• Les douze arguments de Biddle

      Les douze arguments de Biddle Les douze arguments de Biddle 
     
     

    Les douze arguments de BiddleBiddle est justement appelé le "Père des Unitariens anglais".
    De ses plus proches successeurs jusqu'à nos jours, tous s'accordent en Biddle pour sa large contribution d'avoir stimulé ses contemporains pour qu'ils s'interrogent sur les doctrines, telle la Trinité, et par conséquence ne plus croire en elles.

    Pourvu de qualités au-delà d'une personne ordinaire, Biddle dès le jeune âge de quinze ans publiait une traduction de textes classiques d'anthologies. Brillant dans ses études, doté d'un caractère fort et indépendant, il est venu à considérer par lui-même les Saintes Ecritures. Il est dit de lui : qu'il était venu à connaître le Nouveau Testament pratiquement dans son entier. Biddle en fait se poser de multiples questions quant aux enseignements reçus de l'Eglise et trouvait que les théologiens d'alors se référaient trop aux écrits des Pères de l'Eglise pour recevoir des réponses claires à ses attentes.
    L'évidence de ses découvertes à la lumière des Ecritures le transcendait, tel un chercheur d'or qui aurait découvert une pépite, et il ne pouvait s'empêcher de les partager très enthousiaste avec d'autres personnes. Il est à rappeler qu'avant qu'il se soit décidé d'éditer ses douze arguments, il fut jeté en prison par les magistrats de Gloucester suite à une dénonciation d'une connaissance et entendu pour répondre de ce qu'il avançait dans les discussions qu'il entretenait. Dans cette même période dégoûté et abandonné, il essayait d'avoir une discussion publique avec le célèbre Archevêque
    James Ussher (1581-1656), l'auteur de la chronologie de la Bible, peut-être sans résultat.

    Bien qu'il affirmait ne jamais avoir eu connaissance des écrits de
    Faust Socin (1539-1604), il connaissait peut-être déjà le Catéchisme de Rakow et avait inauguré l'église des Etrangers d'inspiration unitarienne. Convaincu d'avoir touché des vérités, ne souhaitant pas en rester là, longuement il s'employait pour élaborer ses conclusions sous formes de Douze Arguments basés sur les Ecritures et plus particulièrement orientés sur la déité de l'Esprit Saint publié en 1647. Ce traité est considéré le premier écrit unitarien en Angleterre pour une conception du Christ qui est identique à celle de Faust Socin. Pour autant, il continua plus que jamais d'étudier la Bible, et ses Douze Arguments s'adressaient plus particulièrement au public dont il espérait enfin recevoir l'attention qu'il pensait mériter à toutes ses découvertes.

    Ce qui suit sont ses
    Douze Arguments :

    1. Celui qui est distinct de Dieu n'est pas Dieu, l'Esprit Saint est distinct de Dieu.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    Biddle autrement explique ce syllogisme avec ces mots : La prémisse majeure et tout à fait claire puisque si nous disons que l'Esprit Saint est Dieu mais distinct de Dieu alors ils impliquent une contradiction. La prémisse mineure que l'Esprit Saint est distinct de Dieu s'il est pris personnellement et pas essentiellement est contre toute la raison : Premièrement, il est impossible pour n'importe quel homme de distinguer la personne de l'essence de Dieu, et ne peut formuler deux êtres ou choses dans son esprit. En conséquence, il sera forcé à la conclusion qu'il y a deux dieux.
    Deuxièmement, si la personne est distincte de l'essence de Dieu, la personne serait une certaine chose indépendante. Par conséquent elle serait finie ou infinie :
    -Si elle est finie alors Dieu serait une chose finie puisque selon l'Eglise tout dans Dieu est Dieu lui-même. Ainsi la conclusion est absurde.
    -Si elle est infinie alors il y aura deux infinités dans Dieu, et par conséquents deux dieux, ce qui est plus absurde que l'argument précédant.
    Troisièmement, parler de Dieu pris impersonnellement est ridicule, comme il est admis par chacun que Dieu est le nom d'une personne, qui avec des règles absolues de souveraineté gouverne sur tout. Aucune personne ne peut régner au-dessus d'autres donc de le prendre autrement que personnellement est de le prendre autrement que ce qu'il est.

    2. Celui qui a donné l'Esprit Saint aux israélites est Jéhovah seulement.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Jéhovah, ou Dieu.

    3. Celui qui ne parle pas de son propre chef n'est pas Dieu.
    L'Esprit Saint ne parle pas de son propre chef.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    4. Celui qui est enseigné n'est pas Dieu.
    Celui à qui il est indiqué ce que d'autres ont dit est enseigné.
    Le Christ parle de ce qu'on lui dit. Jean 8 : 26 "J'ai sur vous beaucoup de choses à dire et à juger ; mais celui qui m'a envoyé est véridique et je dis au monde ce que j'ai entendu de lui"
    Par conséquent le Christ n'est pas Dieu.

    5. En Jean 16 : 14 Jésus dit que "Dieu est Celui qui donne toutes choses à tous."
    Celui qui reçoit des autres n'est pas Dieu.

    6. Celui qui est envoyé par d'autres n'est pas Dieu.
    L'Esprit Saint est envoyé par Dieu.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    7. Celui qui n'est pas le donateur de toutes les choses n'est pas Dieu.
    Actes 17 : 25 "Il n'est pas non plus servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses".
    Celui qui est un don de Dieu n'est pas le donateur de toutes les choses.
    Celui qui est un don de Dieu lui-même est donné.
    Le don est dans la puissance du donateur.
    Dieu peut ne jamais être dans la puissance des autres.

    8. Celui qui change d'endroit n'est pas Dieu.
    L'Esprit Saint change d'endroit.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    9. Celui qui prie le Christ pour venir en jugement n'est pas Dieu.
    L'Esprit Saint fait ceci.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    10. Dans Romans 10 : 14 on y lit, "Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui ? Et comment croire en lui sans d'abord l'entendre ? Et comment entendre sans prédicateurs ?"
    Celui qui n'est pas cru n'est pas Dieu.
    Les hommes n'ont pas cru en Esprit Saint, pourtant étaient des disciples.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    11. Quiconque était recommandé par Dieu par un intermédiaire de ce qu'il doit dire (c.-à-d. Jésus) avait un accord distinct de Dieu.
    Par conséquent Jésus n'est pas Dieu.
    Et quiconque entend de Dieu ce qu'il enseigne (c.-à-d. ce que Jésus doit dire) est enseigné par Dieu.
    L'Esprit Saint fait ainsi.
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    12. Celui qui a une volonté distincte de la volonté de Dieu n'est pas Dieu.
    L'Esprit Saint a une volonté distincte de la volonté de Dieu. Romans 8 : 26 – 27 "Pareillement l'Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables, et Celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l'Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu."
    Par conséquent l'Esprit Saint n'est pas Dieu.

    Biddle réussissait cette fois à se faire entendre et de quelle manière, bien que son pamphlet à peine plus grand qu'un tract, créait une sensation énorme auprès du public. Ces
    Douze Arguments sont clairs, convaincants et abordables par tous, ce qui ne manqua pas de retenir l'impression des personnes qui approuvaient ces 'vérités' révélées par Biddle. Certainement il fut ressenti pour être une provocation par les autorités qui voyaient dans cette soudaine liesse un danger éminent, et des voix s'élevaient indignées réclamant que Biddle soit condamné. Rappelé devant la cour, il fut décrété que son traité soit brûlé publiquement, mais fort de son succès et du soutient qu'on lui offrait, il décidait de le republier avant la fin de l'année.

    Malgré des écrits qui réfutaient ses vues, l'année qui suivait Biddle en son nom éditait une
    Confession de Foi touchant la Sainte Trinité selon les Ecritures, et créait peut-être encore plus d'agitation que les Douze Arguments. Dans cet écrit Bidle n'a pas nié la doctrine de la trinité, mais simplement essayé de la purifier des corruptions que l'Eglise Catholique avait introduite en elle, et de l'apporter de nouveau en harmonie avec les Ecritures. Comme Michel Servet, qui s'est opposés aux termes philosophiques qui ont été employés pour l'exprimer, et arguait du fait que la doctrine en tant qu'alors enseigné nous donnait trois dieux au lieu d'un, avait mis à mal la pure religion et avait empêché beaucoup d'accepter le Christianisme. Biddle fut donc déterminé pour sa propre croyance quant à la trinité en six articles pleins, chacun soutenu par des textes de la Bible et des arguments les accompagnant.

    Il n'est pas sûr que dès ce moment l'enseignement de Biddle fût associé au Socinianisme ou à l'Unitarisme, bien que prenant racine dans l'esprit populaire anglais. Ses écrits impressionnaient tellement qu'il fut établie une ordonnance drastique qui condamnait à mort toutes personnes qui niaient la Trinité ou la déité du Christ et de l'Esprit Saint. Bien qu'emprisonné de nouveau, Biddle profitant d'un climat politique assoupli ne subissait jamais l'ordonnance, si bien, qu'en 1652 il fut proclamé l'acte ou loi de l'Oubli (Law of Oblivion), et Biddle fut remis en liberté.
    Bénéficiant de sa popularité et de la liberté religieuse décrétée, il organisa des assemblées à Londres. Chaque dimanche pour le culte religieux, il se réunissait avec de nombreuses personnes convaincues par ses idées, d'où une congrégation indépendante fut formée. Pensant détenir la vérité, ils n'hésitaient pas à s'affirmer en prenant le nom de 'seuls Chrétiens', bien qu'en fait, ils étaient plutôt connus pour être des
    bidelliens ou sociniens.

    Cette fois, c'est un mouvement identifié et la première Eglise Unitarienne en Angleterre qui était née et reconnue avec Biddle à sa tête, qui fera de lui le "Pères des Unitariens Anglais".

    En 1651 ou 1652, le Catéchisme de Rakow fut traduit par Biddle à Londres à partir d'une version latine, mais le Parlement décidait, dans le mois qui suivait, la destruction de toutes les copies qui pouvaient être trouvées, après l'avoir jugé 'blasphématoire, incorrect et scandaleux'. Mais toutefois, une version anglaise fut apportée par la suite.
    Dans la même période, Biddle rééditait ses premiers tracts et éditait une traduction anglaise de
    La Vie de Socin.
    Maintenant fort des connaissances des enseignements de Socin et du Catéchisme de Rakow, il éditait un
    Double Catéchisme des Ecritures (Twofold Scipture Catechism), dont l'une des parties s'adressait aux enfants. Bien qu'il puisait dans les questions et réponses du Catéchisme de Rakow, il n'était pas complètement satisfait des enseignements de celui-ci, et agrémentait son propre catéchisme de ce qui lui semblait être l'enseignement pur du Christianisme en donnant des réponses complètes en se basant sur les Ecritures, dont il acceptait l'autorité divine.

    Bien que de nombreuses oppositions aient suivi ce Double Catéchisme des Ecritures, Biddle au crépuscule de sa vie, conscient de tout le travail qu'il avait produit, disait que "le travail était fait".

    Il est à classé sans contestation possible parmi ceux qui avaient cette ferme résolution de mettre avant leur propre vie le Christianisme purifié des enseignements non scripturaux, tels Servet, Socin, ou encore
    Paul Best qui fut influencé directement par lui.

    DidierLe Roux


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