• W.-E. CHANNING : LIBERTE SPIRITUELLE ET TRAITES RELIGIEUX; CARACTÈRE DU CHRIST

    W.-E. CHANNING

     

    LIBERTÉ SPIRITUELLE ET TRAITÉS RELIGIEUX

    PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION PAR M. ÉDOUARD LABOULAYE

    MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE

    AUTEUR DE PARIS EN AMÉRIQUE

    PARIS, CHARPENTIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR

    28, Quai De L'école ; 1866

     

     

     

    CARACTÈRE DU CHRIST

    «Celui-ci est mon fils bien aimé, en qui je me plais.»

    Matt 17: 5


     

     

    En étudiant le caractère du Christ, on peut se proposer plus d'un objet. Cette étude est faite pour éveiller le cœur, exciter l'amour et l'admiration. C'est un exemple sans pareil. C'est une preuve de la religion qui ne le cède à aucune autre ; peut-être même n'en est-il pas qui ait aussi souvent triomphé de l'incrédulité. C'est surtout à ce dernier point de vue que je crois cette étude digne de votre attention. Le caractère du Christ confirme la vérité de sa religion. C'est sous cet aspect que je voudrais vous le présenter. Ce n'est pas seulement pour vous affermir dans la foi; les explications où j'entrerai montreront encore les droits que Jésus possède à notre respect, à notre obéissance, à notre imitation et à notre amour.

    Plus nous contemplons le caractère du Christ, tel que nous le présente l'Évangile, plus nous sommes frappés de son authenticité et de sa réalité. C'est évidemment un portrait d'après nature. Les récits des évangélistes portent la marque de la vérité plus que toute autre histoire. Ils placent devant nous l'être le plus extraordinaire qui ait jamais paru sur la terre, et cependant ils sont aussi simples que les contes de l'enfance. Les auteurs ne songent pas à eux. Ils n'ont qu'un but : nous montrer leur maître ; et ils manifestent la vénération profonde que ce maître inspirait en le laissant se révéler lui-même, en nous donnant ses actions et ses paroles sans commentaires, sans explications et sans éloges. On n'aperçoit dans ces récits aucun vernis, aucun coloris éclatant, aucun effort pour rendre ses actions frappantes, ou pour faire ressortir les beautés de son caractère. Jamais on ne nous dit que telle circonstance montre la grandeur du Christ. Les Évangélistes écrivent avec une foi calme en Jésus, avec le sentiment qu'il n'a besoin d'aucun secours de leur part, et avec une vénération profonde, comme si des réflexions ou des louanges n'étaient pas dignes d'être mêlées au récit d'une telle vie. C'est un effet de notre familiarité avec l'histoire de Jésus, que nous n'en sommes pas frappés comme nous devrions l'être. Nous la lisons avant d'être capables d'en comprendre l'excellence. Les œuvres étonnantes du Christ nous deviennent aussi familières que les événements de la vie commune, et sa noble mission nous semble chose aussi naturelle que les rapports ordinaires des hommes. Aussi, convient-il aux ministres de la religion de faire ce que les Évangélistes n'ont pas essayé, de commenter le caractère du Christ, d'en faire ressortir les traits, d'en indiquer les beautés, d'exciter le respect en en développant la merveilleuse majesté. Une de nos plus importantes fonctions, c'est de rendre la fraîcheur et la vie à des vérités qui ont été ternies par un long usage. Il nous faut combattre la force de l'habitude. Par suite de l'habitude les hommes considèrent avec indifférence cette glorieuse création, et sont moins touchés par le soleil qui éclaire tout que par le spectacle d'un feu d'artifice. Le devoir d'un maître de morale et de religion, c'est de créer presque un nouveau sens chez les hommes, afin qu'ils apprennent dans quel monde de beauté et de magnificence ils vivent. Il en est ainsi pour le caractère du Christ ; on s'y habitue à tel point qu'on finit par s'imaginer qu'il y a quelque chose de plus admirable dans un grand homme de notre temps, dans un politique ou dans un conquérant, que dans Celui dont les politiques et les conquérants ne sont pas dignes de délier la chaussure.

    Je voudrais vous montrer que le caractère du Christ, pris dans son ensemble, est un caractère auquel l'homme n'a pu penser, qu'on n'a pu ni imaginer ni inventer ; il porte toutes les marques de l'authenticité et de la vérité; on doit, par conséquent, le reconnaître comme étant réel et d'origine divine.

    Si nous voulons comprendre toute la force de cet argument, il est de toute importance, mes amis, de nous transporter au temps où vivait Jésus. Nous sommes disposés à croire qu'il vivait dans une ville comme la nôtre, au milieu d'un peuple dont les idées et les habitudes ressemblaient aux nôtres. Mais le fait est qu'il vivait au milieu d'une société bien différente. De tous les peuples, les Juifs étaient le plus fortement marqué. C'est à peine s'ils croyaient appartenir à la famille humaine. Ils étaient habitués à parler d'eux-mêmes comme d'un peuple choisi de Dieu, d'un peuple saint et pur, tandis que les Gentils étaient des pécheurs, des chiens, une race souillée et impure. L'habillement ordinaire du Juif, le phylactère qu'il portait sur le front ou sur le bras, son vêtement, sa nourriture, sa façon de vivre, aussi bien que son temple, ses sacrifices, ses ablutions, tout lui disait qu'il était le favori de Dieu, et tout le séparait du reste du monde. Il ne pouvait ni manger ni se marier avec les autres nations ; elles étaient indignes de sa communion.

    Malgré toutes ces idées de supériorité, le Juif fut conquis par ceux qu'il méprisait. Il fut obligé de porter les fers de Rome, de souffrir des légions romaines sur son territoire; une garde romaine s'installa aux portes du temple, et un publicain romain enleva au Juif ce qu'il regardait comme dû à Dieu seul, pour en entretenir un gouvernement idolâtre, un culte idolâtre. La haine qui brûlait dans le cœur du Juif contre l'oppresseur étranger ne fut jamais plus violente chez des vaincus. Le Juif avait cependant une consolation secrète : le temps arrivait, l'époque prédite par les prophètes approchait où la Judée allait briser ses chaînes et sortir de la poussière. Son roi et son libérateur, longtemps promis, était proche, et il venait prendre la couronne de l'empire universel. Sa loi devait sortir de Jérusalem, et toutes les nations allaient servir le peuple de Dieu. A ce conquérant, il est vrai, les Juifs attribuaient la mission de propager la religion; mais la religion de Moïse, corrompue en un service extérieur, était pour eux la perfection de la nature humaine. Ils s'attachaient à ces formes avec toute l'énergie de leur âme. C'était aux institutions de Moïse qu'ils attribuaient leur séparation d'avec les autres nations. C'est là-dessus qu'ils appuyaient leurs espérances de domination. Je crois que jamais préjugé n'égala l'attachement du Juif pour sa religion nationale. Vous en pouvez juger la force puisque cet attachement a traversé tant de siècles, au milieu de persécutions et de souffrances qui auraient dompté tout autre qu'un Juif. Il faut vous placer au milieu de ce peuple singulier.

    C'est au sein de ce peuple étrange et impatient que parut Jésus de Nazareth. Ses premières paroles furent : «Repentez- vous, car le royaume du ciel est proche.» Ces mots nous les entendons sans en être émus ; mais pour les Juifs, qui, pendant des siècles, avaient espéré ce royaume, et qui en attendaient la manifestation immédiate, c'était l'éclat de la foudre. Aussi voyons-nous Jésus entouré d'une foule que nul édifice ne pouvait contenir. Il va à la montagne pour pouvoir lui parler. Je le vois entouré dé ce peuple aux regards ardents, et prêt à s'abreuver des paroles qui tombent de ses lèvres. Et qu'entends-je? Pas un mot ni de la Judée, ni de Rome, ni de la liberté, ni des conquêtes, ni des gloires du peuple de Dieu, ni de toutes les nations se pressant dans le temple, sur la montagne de Sion. Chaque mot est un coup mortel porté aux espérances et aux sentiments qui animent ce peuple, et que consacre sa religion. Jésus parle de ce royaume du ciel si longtemps attendu ; mais il en parle comme d'un bonheur promis seulement aux cœurs humbles et purs. La justice des pharisiens, qui était regardée comme la perfection de la religion, et que le Messie, disait-on, devait propager au loin, Jésus la déclare sans valeur, et annonce que le royaume du ciel ou du Messie sera fermé à tous ceux qui ne cultivent pas une vertu nouvelle, spirituelle et désintéressée. Au lieu de parler dé guerre et de victoire, il commande à ses auditeurs impatients d'aimer et de bénir leurs ennemis ; il leur montre cet esprit de bonté, de miséricorde et de paix comme le signe qui caractérise le peuple du vrai Messie. Au lieu d'intérêts nationaux et de gloires nationales, il leur commande de chercher d'abord cet esprit de charité et d'amour universel, que n'arrêtent pas les limites de tribu ou de nation, et il leur annonce que c'est là le bonheur et la gloire du règne qu'ils espèrent. Au lieu des richesses qu'ils s'attendaient à voir affluer de tous les pays dans le leur, il leur commande d'amasser des trésors dans le ciel, et il leur montre une vie incorruptible, immortelle, comme étant leur vraie fin.

    Et ce n'est pas tout. Jésus ne se présente pas seulement comme un libérateur spirituel, comme le fondateur d'un nouveau règne de piété intérieure et de charité universelle, il termine par un langage qui annonce une fonction plus mystérieuse. «Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom? et n'avons-nous pas fait en ton nom bien des prodiges ? Et alors je leur dirai : Je ne vous ai jamais connus; éloignez-vous de moi, vous qui faites des œuvres d'iniquité.» Là je trouve l'annonce d'un caractère aussi auguste qu'étonnant. J'entends Jésus prédire une domination qui sera exercée dans le monde à venir. Il commence à annoncer, ce qu'il répétera souvent : c'est que sa puissance n'est pas limitée à cette terre. Ces mots, je les comprends mieux lorsque plus tard je l'entends déclarer qu'après une mort pénible, il ressuscitera et montera au ciel, et que là, avec une puissance et une gloire souveraines, il sera l'avocat et le juge de tous les hommes.

    Voilà quelques-unes des idées que Jésus donne de son rôle et de son règne dans le sermon de la montagne. Aussitôt après, je l'entends donner une autre leçon qui fait ressortir plus fortement quelques-unes de ces vérités. Un centurion romain s'adresse à lui pour la guérison d'un serviteur qu'il aime, et, comme il exprime énergiquement la conviction où il est que Jésus a le pouvoir de guérir de loin, Jésus, suivant l'historien, en fut étonné, et dit à ceux qui le suivaient : «En vérité, je vous le dis, je n'ai pas trouvé une foi aussi grande dans Israël; et, je vous le dis, beaucoup viendront de l'Orient et de l'Occident, et s'assiéront avec Abraham, et Isaac, et Jacob, dans le royaume du ciel; mais les enfants du royaume (c'est-à-dire les Juifs) en seront bannis.» Par là se trouvaient détruites toutes les espérances dont les Juifs s'étaient bercés, en attendant la possession exclusive du royaume du Messie; l'admission des Gentils, jusque-là méprisés, est proclamée; en d'autres mots, Jésus annonce que sa pure religion embrasse les confins de la terre qu'il est uni à Dieu et au genre humain par un lien particulier, et que, dans ce monde et dans l'autre, il est revêtu de pouvoirs tels que l'esprit humain n'en a jamais imaginés. Or, je le demande, d'où est venue la conception de ce caractère ?

    Je m'arrête ici, et je vous demande si le caractère de Jésus n'est pas le plus extraordinaire que présente l'histoire, et s'il n'est pas inexplicable suivant les idées humaines. Regardons le terrain que nous avons parcouru ; rappelons-nous que Jésus était né Juif, et qu'il avait grandi au milieu des Juifs, c'est-à-dire d'un peuple qui n'avait qu'une seule passion, et qui mettait toute son âme dans l'attente d'un libérateur national et terrestre. Il grandit au milieu d'eux dans la pauvreté, dans l'isolement, occupé de travaux faits pour rétrécir ses pensées, ses desseins et ses espérances; et, cependant, il échappe à toutes les influences de l'éducation et de la société. Les sentiments qui prévalaient autour de lui, que la religion et le patriotisme concouraient à consacrer, que la mère répétait à l'oreille de l'enfant, et que le prêtre de la synagogue confirmait chez l'adulte, ces sentiments ne le touchent pas plus que s'il avait été élevé dans un autre monde. Il a un dessein sublime, tel que jamais le sage ou le héros n'en ont conçu l'idée; il sait qu'il est uni à Dieu et au genre humain par un lien particulier, et que, dans ce monde et dans l'autre, il est revêtu de pouvoirs tels que l'esprit humain n'en a jamais imaginés. Or, je le demande, d'où est venue la conception de ce caractère ?

    Dira-t-on qu'il a eu son origine dans l'imposture, que ce fut l'invention d'un fourbe? Le caractère auquel prétend le Christ exclut par sa nature même une pareille supposition. Ce personnage était si loin de toutes les idées et de toutes les espérances de l'époque, si peu fait pour exciter la sympathie, si peu séduisant pour les païens, si irritant pour les Juifs, qu'il eût été le dernier auquel eût songé un imposteur. Le fourbe Je moins habile aurait prévu que ce caractère l'exposerait au mépris, à la haine et à la persécution, et qu'on le laisserait seul accomplir son œuvre, comme on laissa Jésus, qui ne trouva personne pour partager sa pensée et son dessein. Quel attrait un égoïste sans principes aurait-il pu trouver dans une pareille entreprise?

    J'affirme, en outre, que la sublimité du personnage qu'a pris le Christ nous empêche d'y voir une imposture. Qu'un égoïste, un fourbe, un dépravé, eût pu concevoir l'idée et le projet d'une œuvre sans pareille, en bienfaisance, en puissance et en grandeur morale, ce serait une étrange dérogation aux lois de l'esprit humain. J'ajoute que si un imposteur eût conçu une œuvre aussi sublime et aussi surprenante, il n'aurait pas pu, je le répète, il n'aurait pas pu donner à son personnage un air de vérité. Le rôle eût été trop fort pour lui. Il l'eût exagéré, ou il serait resté au-dessous. Son véritable caractère se serait révolté contre celui qu'il aurait pris. Nous aurions vu quelque chose d'outré, de forcé, d'artificiel, de gauche, qui aurait montré que l'acteur n'était pas dans sa véritable sphère. Soutenir un rôle si singulier et si grand, un caractère sans exemple, me semble tout à fait impossible pour qui n'aurait pas eu le véritable esprit du personnage, ou qui s'en fût servi comme d'un masque.

    Maintenant que fait Jésus? Élevé comme un charpentier juif, il sort de l'obscurité, il s'attribue une mission divine, une dignité surhumaine qu'on n'avait jamais imaginée, et, pourtant, il n'est jamais au-dessous de son rôle. L'homme du peuple et le juif disparaissent. Nous sentons qu'un esprit d'un nouvel ordre prend part aux affaires humaines. Il y a dans son enseignement un ton naturel de grandeur et d'autorité. Il parle comme une personne qui est liée à l'humanité tout entière. Jamais son génie ne se resserre dans les limites ordinaires de l'action humaine; c'est toujours le monde entier qu'embrasse sa pensée. C'est avec un langage naturel qu'il parle d'accomplir, dans l'univers, le changement le plus difficile et le plus important. Cette simplicité mérite une attention particulière. Vous n'entendez jamais chez Jésus ce langage enflé, pompeux, plein d'ostentation, qui trahit l'effort que nous faisons pour soutenir un rôle au dessus de nos forces. Jésus parle de sa gloire comme de chose familière ; il parle de son intimité et de son unité avec Dieu aussi simplement que l'enfant parle de ses rapports avec ses parents. Il parle de sauver et de juger le monde, de tirer tous les hommes à lui, et de donner la vie éternelle, comme nous parlons de nos actes ordinaires. Il ne fait pas de discours d'apparat sur la grandeur de sa fonction et de son caractère. La conscience qu'il en a se reflète dans tout son langage; elle se manifeste par des expressions indirectes, involontaires, qui montrent qu'elle était la plus familière et la plus profonde de ses convictions. Cette preuve ne peut être bien comprise qu'en lisant les Évangiles avec un esprit et un cœur vigilants. Ce n'est pas à la surface qu'on la trouve, mais elle n'en est que plus forte parce qu'elle est au fond, Quand je lis ces livres avec soin, quand j'étudie cette majesté vraie dont toute la vie de Jésus est imprégnée, et quand, au milieu de la pauvreté, du mépris et jusque dans les dernières souffrances, je ne le vois jamais tomber au-dessous de ses sublimes prétentions, j'ai un sentiment inexprimable de la vérité de son caractère. Je sens qu'il eût été aussi impossible au charpentier juif de concevoir et de soutenir son personnage par imposture qu'il est impossible au bras d'un enfant de répéter les travaux d'Hercule, qu'il est impossible à l'intelligence d'un enfant de comprendre et d'égaler les chefs-d'œuvre du génie.

    Dira-t-on que les prétentions de Jésus eurent leur origine, sinon dans l'imposture au moins dans l'enthousiasme; qu'une imagination enflammée domina le jugement de Jésus, au point de lui persuader qu'il était né pour une œuvre étrange et sans pareille? Je sais que l'enthousiasme, qu'une imagination exaltée ont une grande force, et c'est ce qu'il ne faut jamais perdre de vue quand on juge les prétentions des fondateurs de religions. Mai» je dirai d'abord, qu'à moins de toucher à la folie, l'enthousiasme est toujours dominé par les idées antérieure» du fanatique. En Judée, où l'on attendait le Messie avec une impatience fiévreuse, je comprends facilement un Juif qui s'imagine qu'en lui doit se réaliser cette ardente 'conception, cet idéal de gloire. Je le vois s'asseyant, en pensée, sur le trône de David, et méditant en secret le moyen de triompher. Mais un Juif qui s'imagine qu'il est le Messie, et qui, en même temps, dépouille le personnage de tous les attributs qui avaient enflammé sa jeune imagination et son jeune cœur, un Juif qui met de côté tous les sentiments et toutes les espérances de son époque, et qui se sent destiné à une carrière toute nouvelle, aussi illimitée qu'elle est nouvelle, c'est ce qui est tout à fait improbable. Une imagination aussi déréglée, un esprit capable d'enfanter une telle conception, et de se croire destiné à une œuvre aussi disproportionnée avec la faiblesse humaine, aurait touché à la folie. Comment supposer qu'un individu, maîtrisé par une imagination si vive et si emportée, eût soutenu la dignité à laquelle a prétendu le Christ, et qu'il eût rempli dignement le rôle le plus grand qu'on ait jamais pris sur la terre? Cet enthousiasme n'aurait-il pas percé au milieu des agitations particulières de la vie de Jésus, et n'aurait-il pas laissé une teinte de folie sur son enseignement et sa conduite? Est-ce d'un tel homme que nous attendrons l'enseignement d'une vertu nouvelle, et le plus beau modèle de l'humanité?

    Un enthousiasme extravagant et qui se trompe lui-même est la dernière chose dont on puisse accuser Jésus. Où en trouver des traces dans son histoire ? Est-ce dans l'autorité et le calme de ses préceptes? Est-ce dans la douceur, est-ce dans l'esprit pratique et charitable de sa religion? Est-ce dans la simplicité avec laquelle il expose sa mission et les vérités sublimes de la religion? Est-ce dans le bon sens, dans la connaissance de la nature humaine qu'on retrouve toujours dans sa manière d'apprécier et de traiter les hommes? Découvrons-nous cet enthousiasme dans ce fait étrange que Jésus, qui prétend à la puissance dans un autre monde, et qui tourne toujours les esprits vers le ciel, ne se laisse jamais dominer par son imagination, et n'excite jamais celle de ses disciples par le brillant tableau du monde invisible? Ce qui distingue par-dessus tout le caractère de Jésus, c'est le calme et l'empire de soi-même. Ce trait domine toutes ses autres perfections. Combien sa piété était tranquille ! Montrez-moi une seule expression de ses sentiments religieux qui soit passionnée et véhémente ? Est-ce que l'oraison dominicale respire la fièvre? Si le style ordinaire de Jésus, quand il parle de religion, était introduit dans la plupart des églises modernes, on le trouverait froid. Le calme et la sagesse de sa piété sont surtout visibles dans la doctrine qu'il prêche avec tant d'ardeur : c'est qu'un amour désintéressé, que l'oubli de soi-même pour servir le prochain, sont le culte le plus agréable qu'on puisse rendre au Créateur. Sa bienveillance, si ardente et si profonde, était cependant douce et sereine. Toujours maître de lui-même dans son amour pour les autres, jamais il ne se laisse entraîner dans les entreprises impatientes et téméraires d'une philanthropie fanatique; il fait le bien avec cette tranquillité et cette constance qui sont la marque de la divine Providence.

    On comprendra mieux toute la profondeur de ce calme en considérant l'opposition que Jésus rencontra. Partout ses efforts étaient surveillés avec jalousie, habilement traversés par des ennemis vindicatifs, qui voulaient ruiner sa cause, fallût-il le tuer. Or, un fanatique qui s'imagine avoir une mission divine est singulièrement exposé à l'impatience et à l'indignation quand il rencontre une opposition furieuse et méchante. Les obstacles augmentent sa violence, il devient plus pressé, plus ardent en proportion de la résistance qu'il rencontre. Qu'on se rappelle donc que la méchanceté des ennemis du Christ, sans égale et triomphante, ne lui ôta jamais la possession de lui-même, n'excita en lui aucune colère, et ne lui fit apporter nulle véhémence, nulle précipitation dans ses travaux. Il ne se dissimulait pas, il ne cachait pas à ses disciples l'impression faite par ses adversaires sur la foule. Il voyait clairement la mort violente vers laquelle il marchait à grands pas. Mais, plein de confiance en Dieu et dans le progrès silencieux de la vérité, il possédait son âme en paix. Son calme s'élève jusqu'au sublime, quand nous considérons les tempêtes qui rugissaient autour de lui, et l'immensité des vues où son esprit trouvait le repos. Je dis donc que la sérénité et l'empire de soi-même étaient les qualités principales de Jésus. J'affirme que le caractère étrange et sublime auquel prétendait Jésus ne peut être attribué ni à l'imposture, ni à une imagination folle et déréglée. Il ne peut s'expliquer que par la vérité, par la réalité.

    J'ai remarqué en commençant combien une longue familiarité avec Jésus émoussait en nous le sentiment de sa perfection. Souvent, peut-être, nous avons lu ce qu'il disait, sans penser à ce qu'il y avait d'extraordinaire dans ce personnage. Je ne connais rien d'aussi sublime. Les plans et les travaux des hommes d'État sont des jeux d'enfants auprès de l'œuvre que Jésus annonçait, et à laquelle il consacra sa vie et sa mort. Changer l'aspect moral de l'univers, ramener toutes les nations au culte pur et intérieur d'un seul Dieu, à l'amour de Dieu et des hommes, c'était une pensée dont nous ne trouvons aucune trace chez les philosophes ou les législateurs qui ont vécu avant le Christ. L'esprit humain n'avait jamais eu d'idée si large. La conception de cette entreprise, et l'attente calme et inébranlable du succès chez une personne qui n'avait ni position, ni richesse, qui repoussait l'épée avec horreur, et qui défendait à ses disciples de se servir d'autres armes que de l'amour, montre une confiance merveilleuse dans la puissance de Dieu et dans la force de l'amour. Ajoutez que Jésus ne songeait pas seulement au triomphe de sa foi dans la vie présente, mais à un pouvoir étendu et bienfaisant qu'il posséderait dans le ciel, et vous verrez une immensité de dessein, une grandeur de pensée et de sentiment, si originale, si supérieure aux idées ordinaires qu'il faut l'endurcissement de l'habitude pour ne pas les contempler avec étonnement et respect. Quand je pénètre le sens complet de passages comme ceux qui suivent : — «Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes pesamment chargés, je vous donnerai le repos.» — «Je suis venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu.» — «Celui qui me confessera devant les hommes, celui - là je le confesserai devant mon Père qui est aux cieux.» — «Quiconque rougira de moi devant les hommes, le Fils de Dieu rougira de lui lorsqu'il entrera dans la gloire du Père avec les saints anges.» — «Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures ; je vais y préparer une place pour vous.» — Je dis que lorsque je réussis à comprendre la portée de ces mots, il me semble que j'entends un langage que les hommes n'ont jamais parlé, ni avant, ni après Jésus. Il y a dans la simplicité de ces paroles une grandeur qui m'étonne, et, lorsque je rapproche cette grandeur des preuves que, dans un discours précédent, je vous ai données des miracles du Christ, je suis forcé de dire avec le centurion : «En vérité, c'était le Fils de Dieu.»

    Mes amis, je vous ai montré Jésus-Christ comme l'être le plus extraordinaire qui ait jamais vécu. Considérons le maintenant sous un aspect encore plus frappant. Vous avez vu combien Jésus avait la conscience de sa grandeur, voyez cependant de quelle façon il vécut au milieu des hommes. Pour me faire mieux comprendre, permettez-moi une supposition. Vous n'avez jamais connu en détail l'histoire du Christ ; on vous a dit seulement qu'il y a des siècles, un homme extraordinaire apparut dans le monde; il était possédé de l'idée qu'il était l'envoyé de Dieu, il se regardait comme investi d'une puissance divine, et chargé de la tâche la plus sublime qui pût s'accomplir ici-bas ; il sentait qu'une autorité et qu'une générosité sans exemple l'attachaient non seulement à une nation ou à une époque, mais à toutes les nations et à tous les temps, et il voyait d'avance un royaume spirituel et un pouvoir éternel au-delà du tombeau. On ajoute qu'à son entrée dans le monde, cet homme ne trouva personne pour le comprendre ; dans ses pensées comme dans ses desseins, il se sentit infiniment élevé au-dessus de ceux qui l'entouraient ; et on vous demande alors quel extérieur, quel genre de vie, quel ton, quel air, quelle conduite, quels rapports avec la foule vous semblent convenir à un tel personnage? Comment vous le figurez vous?

    Ne supposez-vous pas qu'il adopta un genre de vie particulier, qui indiquât sa supériorité? N'attendez-vous pas quelque chose de distinctif dans son apparence? Il prendra sans doute quelque signe extérieur; il exigera des hommages? Cet esprit qui roule de si vastes pensées, qui est si au-dessus de la terre, regardera froidement les plaisirs des hommes? Ce génie qui embrasse le monde et qui médite de le soumettre à la vérité, ne montrera que peu d'intérêt pour de simples individus. Comme il possède l'idéal d'une vertu sublime, il attachera peu d'importance aux humbles connaissances des ignorants et des superstitieux qui l'entourent? N'en ferez vous pas un personnage public, qui travaille à établir son ascendant sur les hommes publics? Ses affections naturelles ne seront-elles pas absorbées dans une philanthropie universelle : des attachements particuliers ne vous paraîtront-ils pas inconciliables avec cette énorme supériorité, avec l'immensité de ces desseins? Ne comptez-vous pas qu'il profitera des avantages que le monde procure ? Ce grand instituteur choisira sans doute pour son enseignement les endroits les plus saints, et le Seigneur de toutes choses s'élèvera un siége d'où partiront les lois qui doivent atteindre les confins de la terre? En un mot, ne comptez-vous pas que ce personnage extraordinaire s'entourera de circonstances extraordinaires, et maintiendra une ligne de séparation entre lui et la foule dégradée qui l'entoure ?

    Ce serait là, je crois, notre attente à tous ; voyons maintenant ce que fait Jésus? Lisez son histoire. Il vient avec le sentiment d'une grandeur plus qu'humaine pour accomplir une œuvre infinie ; où le trouvez-vous? Quel est son extérieur? quelles sont ses manières? Comment cause-t-il ? comment vit-il avec les hommes ? Son aspect, son genre de vie, son commerce, sont tout le contraire de ce que nous avions supposé. Il garde l'habillement de la classe dans laquelle il a grandi. Il ne se retire pas comme Jean dans la solitude, pour imposer le respect ; il ne cherche aucun des endroits que l'histoire juive a consacrés. Voulez-vous le trouver? allez chez Pierre, le pêcheur. Allez au puits de Samarie, où il se repose après les fatigues de la route. Voulez-vous l'entendre? peut-être le trouverez-vous dans le temple, car c'est un endroit de réunion générale ; mais, d'ordinaire, il enseigne en plein air, tantôt dans une barque sur le lac de Galilée, tantôt sur une montagne, et tantôt dans les rues encombrées de la cité. Il n'a pas un endroit où poser sa tête, et il n'en veut pas avoir. Un riche se jette à ses pieds, il lui dit : «Vends ce que tu possèdes, et suis-moi.» Et ce n'est pas tout, il y a quelque chose de plus frappant. Il ne vit pas simplement dans la rue et avec des pêcheurs; là, s'il l'eût voulu, il aurait pu faire le vide autour de lui, et élever une barrière entre lui et les autres ; mais, là comme partout, il vit avec les hommes comme un homme, un frère, un ami, parfois comme un serviteur ; il entre, avec un amour sans égal dans les sentiments, les intérêts, les besoins, les douleurs de chacun, s'agit-il des plus malheureux, des plus méprisés, des plus abandonnés. C'est ce qu'il y a de plus frappant dans la vie de Jésus. Cette union de la bonté sous la forme la plus humble et la plus tendre avec le sentiment d'une gloire divine, c'est un des traits les plus étonnants de ce caractère merveilleux. Ceci nous dit pourquoi il choisit la pauvreté, et repoussa toute singularité de manières et d'aspect ; c'est qu'il voulait se rapprocher de la foule, se rendre accessible à tous, répandre sur tous la plénitude de son amour, connaître et plaindre tous les chagrins et toutes les fautes, partager toutes les affections et toutes les joies.

    Je ne puis citer qu'un petit nombre d'exemples de cet amour du Christ pour tous les hommes, quels que fussent leur caractère et leur condition. Mais qu'ils sont beaux! Dès l'ouverture de son ministère, nous le voyons assister à un mariage auquel il a été invité avec ses disciples. Chez les Juifs c'était une occasion de gaieté et de réjouissance ; mais ce ne fut pas pour Jésus une raison de refuser l'invitation. Il savait ce qu'il y a d'amour, de plaisir, de douleur et d'influence morale dans le mariage, et il se rendait à ces noces, non comme un ascétique pour décourager ces brillantes espérances et ces ardentes félicitations, mais pour sanctionner le mariage par sa présence et pour en augmenter la joie. Que cette conduite répond mal à la dignité solitaire que nous lui aurions attribuée, et quel esprit d'humanité ne respire-t-elle pas ! Mais cet événement est unique dans son histoire. Son penchant n'était pas pour les heureux, mais pour les ignorants, les pécheurs, les affligés ; ce sont là ses amis habituels. Si sublimes que soient ses pensées et ses desseins, il choisit des hommes sans éducation pour ses principaux disciples, et il ne vit pas avec eux comme un supérieur toujours prêt à donner un enseignement solennel, il se fait leur compagnon ; il voyage à pied avec eux, couche dans leur demeure, s'assoit à leur table, partage leur grossière nourriture, leur communique sa vérité sous la forme la plus simple, et quoiqu'ils le comprissent mal, et ne pénétrassent point dans toute sa pensée, il ne se lasse jamais de les instruire. Son commerce avec eux est si familier, que, quand il annonce que sa mort approche, Pierre lui adresse des reproches avec un tendre zèle, et que Jean se repose sur son sein. Est-il besoin de vous rappeler son dernier discours à ses disciples ? C'est un mélange unique de tendresse et de majesté. Il oublie ses propres douleurs pour calmer et consoler ses humbles sectateurs.

    La grandeur de son amour parut de façon touchante quand on lui amena des enfants. Ses disciples, jugeant comme eussent fait tous les hommes, pensèrent que celui qui avait été envoyé pour porter la couronne de l'empire universel avait devant lai une œuvre trop grande pour, donner son temps et son attention à des enfants, et ils rebutèrent les parents qui les amenaient; mais Jésus, blâmant ses disciples, appela à lui ces enfants. Jamais, je crois, l'enfance n'excita un amour si profond. Il les prit dans ses bras et les bénit, et ne dit pas seulement que le royaume du ciel se composait de leurs pareils, mais il ajouta : «Celui qui reçoit un petit enfant en mon nom me reçoit,» tant il s'identifiait avec cette première innocence et cette première beauté de la nature humaine.

    Il n'y avait personne d'assez déchu pour être indigne de sa sympathie. Il ne se contentait pas d'instruire le publicain et le pécheur, mais, lui si pur, il s'asseyait et mangeait avec eux, et lorsque le méchant pharisien lui reprochait cette société, il répondait par les touchantes paraboles de la brebis égarée et de l'enfant prodigue, et disait : «Je suis venu pour chercher et sauver ce qui était perdu.»

    Nulle souffrance ne put tarir dans son cœur cette source d'amour. Sur la route du Calvaire, il entendit des femmes de Jérusalem qui pleuraient sur lui, et, au bruit de ces sanglots, il se tourna vers elles, et dit : «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants.» Sur la croix, pendant que son âme était partagée entre de vives souffrances et la contemplation du bonheur infini où aboutiraient ses douleurs, ses yeux s'arrêtèrent sur sa mère et sur Jean, et la sensibilité d'un fils et d'un ami se mêla au sentiment sublime du Seigneur et du Sauveur universel. Jamais l'affection naturelle ne s'était exprimée d'une manière si tendre et si admirable. Il dit à sa mère, en lui montrant Jean : Voilà ton fils; je laisse mon disciple bien-aimé pour me remplacer, pour remplir mes devoirs de fils, et pour jouir d'une part dans cet amour avec lequel tu m'as suivi dans la vie ; et il dit à Jean : «Voilà ta mère ; je te lègue le bonheur de servir ce que j'ai le plus aimé sur la terre.» Et ce n'est pas tout. L'amour eut encore un plus noble triomphe. Tandis que ses ennemis l'entouraient avec une méchanceté que ne pouvait adoucir son agonie, tandis que, pour rendre l'insulte plus poignante, ils lui rappelaient en raillant sa mission et son rôle, Jésus ne s'occupa d'eux que pour faire à Dieu cette prière : «Mon père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.»

    Ce fut ainsi que Jésus vécut avec les hommes. Au sentiment d'une majesté inexprimable il joignait une humilité, une douceur, une humanité et une tendresse sans exemple dans l'histoire. Réfléchissez à cet accord merveilleux. Autant Jésus était supérieur à ceux qui l'entouraient, autant était grand l'amour fraternel qui l'unissait à eux. C'est là un caractère étranger à toute conception humaine. S'imaginer qu'il est le produit de l'imposture ou du fanatisme, dénote une étrange faiblesse d'esprit. Je contemple Jésus avec une vénération qui ne le cède qu'à la crainte profonde avec laquelle je regarde Dieu. Ce caractère ne porte aucune marque d'invention humaine. Il est vrai. Il appartient au Fils bien aimé de Dieu ; il en est la manifestation.

    Mais je n'ai pas fini, et je réclame votre attention pour quelques instants. Nous n'avons pas encore atteint le fond du caractère du Christ ; nous n'avons pas touché le grand principe sur lequel reposait cette merveilleuse tendresse, et qui lui rendait chère sa mission de sauveur universel. Ce principe, c'était sa conviction de la grandeur de l'âme humaine. En chaque homme il voyait l'empreinte et l'image de la Divinité ; aussi brûlait-il de racheter le moindre individu, et lui portait-il l'amour le plus tendre, quel qu'en fût le rang, le caractère ou la condition. Cette idée est ce qui remplit et ce qui distingue l'enseignement du Christ. Jésus voyait les hommes avec des yeux qui pénétraient sous l'enveloppe matérielle : le corps disparaissait ; les ornements du riche, les haillons du pauvre n'étaient rien pour lui. C'est l'âme qu'il voyait ; au milieu des nuages de l'ignorance et des taches du péché, il reconnaissait une nature spirituelle et immortelle, le germe d'une puissance et d'une perfection capable d'un développement infini. Dans l'individu le plus déchu, le plus dépravé, il voyait un être qui pouvait devenir un ange de lumière. Bien plus, Jésus sentait qu'il n'y avait rien en lui à quoi les hommes ne pussent atteindre. La noble conscience qu'il avait de lui-même ne le séparait pas de la foule, car, dans sa propre grandeur, il voyait le modèle de ce que chacun pouvait devenir. Il était tellement imbu de ce sentiment, qu'à chaque instant, en parlant de sa gloire à venir, il annonçait que ses fidèles la partageraient avec lui. Ils devaient s'asseoir avec lui sur son trône, et avoir leur part de sa puissance bienfaisante.

    Ici je m'arrête, et, en vérité, je ne sais pas ce qu'on pourrait ajouter pour augmenter l'admiration, le respect et l'amour qu'on doit à Jésus. Lorsque je le considère, non seulement comme ayant la conscience d'une majesté infinie, mais comme reconnaissant dans tous les hommes une nature semblable à la sienne, et comme vivant et mourant pour les élever à la participation de sa gloire divine ; et lorsque je le vois s'unir aux hommes par les plus tendres liens, les embrasser avec une tendresse que ni l'insulte, ni l'injustice, ni la souffrance ne peuvent vaincre un seul moment, je suis rempli d'étonnement aussi bien que de respect et d'amour. Je sens que ce caractère n'est point d'invention humaine, que la ruse n'a pu le prendre ni le fanatisme l'inventer. Le caractère de Jésus, joint aux autres preuves de sa religion, donne une force nouvelle et énorme à ce qui déjà semblait si fort; je sens que je ne puis m'être trompé. Les Évangiles doivent être vrais ; ils sont faits d'après nature ; ils sont fondés sur la réalité. Le caractère de Jésus n'est pas une fiction ; Jésus fut ce qu'il prétendait être, et ce que ses disciples ont attesté. Et ce n'est pas tout. Non seulement Jésus a été, mais il est encore le Fils de Dieu, le Sauveur du monde. Il existe, il est dans le ciel, et ses regards sont toujours tournés vers la terre. C'est là qu'il vit et qu'il règne. Avec une foi claire et calme, je le vois dans cet état de gloire ; plein de confiance, je m'attends à le contempler face à face dans un temps peu éloigné. Nous n'avons pas d'ami absent que nous soyons aussi assurés de revoir. En imitant ses vertus, en obéissant à sa parole, préparons-nous donc, mes chers auditeurs, à le rejoindre dans ces demeures pures, où il s'entoure des bons et des vertueux, et où il leur fera partager à jamais son esprit, sa puissance et sa joie.

     

     
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    DidierLe Roux

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