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CHRISTIANISME UNITAIRE.PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITAIRE. PRINCIPE PARTIE6
W.-E. CHANNING
CHRISTIANISME UNITARIEN.
PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN.
François Van Meenen.
PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN. (partie 2)
DISCOURS PRONONCÉ LORS DE L'ORDINATION DU RÉV. JARED SPARKS, BALTIMORE. 1819.
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II. POINTS DE DOCTRINE.
Après avoir ainsi déterminé les principes suivant lesquels nous interprétons l'Écriture, je vais passer à la deuxième grande division de ce discours, dans laquelle je dois exposer quelques-uns des points que nous faisons découler de ce livre sacré, particulièrement ceux qui nous distinguent des autres chrétiens.
5 De la vertu chrétienne.
Nous avons ainsi exposé nos vues sur l'objet le plus élevé de la mission du Christ, c'est-à-dire, le recouvrement de la vertu ou de la sainteté par l'homme. Maintenant je vais en dernier lieu indiquer comment nous comprenons la nature de la vertu chrétienne ou de la vraie sainteté. Nous croyons que toute vertu a sa base dans la nature morale de l'homme, c'est-à-dire, dans sa conscience, ou dans son sentiment du devoir, et dans la faculté de mettre son caractère et sa vie en harmonie avec sa conscience. Nous croyons que ces facultés morales sont le fondement de la responsabilité et le plus remarquable privilège de la nature humaine, et qu'aucun acte n'est digne d'éloge, s'il n'est pas le résultat de leur effort. Nous croyons que les dispositions, qui nous sont inspirées sans le concours de noire activité morale propre, n'ont pas la nature do la vertu, et nous rejetons par conséquent la doctrine do l'influence irrésistible de Dieu sur l'esprit humain, le moulant dans la bonté, comme on taille le marbre en statue. Une pareille bonté, si l'on ose se servir de ce mot, ne pourrait être l'objet de l'approbation morale, pas plus que les affections instinctives des animaux inférieurs, ou l'amabilité naturelle des êtres humains.
Par ces remarques, nous n'entendons pas dénier l'importance de l'assistance de l'esprit de Dieu ; mais cet esprit exprime pour nous une influence morale, éclairante, persuasive, et non pas une influence mécanique, forcée, impliquant la nécessité de la vertu. Nous sommes fortement opposés à l'opinion d'un grand nombre de Chrétiens sur l'impuissance de l'homme et l'action irrésistible de Dieu sur le cœur ; car nous croyons que par là on anéantit notre responsabilité et on renverse les lois de notre nature morale, on fait de l'homme une machine, on rejette sur Dieu le blâme de toutes les mauvaises actions, on décourage les bons esprits, et on remplit les esprits fanatiques des idées désordonnées d'une inspiration immédiate et sensible.
Parmi les vertus, nous accordons la première place à l'amour de Dieu. Nous croyons que ce principe est le véritable but et la vraie félicité de notre être, que nous sommes faits pour entier en union avec notre Créateur, que sa perfection infinie est le seul objet suffisant, où puissent se reposer les désirs insatiables et les capacités illimitées de l'esprit humain, et que sans lui nos plus nobles sentiments, l'admiration, la vénération, l'espoir et l'amour, se flétriraient et dépériraient. Nous croyons aussi que l'amour de Dieu est essentiel, non seulement au bonheur, mais à l'énergie et il la perfection de toutes les vertus ; que la conscience, sans la sanction de l'autorité de Dieu et sans une justice de rétribution, ne serait qu'un faible directeur ; que la bienveillance, à moins d'être alimentée par la communion avec sa bonté, et encouragée par un sourire, ne pourrait prendre racine au sein de l'intérêt personnel et de l'ingratitude du monde ; et que le gouvernement de soi-même, sans le sentiment de la surveillance divine, s'étendrait difficilement au delà d'une pureté extérieure et imparfaite. Dieu, par cela même qu'il est essentiellement bonté, sainteté, justice et vertu, est aussi la vie, la cause et le soutien de la vertu dans l'âme humaine.
Mais, tout en inculquant avec ardeur l'amour de Dieu, nous croyons qu'il est nécessaire de le distinguer avec soin de sa contrefaçon. Ce qu'on appelle piété est souvent sans valeur. Plusieurs personnes sont tombées dans cette opinion erronée, qu'on ne peut commettre d'excès quant aux sentiments dont Dieu est l'objet ; et, dans leur égarement, qualifiant de froideur cette possession de soi-même, sans laquelle la vertu et la dévotion perdent toute leur dignité, elles se sont abandonnées à des extravagances qui ont attiré le mépris sur la piété. Dans cette acception vulgaire, l'amour de Dieu est sans contredit plus funeste qu'utile à la moralité. Si la religion est l'écueil de l'intelligence, nous ne pouvons assez prendre soin de nous pour nous en préserver. Sur cette matière, il nous est facile d'être clair. Nous ne pouvons sacrifier notre raison à la réputation d'être zélé. Nous devons a la vérité et à la religion de soutenir que le fanatisme, la frénésie, les élans irréfléchis et les transports immodérés, sont toute autre chose que la piété.
Le véritable amour de Dieu est un sentiment spirituel, basé sur une notion précise de ses perfections morales, et consistant dans une estime, dans une vénération profondes pour elles. Il coïncide donc parfaitement avec l'amour de la vertu, de la rectitude et delà bonté, et en réalité, c'est la même chose. Vous pourrez aisément juger par là de ce que nous regardons comme les signes de piété les plus certains et les seuls décisifs. Nous ne faisons aucun cas des fortes excitations. Nous regardons comme un homme pieux celui, et celui-là seul, qui se conforme dans la pratique aux perfections morales et au gouvernement de Dieu ; qui montre qu'il se plaît dans la bienveillance de Dieu, en aimant et servant son prochain, qu'il prend à cœur la justice de Dieu, en étant résolument intègre ; qui manifeste son sentiment de la pureté de Dieu, en mettant un frein à ses pensées, à son imagination et à ses désirs ; et dont la conversation, les occupations et la vie domestique sont dominées par la conscience qu'il a de la présence et de l'autorité de Dieu. Autrement en toutes choses l'homme peut se tromper. Des nerfs maladifs peuvent lui procurer des visions, des sons et des impressions étranges. Des textes de l'Écriture peuvent paraître lui venir du ciel. Toute son âme peut être remuée, et sa confiance en la faveur de Dieu devenir exagérée. Mais dans tout cela il n'y a pas de religion. La question est de savoir si l'on aime les commandements de Dieu, dans lesquels le caractère divin se dévoile pleinement, et si l'on y soumet ses habitudes et ses passions ? Sans cela, l'extase n'est que dérision. Soumettre une seule fois ses désirs à la volonté de Dieu, vaut mieux que mille transports. Nous ne jugeons pas des penchants de l'esprit humain par ces ravissements, pas plus que nous ne jugeons de la direction naturelle d'un arbre pendant une tempête. Nous suspectons plutôt ces fougues intempérées, car nous avons observé que les sentiments profonds sont généralement moins bruyants et cherchent moins à s'étaler.
Qu'on ne s'imagine pas, d'après ces remarques, que nous voulons exclure la chaleur, ni même le transport, de la religion. Le vrai sentiment religieux mérite, sans contredit, qu'on l'honore et qu'on l'estime hautement. Nous croyons que le christianisme a pour but d'agir puissamment sur notre nature tout entière, sur le cœur aussi bien que sur l'intelligence et la conscience. Nous envisageons le ciel comme une condition dans laquelle l'amour de Dieu sera porté jusqu'à la ferveur, et donnera une joie sans limite ; et nous désirons, dans notre pèlerinage terrestre, nous abreuver de l'esprit de ce monde meilleur. Mais nous pensons que l'ardeur religieuse doit être estimée, seulement lorsqu'elle prend naturellement sa source dans un caractère cultivé, quand elle naît spontanément, quand elle est le prix de l'obéissance, quand elle est la chaleur d'un esprit qui comprend Dieu parce qu'il lui ressemble, lorsque enfin, au lieu d'apporter le désordre dans l'intelligence, elle l'élève, renforce la conscience, satisfait le cœur par l'accomplissement des devoirs ordinaires, et s'unit à l'enjouement, à la réflexion et à la discipline de la raison. Une certaine ferveur, dite religieuse, chez les hommes dont le caractère, dans son ensemble, ne dénote que peu de culture et d'élévation, et dont la piété semble en guerre avec la raison, est peu respectable à nos yeux. Nous honorons trop la religion pour attribuer son nom sacré à un zèle fiévreux, contraint, flottant, sans grande influence sur la vie.
Nous croyons qu'une autre branche importante de la vertu, c'est l'amour pour le Christ. La grandeur de l'entreprise de Jésus, l'esprit dans lequel il la mit à exécution, et les souffrances qu'il endura pour notre salut, sont autant de titres sérieux à notre gratitude et à notre vénération. Nous ne découvrons pas dans la nature de beauté comparable à l'amabilité de son caractère, et nous ne rencontrons pas sur la terre un bienfaiteur auquel nous soyons redevables d'une pareille dette. Nous lisons son histoire avec ravissement et nous apprenons par elle à connaître la perfection de notre nature. Nous sommes particulièrement touchés par sa mort, supportée pour notre rédemption, et par cette énergie de charité qui triompha de ses souffrances. Sa résurrection est le fondement de notre espoir de l'immortalité. Son intercession nous inspire la hardiesse de nous approcher du trône de la grâce, et nous levons nos regards au ciel avec une nouvelle envie, en pensant que, si nous le suivons là haut, nous pourrons y contempler sa douce physionomie et jouir à jamais de son amitié.
Je n'ai pas besoin de vous exprimer nos vues relativement aux vertus bienveillantes. Nous y attachons une telle importance, que souvent on nous reproche de les mettre au-dessus de la piété. Nous regardons l'esprit d'amour, de charité, d'humilité, d'indulgence, de générosité et de bienfaisance, comme le signe distinctif des Chrétiens, comme l'image la plus vive que nous puissions porter de Dieu, comme la meilleure preuve de piété. Il n'est pas nécessaire et je n'ai pas le loisir de m'étendre sur ce sujet, mais il est une espèce de bienveillance que je ne dois pas passer sous silence, parce que nous nous en formons une idée plus haute et plus juste que beaucoup de nos frères. Je veux parler du devoir de tolérance, de charité dans le jugement, spécialement envers ceux qui diffèrent de nous dans leurs opinions religieuses. Les Chrétiens ne se sont jamais plus départis de leur religion que sous ce point de vue. Nous lisons avec étonnement et horreur l'histoire de l'Église ; et parfois quand nous jetons un regard en arrière sur la chaleur de la persécution et sur le zèle des Chrétiens à établir entre eux des murs de séparation et à se vouer les uns les autres à la perdition finale, nous éprouvons le même sentiment que si nous lisions les annales d'un royaume de l'enfer plutôt que d'un royaume du ciel. Si l'on demandait à un ennemi de toute religion de tracer le portrait d'un Chrétien, il le dépeindrait, avec quelque apparence de raison, comme un homme idolâtre de ses opinions individuelles, revêtu de la livrée de parti, fermant les yeux sur les vertus, et les oreilles aux arguments de ses adversaires, revendiquant toute supériorité au profit de sa propre secte et toute faculté de salut pour sa propre croyance, cachant sous le nom de zèle pieux l'amour de la domination, la prétention à l'infaillibilité, l'esprit d'intolérance, et foulant aux pieds les droits des hommes sous le prétexte de sauver leurs âmes.
Nous comprenons à peine qu'il existe une obligation plus claire vis-à-vis d'êtres frêles et faillibles comme nous, instruits à être sincères dans leurs jugements, que celle de s'abstenir de condamner des hommes d'une probité et d'une bonne foi manifestes, auxquels on ne peut imputer d'autre crime que de différer de nous dans l'interprétation de l'Écriture, et de différer d'ailleurs sur des points d'une obscurité patente et reconnue. Nous sommes étonnés de l'audace de ceux qui, les oreilles retentissantes encore des avertissements du Christ, prennent sur eux la responsabilité de fabriquer des confessions de foi pour son Église, et en excluent les hommes les plus vertueux, pour des erreurs imaginaires, pour le crime de penser par eux-mêmes. Nous savons que le zèle pour la vérité est le voile dont on se couvre pour usurper cette prérogative du Christ ; mais ce zèle pour la vérité, comme on l'appelle, est très suspect, pensons-nous, à moins qu'on ne le rencontre chez des hommes dont la capacité et la prééminence, dont la sagesse, les progrès dans l'humilité, la douceur, la sincérité, permettent d'espérer que leur manière de voir est plus juste que celle de leurs prochains. Nous ne professons qu'un médiocre respect pour ce que l'on répute souvent comme le zèle pour la vérité ; car d'ordinaire il semble se déployer le plus, là où les autres vertus sont rares et sans vigueur ; et nous n'avons pas de reconnaissance pour ces réformateurs prêts à nous imposer de force une doctrine, qui n'a pas adouci leur propre caractère et ne les a pas rendus meilleurs que leurs prochains.
Nous sommes habitués à réfléchir beaucoup sur les difficultés, qui accompagnent les recherches religieuses et qui prennent leur source dans le développement tardif de nos esprits, dans le pouvoir des impressions de notre jeune âge, dans l'état de la société, dans l'autorité des hommes, dans la culture généralement négligée des forces de la raison, dans le défaut de principes de critique justes et de secours importants pour l'interprétation de l'Écriture et dans bien d'autres causes. Nous trouvons que sur aucun sujet les hommes, et même des hommes bien doués, n'ont greffé autant de conceptions étranges, autant de théories erronées, autant de fictions, que sur la religion ; et lorsque nous nous rappelons, que nous participons nous-mêmes à cette faiblesse commune, nous n'osons pas assumer sur nous l'infaillibilité dans le traitement de nos frères chrétiens, ni inspirer au commun des Chrétiens, qui ont peu de temps à consacrer aux investigations, l'habitude de dénoncer et de mépriser des croyances autrement dénommées, peut être plus éclairées et plus pures que la leur. Charité, tolérance, plaisir de reconnaître les vertus des différentes sectes, répugnance à censurer et à condamner, voilà les vertus que nous admirons et recommandons, bien qu'elles ne soient pas assez pratiquées par nous; et nous nous réunirons à l'Église dans laquelle elles abondent, bien plus volontiers qu'à aucune autre communion, quels que soient son orgueil et sa confiance dans sa propre orthodoxie, avec quelque rigidité qu'elle garde son symbole, de quelque zèle qu'elle soit enflammée contre des erreurs imaginaires et non moins enfin de la subversion de l'autorité humaine en matière de religion, de la décadence de ces hiérarchies et de ces autres institutions humaines, au moyen desquelles l'esprit individuel est accablé sous le poids du nombre, et la domination papale se perpétue jusque dans l'Église protestante. La prière la plus ardente que nous adressions à Dieu, c'est de vouloir renverser, et renverser, et renverser les fondations solides de l'usurpation spirituelle, jusqu'à ce qu'il vienne, celui dont le droit est de donner des règles aux esprits des hommes ; c'est de mettre fin a la conspiration des âges contre la liberté des Chrétiens ; c'est de remplacer l'assentiment servile, si longtemps accordé aux symboles humains, par une recherche sincère et pieuse du sens de l'Écriture; c'est enfin de permettre au Christianisme, ainsi purifié de l'erreur, de déployer son énergie toute puissante et de montrer lui-même, par sa noble influence sur l'esprit, qu'il est en effet « le pouvoir de Dieu pour notre salut. »
J'ai terminé l'exposition des idées religieuses qui distinguent les Chrétiens au nom desquels je parle. Nous avons embrassé ce système, non à la hâte, ni à la légère, mais après mûre délibération; et nous y tenons fermement, non pas simplement parce que nous le croyons vrai, mais parce que nous le regardons comme une vérité purifiante, comme une doctrine en harmonie avec la piété, capable d'agir puissamment sur ceux qui y croient et de fructifier en eux. Que nous désirions la propager, c'est ce que nous n'avons pas l'intention de cacher ; mais pourquoi ? parce qu'elle est, selon nous, plus favorable à la piété pratique et à la pureté des moeurs que les doctrines opposées, qu'elle nous fournit une idée plus claire et plus élevée du devoir et des motifs plus puissants pour sa réalisation, qu'elle recommande la religion à la fois à l'intelligence et au cœur, qu'elle affirme les attributs aimables et respectables de Dieu, qu'elle tend à restaurer l'esprit de bienveillance de Jésus dans son Église divisée et affligée, et qu'enfin elle extirpe tout espoir de la faveur de Dieu, excepté celle qui découle de la conformité de nos actes avec la vie et les préceptes du Christ. Nous ne découvrons rien dans nos idées qui puisse choquer, si ce n'est leur pureté, et c'est précisément leur pureté qui nous fait rechercher et espérer leur extension dans le monde.
Mon ami et frère, vous allez embrasser aujourd'hui d'importants devoirs ; vous allez revêtir une charge que le fils de Dieu n'a pas dédaignée; vous allez vous consacrer à cette religion, que les lèvres les plus saintes ont prêchée et qui a été scellée du sang le plus précieux. Nous avons l'assurance que vous apporterez dans cette œuvre un esprit de bonne volonté, une ferme résolution, une ardeur de martyr, une disposition à travailler et à souffrir pour la vérité, une envie de consacrer vos meilleures énergies aux intérêts de la piété et de la vertu. J'ai parlé des doctrines que vous prêcherez probablement; mais je n'entends pas par là que vous vous livriez à la controverse. Vous vous rappellerez que la pratique du bien est la fin de la prédication, et vous vous efforcerez plutôt à faire de vos auditeurs des gens vivant saintement que de subtils disputeurs. Prenez garde que le désir de défendre ce que vous estimez comme la vérité, et de repousser les reproches et les fausses imputations, ne vous détourne de votre grande occupation, qui est d'établir dans les esprits des hommes une conviction vivace de l'obligation, de la sublimité et du bonheur de la vertu chrétienne. Le meilleur moyen de défendre vos opinions, c'est de montrer, dans vos prédications et dans votre vie, leur connexion intime avec la morale chrétienne, avec un sentiment élevé et exquis du devoir, avec la sincérité à l'égard de vos adversaires, avec une inflexible intégrité et avec un respect continuel pour Dieu. S'il est une lumière qui puisse percer et dissiper les nuages du préjugé, c'est celle d'un exemple pur. Mon frère, puisse votre vie prêcher plus hautement que vos lèvres. Soyez pour ce troupeau un modèle de toutes les bonnes œuvres, et puissent vos instructions puiser leur autorité dans cette conviction bien établie chez vos auditeurs, que vous parlez du cœur, que vous prêchez par expérience, que la vérité dont vous êtes le dispensateur a puissamment opéré sur votre propre cœur, que Dieu, Jésus, le ciel, ne sont pas seulement des mots sur vos lèvres, mais que ce sont des réalités qui agissent sur votre esprit, des sources d'espoir, de consolation et de force dans toutes vos épreuves ! En travaillant ainsi, puissiez-vous récolter une moisson abondante, et acquérir un témoignage de votre sincérité, non seulement dans votre propre conscience, mais dans l'estime, l'amour, les vertus et l'amélioration de votre troupeau!
A tous ceux qui m'écoutent, je dirai avec l'Apôtre : Éprouvez tout, tenez-vous fermement à ce qui est bon. Ne reculez pas, mes frères, devant le devoir de chercher la parole de Dieu par vous-mêmes, sans crainte de la censure ni de la dénonciation des hommes. Ne pensez pas que vous pouvez suivre innocemment les opinions qui prévalent autour de vous, en négligeant toute investigation, et en vous fondant sur cette idée que le Christianisme est maintenant si pur d'erreurs qu'on n'a pas besoin de faire de laborieuses recherches. Il y a beaucoup de raisons de croire que le Christianisme est actuellement souillé par une corruption épaisse et volontaire. Si vous vous rappelez les ténèbres qui ont enveloppé l'Évangile pendant des siècles ; si vous considérez l'union impure, qui existe encore aujourd'hui dans presque tous les pays chrétiens, entre l’Église et l'Etat, et qui par l'intérêt et l'ambition engage les hommes à se ranger du côté de l'erreur dominante ; si vous vous souvenez de quelle manière l'esprit d'intolérance a comprimé la libre recherche, non seulement avant, mais depuis la Réforme, vous verrez que lé Christianisme n'a pu s'affranchir de toutes les inventions humaines qui l'ont défiguré sous la tyrannie papale. Non. Il y aura encore bien du chaume à brûler, bien des décombres à remuer, bien de fastueuses décorations, dont un faux goût a surchargé le Christianisme, à balayer, bien des brouillards terrestres, sous lesquels il a été si longtemps enseveli, à dissiper, avant que cet édifice divin ne s'élève à nos regards dans son auguste et primitive majesté, dans ses proportions harmonieuses, dans sa paisible et céleste splendeur. Cette glorieuse réformation de l'Église, nous l'espérons, avec la grâce de Dieu, du progrès de l'intelligence humaine, du perfectionnement moral de la société, delà chute inévitable des préjugés et de la superstition, et non moins de la subversion de l’autorité humaine en matière de la religion, de la décadence de ces hiérarchies et de ces autres institutions humaines, au moyen desquels l’esprit individuel est accablé sous le poids du nombre, et la domination papale se perpétue jusqu’à dans l’Église Protestante. La prière la plus ardente que nous adressions à Dieu, c’est de vouloir renverser, et renverser, et renverser les fondations solides de l’usurpation spirituelle, jusqu’à ce qu’il vienne, celui qui a le droit de donner des règles aux esprits des hommes : c’est de mettre fin à la conspiration des âges contre la liberté des Chrétiens ; c’est de remplacer l’assentiment servile, si longtemps accordé aux symboles humains, par une recherche sincère et pieuse du sens de l’Écriture ; c’est enfin de permettre au Christianisme, ainsi purifié de l’erreur, de déployer son énergie toute puissante et de montrer de lui-même, par sa noble influence sur l’esprit, qu’il est en effet « le pouvoir de Dieu pour notre salut .»
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