• Lismaninus Francis

     

     
     


    île de Corfou

    Lismaninus Francis

      

    Lismaninus Francis(Ital. Lismanini,) était un natif de l'île de Corfou. Il fut été appelé de différentes manières telles que, Lisinian, Lismannus et Lismanius par ceux qui ignoraient son nom. Il fut éduqué vers l'Eglise, et devint un Docteur en Théologie, et un moine de l'ordre des Franciscains. Il fut Provincial de cet ordre en Pologne, et appointé Chapelain et Confesseur de Bona Sforza, mère de Sigismond I. Lubieniecius relate, que la Reine prit les sermons d'Ochino de son côté, et que la lecture de ses premiers élevèrent des doutes dans son esprit, quant à la vérité de le religion Catholique. Peu satisfait des sentiments qui dominaient pour les doctrines du Christianisme, il fut en clin à rechercher de l'information où il pouvait en trouver. La Reine, sous l'influence de la cour Espagnol, n'était pas disposée à favoriser des innovations dans le terrain de la religion, mais quand elle avait un sujet favori à accomplir, elle n'avait aucun scrupule quant aux moyens qu'elle employait. Les orthodoxes comme les hérétiques furent identiques à ses yeux, ainsi elle fut en mesure de réussir à promouvoir ses propres sentiments. Il fut observé, que celui qui lui donna le nom de Bona, à son baptême, pratiquait une tricherie envers le monde, un sentiment qui assez bien exprimé, dans le verset épigrammatique qui suit, que Lubieniecius préserva, dans son "Histoire de la Réforme Polonaise." (L. i. C. v.p. 37.)

     

    Qui tibi cunque Bonae, sacris dum tingeria undis, Imposuit nomen, omnibus imposuit.

     

    Lismaninus fut l'un des premiers patrons de la Réforme des doctrines en Pologne, et on dit que la Reine l'assista, en procurant des travaux de l'étranger, favorables à ces doctrines. Une société secrète, qui promut des réformes dans le corps de l'Eglise Catholique, fut établie à Cracovie, et de cette société Lismaninus en devint un membre actif. Elle consista des membres des plus cultivés de cette période, parmi lesquels on pouvait trouver John Tricesius, ou Trzecieski, le plus éminent en grammatologie polonaise, Andrew Tricesius, son fils, également un éminent érudit, et grand linguiste, et Bernard Wojewodka, un cultivé libraire, et Alderman de Cracovie, deux élèves du grand Erasme, André Fricius Modrevius, un élève de Melanchthon, et Secrétaire du Roi, Jacques Prilusius, ou Przyluski, un éminent Laïc, qui tint une fonction sous la couronne, Andrew Drzewicki, Canon de la Cathédrale de Cracovie, et un élève favori d'Erasme, et John Uchanski, Référent de la Couronne, et après Archevêque de Gnezno. Quand les membres se rencontrèrent, Lismaninus exposa différents points de divinité avec la plus large liberté, n'épargnant pas les doctrines préférées de l’Église Romaine. Le vrai caractère de cette société devint connu, Samuel Maciejowski, Évêque de Cracovie, ordonna que le libraire de Lismaninus soit cherché, dans l'attente confidente de trouver quelque chose qui empêche son orthodoxie, mais Lismaninus ayant été informé des intentions de l'Evêque, élimina tous ces travaux à caractère suspicieux, et alors quand la recherche fut faite, rien ne fut découvert pour l'inculper. L’Évêque n'étant toujours pas satisfait, quand Lismaninus fut envoyé à Rome pour féliciter Julius III sur son élévation au siège papal, en 1549, Maciejowski le présenta comme un hérétique de la plus dangereuse sorte. Là aussi, cependant, Lismaninus fut averti de la machination du Pape, fit semblant de les éluder, et retourna en sécurité en Pologne, après que l'objet de sa mission soit accompli. 

    Quand Lélio Socin, après une absence de plusieurs années de son pays natif, fit son premier voyage en Pologne, dans l'année 1551, il acheva la conversion de Lismaninus, et prévit qu'il jette sa robe de moine. 

    La liaison de Lismaninus avec la Reine-mère lui donna de fréquentes opportunités de converser avec le Roi, et leurs discussions tournèrent souvent sur des sujets religieux. A cette période, les travaux de Calvin, particulièrement son "Instituts" et "Commentaires", commencèrent à être lus en Pologne. Sandius nous informe, qu'une copie du dernier, qui avait été donnée par Lismaninus à Georges Schoman, un Ministre de Pinczow, et lequel contenait plusieurs notes manuscrites de Lismaninus, accidentellement tomba entre ses mains. Parmi d'autres remarques, le distique suivant, occasionné par des notes de Calvin sur Actes XX. 28, dans les quelles il appelait Servet "Hispanicus Canis," est digne d'être notifié.

     

    Cur tibli sum, Calvine, canis ? Tuus efficit ardor,

    Ne canis, heu! Dicar, sed misenda einis.

             

    Lismaninus était habitué d'aller vers le Roi chaque mercredi et vendredi, et de lui lire, après le dîner, les "Instituts" de Calvin, et de discuter avec lui sur les divers points de doctrine, dans l'ordre que Calvin les considérait. En ces occasions, il s'exprima avec une parfaite liberté, et leur discussion fut l'une des plus descriptives qui soit sans réserve. La curiosité du Roi étant éveillée, et son attention directe aux évènements qui se produisirent, dans les pays auxquels les principes de la Réforme s'étendirent, il devint anxieux de connaître, quels changements prirent place dans l'état religieux d'Allemagne, et pour d'autres parties de l'Europe. Par conséquent, il fut accordé, dans l'année 1553, que Lismaninus soit équipé d'une quantité de livres sur divers sujets, de la librairie royale, et qu'il devait visiter les hommes pieux et cultivés des autres pays, et collecter toutes les informations au sujet des différentes églises, leurs institutions, rites, et modes de discipline, et faire un rapport complet au le Roi de tout ce qu'il aurait pu entendre et voir au cours de ses voyages. 

    Cloppenburg dit, que, dans le mois de juin 1553, un synode fut tenu à Mordy, en Pologne, dans lequel Lismaninus, se plaignit que son salaire soit retenu, par la noblesse, sur le compte d'avoir été accusé d'Arianisme, et il obtint un certificat le 9 de ce mois, le déchargeant totalement de cette accusation, fort duquel il alla à Zurich. Mais Lubieniecius nous dit, qu'après avoir passé un trimestre à Venise, qu'ensuite il visita Padoue et puis Milan. Au dernier de ces endroits, il tomba sous l'accusation de suspicion d'hérésie, mais, en montrant le rapport royal, il fut autorisé de poursuivre son voyage en Suisse. 

    A Zurich, il vit, avec grand plaisir, dans les premiers temps, que le Repas du Seigneur administrait, était sans aucune parades qui l'accompagnait dans l'Eglise Catholique, et fut introduit par certaines grandes lumières de la Réforme, Rudolph Gualther, Conrad Pellican, Henri Bullinger, Théodore Bibliander, Léo Juda, Conrad Gesner, et autres. Il alla alors à Berne puis à Genève, et y passa pour aller à Lyon et Paris. Mais au lieu de revenir, pour remplir sa promesse, de communiquer au Roi le résultat de ses recherches, il retourna à Genève, et fut induit, par les exhortations insistantes de Calvin, d'abandonner sa fonction de prête catholique, en formant un engagement matrimonial. Le Roi, comme il put alors être suspecté, se retrouva mécontent de sa conduite, et, pour un temps, son intérêt sur les sujets religieux semblait s'arrêter. Mais Lismaninus, désireux de montrer qu'il n'avait pas été totalement à l'inverse de l'objet de sa mission, écrivit un compte de sa mission de ses voyages au Roi, l'informant de ce qui s'était passé depuis son départ, et, deux ans après son mariage, envoya les livres qu'il avait achetés, et transféra certaines lettres, que les plus éminents hommes en Suisse avait adressées à sa Majesté, dont ils lui avaient fait de lui le messager. Le contenu de ses lettres fit bientôt grand bruit à l'étranger, et des copies de certaines d'elles furent passées librement entre les mains des nobles, et ne créèrent pas qu'une petite sensation. 

    En mai 1555, la premier synode des réformés tenu en Pologne, se rassembla à Pinczow, et une lettre fut adressée, aux noms de tous les Ministres et Nobles, pour Lismaninus, qui alors résidait en Suisse, l'invitant à revenir. Budzinius fut le porteur de cette lettre, comme aussi pour bien d'autres, du Roi à Gesner, Calvin et Bullinger. Lismaninus répondit, le 11 novembre, qu'il espérait, avant de quitter la Suisse offrir une autre visite aux églises de Berne, Lausanne et Genève, pour observer la forme des doctrine, discipline et cérémonies, et le mode d'administration du Repas du Seigneur dans chacune d'elles ; et pour consulter et s'informer avec les Pasteurs, dans le but qu'il puisse retourner dans son propre pays, avec les avantages qui découleraient de leurs connaissances et expériences.

    Après longtemps, dans le moi de juin 1558, Lismaninus retourna en Pologne, mais il fut détesté par les catholiques, dont par leur influence de ces derniers un décret d'expulsion fut fourni à son encontre. Il se cacha, pendant sept semaines, à Ivanovitze, dans la maison d'Agnes Dluski, une noble et pieuse matrone. Dans la même période, un intérêt fut mis sur lui avec les Sénateurs du Royaume, et il écrivit à Tarnovius, qui intercéda avec le Roi pour un renversement de la sentence de bannissement. Le Roi ne fut pas disposé à accorder la demande de Tarnovius, et en vérité, le décret fut réalisé sans son consentement, et scellé seulement avec le moindre des sceaux du royaume, qui était alors en possession des catholiques. La cause de Lismaninus fut portée par les individus les plus influents en Pologne, et, après longtemps, une autorisation de rester dans le pays lui fut garantie, à la demande particulière de Bonar, Castellan de Biecz, et Cruciger, Surveillant des églises réformées de Petite Pologne. Mais, à cause de cette apparente distraction de la faveur royale sur les terres de Suisse, il ne fut jamais par la suite honoré de la confidence du Roi. 

    Dans les environs de la période de son retour, une féroce controverse débuta avec rage au sujet de sa présence réelle, et bien que de nombreux mécontentements furent exprimés pour une tolérance envers lui, et pour ses opinions, il poursuivit une corse active et franche, et ne cessa pas de travailler à la diffusion de ce qui maintenant semblait être la vérité Chrétienne. 

    En 1558, Biandrata, dont on dit qu'il entretint les idées de Servet au sujet de la prééminence du Dieu le Père, vint à Pinczow, et trouva ici Gonesius, qui tenait la même idée, et Stancaro, qui niait que le Christ soit le Médiateur, en considération de sa nature divine. Un synode fut convenu, dans le mois de novembre de cette année, l'objet de celui-ci était de poser le reste de ces controverses. A ce synode, Jean Lasco, Lismaninus, Crovicius, Grégorie Pauli, Stanilaüs Sarnciki, Felix Criciger, et d'autres éminents Théologiens et Nobles furent présents. Mais bien que le synode se soit tenu pendant plusieurs jours, et que beaucoup fut dit des deux côtés, aucune conclusion n'apparue, car les deux parties conservèrent leurs opinions qu'elles avaient emmenées avec elles à la discussion. Il est à remarquer, cependant, par Lubieniecius, que ce synode fit un grand pas vers la démolition de la doctrine de la Trinité. 

    Lors d'un synode, tenu le 16 septembre 1561, à Cracovie, Lismaninus fit l'objection, qu'il avait adressée une lettre à Iwan Karminski, au sujet la prééminence du Père. Dans cette lettre, qui fut écrite le 10 septembre, Lismaninus s'opposa à la doctrine de Stancaro, et en fit l'objet pour preuve, par de nombreux témoignages des premiers écrits chrétiens, que le Père est la cause de l'origine du Fils, et plus grand que lui. Lismaninus adressa une seconde lettre à Karniski, datée du 10 décembre 1561, dans laquelle il défendit les mêmes idées. Cette lettre fut insérée dans l'Histoire de la Réforme en Pologne de Lubieniecius (L. ii. C. vi. Pp. 119-126), et contient divers extraits des écrits de Basil, Gregory Nazianzen, Hillaire et Justin Martyr, dans laquelle la prééminence du Père est distinctement admise. Elle fut datée du même jour que se tint le synode à Cracovie. A ce synode la lettre de Lismaninus fut soumise à un rigide examen, et les opinions étaient diverses quant à celle-ci. Mais sur de nombreux esprits qui étaient défavorables aux doctrines reçues elle fit son impression, et cette impression ne fut jamais oubliée. 

    Lubieniecius aussi mentionne (p. 168) "Une Centaine de Témoignages de Ambroise, Jérôme, Augustin et Chrysostom," compilés par Lismaninus, dans le but d'apporter une réconciliation des parties, opposant les uns aux autres, sur le sujet de la Trinité, mais il confessa qu'il ne fut jamais été capable d'obtenir une vue de son travail. 

    En 1563, Lismaninus composa un "Un court Compte de la Trinité, en opposition à Stancaro et certains autres, avec une Lettre apologique qui l'accompagnait, adressée au Roi Sigismond Auguste". Ce travail fut publié en 1565, dont une allusion est faite par Andrew Patricius, dans une lettre au Cardinal Hosius. Cette lettre était datée le 17 août à Grodno, mais l'année qu'elle fut écrite n'est pas mentionnée. Il est certain, cependant, que le tract de Lismaninus fut transféré à Patricuis en manuscrit car ce dernier dit, dans sa lettre pour Hosius, "Francis Lismaninus m'a envoyé un petit livre, contenant sa confession au sujet de la Trinité, et je l'ai envoyé à votre Plus Illustre Seigneurie, qu'elle puisse être vue, s'il doit être reconnu parmi les hérétiques dans cet article, car il avait totalement répudié l'appellation de trithéiste." Lismaninus ne survécut pas longtemps  après la composition de ce travail, car à Köningsberg, où il vivait avec le Duc de Prusse, il fut saisi d'une sorte de crise, à laquelle il avait été sujet dans sa jeunesse, et tomba dans un puits, et se noya, comme le pense Sandius, dans les environs de l'année 1563. Budzinius, qui mentionne cette calamité, dit, qu'il avait fait quelques recherches à ce sujet, et avait entendu dire que la cause de la mort de Lismaninus était la jalousie. Cloppenburg attribue ceci aux circonstances qu'il fut vaincu dans la controverse, ou condamné pour hérésie, et dit qu'il se noya lui-même. Mais la probabilité est que les deux soient de la calomnie.

     

    (Vidend. Sandii B. A. pp. 34, 35. Bayle, Diet. Hist, et Crit. Art. Lismanin. Bock, Hist. Ant. T. I. pp. 436—438; T. II. pp. 522. 528. 594. Lubieniecii Hist. Ref. Pol. L. ii. C. iii. iv. vi. L. iii. C. ii. p. 168. Joh. Stoinii Epitome, etc. pp. 184. 186. Geo. -ScAomanrn'Testamentum ultimae Voluntatis, p. 193. Cloppenb. Theol. Opera, T. II. pp. 325,326. 328, 329. Hoornbeek, Summa Controv. L. vii. p. 566. JCrasinski's Sketch of the Ref. in Poland, Vol. I. Pt. ii. Chap. i. pp. 137—142; Chap. v. pp. 275—280.)

       


     

     Didier Le Roux
     
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