• Ochino Bernadino

     

     
     


    Ochino Bernadino

    Ochino Bernadino

      

    Ochino Bernardino est né à Sienne en 1487. En 1503, il entra jeune dans l’ordre des moines franciscains et obtiendra par la suite le degré de Provincial. 

    Ochino B. fut reconnu comme un brillant orateur italien, certainement le meilleur de son époque pour son éloquence et son ardeur. Il parcouru de long en large l’Italie entre 1534 et 1542.
    Ayant soif de règles plus strictes il rejoignit le nouvel ordre des moines capucins en 1534, et fut vénéré par beaucoup en tant que saint pour son ascétisme et les graves mortifications de la chair et deviendra Vicaire Général en 1538.


    Dans cette période, il s’intéressa à la doctrine de Martin Lutter et de Melanchthon, mais c’est plus tard lors de déplacements à Naples qu’il entra dans le cercle des intimes de Jean de Valdés où il pouvait côtoyer les réformateurs italiens Pietro Bembo, Victoria Colonna, Pietro Martire, Giovanni Bernadino Bonifacio et autres…
    Ces relations attirèrent l’attention sur lui et des soupçons d’hérésie ne tardèrent pas à se préciser pour ses positions apparentées à l’anabaptisme considéré sectaire alors.

    Avec Victoria Colonna, en 1537, il fonda au Ferrara un monastère de clarisses capucins et fit la connaissance d’un autre réformateur le cardinal anglais Reginald Pole.

    En 1539, Pietro Bembo incita Ochino B. à se rendre pour Venise et s’exécutant, il se dépensa dans de nombreux sermons. Il se dégagea une tendance à la doctrine de la justification de la foi qui se confirma dans ses discours qui suivirent à Naples dans cette même année et en 1540. Dans ses Dialogues, qui furent édités à cette période, il ressortait avec encore plus d’évidence ses positions affirmées et son refus de la doctrine catholique.

     Bien que suspecté, Ochino B. conservant une attitude réservée ne fut pas poursuivi par les autorités religieuses dans un premier temps. Mais pendant l’année 1542, il prit résolument la défense de Giulio de la Rovere, un pur prédicateur évangélique arrêté par les autorités, s’adressant au sénateur de Venise pour marquer sa désapprobation, il se retrouva définitivement sous les invectives de l’inquisition et de son instigateur le cardinal Pietro Carafa, futur pape Papa Paolo IV (1555-1559).

     Ochino B. fut interdit de prêcher et reçut, presque immédiatement, une citation à comparaître à Rome et se mit en route pour y obéir aux environs de la mi-août. Selon son propre récit, il fut découragé de se présenter en personne à Rome par les avertissements du Cardinal Contarini qu'il retrouva à Bologne en train de mourir d'un poison administré par ses adversaires du parti réactionnaire.
     

    A Florence, il rencontra Vermigli (Pierre martyr) qui lui fera mûrir la décision de s’exiler en sa compagnie pour la Suisse. Il estima qu'il devait choisir entre Rome ou le Christ, entre le silence ou la mort, et que l’exile était la seule solution alternative. Il se résolu de sauver sa vie pour une utilité future, bien qu’à son age de soixante ans et affaibli par sa vie ascétique. C’est dans la fuite qu’il concrétisa ses pensées "Si je reste en Italie ma bouche est scellée ; si je pars, je peux par mes écritures continuer à travailler pour la vérité avec une certaine perspective de succès".

     Suite à un bref arrêt chez la duchesse Caterina Cibo, à cheval et habillé en laïque après avoir renoncé à ses engagements religieux ou plus trivialement s’étant défroqué, Ochino B. traversa les Alpes en 1542. Il se rendit dans un premier temps à Morbégno (ville de la vallée de valteline), puis à Genève où il fut accueilli cordialement par Calvin qui le plaça à la tête de la communauté des exilés réformateurs italiens.

    La fuite d’Ochino B. ne laissa pas indifférent un grand nombre des ses admirateurs, des puissants, des évêques, des cardinaux et jusqu’à l’empereur CarlosV. A propos de la fuite de Vermigli et d’ Ochino B., Marcantonio Flaminio dans l’automne de cette même année exposa publiquement cette question : "où sont partis les apôtres de l’Italie ?"
    Cette effervescence produisit une accélération de la conversion à la Réforme en dépit de la position du cardinal Pietro Carrafa qui identifiait par comparaison cette fuite à la chute de Lucifer.

    Pendant deux années Ochino B. publia à Genève les premiers volumes de ses sept Dialogues et des tracts revendiquant son changement de religion marquant sa rupture définitive avec l’Église Catholique Romaine. Il décrivait la doctrine de Luther de la justification par la foi seule comme l’ "articulus stantis vel cadentis ecclesiae", le point central dont l'acceptation ou le refus entraînait tout avec lui. Dans cette période il fit la connaissance de l’humaniste et savoyard Sébastien Castellion qui lui fut une aide précieuse pour la traduction de ses livres.

    Ochino B. continua son activité de prédication pour les personnes qui comprenaient l’italien, tout d’abord à Bâle (ou son catéchisme fut publié en 1551), à Zurich, à Genève et à Auguste en Allemagne où il eut des contacts avec Caspar Schwenckfeld (allemand mystique qui avait lu les sept Dialogues), et entretinrent d’intenses échanges épistolaires. En 1545, il devint pasteur de la congrégation protestante italienne d'Augsbourg.

     En 1546, dans un débat public à Regensburg, Ochino B. connut Francesco Stancaro avec qui il partageait le refus des deux natures du Christ. La tonalité de sa prédication influencée par le calvinisme rappelait vaguement la pensée de Gioacchimo da Fiore qui divisait l’histoire de la religion en trois périodes de la loi : la première de la nature avant Moïse, la seconde des écritures testamentaires avant Jésus, le tiers de la grâce et de l’amour, et de Jésus et en avant.

     En 1547, Charles Quint battît les princes luthériens à la bataille de Mühlberg, rompant la trêve avec la ligue de Smalkalde et exigea le retour des protestants au sein de l’Église catholique dans un règlement appelé Intérim d'Augsbourg. La citée d’Augsbourg fut occupée par les forces impériales et Ochino B. fut obligé de l’abandonner et trouva asile en Angleterre près de Londres où sera également invité Vermigli.

    Thomas Cranmer une des principales figures de la réforme anglaise, qui mena l'établissement du protestantisme en Angleterre et premier archevêque protestant de Cantorbéry était à l’origine de la venue d’Ochino B. en ses terres. Dès son arrivée des fonctions lui furent attribuées et une bourse des caisses du roi Edouard VI s’y ajouta. Il y composa une œuvre majeur «la tragédie», en latin, évoquant la proéminence injustifiée et l’usurpation du Pape, supposant son élection par Lucifer et Belzébuth, qui en autres termes une manifestation de l’anti-Christ ayant pour but de ruiner le christianisme. La première église dite étrange (terme semblable dans la signification à l'étranger dans le français, employé par les personnes qui parlent anglais pour les églises protestantes indépendantes établies dans les terres étrangères ou par des étrangers en Angleterre pendant la réforme), d'Angleterre fut l'oeuvre de Ochino B. en 1547. C’est très certainement en Angleterre qu’Ochino B. vécut la période la plus heureuse de sa vie et fera venir sa famille à ses côtés.

    En 1553, Marie Tudor accède au pouvoir (1553-1558), de religion catholique transforme rapidement le réformisme ambiant en une sanglante exécution de près de 280 protestants sans aucune pitié. Pour sa part, Ochino B. fut expulsé d’Angleterre.

    C’est dans la journée 28 octobre 1553 à Genève, juste le jour qui suivit la mort de Michel Servet, condamné comme hérétique par le Grand Conseil de la république de Genève, qu'Ochino B. fut de retour en Suisse. C’est dans une ambiance de contestations relatives à cette condamnation, dont s’impliquèrent les réformateurs italiens Giovanni Valentino Gentile, Matteo Gribaldi Mofa et Celio Secondo Curione, qu’Ochino B. se retrouva propulsé.
    Genève, aux yeux de beaucoup n’était plus la ville de la tolérance, et bon nombre de réformateurs émigrèrent par la suite vers des lieux plus hospices. Ochino B. en 1554, quitta Genève et résida successivement à Chiavenna, Bâle et Zurich en 1555 où il devint pasteur de la congrégation Italienne composée en grande partie des réfugiés de la ville de Locarno pour raisons religieuses.

    Ochino B. pendant toute cette période continua d’écrire des livres, se démarquant de l’orthodoxie, et «le labyrinthe» un de ses plus importants ouvrages qui entretenait une discussion sur le libre arbitre écorchait en passant la doctrine calviniste de la prédestination. Ochino B. publia ses trente Dialogues en italien qui furent traduits et imprimés en latin à Bâle par Sébastien Castellion en 1563.

    Dans ses livres, il s’engage sur les doctrines de la prédestination, de la Trinité, et de la monogamie d'une manière latitudinaire et sceptique, qui donnaient des vues hérétiques plus fortes qu'orthodoxes à ses détracteurs. Mentionnons également l’astuce imaginée par Ochino B., dans un de ses “Dialogues ”, où il feint de défendre le dogme trinitaire contre un adversaire ; mais les arguments qu’il met dans la bouche de cet anti-trinitaire sont bien plus solides que les siens. Le 28ème livre traitant de la polygamie fut l’objet principal des attaques de ses opposants. Le Conseil lui signifia son expulsion de Zurich avec un délai de trois semaines en plein hiver avec ses enfants et ceci à l’âge de 76 ans.

    Il se dirigea à Bâle, après un bref arrêt à Nürnberg, mais les magistrats de cette ville étaient bien plus intolérants que le clergé, et ne lui permettaient pas de rester pendant l'hiver. C’est vers la Pologne, pays le plus tolérant de l’Europe de cette époque, qu’Ochino B. dirigea ses pas. Il lui fut permis de prêcher à ses compatriotes dans la ville de Cracovie. Le cardinal Hosius et le pouvoir papal le dénoncèrent en tant qu'athée, et incitèrent le roi à promulguer un édit par lequel "tous les étrangers non Catholiques sont expulsés de Pologne", (le 6 août. 1564). Fuyant le pays, il rencontra la peste à Pinczoff ; trois de ses quatre enfants furent emportés, et lui même épuisé par la mauvaise fortune mourut dans la solitude et l'obscurité à Schlakau en Moravie, à la fin de 1564.

     

     
     Didier Le Roux
     
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