• Erasme Jean

     

     
     


    Erasme Jean

      

    Erasme Jean  naquit à Soltwedel, dans l'Ancienne Marche de Brandebourg ; et fut connu parmi les cryto-sociniens d'Altorf sous le nom de Desiderius Ulricus. Il étudia à Leipzig, et ensuite alla à Genève, où il eut de nombreuses opportunités de rencontrer et discuter avec Théodore Bèze. Durant la période qu'il fut à Genève, dont nous ne connaissons pas le temps exact, il prit les idées anti-trinitaires, soit de Lélio Socin, ou d'italiens associés à ce grand homme, qui était alors vu dans la plus grande partie de Suisse. De Genève, il alla aux Pays-Bas, où il fut la première personne, qui essaya d'attirer l'attention des personnes sur la cause de l'anti-trinitarisme. Son éminence en tant que spécialiste en hébreu lui valu d'être nommé Recteur de l'école de grammaire à Anvers ; et bien qu'alors dans cette situation, il publia anonymement un petit travail, en défense de l'arianisme, intitulé, "Le manuel du Chrétien moderne, compilé à partir des plus remarquables passages des saintes écritures, et divisé en vingt deux sections." Ce travail fut édité à Anvers en 1583, en 16 mo., avec la devise, "Si vous connaissez ces choses, heureux vous serez si vous les faîtes;" et fut le précurseur d'un grand travail, intitulé, "Un discours, dans lequel il est montré, que le règne de l'anti-christ commença immédiatement après le temps des apôtres, et cependant que tous les conciles, sans exception celui même de Nicée, étaient infectés par cette peste." Une traduction en français de ce travail fut publiée, mais peu de copies circulèrent,  puisqu'elle fut supprimée par l'autorité publique. Brandt donne le résumé suivant de son contenu.

    Le plan de ce discours était de montrer, tant des épître de Paul que de l'histoire des premières églises, ou bien même les premiers cinq cent ans n'étaient pas libres des erreurs anti-chrétiennes, doivent cependant être considérés comme faisant partie du royaume de l'anti-christ. Il avança de plus, qu'à moins nous devions passer par les mille cinq cent ans qui se sont passés depuis les jours des apôtres, il ne peut y avoir de vérité, ou une réformation durable : qu'en ordre de procurer une telle réformation, il serait nécessaire de se conformer aux vraies églises apostoliques en doctrine et discipline ; et qu'en faisant ainsi, il serait mieux d'abolir et de se garder entièrement en dehors de la vue de la nouvelle phraséologie inventée par les Pères, et de nous confiner à cette simplicité d'expression, en matières afférentes à la religion, pour laquelle Christ et ses apôtres nous ont laissé un exemple. Il ajoute, que personne ne devrait conclure, de son exposition des erreurs des Pères, qu'il aimait à les condamner, ou rejeter leurs livres ; mais que nous ne devrions pas nous y confiner ou à d'autres, encore moins à l'église du Christ, pour n'importe quel écrit ou expression des conciles des Pères, comme si n'importe quel homme était obligé de parler et de croire juste comme ils disent ; et de considérer les hérétiques tous ceux qui n'utilisent par leur langage. Il conclut par ces mots. "Si quiconque pense lui-même être obligé de nous rendre des termes nouveaux et étranges, dans le but d'exprimer sa foi en matière de religion, ainsi que les paroles des prophètes et des apôtres ne peuvent lui servir ; il est plus certain, que non seulement les mots, mais la doctrine et la religion sont nouveaux, autrement il ne doit pas chuter en découvrant dans les saintes écritures des expressions adaptées pour transmettre sa pensée." Brandt ajoute, "Ce livre ne fut pas bien reçu, mais interprété comme si l'auteur aimait à appeler chaque chose en question, et en se positionnant à la tête d'un parti et en perturbant l'église nationale. Il fut résolu de saisir les livres, ainsi que son auteur. Et de tels soins et discrétions ont été utilisés pour le poursuivre, si bien qu'il fut obligé d'aller de ville en ville, même au le lieu où ils connaissaient son logement la nuit précédente ; en ainsi beaucoup l'obligèrent de sortir du privé et de quitter la pays." 

    L'Archevêque Blackburne, fit allusion aux libertés prisent par Erasme Jean avec l'antiquité, et dit, "les temps qui n'étaient pas pour la tolérance  de ces sentiments, et le pauvre homme qui était assez hardi de les donner en public fut obligé de fuir de ce pays."

    Des Pays-Bas il alla en Pologne, et d'où il passa en Transylvanie, où la fonction de Pasteur d'une église à Kolosvar lui fut confiée, à condition que lors de ses discours publics, il ne devait pas toucher le sujet de la préexistence du Christ. Il fut connu pour entretenir des idées sur ce point, faisant une différence d'avec le grand corps des unitariens de Pologne et de Transylvanie ; et le silence sur ce sujet fut la seule restriction imposée sur lui.

    En 1584, l'année dans laquelle il quitta Anvers, et peu après qu'il s'installa à Kolosvar, il alla à Cracovie, et demanda la permission de doner aux églises unitariennes en Pologne les raisons, qui l'empêchaient d'embrasser les idées, qu'il n'était pas le fils unique du Père avant l'homme Jésus de Nazareth né de la Vierge Marie. La permission lui fut accordée, et, par le propre consentement d'Erasme, les églises engagèrent la province de répondre à ses arguments par l'un de leur frère. La personne sélectionnée pour ce but fut Faust Socin, qui discuta deux jours avec lui, d'une manière calme et amicale. Erasme, durant son passage à Cracovie, leva et envoya à Socin les grandes lignes de son débat ; mais Socin, à leur lecture, trouva que Erasme avait oublié certaines choses avancées par lui, et n'avait pas donné une représentation correcte des autres. Ceci le conduisit à lever une réfutation des arguments et du raisonnement offerts par Erasme, pour prouver que Dieu était le seul fils unique de Dieu avant d'être né de la Vierge Marie. Elle fut éditée à Rakow en 1595, en 8vo., et dédiée à Jérôme Moscorovius. A ce travail il fut ajouté une lettre d'Erasme, avec la réponse de Socin.  

    Le propre récit d'Erasme pour les arguments mis en avant lors de cette discussion furent édités par Alexius Rodecki à Cracovie, en 1585, sous le titre, "Anti-thèse de la doctrine du Christ et de l'anti-christ au sujet du vrai Dieu." Le nom de  l'auteur n'est pas attaché à ce livre ; mais nous apprenons, d'une lettre de F. Socin à Mathieu Radecius, qu'il était le produit d'Erasme Jean. Il est mentionné par Bayle ; et Schelhorn qui supposèrent être le même volume édité à Anvers.

    Le reste de la vie d'Erasme Jean apparaît pour s'être passé dans la fonction de ses devoirs pastoraux à Kolosvar, où probablement il mourut à la fin du seizième siècle. Qu'il vivait toujours en 1590 apparaît d'une lettre qu'il adressa à Faust Socin cette année même, et dans laquelle il demandait ses idées correspondantes au sujet d'un "Traité sur les raisons de la vie éternelle," qu'il avait expédié à Cracovie, pour sa lecture. 

    En plus des travaux d'Erasme déjà mentionnés, il écrivit, un livre sur les quatre monarchies ; et un commentaire sur l'apocalypse. Il fut dit aussi, par Sandius, qu'il corrigea la version d'une Bible en Hébreu de Junius et Tremellius, dans sa partie prophétique.

     

    (Vidend. Sandii B. A. pp. 87,88. Bock, Hist. Ant. T. I. pp. 419—423. 1090,1091. Hoornbeek, Summa Controv. L. vii. p. 568. Zeltneri Hist. Crypto-Socinianismi Altorf. pp. 244 — 247. Sclielhornii Amoenitates Literariae, T. II. pp. 355, 356. Brandt's Hist, of the Reformation in and about the Low Countries, Bk. xiii. A. D. 1584, Vol. I. pp. 399, 400. Be la Roche's Abridgment, Vol. I. pp. 218—221. Bayle, Diet. Hist, et Crit. Art. Socin. Not. k. Toulmin's Mem. of F. Socinus, Chap. iv. pp. 334, 335. The Confessional, 2nd Ed. Lond. 1767, 8vo. p. 22.)

     


     DidierLe Roux
     
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