• William Ellery Channing : Etude d'Ernest Stroehlin : Introduction

    William Ellery Channing : Etude d'Ernest Stroehlin : Introduction
     

    William Ellery Channing : Etude d'Ernest Stroehlin : IntroductionWilliam Ellery Channing ; étude d'Ernest Stroehlin ; Section : 1 Introduction.

     


        Channing
    n'est plus un inconnu au milieu de nous, et le temps n'a fait qu'accroître l'admiration et les sympathies excitées chez les âmes d'élite par les talents et les vertus du célèbre pasteur Unitaire. Le premier, M. Edouard La- boulaye le fit connaître en France par d'intéressants et substantiels articles publiés dans le Journal des Débats ( 24 juillet—7 août 1852), et bientôt suivis (décembre 1853) de la traduction de la partie la plus excellente de ses œuvres « les OEuvres Sociales. »


        En 1855 parurent les Traités contre l'Esclavage, en 1857 et 1862 deux volumes plus spécialement consacrés aux discours religieux et aux écrits théologiques. Ce fut une bonne fortune pour Channing d'avoir pour introducteur auprès du public lettré un penseur aussi éminent et un disciple aussi dévoué que M. Laboulaye. Homme politique, le publiciste parisien applaudit le Réformateur social de Boston, qui poussa toujours au plus haut degré le respect de l'individu et vit dans tout homme, même le plus dégradé, un être immortel ; philanthrope, il fut entraîné par la calme et sereine éloquence de l'infatigable défenseur des pauvres et des opprimés ; philosophe religieux, il admira le chrétien éclairé et intrépide qui ne sacrifia jamais la raison à la foi, et qui maintint haut et ferme la sublime devise : Évangile et Liberté. Aussi apprécia-t-il à leur juste valeur les remarquables qualités du pasteur américain et la noblesse de son entreprise, et ses belles préfaces sont-elles toutes pénétrées de la largeur et de l'élévation de son maître.


        M. Ernest Renan, qui publia en 1853 dans la Revue des Deux-Mondes un élégant et spirituel article sur Channing, était, par la constitution même de son esprit, bien moins capable de comprendre le caractère du ministre de Boston, et le contraste était trop complet entre eux pour qu'il pût conserver vis-à-vis de lui sa haute impartialité et ses brillantes facultés d'analyse psychologique et de compréhension historique. Spectateur par trop désintéressé des événements, se complaisant dans le doute comme dans la véritable distinction de l'esprit, regardant le dédain du vulgaire comme la plus précieuse attribution du savant, véritable aristocrate de la république des lettres, M. Renan avait une nature trop raffinée pour estimer les fortes convictions, la généreuse ardeur, le profond intérêt pour les classes souffrantes et méprisées, et aussi, devons-nous ajouter, le bon sens un peu grossier, l'absence de vaste culture, le manque de spéculation et de critique de Channing. L'honnête est ici sacrifié au beau, l'amour de la vérité menace de dégénérer en curiosité pure, et l'auteur préfère sans hésiter l'Italie artistique et voluptueuse de la renaissance à cette simple et prosaïque Amérique, où un homme de goût courrait fort le risque de s'ennuyer.


        La véritable grandeur de Channing a été bien mieux saisie par un écrivain qui, par son cœur toujours jeune, par ses idées toujours élevées, par un amour de la liberté toujours vif et toujours sincère, est l'un des plus dignes et des plus sympathiques représentants de la philosophie contemporaine, M. Charles de Rémusat. Dans l'intéressante préface qu'il a jointe à la biographie française de Channing, il a fait ressortir avec autant de talent que de justesse les principales lignes de la physionomie morale du pasteur américain ; il a compris qu'il fallait à notre époque, ballottée entre le doute et la superstition, une religion qui satisfît à la fois l'intelligence et le cœur, et il s'est plu à honorer Channing et Arnold comme deux des apôtres les plus fervents et les plus distingués du Christianisme du dix- neuvième siècle.


        MM. de Rémusat et Renan avaient étudié en Channing l'écrivain et le penseur, M. Laboulaye avait esquissé de la manière la plus heureuse les traits distinctifs de son caractère : restait à écrire sa biographie et à retracer les événements les plus importants de sa carrière. C'est cette tâche qu'a accomplie avec succès une dame anglaise, Mrs Hol- lond, dans le volume recommandé aux lecteurs français par M. de Rémusat. Elle a extrait de la vie de Channing, écrite par son neveu avec cette ampleur familière et cette abondance de documents épistolaires si fréquentes chez les auteurs anglo-saxons, les parties les plus saillantes et les détails les plus curieux ; elle a raconté avec un doux attrait et un affectueux respect cette existence si belle et si pure consacrée tout entière à la propagation du Christianisme et à la défense de la vérité, et elle a proposé à notre imitation «ce ministre de Boston qui, loin de dédaigner l'appui de la raison, l'invoqua avec d'éloquents accents et qui se consacra pendant quarante années à l'étude des grands problèmes qui préoccupent la société moderne. » Peut-être pourrait-on lui reprocher, surtout pour la partie théologique, d'avoir montré trop de circonspection et.de réserve, et de n'avoir pas entièrement compris la haute spiritualité et la sainte hardiesse du pasteur Unitaire, mais on ne peut lui contester d'avoir mis en relief avec un soin particulier et une remarquable délicatesse de touche les qualités morales de son héros et de l'avoir présenté sous son jour le plus sympathique.


        C'est aussi le but que nous poursuivons en écrivant ces quelques pages, et nous serions heureux si nous pouvions mettre en lumière les éminentes qualités et les doctrines essentielles du réformateur américain, et montrer en lui la noble et touchante union d'un chrétien pieux et d'un penseur indépendant.

      

    TABLE DES MATIÈRES.

    PREMIÈRE SECTION.

    Introduction.

    § 1. Esquisse biographique.

    § 2. Caractère de Channing. 

     § 3. Channing, Prédicateur. 

    § 4. Channing, Réformateur social.

    § 5. Channing, Homme politique, sa lutte contre l'Esclavage.

    Thèses. 

     

     

    Didier Le Roux

    Retour page d'accueil
    ___________________________________________________________________________________________________________________
    Le Roux Didier- Unitariens - © Depuis 2006 – Tous droits réservés
    "Aucune reproduction, même partielle, autres que celles prévues à l'article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite de ce site sans l'autorisation expresse de l'auteur ".

     

    <script>// <![CDATA[ document.write(''); // ]]></script> <script>// <![CDATA[ document.write(''); // ]]></script>


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :