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CHRISTIANISME UNITAIRE.PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITAIRE. PRINCIPE PARTIE3
W.-E. CHANNING
CHRISTIANISME UNITARIEN.
PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN.
François Van Meenen.
PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN. (partie 2)
DISCOURS PRONONCÉ LORS DE L'ORDINATION DU RÉV. JARED SPARKS, BALTIMORE. 1819.
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II. POINTS DE DOCTRINE.
Après avoir ainsi déterminé les principes suivant lesquels nous interprétons l'Écriture, je vais passer à la deuxième grande division de ce discours, dans laquelle je dois exposer quelques-uns des points que nous faisons découler de ce livre sacré, particulièrement ceux qui nous distinguent des autres chrétiens.
2 Nature de Jésus Christ.
Après avoir ainsi exposé nos vues sur l'unité de Dieu, j'arrive en second lieu à faire observer que nous croyons en l'unité de Jésus-Christ. Par là nous entendons que Jésus est un esprit, une âme, un être tout comme nous, et qu'il est distinct de Dieu comme nous. Nous reprochons à la doctrine de la Trinité que, non contente de faire de Dieu trois êtres, elle en fait deux de Jésus-Christ, et qu'elle apporte ainsi une confusion sans bornes dans notre manière de concevoir son caractère. Cette altération du christianisme, en même temps qu'elle répugne au sens commun et à l'esprit général de l'Écriture, est une preuve remarquable de l'influence d'une fausse philosophie qui a défiguré ce qu'il y avait de simplement vrai en Jésus.
D'après cette doctrine, Jésus-Christ, au lieu d'être un esprit, un principe intelligent doué de conscience, ce que nous pouvons comprendre, se compose de deux âmes, de deux esprits, l'un divin, l'autre humain, l'un faible, l'autre tout-puissant, l'un ignorant, l'autre omniscient. Or nous soutenons que c'est là faire du Christ deux êtres. L'appeler une personne, un être, et cependant le supposer composé de deux esprits, infiniment différents l'un de l'autre, c'est abuser du langage, c'est y engendrer la confusion, c'est répandre de l'obscurité sur toute notre manière de concevoir des natures intelligentes. D'après la doctrine ordinaire, chacun de ces deux esprits dans le Christ a sa conscience propre, sa volonté propre, ses perceptions propres. En réalité ils n'ont pas de propriétés communes. L'esprit divin ne ressent aucun des besoins, aucune des peines de l'esprit humain, et celui-ci de son côté est à une distance infinie de la perfection et du bonheur de l'esprit divin. Peut-on concevoir dans l'univers deux êtres plus distincts? Nous avons toujours pensé que ce qui constituait et ce qui distinguait une personne, c'était l'unité de conscience. Poser en dogme qu'une seule et même personne peut avoir deux consciences, deux volontés, deux âmes, infiniment différentes l'une de l'autre, c'est à notre avis, vouloir en imposer par trop à la crédulité humaine.
Nous prétendons que si une doctrine aussi étrange, aussi remplie de difficultés, aussi éloignée de toutes les idées antérieures des hommes, forme en effet une partie et une partie essentielle de la révélation, elle doit être enseignée avec une grande précision. Nous le demandons à nos frères, qu'ils nous montrent donc quelques passages clairs, formels, où il soit dit que le Christ se compose de deux esprits infiniment différents, et constituant cependant une seule personne. Pour notre part nous n'en trouvons aucun. Plusieurs chrétiens, à la vérité, soutiennent que cette doctrine est nécessaire à l'harmonie de l'Écriture, que certains textes attribuent à Jésus-Christ des propriétés humaines, d'autres des propriétés divines, et que pour les concilier nous devons supposer deux esprits auxquels ces propriétés puissent être appliquées. En d'autres termes, dans le but de concilier quelques passages difficiles, qu'une critique saine peut en grande partie, sinon entièrement, expliquer, nous devons imaginer une hypothèse présentant mille fois plus de difficultés et impliquant une grossière absurdité. Nous devons ainsi chercher notre chemin dans un labyrinthe au moyen d'un point de repère qui nous entraîne dans des défilés encore bien plus inextricables.
Évidemment, si Jésus-Christ avait eu le sentiment de sa dualité d'esprit, et s'il avait su que cette dualité devait former un des traits constitutifs de sa religion, la manière dont il aurait parlé de lui-même aurait dû se ressentir de cette particularité. Le langage universel de l'homme repose sur cette idée qu'une personne est une personne, qu'elle est un seul esprit, une seule âme ; et lorsque la multitude a entendu ce même langage sortir de la bouche de Jésus, elle a dû la prendre dans son sens usuel, et elle a dû rapporter à une seule âme tout ce qu'il disait, à moins d'avoir été expressément avertie d'interpréter les choses d'une manière différente. Mais où donc trouvons-nous semblable avertissement? Avez-vous jamais rencontré dans le Nouveau Testament ces expressions qui abondent dans les livres des partisans de la Trinité, et qui découlent nécessairement de la doctrine des deux natures en Jésus? Dans quel endroit ce divin maître a-t-il jamais dit : «Ici je parle comme Dieu, et ici comme homme; ceci est seulement vrai par rapport à mon esprit humain, et ceci, seulement par rapport à mon esprit divin?» Trouvons-nous dans les Epîtres la moindre trace de cet étrange langage? Nulle part. On n'en avait pas besoin à cette époque. Ce sont les erreurs des Ages postérieurs qui y ont donné lieu.
Nous croyons donc que le Christ est un seul esprit, un seul être, et j'ajouterai, un être distinct du Dieu un. Que le Christ n'est pas le Dieu un, ni le même être que le Père, c'est la conséquence nécessaire de notre premier paragraphe, dans lequel nous avons vu que la doctrine de trois personnes en Dieu est une fiction. Mais sur un sujet aussi important, je voudrais encore ajouter quelques remarques. Nous désirons que ceux dont nous différons veuillent bien peser le fait frappant que voici. Jésus, dans sa prédication, parle continuellement de Dieu. Ce mot est toujours dans sa bouche. Or, nous le demandons, par ce mot entend-il parler toujours de lui-même? Nous disons, non, jamais. Au contraire, il distingue fort clairement Dieu de lui-même, et ses disciples en font autant. Comment concilier ce fait avec l'idée que la manifestation du Christ, comme Dieu, est l'objet principal du Christianisme, c'est à nos adversaires à nous l'expliquer.
Si nous examinons les passages dans lesquels Jésus est distingué de Dieu, nous y verrons que non seulement on y fait mention de lui comme d'un autre être, mais qu'on semble s'efforcer de marquer son infériorité. On y parle continuellement de lui comme du fils de Dieu, envoyé par Dieu, recevant tous ses pouvoirs de Dieu, opérant des miracles parce que Dieu était avec lui, jugeant équitablement parce que Dieu l'avait instruit, ayant des droits à notre croyance parce qu'il avait été consacré par Dieu et marqué de son sceau, et n'étant capable de rien opérer par lui-même. Le Nouveau Testament est rempli de semblables expressions. Nous le demandons, quelle impression ce langage était-il propre et destiné à faire? Quiconque l'a entendu, a-t-il pu s'imaginer que Jésus était le vrai Dieu, dont on avait soin de le déclarer si nettement l'inférieur; qu'il était l'Être véritable par qui il avait été envoyé et de qui lui-même affirmait avoir reçu mission et pouvoir? Rappelons encore ici que la naissance humaine, la forme corporelle, l'humble condition et les souffrances mortelles de Jésus, tout cela doit avoir disposé les hommes à interpréter de la manière la plus simple les expressions par lesquelles son infériorité à Dieu est avouée. Pourquoi donc aurait-il été fait emploi si constamment et sans restriction d'un pareil langage, si Jésus était la divinité suprême, et si cette vérité formait une partie essentielle de sa religion? Je le répète, la condition humaine et les souffrances du Christ tendaient fortement à repousser de l'esprit de l'homme l'idée de sa propre divinité ; et, par suite, nous devrions nous attendre à rencontrer dans le Nouveau Testament un soin et des efforts continuels pour contrarier cette tendance et pour le proclamer comme étant le même être que le Père, si cette prétendue doctrine était en effet l'âme et le point culminant de sa religion. Nous devrions nous attendre à trouver le langage de l'Écriture jeté dans le moule de cette doctrine, de manière à nous rendre familière cette idée que Dieu est le Fils, que Dieu est Jésus, que pour nous il n'y a qu'un seul Dieu, Jésus lui-même. Mais bien loin de là, l'infériorité du Christ remplit en quelque sorte le Nouveau Testament. Non seulement elle résulte du caractère général de ce livre; mais elle est souvent et formellement exprimée, et cela, sans que jamais nous soyons avertis de ne pas l'appliquer à la nature entière de Jésus. Est-il donc possible que le but principal des écrivains sacrés ait été d'ériger Jésus en Dieu suprême ?
Je n'ignore pas que ces remarques sont en opposition avec deux ou trois textes dans lesquels le Christ est appelé Dieu, et avec quelques passages, peu nombreux à la vérité, dans lesquels les propriétés divines lui sont attribuées. A tout cela nous avons une réponse péremptoire. Nous disons: l'un des principes les mieux établis et les plus évidents, en fait de critique, c'est qu'il faut interpréter les expressions du langage d'après les propriétés connues du sujet auquel elles s'appliquent. Tout le monde sait que les mêmes mots comportent des idées très différentes selon qu'ils concernent des êtres différents. Ainsi Salomon a bâti le temple d'une manière bien différente de l'architecte qu'il a employé; et Dieu se repent bien différemment de l'homme. Nous soutenons maintenant que les propriétés connues du Christ et les circonstances de sa vie, sa naissance, ses souffrances, sa mort, sa constante habitude de parler de Dieu comme d'un être distinct de lui-même, sa prière à Dieu, sa coutume d'attribuer à Dieu tous ses pouvoirs et tous ses mérites, toutes ces particularités constatées du Christ, nous obligent à interpréter les passages, comparativement peu nombreux, qui sont regardés comme établissant sa divinité suprême, de manière à s'accorder avec sa nature distincte et inférieure. Il est de notre devoir d'expliquer de pareils textes au moyen de la règle que nous appliquons a d'autres livres, où des êtres humains sont appelés dieux, sont dits participer à la nature divine, connaître et posséder toutes choses, en un mot, être remplis de la plénitude divine. Ces derniers passages, nous n'hésitons pas à les modifier, à y apporter des restrictions, à les détourner de leur sens le plus manifeste, parce que ce sens est en contradiction avec les propriétés connues des êtres auxquels ils se rapportent. Hé bien ! nous faisons acte d'adhésion au même principe et nous n'usons pas d'une plus grande latitude, en expliquant, ainsi que nous le faisons, les passages qui semblent consacrer la divinité du Christ.
Les partisans de la Trinité prétendent tirer d'importants avantages de leur manière d'envisager le Christ. Cela leur fournit, disent-ils, la preuve d'une expiation infinie, parce que cela leur montre un être infini souffrant pour leurs péchés. La confiance avec laquelle ils répètent ce sophisme nous surprend. Si on les presse un peu et qu'on leur demande s'ils croient réellement que le Dieu infini et immuable a souffert et est mort sur la croix, ils reconnaissent que cela n'est pas vrai, mais que la nature humaine du Christ seule a enduré les souffrances de la mort. Comment donc avons-nous une victime expiatoire infinie? Ce langage paraît imaginé pour en imposer aux esprits ordinaires ; il est tout à fait contraire à la justice de Dieu, et ferait croire que cette justice peut être satisfaite par un sophisme et une fiction.
On nous dit aussi : le Christ est bien plus intéressant, son amour et sa miséricorde sont bien plus sensibles, si on l'envisage comme le Dieu suprême, qui a fait abandon de sa gloire pour devenir homme et souffrir pour l'humanité. Que les partisans de la Trinité soient plus fortement émus par ce spectacle, nous ne prétendons pas le nier ; mais nous pensons que leurs sentiments sont entièrement basés sur une fausse appréciation de leurs propres doctrines. Ils parlent de la seconde personne de la Trinité comme dépouillant sa gloire et quittant le sein de son Père, pour visiter et pour sauver le monde. Mais cette seconde personne, Dieu immuable et infini, était évidemment incapable au plus haut degré de faire abandon de sa perfection et de sa félicité. Au moment même où il prenait une forme charnelle, le Fils était aussi intimement uni à son Père qu'auparavant, et il remplissait, comme son Père, le ciel, la terre et l'immensité. Les partisans de la Trinité reconnaissent ce point, et cependant ils affirment être touchés et domptés par l'humiliation surprenante de cet être immuable. Mais leur doctrine, si on se donne la peine de l'approfondir, réduit l'humiliation du Christ à une fiction, et efface presque entièrement les impressions que sa croix est destinée à produire. A ce point de vue, le Christ n'a, pour ainsi dire, pas souffert du tout. Sa nature humaine a souffert, il est vrai ; mais cette nature, comme on l'affirme, n'est qu'une partie infiniment petite de Jésus, elle ne supporte pas plus de comparaison avec sa nature entière, qu'un seul cheveu de notre tête avec tout notre corps, ou qu'une goutte d'eau avec l'Océan. La nature divine du Christ, qui le constituait essentiellement, était infiniment heureuse, au moment même où sa nature humaine était plongée dans la souffrance. Pendant même qu'il était attaché sur la croix, il était l'être le plus heureux de l'univers, il était aussi heureux que le Père infini ; de sorte que ses tourments, comparés à sa félicité, ne sont rien. Les partisans de la Trinité reconnaissent cela et doivent le reconnaître. C'est la conséquence nécessaire de l'immuabilité de la nature divine, qu'ils attribuent au Christ. Leur système, envisagé sainement, ôte donc à la mort de Jésus tout son intérêt, il affaiblit nos sympathies pour ses souffrances, et plus que tout autre, il est défavorable à l'amour pour le Christ, qui est précisément basé, en un sens, sur son dévouement envers l'humanité. Nous estimons que notre manière de voir est bien plus dramatique. Nous croyons en effet que l'humiliation du Christ a été réelle et complète, que le Sauveur tout entier a souffert, et non seulement une partie de lui, que son crucifiement a été une scène d'agonie profonde et pleine d'amertume. Lorsque nous nous plaçons, autour de sa croix, nos esprits ne sont pas distraits, notre sensibilité n'est pas amortie, par cette idée qu'il est composé de natures inconciliables et infiniment différentes l'une de l'autre, et qu'il jouit, en compensation de sa passion, d'une félicité infinie. Nous ne reconnaissons dans Jésus mourant qu'une seule nature. Cette conception, à notre avis, rend ses souffrances, sa résignation et son amour, incomparablement plus émouvants et plus attachants que le système opposé.
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