• CHRISTIANISME UNITAIRE.PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITAIRE. PRINCIPE PARTIE5

          W.-E. CHANNING

    CHRISTIANISME UNITARIEN.

    PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN.

    François Van Meenen.

     

    PRINCIPES DU CHRISTIANISME UNITARIEN. (partie 2)

    DISCOURS PRONONCÉ LORS DE L'ORDINATION DU RÉV. JARED SPARKS, BALTIMORE. 1819.

     .

     

    II. POINTS DE DOCTRINE.

    Après avoir ainsi déterminé les principes suivant lesquels nous interprétons l'Écriture, je vais passer à la deuxième grande division de ce discours, dans laquelle je dois exposer quelques-uns des points que nous faisons découler de ce livre sacré, particulièrement ceux qui nous distinguent des autres chrétiens.

    4. Mission de Jésus Christ.

    J'ai parlé d'abord de l'unité de Dieu, puis de l'unité de Jésus et de son infériorité à Dieu, enfin des perfections du caractère divin ; maintenant je vais chercher à exposer nos vues sur la médiation du Christ et sur le but de sa mission. Relativement à ce grand dessein que Jésus est venu accomplir, il semble qu'il ne soit pas possible de se méprendre. Nous croyons qu'il fut envoyé par le Père pour effectuer la délivrance morale ou spirituelle de l'humanité ; c'est-à-dire, pour délivrer l'homme du péché et de ses conséquences et pour l'amener a un état de pureté et de bonheur éternels. Nous croyons aussi qu'il a accompli cette sublime mission par des moyens variés : par des instructions sur l'unité, le caractère paternel et le gouvernement moral de Dieu, admirablement propres à rappeler le monde de l'idolâtrie et de l'impiété à la connaissance, a l'amour et à l'obéissance envers le Créateur ; par des promesses de pardon a ceux qui se repentent, et d'assistance divine à ceux qui s'efforcent de progresser vers l'élévation morale ; par le jour qu'il a répandu sur le sentier du devoir ; par son propre exemple sans tâche, dans lequel l'amabilité et la sublimité de la vertu se manifestent avec tant d'éclat qu'on se sent non seulement amené à la perfection, mais encore plein d'ardeur et de zèle pour elle ; par ses menaces contre les coupables incorrigibles; par ses glorieuses perspectives sur l'immortalité ; par ses souffrances et sa mort ; par sa résurrection, cet événement signalé, qui servit de témoignage a sa divine mission, et mit la vie future à la portée des sens de l'homme ; par son intercession continuelle qui nous fait obtenir une assistance et des grâces spirituelles ; et par le pouvoir dont il est investi de ressusciter les morts, de juger le monde et de conférer les récompenses éternelles promises aux fidèles.

    Nous n'avons pas l'intention de cacher, qu'il existe parmi nous une divergence d'opinion sur un point important de la médiation du Christ, je veux parler de l'influence précise de sa mort sur notre pardon. Plusieurs supposent que cet événement contribue à notre pardon, en ce sens qu'il a été un des principaux moyens de confirmer la religion et de lui donner une action sur l'esprit ; en d'autres termes, qu'il procure le pardon, en nous amenant à cet état de repentir et de vertu, qui est la grande et la seule condition, à laquelle le pardon soit accordé. Certains autres ne sont pas satisfaits de cette explication et pensent que l'Écriture assigne la rémission des péchés à la mort du Christ, avec une telle précision, que nous devons considérer cet événement comme exerçant une influence spéciale sur la suppression du châtiment, bien que l'Écriture ne révèle pas la manière dont il contribue à cette fin.

    Tandis que nous différons d'opinion au sujet du rapport qui existe entre la mort du Christ et le pardon de l'humanité, rapport dont nous reconnaissons tous l'existence avec gratitude, nous sommes cependant d'accord pour rejeter plusieurs des sentiments qui prévalent relativement à la médiation de Jésus. L'idée suggérée au commun des esprits par le système populaire, est que la mort du Christ opère en apaisant Dieu ou en le rendant miséricordieux, en éveillant sa tendresse envers les hommes ; nous repoussons cette idée et nous la désapprouvons de toute notre force. Nous sommes heureux de voir que cette manière de penser vraiment peu honorable, est désavouée par les chrétiens intelligents qui pensent autrement que nous. Nous nous rappelons cependant qu'il n'y a pas longtemps, il était fort ordinaire d'entendre parler du Christ, comme étant mort pour apaiser la colère de Dieu, et pour payer à son inflexible justice la dette des pécheurs ; et nous avons la ferme persuasion que le langage des livres religieux populaires et la façon habituelle de présenter la doctrine de la médiation du Christ, donnent encore naissance à des notions vraiment dégradantes du caractère de Dieu. On communique aux masses l'impression que la mort de Jésus produit un changement dans l'esprit de Dieu à l'égard de l'homme, et que son efficacité consiste précisément en cela. Il n'y a pas à notre avis d'erreur plus pernicieuse. Nous ne pouvons souffrir aucune ombre sur la bonté pure de Dieu. Nous soutenons que Jésus, au lieu de faire naître, à quelque degré que ce soit, la miséricorde du Père, a été envoyé, en vertu de cette miséricorde, pour être notre sauveur ; qu'il n'est rien pour la race humaine que ce qu'il est par l'ordre de Dieu ; qu'il ne communique rien, que ce que Dieu lui donne le pouvoir d'accorder ; que notre Père dans le ciel est spontanément, essentiellement et éternellement miséricordieux et disposé à pardonner ; et que son amour qui ne vit pas d'emprunt, qui ne dérive que de lui, qui n'est pas susceptible de changement, est la véritable source de ce qui coule vers nous par l'intermédiaire de son fils. Nous pensons que c'est déshonorer Jésus et non le glorifier, que de lui attribuer une influence qui obscurcit la splendeur de la bienveillance divine.

    Nous sommes également d'accord pour rejeter, comme absurde et contraire à l'Écriture, l'explication donnée par le système populaire sur l'efficacité de la mort du Christ pour le pardon des hommes. On a coutume, dans ce système, d'enseigner comme principe fondamental, que l'homme, ayant péché contre un être infini, a commis une faute infinie et se trouve par conséquent exposé à une pénalité infinie. Nous croyons cependant que ce raisonnement, si l'on peut lui donner ce nom, qui dédaigne l'évidence de la maxime que la faute d'un être doit être proportionnée à sa nature et à ses facultés, est tombé en discrédit. Mais le même système enseigne encore que le péché, de quelque degré qu'il soit, réclame une punition éternelle, et que la race humaine tout entière, infailliblement enveloppée dans le péché, par sa nature même, est en quelque sorte débitrice de ce redoutable châtiment envers la justice de son créateur. Il nous apprend que ce châtiment ne peut être racheté d'une manière compatible avec le respect de la loi divine, que si l'on trouve quelqu'un qui se mette à la place de l'humanité pour l'endurer ou pour en supporter l'équivalent. Il nous enseigne ensuite que, d'après la nature du cas, personne ne peut être substitué à l'humanité d'une manière proportionnée à l'importance de l'œuvre, si ce n'est le Dieu infini lui-même ; et voilà pourquoi Dieu, dans sa seconde personne, a revêtu la nature humaine, afin de pouvoir payer à sa propre justice la dette du châtiment encouru par l'homme, et de pouvoir ainsi concilier le pardon avec les exigences et les menaces de sa loi. Tel est le système dominant. Cette doctrine nous semble porter en elle-même de fortes marques d'absurdité ; et nous soutenons qu'on ne doit pas en embarrasser le christianisme, à moins qu'elle ne soit pleinement et expressément consignée dans le Nouveau Testament. Nous demandons donc à nos adversaires de nous produire quelques passages clairs où elle soit contenue. Qu'on nous montre un seul texte, qui dise que Dieu a revêtu la nature humaine, afin de pouvoir donner une satisfaction infinie à sa propre justice ; un seul texte, qui nous apprenne que la faute de l'homme exige qu'un être infini se mette à sa place, que les souffrances du Christ doivent leur efficacité à ce qu'elles ont été supportées par un être infini, ou que sa nature divine donne une valeur infinie aux souffrances de sa nature humaine. On ne trouvera pas un mot de ce genre dans l'Écriture, pas un texte qui insinue seulement ces étranges doctrines. Ce ne sont, a notre avis, que des fictions de théologiens. Le christianisme n'en est aucunement responsable. Nous sommes étonnés de ce qu'elles puissent prévaloir. N'est-il pas clair, que Dieu ne peut souffrir en aucune manière, ni supporter un châtiment à la place de ses créatures. Combien n'est-elle pas déshonorante pour lui la supposition que sa justice est tantôt si sévère, qu'elle exige un châtiment infini pour les péchés des chétifs et faibles humains, et tantôt si facile et si accommodante, qu'elle accepte les souffrances limitées de la nature humaine du Christ comme le parfait équivalent du malheur éternel encouru par le monde? Combien n'est-il pas évident que, d'après cette doctrine, Dieu, au lieu d'être riche en pardon, ne pardonne jamais ; car il semble absurde de dire que les hommes sont pardonnés, quand leur châtiment tout entier, ou l'équivalent, est supporté par un remplaçant? Il serait difficile, selon nous, d'imaginer une thèse plus propre à obscurcir l'éclat du christianisme et la miséricorde de Dieu, ou moins faite pour consoler un esprit coupable et troublé.

    Nous croyons encore que ce système est défavorable au caractère. Il amène naturellement les hommes à penser que le Christ est venu pour changer l'esprit de Dieu plutôt que le leur ; que l'objet le plus élevé de sa mission a été de détourner le châtiment des mortels, plutôt que de leur communiquer la sainteté ; et qu'une grande partie de la religion consiste à dépriser les bonnes œuvres et la vertu humaine, dans le but de renforcer la valeur des souffrances subrogées du Christ. De cette manière on affaiblit le sentiment de l'importance infinie et de la nécessité indispensable de l'amélioration personnelle, et les éloges retentissants de la croix du Christ semblent être substitués à l'obéissance à ses préceptes. Quant à nous, ce n'est pas ainsi que nous avons prêché Jésus. Bien que, pleins de gratitude, nous reconnaissions qu'il est venu pour nous délivrer du châtiment, nous croyons qu'il a été chargé d'une mission plus noble encore, savoir, celle de nous délivrer du péché lui-même et de nous préparer à une vertu sublime et céleste. Nous le regardons comme un Sauveur, principalement parce qu'il est la lumière, le médecin, le guide de l'âme plongée dans les ténèbres, accablée par le mal, tourmentée par l'égarement. Il n'est pas d'influence dans l'univers, qui nous paraisse plus glorieuse que celle qui s'exerce sur le caractère ; et il n'y a pas de rédemption plus digne de reconnaissance que la restauration de la pureté dans l'âme. Sans cela, le pardon, fût-il possible, serait de peu de valeur. Pourquoi arracher le pécheur à l'enfer, si on laisse l'enfer brûler dans son propre sein? Pourquoi l'élever au ciel, s'il reste étranger, à la sainteté et à l'amour qui y règnent ? Sous ces impressions nous sommes habitués à estimer principalement l'Évangile, parce qu'il abonde en secours, en motifs, en encouragements effectifs pour une vertu généreuse et divine. A cette vertu, comme à un centre commun, nous voyons aboutir tous ses enseignements, ses préceptes, ses promesses ; et nous croyons que la foi dans cette religion n'est d'aucune valeur et ne contribue en rien au salut, si elle ne se sert en même temps de ces enseignements, rie ces préceptes, de ces promesses et de la vie tout entière de Jésus, de son caractère, de ses souffrances et de ses triomphes, comme de moyens pour purifier l'esprit et l'exciter à s'approcher de la céleste élévation fin maître.


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