à Jean Calvin "prédicateur des Genevois" ; 2° de l'énumération des soixante Signes du règne de l'Antéchrist et de son actuelle manifestation ; 3° d'une Apologie adressée à Melanchthon au sujet de la Trinité : c'est une suite de citations de l'Ecriture, un appel aux plus anciens des Pères, à Clément, Justin, Irénée, Tertullien, etc…

    Les digressions physiologiques dans la Christianismi Restitutio ont, quelque fois aussi, égaré sur le véritable caractère de ce livre. Ce n'est pas un livre de science, mais un livre de théologie polémique où Calvin n'est ni le principal ni le seul attaqué, mais aussi et surtout l'Eglise romaine, symbolisée soue le nom de Babylone, ainsi que le Pape sous le nom d'Antéchrist.

    L'esprit de Servet formé sous un double courant mystique et rationaliste, dérivé du millénarisme (v. pl. I.) et de l'humanisme (Cf. Harnack, Dogmengeschichte, m, 661, 66 et sq., 2° édition,) le livre abonde en effusions pieuses qui ne manquent ni d'éloquence ni de sincérité, malgré un reste d'emphase espagnole, et quoiqu'elles apparaissent quelquefois un peu artificiellement, en guise de conclusions soudaine, après des amas de textes et d'érudition indigeste.

    Il abonde aussi en rêveries confuses sur la vie future (Notons sa théorie personnelle de l'enfer. Il expliqua que le feu de l'enfer, c'est Dieu, puisque ce feu est éternel. Ainsi que le soleil brûle et réchauffe, Dieu, en tant que feu, peut être châtiment et récompense,) et la fin du monde, en théories composites empruntées non seulement à la Bible, pour lui règle suprême et sûre, mais aux Juifs, aux païens, voire à l'Alcoran, en injures violentes et sans cesse répétées  à l'adresse du dragon, serpent, diable, qui a donné la force à la bête, c'es à dire, encore, au Pape. Sa philosophie, tout éclectique, subitement imprégnée de panthéisme et de platonisme alexandrin, peut se résoudre en u symbolisme universel (Cf. Christ. Restitutio, p. 217-218 et 253, etc.) Calvin lui reprochait d'avoir soutenu cette idée que Dieu avait si bien communiqué sa "déité" à toutes les créatures qu'il est "pierre dans la pierre et bois dans le bois" (calv. ope. p. 611.) En effet, le Dieu de Servet n'est pas répandu par fraction dans l'être, mais il y repose dans toute sa plénitude. Essence universelle, il absorbe tous les corps.

    Sa théologie conserve, quoi qu'on ait dit, quelques dogmes. Il croit en somme à Dieu, à l'Ecriture, à la divinité de Jésus Christ ("Quod ipse non sit cretura nec finitie potentiae, sed vere adorandus, verusque Déus," loc. cit., p. 248.) , à la vertu rédemptrice de la croix, aux anges et aux démons. Où il se sépare des croyants, c'est sur la façon don il conçoit Jésus Christ, le Christ, selon lui, n'étant pas Dieu par nature, mais l'étant devenu en quelque sorte par grâce et par privilège, en vertu d'une sorte de sublimation qui atteignit jusqu'à sa chair. Il n'en reste pas moins pour lui le Dieu visible dans la chair, le centre et l'organe de tout le reste de la création. Il est l'intermédiaire entre le Créateur et la créature, quoique se distinguant de l'une de l'autre (Henke, Neuere Kirchengeschichte, T. I, p. 423, dit : "Des  éléments modalistes, gnostiques, adoptianistes lui ont servi à étayer sa christologie." Peut-être Servet revenait-il ici à sa première théorie de la divinité de J-C. partiellement abandonnée dans les Dialogues.) La foi consiste à croire en lui, à le dire Fils de Dieu, sans qu'il t ait nécessité absolue d'embrasser ses promesses.

    Quant à la Trinité, il n'en garde le nom que pour la ramener à un modalisme, le Père, le Fils et l'Esprit n'étant que trois modes d'émanation, d'action ou de manifestation de la substance divine ("Non invisibilium trium rerum illusio, sed vera subtantise Dei manifestatio in verbo et communicatio in spiritus," Index de la Chrsit. Restit. La Trinité est pour lui un cerbère à trois têtes. Cette expression, niée par Mosheim, setrouve dans une lettre à Pouppin : "trplicem hebelis cerberum.) D'ailleurs, ajoute-t-il, "celui qui croit fermement que la Trinité papiste, le baptême papiste des enfants et les autres sacrements papistes sont des enseignements du diable (Christ. Restit, 670.)…" Il s'élève en particulier contre ceux qu'il appelle les "transsubstantatores," tombés, dit-il, dans le sens réprouvé, propagateurs de "monstruosités fanatiques." Messe, culte et cérémonies lui sont en horreur.

    Quant au Pape lui-même, aucun doute à ses yeux : c'est l'homme pécheur, le fils de la perdition dont Saint Paul annonçait les commencements  mystérieux dans la seconde épître aux Thessaloniciens (II, 3-12,) c'est le "mystère d'iniquité" qui agit déjà, car c'est 'depuis le temps des apôtres et de la personne même des apôtres" qu'il prend son autorité (Ibid., 656.) Pendant les 1260 années de son règne, le règne de l'antéchrist ! L'Eglise, qui est momentanément invisible, a été mise en fuite, elle s'est retirée loin des hommes avec le Christ ; mais elle est visible, elle reparaîtra, après la grande lutte à laquelle Servet lui-même est mêlé (Ibid., 628.)

    Ce n'est pas du seul Catholicisme que Servet se sépare ici. Il dénonce, au nom de l'Ecriture qu'il accuse tout le monde de ne pas entendre, l'illogisme de Calvin qui ne va pas jusqu'au bout de ses principes. A l'Institution Chrétienne de celui-ci, il oppose (le jeu de mots n'est-il pas voulu ?,) la Restitution du Christianisme, c'est-à-dire une refonte de la foi plus complète, plus radicale, plus imprévue que celle où veulent se tenir et le législateur de Genève, et Zwingli, et tous les chefs de la Réforme. Sur deus points au moins, il semble toutefois rester an deçà de la Réforme, et rien ne dut être plus sensible pour Calvin que de le voir, d'une part, admettre (à sa façon) dans l'examen des dogmes, à côté de l'autorité de l'Ecriture "morte," celle de l'Eglise et de "sa voix vivante" (Ibid., 627,) d'autre part s"élever contre le  prédestinatianisme rigide de la thèse calviniste, qui écrase l'homme et le ravale au rang de la "pierre" ou du "tronc d'arbre" (Ibid., 638.) Servet n'avait jamais aimé la théorie de la justification, telle du moins que l'avait apporté, disait-il, le "vent du Nord,' c'est-à-dire le vent venu de Wittemberg (Scheinder, loc. cit., 11.) C'est pourquoi Calvin lui reprochait aussi de lier trop étroitement la "justice" de la nature et la "justice" gratuite de la foi, au point de na pas supprimer la "bonté des œuvres" ( Cav. Op., 613, Calvin ajoutait : "Bona opera quae regenerntionem sequuniur, non modo ad augendam justitiam valere dicit (servitus), sed etiam esse ejus partem, ut non simpliciter nobld gratuita justifia, aed Deus nos, ex operum merltis sicut ex Christi gratia, justos aestimet."

     

    Calvin, prévenu déjà par les communications de Servet, n'hésite pas. Suivant le mot de Harnack, en déclarant la guerre à l'antitrinitarisme hérétique, en entraînant à sa suite tous les territoires qui sont sous son joug de fer, il ne sauve pas seulement "la foi de Luther," il empêche la Réforme de "faire le pas décisif" (Harnck, toc. Cit., p. 666.)

    De là d'abord le

     

    2. Procès de Vienne.

    En 1546, lorsque Servet, s'offrait à aller discuter avec lui, Calvin avait déclaré à Farel que, si Servet  venait à Genève, il n'en sortirait pas vivant (Calvini opera, XII, p. 283.) L'apparition de la Christianismi Restitutio lui procura l'occasion d'assouvir son vieux ressentiment ; quant au moyen, il lui fut fourni par l'établissement à  Genève d'un négociant de Vienne, Guillaume de Trie, gagné à ses doctrines.

     

    Ce Guillaume de Trie était en commerce de lettres avec un de ses parents, Antoine Arneys, domicilié à Lyon, qui l'exhortait sans cesse à rentrer dans l'Eglise Romaine. Trie communiquait à Calvin les lettres d'Arneys, et Calvin dictait ou du moins inspirait les réponses ; d'Artigny l'assure, p. 79, et quoique Bossert le conteste, p. 163, on se saurait sans cela expliquer la précision des lettres de Trie, écrivant à  Arneys : "Je me suis ébahi comment  vous m'osez reprocher entre autres choses que nous n'avons nulle discipline ecclésiastique ni ordre, et que ceux qui nous enseignent ont introduit une licence pour mettre confusion partout , et cependant je vois que les vices son t mieux corrigés de par deçà que ne sont en toutes vos officialités… Et je vous puis alléguer un exemple qui est de votre grande confusion. C'est que l'on soutient de par de là (à Vienne) un hérétique qui mérite bien d'estre bruslé partout où il sera…" Plus loin, l'ami de Calvin désigne clairement l'"Espagnol Portugallois" sous ses deux noms de Servet et de Villeneuve. Puis, continuant d'exciter Arneys : "Vous dites que les livres qui ne contiennent autres choses, sinon qu'il se faut tenir à la pure simplicité de l'Ecriture Sainte, empoisonnent le monde, et s'ils viennent d'ailleurs, vous ne les pouvez souffrir : cependant vous couvez là des poisons qui sont pour anéantir l'Ecriture Sainte et même tout ce que vous tenez de chrétienté…" A cette lettre, Trie joint le titre, l'Index et les quatre feuilles du livre de Servet.

     

    Cette dénonciation d'un calviniste émane sans doute de Calvin. Qui possédait alors cers documents ? Qui a pu seule les communiquer ? Toutes les apparences sont contre Calvin.

     

    La lettre de Trie était du 26 février 1552. Dès le 15 mars, après quatre jours de pourparlers entre l'inquisiteur Mathieu Ory (Sur Mathieu Ory, cf. Moreri, Gr. Dict. hist. ; Echard,  Script. Ord. Proedic., II, 162,) le cardinal de Tournon et les représentants de l'archevêque de Vienne, on décidé de prévenir l'autorité royale en la personne du vibailli, et l'officialité primatiale.

     

    Une enquête commence. Réunis chez Gui de Maugiron (Cf. H. de Terrebasse, Hist. et généal. de la famille de Maugiron en Viennois, Lyon, 1905,) "lieutenant général pour le Roi en Dauphiné," les juges appellent devant eus le prévenu. Servet, sans se presser, averti le libraire Arnoullet et fait disparaître les papiers compromettants, et qui lui permit de répondre qu'"il ne se trouverait pas qu'il eût tenu propositions hérétiques ou soupçonnées d'hérésie, qu'il était prêt d'ouvrir son logis pour ôter toute sinistre suspicion…" En effet, ni l'interrogatoire de l'imprimeur Guéroult en l'absence d'Arnoullet, ni les fouilles pratiquées n'apportent rien. On tient conseil chez Palmier : les poursuites sont inutiles, l'affaire est close, si Arneys ne fournit un supplément de preuves…

     

    Son correspondant genevois,  Guillaume Trie, les obtient alors de Calvin : ce sont, à défaut du livre imprimé, des lettres reçues autrefois de Servet, sous le sceau du secret, et vainement redemandées par lui : "Si on lui mettait au devant le livre imprimé, il le pourrait renier : ce qu'il ne pourra faire de son écriture. Par quoi les gens que vous dites, ayant la chose toute prouvée, n'auront nulle excuse s'ils dissimulent plus ou diffèrent à y pourvoir…" (lettre du 26 mars.)

     

    Le 30 mars, nouvelle lettre d'excitation : Servet a déjà été chassé des Eglises d'Allemagne, il y a vingt-quatre ans passés…

     

    Le 4 avril, Mathieu Ory apporte au cardinal de Tournon, à Roussillon, de douzaines de pièces venues de Genève, lettre de Trie, lettre de Servet à l'Institution Chrétienne, lettre de Servet à Calvin, et l'arrestation est décidée, opérée le même soir, en plein palais delphinal, pendant que Servet y soigne des prisonniers blessés. Le geôlier devra faire bonne garde, traiter son prisonnier "honnêtement et selon sa qualité." Ses amis peuvent le visiter encore ce jour-là et on lui laisse son valet Benoît Perrin, âgé de quinze ans. On Lui laisse aussi son argent : "On n'oste point l'argent aux prisonniers en ce lieu-là," disait-il ensuite à une audience de Genève (Troisième Interrog., Calvini opera, VIII, 749. Plus tard, après sa condamnation, ses biens furent confisqués et donnés à l'un des fils de Maugiron : celui-ci écrivit à Calvin pour connaître les créanciers de Servet, qui refusa de livrer leurs noms. M. H. de Terrebasse [loc. cit., p. 36] estime néanmoins qu'en cette affaire, comme en celle de l'évasion des prisons de Vienne, "Maugiron peut avoir tenté de rendre indirectement service à Servet, dit Villeneuve, son médecin et son ami."

     

    Le lendemain, 5 avril, dans l'après-dîner, devant Ory accouru sur sa mule, en toute hâte, devant les représentants de l'archevêque et le vibailli, a lieu le premier interrogatoire.

     

    On lui met sous les yeux des pièces imprimées et manuscrites où il y a "quelques propos qui pouvoient scandaliser," mais celui qui les a écrit les peut "interpréter et dire comme il les entend." Et, en effet, le prévenu explique, de façon à rassurer ses juges, sa théorie du baptême des enfants "sauvés sans foy acquise, ayant toutefois la foy infuse par le Saint-Esprit." Il promet aussi de corriger des expressions douteuses. Et,  "en ce qui sera trouvé contre la foy, il le soubmet à le détermination de notre Mère Saincte Eglise, de laquelle il n'a jamais voulu ni veult s'en despartir." C'est légèrement, sans y bien penser, par manière de "disputation", qu'il a écrit…

     

    Interrogé de nouveau et à deux reprises, le 6 avril, Michel de Villeneuve s'efforce de ne pas parler que de sa carrière médicale, mais les feuilles livrées par Calvin lui sont présentées, et il doit reconnaître son écriture. Puis, tout en niant qu'il soit "Servet", il se perd dans une explication tortueuse sur l'origine de sa correspondance avec Calvin "sub sigillo secreti, et comme fraternelle correction." Alors, explique t-il, "voyant que mes questions estoient à ce que Servet avoit escript, il (Calvin) me répondit que c'étoit moy-mesme Servet : à quoi je lui tournois répliquer que, combien que je ne le fusse poinct, toutes fois pour disputer avec luy, j'estois content de prendre la personne de Servetus et de luy respondre conne Servet, car je ne me soulciois de ce qu'il pouvait penser que moy, mais que seulement nous puissions desbattre nos opinions ; et sue ces termes, nous envoyasmes des espitres l'un à l'autre jusques à nous picquer et injurier". Il le reconnaît ensuite sur a présentation, de diverses lettres : 1° qu'il a eu une opinion particulière (contraire à celle qu'il a exprimée la veille) sur le baptême des enfants, mais qu'il a "laissé tout cela, il y longtemps, et se veult ranger à ce que l'Eglise tient" ; 2°qu'il a écrit la lettre sur la Trinité" en disputant pour la part du dict Servet, non poinct que luy y veuille adhérer, ny croire cella, mais seulement pour voir ce que le dict Calvin penseroit ou sçaurait dire à 'encontre" ; 3° que la lettre sur la chair glorifiée du Christ était adressait à Calvin, dans l'espoir que celui-ci pourrait répondre avec plus de liberté à toutes ses interrogations.

     

    Tel est, d'après les pièces officielles apportées par d'Artigny, p. 101-111, le résumé des interrogatoires viennois et du système, au moins évasif, de défense adopté par le prévenu.

     

    En finissant il se déclare prêt à répondre aux juges instructeurs, quand il leur plaira, sur "un chacun chef ou article" du contenu de ses lettres. "Ce que luy avons promis faire, ajoutent les juges, et après avoit faict quelque extraits des principaux poincts, là où il nous semble qu'il y erreur contre le foy". Tout cela nous conduit jusqu'au soir du 6 avril.

     

    Et le lendemain,  7avril, il s'échappe !

     

    Evasion favorisée par d'obscures influences et de hautes protections ? Très vraisemblablement. Quoique Mathieu Ory ait demandé qu'on le mît au secret, quoique les juges de Vienne, sans doute pour éviter un soupçon de complicité et pour remplir jusqu'au bout "le deu de leur office," aient réclamé ensuite Michel de Villeneuve aux geôles de Genève (31 août 1553), quoique Servet ait supplié avec larmes ses juges de Genève de na pas le renvoyer en Dauphiné, il ne fait ni perdre de vue l'étrange et large surveillance dont il fut l'objet ni son propre aveu : "que les prisons (de Vienne), luy estoient tenues comme si on eust voulu que se saulvast." La veille de sa fuite, il avait pu envoyer son domestique, Perrin, quérir trios cent écus qui lui étaient dus, auprès du grand prieur de Saint–Pierre, qui vint en personne lui remettre. Quant au geôlier, il dut avouer qu'il avait confié au captif la clef du jardin, et le reste de sa déposition demeura en blanc (Textes et faits résumés ici se trouvent dans plusieurs des études signalées plus haut, particulièrement dans d'Artigny et dans la substantielle compilation de Collombet, Histoire de la Sainte Eglise de Vienne, beaucoup plus exacte que l'Histoire de Vienne de Mermet, dans son ensemble.) Il est équitable de dire, reconnaît M. Dide, que l'archevêque Palmier semble avoir tout fait pour que Servet pût prendre la fuite (P. 121.)" Moins affirmatif et poussant jusqu'au bout la réserve de M. Dide, nous dirons seulement que l'évasion fut certainement l'œuvre des amis viennois de Michel de Villeneuve. On a nommé le vibailli et sa fille, on a nommé Maugiron, on  a nommé le viguier, le geôlier, l'une de ses servantes, on a nommé l'archevêque bien souvent. En l'absence de preuve absolue, il est difficile de s'arrêter à aucun nom ; et sans doute fallut-il, pour faciliter cette fuite des prisons et de la ville, l'entente directe, ou de la connivence passive, ou l'ignorance volontaire de plusieurs personnages (Au 7° interrogatoire de Genève [calv. op., VIII, 789/90,] Servet a simplement déclaré qu'il n'avait eu "aucune faveur et aide" du dit geôlier, que le vibailli avait seulement commandé "de ne le poinct tenir estroit," qu'il avait demandé la "clef des privez" au geôlier, et c'était sauvé.) En ce qui concerne Palmier, il paraît vraisemblablement que s'il tint, lui aussi, à remplir le "deu de son office," quelque peine qu'il en éprouvât personnellement, il ne dut pas non plus se prêter de bon cœur à une poursuite qui s'engageait de façon si étrange, sue des données de provenance si obscure, et qui pouvait servir à des fins aussi intéressées et suspectes qu'inconnues. Au cas même où il ne l'aurait qu'indirectement favorisée, et on ne peut admettre au moins cela, l'évasion de Servet dut être un soulagement.

     

    Cependant, Michel de Villeneuve disparu, ses juges s'occupent d'interroger ses comparses et ses gardiens, de faire rechercher et confisquer ses livres, instruire et achever son procès. Le 16 juin 1553, intervient le jugement du vibailli ; Villeneuve est condamné par contumace à 1000 livres tournois d'amende envers le roi dauphin , de plus, il sera conduit place de la Charnève pour "illec être brûlé tout vif à petit feu… Et cependant sera la présente sentence exécutée en effigie, avec laquelle seront lesdits livres brûlés." Six mois après le vibailli, alors que Servet est monté sur le bûcher de Champel depuis deux mois, les juges de l'officialité prononcent que Villeneuve, "accusé pour raison du crime d'hérésie, composition et impression du christianismi Restitutio," aura ses biens confisqués au profit des Comtes de Vienne, que tous ses livres seront recherchés et brûlés (23 décembre 1553). La copie de cette sentence en latin se trouve, ainsi que les considérants détaillés constatant que Servet fut "un très grand hérétique," dans d'Artigny, T. II, pp. 123-127.

     

    Quand au libraire Arnoullet emprisonné, l'on s'en souvient, le même jour que Servet, il fut remis en liberté vers le 14 juillet 1553, s'il ne le fut pas auparavant. Dans une lettre écrite à cette date au sieur Bertet, libraire domicilié en Savoie, il attend pour la semaine suivante sa "totale" délivrance. Il parle aussi de ses difficultés avec Guéroult qu'il soupçonne de l'avoir trompé sue le véritable caractère et les erreurs de la Christianismi Restitutio, d'avoir aussi "corrigé le livre tout du long" et médité de la traduire, si Servet l'eut permis. Cette lettre très curieuse, versée au procès de Servet de Genève, semblerait prouver que Guéroult connut et partagea la doctrine de Servet. Arnoullet, lui, était seulement partisan des idées de la Réforme, comme le démontre le ton général de cette correspondance, le soin qu'il prend de faire détruire les exemplaires de Francfort, surtout la crainte qu'il a de perdre l'amitié de Calvin pour "avoir tenu un tel monstre", le projet qu'il forme d'aller à Genève pour voir ses "bons amis de par-delà", le libraire Crépin, Calvin lui-même, à qui il fera entendre sa justification. Ces relations d'Arnoullet devaient être ignorées à Vienne, même au cours de son procès. Il convie son correspondant à le venir voir à la foire prochaine, et ajoute" Je pense que vous pouvez aussi bien venir que d'autres qui sont venus, et ne sont les choses si périlleuses qu'on les fait (Calvini opera, VII. 753-757)…"

     

    Dans l'affaire de Vienne que nous venons de résumer, ce qui étonne, on peut le dire, ce n'est que la justice royale et delphinal se soit conformée aux récentes ordonnances de François 1er concernant la répression de l'hérésie (l'édit de Fontainebleau est du 1er juin 1540, en mai 1542, ordre aux parlements de faire justice des "malsentants de la foy" ; en août 1542, ordre aux évêques d'activer les poursuites "sous peine de saisissement de leur temporel". En 1535, à ce que raconte le Journal du Bourgeois de Paris (cité par Buisson dans l'hist. gén. de Lavisse et Rambeau), le Pape Paul III aurait prié le Roi d'apaiser sa fureur, en faisant grâce.) ; ce n'est pas des hommes d'Eglises, mis du reste en mesure d'agir, aient voulu défendre l'Eglise attaquée dans son dogme, son culte et sa hiérarchie ; ce n'est pas qu'ils aient usé du droit de toute société qui croit à elle-même, à préserver les principes qui lui servent de fondement, en écartant l'hérésie captieuse, allant à ses fins par des voies secrètes ; ce n'est pas même que juges civils et ecclésiastiques aient cherchés une justice conforme à la rigueur des lois existante, quelque répugnance qu'on puisse aujourd'hui professer pour cette contrainte extérieure dont la société laïque était la première à user ; ce qui étonne, et ce qui indigne, c'est que Calvin, un hérétique lui-même, ait sournoisement déchaîné ces rigueurs, c'est qu'il ait osé écrire, après ce qu'on a vu de ses démarches : "Le bruit vole çà et là que j'ai pratiqué que Servet fût pris en la papauté, à savoir à Vienne… Il n'est jà besoin d'insister plus longuement à rembarrer une calomnie si frivole, laquelle tombe bas quand j'aurai dit en un mot qu'il n'en est rien". Malgré cette dénégation intéressée, "le bûcher de Vienne où Servet est brûlé en effigie est incontestablement l'œuvre de Calvin" (Dide, p. 121).

     

    C'est ce que l'on comprend mieux encore lorsque l'on compare les atermoiements, les hésitations des juges de Vienne, leur "évident souci de n'agir que si des preuves irrécusables sont produites", l'indulgence finale qui rendit possible l'évasion du prévenu, avec les procédés employés à Genève contre Servet à l'instigation de Calvin.

    Et c'est le... 

     

     

     

    3. Procès de Genève.

     On ne peut que le résumer qu'ave de grands lignes.

    L'exposé sommaire que nous avons fait plus haut des grandes lignes de la doctrine. Souvent inconsistante et obscure, de Michel Servet, nous dispenserons de suivre ici par le  menu de la discussion de son système, les questions qui lui furent posées et les réponses qu'elles amenèrent. A Genève, le débat doctrinal et les interprétations de textes occupèrent plusieurs séances, remplirent plusieurs documents considérables. On éprouve, à les feuilleter, quelque chose de l'impression qui fut celle de Calvin devant l'œuvre même de Servet : celle d'entrer dans une "forêt épaisse" ou dans un "profond labyrinthe."

     

    Reprenons d préférence l'exposé des faits et attachons- nous au caractère des débats.

     

    Au sortir des prisons de Vienne, Michel de Villeneuve, ayant hésité quelque temps sur la route à suivre, avait erré trois mois. Décidé enfin à aller exercer la médecine"à Naples, où sont les Espagnols," il voulut passer pas Zurich, et descendit à Genève, à l'hôtel de la Rose, pensant ensuite gagner la route de Zurich par le bout du lac. C'est le dimanche 13 août, presque dès son arrivée, qu'il fut reconnu en réalité, au sortir du prêche, par l'un des syndics, puis interné à la prison dite de l'Evêché, sur la demande de Calvin qui s'en est vanté hautement, cette fois, dans sa Defensio orthodoxoe fidei.

     

    Le dénonciateur devant, d'après la coutume et la loi, se constituer partie en procès en même temps que l'accusé, c'est d'abord un "homme de paille", Nicolas de la Fontaine, français réfugié à Genève, secrétaire ou domestique de Calvin, qui soutient l'accusation devant le Petit Concile, avec Colladon pour avocat : puis c'est la propre frère de Calvin qui prend caution pour lui. De plus, "quelques jours après (l'arrestation de Servet), il fut ordonné, ajoute le registre de Compagnie des Pasteurs, que nous serions présents quand on l'examinerait… Enfin messeigneurs voyants que la procédure serait infinie… ordonnèrent qu'il se fît un extrait des propositions erronées et hérétiques contenues en ses livres, et  que luy ayant respondu par escript, nous monstrerions en bref la faulceté de ses opinions? Afin d'envoyer le tout aux Eglises voisines pour en avoir conseil (Calvini opera, VIII, 726.)" Cette décision eut ensuite pour résultat la rédaction de trois sortes de documents, cités dans la Defensio : 1° une série de trente-huit propositions extraites par Calvin des œuvres de l'accusé et réprouvées par les pasteurs ; 2° les explications générales ou particulières de Servet sur ces trente huit propositions ; 3° une Brève Réfutation des erreurs de Servet à l'usage du Concile, accompagnée des annotations marginales ou intermédiaire de Servet : ces annotations sont très dures pour Calvin en témoignent de l'impatiente de l'accusé. "Tu mens !" en est le refrain habituel et  la conclusion dernière? Pour ne pas prolonger le duel, Calvin ne répliqua pas, mais il se vanta d'avoir laissé à son adversaire le dernier mot et ordonna des airs de victime qui souffre en silence. De même, il avait présenté comme une concession son acquiescement à l'appel de Servet aux autres églises (Ibid, 500.)

     

    La plainte écrite introduite par Nicolas de la Fontaine comme conséquence de l'arrêt du Petit Concile (14 août) contenait quarante articles qui furent aussitôt après réduits à trente huit : de ces trente huit griefs ainsi invoqués au début de l'affaire, trente ont un caractère nettement doctrinal, et sont puisés non pas dans les manuscrits confiés à l'honneur de Calvin (calvini, opera., 734,) ou dans les écrits antérieurs de Servet : à quelques exceptions près qui provoquèrent justement les rectifications de l'accusé, ces articles résument assez exactement ses idées. D'autres griefs supposent un outrage à la personne de Calvin.

     

    Cette première instruction ayant eu lieu le 14 août, Nicolas de la Fontaine, dès le lendemain, une requête tendant à la poursuite officielle du procès par le procureur fiscal de la Seigneurie. Il ne s'agit pas seulement de punir les  "scandales et troubles que le dict Servet a déjà fait par l'espace de vingt quatre ans ou envyron à la chréteienté", mais aussi les "méchantes camumnies et faulses diffamations… contre M. Calvin duquel le proposant est tenu de maintenir l'honneur comme de son pasteur, s'il veult estre tenu pour chrestien." D'ailleurs, prétend-il, jusqu'ici Servet "au lieu de respondre pertinemment par ouy ou non", s'en est tenu à "chansons frivoles."

     

    Suivent deux interrogatoires où la plainte de Nicolas de la Fontaine est reprise point par point, et où quelques précisions sont apportées, surtout le 16 août, quand Collabon produit des textes imprimés.

     

    Le 17, Calvin qui, déjà, montait chaque jour en chaire pour exciter le peuple contre son prisonnier, Calvin  se fait autoriser par le Petit Concile à assister aux audiences, et, très probablement, vient en personne argumenter le prévenu. On n’insiste pas seulement, ce jour là, sur l’interpellation donnée par Servet au ch. LIII d’Isaïe dont il ne voit qu’une application possible, à Cyrus, non au Christ, mais encore sur les "apostilles" mises par lui aux marges de l'Institution Chrétienne, et sur la célèbre lettre à Abel Pouppin où se trouvent les deux fameuses phrases : "Vous avez pour Dieu un cerbère à trois têtes- triplicem Cerberum."

     

    Le 21 août, Calvin reparaît. IL amène des témoins. Cette fois il est muni de textes patristiques. "Quand nous vîmes là, a-t-il écrit plus tard, c'était avec telle humilité et modestie, comme si nous eussions été prisonniers pour rendre compte de notre doctrine !" Alors, c'est un véritable joute théologique, très ardue et très subtile, qui s'engage par devant les pasteurs, mais aussi par devant les membres ordinaires du tribunal, naturellement sans compétence spéciale pour décider entre les parties.

     

    Le 23 août, Servet est interrogé sur trente nouveaux articles dressés cette fois par le procureur général, mais inspirés dans leur ensemble par Calvin : les réponses de l'accusé sont telles qui faut, pour en effacer l'impression, un nouveau réquisitoire du procureur terminé par trente huit autres articles : d'où l'interrogatoire du 28 août qui a pour l'historien l'avantage, ainsi que celui du 31aoît, de contenir plusieurs détails biographiques intéressants.

     

    Calvin reparaît le 1er septembre pour répliquer et expliquer. Mais comme le débat, de plus en plus obscur, tourne des mêmes points, menace de s'éterniser, on décide qu'il soit " baillé du papier et de l'encre" à  Servet, pour que le débat entre Calvin et lui se puisse continuer par écrit : d'où les documents que nous avons énumérés plus haut.

     

    Pendant ces divers interrogatoires, Calvin, malgré tous les avantages qu'il avait sur son adversaire, n'eut pas toujours le dessus ; à n'en juger que par les procès verbaux, Servet confus et embarrassé dans ses écrits, rencontra souvent dans ses réponses, comme aussi dans ses requêtes écrites, le trait vif, la force, l'émotion vraie et sobre. L'illusion mystique dont il couvrait à ses propres yeux un rationalisme à peine conscient, prête à ses accents une farouche grandeur, par exemple quand il évoque devant ses juges la mission qui lui a été donnée et l'impossibilité, s'il ne l'accomplit, de se sauver ; quand il rappelle les textes de St. Mathieu sur la lumière qu'on ne doit pas mettre "sous le banc ny sous l'escabelle, mais au lieu qu'elle luise aux autres." La circonstance est pour lui solennelle, chacune de ses paroles peut avoir pour lui les conséquences les plus terribles. Il porte jusque dans l'illusion et l'erreur un entêtement d'illuminé. Il comprend de plus en plus nettement, à mesure que le procès tire vers sa fin, quelle en sera l'issue qu'il n'avait pas prévue tout d'abord. En faut-il davantage pour trouver, à certains moments, des répliques éloquentes ?

     

    Du reste, les discussions devant le Petit Concile ne portèrent pas uniquement sue des questions spéculatives et abstruses, sur la distinction "réale" ou "personale" au sein de la Trinité, sur le baptême des enfants, sur la justification, sur des interprétations de textes ; elles tournèrent aussi en récriminations aigres, en accusations d'avoir voulu corrompre la jeunesse par sa doctrine du péché mortel qu'il disait impossible à commettre avant vingt ans, en diffamations caractérisées sur la vie et les mœurs de Servet taxé d'escroquerie ou de débauche. Pour ravaler l'accusé, l'accusateur prend prétexte de tout. Un jour, triomphant d'un texte de saint Justin de son adversaire, il va jusqu'à lui reprocher de ne pas savoir le grec plus qu'un enfant l'alphabet, quam puer alphataruis

     

    Plus tard, au souvenir de ces échéances, Calvin s'emportait encore, traitait son ennemi d'effronté et de vilain chien, raillait sa victime. Qu'on lise la Defensio dans le texte latin ou dans le texte français ! Nous n'essayons même pas d'en citer des extraits : par où commencer, par où finir ? La colère et al haine s'y épanchent avec une verve qu'on  ne peut s'empêcher de trouver prodigieuse. Jamais peut-être l'insulte posthume n'a été si violente, ni si odieuse, car elle se même continuellement à des élans de piété et de zèle.

     

    Servet, après avoir plus d'une fois répliqué victorieusement (Par exemple, à propos de Moïse, qu'on l'accusait d'avoir "calomnié" dans sa géographie de "Ptolémée", en alléguant que la Judée a été trop louée pour sa fertilité, Servet répond ; 1° que le passage cité n'est qu'une simple traduction ; 2° que ce passage ne se trouvait plus, du reste, dans la seconde édition ; 3° que cette assertion devait s'étendre, non du temps de Moïse, mais de la Judée actuelle,) et forcé l'accusation à de sournoises retraites, après s'être contenu longtemps, Servet, bien excusable en cela, paraît lui-même avoir perdu patiente à plus d'une reprise. Un jour, c'était peut-être le 1er septembre, il voulait s'excuser "sur sa tristesse et se fâcheries, tellement qu'il ne daigna entrer en propos." Mais, d'autres fois il eut moins de dignité ou de prudence. Il en vint, le 22 septembre, à réclamer contre Calvin la peine de mort, à l'accuse à son tour, entre autres choses, d'avoir suivi la doctrine de Simon le Mage : "Pour quoy comme magicien qu'il est, doyt non seulement estre condamné, mais doyt estre exterminé déchacé de notre ville. Et son bien doyt estre adjugé à moy en récompense du mien que luy ma faict perdre !"

     

    On été déjà loin de la correction des interrogatoires de Vienne.

     

    La torture fut-elle employée à Genève ? Non. Mais la "géhenne" fut apportée, au dire de Castellion, qui pensait le tenir de bonne source.

     

    Longtemps, Servet crut que Calvin "au bout de son roulle", refusa de s'amender, garda confiance dans ses juges et surtout dans le système de défense qu'il avait édifié. Loin qu'il eût par ses écrits fomenté révoltes ou complots (avec les libertins ?,) il n'avait jamais parlé, disait-il, que des questions difficiles, et à des gens savants ; les tendances séditieuses des anabaptistes lui avaient toujours déplu : son livre, loin de diviser la chrétienté, devait simplement fournir aux bons esprits occasion de mieux dire, à la vérité occasion de se déclarer et de se "achever peu à peu" ; enfin, s'il avait été coupable, ce n'était point à Genèvre : il était étranger et avait besoin d'un avocat (procureur)… On le lui refusa, au moment même où procureurs et juges multipliaient les charges contre lui. Son appel du Petit Concile au Concile des Deux-Cents n'eut pas d'effet non plus (15 sept. 1553.) Ses subtilités, ses contradictions achevèrent d'irriter contre lui des juges déjà prévenus (Nos citations sont extraites des calvini opera, T. VIII, où se trouvent les procès-verbaux et pièces du procès, ainsi que la Defensio. Mais il sera plus aisé de trouver, partiellement au moins, les demandes faites à Servet et ses réponses dans Dide, p.p. 202-226 ; l'arrêt de condamnation, p. 248-253.)

     

    Comme il pourrissait, littéralement, dans sa prison, dont les fenêtres avaient été clouées, et où les "poulx le mangeaient tout vif", comme ses chausses étaient usées et qu'il n'avait ni pourpoint ni chemise "qu'une méchante", il demanda du linge. Trois semaines il l'attendit et supplia de nouveau, pour l'amour de Jésus Christ, qu'on ne lui refusât pas ce qu'on accordait à un "Turc" (On fait allusion ici à des lettres citées par la plupart de ceux qui se sont occupés de Michel Servet.) Le froid le tourmentait grandement, disait-il, et, à cause de ses infirmités, le soumettait à des "pauvretés que c'est honte à escrire." 

     

    Cependant, ni le timide appui des libertins et de tous le opposants à Calvin, ni les sympathies lointaines des antitrinitaires et des anabaptistes, ne purent rien pour lui. La consultation des Eglises réformées de Berne, Zurich, Scaffouse, Bâle, surveillées par Calvin, n'ayant pas donné, tant s'en faut, de résultat favorable à k'accusé, le conseil s'assembla une dernière fois, le 26 octobre, et condamna Servet à être brûlé vif avec son livre. A cette nouvelle, Servet fut atterré et demanda grâce, du moins au dire de Calvin. "Mais s'il avoua sa souffrance, il refusa de se rétracter ; il résista aux hypocrites prières de Calvin, son bourreau, qui vint dans sa prison essayer de discuter avec lui ; il ne pur obtenir qu'on le fit périr par l'épée (C'est Farel, un de ses plus ardents ennemis, qui lui proposa ce marché : ou se rétracter et avoir la tête coupée, ou persister et monter sur le bûcher. Farel fut le mauvais génie de Calvin en toute cette affaire,) et, le 27 octobre, vers deux heures de l'après midi, il fut conduit en cortège vers le lieu du supplice (Herriot, Progrès du 11 mars 1907."

     

    Arrivé à Champel, Farel eut grande peine à obtenir de lui qu'il se recommandât aux prières du peuple. De ce qu'il en fit, Calvin s'indigne pourtant dans la Defensio ; et il se croit obligé d'excuser Farel d'avoir réclamé ensuite pour le condamné les prières de l'assistance. On attendait encore une rétractation ; elle n'eut pas lieu. Servet n'éleva même pas la voix en faveur de sa propre doctrine, "non plus qu'une souche de bois," dit Calvin furieux et surpris de ce silence. Une seule parole fut interprétée comme un dernier écho de ses idées théologiques : il suppliait, disant : "Jésus, Fils du Dieu éternel, ayez pitié de moi !"

     

    Maintenant donc, lié au poteau, il se taisait, il avait une couronne soufrée sur la tête, son livre, tant imprimé que manuscrit attaché à la jambe. Quand il vit la Flamme du bûcher, il poussa un long cri d'épouvante, continua de gémir longtemps, les fagots de chêne encore verts étant long à s'allumer. Le supplice dura une demi-heure (27 octobre 1553).

     

    On comprend, après cela, que le syndic Calandrini ait répondu, le 19 octobre 1757, à une demande de consulter les pièces du procès : "Monsieur, le Conseil se trouvant intéressé à ce que la procédure contre Servet ne soit point rendue publique, ne veut pas qu'elle soit communiquée à qui que ce soit… La conduite de Calvin est telle que l'on veut que tout soit enseveli dans un profond oubli…" Calndrini ajoutait : "M. de la Chapelle l'a justifié comme il a pu d'avoir été à Vienne l'instigateur du procès de Servet ; il a supposé pour cela un fait que nos registres devraient prouver, et qu'ils ne prouvent pas".

     

     

     

     
     

    III. Histoire de la question Servet.

     

     

    Le lendemain du supplice, cette question naît de la joie sauvage de Calvin, de son besoin de justification, de ses explications embarrassées, enfin de l'applaudissement des Eglises officielles et de la plupart des chefs de la Réforme (Cf Tollin. op, cit., trad. Picheral-Dardier, passim ; Bossert, p. 173 et sq,  ; Hist. gén. De Laviesse et Rambaud, p. 518-519. Parmi les protestations isolées, il faut citer celle de Nicolas de Zurkinden, qui fut la première à parvenir à Calvin après son auto-apologie,) notamment de Melanchthon.

     

    A la Déclaration (Defensio orthodoxe fidei de sacra Trinitate contra prodigios errores Michaelis Serveti Hispani, ubi ostenditur hoereticos jure gladii coercendos esse, 1554. (Trad. Franç. La même année : Déclaration, etc…) de Calvin, parue en 1554, et où il revendique le "droit du glaive' contre les hérétiques, Castellion déguisé sous le nom de Bellius, répondit publiquement que le petit Traité des hérétiques (De hoereticis an sit persequendi, 1554,) en faveur de la tolérance : c'est de Bâle que partait ce mouvement d'opposition, de Bâle où tout un groupe de réfugiés italiens et français était prêt à soutenir les idées de Bellius comme aussi celles de Servet.

     

    Une riposte de Théodore de Bèze qui étend, lui, le châtiment jusqu'à ceux qui "demandent l'impunité pour l'hérésie" (En 1555, fut exécuté le plus jeune des frères Berthelier, déjà suspect et tancé pour avoir "mal parlé de la justice qu'on avait faite de Servetus",) est à peine parue (De hoereticis a civili magistratu puniendis, 1554,) que Castellion s'en prend directement à Calvin dans un dialogue dont le Sénat de Bâle interdit l'expression : " Pleurons sue l'Eglise papiste qui ne peut vivre que de violence !" s'écrie Calvin. Et Vaticanus de répondre : "Tu as écrit ces lignes les mains dégoûtantes du sang de Servet." A travers ces polémiques, la question s'élargit cependant ; on s'occupe maintenant d'une thèse abstraite : y a-t-il un droit de punir les hérétiques ? La personne de Servet n'est plus, momentanément, au premier plan, dans les controverses devenues spéculatives. Mais la lutte n'en est pas moins vive entre les adversaires de la tolérance et ses partisans. Les premiers accusent les seconds de défendre l'hérésie sous couleur de défendre les hérétiques ; ils se demandent qu'on ait plus d'égards aux brebis qu'aux loups ; ils déclarent qu'on ne peut trouver de tourment correspondant à l'énormité du crime d'hérésie ; ils posent le question de savoir si le magistrat peut punir, en tant que gardien de la discipline extérieure à laquelle est mêlée la Religion. Sur chacun d ces points, il y a de vives répliques du parti adverse. Chacun cherche à s'abriter sous des autorités anciennes et contemporaines. Et le débat se prolonge et a d'infinies répercussions (Cf. Sébastien Castellion, par F. Buisson, Paris 1892, fin du T. I et début du T. II.)

             

    Au début du XVII siècle, faut-il apercevoir, dans le langage de certain druide de l'Astrée, un écho de la doctrine de Servet, laquelle se serait transmise secrètement dans la famille d'Honoré d'Urfé ? (Revue Chrétienne, 3°série, VII, pp. 226 et 289, art. de M. Chevrier ; il a été critiqué par le chanoine Roure dans une Congrès du 21 février 1908, aux Facultés catholiques de Lyon.) Comme l'observe naguère l'érudit le plus courant de la vie d'Honoré d'Urfé, l'auteur de cette hypothèse est mort "avant d'avoir achevé sa démonstration." Mais si la trace des idées de Servet est difficile à reconnaître, en revanche, on continu, au XVII° siècle, d'être attentif à la thèse de ses accusateurs. Et quand las calvinistes se plaignent des rigueurs dont ils sont victimes, c'est toujours cette thèse qu'on leur oppose. "Ceux qui s'en servent les premiers, observe ironiquement Bayle, en retirent de grands avantages, et pendant qu'ils sont les plus forts, cela va la mieux du monde, mais quand ils sont les plus faibles, on les accables de leurs propres inventions" (Dict.  Hist. et écrit., 3°édition, p 595.) C'est à peine, du reste, si Bayle fait quelque allusion passagère à Servet dans l'article Calvin de son Dict. hist. et critique ; à Servet lui-même il ne consacre pas d'article, et son silence, dont on ne perse pas la raison, paraît étrange. Allwoerden le remarquait déjà en 1727.

     

    Au XVIII° siècle, pendant que les érudits, de la Roche, Mosheim, d'Artigny commencent de recueillir des documents sur la victime de Calvin, la question de la tolérance est plus que jamais à l'ordre du jour ; le cas de Servet sert d'exemple à Voltaire dans son Essai sur les mœurs (cxxxiv) et dans sa correspondance où, sur ce point, abondent les inexactitudes. A cette propagande philosophique, le déisme trouve certainement son compte. "Il semble aujourd'hui, dit Voltaire, qu'on fasse amande honorable aux cendres de Servet ;  de savants pasteurs, des églises protestantes, et même les plus grands philosophes ont embrassé ses sentiments et ceux de Socin. Il ont été encore plus loin qu'eux ; leur religion est l'adoration d'un Dieu par la médiation du Christ." Voltaire exagère ici, du reste, comme le fera plus tard Tollin, l'influence de Servet n'ont-ils pas eu une action plus radicale et plus tangible ? Le problème est à examiner au moins.

     

    Au XIX° siècle, on s'occupe de Servet en Suisse, en France, en Espagne, en Allemagne et en Angleterre, son nom devient un symbole, celui de la libre raison persécutée par les fanatismes. A côté des érudits patients et silencieux qui, tout en s'apitoyant sur l'infortune de Servet, publient les collections et les travaux qui serviront à bâtir solidement le livre définitif, qui manque encore, il y a les propagandistes dont la critique, souvent unilatérale, ne dédaigne pas l'hyperbole dans la louange, et pour qui les défauts très réels de Servet n'existent presque plus.

     

    Pour eux il ne fut exalté et fiévreux, ni vagabond, ni agressif, ni obstiné, ni sournois, mais seulement vif et curieux, zélé comme un apôtre, ferme, patient, habile ; son mysticisme d'illuminé est de la piété toute pure ; ses contradictions et ses réticences, ses mensonges dont le péril encouru atténue simplement la gravité, s'évanouissent devant la vision horrible de son bûcher. Ce fut un martyr, un "héros", le "Copernic" de l'homme et de la circulation de la vie, un de ces " hommes de divination scientifique, comme on en compte à peine douze dans l'histoire de l'humanité" : ainsi parlent Michelet, Elisée Reclus, pour ne citer que les plus illustres lyriques.

     

    De là est née à Genève, au lendemain des échauffourées syndicalistes dont les chefs avaient inauguré un mouvement et une souscription en l'honneur de Servet (Les éléments anarchiques présentèrent et firent voter au Congrès international de la Libre-Pensée (14-17 septembre 1902) une motion tendant à élever une plaque commémorative à Servet. Avant et après le Congrès, les fonds furent, d'ailleurs; centralisés à Bruxelles par la Fédération de la Libre-Pensée,) au lendemain de la Congrès de Brunetière sur Calvin, qui avait ému, on s'en souvient, tous les milieux protestants, de là est née la pensée d'une réparation solennelle qui confondrait dans le même hommage la victime et le bourreau. L'érection du monument expiatoire en 1903 devait rendre possible une glorification de Calvin, lors du quatrième centenaire de sa naissance, en 1909, par une sorte de liquidation anticipée de son "erreur" (M. Dide l'insinue clairement, p. 308.)

     

    De là est né à Vienne, en Dauphiné, par l'initiative de M. Monot et de la Société de la libre pensée, le comité de patronage qui a organisé les fêtes de 1905 et de 1907 et prépare l'élection prochaine d'une statue à Servet, statue dont la maquette a déjà été présentée et acceptée. Des sommes importantes ont été recueillies, souscriptions officielles ou privées. Le gouvernement, certaines municipalités, plusieurs hommes politiques, les journaux qu'ils soutiennent, un certain nombre aussi de professeurs et d'écrivains, encourageant nettement ce projet (Cf. le Procès de Lyon du 11mars 1907, et celui du 13 novembre 1907 qui fait appel à l'action des instituteurs : " Dans le but d'intéresser à cette œuvre… Tous les habitants de la région, des listes de souscription sont envoyées par le secrétariat du Comité à l'instituteur dans chaque commune. L'instituteur est, selon la parole de Victor Hugo, le flambeau de la vérité : il guide et éclaire. Nous comptons sur lui, etc…"

     

    De là sont nés les projets de Henri Rochefort et du journaliste espagnol Lapuya : Servet aurait aussi sa statue à Paris et à Saragosse (Savigné, Le sarani M. Servet, p. 61.)

     

    Et voici qu'à Genève même le monument expiatoire, avec sa curieuse inscription ("Fils reconnaissant et respectueux de Calvin, notre grand Réformateur, mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle et fermement attaché à la liberté de conscience selon les principes de la Réformation et de l'Evangile, nous avons élevé ce monument.",) ne paraît plus suffire. Un comité international, ayant M. Dide pour président et des membres de tous les pays, s'y est formé pour glorifier Servet et élever un autre monument, plus digne de l'apôtre " de la libre piété et de la libre Inquisition" (Débats, 4 novembre 1907.) 

      

     

      

    IV. L'Apothéose de Servet s'imposait-elle ?

     

     

    S'il ne s'était s'agi que de célébrer, chez Servet, une érudition très réelle, l'étonnante curiosité de son esprit, peut-être n'aurait-on pas songé à lui préparer une apothéose. On pourrait dire, en effet, qu'assez d'hommes illustres, écrivains, inventeurs, savants incontestés, nés en Suisse ou en France, y attendent encore un monument, et qu'il y a pas de raison de 'statufier' d'abords un étranger. A quoi il serait non moins aisé de répondre que "la science n'a pas de frontière", qu'il est bon de l'honorer partout, et donc, que rien n'empêche d'ouvrir la série par l'Espagnol Michel Servet, sauf à faire ensuite ce qu'on pourra pour les gloires nationales ou locales…

     

    Raisons pour et contre sont tirés ici de points de vue, d'impressions, de circonstances particulières, et ne dispensent pas des considérations suivantes :

     

    1. Il serait bon de se demander si Servet n'est pas "un penseur critique, un investigateur empirique" (Harnack), un amateur universel, comme l'étaient beaucoup d'écrivains de la Renaissance, avant d'être un savant, au sens très spécial que l'on prête aujourd'hui à ce mot. Pour avoir donné une bonne édition  de Ptolémée, pour l'avoir enrichie de notes et de tables,  peut-il disputer à plusieurs de ses contemporains, Sébastien Müster, Oertel, par exemple, l'honneur d'avoir été le plus fameux  géographe de son temps ? Même Oronce Finé (Cf. L. Gallois, De Orantio Finoeo gallico geographe Paris, 1890,) malgré ses préjugés osait déjà secouer l'autorité de Ptolémée, que la fin du siècle verra bien ébranlée. La mérite, en particulier, d'avoir créé la géographie comparée ne demeure t-il pas, du reste, au XIX siècle, à Alexandre de Humboldt, surtout à Karl Ritter ?

     

    Aussi bien, c'est un autre terrain, plus favorable assurément, que l'on cherche à glorifier le "savant". Il aurait entrevu, le premier, la petite circulation ou circulation pulmonaire : la Realencyclopedie de Hauck (1907) dit même : la double circulation !

     

    Qu'il y a-t-il là-dessus ? Les doctes ne s'accordent pas absolument entre eux (V. par ex. la discussion Chéreau-Dardier, op. cit. de Tollin.) Il y a du pour et du contre

     

    A. Pour : C'est un fait que le Christianismi Restitutio contient au premier traité, 1. V, sue le Saint Esprit, trois pages où il est question de la formation et de la circulation du sang.

     

    Dans ces pages qui excitaient l'admiration de Flourens (Journal des Savants, avril 1851,) Servet explique " que le sang sortant du ventricule passe dans les poumons par la veine artérieuse (artère pulmonaire), qu'il s'y mêle à l'air inspiré, qu'il s'y décharge des matières "fuligineuses", et qu'en se versant dans l'artère veineuse (veine pulmonaire), il est attiré dans le ventricule gauche pour former ce qu'il appelle 'l'esprit vital" après Gallien. Il sait donc que les deux ventricules ne communiquent pas et que le sang subit dans les poumons une élaboration importante (Voici, d'après le fac-similé de la Christ. Resti., seul à notre portée, les lignes importantes du texte latin : "…Fit autem communicatio haec non per perietem cordis medium, ut vulgo creditur, sed magno artificio a dextro cordis ventriculo, longo per pulmones ductu, agitatur sanguis subtilis, a pulmonibus praeparatur, flavur efficitur ; et a vena arteriosa in arteriam venosam transfunditur. Deinde in ipsa arteria venosa inspirato aeri miscetur, expiratione a fuligine repurgatur… A pulmonibus ad cor non simplex aer sed mistus sanguine mittitur per arteriam venosam : ergo in pulmonibus fit mixtio. Flavius ille color a pulmonibus datur sanguini spitituoso, non a corde. In sinistro cordis ventriculo non est locus capax tantae et tam coppiosae mixtionis nec ad flavum elaboratio illa sufficiens", pp. 170-171.)

     

    C'est un second fait que l'Italien Colombo décrit ensuite plus exactement dans le De re antomica, le même phénomène qu'en 1559, six ans après la mort de Servet ;  que Vesale ne parle qu'en 1555 de l'imperforation d u cœur (Richet, R. D. M., 1er  juin 1879,) quoiqu'il ait pu la découvrir avant.

     

    B. Contre : C'est un fait aussi que Colombo ne cite pas Servet et qu'il croit apporter sur la marche du sang, des données que personne, di-il, n'a "observées ni marquées par écrit." Cette inexactitude est-elle aussi un mensonge ? Et ce mensonge couvre t-il un plagiat ? Avant d'admettre une hypothèse si défavorable, il est naturel de réfléchir et d'hésiter. D'autant plus que si Colombo a pu, en toute rigueur, "plagier" la Christ. Restit. Après 1553 (Mais, dit M. Tannery, professeur au Collège de France," il est peu que les écrits théologiques de Servet, qui paraissaient clandestinement, aient été connus de Mateo Bealdo Colombo de Crémone". Hist. gén. De Lavisse et Rambaud, T. IV, IV, p. 321,) d'autres savants, des Italiens surtout, et au même titre que lui, auraient pu avoir ce livre, s'apercevoir des emprunts, protester enfin, sinon en faveur de Servet, puisqu'on veut invoquer ici la crainte de l'Inquisition, du moins contre l'attribution que Colombo se faisait ainsi de la découverte. Harvey, qui mourut en 1658, et passa la plus grande partie de sa vie en Angleterre, n'avait, semble t-il, rien à y redouter de l'Inquisition !

     

    Quand à la comparaison des textes de Colombo et de Servet, vraiment elle prouve peu : les tours et les mots employés dans les deux descriptions, loin qu'ils soient identiques, présentent une similitude assez lointaine, et qu'expliquerait suffisamment la nécessité de traduire les mêmes faits dans un langage technique, au moyen d'un vocabulaire réduit.

     

    C'est un fait moins sûr que la doctrine de Gallien aurait conduit Servet à la découverte : toutefois notons, à titre au moins de curiosité, qu'on imprima, chez Gryphe, à Lyon, en 1538, une traduction du De natura hominis (Nemesii Philosophi Clarissimi de natura hominis liber utilissimus, Geogio Valla Placentino interprete, Lugduni apad Seb. Gryphium, 1538, surtout p. 113-123, etc. (le Texte original grec de la P. L. de Migne, T. XL., est précis.) de l'évêque Némésius (V° siècle) qui s'inspire de Galien. A cette date surtout, Servet put et dut le lire : or, dans ce livre, au milieu de vues très générales et qui n'atteignent pas la précision descriptive de Servet, il y a des détails curieux et suggestifs sur les phénomènes connexes à celui de la circulation.

     

    Peut-être la découverte était-elle dans l'air : l'apparition des écrits de Servet, Colombo, Vesale, à quelques années de distance, suggère cette impression. Servet aurait alors simplement recueilli une doctrine d'école, en train de se faire jour, au moment où lui-même étudiait et avait encore la facilité de voir et d'expérimenter, avec ses maîtres (Tout en demeurant favorable à Servet, M. Wickersheimer, dans un article récent de la France médiévale (25 nov. 1907), parait se rallier à l'idée d'une découverte simultanée ou collective.

     

    Ce qu'il y a de plus grave, c'est l'examen intrinsèque des passages de Servet, explique la circulation pulmonaire. Nulle part il ne donne cette explication comme une nouveauté ; s'il avait cru dire quelque chose de nouveau, lui, médecin jadis en discussion avec la Faculté, ne l'eût-il pas dit avec ampleur ? Or, c'est dans un livre de théologie, par manière de digression, qu'il aborde ce sujet. "J'ajouterai ici une divine philosophie", déclare t-il, et cette philosophie porte d'abord sur la formation de l'âme et du sang, de l'âme insufflée de Dieu à Adam,"qui n'est pas principalement dans les parois du cœur, dans la masse même du cerveau et du foie, mais dans le sang," ainsi qu'il l'aperçoit dans l'Ecriture. "Vous la comprendrez aisément (cette philosophie), avait-il ajouté aussitôt, si vous avez quelque expérience de l'anatomie ("Divinam hic philisophiam adjungam quam facile intelliges si in anatome fueris exercitatus", p. 169.)"

     

    Quand il parla plus loin de la perforation du cœur, c'est comme d'une croyance "vulgaire", ut vulgo creditur, ce qui n'exclut donc pas, chez les doctes, une croyance opposée. Achevant sa description, il se préoccupe enfin, de rappeler qu'elle ne contredit pas Galien ("Si quis baec conferat cum lis scribit Galenus, L. 6 et 7, de Usu partuim, veritatem penitus intekkiget ab ipso Galeno non animadversam", p. 171.)

     

    Conclusion : on ne peut actuellement déciderai le doute qui subsiste sera dissipé dans le sens de la présomption en faveur de Servet. Question débattue, question à débattre encore, et dont la solution ne dépend pas seulement de la compétence du médecin, ou de la sagacité du critique, mais de la collaboration de leurs deux méthodes.

     

    2. Mais, dans l'idée d'un bon nombre d'organisateurs du mouvement en l'honneur de Servet, il s'agit aussi, et davantage, de fêter la "victime du fanatisme". Sa statue doit s'élever en face des hommes appartenant aux diverses confessions religieuses comme un reproche, en face de tous comme une perpétuelle leçon de choses anticléricale. C'était ce que souhaitait Voltaire pour la jeunesse de Vienne : "les jeunes gens de cette ville, écrivait-il de Ferney, auront fait un grand pas vers la sagesse, lorsqu'ils commenceront à rougir de l'atrocité de leurs ancêtres à l'égard du malheureux Servet (Du 16 avril 1755 à l'abbé du Vernet;)"

     

    Certes, les libres penseurs ont quelque raison de chercher dans l'auteur du Christianismi Restitutio un précurseur. C'est lui qui, suivant un mot de Harnack que nous avons déjà rappelé, voulut faire faire à la Réforme le pas décisif. Logique avec son système, Servet devait ou demeurer dans le Catholicisme ou aller à la libre pensée en franchissant l'étape du Protestantisme. "C'est se faire une idée très bornée et très spéculative de Luther que de célébrer en lui l'homme des temps nouveaux, le héros d'une épique ascension, le créateur de l'esprit moderne. Si l'on veut voir de tels héros, il faut aller à Erasme et à ses amis, ou à des hommes comme Denck, Servet et Bruno. Dans la périphérie de son existence, Luther fut une figure de vieux Catholique du moyen âge (Harnack, Loc, cit,. p.692.)"

     

    Pourtant Servet ne fut pas un libre penseur bon teint. Plusieurs de ses administrateurs paraissaient même l'avoir senti, trop de  religion réelle se mêlait à ses divagations théologiques pour que sa mémoire s'accommode d'un hommage venu de l'anticléricalisme pur. Cet hérétique ne croyait plus à beaucoup de choses, il croyait cependant à l'Ecriture dont il ne voulait même connaître que les sens littéral, il croyait à Dieu, à Jésus Christ, aux démons et aux anges. La liberté d'esprit qu'il montrait sue d'autres points s'alliait à d'étranges superstitions que ni les hommes vraiment religieux ni les libres penseurs ne voudraient louer : par exemple il fondait sa mission de réformateur sue des rêves et des calculs et des calculs millénaristes : "Vous y trouverez qu'il est question des hommes qui dirigent la lutte, qui versent leur sang pour rendre témoignage au Seigneur. Je sais avec certitude que je dois mourir pour cette cause."

     

    Emouvante prévision, sans doute. Sur quoi se fonde-t-elle ? M. Schneider l'a noté dans sa Congrès de Wiesbaden (Scheider, Loc, cit,. p.18,) : "Il lut (dans l'Apocalypse) que trois années et demie ou 1260 jours, le temps de la désolation devait durer, désolation dont le Christ avait déjà parlé d'après Daniel (Servet acceptait l'Apocalypse comme canonique, à l'encontre de Zwingli et de Luther qui la déclaraient non biblique.) Alors devait recommencer la lutte de Saint Michel et de ses anges contre le dragon Or lui-même avait reçu au baptême le nom de Michel (C'est dans cette pensée qu'il voulut faire commencer l'Impression de la Christi. Resti. Le jour de la Saint-Michel de l'année 1552.) Depuis Constantin jusqu'à l'époque où il vivait, plus de 1200 ans s'étaient écoulés. Donc le rétablissement du Christianisme par Michel était proche. Partant de ces idées, il composa l'œuvre capitale de sa vie : Restitutio Christianismi."

     

    De là le ton prophétique de nombreuses parties de son livre. Son imagination exaltée, appuyée sur une érudition composite et indigeste, aperçoit le règne, la révélation de l'Antéchrist comme présente, révélationejus jam nune proesens. L'Antéchrist, la Bête, Moloch, lisez toujours : le Pape, luttent contre les Saints ; mais la lutte est engagée contre l'Antéchrist, les temps sont révolus et la victoire est chose actuelle, de nostra victoria. De tout cela, en achevant la Christianismi Restitutio, il dénombre jusqu'à soixante signes distincts.

     

    Enfin la libre pensée ne saurait songer à inscrire au pied de la statue de Servet, ces graves réflexions tracées par lui sous la menace de la mort, et donc sincères, à moins qu'on ne veuille indûment suspecter sa bonne foi en un tel moment : "En toutes les autres hérésies et en tous les autres crimes, n'en a point si grand que de faire l'âme mortelle. Car à tous les autres, il y a espérance de salut, et non point à celui-ci. Qui dit cela, ne croit point qu'il y a un Dieu, ni justice, ni résurrection, ni Jésus Christ, ni Sainte Ecritures, ni rien : sinon que tout è mort, et que homme est beste sont tout un? Si j'avais dict cela, non seulement dict, mais escript publicament pour enfecir le monde, je ma condénarés moy mesme à mort," (cité par M. Herroit dans son discours de Vienne, d'après Saisset. Ce texte se trouve déjà dans Allwoerden, historia M. Servet, p, 91.)

     

    La mémoire de Servet s'accommoderait-elle d'un hommage venu des catholiques ? Assurément non. Pour eux, ils honorent volontiers dans Michel Servet l'érudit, le chercheur, surtout la savant, dans la mesure où il est dénombré que ce titre, souvent prodigué, lui est acquis.

     

    Même cette mesure largement faite, à moins de naïveté ou de duperie, ils ne pourraient participer à la glorification d'un adversaire déclaré de leurs croyances, qui niait leurs dogmes essentiels sciemment, habilement, trop habilement même, car il profita du séjour qu'il faisait à Vienne, sous la protection et presque sous la toit de l'archevêque Palmier, pour composer, écrire, faire imprimer secrètement un livre contraire à la foi reçus dans l'Eglise, foi qui était celle de son hôte et de son ami.

     

    Les catholiques n'en regrettent pas mois les rigueurs auxquelles les mœurs autant que la législation du siècle astreignirent les juges de Vienne. Ils se souviennent, du reste, que Matthieu Ory n'agit que sur une dénonciation extérieure et répétée, après une enquête minutieuse. Ils se rappellent la conduite de l'archevêque Palmier qui, non content, semble-t-il, d'avoir pardonné les premières erreurs de Servet, voulut user de modération dans la procédure devenue nécessaire contre l'ami indélicat : une première instruction déclarée insuffisante, l'arrestation tardive, la prison adoucie, l'évasion probablement facilitée…

     

    Ce n'est pas qu'aujourd'hui plus qu'autrefois les catholiques refusent de croire et de dire qu'il y a de véritables crimes d'idées, dont les victimes sont plus à plaindre que les auteurs, fussent-ils sincères, crimes qui ont pu être commis lesquels il faut garder la société religieuse comme la société civile, loin qu'il faille accorder, au contraire, des réparations à celui qui les a commis. (M. Doumergue, aux fêtes de Genève (1903), s'est de mandé ce qui arriverait si l'Eglise érigeait un jour un monument expiatoire, en l'honneur de la Saint- Barthélemy, de 'Inquisition, etc. sur ces questions que n'a pas pour objet la présente étude, on se bornera à renvoyer aux brochures de la collection Science et Religion [Bloud]. Rappelons aussi parmi les travaux catholiques : l'Inquisition de M. Vacandard ; l'art. sur la répression de l'hérésie, dans les Quest. d'hist. et d'archéol. De M. Guiraud, prof. A l'Université de Besançon ; l'art. de Gerin sur Innocent XI et la Révocation de l'édit de Nantes, dans la révérend des Quest. hist. ; la Saint-Bartthélemy de H. de Ferrière, 1892, etc., etc. Quelques tracts populaires, très courts, ont été publiés par le Petit Démocrate de Limoges, par les Questions actuelles, etc.) Sensibles au malheur personnel du condamné, émus de piété profonde devant ses larmes et ses cris, priant Dieu qu'il fasse la lumière dans l'intelligence égarée, qu'elle bénéficie du moins auprès de la Miséricorde infinie de son effort vers la vérité, s'il fut loyal, les catholiques s'inclinent néanmoins devant la triste nécessité du châtiment et devant la loi d'expiation : mystère profond que les justices humaines acceptent de fait dans nos sociétés laïques, sans que leurs philosophies parviennent à l'expliquer…

     

    Seulement, alors même qu'ils rappellent ces choses, les catholiques se réjouissent que, de plus en plus, les fautes de l'esprit ne soient atteintes que par des peines spirituelles, que la douceur mieux sentie de l'Evangile ait peu à peu effacé de l'histoire les sévérités des légistes, et que le vieux principe : l'Eglise a horreur du sang ne souffre pas de dommage dans nos société contemporaines (Cf. Mgr d'Hulst, Conférences de Notre-Dame,  1895, pp. 386-387 et Mgr Baudrillart, l'Eglise Catholique, la Renaissance et le Protestantisme, p. 222 et sq.) Bossuet, que rappelle d'Artigny, écrivait un jour : "Le droit est certain, mais la modération est nécessaire." Les catholiques, avec Bossuet, ne renient pas le droit ; et, pratiquement, ce qu'ils appellent aujourd'hui modération, équivaut, dans un monde où l'unité de foi a disparu, au non-usage du droit de contrainte matérielle.

     

    Restent les protestants. Libéraux, surtout conservateurs, ils cherchent à définir leur attitude sur la question Servet. Ne dissimulons pas combien pas combien de problème est embarrassant pour eux. Le double principe, à leurs yeux fondamental, du libre examen et de la tolérance, que la Réforme veut voir par un de leurs fondateurs et de leurs chefs le 27 octobre 1553. Par lui, ils reprenaient, au moment même où elle allait commencer lentement de tomber en désuétude dans les gouvernements catholiques, la violente tradition du moyen âge. Calvin, il est vrai, en tenait pour le droit du glaive. N'importe : son rôle d'espion, de délateur déguisé, faisant appel à lui, hérétique à l'Inquisition, son rôle de procureur et bourreau soulève le cœur. Nous comprenons que l'on reparle de monument expiatoire. Mais alors, et si l'on s'en tient à l'idée de "réparer", ce n'est pas à Saragosse, à Vienne ou à Paris qu'il devrait naturellement s'élever : c'est à Genève.

     

    Quoi qu'il en soit, du reste, du second projet genevois, on s'efforce vainement de concevoir comment la question Servet pourrait devenir un bon terrain de propagande Protestante.

     

    Et il faut souhaiter, au surplus, que le culte de Servet n'aboutisse jamais, sous prétexte de tolérance, à une explosion nouvelle d'intolérance et de passions antireligieuses. 

     

    APPENDICE

     

     

    Ouvrages de Michel Servet (de Villeneuve).

     

    De Trinatis erroribus libri VII, per Michael Serveto, alias reves, in-8°, Haguenau (chez Cesserius ou Setzer) 1531, (B.N.., réserve D, 4.947) ;

    2° Dialogorus de trinitate libri duo, per Michaelem Seveto, alias Reves, in -8° Haguenau (chez Cesserius), 1532 ;

    Claudii Ptolomae Alexandrini geographicae Enarrationis libri octo ; ex Bilibaldi Pirckemeri translatione sed ad groeca et prisca exemplaria a Michaele Villanova jam prinum recogniti, etc…, in folio, Lyon, Melch. Et Gasp Trechsel, 1535. L'édition plus complète de 1541 (chez Hugues de la Porte, Lyon) se trouve dans la bibliothèque de M. de Terrebasse ;

    Brecissima Apologia pro Campeggio in Leonardum Fuchsum, 1536 (cité par Tollin qui l'a connue partiellement) ;

    Syruporom universa Ratio ad Galeni censuram diligebter expotia, etc. Michaek Villanovano auctore, in-8°, Paris, chez Simon Colinaeus, 1537 (B.N., édition de 1537 ; Te 151, 1383) ;

    6° Apologetica Disceptatio pro Astrologia, 1538, (B.N. Ed. s.f.n.d. Réserve V, 2.232) ;

    Biblia sacra ex Sanctis Pagnini translatione, etc…, in-fol. Lyon, Hugues de la Porte, 1542 ;

    Christianismi Restitutio : Totius Ecclesiae apostolicaead sua limina vocatio, in integrum restitutia cognitione Dei, Fidei christianae, Justificationis nostrae, Regenerationis Baptismi et Coenae Domini manducationis, restituto denique nobis Regno caelesti, Baylonis impiae captivate soluta at Antichristo cum suis penitus deztructo, in-8° de 734 pages, avec initiales de l'auteur seulement à la dernière page, M. S., 1553.

    On a un exemplaire de ce livre à la bibliothèque nationale de Vienne en Autriche et à celle de d'Edimbourg.

    Il existe aussi une édition fac-similé publiée à Nuremberg en 1791 par les soins de Gottlieb von Murr. (Nos références, en général, sont données d'après l'exemplaire que possède M. H. de Terrebasse ; plusieurs ont été collationnées par M. l'bbé Lanfrey.)

    La cote de la Bivli. Nationale pour l'exemplaire qu'elle possède est : Réserve D2, 11.274.

    Une traduction allemande de la Christianismi Restitutio existe en Allemagne ; elle a pour auteur le docteur B. Spiess (3 vol., Wiesbaden, 1892-1896).

    Enfin Audin, Hist. de Calvin, T.2, P. 267, attribue à Servet, inexactement sans doute, le Theaurus animoe christianae, ouvrage souvent traduit et très répandu, qu'il aurait publié sous le nom de Desiderius Peregrinus

     

     

     

     

      
    DidierLe Roux

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  • Lettre adressée à l'auteur par Richard Taylor, Esq., FLS, FSA, en respectant la correspondance de Dudithius avec Paulus Manutius.

    Lettre adressée à l'auteur par Richard Taylor, Esq., FLS, FSA, en respectant la correspondance de Dudithius avec Paulus Manutius.

      

     

    "6, Charterhouse Square, le 23 septembre 1849.


    "Cher Monsieur, - La lettre de Paul Manutius (EPL. Lib. IV.) dans laquelle il recommande très vivement un 'Commentariolus' par la personne à qui il écrit, est certainement adressée à Dudithius. La lettre est la 13ème du 4ème livre, et il commence, comme Bock l'a remarqué, avec les mots, 'Ita mihi optata contingant ut commentariolo tuo nihil unquam legi eruditius, nihil Sanctius, '& c. Bock déclare que dans l'édition qu'il a utilisée (que je ne possède pas) le nom de Dudithius n'est pas donné, (p. 296), et à la page 322, il ajoute qu'il a trouvé le nom restauré dans l’Édition Leipzig de 1720, 'ex antiquissimis editionibus." Comme, cependant, Bock n'avait jamais vu la plus ancienne édition des Épîtres de Manutius, et est donc une autorité mais de seconde main, je peux confirmer, outre de tout doute, l'exactitude de la restauration par Krause, dans son Édition de 1720, du nom de Dudithius à cela et plusieurs autres lettres qui lui sont adressées par P. Manutius, et je le fais sur l'autorité de l'édition de 1561, imprimée par Manutius lui-même, étant la troisième, qui ne contient que 5 livres, édition que je possède parmi tant d'autres. Dans le 4ème livre il y a douze lettres successives, le message de la première, 'O dulcem reditum,' est 'Andrese Duditio Sbardellato, Padoue;' et que pour chacun de celles qui la suivent, 'Eidem, Padoue.' Parmi celles-ci la lettre 'Ita mihi' est le septième.

    "J'ai la 1ère édition de 1558,• un volume très mince, (pas divisé en livres,) dans laquelle ces lettres ne sont pas apparues. La 2ème édition• je ne l'ai pas vue. La 3ème de 1561,• que je possède, j'y attache beaucoup de valeur, comme contenant des noms supprimés dans les éditions ultérieures, jusqu'à ce qu'ils soient rétablis dans celle de Leipzig, 1720. Cette édition, je ne l'ai pas vu, mais j'ai une Édition Leipzig de 1707, de la même presse, (JH Klosius,) dans laquelle le travail de commentaire et de restauration est commencé. Elle était, sans aucun doute, le précurseur de celle de 1720, dont je serais très heureux d'obtenir.


    "Il est remarquable que, bien que dans l'édition de 1707 de douze lettres en cinq livres (du n ° 7 à 18, et 47) elles sont imprimées sans le nom de Dudithius, à qui elles étaient adressées ; mais, plus loin, dans le 6ème livre, l'éditeur, J. Kirchmann, semble avoir obtenu un certain éclairage nouveau, sur la douzième lettre dont il note de façon suivante :. (la lettre a cette entête, 'épiscope creaio': sur laquelle il remarque) 'Nomen Dudithii est omissum: quia Dudithius hie postea abdicavit se episcopatu, et religionem evangelicam amplexus,' &c. [La lettre est datée de janvier 1564.].

    "Onze de ces Lettres dans le 4ème livre sont insérées dans une collection imprimée par H. Stephens, Paris, 1581, le nom de Dudithius étant donné tout-à-fait, comme dans la 3ème édition, Venet. 1561.

    "Certaines d'entre elles sont également données par Reuterus dans sa Vie de Dudithius, comme adressées par lui à P. Manutius.

    "La déclaration de Sandius qu'il y avait des lettres de Dudithius dans la collection de P. Manutius est erronée ; et Bock le corrige correctement, T.I. p 322. Les Lettres de la collection sont tous écrites par P. Manutius, et non pour lui. Peut-être Sandius a été induit en erreur par Epit Bibl Gesnerianae de Frisius ; il parle avec le doute, et ajoute: 'ni fallor ni.'

    "Je trouve que non seulement que le nom de Dudithius est supprimé dans toutes les Éditions Aldine après la 3ème, 1561, dans les lettres qui lui sont adressées, et même dans celles écrites pour d'autres personnes, et dans lesquelles il est fait allusion de lui en termes des plus élogieux. Et si Manutius insère dans l'édition de 1569 (où elle apparaît pour la première fois) sa lettre de félicitations (1564) d'être devenu Évêque, mais il a supprimé son nom. Que Dudith était bien la personne est évident d'après le contenu de la lettre.

    "Je constate que dans l'édition de 1569 et les suivantes, d'autres noms sont supprimés en plus de Dudithius (comme Valdez, Lambinus, et Vergerius). Je vais peut-être poursuivre la recherche au profit de bibliographes, comme la 'Lettere volgari' qui fournit des cas similaires. McCrie fait allusion à ce sujet, p. 294. les différences religieuses étaient sans doute la cause.

    "J'ai mentionné ci-dessus que les lettres à Dudith ne sont pas incluses dans la 1ère édition de P. Manutius. La 2ème édition je ne l'ai pas vue, et je ne peux donc pas dire si elles apparaissent d'abord dans celle-ci, ou bien dans la 3ème, dans laquelle elles sont données avec le nom, lesquels, dans toutes les éditions ultérieures, sont omis, l'endroit étant fourni par des points.
    "Je vous envoie afin d'éviter tout retard. Si quelque chose me parvenait, je serais heureux de communiquer. En attendant, je reste, Monsieur, Votre plus sincère,

    "Le Révérend R Wallace. Richard Taylor.

    "PS Vous trouverez dans Bock, T.I., p. 261, une référence à la Lettre de l'illustre imprimeur, félicitant Dudithius pour sa promotion à un évêché, et pour sa conduite au Concile de Trente.''

     

    "Toutes les trois sont de la presse de Aldi."
      

     
     Didier Le Roux

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  •   Le semon "Unitarian Christianity" de Willian Ellery Channing en 1819, à Baltimore Le sermon de Willian Ellery Channing "Unitarian Christianity", en 1819, à Baltimore.

    Le semon "Unitarian Christianity" de Willian Ellery Channing en 1819, à Baltimore 

             Les superlatifs qui rendent hommage à William Ellery Channing ne manquent pas. Il est dit de lui qu'il était une âme vraiment Chrétienne, et qu'il faisait le plus d'honneur au Christianisme. Des historiens le qualifient en tant que le prophète, le prédicateur, le héros….
        Son Christianisme, il le voulait authentique. Son esprit était celui d'un libéral, et ses opposants "orthodoxes", ne maquaient pas de l'identifier comme le porte parole des congrégations des libéraux et de leur ministère. Si ses adversaires le soupçonnaient déjà depuis un certain temps, ils eurent une confirmation des plus évidentes qui soit possible, quand Channing, en 1815, le 20 juin de cette année exactement, adressait une lettre : " A Letter to the Rev. Samuel C. Thacher on the Aspersions Contained in a Late Number of the Panoplist, on the Ministers of Boston and the Vicinity," en réalité, à l'attention d'un collège libéral, qui l'identifiait comme tel, sans équivoque possible.
        Bien que Channing objectait pour le qualificatif de socinien, qu'on lui attribuait bien volontiers, c'est en unitarien qu'il s'affirmera lors d'un mémorable sermon en 1819, au sein de la nouvelle église unitarienne de Baltimore, pour l'ordination du Révérend Jared Sparks.
        Ce sermon, qui démontrait clairement la théologie des libéraux américains, jetait la base fondamentale des croyances unitariennes. A juste titre, Channing restera, à tout jamais, le Père de l'unitarisme Américain, mais aussi un pilier de l'Unitarisme tout court.

        Découvrons ce plein sermon……





    LE CHRISTIANISME UNITARIEN.
    _____________________________
    DISCOURS
    POUR L'ORDINNATION DU REVEREND JARED SPARKS.
    Baltimore, 1819.

    _________________________________________

    I Thes. V. 21 ; "Eprouvez toutes choses ; tenez bon ce qui est bien."



    Les particulières circonstances pour cette occasion non seulement justifient, mais semblent demander de quitter le cours qui est généralement suivi par les prédicateurs lors de l'introduction d'un frère dans le service sacré. Il est habituel de parler de la nature, de la désignation, du devoir, et des avantages du ministre Chrétien, et sur ces sujets je devrais maintenant être heureux d'insister, mais ne dois-je pas rappeler qu'un ministre en ce jour est pour être donné pour une société religieuse, dont des particularités sur des opinions avaient établi sur eux de nombreuses remarques, et ne puis-je pas ajouter de nombreux reproches. De nombreux bons esprits et de Chrétiens sincères, je m'en rend bien compte, sont inquiets que la solennité de ce jour est pour donner un degré d'influence pour des principes dont ils considèrent faux ou injurieux. Les craintes ou anxiétés de tels hommes, je les respecte, et, pensant qu'elles sont fondées en partie sur l'erreur, j'ai pensé être mon devoir de mettre devant vous, aussi clairement que possible, des opinions distinctes de cette classe de Chrétiens dans notre pays, qui sont connus pour sympathiser avec cette société religieuse. Je dois réclamer votre patiente, pour un tel sujet qui ne doit pas être expédié dans une compassion limitée. Je dois aussi vous demander de vous rappeler, qu'il est impossible de démontrer dans un seul discours nos vues de toutes les doctrines pour la Révélation, encore moins les différences qui sont connues parmi nous. Je me confinerai sur des sujets sur lesquels nos sentiments avaient été mal représentés, ou lesquels que nous distinguons plus largement des autres. Je ne dois pas espérer pour être entendu avec sincérité : Dieu nous délivre tous du préjudice et de la méchanceté et nous rempli avec l'amour de la vérité et de la vertu.
       Il y a deux naturelles divisions pour lesquelles mes idées sont bien préparées. Je tenterai de développer, en premier, les principes que nous adoptons en interprétant les Ecritures. En second, quelques une des doctrines, dont les Ecritures ainsi interprétées, semblent pour nous clairement exprimer.

       I. Nous observons les Ecritures comme les enregistrements des révélations successives de Dieu pour l'humanité, en particulier, la dernière et plus parfaite de sa volonté par Jésus Christ. Où les doctrines nous semblent clairement enseignées par les Ecritures, nous les recevons sans réserve ou exception. Nous ne devons pas, cependant, attacher une égale importance, pour tous les livres dans ce recueil. Notre religion, nous croyons, est liée principalement dans le Nouveau Testament. Les dispenses de Moïse, comparées avec celles de Jésus Christ, nous considérons comme adaptées pour l'enfance de la race humaine, une préparation pour un noble système, et principalement utilisé maintenant pour servir et illustrer les Ecritures Chrétiennes. Jésus Christ est le seul maître des Chrétiens, et où il enseigne pendant tout son ministère personnel, ou par ses inspirés apôtres, nous l'observons comme autorité divine et professons d'en faire la loi de nos vies.
       Cette autorité, laquelle nous donnons des Ecritures, est une raison, nous concevons, pour les étudier avec une attention particulière et de questionner anxieusement au sujet des principes d'interprétations, par qui les vraies significations peuvent être établies. Les principes adoptés par les classes des Chrétiens, dont lesquels je parle, ont besoin d'être expliqués, en raison qu'ils sont souvent mal compris. Nous sommes particulièrement accusés de faire une non rentable utilisation de la raison dans l'interprétation de l'Ecriture. Nous sommes dit, pour exalter la raison au dessus de la révélation, de préférer notre propre sagesse que celle de Dieu. Des accusations faciles et mal définies de cette Gentillesse ont circulées si librement, que nous pensons de nous-mêmes devoir, et pour la cause de la vérité, d'exprimer nos idées avec quelques particularités.
       Notre principal principe dans l'interprétation de l'Ecriture est celui-ci, que la Bible est un livre écrit pour les hommes, dans le langage des hommes, et que sa signification devrait être de la même manière que pour celle des autres livres. Nous croyons que Dieu quand il parle à la race humaine, conforme, si nous pouvons nous exprimer ainsi, l'établissement des règles pour parler et écrire. Combien autrement les écrits seraient pour nous plus indisponibles, s'ils communiquaient dans une langue qui nous serait inconnue ?
       Maintenant tous les livres, et toutes conversations, demandent au lecteur ou auditeur un constant exercice de la raison ; ou leur vraie action est d'être obtenue par une continuelle comparaison et déduction. Le langage humain, vous le savez bien, admet diverses interprétations, et tous les mots, et toutes les phrases doivent être modifiés et expliqués, selon le sujet pour lequel ils sont utilisés, selon les buts, sentiments, circonstances et principes du rédacteur et selon le géni et les idiomes du langage qu'ils utilisent. Il y a des principes reconnus pour l'interprétation des écrits humains, et pour un homme qui parle, nous devrions donner des explications sans référer à ses principes, qui devraient alors nous reprocher justement de faire un crime volontaire de franchise, et d'une intention d'obscurcir ou tordre ses significations.
       Où la Bible est écrite dans son propre langage et style, est consistée de mots, qui admettent qu'un seul sens, et des phrases totalement détachées des unes des autres, elle ne devrait pas être soumise aux principes maintenant stipulés. Nous ne pouvons pas raisonner à son sujet, comme au sujet de tous autres livres, les Ecritures correspondent pour le moins à cette description. La Parole de Dieu porte la marque de la même main, que nous voyons dans ses œuvres. Elle a d'infinies connivences et dépendances. Toute proposition est liée avec les autres, que ces pleines et précises importations puissent être reconnues. Rien ne se tient seul. Le Nouveau Testament est construit sur l'Ancien Testament. La dispensation Chrétienne est la suite de la Juive, l'achèvement d'un vaste schéma de providence, réclamant une grande étendue de vues pour le lecteur. Toujours plus, la Bible traite des sujets sur lesquels nous recevons des idées venant d'autres sources en dehors d'elle-même, telles que la nature, passions, relations, et devoir de l'homme, et elle nous explique de restreindre, modifier son langage par des connaissances véritables, qui fournissent des observations et expériences sur ces sujets.
       Nous professons de ne pas connaître un livre, qui demande plus fréquemment un exercice de la raison que la Bible. En ajoutant les remarques maintenant faites sur ses infinies connexions, nous pouvons observer, que son style maintenant ici affecte la précision scientifique, ou l'exactitude de la définition. Son langage est singulièrement brillant, estimable, et figuratif, demandant le plus souvent de laisser le sens littéral, qu'alors de notre siècle et pays, et par conséquence demande d'avantage de poursuivre l'exercice du jugement. –Nous trouvons, aussi, que les différentes portions de ce livre, au lieu d'être confinées pour des vérités générales, se réfèrent perpétuellement pour l'époque pour laquelle elles sont écrites, pour l'état de la société, pour les modes de pensées, pour les controverses dans l'église, pour les sentiments et usages dans différentes directions, et sous la connaissance de qui nous sommes constamment en danger d'étendre en tous temps et lieux, de ce qu'elles étaient pour des applications locales et temporaires. Nous trouvons aussi, que certains de ces livres sont fortement marqués par le géni et le caractère de leurs propres rédacteurs, que le Saint Esprit n'est pas le guide des apôtres pour suspendre les particularités de leurs esprits, et qu'une connaissance de leurs sentiments, et des influences sous lesquelles ils sont placés, et pour les préparations pour reconnaître leurs écrits. Avec ces vues de la Bible, nous les ressentons pour être notre devoir obligatoire d'exercer notre raison sur elles perpétuellement, pour comparer, pour déduire, pour regarder par la lettre de l'esprit, pour voir dans la nature du sujet, et l'objectif du rédacteur, sa vraie signification, ce qui est difficile, pour faire l'utilisation de ce qui est connu, pour expliquer ce qui est difficile, et pour découvrir de nouvelles vérités.
       Dois-je m'abaisser particulièrement de prouver que les Ecritures demandent l'exercice de la raison ? Prendre pour exemple, le style avec lequel, elles parlent généralement de Dieu, et observer combien habituellement elles appliquent sur elles les passions et organes humains. Recueillant les déclarations du Christ, qu'il ne peut pas envoyer la paix, mais l'épée, que pour le moins nous mangeons sa chair et buvons son sang, que nous n'avons pas de vie en nous, que nous devons haïr père et mère, et s'arracher l'œil droit et le vaste nombre de passages qui en tiennent de mêmes est illimité. Recueillant l'inqualifiable manière dans laquelle, il est dit des Chrétiens, qu'ils possèdent toutes choses, connaissent toutes choses et peuvent faire toutes choses. Recueillant la verbale contradiction entre Paul et Jacques, et l'apparent conflit du Christianisme. Je devrais étendre l'énumération indéfiniment, et qui ne voit pas, que nous devons limiter ces passages pour la connaissance des attributs de Dieu, de Jésus Christ, et de la nature humaine et des circonstances pour lesquels ils sont écrits, ainsi alors de donner au langage une complète importance différence de qu'il devrait exiger, comme il avait été appliqué pour différents êtres, ou utilisé dans différentes connexions.
       Il a été suffisamment dit de montrer, dans ce sens que nous faisons l'utilisation de la raison dans l'interprétation de l'Ecriture. D'une variété d'interprétations possibles, nous sélectionnons celles qui s'accordent avec la nature du sujet et de la position du rédacteur, avec la connexion du passage, avec la contrainte générale de l'Ecriture, avec la connaissance de la personne et de la volonté de Dieu, et avec les évidences et reconnaissances des lois de la nature. Dans d'autres mots, nous croyons que Dieu n'a jamais contredit en révélation, ce qu'il enseigne dans ses œuvres et sa providence. Et nous, cependant, dérangeons toute interprétation, qui, après une attention délibérée, semble répugnante pour aucun vrai établissement. Nous raisonnons au sujet de la Bible précisément comme des civils le font au sujet de la constitution sous laquelle nous vivons, qui, vous le savez, sont habitués de limiter une mesure, de ce véritable instrument pour d'autres, et de préciser l'apport précis de ses parties par questionnement dans son esprit général, dans l'intention de ses auteurs, dans les sentiments qui prévaux, impressions, et circonstances de l'époque quand elle a été cadrée. Sans ces principes d'interprétation, nous reconnaissons franchement, que nous ne pouvons pas défendre la divine autorité des Ecritures. Refusez-nous cette latitude, et nous devons abandonner ce livre à ses ennemis.
       Nous ne devons pas annoncer ses principes comme originaux, ou particuliers à nous-mêmes. Tous les Chrétiens occasionnellement les adoptent, sans exception, par ceux qui avec véhémence les décrivent le plus, quand ils arrivent de menacer certains articles favoris de leur foi. Tous les Chrétiens sont complaisant pour les utiliser dans leurs controverses avec les infidèles. Toutes les sectes les utilisent dans leur guerre avec les autres. Tous utilisent d'eux-mêmes la raison, quand elle peut être pressée dans le service de leur propre parti, et la seule plainte d'elle, est quand ses armes les blessent eux-mêmes. Personne ne raisonne plus fréquemment que ceux de qui nous différons. Il est stupéfiant qu'ils dressent un tissu de quelques allusions légères de la chute de nos premiers parents et comment ingénieusement ils extraient, des passages isolés, des doctrines mystérieuses de la nature divine. Nous ne les blâmons pas de raisonner si abondamment, mais de violer les règles fondamentales du raisonnement, pour sacrifier la plaine à l'obscure et l'accent général des Ecritures à un nombre maigre de textes insolubles.
        Nous élevons une forte objection pour la façon dédaigneuse dans laquelle on parle souvent la raison humaine, de la part de nos adversaires, parce qu'elle mène, nous croyons, au scepticisme universel. Si la raison est si affreusement assombrie par l'abaissement, que ces plus décisifs jugements sur la religion sont indignes de vérité, alors le Christianisme, et même sa naturelle théologie, devraient être abandonnés, pour l'existence et la véracité de Dieu et la divine origine du Christianisme sont des conclusions de la raison, doivent tenir ou tomber avec lui. Si la révélation est pour la guerre avec cette faculté, c'est subversif pour elle-même, autant que la grande question de sa vérité est laissée par Dieu pour être décidée à la mesure de la raison. Il est méritoire de remarquer, combien sont prêt le sectaire et le septique pour en approcher. A la fois, devrions –nous anéantir notre confiance dans nos facultés, et à la fois jeter le doute et la confusion sur toute vérité. Nous honorons la révélation trop extrêmement pour la rendre antagoniste avec la raison, ou pour croire qu'elle nous appelle à renoncer à nos puissances supérieures.
       Nous accordons en effet, que l'utilisation de la raison dans les religions est accompagnée du danger. Mais nous ne demandons à aucun honnête homme de regarder en arrière sur l'histoire de l'église, et dire, où sa renonciation n'est pas plus dangereuse. En outre, c'est un fait évident que les hommes raisonnent avec erreurs sur tous les sujets, comme sur la religion. Qui ne fait pas connaître les sauvages et infondées théories, qui, avaient été cadrées en science politique et physique? Mais qui a toujours supposé, que nous nous devons cesser d'exercer la raison sur la nature et société en raison que les hommes avaient mis pour des siècles à les expliquer ? Nous accordons, que les passions continuelles, et parfois fatales, perturbent la faculté rationnelle dans ses questionnements sur la révélation. Les ambitions combinent pour trouver les doctrines dans la Bible qui favorisent leur amour de domination. La timide et abattue découverte est un système sombre, et la mystique et fanatique, une théologie visionnaire. Les vicieux peuvent trouver des exemples ou affirmations sur lesquels bâtir l'espoir d'une dernière repentance, ou pour accepter des termes faciles. Mais les passions ne peuvent pas perturber la raison en religion, pas plus pour d'autres questions, qui excitent la puissance et l'intérêt général, et cette faculté, pour conséquence n'est pas pour être renoncée en religion, à moins que nous soyons disposé pour la mettre au rebut universel. La vraie conclusion pour la plus part de ces interminables erreurs, qui avaient assombri la théologie, est, non que nous soyons pour négliger et désobliger nos puissances, mais pour les exercer plus patiemment, avec circonspection, et droiture. La pire erreur, après tout, qui s'est présentée dans cette église, qui prescrit la raison, et de demander à ses membres une foi absolue. Les plus pernicieuses doctrines avaient été le développées dans les sombres périodes, quand la crédulité générale encourageait les hommes méchants et enthousiastes pour aborder leurs rêves et inventions, et pour étouffer les faibles remontrances de la raison, par des menaces de perdition éternelle. Disons ce que nous pouvons, Dieu nous a donné une nature rationnelle, et nous appellera pour répondre de celle-ci. Nous pouvons la laisser endormie, mais nous le ferons aussi pour notre perte. La Révélation est un message pour nous alors étant rationnel. Nous pouvons souhaiter, dans notre créneau, que Dieu nous avait donné un système demandant notre travail de comparaison, limitation, et déduction. Mais un tel système serait divergeant avec tout le caractère de notre présente existence, et c'est la part de sagesse de prendre la révélation comme donnée pour nous et pour l'interpréter avec l'aide des facultés, qui sont en tous lieux supposées, et sur lesquelles elle est fondée.
       Pour les vues maintenant données, une objection est communément exhortée de la personne de Dieu. Nous avons dit, que Dieu étant infiniment plus sage que les hommes, ses découvertes surpassent la raison humaine. Dans une révélation d'un tel enseignant, nous devrions espérer des propositions que nous ne pouvons pas concilier l'une de l'autre et qui peuvent sembler des vérités établies, et deviennent pour nous, non pour une question, ou pour des explications lointaines, mais pour croire, et adorer, et pour soumettre notre faiblesse et cordiale raison pour la Parole Divine. Pour cette objection, nous avons deux courtes réponses. Nous disons, premièrement, qu'il est impossible qu'un enseignant d'une infinie sagesse devrait exposer ceux, qu'il devrait enseigner, pour une infinie erreur. Mais si, pour une fois nous admettons, ces propositions, que dans leur sens littéral, elles apparaissent totalement répugnantes l'une de l'autre, ou pour n'importe quelle vraie connaissance, sont pour toujours être littéralement comprises et reçues, quelle limite possible pouvons-nous placer sur la croyance des contradictions ? Quelle protection avons-nous de la sagesse fanatique, qui peut toujours citer des passages, que, dans leur littéral et évident sens, donnent support pour de telles extravagances ? Comment le Protestant peut-il échapper à la transsubstantiation, une doctrine qui nous est le plus clairement enseignée, si la soumission de la raison, est maintenant contestée pour être un devoir ? Comment pouvons-nous toujours tenir solidement la vérité de la révélation, car si une apparente contradiction peut-être vraie, aussi possible pour d'autres, et la proposition, que le Christianisme est faux, par supposition incompatible, puisse toujours être une vérité ?
       Nous répondons encore, que, si Dieu est infiniment sage, il ne peut pas jouer avec la compréhension de ses créatures. Un enseignant sage découvre ses sagesses en s'adaptant aux capacités de ses pupilles, non en les rendant perplexes avec ce qui est inintelligible, non en les fatiguant avec d'apparentes contradictions, non en les gavant avec une septique méfiance de leurs propres puissances. Un enseignant infiniment sage, qui connaît la précise étendue de nos esprits et la meilleure méthode pour les éclairer surpassera tous autres instructeurs en portant la vérité à notre compréhension, et en présentant ses grâces et son harmonie. Nous devrions, en effet nous attendre à une obscurité occasionnelle dans un tel livre comme la Bible, laquelle a été écrite pour les siècles passés et futurs, aussi bien que pour le présent. Mais la sagesse de Dieu est une promesse, que tout ce qui est nécessaire pour nous, et nécessaire pour le salut, est révélé trop pleinement pour être faux, et trop cohérent pour être questionné, par un saint et droit esprit.
       Ce n'est pas une marque de sagesse que d'utiliser une phraséologie inintelligible, de communiquer au dessus de nos capacités, de rendre confus et incertain l'intellect par des apparences de contradictions. Nous honorons bien trop notre Enseignant Céleste pour lui attribuer une telle révélation. Une révélation est un don de lumière. Elle ne peut pas épaissir notre obscurité, et multiplier notre perplexité.

       II. Ayant ainsi énuméré les principes selon pour qui nous interprétons l'Ecriture, je procède maintenant pour le second point important de ce discours, lequel est, pour établir certaines des vues que nous tirons de ce livre sacré, particulièrement celles qui nous distinguent des autres Chrétiens.

        1) En premier lieu, nous croyons dans la doctrine de l'UNITE de Dieu, ou qu'il y a un Dieu, et un seulement. A cette vérité, nous donnons une infinie importance, et nous ressentons de nous-mêmes être attachés pour en tenir compte, à moins que n'importe quel homme nous pourri d'elle par une vaine philosophie. La proposition, qu'il y a qu'un Dieu, semble pour nous extrêmement complète. Nous comprenons par elle, qu'il a y un être, un esprit, une personne, un agent intelligent, et un seulement pour qui appartient une non dérivée et infinie perfection. Nous concevons, que ces paroles puissent ne pas avoir communiqué une autre signification pour la simple et non cultivée personne, qui sont mises à part pour être les dépositions de cette grande vérité, et qui sont complètement incapables de comprendre cette justesse dans la distinction entre être et personne, dont la sagacité des siècles passés avait découverte. Nous ne trouvons pas d'indice, que ce langage était pour être pris dans un sens inhabituel et que l'unité de Dieu était une chose complètement différente de l'uniformité d'autres êtres intelligents.
       Nous objectons pour la doctrine de la Trinité, que, tout en la reconnaissant dans les mots, elle détruit en effet, l'unité de Dieu. Selon cette doctrine, il y a trois infinies et égales personnes, possédant la suprême divinité, appelée le Père, le Fils, et le Saint Esprit. Chacune, de ces trois personnes, n'est décrite pas des théologiens, pour avoir sa propre conscience, volonté, et perception. Elles s'aiment mutuellement, conversent l'une avec l'autre, et prennent du plaisir dans l'entreprise de chacune. Le Fils est le médiateur et non le Père. Le Père envoie le Fils, et n'est pas lui-même envoyé, et n'a pas l'intention comme le Fils de prendre chair. Ici, alors nous avons trois agents intelligents, possédant différentes consciences, différentes volontés, et différentes perceptions, réalisant différents actes, et soutenant différentes relations, et si ces choses ne doivent pas impliquer ou constituer trois esprits ou êtres, nous sommes entièrement désoeuvrés pour savoir comment trois esprits ou êtres sont pour être formés. C'est différent des propriétés, et actes, et consciences, qui nous mènent à croire dans différents êtres intelligents, et, si cette remarque échoue, toute notre connaissance tombe en morceaux, nous n'avons aucune preuve que tous les agents et personnes dans l'univers ne sont pas un et même esprit. Quand nous essayons de concevoir trois dieux, nous ne pouvons rien faire d'avantage que de représenter par nous-mêmes trois agents, distincts l'un de l'autre par des marques similaires et particularités de ceux qui séparent les personnes de la Trinité, et quand les communs Chrétiens entendent parler de ces trois personnes, conversant l'une avec l'autre, s'aimant mutuellement, et réalisant différents actes, comment peuvent-ils être aidé en les observant comme des êtres différents, et différents esprit ?
       Nous faisons, alors, avec tout le sérieux, sans reproche à nos frères, de protester contre l'irrationnelle et non scripturale doctrine de la Trinité. "Pour nous", comme pour l'Apôtre et les premiers Chrétiens, "il y a un Dieu, égale au Père." Avec Jésus, nous adorons le Père, comme le seul vivant et vrai Dieu. Nous sommes étonnés qu'aucune personne ne puisse lire le Nouveau Testament, et éviter la conviction, que le Père seulement est Dieu. Nous entendons notre Sauveur continuellement approprier ce caractère au Père. Nous trouvons le Père continuellement distingué de Jésus par le titre. "Dieu envoie son Fils." Maintenant combien est singulière et inexplicable cette phraséologie qui remplie le Nouveau Testament, si ce titre appartient également à Jésus Christ, et si l'objet principal de ce livre est de le révéler alors Dieu, en partageant de façon égale avec le Père la suprême divinité ! Nous mettons au challenge nos adversaires de produire un passage dans le Nouveau Testament, où le mot Dieu signifie trois personnes, où ce n'est pas limité à une personne, et où, à moins de le détourner de son sens habituelle, par cohérence, qu'il ne signifie pas le Père. Peut-il être fortement prouvé, que la doctrine de trois personnes dans la Divinité n'est pas une fondamentale doctrine du Christianisme ?
       Cette doctrine, était elle vraie, doit , par sa difficulté, singularité, et importance, avoir été imposée avec grande clarté, gardée avec grand soin, et établie avec toute la précision possible? Mais où son établissement apparaît ? Des nombreux passages qui traitent de Dieu, nous en demandons un, un seulement, dans lequel nous avons parlé que c'est un être triple, ou qu'il est trois personnes, ou qu'il est le Père, le Fils, et le Saint Esprit. Au contraire, dans le Nouveau Testament, où au moins nous pouvons compter de nombreuses expressions affirmant de cette nature, Dieu est déclaré pour être un, sans pour le moins essayer d'empêcher l'acceptation des mots dans leur sens commun, et il en est toujours dit, et adressé dans un nombre singulier, que c'est, dans un langage qui était universellement compris pour penser une seule personne, et pour qui aucune idée pouvait avoir été attachée, sans une expression de réprimande. Si entièrement les Ecritures s'abstiennent d'établir le Trinité, qu'alors que nos opposants voudraient l'inscrire dans leur croyance et doxologie, ils sont contraints de quitter la Bible, et d'inventer des formes de mots entièrement pas sanctionnés par la phraséologie Scripturale. C'est une doctrine si étrange, si liée à l'incompréhension, si fondamentale comme il est dit, et réclamant une telle prudente expression, devrait être laissée alors indéfinie et non protégée, pour être rendue extérieure par déduction, et pour être recherchée à travers les distantes et détachées parties de l'Ecriture, c'est une difficulté, dont, nous pensons, qu'aucune ingéniosité peut expliquer.
       Nous avons d'avantage d'objections pour cette doctrine, tirées de ces pratiques influentes. Nous avons une autre difficulté. Le Christianisme, il doit être rappelé, était planté et élevé au milieu de clairvoyant ennemis, qui négligeaient pas les parties contradictoires du système, et qui avaient dû museler avec grand sérieux, pour une telle doctrine, engageant de telles contradictions apparentées comme la Trinité. Nous ne pouvons pas concevoir une opinion, contre qui les Juifs, qui prisent eux-mêmes pour l'unité de Dieu, auraient élevé une clameur. Maintenant, comment se fait-il, que dans les écrits apostoliques, qui relatent autant d'objections contre le Christianisme, et pour les controverses qui grandissent par cette religion, que pas un mot soit dit, sous entendant que les objections sont portées contre l'Evangile pour la doctrine de la Trinité, que pas un mot pour sa défense et pour l'expliquer, pas un mot pour la secourir du reproche et de l'erreur ? Cet argument fait presque force de démonstration. Nous sommes persuadés, qu'il y avait trois personnes divines étant annoncées par les premiers prédicateurs du Christianisme, toutes égales, et toutes infinies, une qui était Jésus qui avait été récemment tué sur la croix, cette particularité du Christianisme devrait avoir presque absorbée les autres, et la grande labeur des Apôtres devrait avoir dégoûté les assauts continuels, lesquels devraient les avoir réveillé. Mais le fait est, que pas un chuchotement pour le Christianisme, sur ce compte, atteint nos positions de l'âge apostolique. Dans les Epîtres nous ne voyons aucune trace de controverse appelée au devant de la Trinité.
       Nous avons davantage d'objections pour cette doctrine, tirée de ces pratiques influentes. Nous l'observons comme non favorable pour la dévotion, par division, et en détractant l'esprit de sa communion avec Dieu. C'est une grande excellence pour la doctrine de l'unité de Dieu, quelle est offert pour nous UN OBJET de suprême hommage, adoration, et amour, Un Père Infini, un Etre des êtres, un original et distributeur, de qui nous pouvons mentionner tous biens, par lequel toutes nos puissances et affections peuvent être concentrées, et cette chaleureuse et vénérable nature peut envahir toutes nos pensées. La vraie pitié, quand elle est dirigée vers une indivisible Déité, avait une retenue, une simple, et plus favorable pour le respect religieux et l'amour. Maintenant la Trinité met devant nous trois objets distincts de suprême adoration, trois personnes infinies, ayant trois égales affirmations dans les cœurs, trois agents divins réalisant différentes actions et pour reconnaître et adorer dans différentes relations. Est-il possible, nous demandons, que le faible et limité esprit humain puisse s'attacher à celles-ci avec la même puissance et joie, tel que pour un Père infini, la seule première Cause, par qui toutes les bénédictions de la nature et rédemption se rassemblent dans leur centre et source ? Ne devons-nous pas avec dévotion être distrait par les égales et rivales revendications de trois identiques personnes, et nécessitant pas le culte de la conscience, cohérent pour les Chrétiens, être perturbés par une appréhension, à moins d'être retenu par une ou autre de celles-ci, sa due proportion d'hommage ?
       Nous pensons aussi, que la doctrine de la Trinité injurie la dévotion, non seulement en joignant au Père d'autres objets de culte, mais en prenant du Père la suprême affection, qui est son dû, et la transférant à son Fils. C'est la plus importante vue ! Que Jésus Christ, s'il est exalté dans la Divinité infinie, devrait être plus intéressant que le Père, et précisément qu'il pourrait être prévu de l'histoire, et des principes de l'histoire humaine. Les hommes veulent un objet d'adoration pour eux-mêmes, et le grand secret de l'idolâtrie est lié dans cette propension. Un Dieu revêtant notre forme, et ressentant nos désirs et chagrins parlant de notre faible nature plus fortement, qu'un Père dans le ciel, un pur esprit, invisible et irréprochable, sauve en réparant et purifiant l'esprit. Nous pensons aussi, que les particulières fonctions attribuées à Jésus par la populaire théologie, fait de lui la plus attractive personne dans la Divinité. Le Père est le dépositaire de la justice, la justification des droits, le vengeur des lois de la Divinité. Sur l'autre main le Christ, le porteur de la divine pitié demeure entre la révoltante Divinité et la coupable humanité, exposant sa docile tête pour les orages et sa poitrine compatissante pour l'épée de la justice, portant toute notre charge de punition, et poursuivant avec son sang chaque bénédiction qui descend du ciel. Avons-nous besoin d'établir l'effet de ces représentations, spécialement pour les esprits communs, pour qui le Christianisme était principalement désigné et qui est vu pour mener vers le Père comme l'être plein d'amour ? Nous devons croire que le culte d'un blessé et souffrant Dieu, tente fortement pour absorber l'esprit, et pour le conduire pour d'autres objets, juste comme la sensibilité humaine pour la Vierge Marie avait donné sa si voyante place dans la dévotion de l'Eglise de Rome. Nous croyons aussi que le culte, bien attractif, n'est pas plus approprié pour stimuler l'esprit, qu'il réveille l'exaltation, plutôt que cette profonde vénération des perfections morales de Dieu, qui est l'essence de la piété.

       2) Ayant ainsi donné nos vues de l'unité de Dieu, je procède en second lieu pour déterminer, que nous croyons dans l'unité de Jésus Christ. Nous croyons que Jésus est un esprit, une âme, un être, alors vraiment une personne comme nous sommes, et également distinct du Dieu unique. Nous nous plaignons de la doctrine de la Trinité, nous ne sommes pas satisfait du Dieu en trois personnes, qui fait de Jésus deux êtres et ainsi introduit une conclusion infinie dans nos conceptions de sa personnalité. Cette corruption du Christianisme, semble répugnante pour le sens commun et pour l'effort général de l'Ecriture, est une remarquable preuve pour la puissance de la fausse philosophie en défigurant la simple vérité de Jésus.
       Selon cette doctrine, Jésus Christ, au lieu d'être un esprit, un consciencieux principe intelligent, que nous pouvons comprendre, se compose en deux âmes, deux esprits : l'un divin, l'autre humain, l'un faible, l'autre tout puissant, l'un ignorant, l'autre omniscient. Maintenant nous maintenons, que c'est de faire du Christ deux êtres. Pour le dénommer une personne, un être, et encore pour le supposer composé de deux esprits, infiniment différents l'un de l'autre, est d'abuser et confondre le langage, et pour jeter la noirceur sur toutes nos conceptions des natures intelligentes. Selon la doctrine commune, chacun de ses deux esprits en Christ, avait sa propre conscience, sa propre volonté, ses propres perceptions. Ils ont, en fait, aucune propriété commune. L'esprit divin ne ressent rien des volontés et peines de l'humain, et l'humain est infiniment éloigné de la perfection et du bonheur divin. Pouvez-vous concevoir deux êtres dans l'univers plus distinctement ? Nous avons toujours pensé qu'une personne était constituée et distinguée par une conscience. La doctrine, qu'une et même personne devrait avoir deux consciences, deux volontés, deux âmes, infiniment différentes l'une de l'autre, que nous pensons une énorme taxation sur la crédulité humaine.
       Nous disons, que si une doctrine aussi étrange, si difficile, si éloignée de toutes les conceptions antérieures des hommes, est en effet une part et une essentielle part de révélation, elle doit être enseignée avec une grande distinction, et nous demandons à nos frères de nous orienter vers un plein passage nous dirigeant où Christ est dit pour être composé de deux esprits infiniment différents, finalement constituant une personne. Nous ne trouvons rien. D'autres Chrétiens, en effet, nous disent, que cette doctrine est nécessaire pour l'harmonie des Ecritures, que certains textes attribuent, à l'humanité de Jésus Christ, et autres propriétés, et que pour réconcilier celles-ci, nous devons supposer deux esprits, par qui ses propriétés peuvent êtres mentionnées. Dans d'autres paroles, dans le but de réconcilier certains passages difficiles, dont une juste critique peut-être faite à un haut niveau, s'ils ne sont totalement expliqués, nous devons inventer une hypothèse largement plus difficile, et nécessairement une grosse absurdité. Nous sommes pour trouver notre chemin en dehors d'un labyrinthe, par un indice qui nous conduit dans un dédale infiniment plus inextricable.
       Assurément, si Jésus Christ ressentait qu'il était constitué deux esprits, et que ceci était un principal point de sa religion, sa phraséologie respectant lui-même devrait avoir été colorée par cette particularité. Le langage universel des hommes est cadré sous l'idée qu'une personne, est un esprit, et une âme, et quand la multitude entendait ce langage des lèvres de Jésus, elle devrait avoir pris dedans son sens usuel et devrait avoir mentionné une simple âme en tout qui parle, à moins d'être expressément instruite pour l'interpréter différemment. Où pouvons nous rencontrer, dans le Nouveau Testament, la phraséologie qui abonde dans les livres trinitaires, et nécessairement croît de la doctrine de deux natures en Jésus ? Où ce professeur divin dit, "De ceci je parle comme Dieu, et de ceci comme un homme, ceci est vrai seulement de mon esprit humain, et ceci seulement de ma divinité" ? Où devons-nous trouver dans les Epîtres une trace de cette étrange phraséologie ? Nulle part. Ce n'était pas en effet dans cette journée. Elle était demandée par les erreurs des âges passés.
       Nous croyons, que, ce Christ est un esprit, un être, et, j'ajoute un être distinct du Dieu unique. Ce Christ n'est pas ce Dieu unique, ni le même esprit avec le Père, il est nécessairement une déduction de notre ancienne position, dans laquelle nous voyons la doctrine de trois personnes en Dieu être une fiction. Mais sur un si important sujet, je voudrais ajouter quelques remarques. Je souhaite, que ceux qui diffèrent avec nous, souhaitent considérer un fait saisissant. Jésus dans sa prédication continuellement parle de Dieu. La parole était toujours dans sa bouche. Nous demandons, fait-il, par cette parole, toujours référence à lui-même ? Nous disons, jamais. Au contraire, il a plus pleinement distingué entre Dieu et lui-même, et ainsi font ses disciples. Comment ceci peut-être réconcilié avec l'idée que la manifestation du Christ, comme Dieu, était un objet primaire du Christianisme, nos adversaires doivent le déterminer.
       Si nous examinons les passages dans lesquels Jésus est distingué de Dieu, nous voyons, qu'ils n'ont pas parlé de lui comme d'un autre être, mais semblent œuvrer pour exprimer son infériorité. Il est continuellement dit de lui, en tant que le fils de Dieu, envoyé par Dieu, recevant toute sa puissance de Dieu, travaillant aux miracles en raison que Dieu était avec lui, jugeant justement en raison que Dieu l'enseigne, ayant demandé pour notre foi, en raison qu'il était oint et marqué d'un sceau par Dieu, et alors capable par lui-même de rien faire. Le Nouveau Testament est rempli par ce langage. Maintenant, nous demandons, quelle impression ce langage avait pourvu et visé de faire ? Peut-il, en avoir qui l'ont entendu, avoir imaginé que Jésus était le même Dieu pour qui il était tant souvent déclaré pour être inférieur, l'Etre par qui il a été envoyé, et par qui, il professe avoir reçu son message et puissance, ? Laissons ici être rappelé, que la naissance de l'humanité, matériellement formée, et les humbles circonstances, et les souffrances mortelles de Jésus, doivent avoir toutes préparées les hommes pour interpréter de la manière la plus inapte, le langage dans lequel son infériorité de Dieu était déclarée. Pourquoi alors ce langage était utilisé ainsi continuellement, et sans limite, si Jésus était la Suprême Déité, et si cette vérité était une part essentielle de se religion ? Je le répète, la condition humaine et les souffrances du Christ tendent fortement pour exclure de l'esprit des hommes l'idée de sa propre Divinité, et, bien sûr, nous devrions nous attendre de trouver dans le Nouveau Testament un perpétuel soin et effort pour contrecarrer cette tendance, de le mettre en avant, comme étant le même être que son Père, si cette doctrine était, comme il est prétendu, l'âme et le centre de sa religion. Nous devrions nous attendre de trouver la phraséologie de l'Ecriture coulée dans le moule de cette doctrine, pour entendre familièrement parler de Dieu, le Fils, de notre Seigneur Dieu Jésus, et pour être entendue, que pour nous, il y a un Dieu, équivalent à Jésus. Mais à la place de ceci, l'infériorité de Jésus Christ se répand dans le Nouveau Testament. Elle n'est pas seulement impliquée dans la phraséologie générale, mais répandue et décidément exprimée, et non accompagnée avec aucune réprimande pour empêcher son entière nature. Puisse t-elle, alors avoir été la grande désignation pour les écrivains sacrés, pour exhiber Jésus comme le Dieu suprême ?
       Je suis conscient que ces remarques seront rencontrées par deux ou trois textes, dans lesquels Jésus est appelé Dieu, et par une classe de passages, pas très nombreuses, dans lesquels les propriétés divines sont dites pour lui être attribuées. Pour ceux-ci, nous offrons une pleine réponse. Nous disons, qu'il est un des plus établis et évident principe de la critique, ce langage est pour être expliqué selon la connaissance des propriétés du sujet pour lequel il est appliqué. Tout homme sait que les mêmes mots conduisent de très différentes idées, quand, ils sont utilisés en relation pour différents êtres. Ainsi, Salomon avait construit le temple d'une manière différente de l'architecte qu'il employait : et Dieu regrette différemment de l'homme. Maintenant, nous maintenons, que la connaissance des propriétés et circonstances du Christ, sa naissance, souffrances, et mort, sa prière à Dieu, ses attributions de Dieu pour toute sa puissance et fonctions, les reconnues propriétés du Christ, nous disons, nous obligent pour interpréter par comparaison les quelques passages qui sont pensés faire de lui le Dieu Suprême, d'une manière consistante avec sa distinction et inférieure nature. C'est notre devoir d'expliquer de tels textes, dans lesquels les êtres humains sont appelés dieux, et sont dits pour être des partageurs de la divine nature, pour connaître et posséder toutes choses, et pour être remplis avec toute la plénitude de Dieu. Ces derniers passages, nous devons pas hésiter de les modifier, et de les restreindre, et de les détourner de leur sens le plus évident, en raison que ce sens est opposé à la connaissance des êtres pour qui ils sont relatés, et nous maintenons, que nous adhérons au même principe, et n'usons pas de latitude, dans l'explication, comme nous le faisons, pour les passages qui sont pensés pour supporter la Divinité du Christ.
       Les trinitaires professent tirer quelques importants avantages dans leur mode d'observation du Christ. Ils les fournissent, ils nous disent, avec une infinie expiation, pendant qu'ils leurs représentent un être infini souffrant pour leurs péchés. La confidence avec laquelle c'est facilement rappelé nous étonne. Quand nous pressons avec la question, s'ils ont réellement cru, que l'infini et inchangeable Dieu a souffert et mort sur une croix, ils reconnaissent que c'est pas vrai, mais que c'est l'esprit humain du Christ qui seulement avait supporté les douleurs de la mort. Comment avons-nous, alors une souffrance infinie ? Ce langage nous semble être imposé sur les esprits communs, et nous semble très dérogatoire de la justice de Dieu, comme si cet attribut pouvait être satisfaisant par un sophisme et une fiction.
       Nous avons aussi dit, que le Christ est un plus intéressant sujet, que son amour et pitié sont davantage ressentis quand il est observé comme le Suprême Dieu, qui quitte sa gloire pour prendre l'humanité et pour souffrir pour les hommes. Ces trinitaires sont fortement remués par cette représentation, que nous ne signifions pas nier, mais nous pensons leur émoi entièrement fondé sur un mal entendu de leurs propres doctrines. Ils prennent pour la seconde personne de la Trinité quittant sa gloire et son intimité avec le Père, pour visiter et sauver le monde. Mais cette seconde personne étant l'inchangeable et infini Dieu, était évidement incapable de se séparer d'avec le plus petit degré de sa perfection et félicité. Au moment de prendre chair, il était alors intimement présent avec son Père comme avant, et également avec son Père remplissant le ciel, et toujours ils professent d'être touchés et accablés par l'ahurissante humiliation pour cet être immuable ! Mais non seulement, ils font leur doctrine, quand pleinement, ils expliquent, réduisent l'humiliation du Christ à une fiction, et presque totalement, ils détruisent les impressions, avec lesquelles sa croix devrait être regardée. Selon leur doctrine, le Christ n'avait comparativement pas souffert en tout. C'est vrai, cet esprit humain souffrait, mais ils nous disent, c'était une infinie petite part de Jésus, alors un simple cheveux de notre tête pour tout le corps, ou encore une goutte de l'océan. Le divin esprit du Christ, ce qui était le plus proprement lui-même, était infiniment heureux, pour le moment de la souffrance de son humanité. Au moment qu'il était suspendu à la croix, il était l'être le plus heureux de l'univers, aussi heureux que le Père infini, ainsi que ses douleurs, comparées avec sa félicité, étaient rien. Ces trinitaires font, et doivent, le reconnaître. Il s'en suit nécessairement pour l'immuabilité de la divine nature, dont ils attribuent au Christ ainsi que leur système, justement observé, dérobant sa mort par intérêt abaissant notre sympathie pour ses souffrances, et il est, de tous les autres, le moins favorable pour un amour du Christ, fondé sur un sens de ses sacrifices pour l'humanité. Nous estimons nos propres idées pour être largement plus affectueuses. C'est notre croyance, que l'humiliation du Christ était réelle et entière, que la totalité du Sauveur, et non une partie de lui, souffrait, que sa crucifixion était une scène d'une profonde et non combinée agonie. Alors comme nous nous tenons autour de sa croix, nos esprits ne sont pas soucieux, ni notre sensibilité est fragilisée, par la contemplation de lui alors composé d'incongrus et infinis différents esprits, et alors ayant un équilibre pour une infinie félicité. Nous reconnaissons dans la mort de Jésus seulement un esprit. C'est, nous pensons, rendre ses souffrances, et sa patiente, et amour en les portant, incomparablement plus impressionnants et affectueusement que le système auquel nous nous opposons.

       3) Ayant ainsi donné notre croyance sur deux grands points, nommément, qu'il y a un Dieu, et que Jésus Christ est un être distinct et inférieure à Dieu, je procède maintenant pour un autre point sur qui nous posons toujours une grande insistance. Nous croyons toujours dans la perfection morale de Dieu. Nous considérons aucune partie de la théologie aussi importante alors de ce qui traite du caractère moral de Dieu, et nous évaluons nos vues du Christianisme principalement comme elles affirment ses aimables et vénérables attributs.
       Il peut-être dit, qu'en observant ce sujet, que tous les Chrétiens sont d'accord, pour tout attribuer à l'Etre Suprême, la justice infinie, la bonté et sainteté. Nous rappelons, qu'il est très possible de parler du Dieu magnificence, et de penser de lui ignoblement, pour appliquer à sa personne des sonores épithètes, et pour son gouvernement, principes qui le rendent odieux. Les païens appellent Jupiter le grand et le meilleur mais son histoire était noir blanc, cruelle et cupide. Nous ne pouvons pas juger les réelles idées des hommes pour Dieu par leur général langage, pendant que dans tous les siècles, ils avaient espérer calmer la Déité par adulation, nous devons questionner dans leurs particulières vues pour ses buts, sur les principes de son administration, et pour ses positions envers ses créatures.
       Nous concevons que les Chrétiens avaient généralement enseigné sans une injurieuse vue de l'Etre Suprême. Ils avaient trop souvent ressenti, comme s'il était élevé, par sa grandeur et sa souveraineté au dessus des principes de moralité, au dessus de ces éternelles lois d'équité et de rectitude, par lesquelles tous les chrétiens sont soumis. Nous croyons que dans aucun être il y a le sens de la droiture aussi fortement, aussi omnipotent que dans Dieu. Nous croyons que sa toute puissance est entièrement soumise à ses perceptions de rectitude, et c'est le fond pour notre pitié. Ce n'est pas en raison qu'il est notre Créateur simplement, mais en raison qu'il nous créait pour de bons et de saints buts, ce n'est pas en raison que sa volonté est irrésistible, mais en raison que sa volonté est la perfection de la vertu, que nous lui rendons allégeance. Nous ne pouvons pas nous incliner devant un être, cependant grand et puissant, qui dirige tyranniquement. Nous ne respectons rien, sauf l'excellence, que ce soit sur terre et dans le ciel. Nous ne vénérons pas la noblesse du trône de Dieu, mais l'équité et la bonté dans lesquelles il est établi.
       Nous croyons que Dieu est infiniment bon, gentil, bienveillant dans le propre sens de ces mots, bon en disposition, aussi bien que dans les actes, bon, pas qu'un peu, mais en tout, bon pour tous les individus, aussi bien pour le système général.
       Nous croyons, aussi que Dieu est juste, mais nous n'oublions jamais, que sa justice est la justice d'un être bon, habitant dans le même esprit, et activement en harmonie, avec une parfaite bienveillance. Par cet attribut, nous comprenons l'infini regard de Dieu pour la vertu ou le travail moral qui sont exprimés dans un gouvernement général, qui est en donnant d'excellentes et équitables lois, en conférant aussi bien des récompenses que des punitions, alors qui sont plus convenables pour assurer leur observance. La justice de Dieu avait pour ses fins, la haute vertu de la création, et il punit pour ce but seulement, et ainsi elle coïncide avec la bienveillance pour la vertu et le bonheur, bien que n'étant pas les mêmes, sont inséparablement liés.
       La justice de Dieu ainsi regardée, nous apparaît être en parfaite harmonie avec sa pitié. Selon les systèmes courant de théologie, ces attributs sont si discordants et secoués, que pour les réconcilier il est de la plus ardue besogne, et le plus merveilleux achèvement, d'une sagesse infinie. Pour nous, elles semblent intimement amies, toujours en paix, portant le même esprit, et regardant pour le même but. Par la pitié de Dieu, nous ne comprenons pas une aveugle compassion instinctive, laquelle oublie la réflexion, et sans regard pour les intérêts de la vertu. Ceci, nous reconnaissons, devrait être incompatible avec la justice, et aussi avec la bienveillance éclairée. La pitié de Dieu, comme nous la comprenons, désire fortement le bonheur du culpabilisé, mais aussi pour leur pénitence. Il considère la personne aussi bien que pour la justice. Il diffère la punition, et souffre longtemps, que le pécheur puisse retourner à son devoir, mais quitte l'impertinent et l'improductif, pour l'effrayante rétribution menaçante dans la Parole de Dieu.
       Pour donner nos vues de Dieu en une parole, nous croyons dans sa Parentale personnalité. Nous lui attribuons, non seulement, le nom, mais les dispositions et principes d'un Père. Nous croyons qu'il a un souci paternel pour ses créatures, un désir paternel pour leur amélioration, une équité paternelle en proportionnant ses commandements pour leur puissance, une joie paternelle pour leur progrès, une lecture paternelle pour recevoir le pénitent, et une justice paternelle pour l'incorrigible. Nous considérons pour ce monde une place d'éducation, par laquelle il entraîne les hommes par prospérité et adversité, par des aides et obstructions, par conflits de raison et passions, par motivation du devoir et tentation du péché, par diverses disciplines suivies pour de libres et moraux êtres, pour l'union avec lui-même, et pour une sublime et toujours grandissante vertu dans le ciel.
       Maintenant, nous objectons que ces systèmes de religion, lesquels prévaux parmi nous, qu'ils sont adverses dans un plus ou moins grand degré, de ceux purifiant, confortant, et honorant les vues de Dieu, qui prennent de nous notre Père dans le ciel, et lui substitut un être, dont que nous ne pourrions pas aimer, et dont nous ne devons pas aimer si nous le pouvons. Nous objectons particulièrement sur ce fond, que ce système revendique à tord de lui-même le nom d'Orthodoxie, et lequel est maintenant amplement propagé à travers notre pays. Ce système, en effet prend différentes formes, mais en tout il répand le déshonneur sur le Créateur. Selon son ancienne forme et authentique forme, il enseigne que Dieu nous emmène dans une vie totalement dépravée, aussi sous les innocentes caractéristiques de notre enfance est cachée une nature réfractaire pour tout le bien et en propension pour tout le mal, une nature qui nous expose au déplaisir et à la colère de Dieu, bien qu'avant nous ayons acquis de la puissance pour comprendre notre devoir, ou pour réfléchir sur nos actions. Selon pour une plus moderne exposition, il enseigne, que nous venons de la main de notre Fabriquant avec une telle constitution, et sommes placés aussi sous des influences et circonstances pour rendre certaine et infaillible la totale dépravation de tout l'être humain, dès le premier moment de son agencement moral, et elle enseigne aussi, que l'offense pour l'enfant, qui mène dans une vie cette perpétuelle tendance d'absolu crime, l'exposant pour la sentence de la damnation éternelle. Maintenant, selon le plein principe de la moralité, nous maintenons qu'une naturelle constitution de l'esprit, infailliblement le dispose pour le mal, et le mal seulement, qui l'absous de la culpabilité, que pour donner existence sous cette condition qui argue une indicible cruauté, et pour punir le péché de cette triste enfance constituée avec une interminable ruine, qui serait un mal sans précédant, par le plus impitoyable despotisme.
       Ce système enseigne aussi, que Dieu sélectionne de cette masse corrompue un nombre pour être sauvé, et les arrachent, par une influence spéciale, de la ruine commune, pour le reste de l'humanité, bien qu'il laisse sans cette grâce spéciale dont leurs conversions requièrent, et sont ordonnés de se repentir sous peine de l'aggravation du malheur, et que le pardon leur est promis, sur des termes que leur constitution infailliblement les dispose de rejeter, et en rejetant cela accroît énormément les peines pour l'enfer. Ces preuves des pardons et exhortations d'amendement, pour des êtres nés sous une malédiction dégradante, qui rempli nos esprits avec une horreur que nous voulons rédiger pour exprimer.
       C'est ce système religieux qui ne produit pas tous les efforts sur la personne, qui pourrait être anticipé, nous le reconnaissons plus joyeusement. Il est souvent, très souvent contrebalancé par nature, conscience, sens commun, par la contrainte générale des Ecritures? Par le plaisant exemple et préceptes du Christ, et par de nombreuses positives déclarations de la gentillesse universelle de Dieu et de la parfaite équité. Mais toujours, nous pensons que nous voyons sa malheureuse influence. Il tend pour décourager le timide, pour donner des excuses pour le méchant, pour nourrir la vanité du fanatique, et pour offrir un abri pour les mauvais sentiments du malin. En choquant, comme il fait, les principes fondamentaux de la moralité, et en exhibant une sévère et partiale Déité, il tend fortement à pervertir la faculté morale, pour former une sombre, sinistre, et servile religion, et de plomber les hommes pour substituer une sensorielle, amère, et persécution, à une tendre et impartiale charité. Nous pensons, aussi, que ce système, qui débute avec une nature humaine dégradée, peut-être attendu de finir en orgueil, pour fièrement grossir en dehors des consciencieuses et hautes distinctions, cependant obtenues, et aucune distinction est aussi grande alors que celle qui est faite entre l'élection et l'abandon de Dieu.
       Les fausses et déshonorantes vues de Dieu, qui ont été maintenant débutées, nous ressentons de nous-mêmes assurer pour leurs résister continuellement. Pour d'autres erreurs, nous pouvons passer au dessus avec une indifférence relative. Mais nous demandons à nos opposants de nous laisser un Dieu, digne de notre amour et vérité par qui nos sentiments moraux peuvent prendre grand plaisir, dans qui nos faiblesse et peines peuvent trouver refuge. Nous sommes accrochés à nos Divines perfections. Nous les rencontrons partout dans la création, nous les lisons dans les Ecritures, nous voyons une magnifique image d'elles dans Jésus Christ et la gratitude, l'amour, et la vénération appelle sur nous pour les soutenir. Pour les reproches qui sont souvent fait par les hommes, c'est notre consolation et bonheur, que, une de nos principales attaques et le zèle avec le quel nous justifions la bonté déshonorée et rectitude de Dieu.

       4) Ayant ainsi parlé de l'unité de Dieu, de l'unité de Jésus, et de son infériorité pour Dieu, et de la perfection de la Divine personnalité, je procède maintenant pour donner nos vues au sujet de la médiation du Christ, et du but de sa mission. En regardant le grand objet dont Jésus vient d'accomplir, il semble pour n'y avoir aucune possibilité d'erreur. Nous croyons, qu'il a été envoyé par le Père pour effectuer une morale ou spirituelle délivrance de l'humanité, qu'il est pour secourir les hommes du péché et de ses conséquences, et pour les porter dans une condition de pureté éternelle et de bonheur. Nous croyons, qu'il a accompli ce sublime but par une variété de méthodes, par ses instructions respectant l'unité de Dieu, la caractère parental, et le gouvernement moral, qui sont admirablement pleins, pour assécher les travaux de l'idolâtrie et impiété, pour la connaissance, l'amour, et l'obéissance pour le Créateur, par ses promesses de pardonner au repentent et pour une divine assistance pour ceux qui travaillent à progresser dans l'excellence de la moralité, par la lumière qu'il avait lancée sur le chemin du devoir, par son propre et impeccable exemple, dans qui la beauté et la sublimité de la vertu brille au devant pour avertir et accélérer aussi bien que pour nous guider vers le perfection, par ses menaces contre l'incorrigible culpabilité, par ses glorieuses découvertes de l'immoralité, par ses souffrances et sa mort, par cet évènement de signalement, la résurrection, qui puissamment porte témoignage à sa divine mission et apporte un sens aux hommes pour une vie future, par sa continuelle intercession, qui obtient pour nous les aides spirituelles et bénédictions, et par la puissance avec laquelle il est investi pour relever la mort, juger le monde, et conférer les récompenses éternelles promises pour le croyant.
       Nous n'avons aucun désir de dissimuler le fait, qu'une différence d'opinion existe parmi nous, en considérant une intéressante part de la médiation du Christ, je veux dire, pour considérer l'influence précise de sa mort pour nos pardons. Beaucoup supposent, que cet évènement contribue à notre pardon, comme il était une principale affirmation pour confirmer sa religion, et de lui donner une puissance sur l'esprit, dans d'autres travaux, qui procure le pardon par importance, pour cette repentance et vertu, qui est la grande et seule condition par lequel le pardon est conféré. Beaucoup de nous, ne sont pas satisfaits avec cette explication, et pensons que les Ecritures attribuent les rémissions des péchés à la mort du Christ, avec une emphase si particulière, que nous devrions considérer cet évènement comme ayant une influence spéciale en retirant la punition, bien que les Ecritures ne puissent pas révéler la voie dans laquelle elle contribue pour son but.
       De la même façon, cependant, nous différons en expliquant la connexion entre la mort du Christ et le pardon pour l'humain, une connexion que nous avons tous reconnue avec gratitude, nous sommes en accord en rejetant de nombreux sentiments, lesquels prévaux en considérant cette médiation. L'idée qui circule parmi les esprits communs par le populaire système, que la mort du Christ avait une influence en rendant Dieu calme, ou clément, en réveillant sa gentillesse vers les hommes, nous la rejetons avec une forte désapprobation. Nous sommes heureux de trouver, que cette très déshonorante notion est dévouée par d'intelligents Chrétiens de cette classe avec qui nous différons. Nous rappelons, cependant, que, non longtemps avant, il était commun d'entendre du Christ, comme ayant décédé pour apaiser la colère de Dieu, et de payer la dette des pécheurs pour son inflexible justice, et nous avons une forte persuasion, que le langage des livres populaires, et le mode commun d'établir, la doctrine de la médiation du Christ, communiquent toujours de très dégradantes idées du caractère de Dieu. Ils donnent aux multitudes l'impression que la mort de Jésus produit un changement dans l'esprit de Dieu envers les hommes, et en cela cette efficacité consiste principalement. Aucune erreur ne nous semble plus pernicieuse. Nous ne pouvons pas endurer aucune ombre sur la pure bonté de Dieu. Nous maintenons éternellement, que Jésus au lieu d'appeler en avant, dans une voie ou degré, la clémence pour le Père, était envoyé pour cette clémence, pour être notre Sauveur, qu'il est rien pour la race humaine, mais qu'il est désigné par Dieu, qu'il ne communique rien, mais que Dieu l'emploie pour conférer que notre Père dans le ciel est originellement, essentiellement, et éternellement pacifique, et disposé à pardonner, et que son non empruntable, indétournable, et inchangeable amour est la seule fontaine de ce qui coule en nous par son Fils. Nous concevons que Jésus est déshonoré, pas glorifié, en lui attribuant une influence, qui couvre la splendeur de la bienveillance Divine.
       Nous accordons autant que possible en rejetant non scripturale et absurde, l'explication donnée par le système populaire dans lequel la mort du Christ procure le pardon aux hommes. Ce système utilisé pour enseigner alors son fondamental principe, que l'homme, ayant péché contre un Etre infini, avait contracté une infinie culpabilité, et a été par conséquence exposé pour une peine infinie. Nous croyons, cependant, que ce raisonnement, si raisonnement peut-être appelé, qui donne dans l'évidence de la maxime, que la culpabilité d'un être doit être proportionnelle à sa nature et puissances, était tombé en désuétude. Le système enseigne toujours, que le péché, à un tel degré, expose pour une interminable punition, et que toute la race humaine, étant infailliblement participante par sa nature pécheresse, est redevable de cette affreuse peine, pour la justice de leur Créateur. Il enseigne, que cette peine ne peut pas être versée, en conscience avec l'honneur de la loi divine, à moins qu'un substitut soit fondé pour l'endurer ou pour souffrir l'équivalence. Il enseigne aussi que, pour la nature du cas, aucun substitut est adéquate pour ce travail, sauvant le Dieu infini lui-même, et selon, Dieu, dans sa seconde personne, à pris sur lui une nature humaine, et qu'il devrait payer par sa propre justice la dette de la punition encourue par les hommes, et devrait ainsi réconcilier le péché avec les revendications et les menaces de sa loi. Tel est le système prévalent. Maintenant, pour nous, cette doctrine semble pour porter sur son front de fortes marques d'absurdité, et nous maintenons que le Christianisme ne devrait pas être encombré avec ceci, à moins qu'il soit disposé dans le Nouveau Testament pleinement et expressément. Nous demandons à nos adversaires, alors, de pointer quelques pleins passages où il serait enseigné. Nous demandons pour un texte, dans lequel nous entendons, que Dieu parle de la nature humaine qui devrait faire une infinie satisfaction pour sa propre justice, pour un texte, dont il nous dirait, que la culpabilité humaine requière un infini substitut, que les souffrances du Christ doivent leur efficacité pour leur étant supportées par un être infini, ou que sa divine nature donne une valeur infinie pour les souffrances de l'humain. Pas un mot de cette description que nous pouvons trouver dans les Ecritures, pas un texte ne fait même une allusion à ces étranges doctrines. Elles sont entièrement, nous croyons, des fictions des théologiens. Le Christianisme n'est responsables d'elles à aucun niveau. Nous sommes étonnés pour leur prévalence. Ne peut-il pas être plus évident, que ce Dieu ne peut pas, dans aucun sens, être souffrant, ou porter une peine à la place de ses créatures ? Combien est déshonorante pour lui cette supposition, que sa justice est maintenant aussi sévère, alors pour exiger une punition infinie pour les péchés des faibles et frêles humains, et maintenant, aussi facilement et souplement, pour accepter la limite des douleurs de l'âme humaine du Christ, comme une pleine équivalence pour l'interminable malheur dû pour le monde ? Combien pleinement, il est aussi, selon cette doctrine, que Dieu au lieu de l'être abondant en pardon, jamais il pardonne, pendant qu'il semble absurde de parler aux hommes comme pardonnés, quand leur pleine punition, ou une équivalence de celle-ci, est portée par un substitut ? Un plan plus approprié pour obscurcir l'intelligence du Christianisme et la pitié de Dieu, ou, moins suivi pour donner du réconfort pour un coupable et troublé esprit, ne peut pas, nous pensons, être facilement formaté.
       Nous pensons, aussi, que ce système est défavorable pour la personnalité. Il emmène les hommes naturellement à penser, que Christ vient pour changer l'esprit de Dieu plutôt que leurs propres, que le haut objet de sa mission était d'empêcher la punition, au lieu que de communiquer la sainteté, et qu'une large part de religion consiste en désobligeant les bons travaux et la vertu humaine, pour le but de magnifier la valeur des souffrances déléguées au Christ. Dans cette voie, un sens pour une infinie importance et une indispensable nécessité de l'amélioration de la personne est affaiblie, et les pompeuses prières pour la croix du Christ semblent souvent pour être substituées pour l'obéissance à ses préceptes. Pour nous-mêmes, nous n'avons pas enseigné Jésus ainsi. De la même façon nous reconnaissons avec gratitude, qu'il est venu pour nous secourir de la punition, nous croyons, qu'il a été envoyé sur une course plus noble encore, nommément, pour nous délivrer du péché lui-même, et pour nous former pour une sublime et céleste vertu. Nous le considérons comme un Sauveur, principalement alors il est la lumière, le médecin, et guide de la nuit, du malade, et de l'esprit errant. Aucune influence dans l'univers ne nous semble aussi glorieuse, comme autant sur la personnalité, et aucune rédemption aussi digne d'estime de reconnaissance, telle la restauration de l'âme pour la pureté. Sans ceci, le pardon, serait-il possible, et serait d'une petite valeur. Pourquoi arracher le pécheur de l'enfer, si un enfer est laissé pour brûler dans son propre sein ? Pourquoi l'élever pour le ciel, s'il reste une inconnue pour sa sanction et amour ? Avec ses impressions, nous sommes habitués pour la valeur de l'Evangile principalement pour être abondante en aide effective, motivation, excitation pour une généreuse et divine vertu. Dans cette vertu, comme dans un centre commun, nous voyons toutes ses doctrines, préceptes, promesse de rencontre, et nous croyons, que la foi dans cette religion est de ne pas mériter, et de contribuer en rien pour le salut, davantage comme alors il emploie ces doctrines, préceptes, promesses, et la vie dans son ensemble, personnalité, souffrances, et le triomphe de Jésus, alors les moyens pour la purification de l'esprit, du changement de celui-ci dans une similitude de son excellence céleste.

       5) Ayant ainsi établi nos vues du haut objet de la mission du Christ, qu’il est le recouvreur des hommes pour la vertu et sainteté, je devrais maintenant, en dernier lieu, donner nos vues de la nature de la vertu Chrétienne, ou vraie sainteté. Nous croyons que toute vertu avait ses fondations dans la nature morale de l’homme, c’est, en conscience, ou son sens du devoir, et dans la puissance de pouvoir former son tempérament et vie selon la conscience. Nous croyons que ces facultés morales sont le fond de la responsabilité, et la haute distinction de la nature humaine, et qu’aucune action n’est digne d’éloge, aussi loin quelle est de leur ressort. Nous croyons, qu’aucune des dispositions infusent en nous sans notre propre activité morale, sont pour la nature de la vertu, et cependant, nous rejetons la doctrine de l’irrésistible influence divine, sur l’esprit humain, le moulant en bien, comme le marbre est taillé pour la statue. Un tel bien, si cette parole peut-être utilisée, ne devrait pas être l’objet de l’approbation morale, et rien davantage que l’affection instinctive des inférieurs animaux, ou l’aimable constitution des êtres humains.
       Par ces remarques, nous ne pensons pas nier l’importance de l’aide de Dieu ou Esprit, mais par son esprit, nous pensons une morale, illumination, et persuasive influence, non physique, non compulsive, n’exigeant pas une nécessité de la vertu. Nous objectons, fortement, pour l’idée que beaucoup de Chrétiens respectent l’impotence de l’homme et l’irrésistible agencement de Dieu dans le cœur, croyant qu’il corrompt notre responsabilité et les lois de notre nature morale, qu’elles font des hommes des machines, qu’elles mettent sur Dieu le blâme de toute méchanceté profonde, qu’elles découragent les bons esprits, et qu’elles gonflent le fanatique avec vanité pour une immédiate et sensible inspiration.
       Parmi les vertus, nous donnons la première place pour l’amour envers Dieu. Nous croyons, que ce principe est le vrai but et bonheur de notre être, que nous étions faits pour l’union avec notre créateur, que cette infinie perfection est le seul suffisant objet et la seule place restante pour les insatiables désirs et illimitées capacités de l’esprit humain, et que, sans lui, nos nobles sentiments, admiration, vénération, espoir, et amour, devraient dépérir et pourrir. Nous croyons, aussi, que l’amour de Dieu n’est pas seulement essentiel pour le bonheur, mais pour la force et perfection de toutes les vertus, que la conscience, sans la sanction de l’autorité de Dieu et rétribution de la justice, serait un faible directeur, que la bienveillance, à moins que nourrie par la communion avec ses bontés, et encouragée par son sourire, ne pourrait pas prospérer en admettant l’égoïsme et le fait d’être ingrat pour le monde, et qu’une propre autorité sans un sens da la divine inspection, devrait à peine s’étendre parmi une externe et partiale pureté. Dieu comme il est essentiellement bonté, sainteté, justice, et vertu, aussi il est la vie, motivation, et le souteneur de la vertu dans l’âme humaine.
       Mais, bien que sérieusement nous inculquions l’amour pour Dieu, nous croyons que la grande attention est de le distinguer des faux. Nous pensons que beaucoup de ce qui est appelé piété est inutile. Beaucoup sont tombés dans l’erreur qu’ils ne peuvent pas exercer en ressentant ce que Dieu avait à leur sujet, et, distribuant alors la froideur qu’il possède lui-même, sans être accompagné de la vertu et dévotion perdent toute leur dignité, ils ont abandonné d’eux-mêmes pour des extravagances, qui avaient apporté le mépris de la piété. Plus certainement, si l’amour de Dieu est pour celui qui supporte souvent son nom, le moins que nous ayons de lui de supérieur. Si la religion est le naufrage de la compréhension, nous ne pouvons pas trop loin conserver d’elle. Sur ce sujet, nous avons toujours pleinement parlé. Nous ne pouvons pas sacrifier notre raison pour la réputation du zèle. Nous lui devons la vérité et religion pour maintenir, que le fanatisme, la partiale folie, soudaines impressions, et ingouvernables acheminements, ne sont pas des choses pour être préférées à la piété.
       Nous concevons, que le véritable amour pour Dieu est un sentiment moral, fondé sur une claire perception, et constitué dans une haute estime et vénération, de ses morales perfections. Ainsi, il coïncide parfaitement, et il est en fait la même chose, pour l’amour de la vertu, de la rectitude, et de la bonté. Vous jugerez facilement, alors, que nous estimons que les sûrs et seuls signes de la piété. Nous ne mettons aucun accent sur de fortes excitations. Nous l’estimons, et lui le seul homme pieu, qui pratique conformément les perfections morales de Dieu et de sa direction, qui présente ses délices dans la bienveillance de Dieu, pour l’amour et en servant son prochain, ses délices dans la justice de Dieu, pour être résolument droit, son sens de la pureté de Dieu, par le régulation de ses pensées, de son imagination, et désirs, et dont les conversations, affaires, et vie domestique sont influencés par la considération de la présence de Dieu et de son autorité. En toutes choses par ailleurs les hommes peuvent se tromper d’eux-mêmes. Des désordonnées impertinences peuvent leur donner d’étranges vues, et sons, et impressions. Les textes des Ecritures peuvent pour eux venir comme du Ciel. Leurs âmes entièrement peuvent être agitées, et leur confiance dans la faveur de Dieu peut-être sans doute. Mais en tout cela il n’y a pas de religion. La question est, Doivent-ils aimer les commandements de Dieu, dans qui sa personnalité est pleinement exprimée, et nous donne pour ceux-ci leur habitudes et passions ? Sans ceci, l’extase est une moquerie. Un renoncement pour désirer la volonté de Dieu, a la valeur d’une centaine d’enchantements. Nous ne jugeons pas da la disposition des esprits des hommes par leur ravissement, encore moins nous jugeons de la direction naturelle d’un arbre durant une tempête. Nous, plutôt suspectons la bruyante profession, pendant que nous avons observé, qu’un profond sentiment est généralement silencieux, et moins vue en exposition.
       Nous ne voulons pas, par ces remarques, être compris comme souhaitant pour exclure de la chaleureuse religion et même de la déporter. Nous honorons, avec une haute valeur, les vraies sensibilités religieuses. Nous croyons, que le Christianisme est tenté d’agir puissamment sur toute notre nature, et sur le cœur aussi bien pour la compréhension et la conscience. Nous concevons du ciel alors un état où l’amour de Dieu sera exalté dans une incommensurable ferveur et joie, et nous désirons, dans notre pérégrination ici, de boire dans l’esprit de ce meilleur monde. Mais nous pensons, que l’affection religieuse est seulement à évaluer, quand elle surgie naturellement d’un meilleur caractère, quand elle vient sans force, quand c’est la chaleur d’un esprit qui comprend Dieu en étant comme lui, et quand, au lieu de désordonner, il exalte la compréhension, une conscience vivifiée, donnant un plaisir pour le devoir commun, et pour être vue d’exciter la connexion avec joie, judicieusement, et dans un raisonnable cadre de l’esprit. Quand nous observons une ferveur, appelée religieuse, dans les hommes dont le caractère général exprime un petit perfectionnement et élévation, et dont la piété semble en guerre avec la raison, dont nous lui rendons peu de respect. Nous honorons bien trop la religion pour donner son nom sacré, pour un fiévreux, obligé, fluctuant zèle, qui a peu de puissance sur la vie.
       Une autre importante branche de la vertu, nous croyons être l’amour pour le Christ. La grandeur de l’œuvre de Jésus, l’esprit avec lequel il l’a exécuté, et les souffrances qu’il a portées pour notre salut, nous les ressentons pour les revendiquer fortement par notre gratitude et vénération. Nous ne voyons dans la nature aucune beauté qui puisse être comparée avec l’excellence de sa personnalité, ni nous ne trouvons sur terre, un bénéficiaire pour qui nous devons une dette de même valeur. Nous lisons son histoire avec délice, et prenons de lui la perfection de notre nature. Nous sommes particulièrement touchés par sa mort, qui était endurée pour notre rédemption, et par cette force de charité qui triomphe sur ses douleurs. Sa résurrection est le fondement de notre espoir pour l’immortalité. Son intercession nous donne de la teneur pour nous rapprocher à proximité du trône de grâce, et nous regardons vers le ciel avec un nouveau désir, quand nous pensons, que si nous sommes ses amis ici, nous verrons sa bienfaisante contenance, et nous réjouissons d’être ses amis pour toujours.
       Je n’ai pas besoin pour vous d’exprimer nos idées sur le sujet des bienveillantes vertus. Nous attachons une telle importance pour celles-ci, que nous sommes parfois reprochés pour les exalter au dessus de la piété. Nous considérons l’esprit d’amour, de charité, de docilité, de pardon, de libéralité, de bienfaisance, comme l’écusson et la distinction des Chrétiens, comme l’image claire que nous avons portée de Dieu, comme la meilleure preuve de piété. Sur ce sujet, je n’ai pas besoin, et ne peux pas m’élargir, mais il y a une branche de bienveillance dont je ne pourrais pas passer sous silence, en raison que nous pensons que nous la concevons plus hautement et justement que beaucoup de nos frères. Je fais référence au devoir de franchise, du jugement charitable, spécialement envers ceux qui diffèrent en opinions religieuses. Nous pensons, que rien n’avait tant séparé les Chrétiens de leur religion, comme pour cette particularité. Nous lisons avec étonnement et horreur l’histoire de l’église, et des fois, quand nous regardons en arrière sur les feux de la persécution, et sur le zèle des Chrétiens, en élevant des murs de séparation, et en donnant un autre pour la perdition, nous ressentons comme si nous étions des lecteurs des enregistrements pour un infernal, au lieu d’un Royaume céleste. Un ennemi de toute religion, s’il demandait de décrire un Chrétien, serait, avec quelques présentations de la raison, représenté comme un idolâtre pour ses propres distinctions d’opinions, couvert avec la marque du parti, fermant ses yeux sur les vertus, et ses oreilles sur les arguments de ses opposants, arrogant toute l’excellence de sa propre secte et toute puissance sauvant par sa propre croyance, abritant sous le nom de pieu zélé l’amour de la domination, la vanité de l’infaillibilité, et l’esprit d’intolérance, et marchant sur les droits des hommes, sous la prétention de sauver leurs âmes.
       Nous pouvons guerre concevoir pour une pleine obligation sur les êtres de nos frêles et faillibles natures, qui sont instruits dans le devoir du franc jugement, hormis de s’abstenir de condamner les hommes d’apparentes consciences et sincérités, qui sont accusés d’aucun crime sauf de différencier de nous dans l’interprétation des Ecritures, et aussi sur des sujets de grande et reconnaissable absurdité. Nous sommes étonnés par la dure teneur de ceux, qui, avec les avertissements sonores dans leur cœur par le Christ, prennent sur eux la responsabilité de faire des Credos pour leur église, et de classer nos professeurs de vertueuses vies pour imaginer des erreurs, pour culpabiliser de penser par eux-mêmes. Nous savons que le zèle pour la vérité est la couverture pour cette usurpation de la prérogative du Christ, mais nous pensons que le zèle pour la vérité, comme c’est appelé, est très suspicieux, excepté dans les hommes, dont les capacités et avantages, qui patientent en délibérant, et qui progressent en humilité, légèreté, sincérité, leur donne le droit d’espérer que leurs idées sont plus justes que celles de leurs prochains. Beaucoup de ceux qui passent pour avoir de l’ardeur pour la vérité, nous les regardons avec peu de respect, pendant que souvent ils apparaissent pour prospérer plus luxueusement où les autres vertus poussent légèrement, et nous n’avons pas de gratitude pour ces réformateurs, qui voudraient forcer sur nous une doctrine qui n’avait pas adoucie leur tempérament, ou fait d’eux de meilleurs hommes que leurs prochains.
       Nous sommes habitués de penser davantage aux difficultés présumées par les questions religieuses, des difficultés surgissant du long développement de nos esprits, de la puissance des premières impressions, pour l’état de la société, pour l’autorité humaine, pour la négligence générale des puissances du raisonnement, de la volonté des principes justes du Christianisme et de l’importance des aides dans l’interprétation des Ecritures, et des diverses autres causes. Nous ne trouvons, cela sur aucun sujet qu’avaient les hommes, et même les hommes bons, greffant ainsi tant d’étranges vanités, de sauvages théories, de fictions fanatiques, comme sur la religion, et rappelant, tel que nous le faisons, que nous-mêmes sommes atteint de la fragilité commune, et que nous n’osons pas assumer l’infaillibilité dans le traitement de nos amis Chrétiens, ou encourager les Chrétiens communs, qui ont peu de temps pour l’investigation, pour l’habitude de la dénonciation et de la contamination pour d’autres dénominations, peut-être plus éclairées et vertueuses que la leur. La charité, la tolérance, une joie dans les vertus de différentes sectes, un retour pour censurer et condamner, ce sont des vertus, qui, cependant pauvrement pratiquées par nous, que nous admirons et recommandons, et nous devrions plutôt attacher nous-mêmes pour l’église dans laquelle elles abondent, que pour toute autre communion, cependant jubilant, avec la croyance de sa propre orthodoxie, cependant stricte en conservant son Credo, cependant brûlée avec zèle contre l’erreur imaginée.
       J’ai donné ainsi les vues distinctives de ces Chrétiens dans lesquels noms, j’ai parlé. Nous avons embrassé ce système, non sans réflexion ou éclairage, mais après beaucoup de délibération, et nous le tenons solidement, non simplement en raison que nous le croyons pour être vrai, mais en raison que nous le considérons purifiant la vérité, comme une doctrine selon la bonté, comme capable de "travailler puissamment" et de "porter en avant du fruit" dans ceux qui croient. Que nous souhaitons de la répandre, nous n'avons pas de désir de le dissimuler, mais nous pensons, que nous souhaitons sa diffusion, en raison, que nous le considérons comme plus amical pour pratiquer la piété et les pures morales que les doctrines opposées, parce qu'il donne clairement et noblement les vues du devoir, et de fortes motivations pour sa performance, en raison qu'il recommande la religion immédiatement pour la compréhension et le cœur, parce qu'il affirme les excellents et vénérables attributs de Dieu, en raison qu'il tend à restaurer le bienveillant esprit de Jésus pour ses diverses et affligées églises, et parce qu'il coupe tout espoir de la faveur de Dieu, excepté à ceux qui font jaillir la pratique conforme à la vie et les préceptes du Christ. Nous ne voyons rien dans nos vues qui donne offense, gardant leur pureté, et c'est leur pureté qui nous fait chercher et espérer leur entretien à travers le monde.

       Mon ami et frère ; - Vous avez ce jour à prendre sur vous des devoirs importants, pour être revêtu d'une fonction, dont le Fils de Dieu ne dédaigne pas, pour vous dévouer par vous-mêmes pour cette religion, dont les lèvres les plus sanctifiées avaient prêchées, et le sang le plus précieux certifié. Nous croyons que vous porterez sur ce travail un esprit enthousiaste, un solide but, un esprit de martyr, une lecture pour un dur travail et souffrir pour la vérité, une dévotion pour vos meilleures puissances pour les intérêts de la piété et de la vertu. J'ai parlé des doctrines dont vous prêcherez probablement, mais je ne signifie pas, que vous devez vous offrir pour la controverse. Rappellerez-vous, qu'une bonne pratique est le but de la prédication, et vous travaillerez pour faire de votre personne un vivant qui soit saint, au lieu d'un adroit disputant. Soyez au soin, moins pour le désir de défendre ce qui vous semble être la vérité, et de repousser le reproche et la mauvaise représentation, tournez-vous du côté de votre grande affaire, qui est de fixer dans les esprits des hommes une vivante conviction de l'obligation, de sublimation, et de bonheur pour les vertus Chrétiennes. La meilleure voie pour justifier vos sentiments, est de montrer, dans votre prédication et vie, leur intime connexion avec les morales Chrétiennes, avec un haut et délicat sens du devoir, avec franchise envers vos opposants, avec une inflexible intégrité, et avec une habituelle révérence pour Dieu. Si aucune lumière ne peut percer et dissiper les nuages du préjudice, ce n'est que pour un pur exemple. Mon frère, que votre vie prêche plus bruyamment que vos lèvres. Soyez pour ce peuple un motif pour toutes bonnes œuvres, et que vos instructions tirent autorité pour un bon fond de croyance pour vos auditeurs, que vous parliez avec le cœur, que vous prêchiez par expérience, que la vérité que vous dispensez avait puissamment été forgée dans votre propre cœur, que Dieu, et Jésus, et le ciel, soient pas seulement travaillés sur vos lèvres, mais plus affectueusement réalisés dans votre esprit, et fassent jaillir l'espoir et consolation, et force dans tous vos déboires. Ainsi travaillant, que vous récoltiez abondamment, et ayez un témoignage de votre fidélité, non seulement dans votre propre conscience, mais dans l'estime, l'amour, vertus et amélioration de votre personne.
       A vous tous qui m'entendez, je voudrais dire, que l'Apôtre, Prouve toutes choses, tient solidement ce qui est bon. Ne faites pas, frères de vous soustraire du devoir de rechercher les Paroles de Dieu pour vous-mêmes, pensez à craindre pour la censure humaine et la dénonciation. Ne pensez pas, que vous puissiez innocemment suivre les opinions qui prévalent autour de nous, sans investigation, ou sur le fond, que le Christianisme est maintenant ainsi purifié des erreurs, pour aucun besoin de travail de recherche. Il y a plus de raison de croire, que le Christianisme est pour ce moment déshonoré par de grosses et chères corruptions. Si vous vous souvenez des noirceurs qui s'étaient accrochées sur l'Evangile par les siècles, si vous considérez l'union impure, qui toujours subsiste presque dans tous les pays Chrétiens, entre l'église et l'état, et engage l'égoïsme et l'ambition des hommes sur le côté de l'erreur établie, si vous vous souvenez à quel degré l'esprit d'intolérance avait réglé le libre questionnement, non seulement avant, mais depuis la Réforme, vous verrez que le Christianisme ne peut pas s'être libéré de toutes les inventions humaines, qui le déforme sous la tyrannie Papale. Non. Davantage de champs sont encore pour le feu, davantage de bêtises pour être agitées, davantage de décorations criantes, dont une fausse saveur s'était accrochée autour du Christianisme, doit être balayés au loin, et la nouvelle terre dans la brume, qui l'avait longtemps enveloppée, doit être dissipée, devant ce tissus divin qui montera devant nous dans sa native et terrible majesté, dans ses harmonieuses proportions, dans ses favorables et célestes splendeurs. Cette glorieuse réformation dans l'église, nous espérons, sous les bénédictions de Dieu, du progrès de l'intellect humain, de la morale progressive de la société, du conséquent déclin du préjudice et de la bigoterie, et, bien qu'enfin, de la subversion de l'autorité humaine dans las matières de la religion, de la chute de ses hiérarchies, et autres institutions, par qui les esprits des individus sont oppressés sous le poids du nombre, et une domination Papale est perpétuée pour l'église Protestante. Notre sérieuse prière pour Dieu est, que seront renversées, renversées, et renversées les fortes positions de l'usurpation spirituelle, jusqu'à ce que LUI viendra, et qui justement régnera sur les esprits des hommes, que la conspiration des siècles contre la liberté des Chrétiens puisse être portée à sa fin, que la servile affirmation, si longtemps récoltée des croyances humaines, puisse donner place pour l'honnête et dévouée questionnement dans les Ecritures, et que le Christianisme, ainsi purifié de l'erreur, puisse mettre au devant toute sa puissante énergie, et prouver de lui-même, par son influence élevée sur l'esprit, pour être en effet " la puissance de Dieu pour le salut."




        Channing dans son sermon, comme points principaux, a décrit : "que la Bible est un livre écrit pour les hommes, dans le langage des hommes, et que sa signification devrait être de la même manière que pour celle des autres livres." Il a défendu l'utilisation de la raison dans la religion. " Si la raison est si affreusement assombrie par l'abaissement, que ces plus décisifs jugements sur la religion sont indignes de vérité, alors le Christianisme, et même sa naturelle théologie, devraient être abandonnés, pour l'existence et la véracité de Dieu et la divine origine du Christianisme sont des conclusions de la raison, doivent tenir ou tomber avec elle." Channing a soulevé la conclusion d'une étude raisonnée des Ecritures. Il a demandé, à qui le pourrait, de justifier un Dieu en trois personnes à partir de ces mêmes Ecritures, et plus particulièrement du Nouveau Testament, et justifiait cette doctrine si embrouillante que la Trinité distrait l'esprit de la communion avec Dieu; et qu'en réalité la doctrine de la prédestination "fait des machines des hommes." Tout Le but du Christ, qu'il a prêché, était "pour susciter et renforcer la piété dans le coeur humain."


     Le Roux Didier

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