• Servet Michel

     

     
     


    Servet Michel

      

    Servet Michel ,  (Hispanich, Sevedo,) est né en l'an 1509, à Villanueva, une ville d'Aragon, en Espagne. Parfois, il se fit appeler Reves, un mot formé par la transposition du nom de Servedo ou Servet, en omettant la terminaison. Il reçut les rudiments de son éducation dans un monastère de sa province natale, après quoi il se consacra à l'étude de la loi à l'université de Toulouse, qui avait alors une réputation méritée, comme un lieu d'éducation pour ceux qui étaient destinés à la profession juridique. Mais ayant entendu parler de la sortie de la Réforme, il se mit à l'étude des Saintes Ecritures, dans la lecture desquelles il trouva beaucoup de choses en contradiction avec la foi communément reçue. Cette découverte eut un tel effet puissant sur son esprit, qu'il décida d'abandonner le métier auquel ses amis l'avait destiné, et se consacra à la diffusion des vues pures du christianisme.

    Il commença ses travaux dans le sud de la France, mais trouva que ses efforts n'avaient pas atteint le succès qu'il avait prévu, en raison de l'opposition de la prêtrise dans ce pays. Il décida d'aller en Allemagne, où une plus grande liberté d'opinion était autorisée, et où la cause de la Réforme avait déjà fait des progrès considérables. Ayant quitté Toulouse, où il avait résidé trois ans environ, il voyagea, en passant par Lyon, Genève, Bâle, et en Suisse avec l'intention d'aller à Strasbourg à la première occasion. Pendant son séjour à Bâle, il eut plusieurs débats religieux avec Œcolampade, dans lesquels il argumenta contre la doctrine des deux natures en la personne du Christ, niant que Jésus préexista comme le Fils de Dieu, et prétendit que les prophètes Juifs, uniformément, parlaient du Fils de Dieu dans le futur. 

    Une histoire sans intérêt fut propagée par les ennemis de Servet, qu'il visita l'Afrique et tira ses notions religieuses des juifs et des turcs résidant dans ce pays. De cette disposition de la part de ses contemporains, de le ranger parmi les juifs et les mahométans, Servet en fit allusion à plusieurs reprises dans ses écrits. "Certains", dit-il, (Dialog, De Trinitate, L. II. Fol. 57), "sont scandalisés pour mon appel du Christ, le prophète. Parce qu'ils ne lui appliquent pas cette épithète, ils croient que tous ceux qui font ainsi sont condamnables du judaïsme et du mahométisme, indépendamment du fait que les Saintes Écritures et les anciens écrivains l'appellent le prophète". Il fut suggéré que les circonstances de Servet d'être né en Espagne peuvent avoir donné matière à la rumeur qui précède, puisque ce pays, outre qu'il contient de nombreuses personnes de persuasion juive, il se trouve directement en face de la côte d'Afrique, où le mahométisme est la religion dominante. Il semble plus probable que l'accusation du départ pour la perversion des passages provenant des propres écrits de Servet, dans lesquels il fit allusion familièrement aux Talmud et Coran, parlent de la doctrine de la Trinité comme offrant matière à dérision pour les adeptes de Mahomet, et dit que les juifs ridiculisent la folie des chrétiens pour leur croyance en ce dogme, et sont empêchés par de tels blasphèmes de reconnaître Jésus comme le Messie promis dans leur loi. 

    Servet quitta Bâle en 1530 ou 1531, car il constata que les doctrines qu'il enseignait n'étaient pas plus acceptables pour les protestants de cette ville que pour les catholiques dans le Sud de la France. De Bâle, il alla à Strasbourg, où il rechercha un entretien avec Bucer et Capito, qui résidaient alors dans cette ville. Capito, si l'on peut en juger par le silence des écrivains qui firent allusion à cet entretien, ne vit que peu ou rien à blâmer dans les opinions de Servet, mais Bucer semble, d'après un passage dans une des lettres de Calvin, avoir été complètement frappé d'horreur quand il les entendit, et déclara publiquement, que l'homme qui peut tenir de tels avis mérite d'avoir ses entrailles arrachés et d'être déchiré membre par membre. Le séjour de Servet à Strasbourg fut court. Comme ses occupations habituelles étaient entièrement de nature littéraire, et qu'il n'avait aucune connaissance de la langue allemande, il fut incapable de se procurer un moyen de subsistance dans cette ville, la quitta dès que possible et revint à Lyon. 

    Avant cette époque, il fut un peu surveillé dans la diffusion de ses opinions, car il déclara à plusieurs reprises, dans ses lettres de supplication au sénat de Genève, que ses discussions religieuses en Allemagne étaient entièrement faites avec Gicolampadius, Bucer et Capito. Si, toutefois, nous voulons donner du crédit à Zeltner, Spanheim et Bèze, il fut activement employé à diffuser ses sentiments en France, dès les années 1523. Mais à cette époque il était un garçon de quatorze ans, et c'est à peine croyable qu'il avait dû commencer la fonction de réformateur si tôt à cette période de sa vie. Bullinger fixe le moment de sa première apparition, comme un adversaire déclaré de la doctrine de la Trinité, cinq ans plus tard: mais il semble qu'il soit tombé dans une erreur, pour le travail de Servet "De Trinitatis Erroribus" qui ne fut pas publié avant 1531, avant laquelle période, tout ce qu'il avança sur le sujet était, d'une manière ou d'une autre, à partir de conversations privées, ou par correspondance avec des hommes de lettres. Quand il était sur le point de quitter Bâle, il remit le travail mentionné ci-dessus dans les mains de Conrad Rouss, un imprimeur, avec l'idée de sa publication: mais Rouss, n'étant pas en mesure d'échapper à la vigilance du clergé suisse, envoya le manuscrit à Haguenau en Alsace, où il fut imprimé sous la surveillance immédiate de son auteur, qui partit de Strasbourg à cette fin. Il trouva une vente facile, et fut lu et approuvé par de nombreuses personnes, en particulier en Allemagne. La majorité des chrétiens, cependant, comme on pouvait le prévoir, se rejoignirent pour le condamner. Les leaders parmi le parti réformé en Suisse craignirent que son apparition puisse porter préjudice à la cause de Luther et de ses associés, dans les yeux du monde chrétien. Œcolampade, dans une lettre adressée à Bucer et écrite le 5 août 1531, déclare: "J'ai vu nos amis bernois, cette semaine, qui désirent se rappeler à vous et à Capito. Le traité "De Trinitatis Erroribus", qui a été vu seulement par certains d'entre eux, donna une très grande offense. Je souhaite que vous écriviez, et Luther dit, que le livre soit imprimé en dehors de ce pays, et qu'il reste inconnu de nous. Car, de dire  pour le moins, c'est une chose insolente d'accuser les luthériens d'ignorance sur le sujet de la Justification.

    Mais ce photinien, ou tout autre nom que nous pouvons l'appeler, s'imagine que personne ne sait rien, sauf lui-même. S'il n'est pas désavoué par les théologiens de notre église, nous irons vers une très mauvaise réputation. Je vous en supplie surtout d'être vigilant, et si vous ne le faites nulle part ailleurs, au moins de donner nos excuses pour nos Églises dans votre réfutation adressée à l'Empereur, que cette bête ait pu se glisser parmi nous. Il pervertit tout pour satisfaire son propre dessein, simplement pour éviter la confession, que le Fils est coéternel et consubstantiel au Père, et c'est lui qui entreprit de prouver que le l'homme Christ est le Fils de Dieu". Le livre de Servet fut supprimé, en 1532, à Ratisbonne, et Œcolampade, en conformité avec les souhaits des Magistrats de Bâle, le dénonça publiquement comme étant un travail pernicieux, lors d'un discours prononcé en présence du sénat. Il écrivit également deux lettres à Servet lui-même, dans lesquelles il répondit aux arguments contenus dans son livre, et l'exhorta à renoncer à ses prétendues erreurs. Servet commença alors à soupçonner que l'esprit des hommes n'étaient pas encore préparés à une divulgation complète de la vérité  et afin de dissiper le ferment qu'il avait excité publia, à Haguenau, en 1532, "Deux Dialogues sur la Trinité", dans lesquels il s'efforça d'adoucir quelques-unes des expressions qu'il avait utilisées dans son premier travail. Au début de ces dialogues, dit-il, "Je me rétracte de tout ce que j'ai écrit dernièrement contre la doctrine reçue de la Trinité, non pas parce qu'elle est fausse, mais parce qu'elle est imparfaite, et composée par un enfant pour l'usage d'enfants. Que mon premier livre soit allé dans un monde si barbare, confus et incorrect, doit être attribué à mon inexpérience, et à l'insouciance de mon imprimeur". Mais les tentatives de Servet pour rectifier les erreurs, améliorer le style, et élucider les arguments de sa première publication, tendaient uniquement à exaspérer et à enflammer les esprits de ses adversaires ; et les passages qui ne sont pas rares dans les écrits théologiques de ses contemporains, pour lesquels ils pestèrent avec beaucoup d'amertume contre lui et ses doctrines. Les protestants de cette époque semblaient être saisis d'une pieuse horreur, à l'idée de soumettre la doctrine de la Trinité à l'épreuve de l'argumentation, et pour Servet qui avait non seulement fait cela, mais qui le fit avec un esprit audacieux et intransigeant, ils ramenèrent sur lui tout le poids de leur vengeance Ils craignirent que l'agitation de cette question soit préjudiciable à la cause de la Réforme dans les yeux de leurs frères catholiques et travaillèrent, de toutes leurs forces, pour faire taire ceux qui avaient eu la témérité de transgresser les limites prescrites de l'orthodoxie trinitaire. Mais les plus perspicaces d'entre eux prévirent, qu'en dépit de tous les efforts qui avaient été faits pour mettre à bas Servet, que la grande controverse qu'il avait fait naître, un jour ou l'autre embrouillerait le monde chrétien dans des conflits, dont il était impossible de prédire l'issue. Melanchthon, écrivant à Camerarius sur ce sujet, le 25 février 1533, s'exprima dans les termes suivants. "Vous me demandez mon avis sur Servet. Je le trouve assez pointu et rusé dans l'argumentation, mais je ne peux pas lui donner l'éloge de la solidité. Il me semble qu'il travail dans une confusion d'idées, et ne possède pas de notions très claires de la question sur laquelle il traite. Sur la question de la justification, avec évidence il s'aventura au delà de sa profondeur. En ce qui concerne la Trinité, vous savez que j'ai toujours eu une appréhension que ces choses tôt ou tard éclatent. Bon Dieu! Quelles tragédies cette question excitera parmi la postérité, si le Logos est une hypostase, et si le Saint-Esprit est une hypostase ? Je me satisfaits avec ces paroles des Saintes Écritures, qui nous commandent d'invoquer le Christ, qui est de lui attribuer l'honneur de la divinité, et qui sont pleines de consolation".

    Servet resta à Lyon entre deux et trois ans, et semble avoir pourvu à sa vie en tant que correcteur de presse. De Lyon il alla à Paris, où il prit la profession de Médecin, et pour laquelle il se consacra avec une telle assiduité, sous la direction de Silvius, Fernel et d'autres éminents professeurs, qu'il lui fut permis très vite de prendre son doctorat. C'est pendant son séjour à Paris, qu'il commença à être connu personnellement de Calvin, avec qu'il eut hâte de tenir un débat religieux: mais son désir fut probablement annulé par le conseil de ses amis et la discussion n'eut jamais lieu. Ce fut en l'an 1534. Il semble, cependant, qu'il retourna à Lyon l'année suivante, où il fut employé à superviser la publication d'une édition de la "Géographie de Ptolémée". Dans la préface de cet ouvrage, il dit qu'il visita l'Italie et se familiarisa avec la langue italienne. Ce voyage en Italie fut totalement négligé par beaucoup de ses biographes, et n'est même pas mentionné par De la Roche, dont son récit sur lui est dans l'ensemble élaboré avec une grande précision. Servet lui-même fit allusion à celui-ci, non seulement dans la préface de son édition de Ptolémée, comme cela a déjà été observé, et dans sa "Restitution du Christianisme", où il dit qu'il "vit de ses propres yeux, dans les rues de Rome, le Pape se tenant aux cou des Princes, et recevant l'hommage de tous les gens sur leurs genoux à terre". Selon Calvin, ce voyage en Italie eut lieu dans l'année du décès de Servet. Mais c'est évidemment une erreur. Il doit y être allé dès l'année 1535. L'opinion la plus probable est que cela se produisit dans ​​le début de 1530, quand, dans la robe d'un Moine dominicain, on dit qu'il fut témoin du sacre de Charles V

    En 1537, il donna au monde son premier traité médical, intitulé "Ratio Syruporum", sous le nom de Michael Villanovanus. De ce traité Anthony Van der Linden, l'auteur d'un ouvrage "De Medicis Scriptis", en parle dans les meilleurs termes, congratulant son auteur "Galeni interpres doctissimus, et Medicus excellentissimus". 

    A cette époque, aucune notification ne fut prise, par Luther, sur les écrits de Servet contre la doctrine de la Trinité. Même quand il professa d'avoir traité sur ce sujet, il maintint le silence le plus profond sur Servet: pas plus qu'il ne fit la plus distante allusion sur lui dans son commentaire sur  l’Évangile de Jean, où il n'épargna pas les hérésies ni les hérétiques. A la longue cependant, il fit mention de lui dans les années 1539, et le classa, avec Campanus, parmi les ennemis de l'Evangile. Différentes raisons furent attribuées pour le silence de Luther sur ce sujet, qui semble au moins appeler une certaine notification sans conséquence. Son propre esprit, il fut supposé, était encore vacillant. Son silence fut également attribué à un sentiment de mépris pour Servet. Mais la solution la plus naturelle pour la difficulté semble être que Luther fut empêché de s'aventurer dans un sujet aussi délicat, par les conseils de son ami Melanchthon, de peur qu'il soit un moyen de hâter cette grande controverse, ce que ce dernier redoutait tant rencontrer, et dont il s'attendait qu'elle puisse être l'occasion de nombreuses persécutions et massacres. La mort, cependant, était jetée. Les écrits controversés de Servet étaient déjà diffusés un peu partout, et la prudence qui avait dicté le silence auparavant, semblait maintenant appeler une active interférence.

    La même année qui vit l'attaque de Luther sur Campanus et Servet, produisit une attaque similaire sous la plume de Melanchthon, qui écrivit au sénat de Venise une lettre de plainte au sujet du travail "De Trinitatis Erroribus" de Servet largement diffusé dans cette partie de l'Italie, et dans laquelle il le dénonçait comme le livre le plus hérétique et dangereux. De l'étude de ce livre, il n'est pas improbable que Lélio Socin, le père des unitaires italiens, reçut ses premières impressions sur le caractère erroné de la doctrine de la Trinité. De ceci, cependant, nous aurons probablement l'occasion d'en dire plus par la suite.

    Dans l'année 1540, Servet pratiqua comme Médecin à Charlieu, une ville dans le sud de la France, et deux ou trois ans plus tard on le retrouve à Vienne, surveillant la publication d'une édition en folios de la Bible Pagnini. Cette Bible fut imprimée par Hugues de la Porte à Lyon, et porte le titre suivant, "Biblia Sacra ex Sanctis Pagnini Translatione, sed ad Hebraicae Linguae ainussim ita recognita, et Scholiis illustrata, ut plane nova Editio videri possit". Servet écrivit une préface pour elle et y ajouta quelques notes. Calvin dit qu'elles sont des notes impertinentes et impies, et il dit aussi que Servet obtint la somme de cinq cents livres pour les écrire. Servet supposa, comme il ressort de la préface, que toutes les prophéties de l'Ancien Testament, qui sont généralement considérées pour se rapporter au Christ, s'accomplirent littéralement sur une autre personne, et lui furent appliquées uniquement dans un sens figuré ou spirituel. Ses notes sont principalement trouvées dans les Psaumes et les livres des Prophètes, mais elles existent aussi un peu dans les livres historiques. Ces dernières donnent généralement une explication plus claire des mots en hébreu, et parfois, quoique très rarement, contiennent des remarques historiques. Ce n'est pas jusqu'au moment où il arrivait aux Psaumes, qu'il commença à développer ses idées sur les passages, généralement qui s'appliquent à Jésus-Christ. Le deuxième psaume, il dit, traite de la libération de David de ses ennemis. ("Ad diem Resurrectionis Christi vocem 'hodie' [v. 7] refert Paulus, sicut in die qua evasit ab hoste, dicitur David hodie natus, et hodie denuo factus Rex"). Il explique le vingt-deuxième pour la fuite de David sur les rochers et précipices, qui lacéraient ses mains et ses pieds. ("Fugiente Davide per abrupta instar quadrupedis, manus ejus et pedes perforabantur. Unde et Hebraei legunt 'quasi Leonis manus meae et pedes mei.'" Ps. xxii. 16).  La prophétie d'Isaïe VII. verset 14, il l'applique à la naissance d'Ezéchias. ("Ostendit ad literam ipsam Abiam praesentem et parituram Ezechiam"). Il fait aussi une application similaire du mot "Emmanuel", dans Isaïe VIII. 10. ("Quia nobiscum Dens.—Quia 'Immanuel,' id est quia Deus est cum Ezechia contra Assyrios"). 

    Ces notes donnèrent une grande offense, à la fois aux protestants et les catholiques, et l'édition se retrouva condamnée dans l'index expurgatoire de Quiroga et Sottomaior. Pourtant, les protestants et les catholiques de grande éminence adoptèrent le même principe d'interprétation. Grotius soutint que les prédictions d'Isaïe sont liées, dans leur sens littéral et primaire, à l'époque et aux circonstances du peuple Juif, mais qu'elles concernaient le Messie dans un sens secondaire et allégorique. Simon préconisa la même opinion. Mais le Père Baltus, jésuite, dénonça cela pour être un mode de présentation socinien des prophéties. Nous sommes néanmoins redevable au Dr George Benson, un savant écrivain unitarien du siècle dernier, pour l'un des plus habiles traités jamais publiés sur l'autre côté de la question. (Un essai sur l'unité de sens ; pour montrer qu'aucun texte de l'Écriture n'a plus d'un seul sens.- Cet essai  précéda la paraphrase du Dr Benson sur les épîtres de Paul, et  ensuite reproduit dans le 4ème volume du traité théologique de Watson, pp 481-513). Après avoir répondu à tous les arguments allégués en faveur d'un double sens, le Dr B. arrive à la conclusion, "qu'aucun texte de l'Écriture n'a plus d'un sens" et, ce qui est peut-être encore plus remarquable, le Dr J. Pye Smith, la plus haute autorité parmi les calvinistes anglais de nos jours, adopte le même principe d'interprétation, dont Calvin lui-même présuma être l'une des plus grandes aggravations de l'offense de Servet envers l'orthodoxie. (Le témoignage des Écritures pour le Messie, & c, par Jean Pye Smith, DD, 2ème Ed. Paris, 1829, Vol I. Livre II CH IV section XIX.; Volume II du livre III Chap I. p. 23, 24).

    "Il est bien connu", explique Allwoerden, "que Calvin, dans ses accusations contre Servet, incluait son édition de la Bible Pagnini, et en particulier son annotation sur Isaïe LIII." (Hist. Mich Serveti, p. 167.) Ce qui suit est le passage auquel une allusion est faite ici. "Quis credidit auditui nostro, &c. Incredibilis res de Cyro, et magnum etiam mysterium, quod sub humilibus Historiae typis lateant Christi arcana sublimia. Ibidem. Vulneratm est propter prarvaricationes nostras. Quasi exigentibus populi peccatis interfectum Cyrum deflet Propheta, eo quod postea sub Cambyse multo deterius habuerint, impedita tunc et diruta Templi sedificatione jam inchoata, Daniel ix. Fuitque haec a Deo data occasio praedicandi passionem Christi, cui soli convenit horum verborum sublimitas et Veritas". 

    Peu de temps après Servet commença à pratiquer en tant que Médecin, il rencontra son ancien ami et élève, Pierre Palmier, Archevêque de Vienne, qui l'encouragea fortement à s'installer à cet endroit, et lui offrit un appartement dans sa propre maison. Cette proposition, Servet se sentit obligé de l'accepter, et ici, il continua à vivre, dans les bonnes pratiques et aux conditions les plus amicales avec son patron, jusqu'à ce que son repos soit interrompu par les machinations de son ennemi juré. Ce ne fut qu'au bout d'une période de treize ans, passée dans la plus grande harmonie en société, et sous le toit d'un prélat catholique, que Calvin put mûrir le plan qu'il avait formé pour la destruction de Servet. "Calvin", explique Daniel Chamier, du Dauphiné, "non seulement professait une croyance en la doctrine de la Trinité et la défendait avec la plus grande constance, tandis que les papistes étaient endormis, avec lesquels, aussi longtemps que Servet vécut, il vivait en sécurité: mais aussi longtemps que Calvin sentit la force de la vérité, et quand il vint à Genève, il fut visité avec une sévérité sainte par les Magistrats de cette ville pieuse". Calvin entretint une longue correspondance avec lui, et s'efforça, comme il le dit dans son "Expositio Fidelis", pendant l'espace de seize ans, de lui réclamer ses erreurs, et Servet consulta Calvin sur plusieurs points, et lui envoya les trois questions suivantes, pour lesquelles il demanda de nombreuses réponses distinctes. "I. An homo Jesus crucifixus sit Filius Dei; et quae sit hujus filiationis ratio? II. An Regnum Christi sit in hominibus; quando quis ingrediatur, et quando regeneretur? III. An Baptismus Christi debeat in fide fieri, sicut Coena; et quorsum hac instituta sint fcedere novo?" A ces questions Calvin répondit, comme il lui fut demandé de faire, mais Servet ne fut pas satisfait de ses réponses, et dans une lettre subséquente signifia les raisons de son désaccord avec lui de ce qu'il pensait. Ceci excita un mécontentement sévère de Calvin, qui n'était pas habitué à avoir sa dicta contestée. En conséquence, il écrivit, comme il l'admet, une réponse sous la colère à Servet, et Servet se défendit avec un esprit et une manière quelque peu immodérés. A partir de ce moment, Calvin, commença à avoir une aversion pour lui, et du côté de Servet, ce dernier s'exhala souvent en imprécations amères. Mais Calvin, dont la douceur, parmi les bonnes qualités chrétiennes, n'était pas visible, remboursa les abus de Servet avec intérêt.

    Bolsec nous informe qu'aussi loin que sept ans avant la mort de Servet, Calvin déclara dans une lettre à Pierre Viret, que si jamais il venait à Genève, il ne lui serait pas permis d'en repartir vivant, et Varillas affirme, qu'il existe à Paris une lettre originale de Calvin à Farel, écrite en 1546, qui n'a jamais été imprimée, et que ces mots se trouvent en elle. "Servet, ces derniers temps m'a écrit et envoyé en même temps un grand livre, truffé de chimères et plein d'arrogance. Il dit que je trouverai en lui des choses admirables, et telles qu'elles sont restées jusque-là inconnues. Il offre de venir ici, si je les apprécie: mais je n'engagerai pas ma parole, car s'il vient, et qu'il n'a aucun égard pour mon autorité, je ne lui permettrait pas d'échapper pour sa vie".

    Grotius fit allusion à cette lettre, comme étant à Paris, en écriture dans la main de Calvin. ("Extat ipsius Lutetias manus"). La raison pour laquelle il écrivit fut la détermination de Servet à publier un troisième ouvrage contre la Trinité. En l'an 1546, il envoya à Calvin une copie manuscrite de ce travail, lui demandant de donner son opinion quant à ses mérites. Il fut supposé que ce manuscrit contenait le projet initial de la "Restitution du Christianisme". Mais Calvin était tellement irrité de la liberté que Servet avait prise dans certaines de ses remarques, et qu'ensuite il   apostropha contre lui avec la plus grande amertume, et  en vint, comme nous l'avons vu ci-dessus, à comploter sa destruction avec une volonté délibérée.

    Cette détermination ne pouvait pas être mise en pratique immédiatement, pas plus que peut-être Calvin était en mesure de la mettre à exécution, lequel n'avait pas Servet sous la main, pour son zèle pour la vérité et son indignation contre les erreurs, et qui s'aventurait à publier la "Restitution du Christianisme". Son but avoué dans la composition de ce livre était de ramener le monde chrétien à ce qu'il croyait être la norme première de la foi, et c'est pour cette raison qu'il est intitulé la "Restauration du Christianisme". Il se compose de sept parties. Les première et dernière d'entre elles sont particulièrement consacrées à la doctrine de la Trinité, et la cinquième contient une série de trente lettres adressées à Calvin sur des sujets doctrinaux. Aucun nom d'un auteur n'est donné dans la page du titre, mais M. S. V., les premières lettres de Michel Servet Villanovanus, sont placées, avec la date, [1553], à la fin des travaux. Il n'était pas encore publié, que les efforts les plus énergiques furent faits, tant par les catholiques que les protestants, pour le supprimer  avec pour résultat, que pas plus de deux copies sont connues maintenant. Un fac-similé de celui-ci fut publié en 1791, mais des copies sont presque aussi rares à rencontrer que l'original. 

    Il y avait dans la "Restitution du Christianisme" la promulgation de Servet sur sa découverte de la circulation du sang. Cette découverte, il la déploie magnifiquement dans un passage, qui est trop long pour être transféré à la présente esquisse biographique, et à partir de laquelle, par conséquent, le raccourci suivant et les extraits nécessairement imparfaits sont pris. "Cor est primum vivens, fons caloris, in medio corpore. Ab hepate sumit liquorem vitse, quasi materiam et eum vice versa vivificat." "Vitalis spiritus in sinistro cordis ventriculo suam originem habet, juvantibus maxime pulmonibus ad ipsius generationem." "Ille itaque spiritus vitalis a sinistro cordis ventriculo, in arterias totius corporis deinde transfunditur". 

    Calvin, qui était toujours à l'affût de quelque chose qui pourrait incriminer Servet, dit bientôt, que ce travail fut écrit par lui, et utilisa l'assistance d'un Guillaume de Trie, originaire de Lyon, lequel, à cette époque, résidait à Genève, qui fut la raison que Servet soit appréhendé et jeté en prison, sous l'accusation d'hérésie. Certains des amis et disciples de Calvin tentèrent de le libérer de cette imputation odieuse, et l'a lui-même représenté comme une calomnie: mais le fait que Servet fut emprisonné sous l'instigation de Calvin seulement est trop bien établi pour admettre des différends. Des preuves abondantes de cela peuvent être trouvées dans les comptes De la Roche, Allwoerden, Mosheim, Bock et Trechsel. 

    Servet adopta le nom de Villanovanus au moins vingt ans avant la publication de sa "Restitution du Christianisme", et il n'était guère connu que Villanovanus et Servet étaient la même personne, jusqu'à ce que Calvin, avec un caractère malin et étudié, écrivit à ses amis pour les informer, que "Servet est tapi en France sous un faux nom". Afin de prouver cette identité, Guillaume de Trie reçut de Calvin certaines des lettres originales de Servet, qui furent transmises à Vienne, et les preuves fournies par elles étant concluantes, Servet fut appréhendé et incarcéré sans délai. Mais ayant si longtemps, et avec une bonne réputation exercé sa profession de Médecin dans cette ville, M. De la Cour, le vice Huissier et Juge du Dauphiné, donna des ordres à son geôlier de le traiter avec bonté, et de permettre à tous ses amis qui désiraient le rencontrer d'avoir accès auprès de lui. Après avoir subi trois examens distincts, dont dans le dernier il reconnut lui-même être l'auteur des lettres à Calvin, il se rendit compte que sa vie était en danger, et trouva une bonne occasion de faire son évasion. Son intention était maintenant de s'installer comme Médecin à Naples, où son compatriote, le seigneur Jean Valdés, avait déjà semé les graines de la Réforme. Mais il fut induit, par une fatalité étrange, d'aller par chemin à Genève. Calvin, qui avait entendu parler de son évasion de Vienne et de la probabilité de son passage à Genève sur son chemin pour l'Italie, le guettait et fit en sorte qu'il soit appréhendé peu après son arrivée. 

    Il entra à Genève à pied, après avoir marché à partir d'un endroit appelé Le Luyset, où il avait passé la nuit précédente, et sans doute pensa que de faire le chemin à pied attirerait moins l'attention, qu'une personne voyageant à cheval ou en calèche. Il prit sa demeure pour la journée à l'auberge de Rose, et qu'il est censé avoir loué un bateau le lendemain, pour voyager vers Zurich. Mais Calvin ayant appris qu'il était dans la ville, le chef du syndic prit connaissance de ce fait, et fit qu'il soit appréhendé et incarcéré. Le jour du mois où ceci se passa reste incertain, mais un rapport obtenu à l'étranger, dit que c'était ​​le jour du Seigneur, et que Servet fut appréhendé à l'église, pendant le temps du sermon. Il semble, cependant, à partir de son propre aveu, qu'il ne quitta pas son auberge, de peur d'être reconnu. 

    Les lois de Genève interdisent que quiconque soit emprisonné, à moins que son accusateur le soit avec lui. Calvin, par conséquent, décida que Nicolas de la Fontaine, un natif de l'Ile de France, le remplace. La relation que cet homme entretenait avec Calvin n'a jamais été clairement établie. Certains dirent qu'il était cuisinier dans la famille d'un gentilhomme. D'autres sont d'avis qu'il était le cuisinier de Calvin. De la Roche dit qu'il réunissait, en sa propre personne, les deux personnages, d'un étudiant et d'un domestique. Mais quelle fut la relation précise qu'il entretenait avec Calvin, il est évident, d'après une supplique que Servet présenta aux Magistrats de Genève, que Calvin était, en quelque sorte, son maître

    Cet homme, le 14 août 1553, porta une accusation formelle contre Servet, ne comprenant pas moins de trente-huit chefs d'accusation distincts, et dont pour chacun il exhorta que le Sénat demande une réponse distincte. Le 37ème dit, que Servet, dans un livre imprimé, avait diffamé la doctrine prêchée par Calvin, et l'avait décriée et calomniée par tous les moyens possibles, contrairement à un décret, adopté le 9 Novembre de l'année précédente, qui avait prononcé cette doctrine sacrée et inviolable. Lorsque Servet avait brièvement répondu aux accusations exposées contre lui, son accusateur produisit une copie de la "Restitution du Christianisme", et même le travail en manuscrit, qu'avait envoyé Servet à Calvin, environ six ans auparavant, et pour lequel une allusion a déjà été faite. De ces deux Servet reconnut en être l'auteur. Ce même homme, alors, déposa devant le sénat les copies de la "Géographie de Ptolémée" et de "la Bible Pagnini", qui avaient été éditées par Servet, et exigea, s'il était bien l'auteur des notes contenues dans ces deux œuvres: ce à quoi Servet répondit par l'affirmatif. L'accusateur et l'accusé furent ensuite renvoyés à la prison, mais le premier fut libéré le quatrième jour, le propre frère de Calvin donnant une caution pour sa comparution, chaque fois qu'il serait appelé par les autorités compétentes. 

    Le 15 août, (qui était le deuxième jour de l'examen préliminaire), Servet fut à nouveau conduit à la barre, et encore répondit aux demandes de renseignements de son accusateur, répondant à certaines par l'affirmatif et à d'autres par le négatif, comme le jour précédent. 

    Le troisième jour, (16 août) La Fontaine entra au tribunal, accompagné de M. Germain Colladon, et des passages furent produits à partir des écrits de Servet, en confirmation des accusations qui lui étaient reprochées. Mais quand ils virent les onze premiers articles, le tribunal ajourna au lendemain. Dans le même temps La Fontaine présenta une pétition aux Juges, dans laquelle il exhorta de demander à Servet une réponse distincte et catégorique pour chaque article de façon séparée, et  demanda, si, après examen, ils étaient satisfaits de sa culpabilité, et pensaient qu'il soit convenable de le poursuivre par leur Procureur, qu'ils puissent faire une déclaration à cet effet.

    Le lendemain, (17 août) La Fontaine et Colladon firent référence à deux lettres de Œcolampade et à deux passages dans les écrits de Melanchthon, dans le but de prouver que Servet avait été condamné en Allemagne, à quoi il répondit qu'Œcolampade et Melanchthon avaient en effet écrit contre lui, mais qu'aucune condamnation définitive n'avait été prononcée. Pour le troisième article, un passage fut produit à partir de la préface de la "Géographie de Ptolémée" de Servet, contenant une calomnie présumée contre Moïse, selon la fertilité de la Palestine, et d'autres passages de ses Notes sur Isaïe VII, VIII, et LIII. Pour le sixième article, des passages furent cités de la "Restitution du Christianisme" (fol. 22 à 36,) dans lequel il appelle la Trinité un Cerbère, un rêve de Saint Augustin, une invention du Diable et des croyants dans le Trithéisme. Le même jour, ses accusateurs rapportèrent plusieurs passages de ses livres imprimés et manuscrits, contenant des expressions présumées hérétiques, et pour le trente-septième article, ils produisirent une lettre manuscrite de Servet à M. Abel Pépin, un Ministre de Genève, écrite plus de six ans avant son arrestation, et une copie des "Institutions" Calvin, dont la marge de celle-ci était couverte des notes de la main propre de Servet. Pour de tels articles, il apparut pour lui d'exiger une demande spéciale, il répondit, et le même jour il admit que son imprimeur avait envoyé plusieurs copies de la "Restitution du Christianisme" de Francfort.

    Le 21 août, ses accusateurs produisirent en justice une lettre de Balthasar Arnollet, l'imprimeur de la "Restitution du Christianisme". Cette lettre fut écrite le 14  Juillet précédent et adressée à Jacques Bertet de Châtillon. L'auteur informe son ami, que Guéroult, qui avait corrigé l'édition, quand les travaux ci-dessus furent imprimés, lui cacha les erreurs qu'elle contenait, et même exprima le souhait de la traduire en français. Arnollet demanda à Bertet d'aller à Francfort, d'arrêter la vente des exemplaires qui se trouvaient là, et les amener pour être détruits. Quand cette lettre fut lue, Calvin entra dans la cour, en présence de tous les Ministres de Genève, et après une longue discussion avec Servet, sur les opinions des Pères, lui et ses frères Ministres se retirèrent. Calvin apporta avec lui des copies des écrits de Tertullien et Irénée, et les épîtres de Ignace, dont l'usage, après qu'il quitta le tribunal, fut autorisé à Servet. Il fut également fourni à l'accusé une plume, de l'encre et du papier, qu'il puisse rédiger une requête, qu'il présenta à ses juges le lendemain.

    Le 23 août, Servet fut amené à la barre, et interrogé par le Procureur Général, qui exposa une trentaine de nouveau articles à son encontre, principalement sur son histoire personnelle. 

    Le 28 du même mois, le lieutenant apporta trente-huit articles, pour lesquels il désirait que le détenu soit entendu. Ces articles furent joins à un long préambule du Procureur Général, dont le motif était de montrer, que Servet devait être mis à mort.

    Le dernier jour du mois d'août, le syndic et le conseil de Genève ont reçu une lettre du vice Huissier et du Procureur du Roi à Vienne, en date du 26 de ce même mois, les remerciant de leur vigilance pour l'arrestation de Servet et de le détenir comme leur prisonnier, mais leur demandant de le renvoyer à Vienne, afin qu'ils puissent mettre à exécution leur peine contre lui. Cette journée fut principalement employée à interroger Servet sur ​​les questions découlant de l'objet de cette lettre. 

    Le 1er septembre, on lui demanda de mentionner les noms de ceux qui étaient endettés envers lui en France, mais il refusa. Le même jour, Calvin fit à nouveau son apparition devant la cour, et les Juges lui demandèrent d'extraire plusieurs propositions, mot pour mot, du livre de Servet, ce à quoi Servet fut obligé de retourner une réponse écrite en latin. 

    La fois suivante que Servet fut amené devant ses Juges, ce fut le 15 septembre, et ce jour-là une réponse, que Calvin avait établie pendant la quinzaine, lui fut livrée. Cette réponse est composée avec grand art, et fait honneur au grand talent et à l'ingéniosité de Calvin. Servet, cependant, ne prit aucune notification de celle-ci, faisant que plusieurs brèves remarques entrelignes, expressives, car la plupart du temps, il éprouvait pour son auteur un mépris extrême. Dans l'une de ces notes, il dit, "pour une cause si juste je suis ferme et je n'ai pas la moindre crainte de la mort".

    Le Conseil ayant demandé l'avis des cantons de Zurich, Berne, Bâle, et Schaffhouse, les Magistrats de chacun de ces cantons envoyèrent une réponse écrite, dans laquelle ils recommandèrent qu'un exemple sévère soit fait pour Servet, afin de dissuader d'autres de faire la propagation d'hérésies similaires et dangereuses. La lettre de Bâle fut rédigée en dernier, et portait la date du 12 Octobre, mais il ne semble pas que les membres du Conseil aient pris leur décision quant à la nature de la punition de Servet, avant le 23 de ce mois. Il fut enfin condamné, le 26 octobre, à être brûlé à mort devant un feu lent, et ce jour-là Calvin (Ep. 161) écrivit à son ami Farel de Neufchâtel comme suit. "Le messager est revenu de Suisse. Ils sont tous d'un commun accord pour déclarer que Servet a ravivé les erreurs impies, avec lesquelles Satan auparavant perturba l'Eglise, et qu'il est un monstre qui ne peut pas être supporté. Ceux de Bâle sont discrets. Ceux de Zurich sont les plus ardents de tous, car ils décrivent en termes emphatiques l'atrocité de son impiété, et exhortent notre Sénat d'utiliser la sévérité. Ceux de Schaffhouse approuvent. La lettre des Ministres Bernois, dont aussi il est supposé, était accompagnée d'une du Sénat, par laquelle nos Magistrats n'ont  pas été encouragés qu'un peu. César, qui est un comique, après avoir feint la maladie pendant trois jours, est entré dans la cour après longtemps, afin d'y acquitter ce misérable, car il n'a pas eu honte de proposer, que la question soit renvoyée devant le Conseil des Deux Cents. Il fut condamné, cependant, sans contestation. Son exécution aura lieu demain. Nous avons essayé de changer le genre de sa mort, mais en vain. Pourquoi nous avons échoué, je vous le dirai quand je vous verrai". La personne appelée "César", dans l'extrait ci-dessus, était Amadeus Gorreus ou Perrin, l'un des Magistrats de Genève, qui souhaitait lier une amitié avec Servet, en collaboration avec quelques autres membres du Sénat, fit un effort désespéré pour sauver sa vie. Si l'affaire avait été renvoyée, comme Gorreus le proposa, au Conseil des Deux Cents, Servet aurait probablement sauvé sa vie: mais les Magistrats décrétèrent qu'il devait en être autrement. 

    L'exécution eut lieu, comme Calvin l'annonça, au lendemain que sa lettre fut écrite, et Farel était présent à celle-ci. Mais la distance était trop grande pour qu'il ait reçu cette lettre avant son départ de Neufchâtel, et puisse agir sur les informations qu'elle contenait. Un autre ami, donc, connaissant son appétit pour le sang hérétique, lui transmit probablement plus tôt la décision des Magistrats, et il se hâta d'assister à l'exécution. 

    Peu après l'arrestation de Servet, Calvin exprima l'espoir, dans une lettre à Farel, (Ep. 152), écrite le 20 août, qu'il soit jugé coupable de la peine capitale , mais qu'un type de mort moins barbare puisse être substituée à la punition infligée en général aux hérétiques.  ("Spero capitale saltern fore judicium; pcense vero atrocitatem remitti cupio"). Farel répondit à cette lettre (Ep. 155), le 8 Septembre, et ce qui suit est un extrait de sa réponse. "Ce serait une merveilleuse dispense de Dieu, dans le cas de Servet, s'il venait à se repentir, bien que tardivement. Ce serait en effet une chose puissante, s'il meurt en vrai pénitent, subissant une seule mort, qui mérite de mourir dix mille fois plus, et s'il s'efforce d'édifier tous les personnes présentes, lequel a fait son affaire de pervertir de nombreux morts et vivants, ainsi que ceux qui sont encore à naître. Les Juges seront très cruels, très injustes pour le Christ, et pour la doctrine qui est selon la piété, et de vrais ennemis de l'Eglise, s'ils ne sont pas agités par les horribles blasphèmes étant si viles et qu'un hérétique assaille la majesté divine, et cherche à saper l'évangile du Christ, et corrompt toutes les églises. Mais j'espère que Dieu fera que ceux qui reçoivent des éloges pour infliger les justes peines sur les auteurs de vols et de sacrilèges agiront en ce cas, afin de mériter des applaudissements, en enlevant la vie d'un seul, qui si longtemps s'obstina dans ses hérésies, et  qui apporta tant de destruction. En souhaitant une sorte de punition moins barbare, vous effectuez une  sympathie envers   un homme qui a été votre plus grand ennemi. Mais je vous prie d'agir d'une telle manière, que nul ne peut oser imprudemment promulguer de nouvelles doctrines, et déstabiliser toutes les choses en toute impunité, pendant si longtemps comme cet homme l'a fait". 

    La conclusion de la sentence prononcée contre Servet fut comme suit. "Ayant Dieu et ses Saintes Écritures devant nos yeux, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, par ce qui est notre sentence définitive, que nous avons donnée par écrit, nous te condamnons, Michel Servet, à être lié et transporté au lieu Champel, et là être attaché à un poteau, et brûlé vif avec ton livre, écrit de tes propres mains et imprimé, jusqu'à ce que ton corps soit réduit en cendres: et ainsi sera la fin de tes jours, pour servir d'avertissement aux autres, qui sont disposés à agir de la même manière. Et nous te commandons, notre lieutenant, de mettre notre sentence actuelle à exécution". L'officier chargé de cette commission ne tarda pas à l'exécuter, et une page sanglante ne tachera pas les annales du martyre, dans lesquelles cette opération horrible est enregistrée.  

    Dans la matinée du 27 octobre 1553, au lendemain que la sentence fut passée, Farel visita Servet en prison, et vigoureusement le pressa d'abjurer: mais Servet, en réponse à des sollicitations répétées de Farel, le supplia de produire un seul passage de l'Écriture, dans lequel il affirmerait que le Christ est appelé "le Fils de Dieu", avant sa naissance de la Vierge Marie, et bien qu'il était pleinement conscient de la situation terrible dans laquelle il se trouvait, et qu'il savait qu'il serait prochainement convoqué en présence de son Juge final, ni les menaces ni les séductions purent avoir raison de lui qu'il se rétracte ou admette que le Christ est le Dieu éternel. Quand il fut conduit au lieu d'exécution, il cria à plusieurs reprises: "O Dieu ! sauve mon âme, ô Jésus, Fils du Dieu éternel! aies pitié de moi! " Dès qu'il arriva en vue du lieu Champel, il se prosterna sur la terre, et persista pendant un certain temps dans une fervente prière à Dieu. Alors qu'il était ainsi employé, Farel, s'adressant au peuple, dont la foule s'était empressée pour assister à l'exécution, déclara: "Voici la puissance de Satan, quand il prend possession de sa victime destinée! C'est un homme instruit. Et un destin similaire pourrait être le vôtre". Servet, maintenant, se leva de terre, et Farel le poussa à s'adresser à la foule, probablement dans l'espoir illusoire, qu'il puisse être amené, au dernier moment, à se rétracter. Mais Servet continuait à invoquer le nom du Tout-Puissant, et quand Farel persista en lui demandant de parler, il lui demanda ce qu'il pouvait dire de différent de ce qu'il avait déjà dit ? Farel alors demanda à Servet, qui n'avait ni femme ni enfants, quelle était son intention de qui se souvenir dans son testament. Mais Servet, qui était un homme célibataire, et dont les biens avaient été saisis et confisqués par ses persécuteurs, resta silencieux. Farel désormais le poussa à invoquer le Fils éternel de Dieu, ce qu'il refusa à plusieurs reprises de faire. "Pourtant", dit l'un de ses biographes, "il n'avança rien pour la défense de sa doctrine, mais souffrit d'être emmené au châtiment". Pour ce silence Calvin allègue, comme preuve de l'obstination de Servet, ou, comme lui-même le mit en phrase, "de sa stupidité bestiale". 

    La pile se composait de bois de bûches entremêlés de fagots de chêne vert, toujours en feuilles. Servet fut attaché à un tronc d'un arbre fixé en terre, que ses pieds atteignent le sol, et une couronne de paille et de feuilles saupoudrées de soufre fut placée sur sa tête. Son corps fut lié au poteau par une chaîne de fer, et une corde grossière torsadée fut lâchement jetée à son cou. Son livre fut ensuite attaché à sa cuisse, et il demanda au bourreau de le mettre hors de sa misère aussi rapidement que possible. La pile fut ensuite allumée, et il cria d'un cri pitoyable, comme pour exciter la sympathie profonde et sincère des spectateurs. Alors qu'il souffrit pendant un certain temps, quelques-uns d'entre eux eurent des sentiments de compassion, et en vue de mettre un terme à son malheur, fournirent au feu une quantité de nouveaux consommables, tandis que le malheureux criait toujours: "Jésus, Fils du Dieu éternel! aies pitié de moi!" 

    "Enfin", dit un récit manuscrit, "il expira, après environ une demi-heure de souffrance". Pierre Hyperphrogenus, cependant, témoigne, que les souffrances de Servet furent grandement prolongées, en conséquence d'une forte brise qui surgit, qui  dispersa les flammes, et qu'enfin, il y avait à peine une quitté de matière suffisante pour permettre au bourreau de mettre la sentence à effet. Il ajoute également que Servet se tordit dans le feu entre deux et trois heures, et qu'il commença après longtemps à s'écrier: "Misérable de moi! que les flammes dévorantes n'ont pas le pouvoir de détruire!"

    Minus Celse rapporte, que la constance de Servet, au milieu du feu, fit que beaucoup allèrent à ses opinions, et que Calvin  fit un objet explicite de plainte, qu'il y avait beaucoup de personnes en Italie qui chérissaient et vénéraient sa mémoire. Certains auteurs se portent volontaires, de nos jours, et défendent la part que Calvin prit dans la poursuite de Servet. Parmi les autres récents apologistes du strict Réformateur Genevois, M. Albert Rilliet et le Révérend W.K. Tweedie se manifestèrent, mais leurs arguments furent habilement et triomphalement réfutés par un écrivain bien connu, dans le "réformateur chrétien" de Janvier 1847 (pp. 1-21).

    Peut-être la tentative la plus systématique pour mettre au jour le côté odieux de Calvin, dont son traitement malin et cruel envers Servet, qui l'a aussi touché à juste titre, est celui du Dr Paul Henry, de Berlin, qui, dans son ouvrage sur "La vie et l'époque de Jean Calvin", pour lequel le Dr H. Stebbing a récemment favorisé le public d'une traduction en anglais, entrant largement dans le sujet, et n'hésitant pas à se présenter comme le défenseur du "grand réformateur", et pour confirmer sa condamnation, et que cela constituait le couronnement de sa vie. "Beaucoup d'amis de Calvin", dit-il, (vol. II, p. 160.), "aurait voulu voir cette période de son histoire entièrement effacée, et il y en a d'autres, qui pouvaient concevoir l'idée d'écrire sa vie, sans entrer dans n'importe quel compte particulier sur l'affaire Servet. Je ne suis pas d'accord avec eux, c'est ici que Calvin apparaît dans son véritable caractère, et une considération plus proche de la procédure, d'un réexamen du point de vue fourni par la période où cela eu lieu, l'exonérera complètement de tout blâme". 

    Rien ne peut être plus éloigné de l'intention de l'auteur du présent article, que de contester l'affirmation, "que Calvin", en ce qui concerne le rôle qu'il prit dans cette transaction, "apparaît dans son véritable caractère:" mais il était le personnage, qui doit être observé, d'un persécuteur de première classe, sans une qualité humaine ou de pardon, pour le dessaisir de sa criminalité, ou pallier à son énormité. La défense repose essentiellement sur le sentiment juridique et théologique de l'époque, mais sur ce principe, il n'y a aucune atrocité, dans les annales de la persécution, qui ne peut être justifiée. Il sera, par conséquent, une satisfaction pour chaque lecteur, d'un esprit qui n'est pas perverti, d'être informé, que le traducteur décline toute participation dans le sentiment, qui dicta cette défense, et exprime sa désapprobation de la conduite de Calvin envers Servet, dans les termes suivants sans réserve. "Soucieux comme il le fut avec honnêteté de préserver les plus fortes caractéristiques de l'original, le traducteur peut être autorisé, il a confiance, à se prémunir contre le risque de fausses déclarations quant à ses propres vues ou opinions. Il supplie alors qu'il soit compris, que c'est principalement à cause de sa valeur historique qu'il voulut faire que ce travail puisse être connu des lecteurs anglais, et  qu'il a un respect des plus sincères pour la piété et les talents éminents de l'auteur ; mais ni sa considération pour le docteur Henry ni sa profonde admiration de Calvin, dans les caractéristiques générales de son caractère, et le zèle sublime, modifièrent ses vues sur les sujets dont il a ici plus de raisons particulières de se référer. Le Dr Henry défendit Calvin, dans le cas de Servet, avec une admirable capacité, mais le traducteur croit toujours, comme il n'a jamais cru, que quand les hommes jouissent d'une si grande mesure de lumière et de sagesse comme Calvin possédait, ils ne peuvent pas être justifiés, s'ils sont coupables de persécutions, parce qu'ils ont vécu dans des temps où les esprits méchants et vulgaires faisaient la guerre contre les droits de la conscience humaine. Si Calvin avait prié d'être libéré de la servitude qui fit de lui un persécuteur, sa réputation autrement irréprochable aurait été souillée par la tache qui le défigure. La persécution est opposée aux principes essentiels du christianisme. Rien ne peut la justifier, sous quelque forme ou prétexte que ce soit, aussi longtemps que l'Évangile est reconnu pour être divin". (Préface du traducteur, pp VI, VII). 

    Il est inutile d'ajouter un seul mot à cette censure bien méritée, de la plume de l'un des plus fervents admirateurs de Calvin, car, bien que la justice se fit largement pour son caractère général et pour ses efforts au bénéfice de ce qu'il jugeait être la vérité chrétienne, sa conduite en tant que persécuteur est placée sous son vrai jour, et est montrée pour être absolument incompatible avec l'esprit de cette religion, pour lequel, et pour sa conduite imprudente dans ce cas, il aurait été considéré, par les ennemis, pas moins que les amis de son système théologique, comme l'un des plus brillants ornements. Mais tous, dont les sentiments naturels ne sont pas pervertis par le zèle sectaire, se joindront à Gibbon en dénonçant le comportement d'un homme qui, sous le couvert de la religion, pouvait violer tous les principes de l'honneur et de l'humanité, et se prévaloir de l'influence, qu'il tirait de sa fonction en tant que Ministre chrétien, et de sa haute position comme réformateur chrétien, de concevoir de ne pas commettre l'un des plus ignobles meurtres enregistrés dans l'histoire de la persécution. "Je suis plus profondément scandalisé", dit l'auteur du "Déclin et chute de l'empire romain", (Chap, liv.) "pour la seule exécution de Servet, que dans les hécatombes qui ont flambé dans l'autodafé de l'Espagne et du Portugal. 1. le zèle de Calvin semble avoir été envenimé par la malveillance personnelle, et peut-être l'envie. Il a accusé son adversaire avant même leurs ennemis communs, les Juges de  Vienne, et trahit, pour sa destruction, la confiance sacrée d'un secteur privé correspondant. 2. L'acte de cruauté n'a pas été fourni par le prétexte d'un danger pour l'Église ou l'État. Lors de son passage à Genève, Servet était un étranger inoffensif, qui ne prêchait pas ni imprimait ni-même faisait des prosélytes. 3. Un inquisiteur catholique donne la même obéissance qu'il exige, mais Calvin viola la règle d'or de faire comme il serait fait pour lui".

    Sandius, dans son compte des écrits de Servet, attribua la première place à un dialogue en espagnol, intitulé "Desiderius Peregrinus", "Le trésor de l'âme", ou "Le trésor de l'âme Chrétienne". Cette œuvre pieuse, mais un peu mystique, fut traduite de l'espagnol en italien, français, allemand, néerlandais et en latin, et publiée à plusieurs reprises dans presque tous les pays de l'Europe. Son véritable auteur était un moine espagnol, de l'Ordre de Saint-Jérôme, et il est difficile d'imaginer toute autre raison, pourquoi elle aurait été mise sur Servet, que la circonstance d'être d'abord parue en espagnol, qui était sa langue maternelle. 

    Parmi les écrits authentiques de Servet, le compte rendu suivant, on l'espère, ne s'avérera pas inacceptable pour le lecteur, bien qu'il ait été anticipé, dans une certaine mesure, par l'ancienne partie du présent article. 

    1. Sur les erreurs de la Trinité, sept livres, par Michel Servet, alias Reves, un Espagnol d'Aragon. 1531, en 8 vo. Le titre latin de ce travail est le suivant. "De Trinitatis Erroribus Libri Septem: per Michaelem Serveto, alias Reves, ab Aragonia Hispanum. Anno MDxxxi". Il fut publié à Haguenau, en Alsace, comme il ressort du propre aveu de Servet. La composition est barbare et grossière, étant très différente, à cet égard, de son traité sur les sirops et ses notes sur la Géographie de Ptolémée, qui tous les deux reçurent des compliments pour l'élégance de leur latinité. Quand on sut que ce travail était à l'existence, aucun effort ne fut épargné par les autorités civiles et ecclésiastiques pour l'empêcher d'entrer  en circulation. Selon Pierre Adolphe Boysen, de nombreuses copies furent brûlées à Francfort, et d'autres, qui avaient trouvé leur chemin à Ratisbonne, ont été soigneusement recueillies et détruites par Jean Quintana, Secrétaire et Confesseur de l'empereur Charles Quint. Grotius eut accès à une copie à Rotterdam, censée avoir été en manuscrit, vue par Christopher Sandius, et prise d'une copie imprimée, une fois en possession de Pierre Medmannys, et ensuite la propriété de Jean Pesser. Paris possédait seulement deux exemplaires, dont l'un a été mutilé. Melanchthon avait vu le travail, apparaît comme d'une lettre adressée par lui à Joachim Camerarius (Ep. 140), et il fut supposé, mais sans autorité suffisante, que Micraelius y avait accès. Schelhorn nous informe qu'il y avait un exemplaire dans la bibliothèque du Prince Eugène, un autre dans celle à Landgrave de Hesse Cassel, et un troisième en possession de Jean Williehn Petersen. Il ajoute que les contributeurs au "Berlin offrandes élevées" eurent accès à une, voire deux copies. Allwoerden nie, que la rareté de ce travail est si grande, comme de nombreux hommes cultivés supposèrent, et raconte à ses lecteurs, que lui-même l'avait vu, à différents moments, en plus de vingt exemplaires. Il admet que le confesseur de Charles V. supprima toutes les copies, qu'il put rencontrer à Ratisbonne, mais il dit, que nous en avons la preuve d'aucun auteur de renommée, que ces copies aient été livrées aux flammes, et qu'une erreur ait surgi pour confondre le travail "Les erreurs de la Trinité" avec la "Restitution de Christianisme", qui furent brûlés à Vienne et Francfort, en conformité avec la demande de Calvin. Rien n'est plus certain, cependant, que très peu de personnes ont eu la bonne fortune de voir cette œuvre rare. Le Dr Drunmond, dans la préface de son petit livre animé et excellent, intitulé, "La vie de Michel Servet", établit, qu'il a vu un manuscrit en quatre volumes écrit par deux mains différentes, et contenant les sept "Livres sur les Erreurs de la Trinité", et "Deux livres de dialogues" sur le même sujet. Ce volume apparaît, d'une inscription imprimée à l'intérieur de la couverture, pour avoir autrefois appartenu à un Médecin de Francfort-sur-le-Main. Il fut présenté au Révérend Jean Montgomery, (neveu du Révérend, Dr Montgomery, de Dunmurry), quand un étudiant à Glasgow, lui confia gentiment, pour une saison, aux soins du Dr Drummond, de qui cette description de celui-ci est empruntée. Des résumés du contenu des "Sept Livres sur les erreurs de la Trinité" peuvent être vus dans le "Litteraria Selecta" de Van Seelen (pp. 60-65) , le "Michael Servet und seine Vorganger " de Trechsel (S. 67 à 98) , et d'Henry "La vie et l'époque de Jean Calvin", traduit par (vol. II p. 168 - 170) L'objectif principal de ce travail est de montrer, d'abord, que le Christ historique du Nouveau Testament est l'homme Jésus-Christ, ou que Jésus de Nazareth, un vrai homme, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie, est le Christ de Dieu, ou le Messie promis aux pères: Deuxièmement, qu'il est le Fils de Dieu: on entend par là, que son corps a une participation réelle de la substance de Dieu, étant engendré de l'Esprit-Saint, sur lequel compte il est le bon, vrai et naturel Fils de Dieu, alors que nous sommes seulement des fils de Dieu par adoption: et. Troisièmement, qu'il est Dieu, non pas que l'Unique et le Très-Haut, qui seulement est Dieu le Père, et pourtant substantiel, car en lui est la divinité. StebbingServet établit deux principes fondamentaux: premièrement, que  la nature divine est incapable de division et, deuxièmement, qu'il peut devenir connu de nous que par ses dispositions ou manifestations. Raisonnons à partir de ces deux principes : on en déduit que ni le Logos ni le Saint-Esprit, sont une personne vraiment distincte du Père, mais seulement une sorte de révélation de la nature divine. Les théologiens n'ont eu aucune difficulté dans leurs tentatives à analyser les opinions de Servet, et leur donner une forme définitive. Walchius les considéraient comme un fauteur de sabellianisme, et Bèze et, dans la préface de son compte de Gentilis Valentin, dit, qu'en Servet seulement nous rencontrons une union des idées de Paul de Samosate, d'Arius et d'Eutychès, et même de celles de Marcion et Apollinaire. Il est maintenant venu à la mode, de le charger de panthéisme non dissimulé, et de le représenter comme un héraut, ou un précurseur de Spinoza. Mais ce n'est pas lui faire une injustice manifeste. La vérité est qu'en essayant de développer son point de vue, il tomba sur les difficultés dialectiques, dont il n'avait pas une bonne appréciation. Imperceptiblement pour lui-même, ses spéculations philosophiques le conduisirent dans des incohérences, mais sa piété chrétienne et le sentiment chrétien, qui ne le quittèrent jamais, le plaçant à une distance incommensurable de Spinoza. Il fut un panthéiste dans le même sens que Paul était un panthéiste. Il crut, avec le grand Apôtre des Gentils, "qu'il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est en tout, et parmi tous, et en nous tous" (Eph. IV : 6) ; et sa tentative de donner une expansion et un développement à ce sentiment sublime de l'Apôtre, et pour montrer son incompatibilité avec la doctrine reçue de trois personnes dans la Divinité, fut l'occasion de cette hostilité implacable, avec laquelle Calvin le poursuivit. Une traduction néerlandaise du travail "sur les erreurs de la Trinité", par Renier Telle ou Regner Vitellius, fut publiée en 4 to., AD 1620. Le traducteur professe être un calviniste, mais était en réalité un arminien. Sa version est exacte et fidèle, et rend souvent un sens plus clair que l'original lui-même. Quand le sens est plus obscur qu'à l'habitude, de courtes notes explicatives sont ajoutées dans la marge. 

    2. Deux livres de Dialogues sur la Trinité. Sur la Justification du Royaume de Christ, quatre courts chapitres: par Michel Servet, alias Reves, un Espagnol d'Aragon. 1532, en 8 vo. Le titre latin, qui peut être une satisfaction pour certains lecteurs à voir, est comme suit. "Dialogorum de Trinitate Libri Duo. De Justitia Regni Christi, Capitula Quatnor: per Michael Serveto, alias Reves, ab Aragonia Hispanum. Anno MDxxxii". Dans ces dialogues, Michael et Petrucio sont les discuteurs, et le quatrième Capitula traite, 1, Sur la doctrine de Paul sur la Justification; 2, sur le royaume de Christ; 3, sur le droit comparé à l'évangile, et 4, sur la charité. Servet se rétracte, dans ce travail, qu'il avait avancé au sujet de la Trinité dans le premier, mais explique au lecteur, que sa raison d'agir ainsi est une conviction que ce qu'il avait dit était imparfait, et non pas qu'il était faux. Ce qu'il attribua en partie à son manque de compétences en composition et au manque d'application de son imprimeur. Les sentiments des deux traités sont identiques, mais dans les "Dialogues", il est dit davantage sur le Logos, et moins sur le Père, que dans le travail "Sur les erreurs de la Trinité". Les opinions de l'écrivain sur le thème de la Justification sont dites pour occuper une place intermédiaire, entre celles des luthériens et celles des catholiques. Trechsel donna un résumé du contenu du second ouvrage de Servet, dans son "Michael Servet und Seine Vorganger" (S. 103-109). 

    3. Les huit livres de géographie de Claude Ptolémée d'Alexandrie, de la traduction de Bilibaldus Pirckheymer, maintenant pour la première fois furent révisés selon les copies en grec ancien, par Michael Villanovanus, & c. Lyon, Melchior et Gaspard Trechsel, 1535, fol. Dans la préface de cet ouvrage, Servet, après avoir donné un bref compte rendu du Ptolémée, et en affirmant sa supériorité en tant que géographe sur StrabonPline et Pomponius Mela, continue à dire, qu'il n'épargna aucune peine, en cherchant à modifier le texte de son auteur, et par l'aide de manuscrits et d'une lecture attentive des œuvres des auteurs précédents, réussit à restaurer la vraie lecture de plusieurs milliers de passages. Le texte de Ptolémée est enrichi de notes explicatives, dont le style est plus classique que ceux des deux travaux précédents de  Servet sur la Trinité. Le volume est également illustré par des cartes et des gravures sur bois. C'est pour certaines expressions  dans ce travail, que Calvin plaça sa charge contre Servet, pour avoir représenté Moïse comme un imposteur et comme apportant le mépris sur la religion Juive. Le passage offensant fut effacé dans la seconde édition, publiée en 1542, mais cela ne servit à rien à Servet pour son procès. Allwoerden donne une analyse approfondie de l'oeuvre dans son "Histoire de Servet", (pp. 158-166), y compris le passage ci-dessus mentionné.

    4. La nature entière et l'utilisation des sirops se propagea avec diligence, à l'exemple de Galien, & c. Paris, Simon Colinseus, 1537, en 8 vo. Allwoerden s'est renseigné fréquemment sur ce livre, mais n'a jamais été en mesure d'obtenir de le voir. Il est dit qu'une copie de celui-ci est  conservée à la Bibliothèque royale à Kœnigsberg. Servet le publia sous le nom de Michael Villanovanus. Une deuxième édition parut à Venise, en 1545 et une troisième à Lyon, en 1546. La notification suivante et la raison qui conduisit à sa publication sont de la plume du Dr Henry. "Dans la science de la médecine, Servet est en accord avec les médecins grecs, en opposition à l'Arabie. Le différent entre ces deux parties fut l'un des thèmes de la journée. Champier, un Médecin et ami de Servet, à Lyon, attribua, dans un écrit pour Leonh. Fuchs,  des vues fausses du premier, et l'accusa d'incliner plutôt pour le système de l'Arabie. Ceci produisit une réponse de Servet, et comme tout ce qu'il fit, il le fit avec talent, et un travail excellent apparut de sa plume, à Paris en 1537, sur l'utilisation des sirops, avec un examen des galénistes et averroïstes. Ce travail, ainsi que les notes sur le Ptolémée, ont été écrits en latin, et si excellemment, que Mosheim s'aventure à dire, qu'il a intentionnellement employé un style négligent dans ses écrits théologiques, étant un principe pour lui qu'en matière de religion, la langage doit toujours être humble". (Life and Times de Calvin, vol. II. Chap. iv.pp. 174, 175).

    5. La Sainte Bible selon la traduction de Sanctes Paninis, mais qui fut tellement révisée d'après l'hébreu, et illustrées par des scolies, au point de paraître manifestement comme une nouvelle édition. Lyon, Hugues de La Porte, 1542, fol. A la fin du volume il y a les mots, "Excudebat Chaspar Trechsel". Cette Bible est extrêmement rare. Des copies de celle-ci sont parfois rencontrées en France, mais elles atteignent des prix très élevés. Calvin, dans son accusation contre Servet, y fait allusion, et en particulier pour la note sur Isaïe LIII. Il est évident, d'après la préface, que Servet pensait que toutes les prophéties de l'Ancien Testament ont un sens littéral et historique, et reçurent leurs accomplissements avant l'heure du temps chrétien, et pouvaient être appliquées au Christ que dans un sens mystique. Servet fournit quelques notes sur les livres historiques, mais dans les Psaumes et les livres des Prophètes ses annotations sont nombreuses. Ceci déplut beaucoup, non seulement à Calvin, mais aux théologiens de l'Église catholique. Allwoerden inséra un long et intéressant compte de cette édition de la Bible, avec des extraits des index expurgatoires de Sotomaior et Quiroga, dans son "Historia M. Serveti", pp 167-176. Le lecteur peut également consulter une édition de Masch du "Bibliotheca Sacra, Hal. 1783", de Le Long 4to., P. II. Vol. III. Cap. iii. Sect. i. § XXIV. pp 477, 478. 

    6. La Restitution du Christianisme. Un appel au monde chrétien pour les premiers principes de l'église apostolique: ou un traité dans lequel la connaissance de Dieu, la foi chrétienne, notre justification, la régénération, le baptême, manger le repas du Seigneur, sont parfaitement restaurés, pour la délivrance du Royaume céleste de l'esclavage de la Babylone impie, et la destruction totale de l'Antéchrist avec ses disciples. 1553, en 8 vo. Ceci est la traduction du Révérend et Dr Drummond du titre du célèbre travail de Servet - "Christianismi Restitutio: totius Ecclesizc Apostoliczc ad limina sua Vocatio, in integrum restituta cognitione Dei, Fidei Christi, Justificationis nostrae, Regenerationis, Baptismi et Coenae Domini Manducationis : restituto denique nobis Regno ccelesti, Babylonis impiae Captivitate soluta, et Antichristo cum suis penirus Destructo,  Kai  MDLIII". Le travail s'étend sur 734 pages, et sur la dernière page on trouve les lettres M.S.V., et la date de 1553. Ce livre excessivement rare est celui qui a conduit au martyre son auteur, et qui fut lié à sa cuisse, quand il a subi le bûcher. Il fut publié par la presse au mois de janvier 1553. Cinq balles de copies furent envoyées à Lyon et cinq à Châtillon. Une commande toujours plus grande fut transmise à Francfort, et d'autres furent envoyées à Genève. De nombreuses copies furent brûlées à Vienne. Un serviteur de Robert Stephens, du nom de Thomas, fut envoyé à Francfort, dans le but exprès de saisir et détruire les copies qui avait été envoyées ici, et qu'un peu put échapper aux flammes, sinon c'est toute la commande qui avait été transmise à cette ville. En dehors de l'ensemble de l'impression, composée d'un millier d'exemplaires, pas plus de cinq ou six sont censés avoir été sauvés de la destruction. Un de ceux-ci appartenait autrefois aux unitariens de Kolosvar, en Transylvanie Il fut acquis par Daniel Mark Szent-Ivani, lors d'une visite en Angleterre, entre les années 1660 et 1668: et était le parent de plusieurs copies manuscrites, dont le compte rendu suivant, par l'érudit savant Samuel Crellius, fut rendu publique, dans une lettre adressée par le Pasteur Frédéric Adrian Vander Kemp au Rev. Jedidia Morse, le 15 Janvier 1808, et insérée, avec plusieurs autres, sur l'histoire de Servet, dans le cinquième volume du Monthly Repository. Ce compte de Crellius fut pris, par l'auteur de la lettre ci-dessus, comme il nous informe, à partir d'un exemplaire manuscrit d'un qui était à la bibliothèque royale de Gottingen, faite par le Pasteur Stapfer JJ, de Berne, en 1775.

    "Le noble et Révérend André Lachowski un Moscorow, un Chevalier polonais et Ministre de l'Eglise Unitarienne polonaise à Kolosvar, autrefois fit cette copie de la "Restitution du Christianisme" à Kolosvar, en Transylvanie, pour mon père, Christopher Crellius, vivant alors dans cette partie de la Prusse, appelée Brandebourg, à partir d'un exemplaire imprimé du livre de Servet, dont D. Mark Szent-Ivani, ensuite Superviseur des Eglises Unitariennes de Transylvanie, l'acheta en Angleterre, quand il voyageait dans ce pays, entre les années 1660 et 1670. De retour de là, en Transylvanie, par la Marche de Brandebourg, il prêta ce livre imprimé de Servet à Jean Preussius, Ministre de l'église unitarienne en Marche, et après, à mon beau-père, dont Preussius le traduisit partiellement pour son usage personnel, et fit qu'il soit traduit en partie par Jérémie Felbinger, et encore en partie par une autre personne. Avant que la copie écrite par Preussius vienne dans la bibliothèque de ce monsieur très savant, André Erasme un Seidel, Conseiller du Roi de Prusse, j'ai restauré à partir de cette copie, par la main de mon fils, le dernier octernion, dont une de cette copie est mienne, transcrite par Lachowski, qui avait été perdue par la négligence d'un ami en Prusse, avant que le livre soit brûlé. Mais la copie de Preussius ne montre pas dans la marge l'exposition des pages du livre imprimé de Servet. Ce livre imprimé, peut-être même encore trouvé à Kolosvar, en Transylvanie, parmi les unitariens".

    "J'ai écrit ceci à Konigswald, le 19 février 1719".

    "Après, que j'ais écrit ce qui précède, j'ai vu une lettre, que Pierre Adams, le compagnon de voyage de Mark D. Szent-Ivani, avait adressée à Jean Preussius, à son retour pour Kolosvar, à partir de laquelle j'ai vérifié, que le voyage au-dessus mentionné avait eu lieu entre les années 1660 et 1668, pas en 1670".

    Le manuscrit, que j'ai donné à Seidelius, est maintenant en possession du célèbre Mathurin Veyssière de La Croze, Conseiller aulique et bibliothécaire du Roi de Prusse, et non obtenu de 'Samuel Crellius', comme une dernière "Histoire de Servet", publiée sous les auspices de l'illustre Mosheim comme établit, mais à partir de la bibliothèque du défunt Seidelius". ["Histoire de Servet" ici y fait allusion, est d'Allwoerden, et le passage produit à la p. 181.]


    "J'ai fait ce mémorandum additionnel à Amsterdam en Juillet 1728".

    "P.S. Je l'appris plus tard, dans les années 1735, de l'illustre Agh Etienne, puis un étudiant de l'église unitarienne de Transylvanie, aujourd'hui Professeur au gymnase de Kolosvar, que la copie imprimée du travail de Servet ne fut pas trouvée parmi les unitariens de Transylvanie : pour quand, sous l'occupation de la Transylvanie par l'empereur Léopold, à la fois, leurs églises à Kolosvar leur furent prises par les catholiques romains, le danger étant imminent, ne pensant pas à la mettre en sécurité, ils négligèrent de retirer leur bibliothèque à temps de la grande église, où elle était placée, laquelle tomba en possession des jésuites. M. V. La Croze donna son manuscrit à Jean Christophe Wolf, Prédicateur à Hambourg, d'où il alla ensuite à Offenbach, et après sa mort, quand ses livres furent vendus aux enchères à Francfort-sur-le-Main, P. De Hondt, libraire à La Haye, obtint cette copie, que j'ai vue en sa possession, et je savais que c'était la même, que j'avais jadis présentée à Seidelius".
     
    "Je fis ce mémorandum additionnel à Amsterdam en Juillet 1745".

    "J'ai reçu une lettre de cet illustre Agh Etienne nommé précédemment, le 30 décembre 1745, écrite à Kolosvar, contenant la déclaration suivante. 'Lorsque nous perdîmes ces deux églises, nous n'avons pas perdu aussi, avec les églises, les livres du célèbre D.M. Szent-Ivani, car ils n'ont pas été pris à cette époque à l'endroit jouxtant la cathédrale, dans lequel de nombreux livres de notre église étaient préservés, et ces ouvrages de Servet, sur lesquels j'ai écrit, et plus particulièrement la Restitution du Christianisme, je ne les ai pas trouvés dans le catalogue de ses livres. Si, toutefois, par hasard, je les trouve, soit dans les bibliothèques de notre église, ou ailleurs', & c.


    "Ainsi, tout espoir n'a pas disparu, qu'une copie imprimée de la Restitution du Christianisme puisse encore être trouvée en Transylvanie".

    "Le manuscrit, que Pierre De Hondt obtint à Francfort-sur-le-Main, comme nous l'avons dit plus haut, a été vendu à la Haye l'été dernier, 1745, lors d'une vente aux enchères de ses livres, pour 86 florins néerlandais. Hartig, un libraire d'Amsterdam, l'acheta. Pierre De Hondt avait prêté cette copie à quelqu'un à lire. Une copie de celui-ci, faite par lui, fut introduite dans une vente aux enchères à Amsterdam, environ deux ans depuis, et le coût de l'acquéreur fut de plus de cent florins néerlandais".

    "Je fis ce mémorandum additionnel le 27 Janvier,

    De ces remarques détachées de Samuel Crellius, qui, en raison d'avoir été faites à différents moments, et dans deux cas, après de longs intervalles, ne sont pas si claires et reliées comme on aurait pu le souhaiter, et d'autres renseignements fournis par l'auteur des lettres au Dr. Jedidia Morse, on peut penser, qu'il y a des présomptions existantes qu'au moins quatre copies manuscrites de la "Restitution du Christianisme", qui doivent leur origine, directement ou indirectement, de la copie imprimée acquise par Daniel Mark Szent-Ivani, lors de sa visite dans ce pays: -1. Celle de Crellius, copiée par le Révérend Andrée Lachowski. 2. Cette copie par le Révérend Jean Preussius et d'autres, sont maintenant dans la bibliothèque royale de Göttingen. 3. Cette clandestinité est faite à partir de la copie De Hondt, et 4. C'est copié depuis le MS Göttingen par le Révérend J. J. Stapfer, de Berne. Bock établit, que la bibliothèque du célèbre Jablonski, Professeur de théologie à l'université de Francfort sur l'Oder, contient une copie manuscrite de l'élégante "Restitution du Christianisme", en folios, faite à Kolosvar, en Transylvanie, mais si celle-là était l'une de celles déjà mentionnées, ou un certaine copie indépendante,  ça n'apparaît pas.


    Il est dit qu'une copie imprimée de ce célèbre ouvrage fut mise au secret par Colladon, l'un des Juges de Servet. Après être passée par la bibliothèque de Landgrave de Hesse Cassel, cette copie vint en possession du Dr Richard Mead, le célèbre Médecin, (Théories de Servet non aperçues par Sigmund, p. 22), qui en fit don à M. De Boze, Secrétaire de l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres à Paris, une fonction qu'il occupa pendant trente-sept ans. Dans les "Mémoires authentiques de Richard Mead, M.D.", qui sont une traduction de "Eloge" sur lui dans le "Journal Britannique" de 1754, conduit par le Maty, l'aîné, où il y a le passage suivant en référence à cette copie. "Sa réputation non seulement en tant que Médecin, mais comme érudit, était si universellement établie, qu'il correspondit avec tous les principaux lettrés en Europe. M. de Boze, pour la perte du monde cultivé ne se lamente pas moins pour l'académie à laquelle il donna tant d'honneur, maintint une stricte correspondance avec le docteur. Il reçut souvent de lui quelque morceau précieux pour le cabinet du Roi de France, et ne manquait jamais de lui faire un retour du même genre. Les rares, voir la seule copie du dernier livre de Servet, passèrent dans les rayons dignes anglais à ceux de son ami voisin, en échange d'un millier de cadeaux qu'il avait reçus de lui". (P. 55, 56). Cette copie est maintenant à Paris, et est l'une qui est consultée par M. Emile Saisset, en amenant une série d'articles sur Servet, publiés dernièrement dans la "Revue des Deux Mondes". Cet écrivain dit: "Notre bibliothèque royale possède, heureusement, l'un des deux seuls exemplaires de la Restitution du Christianisme, dont on dit avoir échappé à la destruction. C'est une circonstance étrange que ce soit la même copie que celle que Colladon fit usage quand il arrangea avec Calvin les poursuites contre Michel Servet. Elle porte encore dans sa marge les marques accablantes que ce théologien pénétrant et inflexible inscrivit sur elle. Elle fut arrachée aux flammes par une main inconnue, et nous pouvons observer dans ses feuilles noircies les marques du feu. C'est à partir des pages de ce volume, pleine de souvenirs tragiques, par le biais de ces lignes, dans la moitié des pièces effacées par la rouille de l'âge, dans des parties effacées et réduites en cendres par les flammes, que nous avons tenté d'extraire les pensées enterrées de l'auteur sacrifié". (Christian réformateur, N. S. vol. IV. P. 271).

    Une troisième copie imprimée de la "Restitution du Christianisme" exista autrefois à Bâle, mais le père Simon nous apprend qu'elle fut transférée à Dublin. Gérard de Maëstricht mentionne une quatrième copie, qu'il avait vue, et examinée, à la bibliothèque publique de Duysburgh, mais Hase Théodore dit que, en son temps, celle-ci ne fut plus trouvée. La seule copie connue aujourd'hui à exister, en plus de celle de la bibliothèque nationale à Paris, se trouve dans la bibliothèque impériale à Vienne, et il n'est pas improbable que ce soit l'une, qui appartenait autrefois à Daniel Mark Szent-Ivani, et qui disparut de sa bibliothèque d'une mystérieuse manière, sous l'occupation de la Transylvanie par l'Empereur Léopold. Les réimpressions de ce travail rare, censées être des copies de l'édition originale, sont parfois rencontrées dans les catalogues, et des copies écrites de celui-ci aussi sont parfois vues en Angleterre, ainsi que sur le continent. Une de celle-ci a été faite pour le Dr More, Evêque d'Ely, à partir de la copie imprimée de la Bibliothèque de Landgrave de Hesse Cassel, et M. Souverain, auteur du "Platonisme dévoilé," a eu accès à une autre. Le manuscrit original,  écrit de la main de Servet, appartenait autrefois à Celio Horatius Curion. Il fit ensuite son chemin dans la bibliothèque de M. Du Fay, et avec le reste de ses livres a été vendu à Paris, en 1725. L'acheteur fut le Conte De Hoym, Ambassadeur de Pologne à la cour française, qui l'acheta pour une cent soixante seize livres. Il fut ensuite la propriété de M. Gaignat, et fut vendu, avec le reste de la bibliothèque de ce monsieur, en 1769. Que devint-il ensuite, et s'il est maintenant à l'existence, l'auteur du présent article n'a pas été en mesure de le vérifier. Il était dans un état de lambeaux et mutilé, quand il était en possession de M. Gaignat. Pour un compte rendu du contenu de la "Restitution du Christianisme", le lecteur peut consulter la "Bibliotheca Antitrinitariorum" de Sandius (pp. 14 -, 15); le Montly Repository de 1810, (vol. V,) pp 526-528, et le "Michel Servet und seine Vorgiinger" de Trechsel, S. 119 - 14-4. Pierre Palmer, un libraire de Londres, projeta une édition des Œuvres de Servet en 4 vo. 1723, mais fut empêché de mettre à dessein à exécution, par l'interférence des pouvoirs ecclésiastiques et civiles. A l'exemple du Dr Gibson, Evêque de Londres, Jean Kent, messager de presse, et William Squire, messager ordinaire, saisirent toute l'impression, avant qu'elle ne soit terminée, et que quelques exemplaires échappèrent à la destruction. 

    (Vidend. Sandii B. A. pp. 6—15. Sock, Hist. Ant. T. II. pp. 321 —395. Trechsel, Michael Servet und seine Vorganger, passim. Allwoerden, Hist. Michaelis Served, passim. M. De la Roche, Biblioth. Anglaise, T. II. P. i. Art. vii. Jac. O. Chaufepie, Diet. Hist. et Crit. T. IV. pp. 219—245. D'Artigny, Nouv. Memoires de Critique et de Litterateur, 1749, T. II. Art. 11. Calvini Epp. Hanov. 1597, 12mo. N. 152.155,156. 161. Calvini Fidelis Expositio Errorum Mich. Serveti, [published among Calvin's Tracts,] Geneva, 1576, pp. 703. 836.(Ecolampadii et Zuinylii Epp. Bas. 1592, 4to. L. i. p. 83; L. iv. p. 801, Epp. 1, 2. Melanchth. Epp. Lond. 1642, L. iv. Ep. 140, p. 708. Histoire de 1'Heresie. Paris, 4to. pp. 350, 351. Grotii Append. ad Commentat. de Antichristo. Opp. T. III. p. 503. Mon. Rep. Vol. V. (1810) pp. 105. 163. 222. 277. 328. 377. 430. 525; Vol. X. (1815) p. 695. Authentic Memoirs of the Life of Richard Mead, M.D., London, 1755, 8vo. 1. c. The unnoticed Theories of Servet, A Dissertation addressed to the Medical Society at Stockholm: by Qeorge Sigmund, M. D., &c. London, 1826, 8vo. Apology for Dr. Michael Servet, &c., by Richard Wright. Wisbeach, 1806, 8vo. The Life of Michael Servet, &c., by William Hamilton Drummond, D.D. London, 1848, 12mo. The Life and Times of John Calvin the great Reformer: translated from the German of Paul Henry, D.D., by Henry Stebbing, D.D., F.R.S., &c. London, 1849, 8vo. Vol. II. Pt. iii. Chap. iv. v. Christian Reformer, N. S., Vol. III. (1847) pp. 1 —21; Vol. IV. (1848) pp. 264—276. 321—333. Vogt, Catal. Historico-Crit. Librorum Rariorum, pp. 622—624. Jo. Henr. a Seelen, Selecta Litteraria, Ed. ii. LubecK, 1726,12mo. N.ii.pp.52—76. Schelhornii Aracen. Lit T. IX. pp. 723, 724, etc.)

     


     Didier Le Roux
     
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