• Les Lollards

     

    Les Lollards

     
     
    Les LollardsLollards et Wycliffites

         Il est accordé le plus souvent au nom de ‘Lollards’ de tirer son origine des Pays-Bas et d’une région aux alentours de Cologne, quant à son étymologie elle est plus imprécise…

        Des sources avancent le nom de Walter Lollards (son vrai nom Walter Raynard), natif de Memtz en Allemagne. Il fut célèbre pour son éloquence, ses écritures et ses prêches Waldensians (Vaudois) et serait allé en Angleterre, puis devenu disciple de Wyclif John et brûlé à Cologne en 1322.
        Une autre source évoque un certain Matthew, dont les ossements auraient été exhumés et brûlés, du nom de Mattaeus Lollaert (Fredericq, I. 172).

        Dans différentes langues le sens de ‘lollards’ peut avoir plusieurs sens :

        - Le mot hollandais, Lollaerd, signifie quelqu’un qui murmure, un bafouilleur ou babilleur (nom contemporain donné à de jeunes enfants qui commencent à parler). Ceci est également lié au mot hollandais, Lull ou Lollen (calmer), comme dans «une mère qui calme son enfant à dormir », ou « chanter un chant », donnant l’idée d’une personne qui fredonne, qui chante et qui loue.
        - En latin, Lolium, une ivraie, comme si les Lollards étaient l’ivraie semée dans la vigne du Christ.
        - En anglais, Lollards a dérivé en lazy wagabong (wagabond fainéant), idler (paresseux) et frauduleux beggar (frauduleux mendiant).
        - En allemand, Lobin, pour féliciter et encourager le Seigneur, parce que les Lollards voyageaient d'un endroit à l'autre en utilisant des psaumes et des chants.
        - Egalement, Lollin, qui signifie chanter à voix basse et donc un Lollard serait un chanteur ou celui qui chante fréquemment et dans la langue vulgaire de Bergman elle dénote une personne qui loue continuellement Dieu avec une chanson ou des hymnes en son honneur. D’autres dérives ont amené plusieurs déclinaisons de ce mot selon les pays comme : Lullhard, Lollart, Lullart, ou encore en allemand antique Lullin ou Lallin.

        Il est aussi à considérer que le nom de Lollards fut attribué par les autorités d’une façon générique à plusieurs groupes qualifiés d’hérétiques et interdits par l’Eglise. Nous retrouvons sous cette appellation plusieurs communautés qui remontent au XII siècle : ‘Beghards’ : qui signifie mendiants ou pauvres. ‘Beguines’ : nom donnait à des filles ou veuves qui, sans faire de vœux, se réunissaient pour vivre dans leur dévotion. ‘Fratricelli’ : dans le latin ‘frati’ ou frères. ‘Swestriones’ : qui s'appèlent eux-mêmes «frères et sœurs de la secte du Libre Esprit et de la Pauvreté. ‘Flagellants’ : pratiquant la flagellation pour permettre d'expier leurs péchés ; et encore les ‘Petrobrusians’ : secte dont son fondateur était Peter de Bruis (ect...)

        Le sobriquet de Lollards est souvent employé sarcastiquement par les opposants religieux catholiques d’Angleterre qui sous entendaient par là que ces hommes avaient une marche maladroite ou de flâneuse évoquant souvent la fainéantise. Mais en réalité qui furent les Lollards ?

        Les lollards sont plus particulièrement liés à la réforme en Angleterre au XIV siècle et plus justement appelés Wycliffites en raison de leur appartenance aux enseignements de Wyclif John.

        Un ex-veto de 1572 représentait Wyclif faisant jaillir une étincelle, Huss allumant le feu et Luther tenant la torche à bout de bras. Ces trois incendiaires réformateurs travaillèrent essentiellement à purifier les enseignements de l’Eglise Catholique, pour apporter leurs idées basées sur la bible à toutes les personnes sincères qui souhaitaient y trouver un sens pour leur foi.

        Les lollards, bien que souvent mis à mal, comme nous le verrons plus tard, existèrent pour autant sur trois siècles, le 14ème le 15ème et le 16ème et furent les étincelles de Wyclif. Ils favorisèrent ses prises de positions ouvertes, ses enseignements, et son désir ardent que le paysan jusqu’au noble puisse trouver la possibilité de lire la Bible et tirer des enseignements avec sa propre conscience, indépendamment des doctrines et de l’autorité de l’Eglise Catholique et de ses sbires.
        Il lança dans tout le territoire les lollards appelés pauvres prêtres en raison de leurs simplicités, vêtus de longues robes rousses et rugueuses, prêchant dans les campagnes, bibles et bâtons aux mains et vivant le plus chichement possible, un peu à la ressemblance des franciscains de l’époque.

        Leurs forces étaient également leurs faiblesses…

        Ils n’avaient pas de doctrines centrales, ne créèrent pas une nouvelle religion et perpétuèrent les vues de Wyclif trouvant en elles un courant directeur qui laissait place à une liberté individuelle de pensée. Ils furent appelés le ‘partie laïque’ ou les ‘Hommes de la bible’. A l’image de Wyclif, scandalisé par l’attitude des papes pendant le schisme, les lollards étaient anticléricaux, rejetant cette forme d’autorité religieuse et tout le fastueux, qu’ils jugeaient contradictoires avec l’enseignement de la Bible et de la simplicité de l’Homme qu’était Jésus. Ils trouvaient l’Eglise corrompue sur les questions temporelles et l’hérédité divine dont elle se prévalait était injustifiée par ses comportements.
        Pour les lollards, seule la Bible faisait acte d’autorité et s’appuyaient sur douze conclusions qu’ils avaient présentés au Parlement, dont nous aurons l’occasion de revoir un peu plus tard dans ce sujet.
        Ils niaient la présence matérielle du Christ dans le pain de l’Eucharistie.
        Les lollards avaient aussi une réputation de millénaristes et certains d’entre eux accusaient l’Eglise Catholique de ne pas avoir assez de convergences avec le livre de la révélation (apocalypse).
        Beaucoup d’entre eux pensaient être prêt de la fin du monde et bon nombre de leurs écrits réclamaient le pape comme l’anti-Christ de la Bible.

        Retraçons leur difficile parcours pendant ces siècles…

        Suite au décès de Wyclif en 1384, John Purvey devint le leader et le secrétaire du mouvement, profitant de la schizophrénie du tyrannique Ricardo II, pour en renforcer la position et était protégé par plusieurs membres de la noblesse.
        En 1395, il fut présenté au Parlement un projet de réforme de l’Eglise d’Angleterre en douze points reprenant les vues de Wyclif, qui fut bien évidemment rejeté. On pouvait retrouver dans ce projet les requêtes suivantes : la non utilisation des croix, de l’huile, de l’encens ou encore de ne plus faire la guerre, la possession de terres pour les guerriers, perdre de vue la charité, l’exorcisme, d’aller directement aux enfers et au sujet de la Bible portant le nom de Wyclif. Ils affichèrent ce projet sur les portes de la cathédrale Saint Paul et d’autres grandes églises.
        Cette action attisa la haine de la part des évêques qui souhaitaient des décrets de plus en plus répressifs à l’encontre des lollards.
        Henri de Lancaster, le fils de Jean de Grand, l’ami de Wyclif, devint le roi Henri IV (1399-1413) et à partir de ce moment la situation devint radicalement de plus en plus mauvaise. En fait, comme remerciement à l’Eglise, il entreprit une énergique action pour obtenir la suppression du mouvement des lollards. Cette action contre les hérétiques dite : ‘Comburando haeretics’ (brûler les hérétiques) de 1401, fut son premier acte officiel et donnait plein pouvoir aux évêques, d’arrêter, d’emprisonner, torturer pour forcer la main des hérétiques. De son côté, le Parlement autorisa de brûler les hérétiques et interdit la prédication.
        Les violateurs après avoir été jugés devant un tribunal diocésain, trouvés coupables et refusant d’abjurer étaient remis à l’officier civil, puis brûlés à l’endroit le plus haut de la place publique pour être vues de tout les observateurs qui se retrouvaient frappés de crainte.

        Les principaux personnages connus de la première période du temps de Wyclif, Phillip Repyngdon, John Asthon, Nicolas Hereford et John Purvey se rétractèrent.

        Il semble que Repyngdon fit de lui-même une complète rétractation sous forme de déclaration à Oxford au sujet de Wyclif et de ses vues sur le sacrement en 1382. Par la suite, il eut de hautes faveurs ; devint chancelier d’Oxford, évêque de Lincoln puis Cardinal en 1408. Il démontra de l’ardeur à traiter avec zèle et sévérité, le mouvement qui fut celui des premières vues qu’il adopta.

        John Asthon qui fut l’un des plus actifs prédicateurs de Wyclif, toujours en avant dans la prédication avec zèle, dont l’historien Knighton déclara de celui-ci qu’il était : « Bondissant de son lit tel un chien, prêt à aboyer, … », se soumit finalement à la cour de Courtenay. Il fut restauré dans ses privilèges de lecteur à Oxford mais par la suite se retrouva de nouveau en compagnie de Wycliffites.

        Hereford, compagnon de traduction de Wyclif fut appelé à Rome, condamné et emprisonné dans un château. Après deux années d’isolement, il s’échappa pour l’Angleterre et après avoir été emprisonné de nouveau, fit la paix avec l’Eglise et mourut à Carthusian (square et rues d’un quartier de Londres).

        En 1389, neuf lollards se rétractèrent à Leicester. Le populaire prédicateur, William Swynderby, dont ses sermons attiraient de nombreuses foules, fit une abjecte rétractation, avant de revenir à ses anciennes vues et fut jugé et reconnu coupable en 1391. Il fut brûlé ou tué en prison, mais aucune source ne semble vraiment certaine à ce sujet.

        Le nombre qui a souffert de la mort suite à cette loi de 1401 ne fut pas très important en totalité. Il est à rappeler particulièrement le premier martyr, un pauvre chapelain de St Osythe, William Sawtré, mort le 2 mars 1401, avant même que le statut pour le brûlage des hérétiques soit promulgué ; Après avoir abjurer, il retourna a ses anciennes vues et refusa d’admettre le dogme de la transsubstantiation, fut jugé par une cour ecclésiastique et remis aux autorités qui le fit brûler vif sur la place du marché aux bestiaux de Smithfield à Londres.

        Parmi les personnes qui furent brûlées, nous pouvons également rappeler le cas de John Badby, un tailleur d’Evesham qui en en 1410, bien que le jeune prince Henri vint en personne le supplier d’abjurer, que l’on enleva les fagots un moment qui l’entouraient, refusa de changer d’avis et finalement le bûcher fut embrasé.


        Nous pouvons également citer le cas de deux marchants de Londres, Richard Tuming et John Claydon qui à Smithfield furent condamnés en 1415, de William Taylor, un prêtre en 1423 à Smithfield également, de William White à Norwich en 1428, de Richard Moreden, un citoyen de Londres en 1430, de Thomas Bagleg, un prêtre, dans l’année qui suivit et en 1440, Richard Wyche, qui avait correspondu avec Huss. Peter Payne, le principal du collège St Edmund d’Oxford qui prit refuge dans la fuite en 1417 et puis devenu leader parmi les hussites, prenant une large participation comme leur représentant lors du Concile de Bâle.


        Selon Foxe, il y avait entre 1424 et 1480, pas moins de 100 poursuites pour hérésie, uniquement pour Norwich.
        La menace paraissait si grande, qu’en 1427, Richard Flemming, évêque de Lincoln fonda le collège Lincoln à Oxford pour contrebalancer l’hérésie. Dans ce collège passa John Wesley, qui porta une grande atteinte à l’Eglise d’Angleterre.

        Pour autant, un bon nombre de laïques de hautes positions à la cour étaient favorables aux enseignements de Wyclif, comme Sir Lewis Cliffort, Sir Richard Stury et Sir John Clanuwoive, tous conseillés du roi, Sir John Cheyne Seigneur et chancelier, Sir Thomas Erpingham et aussi le comte de Salisbury. Oldcastle, connu également sous le nom de seigneur de Cobham de son mariage avec l’héritière du domaine de Cobham, était différent. Ils autorisait ses nouveaux prédicateurs sue ses terres du Kent, condamnant la masse, la confession auriculaire et l’adoration des images pieuses.

        A la cour de l’archevêque Thomas Arundel, où apparaissait auparavant Sir John Oldcastle, on appris que ce dernier répétait ses déclarations. Elle se retourna contre lui en le remettant aux autorités séculaires, qui sous le pouvoir du jeune prince devenu le roi Henri V et bien décidé a mener la même politique que son père, le fit emprisonner dans une tour de Londres, pensant que cet exemple serait dissuasif auprès des hérétiques.
        Toutefois, il réussit à s’évader. Dans le but d’aider Oldcastle, et de plus comme ils se sentaient menacer grandement, prirent les armes au nombre de 20 000 et envisagèrent avec lui à sa tête de kidnapper le roi près de Londres.
        Ils échouèrent dans leur tentative, alors se regroupèrent et marchèrent vers St Giles Fields, et furent finalement arrêtés ou tués et certains purent prendre la fuite.

     
        Pendant trois années, Oldcastle réussit à échapper aux poursuites. Déclaré hors la loi, il se réfugia en Ecosse, mais fut arrêté et jugé à Londres comme traite et hérétique et fut condamné à être suspendu par une fourche au dessus d’un feu qui se consumait lentement, jusqu’à la mort en 1417.


        Cet acte de rébellion fut une erreur, allant à l’encontre même de certaines de leurs résolutions, aggravant les persécutions pour encore deux décennies qui voyaient plusieurs lollards finir au bûcher. Il semble qu’une autre organisation tenta de se révolter et s’acheva dans un bain de sang dont pour William Perkins en 1431.

        C'est un agréable soulagement, que de ces procès et ces mises à mort, on pouvait trouver à l'Université d’Oxford le maintien d’un bon témoignage en mémoire de se diffamé et néanmoins distingué mort, plaçant au plus haut le sens de la pureté de vie, le pouvoir dans la prédication et l'assiduité dans les études. Sa mémoire fut conservée à Oxford, au moins secrètement, mais le Parlement décida de supporter les autorités ecclésiastiques pour écraser cette doctrine.

        Malgré cela, les lollards continuèrent de survivre bien que les persécutions se poursuivirent largement.

        En 1414, il ordonna à l’officier civil de prendre l’initiative de rechercher et de rejeter l’hérésie, les magistrats étaient sollicités pour utiliser leur puissance pour extirper toutes manières de l’hérésie et les erreurs des lollards. Ce serment continua d’être administré pendant deux siècles, jusqu’à ce que Sir Edward Coke, Haut seigneur de Buckinghamshire, refusa de l’utiliser, ainsi que le nom de lollards, insistant sur le fait que les principes des lollards avaient été adoptés par l’Eglise d’Angleterre.

        L’archevêque Chichili, semblait bien plus tordu que son prédécesseur Arundel, pour nettoyer le royaume de toutes tâches d’hérésie. En 1416, il joignit son suffrage pour diligemment s’enquérir que deux fois par an les personnes que sous suspicions et ne les ayant pas remis au tribunal séculier, de les commettre pour un perpétuel ou temporaire emprisonnement, selon que la nature du cas le réclamait.


        C’était dans la même période qu’un anglais qui était présent au procès de Huss à Constance, qui après avoir fait un parallèle entre les vues Wycliffites et celles de Bohème dit : « Par mon âme, si j’étais à votre place, j’abjurais, comme en Angleterre tous les maîtres, l’un après l’autre, bien que de bons hommes, étaient suspectés pour wycliffisme et abjuraient sous le commandement de l’archevêque.»


        Les enseignements de Wyclif pénétrèrent aussi en Ecosse, James Resby, un pauvre prêtre wycliffite, fut brûlé à Perth en 1407 et un autre à Glasgow en 1422. En 1488, un étudiant Bohémien de St Anrew, Paul Graw, souffrit de la même punition pour hérésie. Dans l’année 1416, chaque maître Es art de St Andrew furent obligés de prendre des serments contre les lollards pour défendre l’Eglise.


        Entre 1450 et 1457, les lollards étaient restreints à un district rural. A Amsterdam, l’un de ses fiefs, quatre lollards furent jugés dont certains mis à mort en 1462, comme William Barlowe en 1466, et John Goose une année plus tard.
        En 1507, trois furent brûlés ici, incluant William Tylsworth, le principal homme de la congrégation. Au moment crucial, il fut abandonné par les membres de la congrégation et soixante d’entre eux se joignaient pour préparer les fagots de son bûché.


        Ce temps de rétractation continuait d’être connu dans le district comme la Grange Abjuration.
        La première femme qui a souffert comme martyr en Angleterre fut Joan Broughton, brûlée à Smithfield en 1494, comme sa sœur qui était encore une jeune femme. Neuf lollards firent pénitence sur la place publique de Coventry en 1486, et aussi tard que 1519, six hommes et femmes souffraient de la mort ici même. Foxe fait mention de William Sweeting et de John Brewster pour avoir été brûlés à Smithfield en 1511 et John Brown à Ashford la même année. Pourtant, considérablement les vues de Wyclif continuaient secrètement d’être tenues et ses écrits lus malgré cette conjecture et ce jusqu’en 1559 quand fut abrogée la législation contre les lollards.

        Il faut nous rappeler, l’épouvantable épisode qui survint au sujet de leur leader spirituel, John Wyclif, bien que décédé le 31 décembre 1381…

        Les lollards avaient continués sans cesse de propager les enseignements et la Bible de Wyclif dès sa parution à travers toute l’Angleterre et si le commun peuple ne pouvait lire la Bible librement, il y avait néanmoins quelqu’un qui, en haut lieu, pouvait le faire. C’était Anne, reine d’Angleterre, qui possédait une Bible latine dans sa langue maternelle, le tchèque. Elle avait épousé Richard II en 1383. Son frère, le roi Venceslas, avait accepté ce mariage sur le conseil du pape, qui pensait ainsi servir ses propres intérêts. Mais il ne se doutait pas des conséquences qu’avait sa décision. Anne entendit très vite parler des écrits de Wyclif et s’en procura quelques-uns, ainsi que les quatre Évangiles en anglais. Les ouvrages lui plurent, et elle prit la défense de leur auteur. Des membres de la cour de Prague venus en visite remportèrent certains des écrits de Wyclif en Bohême. Par ailleurs, l’université de Prague noua des relations avec celle d’Oxford, qui avait gardé une grande sympathie pour Wyclif.

        C’est ainsi que les écrits de Wyclif tombèrent entre les mains de Jan Huss, qui avait fait ses études à l’université de Prague et qui en était devenu le recteur. En 1403, les enseignements de Wyclif furent l’objet d’une série de discussions au terme desquelles ils furent condamnés par les autorités. Mais Huss continua de les prêcher. Finalement, en 1409, le pape Alexandre V publia une bulle par laquelle il demandait une enquête. Huss et ses disciples furent excommuniés, et 200 livres de Wyclif furent brûlés. Mais les enseignements de Huss et de Wyclif avaient enflammé toute la Bohême, et le roi ne prenait pas le parti du pape. La mort de ce dernier en 1410, et celle, l’année suivante, de l’archevêque de Prague, laissèrent donc à Jan Huss un répit dont il profita pour continuer sa prédication.

        Voulant tenter de mettre fin au schisme destructeur d’Occident, l’empereur Sigismond réunit le concile de Constance en 1414. Une fois encore, on se pencha sur les effets alarmants des écrits de Wyclif, effets que la papauté pouvait maintenant observer dans deux pays pourtant très éloignés l’un de l’autre : l’Angleterre et la Bohême. Aussi Hus fut-il condamné et brûlé vif en 1415, malgré le sauf-conduit que l’empereur lui avait remis. On déclara que Wyclif était l’instigateur de cette hérésie, en conséquence de quoi il fallait brûler ses livres, exhumer ses restes et les jeter hors de la “terre bénite”. Deux évêques de Lincoln jugèrent l’un après l’autre cette action si répugnante qu’il fallut attendre 1428 pour que le décret soit exécuté. On exhuma donc le corps de Wyclif, on le brûla et on dispersa ses cendres non loin de là, sur la Swift.
    Certains prêtèrent tout naturellement un sens symbolique à cette action odieuse : tout comme la rivière emportait les cendres de Wyclif vers l’immensité de l’océan, de même ses enseignements se répandaient dans le monde entier.

        L’enseignement des lollards était une prévision de la Réforme du seizième siècle, et apporta une large participation à préparer l'esprit des anglais pour ce changement. C'était un mouvement énergique de laïques. Dans la première période de la Réforme, les luthériens anglais étaient de temps en temps représentés comme les partisans immédiats de Wyclif. Ecrivant en 1523 à Erasme, Tonstall, l'évêque de Londres, dit du luthéranisme cela « ce n'était pas une question de quelques nouveautés pernicieuses, mais seulement que des nouveaux bras étaient ajoutés à la grande bande d'hérétiques de Wycliffites.»


      DidierLe Roux
     
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    ___________________________________________________________________________________________________________________                                                             Cliché : Pologne XVI siècle Antipas : Sources ; Wikipédia Encyclopédie ; Dizionario di eresie ; Profils de libertés ; Ethereal librairy ; Imago Mundi ; w80 1/11 24-8 : traduction de l’anglais et de l’italien vers le français par Didier Le Roux.


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