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Gribaldi Mattieu
Gribaldi Mattieu (Gribadus ; Ital. Matteo Gribaldo,) surnomé Mofa, et parfois appelé Cherianus ou Cheriensis, de Chieri, dans le Piedmont, le lieu de sa naissance, fut un Civil cultivé de Padoue. Il enseigna dans plusieurs écoles et collèges d'Italie et de France, comme Pise, Perugia, Toulouse et Valence. Melanchthon dit, qu'il fut rejeté par le Sénat of Venise, sur le compte d'un penchant pour le protestantisme ; et Pancirollus dit, qu'il fut le collègue de Tornielli, auteur de "Commentaires sur les Pandectes," et étant suspecté d'hérésie, se retrouva sous la nécessité de quitter Padoue. Sur son renoncement au catholicisme il joignit le parti calviniste ; mais ses vues sur la Trinité lui causèrent d'être compté parmi les unitariens, ou nouveaux ariens.
Il fut présent, en 1548, à la mort de Francis Spira, dont il écrivit un compte de cet événement tragique, à la fin de cette année, et Celio Secundo Curione, dans une préface de ce compte, parle de Gribaldi dans les meilleurs termes, comme un civil instruit, et un profond juriste.
En quittant l'Italie, Gribaldi alla en France, et donna des conférences sur le droit civil pour quelque temps à Toulouse. Il fut à Genève en 1553, une année qui est mémorable dans les annales de cette ville, pour le martyre de Servet. À cette occasion, il chercha une entrevue avec Calvin, qui lui fut d'abord refusée, puis accordée, à condition que tout ce qui pourrait être dit soit prononcé en présence des collègues de Calvin, et de trois Anciens. A cette condition Gribaldi consentit, mais la conférence fut soudainement interrompue, pour la raison où elle devait être affectée. Lorsque Gribaldi alla à l'endroit désigné, Calvin refusa de lui tendre la main de la fraternité chrétienne, à moins que d'abord il fallait faire apparaître, que lui et toutes les personnes présents soient d'accord quant à leurs opinions sur la Trinité, et la divinité de Jésus-Christ. Gribaldi, qui n'étant pas préparé à un tel accueil, quitta brusquement la salle. Il fut ensuite assigné à comparaître devant les Magistrats, et requit de rendre compte de sa foi, mais rien ne fut obtenu de lui, par lequel il pouvait s'incriminer. Peu après, cependant, certaines expressions lui échappèrent, à partir desquelles il fut déduit, qu'il était entaché d'hérésie. Étant interrogé par Calvin, il dit, qu'il était contraire aux règles reconnues d'équité, qu'il soit inquiété, parce que sa foi diffère de celle de l’Église de Genève. Cette objection fut rejetée: mais il fut finalement décidé par le Sénat, qu'en tant qu'étranger, il ne devait pas être pressé davantage, Calvin, dans le même temps, entreprit de garder une stricte surveillance sur sa conduite, pendant le reste de son séjour à Genève.
Dans ces circonstances, Gribaldi jugea prudent de prendre son départ, et de regagner Tübingen, où il fut nommé à la chaire de droit civil. Ses conférences amenèrent un plein public, mais son hérésie étant détectée par la vigilance de Jérôme Gerhard, un confrère du civil, qui était employé par le duc de Witemberg comme un espion de sa conduite, il jugea nécessaire à nouveau de fuir pour sa sécurité. Ce fut le 6 juin 1556, l'année suivante, que des procédures judiciares furent intentées contre lui à Tübingen par Jacques Andrea.En l'an 1558, on le retrouve à Fargias, un village aux confins du territoire genevois, dans la préfecture de Gex, où il possédait une propriété, et accorda un asile temporaire à Valentino Gentile. Pour cet acte d'humanité, combiné à d'autres circonstances, il se retrouva engagé dans une suspicion d'hérésie, il fut emprisonné à Berne, mais étant terrifié par la crainte du châtiment, il consentit à souscrire la confession de foi orthodoxe, et ainsi retrouva sa liberté.
En 1559 ou 1560, il donna des conférences à Grenoble, sur des sujets liés à la profession juridique. Mais son séjour fut de courte durée ; car la persécution à cause de ses opinions religieuses l'obligèrent à quitter cet endroit, comme il avait été auparavant chassé de Tübingen.
L'auteur du "Dialogue entre Calvin et Vaticanus" (resp. 8) est censé faire allusion à Gribaldi, en tant qu'un certain juriste, ("quidam Ictus", une abréviation pour Jurisconsulte), qui dit des idées de Servet, que Jésus-Christ, tant considéré son humanité, était le fils naturel et vrai de Dieu, né de Dieu et de la Vierge, - "une telle opinion n'est pas très offensante pour moi, et, qui plus est, je l'ai toujours pensée moi-même, même quand j'étais encore un garçon". Il est dit qu'il tint, que la nature divine fut divisée en trois esprits éternels, qui se distinguent les uns des autres, non seulement en nombre, mais aussi par subordination, de sorte que la divinité du Fils et du Saint Esprit, ainsi avec celle d'autres natures célestes, soit attribuée au Père seulement, qui était non dérivée, et Dieu lui-même, comme la seule source et la tête de la divinité.
Bèze dit, en allusion à certains anti-trinitaires éminents, qui furent les associés et compagnons de travail de Gribaldi, dans la cause qu'il épousa, - "fuit quoque in hac cohorte pene veteranus, Gribaldus Jurisconsultus".
Gribaldi fut l'auteur de nombreux et précieux ouvrages juridiques, dont les titres sont donnés par Sandius et Bayle, mais dont il est inutile de préciser à cet endroit. Sandius se réfère également à un écrit, contenant un aperçu de ses opinions religieuses. Le Révérend S.R. Maitland, dans son "Index des livres en anglais dans la bibliothèque archiépiscopale à Lambeth", mentionne, sous le nom de Matthieu Gribalde, (p. 50), "Une lettre au sujet des terribles jugements de Dieu," & c, qui est sans doute une traduction anglaise du compte Gribaldi de la mort de François Spira.
(Vidend. Sandii B. A. pp. 17, 18. Bayle, Diet. Hist, et Crit. Art. Gbibaud. Bock, Hist. Ant. T. II. pp. 456 — 465. Trechsel, Lelio Sozini und die Antitrinitarier seiner Zeit, 5ter Abschnitt. S. 277—302. Melch. Adam. Vitae Germ. Theolog. p. 183. Vitae Germ. Jureconsult. et Politic, p. 94. Moreri, Diet. Hist. Art. Gkibauld. Moshemii Inst. H. E. Saec. xvi. Sect. iii. P. ii. C. iv. § vi. et Kef. Lubieniecii Hist. Ref. Polon. L. ii. C. v. p. 108. Calvini Epist. N. 238, p. 440. Contra Libellum Calvini, etc. Resp. 8.)
DidierLe Roux
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