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CHRISTIANISME UNITAIRE.PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITAIRE. PRINCIPE PARTIE4
W.-E. CHANNING
CHRISTIANISME UNITARIEN.
PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN.
François Van Meenen.
PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN. (partie 2)
DISCOURS PRONONCÉ LORS DE L'ORDINATION DU RÉV. JARED SPARKS, BALTIMORE. 1819.
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II. POINTS DE DOCTRINE.
Après avoir ainsi déterminé les principes suivant lesquels nous interprétons l'Écriture, je vais passer à la deuxième grande division de ce discours, dans laquelle je dois exposer quelques-uns des points que nous faisons découler de ce livre sacré, particulièrement ceux qui nous distinguent des autres chrétiens.
3 Perfection morale de Dieu.
J'ai formulé nos croyances sur deux grands points, savoir qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et que Jésus-Christ est un être distinct de Dieu et inférieur à lui. Je vais maintenant passer à un autre point, auquel nous attachons encore plus de valeur. Nous croyons à la perfection morale de. Dieu. Nous pensons qu'il n'y a pas de partie de la théologie aussi importante que celle qui traite du caractère moral de Dieu ; et nous estimons fort haut nos vues sur le christianisme, précisément parce qu'elles proclament les attributs aimables et vénérables de Dieu.
On nous dira peut-être, que tous les chrétiens sont d'accord à ce sujet, que tous attribuent à l'être suprême une justice, une bonté, une sainteté infinies. Nous répondrons que l'on peut parler magnifiquement de Dieu, et penser bassement à son égard ; appliquer à sa personne des épithètes sonores et prêter à son gouvernement providentiel des principes qui le rendent odieux. Les païens appelaient Jupiter très grand et excellent ; mais son histoire n'en était pas moins obscurcie par la cruauté et la concupiscence. Nous ne pouvons pas juger des véritables idées des hommes sur Dieu par leur langage général, car à toutes les époques on a espéré apaiser la Divinité par l'adulation. Nous devons rechercher quelles ont été leurs vues particulières sur ses desseins, sur les principes de son gouvernement, et sur ses dispositions envers ses créatures.
Nous constatons alors que les chrétiens ont généralement penché vers une manière de voir fort injurieuse pour l'Être suprême. Ils n'ont que trop souvent regardé Dieu, comme placé, par sa grandeur et sa souveraineté, au-dessus des principes de moralité, au-dessus de ces lois éternelles d'équité et de droiture, auxquelles tous les autres êtres sont soumis. Quant à nous, nous croyons qu'il n'y a pas d'être en qui le sentiment du droit soit plus énergique, plus puissant qu'en Dieu. Nous croyons que son pouvoir souverain est entièrement subordonné à se sentiments de justice ; et c'est là la base de notre piété. Ce n'est pas simplement parce qu'il est notre créateur, mais parce qu'il nous a créés pour une bonne et sainte destinée ; ce n'est pas parce que sa volonté est irrésistible, mais parce que sa volonté est la perfection de la vertu, que nous lui rendons hommage. Nous ne pouvons courber la tête devant un être, quelque grand et puissant qu'il soit, qui nous gouverne en tyran. Nous ne respectons rien que ce qui est excellent, soit sur la terre, soit dans le ciel. C'est non pas la majesté du trône de Dieu que nous avons en vénération, mais l'équité et la bonté qui lui servent de base.
Nous croyons que Dieu est infiniment bon, obligeant, bienveillant, dans le propre sens de ces mots ; bon dans ses dispositions comme dans ses actes ; bon, non pas un peu, mais tout à fait ; bon pour chaque individu aussi bien que pour l'univers.
Nous croyons aussi que Dieu est juste ; mais nous n'oublions jamais que sa justice est celle d'un être bon, qu'elle habite dans un même esprit et agit en harmonie avec la plus parfaite bienveillance. Par cet attribut divin, nous entendons cette considération infinie pour la vertu ou la valeur morale, qui s'exprime dans une direction particulière de la volonté, c'est-à-dire, en donnant des lois excellentes et équitables, et en accordant les récompenses ou en infligeant les châtiments les mieux appropriés à leur sanction. La justice de Dieu a pour but la plus haute vertu de la créature, elle ne punit que dans ce seul but, et c'est pourquoi elle est en accord avec la bienveillance ; car la vertu et le bonheur, quoique distincts, sont liés, d'une manière indissoluble.
La justice de Dieu, ainsi envisagée, nous paraît en parfaite harmonie avec sa miséricorde. D'après les systèmes de théologie prédominants aujourd'hui, ces attributs sont tellement en désaccord et en contradiction, que les concilier doit être la tâche la plus rude, et l'exploit le plus étonnant de la sagesse infinie. Pour nous, ce sont comme des amis intimes, toujours en paix, imbus du même esprit, et cherchant le même but. Par la miséricorde de Dieu, nous n'entendons pas une compassion aveugle et instinctive, qui pardonne sans réfléchir et sans s'inquiéter des intérêts de la vertu. Une pareille miséricorde, nous le reconnaissons, serait incompatible avec la justice et par conséquent aussi avec une bienveillance éclairée. La miséricorde de Dieu, telle que nous la comprenons, désire vivement la félicité des coupables, mais seulement a condition qu'ils passent par le repentir. Elle a égard au caractère des individus aussi bien que sa justice. Elle diffère la punition et attend patiemment que le pécheur puisse rentrer dans le devoir, mais elle abandonne le coupable impénitent et endurci au châtiment terrible dont la parole de Dieu renferme la menace.
Pour exprimer en un mot notre manière d'envisager Dieu, nous croyons en son caractère paternel. Nous lui attribuons, non seulement le nom, mais les dispositions et les règles de conduite d'un père. Nous croyons qu'il porte à ses créatures l'intérêt d'un père, qu'il désire comme un père leur amélioration, qu'avec l'équité d'un père il sait proportionner ses commandements à leurs aptitudes, qu'il se réjouit comme un père de leurs progrès, qu'il est prêt comme un père à accueillir celui qui se repent, et qu'il exerce la justice d'un père à l'égard de celui qui est incorrigible. Nous regardons ce monde comme un lieu d'éducation, dans lequel il forme l'homme par la prospérité et l'adversité, par les secours et les obstacles, par les conflits de la raison et de la passion, par les motifs du devoir et les tentations du péché, par une discipline variée et appropriée à des êtres libres et moraux, pour le faire entrer en union avec lui-même et pour le faire parvenir dans le ciel au plus haut degré de vertu.
Ce que nous reprochons aux systèmes de religion qui prévalent parmi nous, c'est qu'ils sont plus ou moins contraires à cette conception de Dieu si purifiante, si consolante et si digne ; c'est qu'ils nous enlèvent notre Père qui est au ciel, pour lui substituer un être que nous ne pouvons aimer quand même nous le voudrions, et que nous ne devons pas aimer quand même nous le pourrions. C'est particulièrement pour ce motif que nous sommes opposés à ce système qui s'arroge le titre d'orthodoxe, et que l'on propage maintenant avec tant d'adresse dans notre pays. Ce système en effet sait prendre diverses formes, mais de toute façon il déshonore le créateur. Sous sa forme ancienne et primitive, il nous enseigne que Dieu nous fait entrer dans la vie entièrement dépravés, de sorte que sous les traits innocents de notre enfance se cache une nature contraire à tout ce qui est bien et portée à tout ce qui est mal, une nature qui nous expose à la disgrâce et à la colère de Dieu, même avant que nous ayons acquis le pouvoir de comprendre nos devoirs, ou de réfléchir sur nos actions. Sous une forme plus moderne, il nous enseigne que tout homme est sorti des mains de son créateur avec une organisation telle, et qu'il est soumis à des influences et à des conditions telles, que, dès le premier moment de son activité morale, sa dépravation complète est rendue certaine et infaillible ; il nous enseigne encore que l'offense de l'enfant, qui apporte dans la vie cette tendance continuelle au crime, non mélangée de bien, l'expose à la damnation éternelle. Or, conformément aux principes les plus simples de la moralité, nous soutenons, qu'une constitution naturelle de l'esprit qui le dispose infailliblement au mal et au mal seul, devrait l'absoudre de toute culpabilité ; que donner l'existence dans de pareilles conditions prouverait une cruauté inexprimable ; et que punir d'un châtiment éternel le péché de cet enfant si malheureusement constitué, serait une injustice qu'on ne pourrait mettre en parallèle même avec le despotisme le plus implacable.
Ce système nous enseigne encore que Dieu choisit dans cette masse corrompue un certain nombre d'individus pour les sauver, et les arracher à la ruine commune, par une grâce spéciale ; que les autres hommes, quoique privés de cette faveur particulière que leur conversion exige, sont obligés de se repentir, sous peine de voir leur malheur encore aggravé : et que le pardon leur est promis dans des conditions, que leur organisation réelle les dispose infailliblement à rejeter et qui, s'ils les rejettent, accroissent d'une manière redoutable les peines de l'enfer. Ces offres de pardon et ces exhortations au repentir faites à des êtres nés sous l'influence d'une malédiction funeste, remplissent nos âmes d'une horreur qu'aucun mot ne peut rendre.
Que ce système religieux ne produise pas sur le caractère les effets qu'on peut en attendre, nous l'admettons volontiers. Souvent, très souvent même, il est balancé par la nature, par la conscience, parle sens commun, par l'esprit général de l'Écriture, par les exemples salutaires et les préceptes du Christ, enfin par les témoignages nombreux et positifs de la bonté universelle et de la parfaite équité de Dieu. Nous pensons toutefois que l'on peut constater son influence malheureuse. Il tend à décourager les esprits timides, à procurer des excuses aux méchants, à nourrir la vanité des fanatiques, et à fournir un refuge aux mauvais sentiments des gens malicieux. En heurtant, comme il le fait, les principes fondamentaux de la moralité et en faisant étalage d'un Dieu sévère et partial, il tend singulièrement à pervertir les facultés morales, a constituer une religion chagrine, rebutante, servile, et il entraîne l'homme à remplacer par la médisance, l'amertume et la persécution, la tendre et impartiale charité. Nous croyons en outre que ce système qui commence par dégrader la nature humaine, peut aboutir à l'orgueil ; car l'orgueil prend sa source dans le sentiment de hautes distinctions, obtenues n'importe comment, et il n'y a pas de distinction plus grande que celle qui est établie entre les élus et les réprouvés de Dieu.
Ces idées fausses et déshonorantes sur Dieu, que nous venons de mettre en relief, nous nous sentons l'obligation de les combattre sans cesse. Nous pouvons passer sur d'autres erreurs avec une indifférence relative. Mais nous demandons à nos adversaires de nous laisser un Dieu digne de notre amour et de notre confiance, dans le sein duquel nos sentiments moraux puissent se délecter, notre faiblesse et nos douleurs trouver un refuge. Nous tenons aux perfections divines. Nous les rencontrons partout dans la création, nous les lisons dans l'Écriture, nous en voyons une image aimable dans Jésus-Christ ; et la reconnaissance, l'amour et la vénération nous font un devoir de les affirmer. Reniés, comme nous le sommes souvent, par les hommes, c'est noire consolation et notre bonheur de voir qu'une des choses qui choquent le plus, c'est précisément le zèle avec lequel nous défendons la bonté et la rectitude méconnues de Dieu.
4. Mission de Jésus Christ.
J'ai parlé d'abord de l'unité de Dieu, puis de l'unité de Jésus et de son infériorité à Dieu, enfin des perfections du caractère divin; maintenant je vais chercher à exposer nos vues sur la médiation du Christ et sur le but de sa mission. Relativement à ce grand dessein que Jésus est venu accomplir, il semble qu'il ne soit pas possible de se méprendre. Nous croyons qu'il fut envoyé par le Père pour effectuer la délivrance morale ou spirituelle de l'humanité; c'est-à-dire, pour délivrer l'homme du péché et de ses conséquences et pour l'amener a un état de pureté et de bonheur éternels. Nous croyons aussi qu'il a accompli cette sublime mission par des moyens variés : par des instructions sur l'unité, le caractère paternel et le gouvernement moral de Dieu, admirablement propres à' rappeler le monde de l'idolâtrie et de l'impiété à la connaissance, a l'amour et à l'obéissance envers le Créateur; par des promesses de pardon a ceux qui se repentent, et d'assistance divine à ceux qui s'efforcent de progresser vers l'élévation morale; par le jour qu'il a répandu sur le sentier du devoir; par son propre exemple sans tâche, dans lequel l'amabilité et la sublimité de la vertu se manifestent avec tant d'éclat qu'on se sent non seulement amené à la perfection, mais encore plein d'ardeur et de zèle pour elle; par ses menaces contre les coupables incorrigibles; par ses glorieuses perspectives sur l'immortalité; par ses souffrances et sa mort ; par sa résurrection, cet événement signalé, qui servit de témoignage a sa divine mission, et mit la vie future à la portée des sens de l'homme ; par son intercession continuelle qui nous fait obtenir une assistance et des grâces spirituelles; et par le pouvoir dont il est investi de ressusciter les morts, de juger le monde et de conférer les récompenses éternelles promises aux fidèles.
Nous n'avons pas l'intention de cacher, qu'il existe parmi nous une divergence d'opinion sur un point important de la médiation du Christ, je veux parler de l'influence précise de sa mort sur notre pardon. Plusieurs supposent que cet événement contribue à notre pardon, en ce sens qu'il a été un des principaux moyens de confirmer la religion et de lui donner une action sur l'esprit; en d'autres termes, qu'il procure le pardon, en nous amenant à cet état de repentir et de vertu, qui est la grande et la seule condition, à laquelle le pardon soit accordé. Certains autres ne sont pas satisfaits de cette explication et pensent que l'Écriture assigne la rémission des péchés à la mort du Christ, avec une telle précision, que nous devons considérer cet événement comme exerçant une influence spéciale sur la suppression du châtiment, bien que l'Écriture ne révèle pas la manière dont il contribue à cette fin.
Tandis que nous différons d'opinion au sujet du rapport qui existe entre la mort du Christ et le pardon de l'humanité, rapport dont nous reconnaissons tous l'existence avec gratitude,, nous sommes cependant d'accord pour rejeter plusieurs des sentiments qui prévalent relativement à la médiation de Jésus. L'idée suggérée au commun des esprits par le système populaire, est que la mort du Christ opère en apaisant Dieu ou en le rendant miséricordieux, en éveillant sa tendresse envers les hommes ; nous repoussons cette idée et nous la désapprouvons de toute notre force. Nous sommes heureux de voir que cette manière de penser vraiment peu honorable, est désavouée par les chrétiens intelligents qui pensent autrement que nous. Nous nous rappelons cependant qu'il n'y a pas longtemps, il était fort ordinaire d'entendre parler du Christ, comme étant mort pour apaiser la colère de Dieu, et pour payer à son inflexible justice la dette des pécheurs; et nous avons la ferme persuasion que le langage des livres religieux populaires et la façon habituelle de présenter la doctrine de la médiation du Christ, donnent encore naissance à des notions vraiment dégradantes du caractère de Dieu. On communique aux masses l'impression que la mort de Jésus produit un changement dans l'esprit de Dieu à l'égard de l'homme, et que son efficacité consiste précisément en cela. Il n'y a pas à notre avis d'erreur plus pernicieuse. Nous ne pouvons souffrir aucune ombre sur la bonté pure de Dieu. Nous soutenons que Jésus, au lieu de faire naître, à quelque degré que ce soit, la miséricorde du Père, a été envoyé, en vertu de cette miséricorde, pour être notre sauveur ; qu'il n'est rien pour la race humaine que ce qu'il est par l'ordre de Dieu ; qu'il ne communique rien, que ce que Dieu lui donne le pouvoir d'accorder; que notre Père dans le ciel est spontanément, essentiellement et éternellement miséricordieux et disposé à pardonner; et que son amour qui ne vit pas d'emprunt, qui ne dérive que de lui, qui n'est pas susceptible de changement, est la véritable source de ce qui coule vers nous par l'intermédiaire de son fils. Nous pensons que c'est déshonorer Jésus et non le glorifier, que de lui attribuer une influence qui obscurcit la splendeur de la bienveillance divine.
Nous sommes également d'accord pour rejeter, comme absurde et contraire à l'Écriture, l'explication donnée par le système populaire sur l'efficacité de la mort du Christ pour le pardon des hommes. On a coutume, dans ce système, d'enseigner comme principe fondamental, que l'homme, ayant .péché contre un être infini, a commis une faute infinie et se trouve par conséquent exposé à une pénalité infinie. Nous croyons cependant que ce raisonnement, si l'on peut lui donner ce nom, qui dédaigne l'évidence de la maxime que la faute d'un être doit être proportionnée a sa nature et à ses facultés, est tombé en discrédit. Mais le même système enseigne encore que le péché, de quelque degré qu'il soit, réclame une punition éternelle, et que la race humaine tout entière, infailliblement enveloppée dans le péché, par sa nature même, est en quelque sorte débitrice de ce redoutable châtiment envers la justice de son créateur. Il nous apprend que ce châtiment ne peut être racheté d'une manière compatible avec le respect de la loi divine, que si l'on trouve quelqu'un qui se mette à la place de l'humanité pour l'endurer ou pour en supporter l'équivalent. Il nous enseigne ensuite que, d'après la nature du cas, personne ne peut être substitué à l'humanité d'une manière proportionnée à l'importance de l'œuvre, si ce n'est le Dieu infini lui-même; et voilà pourquoi Dieu, dans sa seconde personne, a revêtu la nature humaine, afin de pouvoir payer à sa propre justice la dette du châtiment encouru par l'homme, et de pouvoir ainsi concilier le pardon avec les exigences et les menaces de sa loi. Tel est le système dominant. Cette doctrine nous semble porter en elle-même de fortes marques d'absurdité; et nous soutenons qu'on ne doit pas en embarrasser le christianisme, à moins qu'elle ne soit pleinement et expressément consignée dans le Nouveau Testament. Nous demandons donc à nos adversaires de nous produire quelques passages clairs où elle soit contenue. Qu'on nous montre un seul texte, qui dise que Dieu a revêtu la nature humaine, afin de pouvoir donner une satisfaction infinie à sa propre justice ; un seul texte, qui nous apprenne que la faute de l'homme exige qu'un être infini se mette à sa place, que les souffrances du Christ doivent leur efficacité à ce qu'elles ont été supportées par un être infini, ou que sa nature divine donne une valeur infinie aux souffrances de sa nature humaine. On ne trouvera pas un mot de ce genre dans l'Écriture, pas un texte qui insinue seulement ces étranges doctrines. Ce ne sont, a notre avis, que des fictions de théologiens. Le christianisme n'en est aucunement responsable. Nous sommes étonnés de ce qu'elles puissent prévaloir. N'est-il pas clair, que Dieu ne peut souffrir en aucune manière, ni supporter un châtiment à la place de ses créatures' Combien n'est-elle pas déshonorante pour lui la supposition que sa justice est tantôt si sévère, qu'elle exige un châtiment infini pour les péchés des chétifs et faibles humains, et tantôt si facile et si accommodante, qu'elle accepte les souffrances limitées de la nature humaine du Christ comme le parfait équivalent du malheur éternel encouru par le monde? Combien n'est-il pas évident que, d'après cette doctrine, Dieu, au lieu d'être riche en pardon, ne pardonne jamais ; car il semble absurde de dire que les hommes sont pardonnes, quand leur châtiment tout entier, ou l'équivalent, est supporté par un remplaçant? Il serait difficile, selon nous, d'imaginer une thèse plus propre à obscurcir l'éclat du christianisme et la miséricorde de Dieu, ou moins faite pour consoler un esprit coupable et troublé.
Nous croyons encore que ce système est défavorable au caractère. Il amène naturellement les hommes à penser que le Christ est venu pour changer l'esprit de Dieu plutôt que le leur ; que l'objet le plus élevé de sa mission a été de détourner le châtiment des mortels, plutôt que de leur communiquer la sainteté; et qu'une grande partie de la religion consiste à dépriser les bonnes œuvres et la vertu humaine, dans le but de renforcer la valeur des souffrances subrogées du Christ. De cette manière on affaiblit le sentiment de l'importance infinie et de la nécessité indispensable de l'amélioration personnelle, et les éloges retentissants de la croix du Christ semblent être substitués à l'obéissance à ses préceptes. Quant à nous, ce n'est pas ainsi que nous avons prêché Jésus. Bien que, pleins de gratitude, nous reconnaissions qu'il est venu pour nous délivrer du châtiment, nous croyons qu'il a été chargé d'une mission plus noble encore, savoir, celle de nous délivrer du péché lui-même et de nous préparer à une vertu sublime et céleste. Nous le regardons comme un Sauveur, principalement parce qu'il est la lumière, le médecin, le guide de l'âme plongée dans les ténèbres, accablée par le mal, tourmentée par l'égarement. Il n'est pas d'influence dans l'univers, qui nous paraisse plus glorieuse que celle qui s'exerce sur le caractère ; et il n'y a pas de rédemption plus digne de reconnaissance que la restauration de la pureté dans l'âme. Sans cela, le pardon, fût-il possible, serait de peu de valeur. Pourquoi arracher le pécheur à l'enfer, si on laisse l'enfer brûler dans son propre sein? Pourquoi l'élever' au ciel, s'il reste étranger, à la sainteté et à l'amour qui y règnent ? Sous ces impressions nous sommes habitués à estimer principalement l'Évangile, parce qu'il abonde en secours, en motifs, en encouragements effectifs pour une vertu généreuse et divine. A cette vertu, comme à un centre commun, nous voyons aboutir tous ses enseignements, ses préceptes, ses promesses; et nous croyons que la foi dans cette religion n'est d'aucune valeur et ne contribue en rien au salut, si elle ne se sert en même temps de ces enseignements, rie ces préceptes, de ces promesses et de la vie tout entière de Jésus, de son caractère, de ses souffrances et de ses triomphes, comme de moyens pour purifier l'esprit et l'exciter à s'approcher de la céleste élévation fin maître.
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