• Curione Celio Secondo


    Pasquillus extaticus de Curione

    Curione Celio Secondo

      

    Curione Celio Secondo vit le jour au sein d’une famille noble du Piémontais italien, le 1er mai de l’année 1503. Sont père était Jacomino Trosterio Curione et sa mère Carlotta Montrotier et ils vivaient à Cirié (20 Kms au Nord Ouest de Turin) dans la province de Turin.

    Il fit de remarquables études de lettres et de droit à l’université de Turin et sous l’influence de Giralamo Negri, il entreprit les études des écritures des principaux réformateurs, comme Zwingli, Luther et Melanchthon.

    Accompagné de Giralmo Negri et mis en relation avec ses amis Giacomo Donello et Francisco Guarino (futur pasteur de l’église de Genève), le jeune Celio fut présenté à ce monde en pleine effervescence de la réforme protestante. Il fut très réceptif aux idées avancées par les réformateurs et manifesta à partir de ce moment une intolérance toujours plus croissante pour la religion traditionnelle et se retrouva en conflit permanent par la suite avec les autorités ecclésiastiques.

    Sa jeunesse, sa fougue et ses nouvelles idées ne plurent pas à l’Évêque d’Ivrée, le cardinal Bonifacio Ferrero (décédé en 1543) qui le fit enfermer dans l’abbaye de Fruttuaria à San Benigno Canavese. Toutefois, il réussi à s’en échapper et alla pour un temps se réfugier sous la protection du marquis Gian Georges Paleologo à Casale Monferrato (province d’Alessendria) de 1530 à 1533.
     

    A la mort de son protecteur, Curione C. pérégrina dans les villes septentrionales de l’Italie, jusqu’au moment il fut appelé à venir enseigner la grammaire et la rhétorique à l’université de Pavie de 1536 à 1539 et eut une forte amitié avec Agostino Mainardi qui se convertit au protestantisme.

    Sous le coup d’une enquête de l’inquisition, Curione C. s’enfuit pour Venise, pour éviter une arrestation qui se faisait de plus en plus évidente et fut obligé de poursuivre jusqu'à Ferrare. C’est sous la protection de la duchesse Renata (Renée de France ; 1510-1574), protectrice des réformateurs et se son époux le Duc Ercole II d’Este qui devint plus qu’un simple sympathisant pour la réforme que Celio trouva protection. 

    Curione C. connut Morato fuvio, professeur de littérature classique et précepteur des fils de la duchesse Renata. Moroto F., sympathisant se convertit définitivement à la réforme, ainsi Olimpia sa fille, une poétesse, qui sous l’influence de Curione C. se rallia à son tour en faveur de la réforme.

    Sous recommandation de la noblesse de Ferrare et d’une lettre d’introduction de la part de la duchesse Renata, Curione C. s’établit à Lucca (région de Tuscany) auprès de la famille de Nicolas Arnolfini en 1541. De là, il put se mettre en relation avec les réformateurs locaux et joua un véritable rôle de pédagogue. Les idées humanistes d’Erasme planaient dans l’air et inspiraient les réformateurs comme, Vermigli Martyr, Celso Martinengo, Girolamo Zanchi, Paul Lazise et lui-même qui entreprirent un gros travail de diffusion des idées de la réforme. Dans cette période il fit la connaissance d’Agostino Mainardi (1482-1563) prieur du couvent de Sainte Mustiola à Pavie, avec qui il eut une profonde amitié et qu'il convainquit avec l’aide de Giulio de Rovere de se convertir au protestantisme.

    Une fois de plus la puissante inquisition catholique fut bien présente, poursuivant les réformateurs et n’épargna pas Curione C. et ses amis ; Le 22 mai 1542, un décret fut promulgué par le cardinal Bartolomeo Guidiccioni (1469-1549). Plus particulièrement, il est a relevé une demande d’arrestation concernant Curione C. dans ses termes : « Ce Celio qui est de la maison de Niccolo Arnolfini qui indique avoir travaillé dans le brut sur des travaux de Martino, afin de donner ‘cette belle nourriture’ aux simples femmes de notre ville dont il a fait imprimer ses exploits sortis de son imagination à Venise et à Ferrare, ayant l’intention de répandre ses mauvaises odeurs. »
    Un mois plus tard soit le 29 août, un délibéré semblable au premier, de la part du cardinal Alexandre Farnèse, fils du pape Paul III (1499-1564), demandait au gouverneur de Pise de poursuivre le « mauvais esprit appelé Celio de Turin, lequel sous la profession de maître d’école publique…et dans bien plus d’endroits fait profession du luthéranisme.»

    Persécuté à nouveau, Curione C. accompagné de Camille Renato s’échappa pour Lausanne en Suisse où il enseigna la rhétorique jusqu’en 1546.
    Il est vraisemblable, que c’est à Lausanne en 1543 que Curione C. accomplit sa première édition de son Pasquino « Pasquillus extaticus » (dont la seconde édition en 1546), une féroce satire anticléricale et d’inspiration érasmienne anti-papale qui eut une immense répercussion dans toute l’Italie, faisant de lui définitivement un protestant de renommée.

    En 1546, il fut appelé à enseigner la rhétorique à l’université de Bâle à d’illustres élèves comme le réformateur Basile Amerbach (1533-1591), fils de Boniface Amerbach (professeur de droit romain de 1530 à 1536 de l’université de Bâle.
    Sa notoriété ne cessa de s’accroître dans toutes l’Europe pendant ces 23 années passées à enseigner.

    Curione C, pour un temps fut l’hôte de l’anabaptiste David Joris qui se cachait en exile sous le pseudonyme de Jean de Bruges à Bâle et la ville finit par l’associer à l’anabaptisme. Par ailleurs il connut l’humaniste et anti-trinitaire Borrhaus (Martin Cellarius), un autre humaniste habitant Cagliari, Sigismond Arquer et l’anti-trinitaire Lelio Socin.

    Comme Alciati et d'autres protestants italiens, Curione C. participa au concile des évêques anabaptistes à Venise en 1550 où fut adopté une confession de foi en dix articles, dont le premier stipulait ‘la foi en Jésus homme et non Dieu’. Paolo Vergerio diffusa des nouvelles de ce concile qui irritèrent Curione C., lui reprochant de propager par ses propos des concepts luthériens dans les zones suisses zwingliennes et d’apporter des conflits entre les partisans des deux appartenances.
    En Suisse il eut une forte activité de conseillers religieux (consulté par exemple, bien que tardivement pour le texte du consensus de Tigurinus de 1549 créant l’unité du protestantisme suisse).

    En temps qu’homme de lettres il édita le "Cento e dieci divine considerationii" (cent dix considérations divines) de Juan de Valdés qui eut beaucoup d’influence sur les dissidents italiens et il fut dit de cet espagnol "Il semble que Dieu l'ait envoyé pour être le pasteur et le docteur des personnes nobles et illustres". 

    Dans cette même année il publia "Francisci Spierae" en hommage à Francisco Spiera de Citedella qui après s’être converti au luthéranisme, fut poussé à adjurer en 1548 et mourut dans le plus complet désespoir. Il est à son actif en Suisse la traduction des travaux de la poétesse Olimpia, fille de la duchesse Renata citée ci-dessus. Son principal travail en 1554, "De amplitudine beati regni Dei", un traité dédicacé à l’attention d’Auguste Sigismond II Roi de Pologne, dans lequel il contesta la doctrine calviniste de la prédestination et expose une théorie du salut universel pour montrer que le ciel a plus d'habitants que l'enfer, dans sa propre expression, "que les élus sont plus nombreux que les réprouvés", dans un style emphatique, imaginant un colloque à Pavie entre le jeune et le vieux Augustin Mainardi.

    On vint à définir la doctrine de Curione C. comme fortement individualiste et basé sur la tolérance pour tous les hommes, amplifiée d’une grande miséricorde de Dieu et de son médiateur Christ Jésus pendant sa seconde venue sur la terre, intermédiaire entre la première et celle de la fin du Monde. Dans son titre il fait référence à L’amplitude du règne de Dieu : il serait contre la nature de Dieu pour limiter le nombre de bons hommes. Par conséquence l’évangéliste disait "beaucoup appellent vers toi, mais peu sont élus, aimés du calvinisme, mais évidement refusés", dans le sens littéral de Curione C., lequel inclinait bien plus vers une interprétation historique se rapportant à l’hébreu de la période du Christ.

    Toutefois ses pensées ne reçurent pas bon accueil des autorités de Bâle, surtout en 1547 quand l’habituel Vergerio soutenu par son protecteur le duc Christophe Von Wûrttemberg (1550-1568), dénonça haut et fort les dires de Curione C. Préoccupé par la diffusion de De amplitudine beati regni Dei en Pologne, un examen de ses textes acquitta pour autant le piémontais ainsi qu’une déclaration de foi au sujet de la Trinité, opportunément signée de sa part.


    En 1553, Curione C. recommanda Girolamo Zanchi pour être professeur à l’université de Strasbourg, mais cette année nous rappel la triste exécution de Michel Servet commanditée par Calvin. Comme beaucoup de réformateurs italiens en Suisse, Curione C. protesta vivement au sujet de cette condamnation extrême. Il se sentit concerné par la correction d’un manuscrit au sujet d’une apologie en faveur de Michel Servet que rédigea Matteo Gribaldi Mofa et qui fut citée à diverses époques par Sébastien Castellion dans son "De haereticis an sint persequendi" (le traité des hérétiques), écrit à l’occasion et commandité à distance par Giovanni Bernardino Bonifacio, marquis d’Oria, que Curione C. rencontra personnellement plus tard, en 1557. Dans cette même année, il connut Jacopo Aconcio et Francisco Betti pour qui il écrivit une lettre d’introduction auprès de Bullinger, un protecteur des réformateurs italiens comme Bernadino Ochino, Vermigli Martyr et autres réfugiés de la ville de Lacarno. La présence de Curione C. dans les années de la contre réforme à Bâle fut toujours une référence pour tous les protestants italiens exilés de leur terre natale. Curione C. maintint continuellement une correspondance épistolaire avec Aonio Paleario un réformateur protestant de Toscane.

    La dernière polémique publique, dans laquelle s’impliqua Curione C., fut au sujet d’un jugement rendu post-mortel à l’intention de son ami Joris qu’il avait hébergé généreusement auparavant. Curione C. fut obligé de prendre des distances pour mettre par écrit la position théologique de son ami décédé, afin de sauver au moins les apparences.

    Curione C. décéda le 24 Novembre 1569 à Bâle.

     

     
     DidierLe Roux
     
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